Sur la piste d’Ebola

1En 1976, un médecin belge, Peter Piot, identifie un nouveau virus dans un échantillon de sang prélevé sur l’une de ses compatriotes, décédée au Zaïre, l’ex-Congo belge. Baptisé Ebola du nom d’une rivière située dans la zone contaminée, ce pathogène tue cette année-là 300 personnes. Il s’agit de la première épidémie connue d’Ebola. Pas la dernière. Car depuis, dans cette région du monde, le virus surgit sans raison apparente ni périodicité, en forêt profonde ou en savane, dans des zones isolées ou non.

Capture de chauves-souris, Gabon.

••• Un virus transmis à l’homme par les grands singes et les chauves-souris •••

2La source animale de cette maladie est restée un mystère jusqu’à ce que des chercheurs de l’IRD et leurs Partenaires s’y intéressent. Entre 1996 et 2005, ils découvrent que le virus décime aussi les grands singes des forêts du Gabon et du Congo. Or, ces animaux sont chassés et consommés par les populations locales. En remontant la piste, ils prouvent que le virus est capable de passer des primates vers l’homme. Pour autant, les grands singes ne seraient pas les seules sources de contamination.

Enquête sur le rôle des chauves-souris à l’origine de l’épidémie, République démocratique du Congo.

3Les chercheurs en font la démonstration quelques années plus tard lorsqu’ils détectent des anticorps et des fragments de génome du virus Ebola chez plusieurs espèces de chauves-souris frugivores, indiquant que ces animaux seraient les véritables réservoirs du virus Ebola. Quelques années plus tard, ils s’aperçoivent que certaines épidémies humaines coïncident avec les migrations de chauves-souris frugivores. Comme ces mammifères sont eux aussi chassés par les populations locales, ils pourraient être à l’origine des épidémies : la transmission vers l’homme se ferait soit par contact direct avec le sang des chauves-souris, soit au travers de fruits souillés par la salive de ces chiroptères.

4Ces découvertes débouchent alors sur la mise en place de réseaux de surveillance de la faune, ainsi que sur des consignes de prévention claires et concrètes pour les populations locales, notamment en matière de chasse, afin de réduire les probabilités de déclenchement de ces épidémies.

Village touché par une épidémie, Gabon.

« Le partenariat avec l’IRD a permis l’éclosion de la recherche sur la fièvre hémorragique Ebola au Gabon en réponse aux épidémies qui ont durement touché à plusieurs reprises notre pays depuis 1995. Grâce à une collaboration continue entre nos deux instituts, le CIRMF est devenu un centre d’excellence, de renommée mondiale, dans le domaine des maladies émergentes en Afrique centrale ce qui lui a valu d’obtenir récemment le label de centre collaborateur OMS pour les arbovirus et les fièvres hémorragiques virales. »
Professeur Jean-Raymond Nzenze, président du conseil d’administration du Centre international de recherches médicales de Franceville, Gabon