1Partenaire historique de l’IRD, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS) ivoirien a fait l’honneur de confier à notre institut la réalisation de cette expertise scientifique collective sur le potentiel des substances d’origine végétale en Côte d’Ivoire pour un développement durable.

2Ce sujet est au cœur d’enjeux sociétaux et scientifiques importants, au moment où se prépare la 15^e réunion de la Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique (COP 15) qui a pour objectif de fixer d’ici à 2030 une feuille de route et un cadre global pour protéger et conserver la biodiversité dans ses différents écosystèmes. Au-delà de sa protection se pose également la nécessité d’une utilisation innovante, équitable, inclusive et durable de la biodiversité. La pandémie de Covid-19 que nous vivons et ses conséquences dramatiques multiples, tant humaines, écologiques qu’économiques nous rappellent impérieusement ce besoin. Depuis toujours, les sociétés humaines utilisent les substances naturelles d’origine végétale et en ont une connaissance approfondie. Aujourd’hui, menacées par la surexploitation ou par les changements globaux, elles doivent être protégées et exploitées de façon raisonnée, durable, éthique et équitable.

3La Côte d’Ivoire est un pays qui dispose d’un environnement unique au sein de la zone intertropicale. Elle bénéficie d’une grande diversité d’écosystèmes et d’espèces végétales à partir de laquelle le pays tire une grande partie de sa richesse (bois d’œuvre, fruits et feuilles sauvages ou cultivés). Comme le souligne cette expertise, ces espèces offrent de nombreuses possibilités de développement avec des applications sanitaires, économiques ou sociales à des échelles différentes, tant artisanales qu’industrielles. Une plus forte valorisation des substances végétales et de leurs produits dérivés, trop souvent négligés, revêt un intérêt majeur pour la Côte d’Ivoire. Il faut cependant qu’elle s’opère dans une démarche durable et équitable intégrant la question de la préservation des ressources, la valorisation des usages culturels et des savoirs traditionnels. C’est dans cet objectif que les experts ont réalisé un état des connaissances traditionnelles et scientifiques des principales substances végétales d’intérêt et de leurs exploitations actuelles (filières de production, organisations des chaînes de valeurs et législations en cours pour leur utilisation). Cette expertise fait état de 17 recommandations proposées aux décideurs. Elles portent sur les secteurs d’application et de valorisation des pratiques des substances d’origine végétale, sur leur préservation et modalités de production durable, sur les formations, les recherches pluridisciplinaires et innovations à mener ou à approfondir, ainsi que sur les moyens pour accompagner au mieux leur développement économique sur le long terme.

4Ce travail a été conduit dans une réflexion et une analyse très interdisciplinaires. Le comité d’experts ivoiriens et européens était composé de spécialistes de la nutrition, du droit et de l’économie pharmaceutiques, de l’économie de l’environnement, de la biologie et microbiologie, de la pharmacologie, de la pharmacognosie, de la phytothérapie et de l’ethnopharmacologie. Leur réflexion a été nourrie par des opérateurs et praticiens tout au long du processus de rédaction et ce, pour assurer un résultat accessible, applicable, tourné vers l’action et vers les usagers.

5Favoriser et encourager le dialogue entre différentes disciplines scientifiques et les multiples acteurs de terrain pour proposer et construire ensemble des recommandations et des solutions durables et équitables reflète bien la mission de notre institut. Les résultats de cette expertise en sont une nouvelle illustration.

6Je tiens à remercier très sincèrement les membres du comité des experts pour leur forte implication, le comité de suivi ainsi que l’ensemble des contributeurs pour ces échanges et cette collaboration fructueuse. Elle illustre notre approche centrée sur la science de la durabilité et montre combien il est important que recherche et politiques publiques dialoguent afin d’éclairer le champ des possibles et les trajectoires de développement durable pour le bien de tous.