Préface
p. 9-10
Texte intégral
1L’opportunité des ressources du contrat de désendettement et de développement (C2D) a permis au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS) de solliciter l’IRD pour répondre à la problématique d’une meilleure gestion du patrimoine des ressources en substances naturelles d’origine végétale (SOV) en Côte d’Ivoire.
2En effet, la recherche scientifique est au cœur des solutions que notre civilisation doit apporter afin de surmonter les contraintes de toutes sortes et relever des défis du quotidien. Aujourd’hui, la gestion du réchauffement climatique et de ses conséquences, de même que l’émergence et la réémergence de menaces sanitaires d’ampleur planétaire constituent des objectifs majeurs des politiques nationales. L’état de la biodiversité sur tous les continents est scruté et fait l’objet d’alertes permanentes. Dans le même temps, le constat d’une trop faible connaissance du potentiel de ce patrimoine en danger est réel. L’évolution des sciences et la multitude d’outils nouveaux et toujours plus performants favorisent une meilleure maîtrise des contraintes et génèrent néanmoins de nouvelles questions.
3Plusieurs ouvrages d’envergure ont été consacrés à l’état des connaissances sur le patrimoine forestier, l’état de la biodiversité, les savoirs traditionnels régionaux et locaux, les législations en vigueur, les menaces sociétales et les objectifs nationaux du développement sanitaire. Le récent inventaire forestier et faunistique national (IFFN) témoigne encore de l’importance et de l’urgence de ces questions. Régulièrement, des travaux de recherche sont consacrés aux propriétés des plantes et font l’objet de publications, de brevets et de produits commerciaux d’usage courant. Mais, paradoxalement, les liens entre ces différents domaines de connaissance, l’usage et les pratiques, et enfin le potentiel économique des SOV ne permettent pas encore une gestion holistique du patrimoine des ressources naturelles en Côte d’Ivoire. En outre, selon les données statistiques, plus de 70 % de la population a recours à une médecine complémentaire (MC), basée souvent sur l’usage des plantes dotées de vertus médicinales.
4Le rapport de situation sur la décennie de la médecine traditionnelle (MT) dans la région africaine (61e session du comité régional de l’OMS pour l’Afrique, Yamoussoukro, Côte d’Ivoire, 29 août-2 septembre 2011) faisait le point des mesures urgentes à mettre en place. La stratégie 2014-2023 de l’OMS pour la médecine traditionnelle a actualisé et défini un cadre d’action dont les principaux objectifs sont :
- le renforcement des connaissances et des dispositifs légaux nationaux ;
- un usage approprié à travers l’assurance de la qualité, la sécurité, l’éducation, la formation ;
- l’intégration adéquate des services de MT/MC dans les prestations de santé primaire.
5De telles dispositions permettraient à la MT/MC de sortir progressivement de l’informel pour favoriser la mise au point et l’adoption de produits et procédés nouveaux et améliorés par la dynamique des innovations dans ce secteur.
6Ainsi, aussi bien dans un cadre régional que national, plusieurs initiatives ont été prises pour contribuer, par l’enseignement supérieur et la recherche scientifique, à l’atteinte des objectifs de la stratégie 2014-2023 de l’OMS pour l’Afrique. À cet effet, le CAMES à inscrit dans les programmes thématiques de recherche, la pharmacopée et la médecine traditionnelle africaines. Au niveau national, la première édition de la Pharmacopée ivoirienne et les formations universitaires en master sur les substances naturelles et la pharmacopée africaine constituent des avancées notables. Chaque département ministériel œuvre à travers des plans sectoriels à l’élaboration de stratégies pour protéger des espaces et des espèces, ou élaborer des textes en vue de l’avènement d’un système performant favorisant un usage sécurisé et une gestion optimale des ressources végétales d’intérêt.
7Le présent ouvrage, fruit d’une approche à la fois holistique et synthétique de l’utilisation et de la gestion des SOV, tient compte d’apports multisectoriels, à travers des compétences reconnues du monde de la recherche scientifique. Les dimensions pluridisciplinaire et multinationale des coauteurs constituent en outre, des gages de crédibilité et d’excellence. En effet, la qualité de la coopération scientifique entre l’IRD et les structures universitaires et de recherche scientifique de Côte d’Ivoire a fortement contribué à atteindre ce résultat.
8Les instances de décision disposent maintenant d’un ensemble d’informations capitales pour l’orientation des avis sectoriels et pour des prises de décisions efficaces. Les recommandations de cette expertise fournissent non seulement des arguments pour soutenir les projets de mise en œuvre, mais aussi de nouvelles pistes de réflexion pertinentes. Le projet d’une grille d’évaluation innovante permettra, à n’en point douter, une meilleure traçabilité des progrès et acquis quantifiables dans ce domaine. En outre, les résultats de cette expertise sont encourageants pour la création éventuelle d’un Centre national d’expertise sur la recherche et les pratiques en médecine traditionnelle, comme recommandé par les experts en substances naturelles d’origine végétale.
Auteur
Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique de Côte d’Ivoire
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