Togo
p. 137-141
Texte intégral
La pêche continentale
1Elle s’exerce au Togo sur divers plans d’eau et notamment sur les deux grands fleuves que sont l’Oti (300 km) qui traverse la région des Savanes et de Kara et le fleuve Mono (500 km) qui traverse les trois régions dites « Centrale », « des Plateaux » et « Maritime ». Un système lagunaire, présent en région Maritime et d’une superficie de 64 km², est composé du lac Togo, de la lagune de Togoville, de la lagune d’Anèho et de la lagune de Vogan. Enfin, le lac de barrage hydroélectrique de Nangbéto couvre une superficie de 180 km² dans la région des Plateaux.
2Les sites d’habitation de pêcheurs, au nombre de 217, sont des villages ou des campements permanents. L’enquête a dénombré 3 651 ménages qui pratiquent au moins une activité du secteur pêche continentale. Ils sont très majoritairement localisés dans la région Maritime (51 %) suivie par celle des Plateaux (39 %). Pour la grande majorité d’entre eux (78 %), ces ménages sont polyactifs et pratiquent aussi une autre activité du secteur primaire telle que l’agriculture ou l’élevage. Les ménages ne pratiquant que la pêche sont globalement peu nombreux et ils ne sont présents en nombre significatif que dans la région Maritime et la région des Plateaux, cela s’expliquant respectivement par la présence du lac de Nangbéto et du système lagunaire. La population de pêcheurs exerçant sur le système lagunaire est en grande majorité de nationalité togolaise avec quelques rares pêcheurs sédentarisés d’origine béninoise. Les pêcheurs exerçant sur le lac de Nangbéto (région des Plateaux) sont, quant à eux, en majorité de nationalité étrangère et plus de la moitié sont d’origine ghanéenne. Enfin, la pêche fluviale est surtout pratiquée par les riverains togolais pour la subsistance.
3Le nombre de personnes impliquées dans les activités de pêche sensu stricto est de 6 540 environ, une large majorité (89 %) étant constituée d’hommes. Le nombre de pirogues de pêche recensées est de 2 656, pour moitié localisées dans la région des Plateaux et pour 41 % dans la région Maritime. Ces pirogues ne sont pas motorisées. Aucune pirogue n’a été rencontrée dans la région Centrale, car la pêche y est pratiquée à pied. Le mélange de plusieurs types de milieux (lagunes et eaux continentales) et de plusieurs zones climatiques du nord au sud ne permet pas de dégager de saisonnalité de l’activité de pêche pour l’ensemble du pays. On compte six catégories d’engins de pêche couramment utilisés dans les pêcheries continentales. Il s’agit de : filet maillant dormant, épervier, palangre, nasse, ligne simple, senne de rivage. Au niveau du lac de Nangbéto, des engins et techniques de pêche tels que les barré-barré, les tiré-tiré, les attidja, les bambous sont également utilisés. Sur le système lagunaire, des engins et techniques de pêche tels que les filets à crevettes, les pièges à crabes, les acadja sont utilisés. La production annuelle a été estimée, d’après les données de l’enquête, entre 11 500 et 15 100 tonnes (cf. annexe 2). Les taux dérisoires de présence sur les débarcadères de services et de commodités utiles à la pêche conduisent à penser que les pêcheurs, les commerçants et les transformatrices de poissons éprouvent de grandes difficultés pour mener leur travail dans de bonnes conditions.
4Le niveau d’instruction des professionnels de la pêche décroît du sud vers le nord du pays. Il est maximum dans la région Maritime où près de 70 % des professionnels du secteur savent lire et écrire. La région Maritime est aussi la région où il y a le plus de ménages de pêcheurs et où beaucoup de sites d’habitation disposent d’écoles primaires et de centres de santé à proximité. Les pêcheurs de la région des Plateaux sont quant à eux concentrés autour du lac de Nangbéto où ils habitent dans des campements permanents particulièrement défavorisés en termes d’accès à la santé, à l’éducation, à l’eau potable et à l’électricité.
La pêche artisanale maritime
5Elle s’exerce sur le littoral togolais, long de seulement 50 kilomètres, à partir de 23 sites de débarquement, 17 situés dans la préfecture des Lacs et six dans la préfecture du Golfe. La majorité d’entre eux ne sont utilisés que par un petit nombre d’unités de pêche, de deux à vingt pirogues. Seul le port de pêche de Lomé, situé dans la préfecture du Golfe, fait exception et dispose d’un parc important qui atteint 173 pirogues. Les pêcheurs résident en général dans les quartiers des villes et dans les villages proches des sites de débarquement. L’enquête a recensé 2 640 pêcheurs dont plus de 70 % ne travaillent que dans la pêche. Dans la préfecture des Lacs, on rencontre un nombre limité de ménages tirant aussi des revenus secondaires de l’agriculture et du maraîchage. Les pêcheurs sont en majorité de nationalité togolaise (75 %), mais il faut préciser qu’une partie d’entre eux sont originaires du Ghana et ont acquis de façon plus ou moins récente la nationalité du pays d’accueil. Par ailleurs, il y a également des pêcheurs qui se déclarent de nationalité étrangère, surtout ghanéenne (15 %), concentrés dans la préfecture du Golfe et plus précisément au port de Lomé. On dénombre au total 370 pirogues de pêche, dont 239 dans la préfecture du Golfe où se trouve le port de pêche de Lomé qui concentre près de la moitié des pirogues exerçant sur la côte togolaise, et 131 dans la préfecture des Lacs. On rencontre principalement deux types de pirogues : les pirogues monoxyles améliorées type ghanéennes et les pirogues monoxyles simples. Les pirogues monoxyles améliorées sont plus nombreuses (360) et plus grandes. Le taux de motorisation global à l’échelle du pays est de 65 %, il est plus élevé dans la préfecture du Golfe (76 %) que dans la préfecture des Lacs (44 %) en raison du nombre élevé de très grandes pirogues au port de pêche, toutes équipées de moteurs hors-bord de forte puissance (40 et 50 CV). Cinq types d’engins sont utilisés avec par ordre d’importance : le filet maillant (Awoulè), la senne tournante (Watsa), la senne de plage (Yovodo), la ligne simple (Akpom) et la palangre (Gatrala). Il est à noter qu’il y a quatre catégories de filets maillants : filet maillant de fond (Tonga), filet maillant de surface (Awli), filet flottant (Gbéla) et filet à requin (Gbowlé do ou Anifa). Dans la préfecture des Lacs, l’activité de pêche est assez stable toute l’année avec une légère baisse de mai à juillet (grande saison pluvieuse), probablement en raison des travaux champêtres. Dans la préfecture du Golfe, l’activité est plus saisonnière avec une période d’activité très intense entre juin et octobre pendant laquelle les espèces de poissons petits pélagiques côtiers sont pêchées en grande quantité. La production annuelle de la pêche artisanale maritime au Togo est estimée d’après les données de l’enquête à 7 522 tonnes (cf. annexe 2). On constate de faibles taux d’accessibilité aux commodités et services utiles à la pêche sur les débarcadères. Si l’on tient compte du nombre de pirogues présentes sur chacun des sites, on peut conclure qu’il y a beaucoup d’unités de pêche impactées par cette faible disponibilité et cela conduit à penser que les pêcheurs, commerçants et transformateurs de poissons du Togo éprouvent d’énormes difficultés pour mener leurs activités dans de bonnes conditions.
6Le niveau d’instruction est en moyenne élevé chez les professionnels du secteur de la pêche maritime artisanale puisque près de 56 % des professionnels du secteur de la pêche maritime savent lire et écrire, et cela dans les deux préfectures littorales. La majorité des sites d’habitation des pêcheurs disposent, sur place ou à proximité, de centres de santé, d’écoles primaires et de puits.
Auteurs
Ingénieur des travaux, chef de la section Promotion des pêches à la direction des Pêches et de l’Aquaculture
Vétérinaire-inspecteur, directeur des Pêches et de l’Aquaculture
Biologiste, assistant du chef de la section Promotion des pêches, direction des Pêches et de l’Aquaculture
Ingénieur zootechnicien-agroéconomiste, chef de la section Enquêtes spécifiques, SIM et Cartographie à la direction des Statistiques agricoles, de l’informatique et de la Documentation
Informaticien, Institut Agro, Rennes, France
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