Mali
p. 119-123
Texte intégral
1La République du Mali dispose d’un fort potentiel halieutique continental, concentré principalement dans la zone du Delta intérieur (ou Delta central) du fleuve Niger qui couvre une superficie de 40 000 km2 dont 60 % environ sont inondables lors des plus fortes crues. Dans les trois régions majeures que sont Tombouctou, Mopti et Ségou ont été recensés 2 425 sites d’habitation de ménages de pêcheurs. La pêche est surtout pratiquée sur le fleuve Niger et son Delta intérieur, mais aussi sur les lacs de barrage (Sélingué, Manantali) et, dans une moindre mesure, les autres cours d’eau (Sénégal) et les petits plans d’eau.
2L’enquête a dénombré 32 673 ménages qui tirent tout ou partie de leurs revenus d’activité de pêche au sens large. Ils sont concentrés (pour 89 % d’entre eux) dans les trois régions touchant au Delta intérieur, ce dernier subissant en conséquence une forte pression de pêche. La grande majorité (71 %) de ces ménages est polyvalente et pratique aussi une activité du secteur primaire, en particulier l’agriculture qui reste néanmoins une source de revenus secondaire, complétant ceux issus de la pêche. Les ménages de pêcheurs sont à 97 % de nationalité malienne avec une forte prédominance des groupes sociaux ancrés dans la pêche (Bozo, Songhaï-Sorkho, Bambara-Somono). On rencontre des ménages sans autre activité que la pêche soit dans la région du Delta et, dans ce cas, ils pratiquent également et de façon intensive la transformation et la commercialisation, soit en dehors des régions du Delta comme sur le barrage de Sélingué et à Bamako, ce sont alors des ménages « allochtones » venus du Delta et qui ne pratiquent sur leurs lieux de migration que la seule activité de capture. Cette situation laisse peu de place aux étrangers, mais, en contrepartie, les communautés de pêcheurs au sens strict forment un milieu social homogène, partagent la même culture et le même mode de vie et ont, bien souvent, leurs origines dans la même région du Mali : le Delta intérieur.
3L’enquête évalue à près de 145 000 l’effectif des personnes directement impliquées dans l’activité de capture, parmi lesquelles un nombre non négligeable de femmes (environ 20 000). Elle a dénombré 53 259 pirogues de pêche dont le taux de motorisation est faible en général. Ce dernier est de 10 % au niveau national, mais peut atteindre et dépasser les 14 % dans les régions de Ségou et Tombouctou, c’est-à-dire là où les pêcheurs sont concentrés le long du fleuve et effectuent des migrations. La production annuelle se situerait, selon les données et les hypothèses de calcul, entre 73 000 et 96 500 tonnes (cf. annexe 2), avec de fortes variations interannuelles associées aux conditions hydroclimatiques.
4Les conditions opérationnelles de la pêche au Mali sont rendues difficiles par le très faible taux d’équipement en commodités et services liés à la pêche. Cela s’explique notamment par la physionomie de la pêche, qui est très dispersée, avec des milliers de sites d’habitation et de débarcadères. Tant que de telles conditions prévaudront, l’amélioration de la performance de la filière en termes de qualité des produits paraît difficile surtout si on vise les produits frais. Il est alors logique que la transformation traditionnelle par fumage ou séchage – permettant la conservation du produit sur plusieurs mois – continue à jouer un rôle clé.
5Le pourcentage des chefs de ménages professionnels de la pêche déclarant savoir lire et écrire atteint des taux proches de 40 % dans les régions de Gao, Bamako et Ségou, alors qu’il est très faible partout ailleurs, avec des valeurs inférieures à 10 % dans les régions de Mopti et de Sikasso. Une majorité des sites d’habitation des pêcheurs situés au cœur de la pêche malienne (Tombouctou, Mopti, Ségou) avaient en 2012 accès, à moins de dix kilomètres, à l’éducation et à la santé.
Auteurs
Directeur adjoint, direction nationale de la Pêche
Vétérinaire et ingénieur (élevage), chargé de statistiques, de suivi et de l’évaluation, direction nationale de la Pêche
Ingénieur en agriculture et en génie rural, chef du bureau Statistiques, Suivi et Évaluation, direction nationale de la Pêche
Informaticien, Institut Agro, Rennes, France
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