1La Guinée-Bissau, malgré une surface continentale réduite, dispose de nombreux fleuves, estuaires (Rio Géba, Rio Cacheu, Rio Corubal) et bras de mer qui s’échelonnent le long d’un littoral long de 274 kilomètres, fragmenté et peuplé de mangroves ouvrant sur les eaux productives de l’océan Atlantique.

La pêche continentale

2La pêche continentale est une activité assez faiblement développée en Guinée-Bissau. De nature traditionnelle et rudimentaire, elle ne met pas en œuvre d’aménagements physiques des plans d’eau ni des dispositifs d’enrichissement comme dans certains pays de la zone UEMOA. Soixante sites d’habitation de ménages de pêcheurs ont été recensés, hameaux ou villages, principalement situés dans les deux régions de Bafatá (78 %) et de Gabú (18 %) à proximité des fleuves Rio Géba et Rio Corubal. Il a été dénombré 796 ménages de pêcheurs continentaux représentant 1 358 pêcheurs au sens strict (uniquement des hommes), dont la quasi-totalité (94 %) pratique en même temps d’autres activités du secteur primaire telles que l’agriculture ou l’élevage ; la pêche constitue cependant leur principale source de revenus. En Guinée-Bissau, aucun ménage de pêcheur continental n’a pour seule activité la capture du poisson. Les pêcheurs sont de nationalité bissau-guinéenne à 91 % suivie par la nationalité malienne (2 %) principalement dans la région de Gabû. On notera cependant qu’une proportion non négligeable d’enquêtés n’a pas souhaité indiquer (7 %) leur nationalité traduisant probablement la présence de pêcheurs étrangers ne souhaitant pas indiquer leur origine. L’ethnie peule est dominante (63 %) parmi les pêcheurs, suivie par l’ethnie mandingue (23 %).

3Le parc piroguier continental s’élève à 472 pirogues, essentiellement monoxyles, dont la motorisation est insignifiante. La meilleure saison de pêche se situe durant la saison sèche (novembre-avril) et la capture totale annuelle de la pêche continentale estimée à partir des rendements déclarés est modeste, proche de 2 500 tonnes (cf. annexe 2). De manière générale, les résultats de l’étude mettent en exergue les conditions précaires dans lesquelles les populations de pêcheurs vivent et exercent leur activité.

4Le taux de scolarité et d’alphabétisation des acteurs de la pêche est particulièrement élevé en Guinée-Bissau avec un pourcentage de pêcheurs déclarant savoir lire et écrire situé entre 65 et 80 %. Dans la région de Bafatâ, la plus dense en termes d’activité de pêche, moins d’un site d’habitation sur deux dispose d’un accès à un centre de santé sur place ou à proximité.

La pêche artisanale maritime

5Cette pêche s’exerce à partir de 132 sites de débarquement localisés en particulier dans l’archipel de Bijagos (région de Bolama), la région de Cacheu et de Cacine (région de Tombali). La plupart d’entre eux sont de petits sites, avec un maximum de dix pirogues, à proximité immédiate desquels résident les pêcheurs. La capitale Bissau et la ville de Cacheu disposent, quant à elles, de quelques grands sites de débarquement où stationnent plus d’une centaine d’embarcations. Dans ces grands sites urbains, les pêcheurs sont contraints de résider à distance des sites de débarquement. On dénombre 6 475 pêcheurs, dont 30 % vivant dans la région de Cacheu qui est suivie par celle de Biombo (22 %), puis de Bolama (17 %). Le taux de polyactivité au niveau national est de 70 % et varie selon les régions. La plupart des pêcheurs artisans maritimes enquêtés sont de nationalité bissau-guinéenne, avec 7 % seulement de pêcheurs artisans se déclarant étrangers. Le pourcentage de pêcheurs d’origine étrangère est élevé dans la région de Quinara avec 20 % des répondants se déclarant de nationalité guinéenne, ainsi que dans la région de Bolama (16 %).

6Le parc piroguier maritime s’élève à 2 407 pirogues localisées en grande partie dans les régions de Cacheu (914), de Biombo (545) et de Tombali (345). Le taux de motorisation est de 23 % au niveau national avec de fortes différences régionales. On note une prédominance de moteurs hors-bord de faible puissance (< = 30 CV). L’activité de pêche s’étend sur cinq à dix mois selon les régions et conduit selon les données de l’enquête à une production annuelle de la pêche artisanale maritime proche de 28 500 tonnes (cf. annexe 2). Les infrastructures et services liés à la pêche sont défaillants d’une façon générale, car seuls les grands sites de la capitale Bissau et quelques-uns disposant de projets de développement dans les régions de Oio, Tombali et Quinara bénéficient de conditions favorables.

7Fait remarquable, seulement un pêcheur sur dix ne sait ni lire ni écrire. Dans toutes les régions du pays, on constate que la majorité des pêcheurs maîtrise la lecture et l’écriture. Les lieux de résidence des pêcheurs se trouvent, pour plus de sept sites sur dix, à proximité d’un centre de santé, d’une école primaire et d’une source d’eau potable à l’exception de l’archipel des Bijagos (région de Bolama) qui se trouve en situation défavorable de ce point de vue.