1La Côte d’Ivoire dispose d’un littoral long de 566 kilomètres entre le cap des Palmes à l’ouest et celui des Trois-Pointes à l’est, mais le plateau continental est étroit et ne représente guère plus de 10 000 km² en termes de surface. Les upwellings (remontées d’eaux froides) sont locaux et assez faibles, ce qui ne crée pas les conditions d’une abondante ressource halieutique. Le réseau hydrographique ivoirien est important avec les fleuves Bandama (900 km), Cavally (700 km), Comoé (900 km) et Sassandra (900 km), soit un total d’environ 3 400 km. Les plans d’eau accessibles à la pêche sont également significatifs avec : 1) les grands lacs de retenue dont les superficies maximales sont de 8 000 ha pour le lac de Taabo, 10 000 ha pour le lac d’Ayamé et 17 000 ha pour le lac de Kossou, 2) les petits lacs communaux, villageois, et des ex-sociétés d’État, soit un total de 54 lacs environ dont les superficies peuvent être évaluées à 1 700 ha et, enfin 3) les plans d’eau lagunaires dont les superficies sont évaluées à 1 200 km².

La pêche continentale et lagunaire

2La pêche artisanale continentale et lagunaire est exercée à partir de 1 350 sites d’habitation où résident 12 717 ménages de pêcheurs, ce qui représente 21 150 personnes (essentiellement des hommes) engagées dans les activités de pêche sensu stricto (capture) auxquels il faut ajouter de nombreuses implications, à temps plein ou partiel, dans les autres activités du secteur (transformation, commercialisation). Les régions des Lagunes, du Bas-Sassandra, des Lacs et de la Vallée du Bandama, concentrent le plus de sites d’habitation de pêcheurs. L’activité de pêche est le fait de pêcheurs professionnels qui en tirent la majeure partie de leurs revenus, néanmoins près de la moitié (48 %) de ces ménages sont poly-actifs et exercent une autre activité du secteur primaire (agriculture ou élevage). Parmi ces ménages, 63 % sont aussi impliqués dans la transformation et le commerce du poisson. On note une plus forte spécialisation des ménages dans la région des Lagunes où les activités sont plus rémunératrices du fait à la fois de la diversité des plans d’eau (fleuves, rivières et lagunes) et de la proximité de la capitale permettant d’écouler les produits. Plusieurs nationalités sont impliquées dans les activités de pêche sur les plans d’eau intérieurs avec, au niveau national, une prédominance des Ivoiriens (58 %) suivis par les Maliens (28 %). Autour des lagunes et des grands plans d’eau (lacs de Koussou et de Buyo), il existe de fortes concentrations de pêcheurs étrangers, alors que les pêcheurs ivoiriens sont plus dispersés, exploitant un peu partout les fleuves et les petits plans d’eau.

3Le parc piroguier total, qui atteint 11 392 pirogues de pêche et dont le taux de motorisation est faible (2 %), est concentré dans les régions disposant de plans d’eaux lagunaires et de barrages hydroélectriques (Lagunes, Bas-Sassandra et Sud-Comoé). La bonne saison de pêche s’établit d’août à décembre conduisant à une production continentale et lagunaire estimée entre 41 350 tonnes et 50 258 tonnes selon la méthode utilisée (cf. annexe 2). La majorité des sites de débarquement n’ont pas de commodités ni accès aux services utiles à la pêche.

4Un nombre important de professionnels du secteur n’a pas eu accès au système éducatif notamment ceux vivant dans la partie nord du pays où plus de 50 % des professionnels n’ont aucun niveau d’instruction contrairement à ceux de la zone sud qui ont accès à l’école française ou franco-arabe. Dans les parties centre et sud du pays, plus de 50 % des profes­sionnels du secteur savent lire et écrire. Les sites d’habitation des pêcheurs continentaux ont un accès limité aux infrastructures et services comme les écoles primaires, les centres de santé, ou l’eau potable (puits, forage).

La pêche artisanale maritime

5La pêche artisanale maritime s’exerce à partir de 105 sites de débarquement rassemblant, pour la majorité d’entre eux, moins de dix pirogues, mais avec quelques grands sites autour d’Abidjan et de San-Pédro. Ces sites sont également les sites d’habitation des ménages de pêcheurs. L’enquête dénombre au total 11 002 pêcheurs artisans. Le district autonome d’Abidjan en abrite le plus grand nombre (37 %) suivi de la région de San-Pédro (22 %) qui sont les deux pôles économiques du pays avec une forte demande en produits de la pêche. La région du Gbôklé, avec notamment le débarcadère de Sassandra wharf, abrite également un nombre important de pêcheurs (16 %). Les régions des Grands-Ponts et du Sud-Comoé comptent respectivement 1 287 et 1 006 pêcheurs. L’activité de capture est la principale source de revenus des ménages, le commerce et la transformation de poisson constituant une source de revenus secondaire. Toutefois, dans le district autonome d’Abidjan, 31 % exercent d’autres activités comme celles d’ouvriers occasionnels. La pêche artisanale maritime est principalement exercée par les Ghanéens, qui prédominent (81 %) dans toutes les régions, suivis par les Ivoiriens qui représentent 15 % des pêcheurs au niveau national. Ces derniers sont plus présents dans le Sud-Comoé (35 %), dans la région des Grands-Ponts (23 %) et dans le district autonome d’Abidjan (14 %). Enfin, les pêcheurs libériens représentent 3 % des pêcheurs et sont plutôt basés dans la région de San-Pédro où ils pèsent pour 10 % des effectifs de pêcheurs.

6Le nombre d’unités de pêche est de 1 608, avec une concentration dans le district autonome d’Abidjan (29 %) et la région de San-Pédro (29 %) suivis de la région de Gbôklé (24 %). Les régions des Grands-Ponts et du Sud-Comoé comptent chacune 9 % des unités de pêche. La flottille de la pêche artisanale maritime est motorisée à 68 % avec des proportions variables selon les régions. La majorité des unités de pêche motorisées utilisent des moteurs de forte puissance, entre 40 et 50 CV. La plupart des pêcheurs (76 %) effectuent des sorties de pêche de moins de quarante-huit heures lors d’une saison de pêche qui dure en moyenne six mois, du mois de juillet au mois de janvier. La production annuelle de la pêche artisanale maritime est estimée à 40 000 tonnes avec 12 000 tonnes environ pour chacune des régions d’Abidjan et de San-Pédro qui sont les régions les plus productives (cf. annexe 2). La majo­rité des sites de débarquement n’offrent pas les services minimums en termes de facilités de conservation de produits frais, d’aménagement des débarcadères, d’accès au matériel de pêche, des facilités d’hygiène, de transformation des produits de pêche. En somme, les pêcheurs travaillent dans des conditions difficiles, précaires et souvent insalubres.

7Le taux d’alphabétisation des pêcheurs (20 %) est largement en deçà du niveau national qui est de 44 %. Ce faible taux s’explique d’une façon générale par la forte présence des étrangers dans la pêche. Le district d’Abidjan présente les meilleures statistiques avec un taux d’alphabétisation de 34 %, suivi des régions Sud-Comoé et des Grands-Ponts avec respectivement 23 % et 22 %. Ces régions sont également celles qui comptent le plus grand nombre de nationaux dans la pêche. À l’exception du district d’Abidjan, où les sites d’habitation des pêcheurs se trouvent, à plus de 90 %, à proximité d’un centre de santé, d’une école primaire et d’un puits, dans les autres régions littorales, les sites d’habitation des pêcheurs s’en trouvent éloignés pour près de la moitié d’entre eux.