Les arbres et arbrisseaux
p. 107-175
Texte intégral
1L’arbre est une espèce végétale ligneuse, qui possède un tronc et atteint une hauteur de 7 m au moins. En dessous de cette taille, on parle d’arbuste, à condition que la plante possède un vrai tronc, ramifié à partir d’une certaine hauteur. Si le végétal, ligneux, est ramifié dès sa base et ne dépasse pas 4 m de hauteur, on parle d'arbrisseau.
2Les arbres cultivés sont nombreux au Vanuatu et font partie intégrante des systèmes culturaux. Les plus célèbres d’entre eux sont l’arbre à pain qui, très probablement, a été domestiqué dans cette région du monde et le cocotier qui est un palmier. Le manguier, omniprésent, a été introduit au tout début du contact européen, puis ce fut le tour du papayer qui s’est naturalisé dans le pays, des Citrus dont il existait déjà une espèce autochtone (Çitrus macroptera), des annones et de l’avocatier, pour ne citer que ceux-là. Certains, comme le macadamier, sont très récents, d’autres, comme le litchi, ne se sont jamais bien implantés.
3La plupart des arbrisseaux sont également de présence ancienne. Le chou des îles (Abebnoshus manihot) est le légume principal des Océaniens, tandis que le kava (Piper methystieum) ou les polyscias (Polyscias spp. ) sont des plantes rituelles omniprésentes dans les jardins ou les villages.
4Pour les arbres fruitiers, comme on le sait, la langue française distingue le nom de l'arbre et celui du fruit. Le premier est donné dans l’encadré qui traite du genre, le second dans l’encadré de l’espèce. À ce niveau, seul le nom le plus populaire en Océanie a été retenu.
Genre : Abelmoschus
Famille
Malvaceae
Le genre comprend une dizaine d’espèces principalement originaires de la région indo-malaise. A. manihot était présente au Vanuatu avant le contact européen.
Espèce présente
Abelmoshus manihot (L.) Medik
Chou des îles
Cet arbrisseau est une plante ancienne du Vanuatu, diversifiée par les agriculteurs locaux et largement consommée dans les zones rurales.
Références
Barrau (1962), Borrell (1989), Borssum-Waalkes (1966), Charrier (1984), French (1986), Hamon et Van Sloten (1995), Henderson et Hancock (1989), Ochse et Bakhuizen Van-Den-Brink (1980), Peekel (1984), Proséa (1994), Purseglove (1991), Smartt et Simmonds, eds (1995). Weightman (1989), Westwood et Kesavan (1982), Zeven et de Wet (1982).
Abelmoschus manihot
Plante complémentaire, locale.
Le chou des îles.
Histoire
5Le chou des îles est une plante ancienne du complexe vivrier mélanésien. Originaire de la région indo-malaise, on le trouve dans le sud de la Chine, puis de la Malaisie à Fidji et en Nouvelle-Calédonie, où on le nomme le chou canaque. Curieusement, il n’est introduit en Polynésie que tardivement. Au Vanuatu, il est présent dans tous les types de jardins, associé à d’autres cultures. Il se vend sur les marchés, à longueur d’année.
Description
6Arbrisseau de 1,5 m de hauteur en moyenne, ramifié dès la base. Feuilles alternes, de formes et de couleurs variées, aux longs pétioles verts ou rouges. Fleur solitaire, large, à cinq pétales de couleur jaune, à base pourpre.
7Style séparé en cinq petites branches terminées par un bout pourpre. Le fruit, pyriforme est une capsule à cinq côtés, mesurant 4 à 6 cm sur 2 cm. Il contient de nombreuses graines.
Variabilité morphologique
8Il existe, dans chaque communauté du Vanuatu, une douzaine de cultivars différents. Les variations morphologiques portent sur la couleur du pétiole (rouge, blanc ou vert), sur celle des feuilles (variant du jaune clair au vert foncé) et sur la forme du limbe, dont le découpage est plus ou moins prononcé.
9Cette variabilité est capturée par voie végétative lors du bouturage de nouvelles formes découvertes dans les jardins par les agriculteurs. Celles-ci résultent de la mutation des variétés existantes ou des recombinaisons par voie sexuée, puisque les graines germent spontanément dans les jardins donnant ainsi de nouvelles plantes.
10On compte ainsi au Vanuatu plusieurs centaines de variétés morphologiquement distinctes, et la sélection a toujours cours.
Culture et production
11Le chou des îles aime l’humidité, les sols fertiles et les basses altitudes. C’est une plante autogame, qui se reproduit par bouturage mais peut produire des graines fertiles. Ainsi, les plants spontanés, échappés de cultures anciennes, peuvent pousser dans les nouveaux jardins défrichés. On plante généralement, deux à trois boutures (30 à 60 cm) par trou, légèrement inclinées. La croissance est très rapide et, au bout de deux mois, on peut déjà récolter plusieurs feuilles par semaine. À un an, l’arbuste est totalement développé, et les coupes peuvent être fréquentes et copieuses, favorisant la ramification de la plante. Le chou des îles est disponible à longueur d'année. Il continue à croître au-delà d’un an mais a tendance à végéter après l’âge de trois ans. Il est alors recommandé, soit de le recéper au niveau du sol, soit de l’abandonner et de le replanter ailleurs. Il est fréquemment planté en périmètre de jardin, où il tient lieu de haie et de brise-vent.

Abelmoschus manihot.
12Ses deux ennemis principaux sont l’escargot géant d’Afrique (Achatina fulica), qui consomme les bourgeons des boutures récemment installées en terre, et un petit coléoptère polyphage (Adoretus versutus) qui apprécie les tendres feuilles qu’il transforme en dentelle.
Usages alimentaires
13Le chou des îles, aux feuilles gluantes après cuisson, est le légume par excellence des Vanuatais. On l’accommode de différentes façons.
14Le plus souvent, il est coupé en très fines lanières, bouilli dans un peu d’eau salée puis éventuellement agrémenté de lait de coco. Les larges feuilles de certains cultivars enveloppent de petits lap-lap de banane ou de manioc, cuits à la marmite. Les feuilles s’ajoutent aussi aux morceaux de viande cuits au four à pierres chaudes. Elles sont parfois frites à la poêle.
15Quel que soit le mode de cuisson choisi, il est rarement cuisiné seul et se mêle facilement aux oignons, à d’autres feuilles vertes, au lait de coco, au poisson ou à la viande. Ses feuilles sont riches en protéines, calcium, vitamines A et C.
Autres usages
16Il est parfois utilisé comme plante médicinale en Papouasie-Nouvelle-Guinée, en Indonésie et dans d’autres îles océaniennes. Au Vanuatu, on applique les tiges chaudes sur les mycoses des pieds. Les femmes en couches en boivent une décoction pour faciliter le travail, et on le dit galactogène.
Genre : Annona
Famille
Annonaceae
Le genre comprend une cinquantaine d’espèces originaires d’Amérique tropicale, dont une dizaine portent des fruits comestibles. Trois sont présentes au Vanuatu.
Espèces présentes
Annona reticulata L.
Cœur de bœuf, cachimentier
Annona squamosa L.
Pommier cannelle, attier
Sur les trois annones introduites au Vanuatu, une seule, le corossolier, est bien distribuée dans l’archipel et régulièrement consommée. Les deux autres, le cœur de bœuf et le pommier cannelle, sont plus rares et moins populaires mais leurs fruits se vendent parfois sur les marchés.
Références
Barrau (1962), Coronel (1994), French (1986), Hill (1952). Le Bellec et Renard (2001), Neal (1929), Ochse et Bakhuizen Van-Den-Brink (1980), OMS (1998), Pétard (1986), Purseglove (1991), Tate (2000). Thakur et Singh (1967), Verheij et Coronel, eds (1992), Viard (1995), Weightman (1989), Zeven et de Wet (1982).
Annona muricata
Plante complémentaire, introduite.
Le corossol.
Histoire
17Ce gros fruit vert est originaire d’Amérique centrale où il est cultivé jusqu’aux vallées côtières du Pérou puis répandu dans tout le monde tropical par les premiers explorateurs. Les Européens l’introduisent au Vanuatu à la fin du xviiie siècle. Aujourd’hui, cultivé sporadiquement dans tout l’archipel, il ne fait l’objet d’aucune culture commerciale proprement dite, mais les fruits sont récoltés pour la vente sur les marchés.
Description
18Petit arbre ne dépassant pas 8 m de hauteur ; branches basses. Feuilles simples, oblongues, lisses, vertes et brillantes. Fleurs solitaires ou par paires, cauliflores, vert jaunâtre ; sépales épais et vert foncé englobant six grands pétales à l’odeur particulière, disposés en deux rangées, jaune pâle. Le fruit est un syncarpe ovoïde, légèrement en forme de rein, vert foncé, couvert de protubérances recourbées en forme d’épines, long de 15 à 35 cm et pouvant peser jusqu’à 2 kg ; chair blanche, juteuse, entourant de nombreuses graines noires.
Variabilité morphologique
19La variabilité morphologique au Vanuatu n’a pas été étudiée précisément. Les villageois distinguent des formes à fruits juteux et sucrés et d’autres à fruits plus secs, un peu acides.
Culture et production
20Au Vanuatu, le corossolier est présent dans les villages, dans les jardins ou le long des sentiers qui y mènent. L’arbre est très rustique, se contente d’un sol pauvre et résiste bien aux cyclones ou aux intempéries.
21Il se reproduit souvent spontanément mais peut être cultivé à partir des jeunes plantules spontanées ou par bouturage. Productif dès la troisième année, il porte des fruits à longueur d’année. L’absence de soins particuliers ne nuit en rien à son fort rendement, et il n’est pas rare de trouver des fruits non récoltés qui tombent et font le plaisir des cochons qui dispersent les graines. La production de ces vergers spontanés est parfois commercialisée.
Usages alimentaires
22Ce fruit apprécié se cueille légèrement avant maturité.
23Il est mis à mûrir quelques jours jusqu’à ce qu’il devienne mou puis se mange cru en dehors des repas, après l’avoir pelé et coupé en gros quartiers. Il est vendu sur les marchés urbains.
24On peut en faire des glaces délicieuses, des sirops et même des confitures.
Autres usages
25Des propriétés médicinales non connues au Vanuatu.
Annona reticulata
Plante occasionnellement consommée, introduite.
Le cœur de bœuf.
Histoire
26Originaire des Antilles, répandu en Amérique tropicale puis dans tout le monde tropical, il est introduit au Vanuatu dès la fin du xviiie siècle par des missionnaires qui l’ont sans doute ramené d’Australie.
Description
27Petit arbre de moins de 10 m de hauteur. Feuilles longues et étroites, vert clair. Fleurs aux pétales épais, jaune-vert. Fruit rond, vert rougeâtre, à la peau lisse garnie de légères dépressions, 7 à 12 cm de diamètre ; pulpe crémeuse contenant de grosses graines brunes.
Variabilité morphologique
28Elle est faible et concerne la taille et la texture des fruits plutôt que leur forme ou leur couleur.
Culture et production
29Le cœur de bœuf est moins fréquent que le corossolier mais il est répandu dans toutes les îles, surtout sur le littoral. Il peut pousser sur des sols pauvres ou acides mais supporte mal l’excès d’humidité.
30Bien qu’il ne fasse pas l’objet d’une culture à proprement parler, les arbres spontanés sont entretenus, et il est parfois planté à proximité des villages. Il se cultive à partir des graines ou de jeunes sauvageons.
Usages alimentaires
31Le goût assez fade en fait un fruit peu apprécié, consommé occasionnellement entre les repas. Il est également possible d’en préparer des sorbets. On le trouve assez régulièrement sur les marchés urbains.
Autres usages
32Des propriétés médicinales non connues au Vanuatu.
Annona squamosa
Plante occasionnellement consommée, Introduite.
La pomme cannelle.
Histoire
33La pomme cannelle est, elle aussi, originaire des Antilles puis elle s’est répandue en Amérique tropicale.
34Les Espagnols, qui maintinrent durant trois cents ans des contacts entre le Mexique et les Philippines, y ont introduit le fruit qui a fini par gagner toutes les régions tropicales. James Paddon et les missionnaires presbytériens l’ont introduit à Tanna dans les années 1850-1860. Ultérieurement, elle a sans doute été réintroduite à plusieurs reprises.
Description
35Arbuste, inférieur à 6 m de hauteur. Feuilles oblongues, étroites et plus petites que celles du cœur de bœuf. Fleurs aux pétales épais, verts et pourpres à la base, 2,5 cm de longueur. Fruits en forme de cœur ou de pomme de pin, épiderme vert-jaune couvert d’écailles pulpeuses qui se séparent à maturité, 7 à 10 cm de diamètre ; pulpe granuleuse, crémeuse et blanche entourant de très nombreuses graines brunes, brillantes.
Variabilité morphologique
36On reconnaît au Vanuatu deux variétés : l’une aux fruits vert clair à maturité et l’autre aux fruits violets. Cette dernière est plus parfumée.
Culture et production
37La pomme cannelle est la moins fréquente des annones présentes au Vanuatu. Elle aime les climats secs et tolère bien les cyclones. Elle se reproduit généralement à partir de la graine préalablement mise à germer, puis pousse lentement .
38Ces petits arbres, qui se fondent agréablement dans le jardin mélanésien, portent peu de fruits. Il est donc recommandé de les planter à haute densité et d’en tailler les branches pour favoriser les ramifications qui portent les fleurs et les fruits.
Usages alimentaires
39Les fruits sont consommés à l’occasion, entre les repas, principalement par les femmes et les enfants. Ils se dégustent très frais, à la cuillère. On peut aussi en faire des sorbets.
Genre : Artocarpus
Famille
Moraceare
Le genre comprend une cinquantaine d’espèces originaires d’Asie du Sud-Est ou du Pacifique. Moins d’une dizaine portent des fruits comestibles. Deux sont présentes au Vanuatu.
Espèces présentes
Artocarpus altilis (Parkinson) Fosberg
Arbre à pain
Artocarpus heterophyllus Lam
Jacquier (arbre mineur, cf. CD-ROM)
Si le jacquier est un arbre introduit très rare au Vanuatu, l’arbre à pain est l’une des plantes locales les plus importantes de l’arboriculture mélanésienne. Sa diversité y est grande, le nombre de cultivars à graines prépondérant et il est probable que le Vanuatu a joué un rôle clé dans le processus de diversification de cette espèce.
Références
Barrau (19621, de Candolle (1883), French (1986), Neal (1929), Ochse et Bakhuizen Van-Den-Brink (1980), Parham (1972), Purseglove (1991), Ragone (1988, 1991,1997), Verheij et Coronel, eds (1992), Viard (1995), Walter (1989), Walter et Sam (1999), Weightman (1989), Zeven et de Wet (1982).
Artocarpus altilis
Plante de base, locale.
Le fruit à pain.
Histoire
40L’espèce, sans doute originaire de Nouvelle-Guinée, a été répandue par les hommes dans toutes les îles du Pacifique, bien avant l’ère européenne. L’arbre à pain est l’une des grandes plantes que l’Océanie a offertes au monde. Les premiers explorateurs, fascinés par ce fruit dont ils pensaient pouvoir nourrir les esclaves des premières colonies américaines, l’ont introduit très tôt aux Antilles. Les débuts de la dispersion ont été difficiles. Un premier chargement destiné à la Jamaïque et collecté à Tahiti par Le Bounty a disparu lors de la mutinerie bien connue du navire. Lors d’un deuxième voyage plus heureux, l’espèce est finalement parvenue aux Antilles, mais les esclaves n’ont pas aimé son goût ! Malgré ces premières difficultés, le fruit à pain a finalement été adopté dans bien des régions tropicales où il est aujourd’hui largement cultivé. Le Vanuatu est un centre important de diversification de l’espèce.
Description
41Arbre de 15-20 m de hauteur au tronc massif. Feuilles simples, arrondies ou ovales, profondément découpées en six à neuf lobes, vert foncé et brillantes ; pétiole court et robuste. Inflorescences mâles allongées et inflorescences femelles sphériques ou oblongues. Le fruit à pain, syncarpe formé par la soudure des fruits issus de toutes les fleurs femelles, est de forme, de taille et de couleur variables, généralement ovale, gros et jaune. Il exsude un latex plus ou moins abondant. Il contient de grosses graines brunes en nombre variable.
Variabilité morphologique
42La diversité est immense. Elle est plus marquée dans les îles du nord (Banks, Maewo, Pentecôte, Malicollo, Épi) que dans les îles du sud. La variabilité morphologique concerne la taille de l’arbre, la couleur et la forme plus ou moins découpée des feuilles, la forme, la couleur et la taille du fruit, la texture de l’épiderme, la couleur de la pulpe et le nombre de graines. La variabilité agronomique permet de différencier des cultivars selon le nombre de graines, l’époque de fructification, l’importance de la production. Enfin, la variabilité d’usage s’appuie sur la teneur en fibres et la souplesse de la pulpe, sur la rapidité de cuisson, sur la saveur et sur la durée de conservation du fruit. Chaque communauté possède sa propre collection comprenant de 10 à 120 cultivars différents. Il n’est pas impossible que certaines formes sans graines, exceptionnelles au Vanuatu, aient été introduites de Polynésie par les gens de Futuna ou par les Wallisiens de Forari.
Culture et production
43L’espèce pousse jusqu’à 600 m d’altitude, dans des lieux découverts et ensoleillés tels que les villages, les plantations de cocotiers, les sentiers ou les zones de jardin. Les cultivars à graines fertiles étant prépondérants au Vanuatu, l’espèce est cultivée soit par graines, soit par transplantation de drageons. Ce dernier mode de culture est préféré au premier car il permet de conserver les caractéristiques du pied mère.
Usages alimentaires
44Les fruits à pain sont, en saison, très consommés au Vanuatu. Ils se cuisent et se préparent de façons différentes selon le cultivar. Certains sont grillés au feu de bois puis dégustés tels quels ou bien pelés, découpés puis battus au pilon après avoir retiré les graines que les enfants aiment grignoter toutes chaudes. Une fois battue, la pulpe est étalée sur un plat en bois puis arrosée de lait de coco : c'est le nalot que l’on prépare le plus souvent pour le repas du matin. Il en existe d’autres recettes. Par exemple, la pulpe battue est divisée en petites boules enfilées dans un bambou et légèrement recuites dans du lait de coco. Le fruit à pain se conservait autrefois de différentes façons. Aux Banks, il était desséché. Ailleurs, on le faisait fermenter dans des fosses creusées dans le sol ou aménagées dans un trou naturel du plateau corallien. Aujourd’hui, ces pratiques de conservation ont tendance à disparaître. Les jeunes feuilles, encore enroulées sur elles-mêmes, sont bouillies et servies en légumes.
Autres usages
45Les usages de l’arbre à pain sont nombreux. Le latex est utilisé pour piéger les oiseaux, calfater les pirogues ou couvrir les blessures des ignames. Le bois est choisi pour la fabrication de pirogues, de rames ou de balanciers.
46On l’utilise toujours pour sculpter les magnifiques tambours d’Ambrym. C’est aussi un bon combustible. Le liber était autrefois battu pour fournir un textile connu sous le nom de tapa. Enfin, feuilles et écorce ont des propriétés médicinales.
Genre : Averrhoa
Famille
Oxalidaceae
Le genre, originaire de la région indo-malaise, comprend deux espèces principales dont une seule est présente au Vanuatu.
Espèce présente
Averrhoa carambola L.
Carambolier, pommier de Goa
Le fruit étoilé et acidulé se mange peu en zone rurale. Il est surtout utilisé par les populations d’origine européenne ou asiatique, en milieu urbain.
Références
Barrau (1962), French (1986), Hutchinson (1959), Neal (1929), Parham (1972), Pétard (1986), Popenoe (1974), Purseglove (1991), Verheij et Coronel. eds (1992), Viard (1995), Zeven et de Wet (1982).
Averrhoa carambola
Plante occasionnellement consommée, introduite.
La carambole.
Histoire
47Originaire de la région indo-malaise, l’espèce est aujourd’hui présente dans tout le monde tropical. Introduite en Océanie et au Vanuatu à la fin du xixe siècle, elle y est rare de nos jours.
Description
48Petit arbre au tronc court, 5-8 m de hauteur, couronne en parasol. Feuilles composées, trois à cinq paires de folioles ovales. Fleurs en forme de petite clochette, roses ou rouges, de 8 mm de long.
49Fruits à la peau lisse légèrement translucide, présentant cinq côtes bien formées, jaune doré à maturité. Une coupe transversale fait apparaître une étoile à cinq branches. Graines ovales, aplaties, brunes, de 1 cm environ.
Variabilité morphologique
50Au Vanuatu les caramboles ont une saveur plus ou moins sucrée, sans que l’on puisse pour autant distinguer précisément des variétés.
Culture et production
51L’arbre se reproduit par graines, lavées au savon, ou par bouture. Il porte des fruits au bout de trois ans et, dans le Pacifique, il fructifie une fois par an. Un seul pied peut donner plusieurs dizaines de kilos de fruits par récolte.
52Ceux-ci sont très attrayants et se vendent facilement sur le marché. Ils se conservent bien après la récolte (environ dix jours à température ambiante).
Usages alimentaires
53Le fruit se mange cru à pleine maturité. Mais il s’utilise surtout pour décorer les desserts, ou mêlé à d’autres espèces dans les salades de fruits. Il a une saveur légèrement acide mais très parfumée. Les minorités asiatiques mangent aussi le fruit immature cuit. Il est très peu consommé par les Vanuatais et apparaît le plus souvent sur la table des Européens ou est servi dans les hôtels internationaux de la capitale. On peut parfois l’acheter au marché de Port-Vila.
Genre : Cajanus
Famille
Fabaceae
Le genre est distribué de l’Asie (dix-huit espèces) à l’Afrique (une espèce) en passant par l’Australie (quinze espèces dont treize endémiques). Une seule est parvenue au Vanuatu.
Espèce présente
Cajanus cajan (L.) Millsp.
Ambrevade, cajan, pois d’Angol
Référence
De Candolle (1883), Neal (1929), Néné état, eds (1990), Ochse et Bakhuizen Van-Oen-Brink (1980), Parham (1972), Purseglove (1991), Smartt et Simmonds, eds (1995), Van der Maesen (1986, 1990), Weightman (1989). Viard (1995), Zeven et de Wet (1982).
Cajanus cajan
Plante occasionnellement consommée, introduite.
L'ambrevade, Le cajan.
Histoire
54Originaire de l’Inde, l’ambrevade est sans doute née d’un progéniteur sauvage [Cajanus cajanifolius (Haines) Van der Maesen]. Elle gagne assez tôt l’Asie par la Syrie et est transportée sur les côtes orientales de l’Afrique tropicale par les anciens Égyptiens. Elle pénètre en Australie et, beaucoup plus tard, dans le Pacifique. Largement cultivée en Inde, la plante fait l’objet de sélections génétiques et d’études agronomiques dans le monde entier.
55Entrée au Vanuatu à partir de l’Australie, elle est utilisée comme ombrage temporaire en raison de sa croissance très rapide. Parallèlement, ses graines sont consommées.
Description
56Arbuste à port érigé pouvant atteindre 4 m de hauteur. Feuilles argentées dessous, trifoliolées ; folioles lancéolées, acuminées légèrement duveteuses ; pétiole marqué d’un sillon. Fleurs jaunes, parfois teintées de rouge ou violet, 2 cm de longueur. Le fruit est une gousse brunâtre et aplatie, déprimée entre les graines, pointue. Deux à huit graines, de forme, de taille et de couleur variables.
Variabilité morphologique
57L’espèce comprend de nombreux cultivars selon la hauteur et l’architecture de la plante, le nombre de graines par gousse, leur taille, leur couleur ou leur goût. Certains cultivars fructifient de façon synchrone. Au Vanuatu, la plupart des morphotypes sont à port érigé et à fleurs jaunes, mais certaines variétés à port prostré ont été introduites récemment.
Culture et production
58L’arbuste, peu exigeant, se multiplie en semis par graines ou par bouture. Les variétés vanuataises ont une croissance très rapide, et les plants peuvent atteindre 3 m de haut en un an et fructifier, fis sont vulnérables aux nématodes et à certains pourrissements racinaires qui les rend très sensibles à la verse en cas de coup de vent. Selon les cultivars, les fruits parviennent à maturité entre cinq à douze mois et l’arbre est productif quatre à cinq ans. Les graines se conservent mal une fois récoltées et sont l’objet d'attaques de charançons qui perforent les gousses et se nourrissent des cotylédons.
Usages alimentaires
59Les graines sont récoltées à maturité puis cuites au bambou avec un peu de sel, bouillies ou grillées dans leur gousse pour être dégustées telles quelles ou accompagner un plat de tubercules. Ce légume se vend parfois sur les marchés. Dans d’autres pays, on mange aussi les jeunes feuilles ou les gousses vertes toutes jeunes, et la plante est un bon fourrage pour les chevaux, le bétail ou même les vers à soie. Au Vanuatu, seuls les poulets en élevage la reçoivent en complément alimentaire.

Cajanus cajan.
Autres usages
60L’ambrevade est aussi souvent utilisée comme arbre d'ombrage, mais elle est fréquemment attaquée par un champignon (Corticum salmonicor) et surtout par les nématodes. Ceux-ci risquent alors d’envahir les cultures (cacao ou poivre).
Genre : Carica
Famille
Caricaceae
Le genre comprend plus d’une vingtaine d’espèces, toutes originaires d’Amérique tropicale, dont six portent des fruits comestibles. L’une des espèces importantes d’un point de vue économique est présente au Vanuatu.
Espèce présente
Carica papaya L.
Papayer, melon des tropiques
La papaye est un fruit commun du Vanuatu. Pendant longtemps, elle ne jouit pas d’un grand prestige auprès des populations locales qui la réservent à l’alimentation des porcs. La disponibilité constante des fruits et leurs qualités nutritionnelles font pourtant, de la papaye un aliment précieux qui est de plus en plus souvent consommé.
Références
Badillo (1971), Sarrau (1962), de Candolle (1883), Encyclopédie des aliments (1997), French (1986), Le Bellec et Renard (2001), Lebot (1986), Manshardt et Wenslaff (1989), Ochse et Bakhuizen Van-Den-Brink (1980), Neal (1929), Pétard (1986), Popenoe (1974), Purseglove (1991), Storey (1969), Verheij et Coronel, eds (1992), Weightman (1989), Viard (1995), Zeven et de Wet (1982).
Carica papaya
Plante complémentaire, introduite.
La papaye.
Histoire
61La papaye n’a jamais été retrouvée à l’état sauvage, et on pense qu’elle est née par hybridation dans la région qui s’étend du Mexique au Nicaragua. Lorsque les Espagnols l’ont découverte, elle était déjà cultivée depuis longtemps et diversifiée.
62Au xvie siècle, les Espagnols l'ont introduite à Manille d’où elle a gagné Malacca puis l’Inde. Sa dissémination dans tout le monde tropical a été rapide, en raison de sa facilité de propagation par graines. Au xixe siècle, elle est déjà bien implantée en Océanie. C’est aujourd’hui une plante commune du Vanuatu.
Description
63Arbuste d’une hauteur de 6 m, sans branches ; long tronc garni de cicatrices en forme de cœur. Bouquet terminal de feuilles simples, arrangées en spirales, palmées, sept à onze lobes largement incisés ; pétiole étroit et long (25-100 cm). Plante dioïque (certains cultivars bisexués). Inflorescence mâle longue et chargée de nombreuses petites fleurs, inflorescence femelle axillaire, courte avec peu de fleurs. Fleurs parfumées en forme de trompette, jaunes ou crème. Fruits cylindriques, pyriformes ou ovoïdes, de grande taille (7-50 cm de long et pouvant peser jusqu’à 10 kg), jaune foncé ou orange à maturité ; pulpe épaisse, jaune ou orange vif. Nombreuses graines accrochées aux parois de la cavité centrale, noires, enrobées de mucilage.
Variabilité morphologique
64La plupart des variétés étant dioïques et à fécondation croisée obligatoire, les descendances sont extrêmement variables, tant en ce qui concerne la forme du fruit que la couleur de la chair. Vers la fin des années soixante-dix, le programme d’amélioration génétique de l’université d’Hawaii a mis au point des variétés hermaphrodites, sous le nom de Solo, qui produisent en fait des plants parfaitement hermaphrodites (70 %) et d’autres femelles dont la forme des fruits est peu appréciée. Le fruit des Solo est petit et oblong ou pyriforme, à la chair fine et douce.
65Il existe des cultivars à fleurs jaunes ou blanches, à chair jaune ou rouge, ces derniers étant les plus prisés.
66Au Vanuatu, on rencontre des papayers à fruits pyriformes ou très allongés, à chair jaune ou orangée, ainsi que la variété Solo, bien que plus rarement. Les graines de Solo Sunrise ou Solo Waimanalo, les deux variétés commerciales les plus cultivées, doivent être régulièrement importées d’Honolulu car les agriculteurs n’ensachent pas leurs fleurs, ce qui favorise les pollutions polliniques et une transformation rapide de la variété.
Culture et production
67La plante aime le soleil et les sols fertiles. Elle déteste le gel et l’excès d’humidité, qui conduit à un pourrissement racinaire causé par une espèce de Phytophthora. Au Vanuatu, l’arbre est propagé par les merles des Moluques ou les roussettes qui distribuent ses graines. On l’observe partout le long des sentiers, dans les jardins ou les villages, et une bonne partie de la production pourrit sur place ou est grignotée par les oiseaux. Le papayer se cultive par graines, semées à la volée ou plantées préférentiellement dans des sacs plastiques, en pépinières. Les jeunes plantules, installées par deux ou trois dans un même trou, doivent être ombragées et protégées du vent.
68Après six mois, lorsque le sexe de la plante est déterminé, on élimine les arbres femelles dans le cas des Solo et on garde quelques plants mâles dans le cas de plants dioïques. Les fruits sont récoltés huit à quatorze mois plus tard, dès que des traces orangées apparaissent sur l’épiderme vert. Un seul papayer produit 30 à 50 fruits par an, échelonnés tout au long de l’année. L’arbre peut vivre jusqu’à vingt-cinq ans mais, la production déclinant avec l’âge, il est bien souvent abattu au bout de quatre à cinq ans ou tombe de lui-même en raison des nématodes qui causent la mort de certaines de ses racines. Les fruits se récoltent délicatement, car les blessures causent des pourrissements rapides. Les papayes se vendent sur les marchés à longueur d’année, mais disparaissent dans les mois qui suivent un cyclone.
Usages alimentaires
69Ce fruit délicieux se mange dans toutes les régions tropicales tel quel, agrémenté d’un jus de citron, ou en salade de fruits. Il peut être transformé en boisson, en confiture, en glace ou en fruit confit.
70Il en est de même au Vanuatu où il se consomme cm à maturité, en dehors des repas. Lorsque la papaye est encore verte, on l’utilise comme un légume, découpée en morceaux puis bouillie ou cuite au four.
71On peut également râper la chair ou la découper en morceaux puis la servir en salade, assaisonnée d’une vinaigrette, d’un jus de citron ou mêlée à du coco râpé. À Santo, et sans doute ailleurs, on la cuit à la marmite dans un ragoût de poule. On peut aussi cuire les fruits presque mûrs directement dans le feu de bois ou les farcir de nangailles et les cuire au four à pierres chaudes. Les fruits très mûrs sont régulièrement donnés aux cochons. La papaye est recommandée aux jeunes enfants en raison de sa bonne digestibilité et de ses teneurs en vitamine C, vitamine A et potassium.
Autres usages
72Au Vanuatu, on enroule parfois les morceaux de viande dans des feuilles de papayer, pour les attendrir. Les essais de production de papaïne1 n’ont pas donné satisfaction, en raison des faibles performances du matériel végétal existant. Les graines ont la réputation d’être vermifuges et de provoquer des avortements. Les fibres du tronc peuvent être transformées en corde. L’arbre est aussi utilisé pour ombrager les jeunes plants de poivrier ou comme plante médicinale. Du fait de sa courte durée de vie et de sa vulnérabilité aux cyclones, le papayer n’est jamais utilisé pour marquer les terroirs.
Genre : Caryota
Famille
Arecaceae
Le genre compte une douzaine d’espèces réparties de l’Inde au Vanuatu. Il en existe une au Vanuatu.
Espèce présente
Caryota ophiopelis Dowe
Caryota
C’est une plante de disette utilisée par les communautés de Tanna.
Références
Caballon (1989), Dowe (1989). French (1986), Purseglove (1988). Stewart (1994).
Caryota ophiopelis
Plante de disette, introduite.
Le caryota.
Histoire
73L’espèce a sans doute été introduite dans le sud de l’archipel (Anatom et Tanna) au milieu du XIXe siècle, voire plus tardivement.
Description
74Palmier de taille moyenne de 6 à 12 m de hauteur, au tronc lisse. Feuilles bipennées, longues (3 m de longueur) ; folioles en forme de queue de poisson, marge supérieure dentée. Inflorescence en milieu de couronne, non ramifiée, pendante, portant des triades de fleurs (2 mâles et 1 femelle). Fruits ronds, lisses, jaunes contenant 1 à trois graines.
Variabilité morphologique
75Non connue.
Culture et production
76Autrefois, ce palmier poussait à l’état spontané dans les forêts humides. Aujourd’hui, les communautés de Tanna le protègent et le cultivent a minima à partir de ses fruits ou en transplantant de jeunes plantules. En effet, après le cyclone Uma qui, en 1987, a causé de graves dégâts dans les jardins, les anciens de île ont réappris aux jeunes générations à utiliser ce palmier pour se nourrir.
Usages alimentaires
77Le caryota est avant tout une plante de disette. On extrait de son tronc une farine que l’on prépare comme le sagou. La farine est mélangée à de l’eau pour confectionner une pâte cuite sur les pierres chaudes.
Autres usages
78Le caryota est aussi une belle plante ornementale.
Genre : Citrus
Famille
Rutaceae
La taxonomie des Citrus est sujette à tant de controverses que, selon les auteurs, le nombre d’espèces varie de 16 à 159. Elles sont principalement réparties en Asie. Il existe au Vanuatu dix espèces de Citrus dont quatre produisent des fruits consommés tels quels, et d’autres utilisés pour leur jus.
Espèces présentes2
Citrus aurantiifolia (Christmann et Panzer)
Swingle
Limetier
Citrus aurantium L.
Bigaradier (arbre mineur, cf. CD-ROM)
Citrus grandis (L.) Osbeck
Pamplemoussier, autrefois le pompelmousse
Citrus hystrix D. C.
Combava (arbre mineur, cf. CD-ROM)
Citrus limon (L.) Burm. f.
Citronnier
Citrus macroptera Montrouzier
Oranger local (espèce de cueillette, cf. CD-ROM)
Citrus medica L.
Cédratier (arbre mineur, cf. CD-ROM)
Citrus paradisi Macf.
Pomelo
Citrus reticulata Blanco
Mandarinier
Citrus sinensis (L.) Osbeck
Oranger
Les Citrus, introduits au Vanuatu à la fin du xixe siècle, ont presque tous été adoptés avec enthousiasme par les populations locales. La lime, le citron, le pamplemousse, l’orange et la mandarine font intégralement partie des systèmes culturaux, et leur culture est en pleine expansion. Ce sont les seuls à présenter une importance économique réelle. Les autres, bigarade, pomelo ou kumquat, sont peu répandus mais apparaissent régulièrement sur le marché. Le combava et le cédrat sont très rares.
Références
Barrau (1962), de Candolle (1885). Encyclopédie des aliments (1997), Gmitter et Hu (1990), Jones (1990), Neal (1929), Ochse et Bakhuizen Van-Den-Brink (1980), Ollitrault et Luro (1997), Parham (1972), Pétard (1986), Purseglove (1991), Roose (1989), Scora (1989), Smartt et Simmonds, eds (1995), Swingie et Reece (1967). Tanaka (1969). Verheij et Coronel, eds (1992). Viard (1995), Weightman (1989), Zeven et de Wet (1982).
Citrus aurantiifolia
Plante complémentaire, introduite.
Le citron vert, La lime.
Histoire
79Le citron vert, fruit du limetier, est sans doute né d’une hybridation entre deux espèces de Citrus (C. grandis et C. medica) et une espèce de Microcitrus. Il est originaire du nord de l’Inde et des régions adjacentes. C’est sans doute l’un des rares Citrus à être apparu dans une région tropicale. Il est rapporté en France et en Italie au xiiie siècle par les Croisés. De là, les Espagnols l'implantent en Amérique tropicale puis il gagne toutes les régions tropicales. Bien que des tentatives de culture commerciale aient été entreprises à Malicollo, la culture de cette plante pour l’exportation reste à organiser.
Description
80Arbuste buissonnant, 5-6 m de hauteur, garni d’épines. Feuilles petites ; marges dentées ; pétiole légèrement ailé. Inflorescences axillaires, petites fleurs blanches parfumées. Fruits petits (3-6 cm de diamètre), ronds, verts puis jaunâtre à pleine maturité, peau fine et adhérente ; pulpe verdâtre, très acide et très parfumée contenant de petites graines ovales.
Variabilité morphologique
81Il existe plusieurs variétés dont une, Tahiti, est à gros fruits.
Culture et production
82L’arbre pousse sur des sols pauvres et demande peu de soins. Il est recommandé de le tailler tous les ans. Il aime la chaleur et pousse mieux dans les régions littorales, mais on le trouve jusqu’à 2 000 m d’altitude. Il se reproduit par graines et spontanément, mais il est préférable de le multiplier par marcottes. Les arbres parviennent vite à maturité et donnent des fruits tout au long de l’année. Les principaux producteurs sont le Mexique, la Jamaïque, la Dominique, Trinidad et le Brésil.
Usages alimentaires
83Ingrédient typique de la cuisine asiatique, le citron vert est essentiellement cultivé pour son jus dont on assaisonne les plats, les sauces, les marinades et les cocktails. En Indonésie, les jeunes feuilles peuvent être émincées et mêlées à la sauce satay. Au Vanuatu, le citron vert se vend sur les marchés à longueur d'année pour son jus qui agrémente les salades et des plats variés. Il est moins utilisé dans les zones rurales, où il entre rarement dans la confection des plats locaux. Les villageois en préparent des citronnades.
Autres usages
84Le jus est parfois employé comme shampooing contre les poux.
Citrus grandis
Plante occasionnellement consommée, introduite.
Le pamplemousse.
Histoire
85Originaire de Thaïlande, de Malaisie et des îles Andaman, cette espèce se répand assez tôt en Chine, en Inde et en Iran d’où elle gagne l’Europe vers le xiie siècle. Le pamplemousse a semble-t-il été présent dans certaines îles du Pacifique, dont Fidji, avant l’arrivée des Européens à moins que son introduction en Océanie n’ait été faite précocement par les premiers navigateurs portugais ou espagnols. Le Vanuatu l’a reçu des premiers missionnaires, à la fin du xixe siècle.
Description
86Arbre de 8 m de hauteur, aux branches épineuses. Feuilles ovales, larges (jusqu’à 12 x 20 cm), velues en dessous, ce qui distingue nettement cette espèce des autres Citrus ; pétiole ailé, 7 cm de large. Fleurs solitaires ou en petits bouquets, crème, grandes (3-7 cm de diamètre). Fruits ronds, légèrement aplatis aux deux extrémités, jaunes, verdâtre ou légèrement teinté de rose, de grande dimension (10-30 cm de diamètre), péricarpe épais, se pelant facilement, lisse ou bosselé ; pulpe verdâtre ou jaune pâle, composée de grandes vésicules juteuses. Grosses graines jaunâtres.
Variabilité morphologique
87Selon les cultivars, la pulpe est plus ou moins juteuse, très sucrée ou acide, et contient un nombre très variable de graines. La station d’Agriculture de Tagabé multiplie et distribue depuis plus de vingt ans des variétés de type Sarawak, doux à chair blanche, et des variétés Decumana à chair rosée et plus acide.
Culture et production
88Aujourd’hui, les arbres issus de marcottes sont plantés dans tout l’archipel.
89Le pamplemoussier est un arbre habituel des villages vanuatais et se rencontre le long des sentiers ou dans les zones de culture, prêt à étancher la soif des agriculteurs qui travaillent dans les jardins. Le problème de la multiplication végétative par marcottes est que, en l’absence de pépinières et de contrôles sanitaires très stricts, certaines maladies, comme la tristeza, se distribuent facilement dans l’archipel. Les arbres issus de marcottes ont aussi un développement racinaire très superficiel et sans racine pivotante, ce qui les rend très vulnérables aux dépressions cycloniques.
Usages alimentaires
90Les pamplemousses se mangent crus, après les avoir pelés et coupés en quartiers. On en fait des jus, des marmelades ou des sorbets, et les jeunes feuilles sont parfois utilisées pour l’infusion du matin.
Citrus limon
Plante complémentaire, introduite.
Le citron.
Histoire
91On ignore encore la région d’origine exacte du citron. Sans doute se situe-t-elle dans une zone située au nord du Myanmar, au sud de la Chine et au nord-ouest de l’Inde. Certains auteurs suggèrent que le citron résulte d’une hybridation entre la lime (C. aurantijblia) et le cédrat (C. medica) ; ou bien d’une hybridation de C. medica avec une autre espèce de Citrus. L’espèce ne serait cultivée en Chine que depuis 2 500 ans. Les Arabes la connaissent dès le xe siècle et ils l’introduisent en Afrique après l’avoir répandue dans tout le monde méditerranéen. Elle pénètre dans le reste de l’Europe au xii ou xiiie siècle avec les Croisés, et Christophe Colomb l’emporte à Haïti lors de son deuxième voyage. Par la suite, elle se répand dans le monde entier et est très tôt introduite dans le Pacifique.
Description
92Arbuste de 6 m de hauteur aux épines épaisses. Feuilles ovales, ne dépassant pas 10 cm de long ; marges dentées ; pétiole dépourvu d’ailes présentant une articulation caractéristique. Les fleurs, solitaires ou en petits bouquets, se reconnaissent à la couleur rose des boutons, puis à la couleur pourpre qui teinte le dessous des pétales blancs. Fruits ovales possédant un petit renflement à l'apex, jaunes à maturité ; péricarpe épais, adhérent, rugueux ; pulpe jaune et acide contenant des graines ovales.
Variabilité morphologique
93La culture commerciale et les nombreuses améliorations génétiques que l’espèce a connues ont produit plusieurs variétés parmi lesquelles Eurêka, Lisbon, Villafranca sont les plus diffusées.
Culture et production
94La culture commerciale du citron apparaît tout d’abord en Italie et en Espagne.
95Depuis 1890, la Californie est devenue un important producteur, suivie par l’Italie et la Grèce. Au Vanuatu, il est cultivé ou pousse à l’état spontané dans tous les villages et surtout le long des chemins qui conduisent dans les zones de jardins. Les sauvageons font l’objet de soins permettant leur développement.
Usages alimentaires
96Le citron est cultivé pour son jus ou pour son zeste. Il peut se conserver dans l’huile ou en saumure, et on en prépare des marmelades, des chutney et des beurres parfumés.
97Au Vanuatu, le citron, très riche en vitamine C, se vend à longueur d’année sur les marchés. On l’utilise essentiellement pour son jus, avec lequel on prépare des citronnades, ou pour agrémenter certains plats. Comme le citron vert, il est peu utilisé en cuisine traditionnelle.
Citrus paradisi
Plante complémentaire, introduite.
Le pomelo.
Histoire
98On ignore la région d’origine de cette espèce, jamais observée à l’état sauvage et qui apparaît aux Antilles avant la fin du xviiie siècle. Elle est sans doute dérivée du pamplemousse à partir duquel elle est née soit par hybridation avec l’orange douce, soit par mutation génétique. Introduite en Floride, elle devient très vite une grande culture commerciale aux États-Unis. Introduite dans le Pacifique et au Vanuatu au xixe siècle, elle y est désormais cultivée dans toutes les îles.
Description
99Arbre dépourvu d’épines, couronne ronde, 6-8 m de hauteur. Feuilles de taille intermédiaire, entre celles du pamplemoussier et de l’oranger (6x11 cm), pétiole aux ailes larges. Fleurs solitaires ou en petits bouquets, blanches, 4-5 cm de diamètre. Fruits ronds, jaune pâle ou teintés de rose, de grande taille (8-15 cm de diamètre), peau épaisse mais beaucoup moins que celle du pamplemousse ; pulpe jaune pâle, en quartiers difficiles à séparer, à petites vésicules. Graines blanches poly-embryonnées.
Variabilité morphologique
100Les cultivars sont nombreux. On distingue les formes à fruits jaunes et à fruits roses ; les formes avec et/ou sans graines. Le plus célèbre est Marsh, à pulpe jaune, contenant moins d’une dizaine de graines par fruit. Le cultivar Thompson ou Pink marsh désigne le pomelo rose.
101Les variétés distribuées par la station d’Agriculture de Tagabé sont Marsh et Shambar.
Culture et production
102Le pomelo aime la chaleur et les sols sableux drainant bien car il est très sensible aux pourrissements racinaires. Le marcottage ou le greffage sont les techniques de multiplication les plus courantes, et l’arbre entre en production au bout de quatre ans. Des tailles annuelles sont nécessaires pour se débarrasser des gourmands et rejets et favoriser la floraison.
103Sa vente sur les marchés est en progression.
Usages alimentaires
104Presque 60 % de la production mondiale est réservée à la fabrication de jus conditionné, le reste est vendu à l’état frais. Le pomelo, moins fréquent au Vanuatu que le pamplemousse, se mange entre les repas. Les populations occidentales et particulièrement anglo-saxonnes le consomment de préférence au petit déjeuner ou en entrée.
Citrus reticulata
Plante complémentaire, introduite.
La mandarine.
Histoire
105L’espèce est l’une des trois espèces ancestrales de Citrus (avec C. grandis et C. medica). Apparue en Chine du Sud, la mandarine y est depuis longtemps le plus important Citrus. Elle y est cultivée depuis 4 000 ans et a été largement diversifiée.
106Son nom viendrait du terme « mandarin ». Certains disent que sa couleur rappelle celle de la robe de soie portée par ces hauts personnages, d’autres affirment que, à une époque, les mandarins ont été les seuls à pouvoir consommer ce fruit délicat. Elle atteint l’Europe assez tard, au tout début du xixe siècle, et les États-Unis une cinquantaine d’année plus tard. Elle se répand par la suite dans tout le monde tropical et subtropical, parvenant au Vanuatu à la fin du xixe siècle.
Description
107Arbre de petite taille, inférieur à 10 m de hauteur, parfois sans épines. Feuilles elliptiques ou lancéolées, étroites, brillantes, petites (6x3 cm) ; marges dentelées ; pétiole très légèrement ailé. Petites fleurs axillaires blanches. Fruit arrondi, légèrement aplati et déprimé en dessous, jaune ou orange à maturité, de petite taille (5-8 cm de diamètre). Peau fine, légèrement bosselée, n’adhérant pas à la pulpe orange qui se sépare facilement en quartiers. Elle contient de petites graines.
Variabilité morphologique
108Les nombreux cultivars se classent en plusieurs groupes et en plusieurs variétés botaniques.
109On distingue habituellement :
le groupe Satsuma cultivé au Japon ;
le groupe Mandarine aux fruits jaune orangé dont la variété Emperor est cultivée en Australie ;
le groupe Tangerine aux fruits orange foncé auquel appartient la clémentine algérienne.
110Au Vanuatu, il existe plusieurs variétés de mandarine mais la plus fréquente est la Raiatea introduite par les missionnaires et reconnaissable à son port érigé en forme de cône.
Culture et production
111Le fruit est très populaire au Vanuatu. On le rencontre dans tous les villages, et il se vend en grande quantité sur les marchés. Il est toujours planté à partir de semis et non pas de marcottes, ce qui le rend beaucoup plus résistant aux cyclones.
112Il tolère bien l’ombre et trouve donc sa place dans les jardins traditionnels, en bordure des parcelles. Il s’agit d’une espèce très rustique et on ne lui connaît pas de maladie grave.
Usages alimentaires
113La mandarine se consomme la plupart du temps crue, mais on la prépare aussi en marmelade. La cuisine chinoise utilise l’écorce séchée. Les Vanuatais, adultes comme enfants, apprécient ce fruit et le mangent cru entre les repas. Il est généralement cueilli par sac et mis à mûrir quelques temps à l’intérieur de la maison avant d’être dégusté. Les feuilles sont employées pour préparer l'infusion du matin.
Citrus sinensis
Plante complémentaire, introduite.
L’orange douce.
Histoire
114L’oranger est natif du sud de la Chine et du nord-est de l’Inde où il est cultivé depuis plus de 4 000 ans. Il n’a pas été observé à l’état sauvage, aussi pense-t-on qu’il dérive de la bigarade ou qu’il est né par hybridation de la mandarine et du pamplemousse (C. grandis). L’Europe a connu des variétés d’oranges de qualité médiocre dès la fin du xvie siècle, puisque les Arabes ont répandu l’espèce de la Perse à l’Afrique du Nord, en passant par l’Espagne. Mais ce sont les Portugais qui, au début du xvie siècle, ramènent de Chine les meilleurs cultivars, cultivés en orangeraies car la rigueur du climat européen ne leur convenait pas.
115Christophe Colomb, lors de son deuxième voyage, introduit des graines d’orangers à Haïti. De là, l’espèce gagne les États-Unis, les Antilles et le Mexique, puis tout le monde tropical et subtropical. Le capitaine Cook l’introduit en Polynésie et elle gagne Fidji en 1832. En 1840, les premiers missionnaires samoans l’apportent avec eux à Aniwa.
116Depuis, l’espèce prolifère dans cette île où elle est devenue une production importante. Elle est largement cultivée dans tout l’archipel.
Description
117L’arbre, 6-8 m de hauteur, est à branches épineuses à angle aigu avec le tronc, et à couronne étroite. Feuilles ovales, vert foncé, de taille moyenne (5-15 x 2-8 cm) ; marges légèrement ondulées ; pétiole garni d’ailes étroites et courtes. Fleurs parfumées blanches, de petite taille (2-3 cm de diamètre).
118Fruits arrondis, orange ou verts, 4-12 cm de diamètre ; peau de 5 mm d’épaisseur adhérant à une pulpe séparée en quartiers. Le nombre des graines est très variable.
Variabilité morphologique
119L’ensemble des nombreux cultivars se sépare en trois groupes : les oranges habituelles que nous venons de décrire, les navels sans pépins originaires du Brésil et les sanguines à la pulpe rouge ou striée de rouge, apparues en Europe vers 1850. Les cultivars les plus connus sont les Valencia, les Maltaise, les Jaffa (Israël), les Sunkist (États-Unis), les Outspan (Afrique du Sud). Au Vanuatu, on observe quatre variétés d’oranges : Late Valencia, dont les fruits sont relativement gros mais qui ne virent que très rarement à l’orange et jaunissent lorsqu’ils sont bien exposés à la lumière ; Joppa, dont l’arbre a un port érigé et des fruits de taille plus petite ; les navels (Washington et Thomas), dont la chair est bien jaune. Elles ont été introduites de Tahiti en 1960.
120Les célèbres orangers d’Aniwa sont issus d’une population résultant de semis. Les fruits, par leur aspect, ressemblent beaucoup à la variété Valencia et viennent bien à coloration, celle-ci tirant plus sur le jaune que sur l’orange. Comme ils poussent en forêt naturelle, les arbres ont un port érigé qui ne facilite pas la cueillette. Leur longévité ne dépasse pas une vingtaine d’années.
Culture et production
121L’oranger pousse aujourd’hui spontanément dans les îles du Vanuatu où l’espèce a fini par se naturaliser. Il est aussi planté pour marquer les parcelles, border les routes et les chemins menant aux jardins, et apparaît dans tous les villages.
122Dans les années quatre-vingt, une culture commerciale de l’oranger a été tentée afin de fournir les marchés de la capitale. Les vergers d’Aniwa, très abîmés par le cyclone Uma de 1987, recommencent à produire depuis quelques années. Entre-temps, des vergers ont été développés à Anatom, et ils sont désormais en pleine production.
Usages alimentaires
123L’orange se mange dans tout le Vanuatu, entre les repas. On en fait aussi des jus, des marmelades, des sorbets. La cuisine européenne et asiatique l’utilise dans la préparation de ses plats. Enfin, les feuilles sont régulièrement cueillies pour préparer les infusions du matin.
124Le genre comprend une seule espèce présente depuis les temps anciens au Vanuatu.
Genre : Cocos
Famille
Arecaceae
Espèce présente
Cocos nucifera L.
Cocotier
Le cocotier est, avec l’arbre à pain, l’un des arbres fruitiers les plus importants du Vanuatu. D’abord cultivé pour l’autoconsommation, il devient au début du xxe siècle l’une des cultures commerciales les plus importantes du pays. Si le cocotier est avant tout une plante alimentaire et commerciale, il présente de nombreux autres usages.
Références
Child (1974), Encyclopédie des aliments (1997), French (1986), Harries (1978. 1990), Ochse et Bakhuizen Van-Den-Brink (1980), Purseglove (1991), Sauer (1993), Smartt et Simmonds, eds (1995), Spriggs (1993), Viard (1995), Ward et Brookfield (1992), Zeven et de Wet (1982). Zizumbo-Villarreal et Quero(l998).
Cocos nucifera
Plante de base, locale.
La noix de coco.
Histoire
125L’ancêtre du cocotier actuel serait né il y a des millions d’années sur les rivages de la mer de Thétis.
126Lorsque le grand continent Gondwana s’est brisé et que les plaques continentales ainsi libérées se sont déplacées, les noix flottantes auraient continué de coloniser les rivages des continents, des îles et des archipels successivement formés.
127Il s’est établi naturellement dans les îles de la région indo-malaise et du Pacifique, sans doute jusqu’aux Marquises. Puis les hommes l’ont protégé, disséminé à leur tour et progressivement sélectionné jusqu’à obtenir le cocotier que nous connaissons aujourd’hui. Les peuples austronésiens l’apportent à Madagascar, les Arabes sur les côtes de l’Afrique de l’Est, les Portugais sur les côtes de l’Afrique de l’Ouest (en 1498), les Espagnols des Philippines au Mexique vers 1540.
128Depuis la période des grands voyageurs du xvie siècle, le cocotier a été transporté dans tous les littoraux tropicaux où il a pu s’implanter.
129La région Pacifique possède la plus grande diversité de cocotiers connue, ainsi que la plus importante diversité d’insectes qui y sont associés. Des datations au carbone 14 ont révélé que le cocotier existait au Vanuatu bien avant l’arrivée des premiers migrants et qu’il a certainement contribué à l’installation des hommes sur ces îles. Aujourd’hui, le cocotier est une plante habituelle du littoral vanuatais et, depuis le contact européen, le développement des plantations commerciales, allié aux recherches scientifiques pour son amélioration génétique, a été considérable.
Description
130Palmier d’une hauteur de 20-30 m au tronc sinueux, cylindrique, garni de cicatrices laissées par les palmes, surmonté d’un bouquet de vingt-cinq à trente feuilles d’âges différents ; base renflée entourée de racines.
131Feuilles poussant à partir d’un bourgeon terminal, lancéolées, entières dans leur jeune âge puis divisées à l’âge adulte jusqu’à leur nervure centrale. Elles mesurent alors de 4 à 6 m et chaque foliole 50-120 cm ; pétiole large et robuste. Inflorescence ramifiée en une vingtaine d’épillets apparaissant au centre d’une longue spathe (1 m), chaque épillet portant une trentaine de petites fleurs mâles jaune pâle et quelques grosses fleurs femelles. Grappe de fruits située sous les palmes, drupes de 20 à 30 cm de long pouvant peser jusqu’à 2 kg. Ils comprennent un exocarpe dur, lisse, de couleur variable (vert, brun, jaune ou orange), un mésocarpe fibreux brun, un endocarpe ovoïde, dur et ligneux, brun foncé présentant trois yeux à la base, une graine huileuse blanche, creusée d’une cavité contenant l’eau de coco.
Variabilité morphologique
132Les cocotiers composent des populations homogènes, qui se différencient aisément sur la base de caractères morphologiques et agronomiques. Il en existe trois grands groupes : le Pacifique, l’Indo-atlantique et l’intermédiaire de l’océan Indien. Le groupe Pacifique, auquel appartient le cocotier du Vanuatu, s’étend de Sumatra à la Polynésie française, et il est très diversifié. Il existe aussi deux grands types de cocotiers, les grands (95 % de la population mondiale) dont la base des troncs est renflée et les nains dont la base des troncs est régulière. La variété dominante au Vanuatu est appelée « Le grand des Hébrides ». La variabilité génétique du cocotier au Vanuatu a été largement sous-estimée, et de récentes opérations de collecte ont permis de récolter plus d’une vingtaine de populations distinctes. Les agriculteurs distinguent les variétés à l’aide de caractères tels que la couleur de la noix, sa taille, la longueur et la couleur des frondes, la couleur des inflorescences, etc. On compte en moyenne douze appellations vernaculaires différentes par village.
133Les usages sont très diversifiés, certaines variétés sont préférées pour leur eau, tandis que d’autres le sont pour l’arôme de leur lait ou le goût de leur chair.
Culture et production
134À une époque ancienne, la noix de coco a sans doute été simplement cueillie, mais elle est très vite cultivée par les populations locales. Même les aborigènes d’Australie, qui ne pratiquaient pas l’agriculture, plantaient de temps en temps une noix de coco. L’arbre pousse jusqu’à 600 m d’altitude.
135Au Vanuatu, l’espèce fait partie, avant l’arrivée des Européens, du stock d’arbres fruitiers plantés le long des chemins ou dans les aires réservées près des villages. Aujourd’hui encore, en zone rurale, le cocotier se plante ici et là autour des jardins et des maisons, ou même en forêt à basse altitude pour étancher la soif du voyageur de passage. Il est de plus en plus utilisé pour occuper le terrain en cas de litiges fonciers et, au terme de leur cycle de culture, les agriculteurs installent dans leurs jardins de jeunes plants qui témoignent de l’identité du propriétaire. Les noix étaient autrefois échangées par les populations côtières contre du taro ou autre produit venu de l’intérieur des terres.
136Enfin, une pratique courante au Vanuatu consiste à associer les cocoteraies adultes à l’élevage bovin.
137Le cocotier se cultive pour la première fois en plantation à partir de 1840 et dès la fin du xixe siècle au Vanuatu. Aujourd’hui, la cocoteraie couvre environ 90 000 ha dont près de 30 % sont utilisés pour l’autoconsommation alimentaire, le reste étant transformé en coprah lorsque les cours sont raisonnables. Les rendements moyens sont faibles, de l’ordre de la demi-tonne de coprah par hectare. Ces médiocres performances sont attribuées au faible entretien dont bénéficie la cocoteraie et aux variétés locales peu productives.
138Si le cocotier a de faibles rendements au-dessus de 400 m d’altitude, il se comporte particulièrement bien sur les sols ingrats des terrasses coralliennes du littoral, là où peu d’autres espèces peuvent se développer. Par contre, son installation à l’intérieur des terres commence à poser de nombreux problèmes en raison de son système racinaire puissant et de son ombre qui entravent la bonne croissance de nombreuses autres cultures. Si le cocotier reste une culture alimentaire importante, le coprah est une filière en perte de vitesse et la cocoteraie est sénescente. On estime à plus de 600 000 le nombre de cocotiers qu’il faudrait replanter tous les ans pour régénérer les cocoteraies existantes.
139Au Vanuatu existe à l’état endémique la maladie virale du « dépérissement foliaire » transmise par l’insecte Myndus taffini. Elle n’a pas d’incidence sur la production et les cultivars locaux sont totalement résistants, à l’inverse des cultivars exotiques qui présentent un taux de mortalité important. Divers insectes détériorent les tissus foliaires, jeunes et matures, réduisant ainsi la capacité photosynthétique de la plante et donc son rendement. Les roussettes, grandes chauves-souris frugivores, occasionnent de sérieux dégâts lorsqu’elles consomment les jeunes inflorescences.
Usages alimentaires
140La noix de coco se consomme à différents stades de maturité. Quand elle est encore jeune et souple, la pulpe grasse est donnée aux enfants puis, à maturité, elle se croque telle quelle ou se râpe pour en extraire le lait dont on assaisonne les plats. Le lait peut être cuit légèrement (il prend alors un aspect caillé) ou très longuement pour en extraire l’huile, les deux préparations étant alors utilisées comme sauce pour agrémenter les lap-lap et nalots. L’eau contenue dans la cavité centrale se boit telle quelle. Enfin, la noix germée, devenue ronde et spongieuse, se grignote entre les repas. Le cœur, c’est-à-dire le bourgeon terminal est comestible.
141À Santo, la spathe brûlée, diluée dans l’eau puis filtrée, fournissait un liquide salé pour la cuisine.
Autres usages
142Les usages non alimentaires du cocotier sont nombreux : huile lubrifiante, matière grasse pour la confection de savons et de crèmes cosmétiques, combustible, cordes, balais, bois pour la fabrication d’objets artisanaux, etc. Au Vanuatu, les frondes sont utilisées dans la manufacture des toits et la confection de nattes de sol ou de paniers ; les nervures effeuillées sont attachées en faisceaux pour fabriquer des balais. Les racines et écorces ont des usages médicinaux. Le tronc est employé dans les constructions des maisons et, plus récemment, dans la fabrication de petits meubles et d’objets artisanaux. La bourre est parfois employée pour la confection de pirogues. La noix dure est utilisée comme coupe à kava et parfois dans la fabrication de cuillères. La pulpe de la noix de coco, séchée au soleil ou dans des fours, donne le coprah dont l’huile entre dans la préparation de margarine. Avant d’être supplantée par l’huile de soja dans les années soixante, elle était la source principale des huiles végétales.

Le chou des iles (Abelmoshus manihot), planté dans un jardin.
© A. Walter

Choux des îles vendus sur le marché : le légume par excellence des Vanuatais.
© D. Greindl

Cultivar de choux des îles (Abelmoshus manihot) nommé « Les doigts de pieuvre », en raison de ses feuilles longues et fines.
Annona muricata, le corossol. fruit très apprécié.
© D. Greindl

Annona reticulata, le cœur de bœuf, au gout assez fade.
© D. Greindl

Annona squamosa, la pomme cannelle, la moins fréquente des annones du Vanuatu.
© A. Walter

Artocarpus altilis, l’arbre à pain.
© V. Lebot
L'arbre à pain est l'une des plantes majeures de l'arboriculture mélanésienne. Sa diversité est très large.

Artocarpus altilis : le fruit à pain.
© A. Walter

Les fruits à pain (Artocarpus altilis), rôtis sur les braises, à déguster tels quels.

Paquets de nalot que l’on prépare le plus souvent pour le repas du matin. La pulpe du fruit à pain est battue, puis arrosée de lait de coco.
© A. Walter

Les caramboles (Averrhoa carambola), fruits acidulés.
© D. Greindl

Gousses de Cajanus cajan, l'ambrevade.
© F. Tzerikiantz

Le papayer (Carica papaya).
© A. Walter
Fruit commun du Vanuatu, la papaye est un aliment aussi délicieux que précieux.

Caryota ophiopelis : feuilles et fruits
© A. Walter

Citrus aurantifolia, le citron vert ou la lime
© V. Lebot
La lime, le citron, le pamplemousse et la mandarine font aujourd’hui partie des systèmes culturaux vanuatais et leur culture est en pleine expansion.

Citrus grandis, le pamplemousse
© D. Greindl

Citrus paradisi, le pomelo

Citrus reticulata, la mandarine, très populaire au Vanuatu.
© A. Walter

Citrus sinensis, l'orange douce, que l'on trouve dans tous les villages.
© D. Greindl

Noix de coco (Cocos nucifera).
© A. Walter

Jeunes noix de coco débarrassées de leur coque fibreuse pour la vente.
© V. Lebot
Le cocotier est, avec l’arbre à pain, l’un des arbres fruitiers prédominants. Sa culture commerciale est importante.

Préparation du lait de coco. La noix de coco râpée est ensuite pressée pour en extraire le lait.
© A. Walter

Le cycas (Cycas rumphii), très ancien et omniprésent dans l’archipel.
© A. Walter
Le cycas, symbole du Vanuatu, est l’une des plus grandes plantes rituelles.

Le cycas, très toxique, est une plante de disette qui demande une longue préparation pour être consommée.
© A. Walter

Litchi sinensis, arbre peu fréquent au Vanuatu.
© V. Lebot

Panier de mangues (Mangifera indica)
© A. Walter
Pour ses fruits ou pour son ombrage, le manguier est un arbre apprécié que l'on trouve en abondance.

Les fruits du sagoutier (Metroxylon wargurgii). On tire aussi du sagoutier une matière féculente pour préparer un plat ancien, le sagou.
© D. Greindl

Persea americana, l’avocat, assez rare dans les villages
© V. Lebot

Piper methysticum, le kava, la boisson traditionnelle du Pacifque.
© V. Lebot

Polyscias fruticosa planté en haie.

Polyscias scutellaria
© F. Tzerikiantz
Plantes anciennes, les polyscias agrémentent tous les alentours de villages et de maisons.

En haut : Pseuderanthemum pelagicum.
En bas : Pseuderanthemum carruthersii.
Mal connues, ces plantes sont très proches des polyscias avec lesquels elles se mélangent dans les haies.
© F. Tzerikiantz

Goyaves (Psidium guajava). Même s’il est peu cultivé, le goyavier est abondant au Vanuatu et ses fruits régulièrement proposés à la vente.
© A. Walter
Genre : Cycas
Famille
Cycadaceae
Le genre comprend de quarante à cinquante espèces réparties de l’Inde au nord de l’Australie, avec quelques représentants à Madagascar et en Afrique de l’Est.
Espèce présente
Cycas rumphii Miquel
Cycas
Le cycas n’est consommée qu’en temps de disette par les communautés d’Épi. Mais c’est une plante ancienne et l’une des plus grandes plantes rituelles du Vanuatu.
Références
Barrau (1962), Beck (1992), Brown (1951), French (1986), Classman, ed. (1971), Henderson et Hancock (1989), Johnson (1959), Neal (1929), Ochse et Bakhuizen Van-Den-Brink (1980), Parham (1972), Peekel (1984), Safford (1905), Stevenson (1990,1992), Stevenson et Osborne (1993), Stewart (1994), Verheij et Coronel. eds (1992), Yuncker, ed. (1971,1974).
Cycas rumphii
Plante de disette, locale.
Le cycas.
Histoire
143Arbre très ancien dont on retrouve des vestiges fossilisés dans les couches géologiques anciennes, le cycas se rencontre à l'état sauvage ou spontané de Madagascar jusqu’en Polynésie et en Micronésie, en passant par l’Asie du Sud-Est et le nord de l’Australie. Natif au Vanuatu ou transporté par les premiers migrants sur leurs pirogues, l’arbre est omniprésent dans l’archipel, généralement à l’état cultivé.
Description
144Le cycas ressemble à un palmier au tronc lignifié et cylindrique, de 5 m de hauteur. Feuilles pennées groupées au sommet, du tronc, longues, composées de 50 à 150 paires de folioles étroites, lisses, vert brillant, 25 x 1,5 cm. Plante dioïque. Fleurs mâles disposées sur un long cône, épais et jaune, annuel. La plante femelle produit des feuilles brunes modifiées (sporophylles) et un rang de structure ovales (ovules) donnant à maturité des graines ovales, rouges ou orange, de 3-4 cm de diamètre.
Variabilité morphologique
145Non connue.
Culture et production
146L’arbre se plante de façon isolée en transplantant de jeunes rejets. Le jeune plant a une croissance très lente et demande donc un entretien régulier pour ne pas être étouffé par les mauvaises herbes.
Usages alimentaires
147Le cycas, bien que très toxique, a été utilisé comme plante de disette par bien des communautés, de la Papouasie-Nouvelle-Guinée à Fidji et à Guam. Pour qu’il puisse être consommé, il demande une longue préparation.
148La moelle du tronc et les graines peuvent être utilisées. Dans les deux cas, il faut râper la substance végétale, l’envelopper de feuilles et la mettre à macérer dans l’eau que l’on renouvelle durant plusieurs jours. Après filtrage, la farine recueillie est séchée puis cuite au four à pierres chaudes. Elle se présente alors comme une sorte de pudding qui se mange. Au Vanuatu, les graines ne s’utilisent pas, le tronc très peu (par quelques communautés, comme celle d’Épi, à la suite du cyclone Uma). C’est une plante de disette.
Autres usages
149La plante est utilisée en médecine aux îles Salomon dans le traitement du pian et des ulcères tropicaux, aux Philippines dans celui des plaies, démangeaisons et maladies de peau. Sa graine liée à un fil se transforme en jouet pour les enfants. Symbole du Vanuatu, présent sur son drapeau, le cycas est l’un des attributs que les hommes de haut rang doivent acheter pour accéder à une position encore plus élevée. Ils le payent avec des cochons à dents recourbées et le plantent près du nakamal3, au cours d’une grande cérémonie. On peut observer en forêt ou à proximité des villages des alignements de cycas ou des individus isolés.
150L’arbre est aussi très décoratif. Ses palmes étaient utilisées jadis comme calendrier.
151Quand une rencontre était prévue, chaque partenaire détachait, d’un seul côté de la feuille, une foliole par jour jusqu’à celui du rendez-vous. De la même manière, on utilise ces grandes feuilles pour compter le nombre de convives, lors d’un repas coutumier, en détachant une foliole par personne présente. Lorsque un lieu est déclaré tabou et que l’on souhaite en interdire l’accès, deux feuilles de cycas sont croisées et placées à l’entrée, (cette interdiction est respectée par tous).
Genre : Litchi
Famille
Sapindaceae
Le genre, monospécifique, est originaire du nord de l’Asie du Sud-Est mais a été diversifié en Chine.
Espèce présente
Litchi sinerensis Sonnerat
Litchi, cerisier de Chine
Bien que ses fruits soient très appréciés, l’arbre n’est pas très fréquent au Vanuatu où il pousse mal. Quelques beaux spécimens produisent néanmoins des fruits que l’on peut acheter sur les marchés. Mais la récolte est surtout réservée à la famille et aux amis.
Références
Bose et al. (1999), Encyclopédie des aliments (1997), Menzel (1983, 1984, 1990), Mitra (1999), Popenoe (1974), Verheij et Coronel, eds (1992), Viard (1995), Weightman (1989), Zeven et de Wet (1982).
Litchi sinensis
Plante occasionnellement consommée, introduite.
Le litchi
Histoire
152Le litchi, originaire du nord de l’Asie du Sud-Est, y est cultivé depuis près de deux mille ans. Introduit en Chine4 il y a longtemps, ce fruit savoureux y est devenu très prisé. Les mandarins avaient coutume de l’offrir à leur souverain. Le litchi voyage très mal, et il faut attendre la fin du xixe siècle pour qu’il gagne l’ensemble des régions tropicales, dont le Vanuatu. Sa graine périssable ne supporte pas les longs déplacements, et les exigences climatiques de la plante rendent sa fructification aléatoire. Il se rencontre aujourd’hui dans de nombreuses régions, un peu en altitude.
Description
153Arbre de 10-15 m de hauteur. Feuilles composées de deux à quatre paires de folioles elliptiques, coriaces, 12 x 3,5 cm. Fleurs groupées sur de larges panicules, jaune-vert, de petite taille. Fruits arrondis, 3 cm de diamètre ; épiderme épais, rugueux, vert ou rose ; arille translucide à la saveur parfumée ; noyau brun allongé.
Variabilité morphologique
154De nombreux cultivars existent, qui se distinguent par la forme et la taille des fruits ou celles des arbres qui les portent. La diversité génétique fait l’objet de recombinaisons multiples dans les stations de recherche, en vue d’obtenir de nouvelles variétés.
155On tente, notamment, de réduire la taille du noyau et de sélectionner des variétés précoces et tardives.
Culture et production
156Sous les tropiques, l’arbre est peu productif à moins que la saison sèche soit fraîche mais sans gel. Sa floraison est souvent bien supérieure à sa fructification. Le litchi aime les sols épais et humides. Il se reproduit par bouturage et porte des fruits au bout de quatre à six ans. Au Vanuatu, l’arbre est planté dans les jardins d’agrément des maisons urbaines ou disséminé dans tous les villages ruraux où il est peu abondant. La production est en général réservée à la consommation familiale et peu de fruits parviennent jusqu’aux marchés. Il faut noter que le litchi est un arbre qui vit longtemps et qui peut, dans certains pays, produire beaucoup (150 kg de fruits par an).
Usages alimentaires
157Les fruits se consomment crus après que l’on ait retiré la coque épaisse.
Genre : Mangifera
Famille
Anacardiaceae
Le genre comprend une soixantaine d’espèces réparties du Sri-Lanka à la Micronésie. Le Vanuatu compte une espèce.
Espèce présente
Mangifera indica L. Manguier
Le manguier, introduit très tôt dans l’archipel, a été largement adopté par les populations locales. C’est aujourd’hui un arbre commun qui pousse abondamment dans toutes les îles, en bord de mer, au sein des villages, le long des chemins, autour des jardins ou dans les plantations.
Références
Bompard (1993), Bompard et Schnell (1997), de Candolle (1883), Kostermans et Bompard (1993), de Laroussilhe (1980), Mukherjee (1949, 1972), Popenoe (1974), Purseglove (1991), Schnell et Knight (1993), Singh (1960), Verheij et Coronel, eds (1992), Viard (1995), Weightman (1989), Zeven et de Wet(1982).
Mangifera indica
Plante complémentaire, introduite.
La mangue.
Histoire
158Le manguier pousse à l’état sauvage sur les contreforts montagneux du nord-est de l’Inde, au Myanmar, au Bangladesh et sans doute au pied des contreforts himalayens dans le Sikkim et en Asie du Sud-Est. Il a été domestiqué indépendamment au Myanmar et dans le nord-est de l’Inde selon des processus de domestication divergents. Les formes indiennes, en grande majorité mono-embryonnées, ont été sélectionnées et propagées par voie végétative durant l’époque moghole (1526-1858). Les Indiens les ont dispersées dans les pays adjacents, péninsule malaise et Philippines, mais aussi dans les États hindouisés de l’Asie du Sud-Est. Toutefois, des formes natives poly-embryonnées ont sans doute existé en Asie du Sud-Est avant même l’introduction des formes indiennes et ces formes ont été elles aussi domestiquées dans la région. Les Perses introduisent le manguier en Afrique de l’Est au xe siècle de notre ère. Puis c’est l’époque des grandes découvertes et les Portugais, qui découvrent ce fruit, le distribuent en Afrique de l’Ouest, dans le Pacifique puis au Mexique au xviiie siècle. Le manguier est sans doute introduit pour la première fois au Vanuatu en provenance de l’île de la Réunion et de la Nouvelle-Calédonie puis réintroduit plusieurs fois, par les missionnaires, les travailleurs qui revenaient des plantations ou les voyageurs. Les plus importants peuplements de manguiers se trouvent à Tanna, à Malicollo et sur la côte ouest de Santo.
Description
159Grand arbre de 20-40 m de hauteur, à la couronne dense. Feuilles produites par poussées végétatives, disposées en spirales, simples, elliptiques ou lancéolées, rouges à l’état juvénile puis vertes et brillantes, coriaces, 8-40 x 2-10 cm ; pétiole épais, élargi à la base. Panicule terminal, ramifié, long (6-40 cm), portant des fleurs subsessiles et polygames, parfumées, calice jaunâtre, cinq pétales crème striés de jaune ou pourpre, puis rosés. Fruits de forme et taille variables, orangés. Endocarpe, ou noyau, aplati, fibreux, ligneux et de grande taille.
Variabilité morphologique
160Le nombre de cultivars est important et chaque région dans le monde a sélectionné sa propre collection en fonction de la forme, de la taille et de la saveur des fruits. Ceux-ci sont généralement arrondis ou ovoïdes, plus ou moins aplatis, variant du jaune orangé à l’orange rouge, tachés ou non de brun suivant les cultivars. La pulpe est plus ou moins épaisse, juteuse ou fibreuse.
161La plus grande diversité est rencontrée en Inde, en Asie du Sud-Est et aux Philippines. On distingue habituellement quatre groupes :
un groupe à graines poly-embryonnées donnant des fruits oblongs, communs en Asie du Sud-Est ;
un groupe à graines mono-embryonnées donnant des fruits ronds, communs en Inde ;
un groupe aux formes intermédiaires, également fréquent en Inde ;
un groupe connu sous le nom de Sandersha-Haden regroupant des hybrides conçus en Floride et à Hawaii.
162Hormis ces groupes, il existe de nombreuses variétés de mangues issues des sélections locales ou des sélections mises au point par la recherche agronomique. Au Vanuatu, la variabilité morphologique est grande mais, provenant d’arbres non sélectionnés, elle produit souvent des fruits de faible qualité et, n’ayant pas été étudiée précisément, elle est en fait très mal connue. Il y a un marché potentiel, y compris à l’exportation, pour des variétés de qualité, non fibreuses, sucrées et de bonnes dimensions.
Culture et production
163Bien que le manguier soit plutôt une plante des régions tropicales basses, il peut pousser en altitude à condition qu’il ne subisse aucun gel.
164Il préfère les régions à saisons bien marquées, comprenant une période sèche favorable , à la floraison et à la fructification.
165Pour cette raison, il est particulièrement adapté aux côtes sous le vent des îles du Vanuatu. Il s’accommode d’une grande variété de sols, ni trop alcalins ni trop acides. La multiplication du manguier se fait en plantant le noyau ou la graine extraite de son endocarpe. Elle se fait aussi par marcottage et greffage. Les jeunes plantules sont transplantées en pots après que les premières feuilles soient devenues vertes, puis sur le site définitif six mois après. Au Vanuatu, on plante parfois le noyau directement dans le sol ou, plus souvent, on transplante des sauvageons bien développés. Une très bonne production a lieu généralement tous les trois à quatre ans, bien que cela varie en fonction des cultivars. L’arbre se cultive en bord de mer, sur le pourtour des villages ou autour des jardins.
Usages alimentaires
166Au Vanuatu, les fruits se mangent crus lorsqu’ils commencent à mûrir et à pleine maturité, après les avoir pelés. La pulpe est souvent aspirée par un petit trou effectué dans l’épicarpe. En saison, la consommation de ces fruits est abondante et ils se vendent en masse sur les marchés.
167On utilise aussi les jeunes feuilles pour faire des infusions. Des entreprises locales commencent à vendre des mangues séchées ou conservées dans un sirop de sucre.
Autres usages
168Dans certains pays, les graines sont données au bétail.
169Au Vanuatu, cet arbre à la belle couronne est souvent cultivé comme arbre d’ombrage.
170De petits bancs de bois sont construits à son pied, et les villageois viennent y bavarder, à l’abri du soleil.
Genre : Metroxylon
Famille
Metroxylinae
Le genre compte cinq espèces réparties de la Thaïlande aux Samoa. Une espèce comestible est présente au Vanuatu.
Espèce présente
Metroxylon warburgii (Heim.) Beccari
Sagoutier
Autrefois utilisé par plusieurs communautés, dont celles de Santa, le sagou n’est plus aujourd’hui préparé qu’en temps de disette.
Références
Barrau (1958, 1959, 1962), Christophersen, ed. (1971), Connell et Hamnet (1978), Dowe (1989). McClatchev et Cox (1992), Rauwerdink (1986)
Metroxylon warburgii
Plante de disette, locale.
Le sagou.
Histoire
171Ce palmier se rencontre des Santa Cruz aux Samoa, mais son centre d’origine se restreint de l’Indonésie à la Nouvelle-Guinée. Il devient rare à partir du Vanuatu, où il a sans doute été introduit à une date ancienne. Il aurait été introduit à Rotuma par les Mélanésiens puis, à partir de là, aurait migré vers les îles de Polynésie centrale.
Description
172Palmier arborescent monoïque, tronc de 7 m de hauteur. Feuilles composées, longues (3 m) ; folioles droites, étroites, longues ; pétiole à base large, concave, garni de grosses épines sur la face externe. Grosse inflorescence érigée au sommet du palmier ; ramification primaire engainée dans une spathe ; les ramifications secondaires portent des épis alternes garnis de paires de fleurs, l’une mâle et l’autre femelle. Fruits pyriformes, 10 x 7 cm, couverts d’écailles se chevauchant ; base déprimée.
Variabilité morphologique
173Cette espèce cultivée présente plusieurs cultivars en fonction de la hauteur de l’arbre et de la taille des fruits.
Culture et production
174Le sagoutier se rencontre en petits peuplements dans les zones un peu marécageuses ou près des cours d’eau. Il est multiplié à partir de son fruit ou en transplantant de jeunes rejets. L’arbre pousse durant huit ans au moins avant de produire une inflorescence unique. Les fruits parviennent à maturité au bout de trois ans puis l’arbre, pourvu d’un seul axe, meurt.
Usages alimentaires
175Avant l'apparition de l’inflorescence, le tronc du sagoutier est rempli d’une matière féculente que l’on extrait pour préparer le sagou. Il faut pour cela abattre l’arbre, couper le tronc en deux et gratter l’intérieur pour récupérer une poudre compacte qui est lavée à l’eau. La farine une fois récupérée par sédimentation est séchée. Elle est ensuite cuite au four à pierre chaude ou bien préparée en lap-lap. Autrefois, cet aliment était préparé dans le centre de Santo, aux Torres et aux Banks et sans doute ailleurs. Aujourd’hui, seules quelques personnes âgées connaissent encore le sagou, ce qui permet de nourrir la communauté en cas de disette.
Autres usages
176Au Vanuatu, le sagoutier est surtout cultivé pour ses feuilles, dont on fabrique des tuiles végétales qui couvrent le toit des maisons traditionnelles. Son fruit est utilisé pour confectionner le fourneau des pipes.
Genre : Persea
Famille
Lauraceae
Le genre comprend une cinquantaine d’espèces, la plupart originaires d’Amérique latine. Une dizaine porte des fruits comestibles. Une seule espèce est présente au Vanuatu.
Espèce présente
Persea americana Miller
Avocatier
Introduit en même temps que d’autres fruits, l’avocat n’a pas joui de la même faveur auprès des populations locales. Il est très fréquent en zones urbaines et péri-urbaines, vendu en grande quantité sur les marchés, mais plus rare dans les villages où il se déguste très occasionnellement.
Références
Bergh (1969,1986,1992), Coronel (1994), Ochse et al. (1961), Purseglove (1991), Schroeder (1958), Scora et Bergh (1992), Smartt et Simmonds, eds (1995), Storey et al. (1986), Verheij et Coronel, eds (1992), Zeven et de Wet (1982).
Persea americana
Plante occasionnellement consommée, introduite.
L'avocat.
Histoire
177Ce fruit étrange, non juteux mais à la pulpe huileuse, est apparu en Amérique centrale. Certains pensent qu’il a été disséminé il y a 10 000 ans par de grands herbivores qui se nourrissaient de sa pulpe puis déféquaient ses grosses graines. Cette faune disparue a laissé un fruit que les populations autochtones utilisent depuis 8 000 ans. Elles en ont progressivement sélectionné les meilleurs cultivars. Bien que le fruit ait été apporté au sud de l’Espagne en 1610, la plante n’a pas été disséminée dans le monde tropical avant la fin du xixe siècle. Sans doute fallait-il une certaine adaptation avant d’adopter ce fruit à pulpe grasse au goût si particulier. Introduit au Vanuatu au début du siècle dernier, l’avocat ne s’est pas encore bien répandu dans les îles et reste concentré autour des villes, le plus souvent dans les jardins des populations expatriées. Néanmoins, les populations locales le cultivent de plus en plus pour le vendre au marché.
Description
178Arbre de 10-20 m de hauteur. Feuilles survenant par poussées successives, arrangées en spirales en bout de branches, oblongues, de couleur et de taille variables. Inflorescences garnies de nombreuses fleurs présentant un calice à six tépales jaune clair disposés en deux rangs. Fruits pyriformes ou globulaires, de taille variable (7-20 cm de long), à l’épicarpe plus ou moins épais, de couleur variable (vert clair à vert foncé, marron ou pourpre), à la pulpe huileuse variant du jaune au vert, contenant une grosse graine ronde et brune.
Variabilité morphologique
179On distingue trois sous-espèces d’avocat :
mexicaine (subsp. drymtfolia) : native des montagnes mexicaines, elle est adaptée à l’altitude (1 500-3 000 m) ; très résistante au froid. Porte de petits fruits très gras, à la grosse graine mobile dans une large cavité, à la peau fine et lisse, parvenant à maturité six à neuf mois après la floraison ;
guatémaltèque (subsp. guatemalensis) : native des chaînes montagneuses de l’Amérique centrale, elle est adaptée à la moyenne altitude (1 000-2 000 m). Porte de gros fruits peu gras, avec une petite graine qui adhère à la pulpe et avec une peau épaisse et rugueuse, parvenant à maturité neuf à douze mois après la floraison. Le pédoncule est long ;
antillaise (subsp. americana) : malgré son nom, elle n’est pas originaire des Antilles mais des régions basses de l’Amérique centrale. Elle est adaptée au bord de mer ; assez tolérante à la salinité.
180Porte de gros fruits, à la grosse graine mobile dans une cavité centrale, à la peau assez épaisse mais lisse. Le pédoncule est court. La différenciation de ces trois sous-espèces géographiques n’est pas très claire. De plus, la sous-espèce guatémaltèque pourrait résulter d’une hybridation entre deux espèces sauvages de Persea. Des hybrides sont obtenus par croisement de ces trois sous-espèces, et il existe actuellement dans le monde plus de 700 cultivars d’avocat, sélectionnés localement par les populations autochtones ou créés dans les stations d’agriculture.
181Au Vanuatu, il existe plusieurs variétés d’avocat en fonction de la taille et de la forme du fruit, de la couleur et de la saveur de la pulpe.
182Au début des années quatre-vingt, la station d’Agriculture de Tagabé a introduit des variétés sélectionnées (Duke, Haas, Gottfried, Dickinson, Anaheim, etc.) qui se sont bien adaptées et ont été distribuées aux agriculteurs d’Éfaté.
183On en trouve désormais les fruits sur le marché de Port-Vila.
Culture et production
184La fructification est irrégulière et dépend des fortes pluies qui font tomber les petites fleurs avant leur nouaison.
185Il n’existe pas de maladies graves au Vanuatu. Les fruits se récoltent néanmoins délicatement pour éviter les chocs. En verger, les arbres sont plantés à 9 m de distance, en triangle, pour favoriser le développement de leur beau houppier. Les saisons de production sont relativement courtes et il est donc nécessaire de cultiver plusieurs variétés, précoces et tardives, pour étaler les récoltes.
Usages alimentaires
186L’avocat se mange cru après l’avoir pelé ou en prélevant directement la pulpe dans un demi-fruit coupé. Il peut être agrémenté de toute sortes de sauces, mêlé à des salades, ajouté à des soupes ou utilisé comme du beurre pour tartiner les sandwichs. On peut encore en faire des sauces en le mixant finement ou même des sorbets parfumés au jus de citron. Par contre, il se cuit très mal. Ses qualités nutritionnelles sont immenses et reconnues : il contient près d’une douzaine de vitamines et de sels minéraux, des fibres, des lipides mono-insaturés (dont la teneur protège contre les accidents cardio-vasculaires). C’est un bon aliment de sevrage pour les enfants.
Genre : Piper
Famille
Piperaceae
Le genre, pantropical, comprend près de 1 200 espèces dont la plupart sont originaires du Nouveau Monde. Par contre, la plupart des espèces de poivrier sont originaires de l’Asie du Sud-Est. Il existe au Vanuatu deux espèces alimentaires de Piper, dont un poivrier introduit et une plante native fournissant une boisson calmante.
Espèces présentes
Piper methysticum Forst. f.
Kava
Piper nigrum L.
Poivrier (plante grimpante mineure, cf. CD-ROM)
Le kava est l’une des plus anciennes plantes cultivées du Vanuatu où il a été domestiqué, tandis que le poivre est d’introduction récente. Sans être à proprement parler une plante alimentaire, le kava fournit la boisson rituelle du même nom.
Références
Chew Wee-Lek (1972), Hubert (1987), Lebot et Aradhya (1992), Proséa (1999), Purseglove (1991), Smartt et Simmonds, eds (1995), Waard et Zeven (1969), Zeven et de Wet (1982).
Piper methysticum
Plante complémentaire, locale.
Le kava.
Histoire
187Le kava a été domestiqué à partir d’un ancêtre sauvage, Piper wichmannii, dans le nord de l’archipel du Vanuatu. C’est probablement dans la province de Penama que les premières variétés, améliorées par voie végétative, sont sélectionnées puis distribuées dans tout l’archipel. Le kava est ensuite récupéré par les navigateurs polynésiens et dispersé dans toutes les îles qu'ils ont colonisées.
188On le trouve aussi à Ponapé et en quelques endroits isolés de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les missionnaires et les pouvoirs coloniaux5 n’ont eu de cesse d’interdire sa consommation, mais les Indépendances et les volontés d’affirmer les identités culturelles ont favorisé une renaissance de sa consommation qui, aujourd’hui, se développe rapidement. Le kava est désormais la boisson traditionnelle du Pacifique.
Description
189Plante buissonnante ou arbustive, de 1-4 m de hauteur selon les variétés. Feuilles alternes, simples, fines, entières, cordiformes, 8-25 cm de long ; pétiole 2-6 cm.
190Espèce dioïque. Inflorescences opposées aux feuilles.
191Fleurs unisexuées, petites, sans calice ni corolle, sessiles. Fruits et graines inexistants.
Variabilité morphologique
192On compte 115 morphotypes distincts en Océanie, dont 82 au Vanuatu. Les cultivars se distinguent en fonction de leur port, de la taille des entre-nœuds, de la grosseur et de la couleur des tiges (vert clair au pourpre presque noir), de la forme et de la couleur des feuilles. Mais c’est le caractère utile de la plante, la teneur en kavalactones, qui présente la variabilité la plus intéressante.
Culture et production
193Le kava est stérile et donc multiplié par boutures de tiges mises en terre directement après un rapide défoncement du sol. Les écartements sont de 1 à 3 m en tous sens, et les plants sont souvent intercalés de cultures vivrières. Le travail d’entretien se limite à des sarclages pour éviter la concurrence des mauvaises herbes, surtout au jeune âge, à des buttages, une à deux fois par an, pour ramener la terre sur la souche et favoriser ainsi la croissance des jeunes tiges, et à la taille des tiges sénescentes ou rampantes. La récolte a lieu à partir de trois ans, et on veille à ne pas trop endommager les racines qui sont les plus riches en kavalactones.
194Le dépérissement du kava (dieback) est causé par un virus (CMV) et d’autres cofacteurs non identifiés.
195Il convient de s’assurer que les parcelles sont d’une bonne fertilité car les plants faibles sont vulnérables. Il faut donc tailler les tiges régulièrement, une à deux fois par an, pour favoriser les ramifications. On ne lui connaît pas d’autre maladie grave mais ses besoins nutritionnels sont importants. Il est donc conseillé de composter régulièrement.
Usages alimentaires
196La racine fraîche est broyée, mélangée à de l’eau, puis pressée et filtrée pour obtenir un jus frais qui s’oxyde et se détériore rapidement. Ce jus de kava est bu tous les soirs dans les centaines de nakamals et bars à kava qui peuplent le pays. Il est riche en fibres, en amidon, en minéraux (K, Ca, Mg, Fe, Zn, Mn) et en protéines (3,6 %) et pauvre en calories. Les kavalactones ont un effet relaxant.
Autres usages
197Les principes actifs du kava en font une véritable panacée en médecine traditionnelle où il est utilisé contre les rhumatismes, la grippe, la douleur et d’autres affections.
Genre : Polyscias
Famille
Araliaceae
Le genre comprend cent cinquante espèces présentes dans les zones tropicales de l’Ancien Monde, principalement dans les îles du Pacifique. Le Vanuatu en abrite huit espèces.
Espèces présentes
Polyscias cissodendron
(C. Moore et F. Mueller) Harrns
Polyscias cumingiana
(K. Presl.) Fernandez-Villar.
Polyscias fruticosa (L.) Harrns
Polyscias guilfoylei (Bull.) Bailey
Polyscias multijuga (A. Gray) Harrns
Polyscias samoensis (A. Gray) Harrns
Polyscias schmidii Lowry
Polyscias scutellaria (Burinan f.) Fosberg
Au Vanuatu, les polyscias sont des plantes anciennes, présentes bien avant le contact européen. On les observe régulièrement plantées en haies autour des villages et des maisons. Elles constituent une réserve de feuilles alimentaires située à portée de main et sont généralement consommées en famille. On en trouve parfois quelques bottes sur les marchés. Les villageois ne distinguent pas les différentes espèces même s’ils constituent pour eux-mêmes des collections de formes différentes. Ces espèces seront donc traitées ensemble.
Références
Brown (1955), Henderson et Hancock (1989), Lowry (1989), Lowry et al. (1986), Ochse et Bakhuizen Van-Den-Brink (1980), Philipson (1979). Proséa (1994), Smith (1985), Smith et Stone (1968), Stone (1965 a et b), Womersley (1978), Yuncker, ed. (1971).
Polyscias spp.
Plantes occasionnellement consommées. Locales ou introduites.
Les polyscias.
Histoire
198Les polyscias du Vanuatu reflètent les relations que la flore du pays entretient avec celle des pays voisins. Ainsi P. schmidii vient de Nouvelle-Calédonie, P. samoensis de Samoa, P. multijuga sans doute de Fidji et Tonga, tandis que P. cissodendron, P. cumingiana, P. fruticosa sont répandues de la région malaise au Pacifique Ouest et que P. scutellaria est sans doute native du Vanuatu et des îles Salomon. Présentes dans tous les villages, la plupart sont cultivées pour leurs feuilles comestibles et comme plantes décoratives.
Description
199Arbrisseau de 2 à 5 m de hauteur, ramifié dès la base, aux tiges articulées.
200Feuilles composées, entières ou très découpées.
201Inflorescence apicale, en forme d’ombelle portant des fleurs hermaphrodites ou unisexuées. Fruit charnu couronné du calice persistant. La distinction des espèces se fait d’abord sur le caractère unipenné ou bipenné (voire tripenné) des feuilles. Parmi les espèces à feuilles bipennées ou tripennées, on distingue :
P. guilfoylei : à folioles elliptiques, très faiblement dentées, vert foncé ou jaunes, marquées de blanc sur les marges ;
P. fruticosa : à folioles bien dentées ou franchement découpées, leur donnant parfois l’apparence d’un plumeau, très allongées (jusqu’à 30 cm). Fleurs en bouquets, petites, jaunâtres. Toutes les autres espèces sont à feuilles unipennées, et on distingue celles qui ont un pétiole lisse, sans gaine basale, et celles pourvues d’une gaine à leur base. Dans le groupe sans gaine se rangent :
P. cissodendron : feuilles ne dépassant pas 40 cm de longueur, composées d’une dizaine de folioles ovales, vert foncé. Fruits reliés sur plus de la moitié de leur longueur ;
P. schmidii : grandes feuilles atteignant 90 cm de longueur, composées d’une vingtaine de folioles ovales, presque falciformes. Fruits non reliés, aplatis et elliptiques.
202Dans le groupe avec gaine se rangent :
P. multijuga : longues feuilles (50-100 cm) composées d’une vingtaine de folioles oblongues. Petites fleurs sessiles à deux styles disposées en bouquets sur un long racème. Petits fruits pourpres aplatis latéralement ;
-P. samoensis : très proches de P. multijuga, s’en distingue par des fleurs et fruits pédicellés (supérieurs à 7 mm) ;
P. scutellaria : feuilles (13-40 cm) composées de trois à cinq folioles oblongues aux marges souvent retroussées, vert foncé ; gaine à la base du pétiole. Petites fleurs à trois à cinq styles, groupées sur des racèmes. Petits fruits ronds rares ;
P. cumingiana : longues feuilles (40-75 cm) composées de cinq à quinze folioles vertes ou jaune doré aux feuilles franchement dentées.
203P. guilfoyleî, qui est une espèce cultivée, peut parfois présenter des feuilles unipennées à folioles très découpées.

Polyscias fructicosa.
Variabilité morphologique
204La variabilité de chaque espèce est très grande, amplifiée par la culture et la sélection. Plantés à l’ombre, les polyscias sont plutôt verts ; plantés au soleil, comme ils le sont habituellement, le feuillage devient jaune pâle, jaune doré ou rouge chez certaines formes. Les espèces ne sont pas distinguées par les villageois qui reconnaissent néanmoins de nombreux cultivars au sein du groupe.
Culture et production
205La plante est partout cultivée, plantée en haies dans les villages, sur les murets des tarodières irriguées ou autour des jardins.
206Elle se reproduit par bouturage et, continuellement élaguée, elle finit par former d’épaisses barrières végétales autour des villages ou de gros bosquets près des maisons.
Usages alimentaires
207Comme les espèces sont confondues par les villageois au sein d’un groupe de plantes nommé d’un même terme vernaculaire, il est bien difficile de savoir avec exactitude celles qui sont consommées et celles qui ne le sont pas. Néanmoins, P. fruticosa et P. scutellaria, suivies de P. guilfoylei et P. samoensis, sont celles que l’on retrouve le plus fréquemment cultivées pour un usage alimentaire, Les jeunes feuilles parfument la viande cuite au four à pierres chaudes ou le poisson.
208Elles sont aussi bouillies dans de petits bambous ou dans des marmites puis assaisonnées de lait de coco. On les ajoute aussi dans certaines soupes. Les poissons ou le porc sont parfois enveloppés de feuilles de polyscias avant d’être cuits. Disponibles à longueur d’année, toujours consommées en petite quantité, elles n’en représentent pas moins un légume important.
Autres usages
209La plante est ornementale et galactogène. On l’emploie dans le traitement de certaines maladies dont la ciguatera.
Genre : Pseuderanthemum
Famille
Acanthaceae
Espère présente
Pseuderanthemum carruthersii
(Seem.) Guillaumin
Pseuderanthemum longifolium
(Forst. f.) Guillaumin
Pseuderanthemum pelagicum Seem.
Pseuderanthemum repandum
(Forst. f.) Guillaumin (non alimentaire)
Pseuderanthemum tubercula
Radek (non alimentaire)
Pseuderanthemum whartonianum Hemsley
Très proches des polyscias avec lesquels ils se mélangent dans les haies et utilisés de la même façon qu’eux, les Pseuderanthemum sont très mal connus. Les différentes espèces seront aussi traitées ensemble.
Références
Henderson et Hancock (1989), Parham (1972), Peekel (1984).
Pseuderanthemum spp.
Plantes occasionnellement consommées, locales ou introduites.
Histoire
210Il existe de nombreuses espèces de Pseuderanthemum.
211Beaucoup d’entre elles sont endémiques à des régions restreintes, d’autres ont migré avec les hommes. Elles sont mal connues.
Description
212Plante buissonnante. Feuilles lancéolées, vertes, rouges ou bicolores suivant les cultivars, de taille variable ; marges entières ou dentées, voire ondulées. Épi terminal portant des fleurs blanches ou mauves, en forme de clochettes à long col, la lèvre inférieure souvent tachée de rouge. Capsule cylindrique, ornée d’un bec, resserrée entre les graines.
Variabilité morphologique
213Elle est aussi grande que celle des polyscias.
Culture et production
214La culture et la production des Pseuderanthemum est identique à celle des polyscias.
Usages alimentaires
215Seules P. carruthersii, P. longifolium, P. pelagicum et P. whartonianum semblent être consommées. Les sommets de tige et les jeunes feuilles se récoltent occasionnellement dans tous les villages. Elles ne se cuisent jamais au four mais peuvent être bouillies ou frites pour accompagner le taro, l’association de ces deux aliments étant très prisée. On peut aussi les croquer cru ou bien les mêler à des feuilles de taro cuites. Les femmes qui viennent d’accoucher les mangent régulièrement avec du taro rôti ; il ne faut jamais les saler.
Autres usages
216Plantes de haie et plantes décoratives cultivées, les Pseuderanthemum fournissent aussi du bois pour la fabrication des bâtons destinés à retirer les pierres chaudes du four traditionnel. Les feuilles et l’écorce de P. whartonianum sont médicinales.
Genre : Psidium
Famille
Myrtaceae
Le genre comprend cent à cent cinquante espèces. Deux sont présentes au Vanuatu.
Espèces présentes
Psidium guajava L.
Goyavier
Psidium cattleianum Sabine
Goyavier de Chine (espèce de cueillette, cf. CD-ROM)
Introduit au Vanuatu, le goyavier y est peu cultivé mais pousse spontanément un peu partout. Ses fruits sont régulièrement consommés et se vendent sur les marchés. L’espèce, comme partout ailleurs, est une peste pour les pâturages et les cultures. Bien que présent au Vanuatu, le goyavier de Chine y est très rare.
Références
Bourgeois et al. (1998), Coronel (1994), Ellshoff (1994), Ellshoff et al. (1996), Ochse et al (1961), Purseglove (1991), Rehm et Espig (1984), Ruehle (1948). Swarbrick (1997), Zeven et de Wet (1982).
Psidium guajava
Plante occasionnellement consommée, introduite.
La goyave.
Histoire
217La goyave est originaire d’Amérique tropicale, sans doute du Brésil ; elle est très tôt cultivée et améliorée aux Antilles. Au début du xvie siècle, les Portugais l’introduisent dans tout le Pacifique jusqu’aux Philippines et les Espagnols en Inde. Elle se répand et se naturalise alors dans tout le monde tropical. Au Vanuatu, elle est abondante, surtout dans les îles du sud, et représente même une gêne pour beaucoup d’agriculteurs, tant sa croissance désordonnée est vigoureuse et tant il est difficile de s’en débarrasser.
Description
218Arbuste ou arbre de 6-8 m de hauteur, se ramifiant dès la base du tronc. Feuilles opposées, elliptiques, pubescentes sur la face inférieure, 11 x 5 cm environ ; pétiole de 1 cm de longueur. Fleurs solitaires, blanches, petites ; calice persistant ; étamines très nombreuses de 1-2 cm de longueur. Fruits globulaires, ovoïdes, verdâtres ou jaune vif, de taille variable (4-12 cm de longueur) ; pulpe blanche, jaune, rose ou rouge. Les graines sont enserrées dans la pulpe, dures, petites et très nombreuses.
Variabilité morphologique
219Il y a environ 150 variétés recensées de par le monde en fonction de la grosseur des fruits, de la couleur et de la saveur de la pulpe et aussi de sa teneur en vitamine C. De nombreux morphotypes sauvages ou cultivés existent au Vanuatu.
Culture et production
220Le goyavier est une plante résistante et peu exigeante qui s’adapte à différents types de climats et de sols.
221Elle ne résiste pas très bien au gel mais supporte l’excès d’humidité. Elle se cultive par graines ou par reproduction végétative. Les graines, qui restent viables près d’un an, sont semées en pépinières puis transplantées après sept à huit mois. La reproduction végétative utilise le marcottage et les drageons, obtenus en blessant les racines ou les greffes. Les premiers fruits sont produits trois à quatre ans après le semis ; ils doivent recevoir une protection phytosanitaire, étant très sensibles à divers parasites. Les arbres peuvent produire une trentaine d’années.
222Au Vanuatu, le goyavier pousse le plus souvent à l’état spontané.
Usages alimentaires
223La goyave est un fruit qui se mange cru ou cuit. On en fait des confitures, des gelées, et la célèbre pâte de goyave obtenue en cuisant doucement la pulpe égrainée dans du sucre. Ce fruit est cinq fois plus riche en vitamine C que l’orange. Au Vanuatu, la goyave est surtout mangée crue entre les repas. À Tanna, en période de disette, la population l’utilise comme base des repas. Les goyaves les plus sucrées donnent un jus excellent pour les bébés, à condition d’y ajouter un peu d’eau bouillie. C’est un fruit agréable et peu calorique, riche en potassium et en vitamine C.
Notes de bas de page
1 Enzyme protéolytique utilisé pour attendrir les viandes, dans la confection de chewing-gum et de cosmétiques, dans le tannage des peaux et dans les manufactures de soie et de laine.
2 Voir aussi Fortunella japonica (Thunb.) Swingle: kumquat (arbre mineur, cf. CD-ROM).
3 Terme bichelamar donné à la maison des hommes
4 On a d'ailleurs souvent cru que l'espèce en était originaire.
5 Ces derniers ont stigmatisé la plante en elle-même, la suspectant d'être une drogue, et en tant que symbole rituel d'une culture traditionnelle.
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