La forêt amazonienne cache l’abattis

1La diversité culturelle de l’Amazonie brésilienne, où il est parlé plus de 200 langues, renferme aussi une immense diversité d’agricultures qui diffèrent par leurs pratiques, leurs savoirs, les plantes cultivées et les systèmes alimentaires qui en résultent. Nombre de plantes telles que le manioc, les ignames, le roucou, les patates douces, aujourd’hui incorporées dans le modèle alimentaire national, résultent de processus de domestication, de sélection, de conservation menés au cours des siècles par les populations amérindiennes. L’ apport de ces populations à la diversité des plantes cultivées est encore largement méconnu, en particulier des pouvoirs publics, tandis qu’ en parallèle l’ avancée des fronts de colonisation, une urbanisation croissante, de nouvelles pratiques alimentaires menacent l’ existence de ces systèmes agricoles locaux et donc des ressources biologiques associées.

2Une première étape dans la reconnaissance de l’ importance de ces agricultures a été franchie en 2010 avec la reconnaissance du système agricole traditionnel du Río Negro comme Patrimoine culturel du Brésil. Cette inscription qui résulte d’ une synergie entre associations amérindiennes, chercheurs brésiliens et français et organisations non gouvernementales a permis de donner une visibilité nationale aux modes de production locaux et à l’ immense palette des ressources phytogénétiques gérées dans des agricultures trop souvent considérées comme archaïques. Cette diversité de ressources, par exemple des dizaines de variétés de manioc présentes dans un seul abattis, résulte des savoirs experts des agricultrices, de pratiques qui privilégient la diversité et en assurent la circulation par des échanges continus à l´échelle du bassin du Río Negro. D’autres éléments, les fameuses terres noires fertiles, la distribution d’espèces utiles comme le noyer d’Amazonie, le cacao ou autres montrent combien la forêt amazonienne a aussi une histoire culturelle. Aujourd’hui, à l’heure de la transition écologique, il est essentiel de comprendre les fondements de ces systèmes agricoles durables et de garantir à la fois leur continuité et leur adaptation à de nouvelles contraintes socioéconomiques et écologiques.

••• Des travaux pointent les relations étroites entre l’Homme et la forêt amazonienne •••