Des pâturages et des hommes sous perfusion glaciaire

12012 : sur les hauts plateaux de Bolivie, des chercheurs étudient un papillon ravageur de la pomme de terre. Là, ils entendent parler des bofedales, des oasis de verdure qui suivent les cours d’eau et contrastent avec les paysages arides de la région. Peu connus, ces écosystèmes sont moins complexes que ceux situés plus en aval puisqu’ils sont dominés par une espèce végétale, ce qui pourrait permettre de modéliser leur interaction avec l’environnement physique, notamment les précipitations et les glaciers.

2C’est ainsi que les chercheurs commencent à travailler sur les bofedales. Il apparaît alors que ces écosystèmes sont vitaux pour les populations locales, qui y font paître leur bétail. Prévoir leur évolution dans un contexte de changement climatique est donc un enjeu majeur pour la région. C’est pourquoi les chercheurs choisissent de reconstituer leur évolution récente en étroite relation avec l’eau, et donc avec les glaciers qui les surplombent. Glaciers suivis par les scientifiques depuis trente ans.

3En croisant les données de terrain avec des images satellitaires, les chercheurs trouvent une relation entre la surface occupée par les 1 700 bofedales étudiés et la fonte des glaciers observée depuis la fin des années 1970. Approvisionnés en eau toute l’année, y compris en période sèche, les bofedales proches des glaciers se portent aujourd’hui particulièrement bien. Ils sont plus étendus et supportent une pression de pâturage élevée.

••• Les modèles permettent de comprendre le lien entre les glaciers et les bofedales •••

4Cet état de grâce cessera lorsque les glaciers auront disparu. L’absence d’eau lors de la saison sèche devrait alors réduire la surface des bofedales, qui pourraient ne plus supporter le pâturage. Un signal d’alerte entendu par les populations locales, qui testent dès à présent des stratégies de protection, en restreignant l’accès à certains bofedales pendant la saison humide ou en tentant de retenir l’eau par différents procédés.