Vers une aquaculture durable

1C’est le grand paradoxe de l’aquaculture : elle est une solution à la surpêche, mais elle en est en même temps l’un des moteurs, lorsqu’elle utilise des farines de poissons marins pour nourrir les élevages. Ses effluents peuvent en outre être une source de pollution des eaux.

2Ces constats ont amené les chercheurs à imaginer des stratégies alternatives, pour pallier les effets négatifs sur l’environnement. Ainsi, en Indonésie, des études ont permis de remplacer la farine de poisson par une poudre d’insectes issue d’un processus de bioconversion. Pour la fabriquer, les chercheurs ont utilisé et valorisé des déchets organiques, domestiques ou agro-industriels, dont se nourrissent les larves d’un diptère surnommé « black soldier » (Hermetia illucens). Une fois réduites en poudre, ces larves constituent une farine riche en protéines, bon marché et qui peut se substituer au moins partiellement aux farines de poisson.

3Pour réduire la pollution, les chercheurs ont imaginé des élevages regroupant plusieurs espèces de poissons, de plantes et/ou de mollusques, les unes étant susceptibles de consommer les déchets des autres. Ce principe dit d’« aquaculture intégrée multi-trophique » (IMTA) a été développé au sein des élevages de pangas en Indonésie, par l’adjonction d’une plante flottante dans les étangs de production. Cette lentille d’eau du genre Lemna croît en épurant l’eau des bassins d’élevage. Mais elle est aussi consommée par une espèce de poisson herbivore, le gourami géant, dont la production vient compléter celle des pangas, améliorant le retour économique de l’élevage. Une approche similaire a été appliquée au Sénégal avec un écosystème artificiel en circuit fermé qui associe le tilapia euryhalin, du zooplancton et l’algue unicellulaire Chlorella.

4Enfin, pour limiter cette fois le recours aux antibiotiques, un travail d’inventaire a été mené sur les plantes utilisées traditionnellement pour soigner les poissons par les pisciculteurs du nord du Vietnam et de l’île de Java. Une quinzaine de ces plantes sont actuellement à l’étude.

••• Les scientifiques utilisent la biodiversité pour rendre la pisciculture plus respectueuse de l’environnement •••