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Contrôler l’inéluctable

p. 48-49

Résumé

Aujourd’hui considérées comme l’une des menaces majeures pour la biodiversité à l’échelle planétaire, les invasions biologiques sont, comme les pandémies, une conséquence directe des échanges humains.


Texte intégral

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Dissection de rongeurs en laboratoire, Bénin.

© ird / R. Saudegbee

1En 2020, dix milliards de tonnes de marchandises seront transportées par une flotte maritime qui a plus que triplé depuis les années 1970. Le nombre de passagers et la flotte aérienne associée vont doubler d’ici à 2037. Cette augmentation des flux de personnes et de marchandises est à l’origine d’un grand brassage de la biodiversité mondiale, et nombreuses sont les espèces qui se retrouvent régulièrement ou ponctuellement transportées en terre inconnue pour y disparaître, ou y prospérer, voire y proliférer, en impactant alors les écosystèmes en place, l’agriculture, l’économie ou la santé des populations, via l’émergence de nouvelles maladies.

2Il est dès lors crucial de connaître les routes empruntées et les points d’entrée, mais également de comprendre les ressorts de ces invasions, ainsi que les caractéristiques communes des espèces dites invasives. Une tâche difficile, d’abord parce qu’il n’est pas toujours aisé de détecter à temps ces invasions ; ensuite parce que les modes d’entrée sont variables et parfois complexes. Ainsi, certains parasites ou prédateurs d’insectes ravageurs des cultures, initialement introduits dans le cadre de la lutte biologique, sont devenus envahissants sur leur terre d’accueil, avec des conséquences néfastes pour la biodiversité en place.

3En Afrique de l’Ouest, des chercheurs ont remonté la piste du rat noir, qui serait arrivé d’Europe par voie maritime pendant la période coloniale. À partir des points d’entrée portuaires, il a conquis les terres au fil des années, remplaçant les rongeurs endémiques, causant des dégâts dans les stocks de nourriture et participant à amplifier la transmission de maladies parasitaires dont il est réservoir, comme la leptospirose.

4Au Bénin, les chercheurs ont installé, en collaboration avec les autorités locales, un laboratoire de surveillance des espèces invasives dans le port de Cotonou. En accord avec les recommandations du Règlement Sanitaire International, les objectifs en sont les suivants, pour ce qui concerne les rongeurs : observer les flux, identifier les facteurs de risques de nouvelles invasions par le rat noir, la souris domestique ou le surmulot, mais également surveiller les pathogènes associés à ces envahisseurs et susceptibles de se répandre dans la ville ou le pays. Un réseau de surveillance précoce a en outre été constitué à travers la formation d’agents locaux à la détection d’espèces invasives.

••• Grâce à une approche transdisciplinaire mêlant le droit, l’économie, l’étude des aménagements et des transports, l’écologie et la génétique des populations, des chercheurs remontent la piste des rongeurs invasifs et évaluent leurs impacts •••

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Rat noir pris au piège dans un entrepôt du port de Cotonou, Bénin.

© ird / G. Dobigny

5Un travail complémentaire est mené au Sénégal, où le front de progression du rat noir est suivi au moyen de piégeages dans les villages. Il s’agit de mieux identifier les voies de progression terrestre de ce rongeur, mais également les parasites qu’il transporte, à travers des prélèvements effectués au cours de campagnes régulières d’échantillonnage. Rappelons que c’est lui qui porte le bacille de la peste à Madagascar où cette maladie est toujours présente, ainsi que de nombreux virus et bactéries transmissibles à l’homme.

Partenaires

École Polytechnique d’Abomey-Calavi, Bénin
Institut Pasteur d’Antananarivo, Madagascar
Institut Pasteur de Dakar, Sénégal
Port Autonome de Cotonou, Bénin
Université Gaston Berger de Saint-Louis, Sénégal

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