La part des oiseaux

1Voici une recherche publiée en 2011 dans la revue Science qui n’aura pas coûté cher. À peine deux réunions. Tout commence par une discussion entre deux scientifiques. L’un, sud-africain, est convaincu que la surpêche des stocks d’anchois et de sardines a un impact sur le succès reproducteur des oiseaux marins. Ses données le prouvent mais, comme elles sont très localisées, elles ne suffisent pas pour convaincre les autorités locales de modifier le niveau des prélèvements. L’autre, chercheur à l’IRD, a alors une idée. Pourquoi ne pas réunir toutes les données mondiales portant sur le suivi des populations des oiseaux marins et sur celui des poissons pêchés pour voir s’il est possible de trouver une relation entre les deux ?

2Le chercheur consulte alors son réseau et tous ceux qui sont susceptibles de détenir des observations sur le long terme – 20 à 40 ans – de la survie ou du succès reproducteur d’oiseaux marins en lien avec des données de pêche. Comme ces experts se montrent réticents à l’idée de partager leurs données, une solution pragmatique est imaginée. Il s’agit d’organiser une réunion où chacun amènerait ses données et les mettrait temporairement en commun pour vérifier si, oui ou non, il y a un effet. La stratégie fonctionne et les scientifiques découvrent l’existence d’un seuil de prélèvement des poissons au-dessus duquel le succès reproducteur des oiseaux marins est affecté par manque de nourriture. Cet effet sera analysé en détail lors d’une seconde réunion.

3En comparant des données de sept écosystèmes marins situés dans l’Arctique, l’Antarctique, le Pacifique et l’Atlantique, et portant sur quatorze espèces d’oiseaux côtiers et 483 années d’observations cumulées, les chercheurs calculent que l’abondance des espèces fourrages (sardine, anchois, hareng, krill…) ne doit pas tomber sous le tiers de l’abondance maximale observée sur le long terme, sans quoi le succès reproducteur des oiseaux décline. Ce seuil a depuis été intégré dans les différentes politiques de gestion de la pêche dans le monde. La mise en commun de données internationales a ainsi permis de revoir le niveau de prélèvement optimal pour les poissons pélagiques comme les sardines et les anchois.

••• La mise en commun de données internationales a permis de quantifier le niveau de prélèvement optimal pour les sardines et les anchois •••