125 % des coraux ont disparu au cours des dernières décennies. La faute au changement climatique, qui engendre des modifications du milieu marin (température, pH ou salinité) et entraîne le blanchissement et donc la mort prématurée des coraux. Du moins dans la plupart des cas… Car, au fil des années, les chercheurs se sont aperçus que certains récifs coralliens résistaient plutôt bien aux caprices du climat. Ces récifs résistants ne sont cependant pas situés dans des aires protégées et ils peuvent donc se trouver à tout moment exposés à d’autres types de dégradation.

2Aussi en 2017, en s’inspirant de travaux menés en Suisse sur des arbres, ou au Canada sur des homards, une équipe de Nouvelle-Calédonie et une équipe suisse entreprennent de résoudre ce problème en s’appuyant sur la génomique paysagère. L’idée ? Détecter des spécimens capables de résister au changement climatique et disséminer leur patrimoine génétique au sein par exemple de populations de coraux situées en zones protégées, ce afin d’accroître les capacités d’adaptation de l’espèce.

3Pour ce faire, les chercheurs ont utilisé des données satellitaires pour détecter à la fois les zones ayant subi d’importantes modifications environnementales et les coraux qui, malgré tout, ont résisté. Ils se sont ensuite rendus sur place pour effectuer des prélèvements et analyser le génome des survivants.

4Ils ont ainsi identifié certains allèles de résistance au changement climatique et étudié la façon dont ces gènes se transmettent d’une génération à l’autre. Ces informations sont actuellement utilisées pour développer un outil de gestion afin de simuler la façon dont, suite à l’implantation de spécimens bouturés, les allèles de résistance sont susceptibles de se diffuser au sein de la population. Après des tests de validation, les individus les plus résistants seront élevés en pépinière afin d’être réintroduits dans les aires marines protégées.

••• En orientant la diversité génétique des coraux, il serait possible d’améliorer leur résistance au changement climatique •••

5Ce travail a d’ores et déjà été mené sur deux espèces de coraux et se poursuit aujourd’hui sur une troisième espèce. Il pourrait être prochainement étendu aux holothuries, des échinodermes à corps mou qui, à l’instar des coraux, des arbres ou des homards, sont sédentaires et qui pourraient ainsi être mieux armés génétiquement pour faire face aux aléas climatiques de demain.