1Depuis les années 1970, les chercheurs observent la biodiversité en décortiquant des images satellitaires. Depuis, les signaux et les capteurs n’ont eu de cesse de se diversifier et de se multiplier, ouvrant de nouvelles voies en matière de détection d’espèces, d’habitats ou de fluctuations naturelles ou anthropiques du milieu. Mais ces progrès techniques posent aussi de nouvelles difficultés. Car le flux exponentiel d’informations et la montée en puissance de l’intelligence artificielle ont pour effet que deux champs scientifiques cohabitent désormais, celui de l’analyse des données et celui de leur interprétation.

2Le risque maintenant, c’est que ce flux de données illimité, la complexité des traitements et les problèmes d’accès aux données, de leur gestion et de leur stockage l’emportent sur la problématique elle-même : la compréhension des dynamiques du paysage ou de la végétation. L’enjeu est donc d’organiser la recherche pour qu’un dialogue et une collaboration durables s’établissent entre spécialistes de la biodiversité et spécialistes en traitement des données.

3Pour répondre aux mêmes questions, tous doivent mobiliser leur discipline respective, et adapter leurs méthodologies pour produire les connaissances les plus pertinentes en relation avec les enjeux du développement durable. Ces nouvelles méthodes d’analyse des données font d’ores et déjà émerger de nouvelles façons d’appréhender les connaissances sur le monde végétal.

4Dans les domaines impliquant l’analyse de processus complexes comme la déforestation, les capacités de stockage du carbone ou les dynamiques des paysages agricoles et agroforestiers, de nouvelles approches se mettent en place : combiner plus systématiquement les données de capteurs complémentaires (optique, lidar et radar), chacun apte à percevoir une des facette de la complexité ; instaurer des démarches de généralisation rigoureuses, pour aller de l’information de terrain jusqu’à la cartographie régionale ou continentale : on peut ainsi détecter à la fois des individus comme des palmiers au sein de différentes formations et la dynamique des grands massifs forestiers à l’échelle de la planète.

••• De nouvelles collaborations sont nécessaires entre chercheurs en traitement des données, en sciences de la vie et en sciences humaines pour faire émerger de la masse des données une cartographie des dynamiques de biodiversité innovante et robuste à l’usage des gestionnaires •••

5L’objectif à terme sera de mettre en place des dispositifs d’observation automatisés, à même de mesurer les effets des changements climatiques et des politiques de conservation de la nature en lien avec les demandes sociétales.