Préface
p. 8-9
Texte intégral
1C’est avec un vrai plaisir que je préface cet ouvrage, qui présente des recherches et leurs résultats choisis parmi les actions les plus illustratives de l’IRD en faveur de la biodiversité et du développement durable. En cette période charnière entre la déconvenue du bilan des objectifs d’Aichi et l’espoir de la définition d’un nouvel agenda post 2020 pour la biodiversité, il apparaît plus que jamais urgent de présenter comment la recherche peut aider à relever le défi mondial de la préservation de la biodiversité.
2Nous le savons, le développement durable et plus encore la science de la durabilité ont une histoire relativement courte : le premier a été formalisé à l’orée des années 1990 dans le sillage de la Conférence de Rio et la seconde est montée en puissance il y a moins de dix ans. L’IRD est une institution scientifique certes plus ancienne, mais la structuration de ses recherches a favorisé une science originale au sein de laquelle ont émergé des problématiques liées aux enjeux de connaissance et de préservation de la biodiversité ainsi qu’à la durabilité des modes de vie actuels.
3Cette position singulière s’explique, en premier lieu, par l’engagement au long cours de l’Institut aux côtés de nos partenaires des pays du Sud. Depuis plus de soixante-quinze ans, les recherches menées au sein de l’IRD ont privilégié une présence sur le terrain sur un temps long, favorisant des collaborations renforcées avec les partenaires. Cette exigence s’est affermie ces dernières années avec une forte volonté de systématiser un partenariat durable et équitable, qui puisse avoir à la fois un impact réel sur la durabilité des sociétés et des environnements du Sud, et un effet levier sur les capacités de recherche dans ces régions du monde.
4La seconde raison a trait au caractère pluridisciplinaire des recherches menées à l’IRD. Répondre aux enjeux de « développement » a conduit l’Institut à développer une science capable de croiser les disciplines quand l’exigent les questions humaines, sociales ou écologiques auxquelles les pays du Sud sont confrontés. Certes l’IRD, comme la plupart des organisations de recherche à travers le monde, a longtemps adopté une approche du développement dont on connaît aujourd’hui les conséquences parfois négatives sur les milieux naturels et les dynamiques environnementales. Malgré cela, la forte pluridisciplinarité pratiquée à l’IRD permet aussi qu’émergent des approches plus intégrées et davantage susceptibles de prendre en compte les interactions entre les humains et les non-humains.
5De tous les grands enjeux environnementaux contemporains, la protection de la biodiversité est probablement l’une des problématiques les plus complexes, car elle associe des tendances globales à des contextes locaux et spécifiques. La complexité augmente encore quand on sait que cette biodiversité que l’on veut protéger ne peut pas être appréhendée en dehors des interactions avec les sociétés humaines qui vivent avec, l’utilisent, la gèrent, la valorisent, la protègent et la détruisent parfois. En raison de cette complexité, il est urgent de mettre en marche un processus de recherche axé sur les utilisateurs et co-construit avec eux, qui s’appuie sur les connaissances issues de divers systèmes de savoirs scientifiques, sociétaux et traditionnels.
6L’IRD se mobilise aux côtés d’organisations qui, comme l’UICN, œuvrent depuis soixante-dix ans pour la protection de la biodiversité, et d’institutions plus récentes, comme l’IPBES et la FRB, qui ont indéniablement fait connaître la biodiversité et lui ont permis de devenir un véritable enjeu de société, mais aussi aux côtés de tous les acteurs – chercheurs, praticiens, décideurs et habitants – qui concourent à l’extraordinaire vitalité des recherches menées dans les pays du Sud. L’IRD reste ainsi engagé pour une science capable de produire des savoirs utiles et mobilisables au Sud, une science de la durabilité au sens fort du terme, qui puisse conserver la biodiversité et la Terre et les rendre durablement vivables pour l’humanité.
7Ce livre est un jalon important de cet objectif de durabilité, en ce qu’il recense et synthétise quelques-unes des recherches les plus marquantes menées par les chercheuses et chercheurs de l’IRD et leurs partenaires dans un effort de compréhension et de sauvegarde de la biodiversité. Cette initiative ne devra pas rester isolée dans l’agenda international, mais se construire en considérant les conflits et synergies avec les autres objectifs du développement durable, dans les limites de viabilité du système Terre.
Auteur
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Valérie Verdier
Présidente-directrice générale de l’Institut de recherche pour le développement
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