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L’Asie du Sud-Est 2010 : les évènements majeurs de l’année

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Arnaud Leveau
, 
Benoît de Tréglodé

Troisième partie. La région

Singapour. Des ambitions renouvelées

Arnaud Leveau

Texto completo

  • 1 Après Monaco, Singapour a la densité de population la plus élevée au monde.
  • 2 Rodolphe de Konnick, Singapour, la cité-Etat ambitieuse, La documentation française, éditions Beli (...)

1Depuis sa fondation en 1965, la république insulaire de Singapour, située à l’extrémité sud-est de l’Asie continentale, a connu un développement fulgurant. En une quarantaine d’années, la cité-Etat est devenue le cinquième pays le plus riche en termes de Produit Intérieur Brut par habitant, atteignant 37 600 USD en 2008. Ancrée au cœur du monde malais, mais principalement peuplée de Chinois, la république de Singapour est profondément ouverte sur le monde, surtout d’un point de vue commercial. Les ambitions désormais mondiales du pays nécessitent des ressources, des matières premières et de la main d’œuvre que sa petitesse territoriale et démographique1 ne peuvent assurer2. Le pays a joué sans sourciller la carte de la mondialisation et est aujourd’hui devenu une puissance commerciale, économique, financière mais aussi politique et militaire. Des forces singapouriennes sont ainsi associées à plusieurs opérations de maintien de la paix. Il paraît également nécessaire de rappeler que ces petites unités singapouriennes ont participé à la coalition militaire en Irak de décembre 2003 à décembre 2008 et que depuis 2007 des troupes singapouriennes sont présentes en Afghanistan.

2L’année 2009 a été marquée de plusieurs symboles forts dans le pays. Le premier d’entre eux, et qui concerne l’industrie aéronautique européenne, a été le décollage le 2 juin du premier vol commercial d’un A380 aux couleurs de la compagnie Singapore Airlines. En organisant le dimanche 27 septembre de nuit et pour la seconde fois un grand prix de formule 1, les autorités singapouriennes ont réaffichées leurs ambitions régionales et internationales et pas uniquement sur le plan sportif. Ces ambitions ont également été illustrées, de manière plus discrète, tout au long de l’année ou plus précisément de février à novembre 2009, dans le cadre de la présidence singapourienne du Forum de coopération d’Asie-Pacifique (APEC), dont le point d’orgue a été le sommet qui a réuni vingt-et-un chefs d’Etat et de gouvernement dans la cité-Etat les 14 et 15 novembre. Le succès de cette rencontre qui s’est déroulée dans un cadre apaisé et à laquelle ont participé notamment les présidents américain, russe, chinois, coréen et les premiers ministres japonais et indien a contrasté avec le déroulement et l’annulation du sommet de l’ASEAN + 3 (Chine, Japon et Corée du Sud) qui devait se tenir à Pattaya, en Thaïlande en avril de cette même année.

1- Une économie robuste

  • 3 Voir sur ce dernier point l’article de Wong Tai Chee « Planification de l’environnement à Singapou (...)

3L’économie singapourienne se caractérise par une très forte ouverture sur l’extérieur. Ses échanges extérieurs représentent près de quatre fois le produit intérieur brut (PIB) du pays. Les deux tiers de ses échanges se font avec le reste de l’Asie. Les principaux succès de Singapour concernent la gestion de la politique urbaine, l’éducation et la recherche, l’innovation, la politique sociale et l’environnement3. L’économie du pays s’appuie sur trois axes principaux que sont les activités manufacturières (24,6 %), les activités de transport et de communication (9,8 %) et les activités de services aux entreprises (65,6 %). Ces trois secteurs sont fortement soutenus par un système financier dynamique, une politique commerciale efficace et des infrastructures portuaires de qualité. Le port de Singapour reste d’ailleurs le premier port mondial de transbordement de containeurs.

2- La pire crise depuis l’indépendance

4La crise économique et financière internationale a rapidement touché Singapour qui a été le premier pays asiatique à connaître la récession dès le second semestre 2008 (-1,1 % sur l’année). Au premier trimestre 2009, le PIB avait chuté de 11,5 %, ce qui représentait la plus forte baisse enregistrée dans le pays depuis son accès à l’indépendance. Le plan de relance de 13 milliards de dollars, annoncé par le ministre des finances Tharman Shanmugaratnam le 22 janvier 2009, a toutefois permis de ralentir la chute. Ce plan représente l’équivalent de 8,4 % du PIB. Les dépenses nouvelles représentent toutefois 3,5 % du PIB. Le solde est essentiellement constitué de redéploiements budgétaires et d’exonérations fiscales en faveur des ménages et des entreprises. A la différence de nombreux pays développés, cette forte augmentation des départs (+20 % par rapport à 2008), conjuguée à une baisse des recettes (estimée à-18 % par rapport à 2008) n’a pas été financée par l’endettement, le pays n’ayant aucune dette publique externe et sa dette interne est le fruit d’émissions d’obligations. Le gouvernement a dû cependant, pour la première fois, procéder à un prélèvement important sur les revenus financiers de l’Etat, constitués d’un retour sur les investissements du fonds souverain Governement of Singapore Investment Corporation (GIC) sur le placement des réserves de change de l’autorité monétaire.

  • 4 Fiche de synthèse sur la situation économique et financière de Singapour publiée par la mission éc (...)
  • 5 http://www.mercer.com/costofliving

5Pour 2009, les estimations font état au total d’une baisse comprise entre 6 % du PIB pour les plus optimistes et de près de 10 % pour les plus pessimistes. En janvier 2009, les réserves de devises restaient importantes et atteignaient encore 170,3 milliards de dollars américains. Le budget de l’année fiscale d’avril 2009 à mars 2010 table cependant sur un déficit record du PIB de 3,5 %. Au premier trimestre 2009, la baisse des exportations, hors hydrocarbures et réexportations, s’est approchée des 30 %. L’industrie de l’électronique, qui exporte l’essentiel de sa production, a été particulièrement touchée. Sa production a chuté de près de 40 % en glissement annuel. A la même période, le nombre de transbordements de containeurs du port de Singapour a baissé de 20 % et l’activité cargo de l’aéroport international de 25 %. Si, soutenu par le secteur de la construction et des « grands travaux », l’investissement ne s’est pas effondré, il a toutefois cru moins rapidement. Les autorités reconnaissent que le pays est entré depuis mi-2008 dans la pire récession de son histoire, tant par son ampleur que par sa durée4. Cela n’a toutefois pas empêché l’Economist Intelligence de faire grimper Singapour de cinq rangs en mars 2009 et de classer la ville au dixième rang des villes les plus chères au monde. Singapour est ainsi perçue comme la troisième ville la plus chère d’Asie derrière Tokyo et Osaka. Ce classement corrobore celui réalisé par la société Mercer sur le coût de la vie, qui classe Singapour au dixième rang des villes les plus onéreuses pour les expatriés5.

  • 6 Voir l’ouvrage de Derek Da Cunha, Singapore places its bets. Casinos, Foreign Talent and Remaking (...)

6Pour relancer l’industrie du tourisme, plutôt faible comparée à celle de ses principaux voisins que sont la Thaïlande, la Malaisie ou l’Indonésie, le gouvernement singapourien a approuvé dès avril 2005 le développement de deux casinos pour un investissement d’un peu plus de 5 milliards de dollars6. Le premier et le plus imposant d’entre eux, le Marina Bay Sands, devait officiellement ouvrir ses portes en décembre 2009, mais l’inauguration a été repoussée au début de l’année 2010. Le complexe devrait accueillir en plein centre ville trois tours d’hôtels de cinquante cinq étages chacune, un centre de convention pour 45000 délégués et plus de mille tables de jeux et mille quatre-cents machines à sous. Le site est également prévu pour un musée des arts et de la science qui ouvrira un peu plus tard. Plus modeste, le Resort World sur l’île de Sentosa abritera toutefois six hôtels, un autre centre de convention et sera situé à proximité du parc d’attraction des studios Universals et d’un des plus grands aquariums au monde, le Marine Life Park. L’ouverture de ces complexes devrait donner une bouffée d’oxygène à l’industrie du tourisme qui, en 2009, a connu le plus faible taux d’occupation des hôtels depuis la crise de la grippe aviaire de 2003. La situation géographique et la mise en valeur des différents quartiers historiques et ethniques (Little India, Chinatown) attirent un nombre croissant de touristes asiatiques. Ces derniers constituent plus de 70 % des visiteurs du pays.

3- Une stratégie confirmée

7La crise actuelle a confronté les autorités du pays à leurs stratégies de développement. Le potentiel de croissance de la cité-Etat devrait avoisiner dans les années qui viennent les 3 à 4 % par an, loin des 8 % de moyenne des années 2004-2007. Aussi, les orientations économiques, décidées il y a déjà quelques temps, sont trouvées confirmées. Le pays cherche à créer davantage de valeurs en s’appuyant notamment sur une expansion économique tournée vers l’extérieur et plus principalement centrée sur l’Asie. Singapour cherche également à renforcer sa position de pôle d’excellence en matière de services financiers et non financiers, ainsi que dans le domaine de l’éducation et de la recherche. Equilibré, atteignant plus de 330 milliards de dollars et tourné essentiellement vers l’Asie, le commerce singapourien correspond aujourd’hui à environ 40 % de celui de la France et à la moitié du celui du Canada. Ces deux derniers pays occupent cependant une place plus importante sur l’échiquier mondial et ont eux aussi une économie largement axée vers les marchés extérieurs. Ainsi, avec seulement un peu plus de 4 millions d’habitants, le commerce extérieur de Singapour n’est que très légèrement inférieur à celui de la Corée du Sud et est quasiment équivalent à celui de Taiwan. Singapour est un partenaire de poids dans la région, d’autant plus qu’environ deux tiers de ses échanges se font avec le reste de l’Asie, loin devant les Etats-Unis et l’Union Européenne.

Destination des exportations

Millions de dollars

 %

1. Malaisie

40 734

12,1

2. Indonésie

35 547

10,6

3. Hong Kong

34 999

10,4

4. Chine

30 967

9,2

5. Etats-Unis

23 641

7,0

6. Japon

16 599

4,9

7. Australie

13 807

4,1

8. Thaïlande

13 154

3,9

9. Corée du Sud

12 239

3,6

10. Inde

11 906

3,5

Total (y.c. autres pays)

336 934

Sources : Mission économique de Singapour (Statistique septembre 2009).

Provenance des importations

Millions de dollars

 %

1. Malaisie

38 032

11,9

2. Etats-Unis

37 348

11,7

3. Chine

33 637

10,6

4. Japon

25 851

8,1

5. Corée du Sud

17 905

5,6

6. Indonésie

17 546

5,5

7. Taïwan

16 393

5,1

8. Arabie Saoudite

14 623

4,6

9. Thaïlande

11 253

3,5

10. Allemagne

9 203

2,9

Total (y. c. autres pays)

336 934

Sources : Mission économique de Singapour (Statistique septembre 2009).

8Une part importante du commerce extérieur de Singapour a la particularité de ne pas être destinée au marché local. Beaucoup de produits sont importés, transformés par les industries singapouriennes puis réexportés vers les marchés extérieurs. C’est notamment le cas de l’essentiel des exportations d’hydrocarbures qui sont raffinées sur place avant d’être réexpédiées.

4- Une forte capacité d’attraction

  • 7 Le SCIMAGO Institutions Rankings 2009 World Report classe le CNRS en 1ère position mondiale, la Ch (...)

9Il semble important de noter qu’en ce qui concerne la production scientifique, Singapour et ses 4.8 millions d’habitants pèsent pour plus de 50 % de la production de l’Asie du Sud-Est, qui est peuplée, doit-on le rappeler, d’environ 590 millions de personnes. Ce n’est donc pas un hasard, si les universités singapouriennes sont très bien situées au niveau international. Ainsi, en 2009 l’Université nationale de Singapour (NUS) figurait à la 58e place et l’Université Nanyang de Technologies (NTU) à la 122e sur 2124 universités classées par le SCImago Institution Rankings7. Le succès de ces universités attire un grand nombre d’étudiants étrangers. Ces derniers représentaient environ 20 % des effectifs en 2009, ce qui fait de Singapour un cas unique en Asie du Sud-Est et confirme sa capacité d’attraction des cerveaux.

10Singapour s’appuie également sur une montée en gamme de son secteur manufacturier et une diversification de son tissu économique. Ces dernières années des investissements conséquents ont été effectués dans les domaines de la pharmacie, de la chimie ou encore du secteur biomédical.

11Dans un pays, où la population active est relativement bien protégée, mais où l’assurance chômage est inexistante, la crise a révélé les faiblesses d’un système qui prend que faiblement en compte les franges les plus fragiles de la population. Le modèle singapourien est un modèle qui refuse l’assistance, les solidarités s’exerçant en grande partie au sein de la famille et ou encore au travers du groupe ethnique ou linguistique. Jusqu’à une date récente, le système officiellement basé sur la méritocratie permettait à l’essentiel de la population de s’insérer quasi-automatiquement dans le monde du travail en fonction du niveau d’études de chacun. La crise actuelle et les réajustements structurels de l’économie ne le permettent plus. Le taux de chômage qui devrait avoisiner pour la première fois en près de trente ans les 5 à 6 % en 2010 pourrait bien remettre en cause ce modèle.

5- Une société qui se décoince

  • 8 Voir la vidéo de son intervention sur http://www.youtube.com/watch?v=dqhr4wxUFws
  • 9 Sur le PAP lire l’ouvrage de Sonny Yap, Richard Lim et Leon Weng Kam, Men in White, the untold sto (...)

12D’une manière générale, au fur et à mesure que le pays s’ouvre au monde, le modèle traditionnel singapourien tend à se lézarder. Une brise de liberté commence ainsi à souffler sur le pays. En novembre 2008 et à 78 ans, le docteur Lim Hock Siew a repris, pour la première fois depuis sa libération en 1982, publiquement la parole à l’occasion de la sortie d’un ouvrage sur la « génération Fajar » ou plus précisément sur la période après les affrontements malayo-singapouriens et l’histoire du socialisme à Singapour8. Le Dr Lim a été l’un des fondateurs du People Action Party (PAP)9 et a été incarcéré sans procès pendant 19 ans de 1963 à 1982, car soupçonné d’être communiste. Son intervention a été perçue comme un électrochoc. Après incarcération et sa longue période de silence plus ou moins forcé, la plupart des jeunes, même au sein du parti d’opposition Barisan Sosialist avait oublié jusqu’à son existence. Après avoir rappelé l’horreur de ses conditions de détention, le Dr Lim a jeté un pavé dans la mare en soulignant que le Premier ministre de Singapour Lee Hsien Loon, rémunéré cinq fois plus que le président américain Barack Obama, est l’homme politique le mieux payé du monde. Pour mieux montrer l’inégalité du système singapourien, le Dr Lim a, au cours de son intervention publique, rappelé qu’un autre opposant, M. Chia Thye Poh avait passé 32 ans derrière les barreaux établissant ainsi le record mondial de détention politique devant Nelson Mandela et Aung San Suu Kyi. Si le témoignage du Dr Lim est effrayant, il n’aurait cependant pas été possible il y a encore quelques années. Son retour sur la scène politique témoigne d’une évolution en profondeur du système politique singapourien qui tend aujourd’hui lentement à se dérouiller. Certes, les évolutions sont lentes et sous contrôle, mais la société bouge et les lignes se déplacent. Bien que cela reste anecdotique, le 28 mai 2009 a marqué une nouvelle étape dans la vie politique singapourienne. Ce jour là, en effet, le Premier ministre a annoncé une révision constitutionnelle dans le but de faire passer le nombre minimal de sièges assurés à l’opposition au parlement de six à neuf. Dans une chambre unicamérale de quatre-vingt quatre membres, cela ne bouleversera pas l’équilibre des pouvoirs, mais le symbole est fort.

6- Mais qui reste sans surprise

13Bien que les dirigeants singapouriens soient en permanence à la recherche de nouvelles façons de faire, l’autocratie du pays évolue en générale de manière relativement prévisible. Fort d’avoir assuré la prospérité matérielle du pays, le People’s Action Party devrait se maintenir au pouvoir pendant de nombreuses années. Les soubresauts récents de certains opposants ne changeront probablement pas la donne. Si certains, notamment dans les premières sphères du pouvoir, se sont enrichis beaucoup plus que d’autres, la plupart des singapouriens bénéficie à différents niveaux d’une large répartition des fruits de la croissance. Sous la houlette de l’Housing and Development Board (HDB), les évolutions urbaines et architecturales, pourtant souvent radicales, s’organisent de manière feutrée et presque sans heurts. Le système extrêmement centralisé du pouvoir et l’étroitesse des différents réseaux d’influences permettent aux petits groupes d’hommes et de femmes, gravitant autour de Lee Kuan Yew et de son fils Lee Hsien Loon, de garder la haute main sur les affaires du pays sans devoir faire face à une réelle opposition. Organisé comme une famille traditionnelle chinoise, l’exercice du pouvoir se fait selon des règles édictées par le vieux patriarche. Dans un système aussi personnel, la question de la succession est particulièrement aiguë. Certes, cette dernière paraît avoir été gérée en douceur par la transmission progressive des pouvoirs à un fils intelligent et compétent, ainsi qu’à d’autres membres de la famille ou des cercles proches. Cependant, rien ne garantit que Lee Hsien Long aura la capacité de conforter son autorité sur le système après le départ de son père. Les divisions, qui ont commencé à apparaître notamment après les élections générales de 2006, pourraient ainsi ébranler en partie un système mis en place en priorité au bénéfice d’une famille et d’un clan. Une nouvelle division des pouvoirs au sein des élites pourrait à terme voir le jour. Ces dernières, encore formées sur un même moule (masculinité, éducation internationale, origine chinoise, formation militaire), ont d’ailleurs commencé timidement à s’ouvrir à d’autres profils. Si les alliances évoluent, il est cependant fort probable que le fonctionnement global du système perdura. Singapour est loin d’en avoir fini avec l’héritage de Lee Kwan Yew.

7- De nouvelles ouvertures

14Les productions cinématographiques et culturelles jouissent depuis le milieu des années 2000 d’une liberté de ton et de création encore inimaginable au début de la décennie et une nouvelle scène artistique est en train d’émerger dans le pays. L’effervescence culturelle que connaît Singapour est en grande partie animée par des intellectuels. Parmi eux figurent des jeunes diplômés ayant poursuivi une partie de leurs études à l’étranger, des artistes qui après des années passées en dehors des frontières décident de revenir tenter l’aventure à Singapour, des universitaires et chose sans doute plus surprenante, un nombre important d’architectes. Cette situation est le fruit d’un paradoxe singapourien. Pendant quarante ans, le gouvernement a tenté de contrôler l’opinion publique formant ainsi des générations « de bons soldats », prêtes à travailler et prêtes à consommer. Aujourd’hui, face à l’émergence de nouvelles puissances régionales et internationales, les autorités singapouriennes misent en grande partie sur la capacité du pays à créer et à innover. Les investissements colossaux en matière de recherche et d’éducation sont les effets les plus visibles de cette politique. En attirant les cerveaux étrangers et en facilitant l’installation de communautés expatriées occidentales, le gouvernement a également pris le risque de voir son autorité sur certains sujets plus ouvertement critiquée. Si tout cela reste sous contrôle, un déclic semble s’être opéré au sein d’une partie influente de la société. Les autorités d’ailleurs appellent les citoyens à innover, à prendre la parole et des initiatives. C’est sans doute sur ce dernier point que Singapour nous réservera des surprises.

Fiche Singapour

15Capitale : Singapour (cité-état)

16Superficie : 697 km²

17Population : 4 657 542 (2009)

18Langue officielle : Anglais, Chinois, Malais, Tamoul

Données politiques

19Nature de l'Etat : république unitaire

20Nature du régime : parlementaire autoritaire (parti unique)

21Suffrage : à partir de 21 ans, universel et obligatoire

22Chef de l'Etat : Président S. R. Nathan (depuis 1999)

23Premier ministre : Hsien Loong Lee (depuis 2004)

24Ministre des Affaires étrangères : George Yong-Boon Yeo

25Ministre de l’intérieur : Kan Seng Wong

26Echéances : Elections présidentielles et législatives en 2011

Indicateurs démographiques et sociologiques

27Principaux groupes ethniques : Chinois (76,8 %,), Malais (13,9 %), Indiens (7,9 %)

28Religions : Bouddhistes (42,5 %), Musulmans (14,9 %), Taoïstes (8,5 %)

29Taux de croissance démographique (2008) :

30Espérance de vie (2008) : 81,98 ans

31Taux de fertilité (2008) : 1,09

32Taux de natalité (2008) : 8,82 ‰

33Taux de mortalité (2008) : 4,66 ‰

34Taux de mortalité infantile (2008) : 2,31 ‰

35Taux d'alphabétisation (> 15 ans) (2000) : 92,5 %

36Urbanisation (2008) : 100 %

37Indice de développement humain : 0,944 (23e rang, 2007) ; 0,855 (25e rang, 2000)

Données économiques

38Monnaie : dollar de Singapour (1 euro = 2,03 dollars singapouriens le 16.12.09)

39Balance des paiements courants (2008) : 25,78 milliards $ US

40Dette extérieure (2008) : 25,52 milliards $ US

41PIB par habitant et per capita (2008) : 51.500 $ US

42Taux de croissance du PIB (2008) :-1,1 %

43Répartition du PIB par secteur d’activité (2008) : agriculture (0 %) ; industrie (27,8 %) ; services (72,2 %)

44Taux d'inflation (2008) : 6,5 %

45Taux de chômage (2008) : 2,2 %

46Taux de population vivant sous le seuil du niveau de pauvreté : n. c

47IDE entrant (flux) (2008) : 22,725 millions $ US

48IDE entrant (cumulés ou stocks) (2008) : 326,142 millions $ US

49IDE sortant (flux) (2008) : 8,928 millions $ US

50IDE sortant (cumulés ou stocks) (2008) : 189,094 millions $ US

51Importations (2008) : 219,5 milliards $ US

52Principaux produits importés (2008) : machinerie et équipement ; combustibles fossiles ; produits pharmaceutiques ; denrées alimentaires ; biens de consommation

53Exportations (2008) : 342,7 milliards de $ US

54Principaux produits exportés (2009) : machinerie et équipement (y compris l'électronique) ; combustibles fossiles ; biens de consommation ; médicaments et autres produits pharmaceutiques

Notas

1 Après Monaco, Singapour a la densité de population la plus élevée au monde.

2 Rodolphe de Konnick, Singapour, la cité-Etat ambitieuse, La documentation française, éditions Belin, 2006, p. 12

3 Voir sur ce dernier point l’article de Wong Tai Chee « Planification de l’environnement à Singapour : un développement durable façonné par l’Homme » dans Asie du Sud-Est 2009, Irasec – Lignes de repères, pp. 221-225

4 Fiche de synthèse sur la situation économique et financière de Singapour publiée par la mission économique régionale de Singapour.

5 http://www.mercer.com/costofliving

6 Voir l’ouvrage de Derek Da Cunha, Singapore places its bets. Casinos, Foreign Talent and Remaking a City-State, Straits Times Press, 2010, 192 p.

7 Le SCIMAGO Institutions Rankings 2009 World Report classe le CNRS en 1ère position mondiale, la Chinese Academy of Science en seconde position, la Russian Academy of Sciences en 3ème position et Harvard University en 4ème position seulement. Ce classement compare 2000 institutions ayant effectué plus de 100 publications indexées par la base de données Scopus de Elsevier en 2007. Il intègre tous les organismes de recherche, des Universités, des laboratoires et des instituts privés. Les scores calculés s’appuient sur les publications, le nombre de citations par établissement et l’importance des collaborations internationales. Il s’agit d’un classement effectué par un consortium d’universités espagnoles et portugaises.

8 Voir la vidéo de son intervention sur http://www.youtube.com/watch?v=dqhr4wxUFws

9 Sur le PAP lire l’ouvrage de Sonny Yap, Richard Lim et Leon Weng Kam, Men in White, the untold story of Singapore’s Ruling Political Party, Singapore Press Holdings, 2009, 692 p.

Índice de ilustraciones

Título Singapour
URL http://books.openedition.org/irasec/docannexe/image/2298/img-1.jpg
Archivo image/jpeg, 144k

Autor

Arnaud Leveau a effectué une partie de ses études à Pékin avant de débuter sa carrière professionnelle à Hong Kong et à Hô Chi Minh-Ville. Il a été responsable du département Asie de l’Institut de coopération sociale internationale (Icosi) et a cofondé l’association Asie Pacifique Recherche ainsi que la société de production Alanys Films. Basé en Asie du Sud-Est, il a été correspondant de presse pour plusieurs titres français et internationaux. Il est actuellement directeur adjoint de l’Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine (Irasec).

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