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L’Asie du Sud-Est 2008 : les évènements majeurs de l’année

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Guy Faure
, 
Arnaud Leveau

Analyses

L’économie vietnamienne, ses freins, ses ambitions

Paru dans Fase no 2 Vol II de février 2007

Texte intégral

1Acquise depuis le 7 novembre et effective depuis le 1er janvier, l’admission du Viêt Nam au sein de l’Organisation mondiale du commerce fait figure de coup d’envoi. Les entreprises américaines n’attendaient, en effet, que cette décision – et son corollaire, le statut de « relations commerciales normales et permanentes », voté en novembre par le Congrès américain – pour débarquer au Viêt Nam. D’autres investisseurs — Japonais, Taiwanais, Sud-Coréens, Européens — ont également choisi cette destination, ne serait-ce que pour éviter de mettre trop d’œufs dans le panier chinois.

2Effectuée voilà trois mois, une enquête de l’Asia Business Council sur les projets d’investissements des multinationales place le Viêt Nam en troisième position (38 %) derrière la Chine (85 %) et l’Inde (51 %), et devant les Etats-Unis (36 %). Depuis la crise asiatique de 1997-1998, le taux de croissance moyen du Viêt Nam a été supérieur à 7 % et en progression (7,7 % en 2004, 8,4 % en 2005, 8,2 % en 2006). L’objectif officiel, cette année, se situe dans une fourchette de 8,2 % à 8,5 %. Dans ce domaine, le Viêt Nam se retrouve donc juste derrière la Chine et devant l’Inde.

3Les goulots d’étranglement sont, toutefois, encore nombreux. Le Viêt Nam part de loin. Pour avoir doublé au cours des dix dernières années, le revenu annuel par tête demeure faible : 550 euros. L’équivalent de celui de l’Inde, ce chiffre reste très inférieur à celui de la Chine (1.400 euros). L’objectif de Hanoï est d’atteindre 850 euros en 2010, donc de franchir, dans l’intervalle, le seuil du décollage généralement fixé aux alentours de 800 euros et qui marque la réelle émergence de classes moyennes.

4Dans un pays en guerre jusqu’à la fin des années 80 – l’évacuation militaire du Cambodge et la fin des échanges de tirs de canon sur la frontière ne sont intervenus qu’en 1989 — les infrastructures, longtemps négligées, éprouvent du mal à suivre le mouvement. Devenu un producteur moyen de pétrole et de gaz, le Viêt Nam ne doit inaugurer sa première raffinerie de pétrole que cette année, à Dung Quat, dans le centre. Moteur de l’économie, Hô-Chi-Minh-Ville se bat pour mettre en place des infrastructures adéquates – autoroutes, transports urbains, nouvel aéroport, villes nouvelles. Mais le financement de cet effort s’appuie encore, dans la proportion des deux tiers, sur des investissements privés.

5Le secteur étatique est un fardeau. Deux mille entreprises publiques, parfois dans le rouge mais qui absorbent encore 70 % des crédits bancaires, représentent 38 % du PIB et emploient des millions de gens. Dans le cadre de l’OMC, le démantèlement d’un bon nombre de ces entreprises est inévitable, avec, pour effet, une aggravation des problèmes sociaux. N’ayant pris son élan que depuis le début du siècle, le secteur privé est devenu pratiquement le seul créateur d’emplois. La bureaucratie étatique, souvent incompétente et corrompue, a également besoin d’une cure d’amaigrissement. Au programme de cette année figure la privatisation de quatre banques publiques.

6Des progrès ont néanmoins été réalisés. Un raccordement au réseau électrique prend en moyenne 17 jours au Viêt Nam, contre 23 en Thaïlande, et la pose d’une ligne téléphonique 9 jours, contre 15 en Thaïlande. Le nombre des abonnées à Internet est de quatre millions sur 84 millions d’habitants (en Inde, il est de 7 millions pour une population d’1,1 milliard de gens). En décembre 2006, plus de quatorze millions de Vietnamiens utilisaient régulièrement la toile, contre huit millions quatorze mois auparavant.

7Le Viêt Nam compte également sur l’« effet Intel », le nom du géant américain de l’informatique qui a annoncé, l’an dernier, un investissement de plus de huit cents millions d’euros dans le Sud. Canon a décidé, de son côté, d’installer au Viêt Nam sa plus grande fabrique d’imprimantes modernes. Ces investissements, créateurs de milliers d’emplois, vont attirer de nombreux sous-traitants, chercheurs et concurrents, au détriment de récipiendaires plus traditionnels dans la région, comme la Malaisie, la Thaïlande et les Philippines.

8L’un des avantages du Viêt Nam est le coût de sa main d’œuvre : un salaire mensuel minimum d’environ 38 euros, contre 70 en Indonésie et en Chine méridionale, 84 en Thaïlande ou 100 aux Philippines. Mais une expansion économique rapide peut également créer de sérieux problèmes : le taux de pollution de Hô-Chi-Minh-Ville est déjà deux fois celui de Bangkok et quatre fois celui de Paris.

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