1En France, le nombre de grands-parents est de 12,6 millions ; deux millions d’entre eux sont également arrière-grands-parents. À 56 ans, une personne sur deux a au moins un petit-enfant. Les femmes deviennent grands-mères à un plus jeune âge que les hommes ne deviennent grands-pères. Parce qu’elles vivent plus longtemps que les hommes, elles sont plus nombreuses à voir naître la quatrième ou même la cinquième génération de leur lignée. Ainsi sept arrière-grands-parents sur dix sont des femmes. Au fil des générations les grands-parents sont de plus en plus nombreux et leur nombre va continuer à augmenter dans un futur proche. À la date de l’enquête, les grands-parents ont, en moyenne, quatre petits-enfants. Ce nombre est bien sûr dépendant du nombre d’enfants qu’ils ont eus.

2C’est donc la première fois qu’on connaît le nombre de grands-parents en France : en 1999, ils sont 12,6 millions. Parmi eux, 12,4 millions vivent à leur domicile et 200 000 dans une institution (tableau 1)2. Cette estimation a pu être faite, d’une part, grâce à l’Étude de l’histoire familiale, une enquête réalisée dans le cadre du recensement de 1999, qui contenait des questions sur l’existence de petits-enfants et arrière-petits-enfants, leur âge et leur nombre. D’autre part, le nombre de grands-parents vivant en institution est estimé d’après l’enquête Handicaps-incapacités-dépendances3).

3L’enquête permet également d’estimer de manière indirecte le nombre d’arrière-arrière-grands-parents, à la tête d’une lignée de cinq générations vivantes, par les réponses des arrière-grands-parents qui ont déclaré avoir au moins un de leurs parents en vie. Leur nombre avoisinerait 30 000, en incluant les personnes en institution, mais l’enquête ne fournit qu’un ordre de grandeur.

Tableau 1. – La situation familiale des plus de 19 ans (en milliers)

I. – Une personne de 56 ans sur deux est grand-parent

4La moitié des personnes de 56 ans sont grands-parents ; c’est le cas pour trois quarts de celles qui ont 66 ans. La proportion de grands-parents culmine aux environs de 80 % à l’âge de 70 ans, puis demeure stable au-delà. Après cet âge très peu de personnes deviennent grands-parents.

5La proportion d’arrière-grands-parents reste quant à elle négligeable jusqu’à 70 ans. Parmi les 80-89 ans, quatre personnes sur dix sont arrière-grands-parents ; une sur deux au-delà de 90 ans (figure 1).

Figure 1. – Parents, grands-parents et arrière-grands-parents selon le sexe et l’âge

6Les courbes représentant la proportion de parents et de grands-parents par âge sont très similaires, avec un décalage et une plus faible intensité pour la seconde, ceci pour les deux sexes. Les femmes deviennent grands-mères plus tôt que les hommes ne deviennent grands-pères.

7Les grands-pères ont vu naître leur premier petit-enfant à 52,5 ans en moyenne et les grands-mères à 49,9 ans. Cet écart de plus de deux ans se retrouve à tout âge, reflétant d’une part l’écart d’âge entre conjoints, et d’autre part un âge à la naissance du premier enfant plus élevé pour les hommes. Cependant à partir de 75 ans, les hommes sont aussi souvent grands-parents que les femmes.

8À l’inverse de ce qui se passe pour les grands-parents, les hommes très âgés sont légèrement moins souvent arrière-grands-parents que les femmes du même âge. Les hommes connaissent également cet événement plus tard. Du fait d’une mortalité plus forte tout au long de la vie, les hommes sont moins nombreux que les femmes au-delà de 70 ans ; ainsi plus de sept arrière-grands-parents sur dix sont des femmes (tableau 2).

Tableau 2. – Nombre de grands-parents et d’arrière-grands-parents selon le sexe et l’âge

II. – De plus en plus de grands-parents au fil des générations

9Pour les générations nées vers 1900, la proportion de grands-parents à 80 ans était égale à 70 % alors qu’elle dépasse 80 % pour les générations nées vers 1920. Cela s’explique en grande partie par le fait qu’au fil de ces générations il est devenu plus rare de ne pas avoir d’enfant.

10Mais dans les générations plus récentes, on devient grand-parent plus tard. La proportion de grands-parents à 50 ans est de l’ordre de 35 % pour les générations 1930-1935 et de 25 % pour les générations nées entre 1940 et 1945.

11Le nombre des grands-parents va beaucoup augmenter dans un futur proche, car les générations plus jeunes ont été plus nombreuses, et vivront en moyenne plus longtemps. En même temps, l’âge moyen au moment de la naissance du premier petit-enfant va augmenter, le moment de la naissance du premier enfant étant lui-même plus tardif.

III. – Quatre petits-enfants en moyenne

12Les personnes déjà grands-parents au moment de l’enquête ont, en moyenne, un peu plus de quatre petits-enfants. L’augmentation du nombre moyen de petits-enfants est forte jusqu’à 65 ans, et ralentit au-delà. Lorsqu’on se restreint aux personnes qui ont eu des enfants, les proportions de grands-parents sont très variables selon leur nombre d’enfants. Ainsi, 94 % des parents de deux enfants ou plus deviennent grands-parents. Les personnes qui ont eu plus d’un enfant sont donc pratiquement assurées d’être grands-parents, et d’autant plus précocement qu’elles ont eu beaucoup d’enfants (figures 2 et 3).

Figure 2. – Proportion de grands-pères selon leur nombre d’enfants et leur âge

Figure 3. – Proportion de grands-mères selon leur nombre d’enfants et leur âge

13La probabilité d’avoir de nombreux petits-enfants augmente beaucoup avec le nombre d’enfants que l’on a eus. Ainsi, les personnes ayant un seul enfant ont à peine deux petits-enfants en moyenne, alors que les personnes qui ont eu plus de trois enfants en ont en moyenne sept. Ces différences se retrouvent à tous les âges et sont d’autant plus fortes que les personnes sont âgées (figure 4). Les personnes âgées qui ne sont pas grands-parents sont donc, sauf exception, des personnes restées sans enfant, ou bien qui ont eu un seul enfant. Parmi ces dernières, seules 80 % deviennent grands-parents.

Figure 4. – Nombre moyen de petits-enfants selon le nombre d’enfants qu’ont eu les grands-parents et leur âge

14La moitié des personnes les plus âgées (85 ans et plus) qui ont eu un seul enfant sont arrière-grands-parents (tableau 3). Comme c’est le cas pour les petits-enfants, le fait d’avoir eu une descendance nombreuse rend très probable le fait d’avoir des arrière-petits-enfants, surtout pour les femmes. Ainsi 85 % des femmes de 85 ans et plus qui ont eu plus de trois enfants ont des arrière-petits-enfants.

Tableau 3. – Proportion d’arrière-grands-parents selon leur âge et leur nombre d’enfants (%)

IV. – L’âge auquel on perd ses parents

15Hommes et femmes perdent leurs parents au même âge. Parmi les personnes jeunes, très peu ont perdu leurs deux parents. Cependant, la part des personnes qui ont perdu leur père augmente très vite avec l’âge. Ainsi, la moitié des personnes âgées de 45 ans ont perdu leur père alors que la moitié des personnes âgées de 55 ans ont encore leur mère (figure 5). À 70 ans, une personne sur dix a encore au moins un parent. Les personnes aujourd’hui âgées ont perdu leurs parents plus tôt, d’une part parce que la mortalité était plus importante et d’autre part parce que leurs parents étaient plus âgés au moment de leur naissance. La moitié des personnes aujourd’hui âgées de 75 à 79 ans, nées au début de l’entre-deux-guerres, avaient déjà perdu leur père à 42 ans et leur mère à 52,6 ans. La moitié des personnes nées 15 ans plus tard, aujourd’hui âgées de 60 à 64 ans, avaient perdu leur père à 43,2 ans et leur mère à 55,5 ans, soit 1,2 et 2,9 ans plus tard.

Figure 5. – Proportion de personnes ayant perdu leur père et/ou leur mère selon l’âge

16Les raisons évoquées pour expliquer la plus forte proportion de femmes parmi les grands-parents jouent également ici : la surmortalité des hommes ainsi qu’un écart d’âge au mariage qui implique que la population des pères est plus âgée que celle des mères. Au cours du siècle, la mortalité des adultes a davantage baissé pour les femmes, et l’âge auquel on perd sa mère a davantage reculé que celui auquel on perd son père. Il n’existe a priori pas de lien entre l’âge auquel on devient orphelin et le fait d’avoir ou non une descendance (figure 6). Néanmoins, les jeunes grands-parents, entre 40 et 50 ans, ont perdu plus fréquemment leurs deux parents. Ces personnes appartiennent souvent aux catégories sociales les moins favorisées où le nombre moyen d’enfants est le plus important, et surtout où l’âge à la naissance du premier enfant est le plus précoce, mais aussi où la mort frappe plus tôt.

Figure 6. – Proportion de personnes ayant perdu leurs parents selon l’âge et la situation familiale