1En France, les premières recherches quantitatives sur les minorités de sexualité ont été possibles grâce à deux types de sources : les enquêtes réalisées auprès d’échantillons de volontaires hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, enquêtes Gai Pied Hebdo initiées par Michael Pollak et devenues, par la suite, enquêtes Presse gay et enquête Presse gay et lesbienne pour sa dernière version en 2011 ; et les grandes enquêtes sur les comportements sexuels réalisées en population générale (ACSF, 1992 puis CSF, 2005)1. Élaborées dans le contexte du VIH/sida, ces enquêtes ont été construites dans une perspective de santé publique, avec pour objectif de mieux cerner les comportements à risque (Leridon et Bozon, 1993 ; Bajos et Bozon, 2008 ; Pollak et Schiltz, 1994). Les premières ont facilité l’étude des pratiques sexuelles d’hommes ayant des rapports avec des hommes, grâce à leurs échantillons volumineux et une régularité permettant d’étudier leurs transformations avec le temps (Schiltz, 1997 ; Rault, 2011 ; Méthy et al., 2015). Les secondes ont permis de rendre compte de la diversité des sexualités minoritaires grâce à plusieurs indicateurs croisés : les pratiques sexuelles avec des personnes de même sexe et/ou de sexe différent, l’attirance envers des personnes de même sexe ou/et de sexe différent et, dans l’enquête de 2005, l’auto-identification comme gay-lesbienne, homosexuel·le, bisexuel·le, hétérosexuel·le (Bajos et Beltzer, 2008).

2L’inscription, à l’agenda politique, de la reconnaissance des couples de même sexe dans les années 1990 et la création d’une forme d’union légale via le Pacs en 1999 ont progressivement transformé ce contexte. La visibilité des homosexualités amorcée dans les années 1980 s’est accrue et modifiée avec une attention croissante portée sur le couple (et la parentalité), observable également dans les travaux en sciences sociales2. Dans ce contexte plus favorable, les indicateurs qui figuraient dans les grandes enquêtes sur la sexualité ont parfois été transposés à d’autres types d’enquêtes réalisées en population générale (des enquêtes sur les violences et sur la santé notamment)3. Mais ces insertions n’ont pas été systématiques. Plus fréquemment, l’homosexualité est apparue dans les grandes enquêtes par les situations de couple, les questionnaires intégrant progressivement la possibilité de faire part d’un·e conjoint·e de même sexe.

3Le présent chapitre se propose d’aborder la catégorie de « couple de même sexe » dans les grandes enquêtes statistiques. Il revient sur la courte histoire de cette catégorie et la manière dont ces enquêtes ont, progressivement, pris en compte ces couples pour en permettre l’analyse. Visibles uniquement dans les dispositifs réalisés auprès de volontaires dans les années 1980 et 1990, à une exception près, ils étaient insaisissables voire « effacés » des enquêtes en population générale, en raison de plusieurs mécanismes opérant en amont et en aval des collectes. Avec la reconnaissance légale des couples de même sexe en France et en Europe, plusieurs travaux ont mis en évidence les limites des sources existantes. Depuis les années 2000, la plupart des grandes enquêtes sociologiques réalisées en population générale permettent de repérer des couples de même sexe. Mais leur étude se heurte à deux difficultés. Les effectifs recueillis dans ces enquêtes sont faibles et rendent impossibles des analyses approfondies. En outre, le repérage statistique des couples de même sexe requiert d’importantes précautions, indispensables pour éviter des analysées erronées. D’autres sources issues de la statistique publique apparaissent dans les années 2010, à partir de dispositifs d’enquêtes reposant sur de gros échantillons et des vérifications assurant la qualité des données. Enquêtes associées au recensement et enquêtes annuelles de recensement deviennent ainsi des sources de premier plan, mais non sans limites.

I. Avant la reconnaissance légale : enquêtes par voie de presse4 et enquêtes sur la sexualité

4Dans les années 1980, seules les enquêtes Gai Pied Hebdo mises en œuvre en 1985 par Michael Pollak, permettaient de saisir des situations de conjugalité entre personnes de même sexe. Les enquêtés étaient invités à faire part de leur situation personnelle et il était possible de déclarer une « relation stable », le fait de « vivre ou avoir déjà vécu en couple » et « d’habiter en couple avec son ami ». Le dispositif d’enquête, qui reposait sur la sollicitation de volontaires, ne permettait pas de fournir des éléments de recensement du nombre de couples d’hommes en France. Les femmes n’étaient par ailleurs pas ciblées par l’enquête. Dès l’origine – et c’était précisément l’originalité d’une enquête qui visait à atteindre des populations difficiles à joindre par des dispositifs d’enquête classique –, la collecte s’est appuyée sur les sociabilités des individus, notamment par les modes de diffusion du questionnaire : magazines gais, espaces de rencontres telles que les bars, boîtes, et espaces de sociabilités sexuelles (saunas, backrooms). Ce mode de diffusion a permis d’atteindre des personnes ayant des interactions sexuelles importantes, quelles que soient leurs situations individuelles.

5Plusieurs questions ont permis d’étudier la situation et le rapport à la conjugalité de ces volontaires. L’exploitation de ces enquêtes rendait compte d’une tendance forte : l’importance des relations non cohabitantes par rapport aux relations cohabitantes déclarées (voir tableau 1), posant la question de la spécificité des conjugalités homosexuelles par rapport aux conjugalités hétérosexuelles. Une première hypothèse pour établir et comprendre cette spécificité est d’ordre méthodologique : dans la mesure où le recrutement des participants à ces enquêtes est en partie fondé sur des sociabilités sexuelles, il est probable que les personnes en couple cohabitant aient été moins souvent en lien avec les relais de l’enquête et moins enclines à y répondre lorsqu’elles l’étaient.

6D’autres hypothèses sont de nature plus sociologique : il est possible que les relations non cohabitantes aient représenté une part importante des relations entre personnes de même sexe parce qu’elles maintenaient une invisibilité protectrice, là où la vie sous le même toit rendait l’homosexualité plus visible et susceptible d’être stigmatisée. En mettant l’accent sur la possibilité d’une vie de couple, les premiers questionnaires ont tenu compte de ces difficultés. À la question « Pour bien vivre une relation homosexuelle, faut-il vivre ensemble ou non ? » présente dans certaines versions de l’enquête, les réponses négatives étaient nombreuses (54 % des répondants dans l’enquête GPH de 1987). D’autres questions ont porté sur l’acceptation des partenaires du répondant par sa famille et ses ami·es (et symétriquement l’acceptation des répondants par la famille et les ami·es du partenaire déclaré).

7Ces questions ont disparu progressivement au profit d’autres, plus centrées sur le couple lui-même avec en particulier un questionnement sur le sentiment de faire couple et l’institutionnalisation légale du couple (enregistrement ou intention de Pacs). Ainsi, le questionnaire de l’enquête de 2004 comprenait la question « Pensez-vous former un couple ? » à la suite de la question permettant de déclarer une relation « stable ». Un quart des répondants ont opté pour l’item « non », ce qui traduit l’existence de relations « stables » qui ne sont pas associées à la conjugalité5.

8L’importance des relations non cohabitantes est aussi probablement liée à une subculture homosexuelle. Michael Pollak a bien montré comment les sociabilités homosexuelles se sont historiquement construites sur la drague et la sexualité, plus que sur la perspective de la conjugalité cohabitante inscrite dans la durée (Pollak, 1982). Dès lors, l’importance des couples non cohabitants est à mettre en relation avec des formes d’autonomie individuelle dont ces enquêtes rendent compte, notamment la non-exclusivité sexuelle qui parcourt fréquemment ces situations conjugales.

9L’étude des couples de même sexe au moyen des enquêtes Presse Gay doit être prise avec prudence car elles sont étroitement liées aux modes de recrutement des enquêtés. Les principaux apports de ce dispositif d’enquête tiennent à l’utilisation d’un questionnement adapté aux relations entre personnes de même sexe et à sa réplication à plusieurs reprises entre 1985 et 2011. À biais relativement similaire d’une enquête à l’autre, le dispositif peut être mobilisé pour cerner des transformations sur le long terme. L’analyse permet d’observer comment l’aspiration à la conjugalité semble avoir évolué entre les années 1980 et le contexte de reconnaissance légale de la fin des années 1990 (Adam, 1999 ; Schiltz 1998). On observe à la fois l’importance des relations non cohabitantes et leur diminution par rapport à l’ensemble des « relations stables » (voir tableau 1). Ces enquêtes ont contribué à fournir des éléments importants, sans pour autant permettre, pour des raisons méthodologiques et contextuelles, la réalisation d’une sociodémographie des personnes en couple de même sexe.

Tableau 1. Pourcentage de personnes en relation stable et non cohabitante dans les enquêtes Presse gay réalisées auprès de volontaires

10La possibilité de distinguer les personnes en couple de même sexe dans les grandes enquêtes de recherche en population générale voit le jour dans les années 1990 et se développe dans les années 2000. La première est l’analyse des comportements sexuels en France (ACSF, Inserm, 1992 ; voir Messiah et Mourret-Fourme, 1993) qui repose sur un échantillon aléatoire. Si le nombre de personnes se déclarant en couple dans l’enquête est faible, en particulier pour les femmes , la forte fréquence des couples non cohabitants est également observable (20 % pour les couples d’hommes, le nombre de couples de femmes dans l’échantillon ne permettant pas d’établir un tel chiffre), mais dans des proportions nettement moindres que dans les enquêtes GPH/EPG, où ce pourcentage peut atteindre la moitié des personnes déclarant une relation de couple ou avec un partenaire stable/privilégié.

11Si l’enquête ACSF permet, au début des années 1990, d’observer statistiquement de couples de même sexe, les effectifs empêchent toute analyse développée au-delà de la tentative prudente d’évaluer le nombre de couples d’hommes et de femmes en France (respectivement 0,3 % des hommes – entre 13 000 et 40 000 couples et moins de 0,1 % des femmes, entre 2 000 et 5 000 couples), mesure sous-estimée et imprécise (Toulemon et al., 2005) au regard du contexte et des caractéristiques de l’enquête ACSF.

II. La reconnaissance légale : entre intérêt scientifique et persistance de biais hétéronormatifs

12La fin des années 1990 est caractérisée par un paradoxe : le couple de même sexe est reconnu par un nouveau dispositif légal, le pacte civil de solidarité, mais demeure peu visible statistiquement. La nature même du Pacs à ses débuts traduit une ambivalence vis-à-vis de cette reconnaissance juridique et sociale (Rault, 2009). Il emprunte, à de nombreux égards, aux formes d’union civile qui sont déjà en place dans certains pays du Nord de l’Europe et à celle du mariage, mais son élaboration et le texte de loi restent fortement marqués par une logique de minoration par rapport à ce que serait une véritable reconnaissance publique des couples de même sexe6. Pour autant, cette visibilité sociale et politique inédite sert de point d’appui à des travaux démographiques exploratoires, qui tentent de mobiliser les rares sources disponibles dans le but d’apporter des éléments nouveaux. Leur démarche rend compte de deux modalités d’invisibilisation des couples de même sexe. La première se situe en amont de la collecte des données, par des questionnaires hétérosexués repoussoirs pour les personnes en couple de même sexe. À la fin des années 1990, cette configuration est la règle et l’enquête ACSF mentionnée ci-dessus fait figure d’exception. La seconde forme d’invisibilisation intervient en aval des collectes via les recodages mis en place, une fois les données recueillies.

13L’enquête EHF associée au recensement et conduite par l’Insee et l’Ined en 1999, qui présente l’avantage d’être fondée sur un échantillon important (environ 380 000 personnes de 18 ans et plus), constitue un bon exemple de ces processus. Les questions relatives à la situation de couple sont explicitement hétérosexuées : aux hommes, il est demandé de parler de leurs conjointes et aux femmes de leurs conjoints, cette distinction étant moins exclusive pour les femmes que pour les hommes, l’usage consistant à parler d’un conjoint au masculin quel que soit son sexe étant répandu. L’exclusion des couples de même sexe est implicite. Théoriquement, elle n’empêche pas les répondant·es de « forcer » les catégories du questionnaire, mais la terminologie employée est susceptible d’avoir un fort effet dissuasif. L’enquête présente pourtant des caractéristiques qui permettent de recueillir des données de qualité, parce qu’elle rend possibles des vérifications sur les possibles erreurs de déclaration de sexe dans le recensement. Celles-ci sont peu fréquentes, mais de nature à perturber considérablement le recensement des couples de même sexe, parce qu’ils sont peu nombreux comparés aux couples de sexe différent. Le fait que le questionnaire soit distribué à tous les adultes de même sexe d’un logement tiré au sort, et que plusieurs informations croisées soient demandées aux deux membres d’un couple (notamment les dates de naissance des conjoint·es), permet de vérifier si deux personnes qui vivent ensemble forment bien un couple. À partir d’informations issues du questionnaire de l’enquête Famille et logements et d’informations du bulletin individuel de recensement, Toulemon, Vitrac et Cassan ont ainsi mis en évidence des couples de même sexe dans l’enquête EHF (Toulemon et al., 2005). Parmi les 380 000 personnes de 18 ans et plus interrogées pour cette enquête (dont deux tiers de femmes), 58 hommes et 66 femmes ont déclaré être en couple de même sexe, représentant environ 6 500 couples d’hommes et 4 000 de femmes – cohabitants, l’enquête n’incluant pas de questionnement sur le fait d’avoir un conjoint vivant dans un autre logement. Au regard de l’enquête ACSF, ces estimations ont été considérées comme particulièrement basses – mais la terminologie employée dans le questionnaire était propice à un tel résultat. Les outils disponibles paraissent ainsi inadaptés pour recenser le nombre de couples de même sexe et, plus encore, pour mettre en œuvre une véritable approche quantitative permettant d’en cerner les spécificités.

III. Des questions plus inclusives à partir des années 2000, des analyses limitées par la faiblesse des effectifs

1. Déclarer un·e conjoint·e ou partenaire de même sexe dans les grandes enquêtes

14Après l’adoption du Pacs, la possibilité de faire part d’un·e conjoint·e de même sexe devient de plus en plus fréquente. C’est le cas dans l’enquête CSF, deuxième grande enquête sur les comportements sexuels en France, qui prévoyait également la possibilité de rendre compte d’une « relation stable et privilégiée » en plus de la possibilité de déclarer vivre en couple. D’après cette enquête, il y aurait, en 2005, environ 55 000 couples cohabitants de même sexe dans la population âgée de 18 à 69 ans (un peu plus des deux tiers de couples d’hommes, un petit tiers de couples de femmes) et 40 000 « relations stables et privilégiées ». Ces dernières représentent 40 % du total des relations déclarées et apparaissent ainsi, comme cela était observé dans les enquêtes par voie de presse, particulièrement fréquentes parmi les personnes ayant des relations avec des personnes de même sexe. Cette configuration est plus présente parmi les hommes que parmi les femmes. Une autre enquête, réalisée en population générale au même moment, fournit des estimations assez proches : d’après l’enquête Érfi de 2005, on compterait approximativement 72 000 couples cohabitants de même sexe en France (45 000 d’hommes, 27 000 de femmes). La proportion de relations non cohabitantes est bien plus élevée dans CSF que dans Érfi : il est possible que cela tienne à une différence dans les terminologies utilisées dans les deux enquêtes : la première parle de relation privilégiée et stable, la seconde mentionne une relation amoureuse. Des relations inscrites dans la durée, non associées à la conjugalité et au sentiment amoureux mais davantage à la sexualité sont susceptibles d’être déclarées dans CSF, pas dans Érfi.

15Plus récemment, l’enquête Épic (2013-2014) intervient dans un contexte différent. Troisième enquête de l’Ined sur la formation du couple, après celle d’Alain Girard en 1959 sur le Choix du conjoint et celle sur la Formation des couples en 1983-1984, elle est réalisée quelques mois après l’ouverture du mariage aux couples de même sexe en mai 20137. Construite pour prendre en compte la diversité des configurations conjugales, elle invite les répondant·es à faire part de leurs « relations de couple ou relations amoureuses importantes », indépendamment de toute condition de durée et de cohabitation. De ce fait, le questionnement est assez proche de celui mis en œuvre dans l’enquête CSF, qui permettait la déclaration d’une relation avec un partenaire stable et privilégié sans partage de logement. Un contexte plus favorable et une définition extensive expliquent très probablement pourquoi les relations entre personnes de même sexe sont plus nombreuses dans cette enquête que dans les enquêtes réalisées dans les années 2000, que la focale soit resserrée sur les couples cohabitant ou non (voir tableau 2). L’enquête permet aussi de caractériser les homo-bisexualités à partir de deux indicateurs : le fait d’avoir eu un·e partenaire sexuel·le de même sexe au cours de la vie et, aspect plus inédit, avoir ou avoir eu par le passé une « relation de couple ou relation amoureuse importante » avec une personne de même sexe grâce à un historique de ces relations. Ces deux indicateurs rendent aussi compte d’une diversité de configurations conjugalo-sexuelles et de disparités entre les expériences des femmes et celles des hommes (figure 1). Avoir eu un rapport avec une personne de même sexe est plus souvent déclaré par les femmes, avoir eu un conjoint ou une relation amoureuse avec une personne de même sexe est plus fréquemment mentionné par les hommes.

Figure 1. Parcours conjugaux des femmes et hommes déclarant avoir eu au moins un rapport avec une personne de même sexe au cours de la vie

16D’autres enquêtes réalisées dans les années 2010 incluent la possibilité de déclarer un·e conjoint·e ou partenaire de même sexe, à l’image de l’enquête Virage (Ined, 2015) qui comprend également de nombreux indicateurs à la sexualité et qui présente d’importants effectifs (n = 27 268, voir Trachman et Lejbowicz, 2020). Elle rend compte d’un nombre de couples de même sexe assez proche de celui observable dans l’enquête Épic.

17La mise en perspective de ces enquêtes (tableau 2) permet de cerner à grands traits, compte tenu de la faiblesse des effectifs, les différentes terminologies adoptées et la diversité des modes de passation, une évolution au fil du temps. Ces estimations ne sont pas issues du seul croisement du sexe de la personne qui répond à une enquête avec celui qu’elle déclare pour son ou sa conjoint·e. Elles passent par un travail de vérification des données indispensable lorsque l’on travaille sur les couples de même sexe. C’est l’un des enseignements essentiels qu’ont révélé les travaux exploratoires conduits à partir de sources des années 1990 (Festy, 2007) : il y a de « faux » couples de même sexe dans les enquêtes et il importe de les repérer pour éviter toute analyse erronée. Cette démarche est à la fois susceptible de réduire le nombre de couples de même sexe dans les enquêtes, mais aussi de renforcer la robustesse des données, en particulier pour mettre au jour d’éventuelles spécificités de ces couples.

2. Des précautions méthodologiques indispensables pour écarter les « faux » couples de même sexe

18Dans la plupart des grandes enquêtes de recherche, les couples de même sexe sont identifiés en croisant le sexe de la personne interrogée avec celui qu’elle indique pour son ou sa conjoint·e. Mais ces variables ne sont pas toujours renseignées correctement : il se peut qu’un·e enquêteur·trice fasse une erreur de saisie, qu’un·e répondant·e se trompe sur l’une de ces questions. Dans les enquêtes par téléphone, il arrive également qu’à rebours des consignes explicites, les variables relatives au sexe soient renseignées par les enquêteur·rices sans être posées explicitement, ce qui crée parfois des inexactitudes. Celles-ci sont très peu nombreuses, mais compte tenu du faible nombre de couples de même sexe, elles suffisent à fausser fortement les estimations de ces couples et les analyses quantitatives qui s’en suivent. En outre, les programmes d’apurement des données peuvent modifier à tort certaines réponses (par exemple lorsque sont appliquées des corrections systématiques, en fonction par exemple du sexe associé à un prénom). S’intéresser aux couples de même sexe dans les grandes enquêtes passe ainsi par une étape de contrôle de la cohérence des données. La démarche est en partie artisanale car il convient idéalement d’examiner chaque individu apparaissant en couple de même sexe. Selon la thématique de l’enquête, ce sont plusieurs types de variables qui peuvent être mobilisées pour cerner d’éventuelles erreurs.

19On détaillera ici les approches appliquées aux enquêtes Virage (Ined, 2015) et Épic (Ined-Insee, 2013-2014). La première a été réalisée par téléphone. Elle recueille des éléments sur la situation de couple au moment de l’enquête (sexe du ou de la conjoint·e, situation matrimoniale, cohabitation ou non, mais il n’est pas demandé explicitement si la personne interviewée est en couple avec une personne du même sexe). Dans cette enquête, c’est le nombre important de variables relatives à la sexualité qui permet de vérifier la cohérence de certaines données. Les questions sur les attirances pour des personnes de même sexe et de sexe différent, le nombre de partenaires sexuels de même sexe (et de sexe différent) au cours de la vie et l’identification (comme hétérosexuel·le, bisexuel·le, gay, lesbienne) fournissent des éléments précieux pour évaluer la cohérence des réponses. L’approche doit être fondée sur un faisceau d’indices plus qu’une seule variable. Il est en effet possible que des personnes en couple de même sexe se disent hétérosexuelles, indiquent n’avoir jamais eu de partenaire de même sexe parce qu’elles excluent leur conjoint·e actuel·le malgré la précision de la question posée, ou fassent part d’une attirance dominante pour l’autre sexe. Toutefois, le croisement de toutes ces variables attire l’attention lorsque se cumulent des réponses qui, ensemble, semblent plutôt attester de l’existence d’un couple de sexe différent8 (se dire à la fois hétérosexuel·le, attiré·e exclusivement par des personnes de sexe différent, et indiquer n’avoir jamais eu de partenaire de même sexe). Un complément d’information peut être ajouté avec la situation matrimoniale. Compte tenu de la date de l’enquête (2015), on peut s’attendre à ce que le nombre de couples de même sexe mariés soit rare, le mariage n’étant accessible à ces couples que depuis mai 2013. Les personnes qui se déclarent en couple avec une personne de même sexe sont pourtant très nombreuses à être mariées (92 sur 251).

20La mise en miroir de cette situation matrimoniale et du faisceau d’indices sur la sexualité montre qu’il y a une corrélation nette entre l’incohérence simultanée sur les trois variables relatives à la sexualité et le fait d’être marié·e. Ceci conduit à réévaluer fortement à la baisse le nombre de ces couples. Tandis qu’on en compte 251 en croisant sexe des répondant·es et sexe de leur conjoint·e actuel·le, les contrôles opérés aboutissent à une estimation de 182. Ce qui donne un peu plus d’un quart des couples de même sexe qui seraient faux. C’est nettement moins que pour Érfi qui comptait deux tiers d’erreurs (Régnier-Loilier, 2017), un peu plus que pour l’enquête Épic.

21Pour cette dernière, on ne disposait pas d’autant d’informations sur la sexualité des personnes enquêtés, en dehors du nombre de partenaires sexuel·les de chaque sexe au cours de la vie. Il n’était donc pas possible de mettre à profit un ensemble d’informations sur la sexualité. En revanche, il était possible d’adjoindre, à l’utilisation de cette variable sur les partenaires sexuels, des informations qui ne figuraient pas dans l’enquête Virage : la situation matrimoniale était accompagnée d’un recueil de la date du mariage, de l’existence d’un mariage religieux. Par ailleurs, en tant que concepteur et responsable de l’enquête, il nous a été possible d’utiliser le fichier brut qui comprenait les prénoms des répondant·es et de leur conjoint·es, ainsi que certaines réponses aux questions ouvertes qui ont fait l’objet d’un recodage en aval de l’enquête. Plusieurs informations ont pu être utilisées pour nourrir le faisceau d’indices, notamment des réponses à des questions ouvertes grâce auxquelles il était possible d’identifier le sexe d’un·e répondant·e ou d’un·e conjoint·e. Tel était le cas par exemple de la question : « qu’est-ce qui vous a plu chez lui/elle au moment de votre rencontre ? ». Enquêteurs et enquêtrices étaient invitées à saisir intégralement les propos des personnes enquêtées. Et dans certains cas sont apparus des pronoms « elle était [comme-ci] » ou d’autres indications (« c’était un homme qui avait [telles qualités] »). De la même manière, un examen de la profession saisie en clair pouvait permettre de conforter l’hypothèse d’un faux couple de même sexe (par exemple un enquêté indiquant que son conjoint était « institutrice »). À l’instar de Virage, l’enquête Épic a conduit à revoir à la baisse le nombre de personnes se déclarant en couple de même sexe. Alors qu’un premier examen de l’enquête met en évidence 68 personnes en couple de même sexe, le recours à des variables de contrôle susceptibles de rendre compte d’incohérences fait diminuer de 20 % le nombre de couples de même sexe (54 au total, la moitié étant des couples d’hommes, l’autre de femmes).

22Ce type de démarche engendre une autre question, rarement abordée dans les travaux méthodologiques sur les couples de même sexe : est-il possible que les fichiers d’enquêtes comprennent, à l’inverse de faux couples de sexes différents, des individus dont le sexe aurait été codé de manière incorrecte, conduisant à faire apparaître un couple de sexe différent au lieu d’un couple de même sexe ? Pour Virage, il pourrait y avoir une erreur pour quelques personnes de l’enquête dans la mesure où le ou la répondant·e mentionne un conjoint de sexe différent alors que, par ailleurs, sont déclaré·es des partenaires sexuel·les de même sexe et aucun·e de sexe différent, une identification homosexuelle et des attirances dominantes envers des personnes de même sexe. D’autres décalages sont observables, mais ils portent sur une ou deux variables : il semble moins s’agir d’incohérences que de configurations qui tranchent avec les plus fréquentes9.

Tableau 2. Identification et estimations approximatives du nombre de couples de même sexe, enquêtes en population générale

23En définitive, ces enquêtes rendent compte d’une variabilité du nombre de relations de même sexe suivant les définitions adoptées, des caractéristiques mêmes des enquêtes mises en œuvre et, plus encore, des contextes politiques et sociaux. Leur intérêt n’est pas tant de fournir des éléments de mesure : ceux-ci sont nécessairement très approximatifs, surtout pour les enquêtes les plus anciennes, qui, en outre, reposent sur des effectifs faibles. Il est par ailleurs probable qu’interviennent des effets d’autocensure à la fois dans la participation à ces enquêtes et dans les réponses apportées aux questions sur les situations conjugales. Examinées ensemble, ces enquêtes rendent compte d’un accroissement des relations de couple entre personnes de même sexe mais leurs insuffisances – notamment en termes d’effectifs – invitent à déplacer la réflexion sur des sources plus démographiques, susceptibles d’avoir un nombre d’observations plus satisfaisant.

IV. L’amélioration inaboutie des outils de la statistique publique

24Dans les années 2010, ce ne sont pas seulement les grandes enquêtes de recherche qui adaptent leurs indicateurs et leurs variables. Les grandes opérations de la statistique publique, qui sont des sources démographiques essentielles, font aussi l’objet d’une réflexion spécifique sur les outils à mettre en œuvre pour étudier les couples de même sexe.

1. Famille et logements, première enquête permettant des exploitations statistiques robustes

25Pour sa version de 2011, le questionnaire de l’enquête Famille associée au recensement a été remanié. L’un des objectifs était précisément de distinguer les couples de même sexe dont l’étude avait été peu satisfaisante dans la version de 1999 pour les raisons explicitées par Toulemon et al. (2005). Tandis que les autres enquêtes mentionnées dans ce chapitre n’avaient pas vocation à recenser les couples de même sexe en France, l’objectif d’EFL était de permettre leur quantification grâce à un questionnement explicite et l’adoption d’une acception plus large du couple. Ainsi, les répondant·es étaient questionné·es sur le fait « d’être en couple » et la possibilité de mentionner une personne qui vit dans un autre logement était explicite. De même, il n’était pas seulement question de conjoint·e mais également d’ami·e pour désigner la personne avec laquelle les enquêté·es sont en couple. La qualité des données est garantie par le protocole d’enquête qui recueille, en plus des bulletins individuels de recensement de chaque membre du logement, un bulletin par personne de plus de 18 ans d’un sexe donné, dans un même ménage. Il est ainsi possible d’extraire du fichier d’exploitation les « faux couples de même sexe », qui apparaissent dans toutes les enquêtes du fait d’erreurs de saisie ou de déclaration et nuisent considérablement à la qualité des données. L’autocensure est possible, mais relativement complexe car elle requiert de la part des deux conjoint·es une stratégie commune d’évitement des questions relatives au couple.

26L’enquête Famille et logements représente ainsi une source inédite, d’autant plus importante que ses effectifs sont élevés (on compte 1 390 personnes qui se déclarent en couple de même sexe dans l’échantillon, voir tableau 2) mais l’une de ses principales limites tient au fait qu’elle n’est réalisée qu’occasionnellement. Dans un contexte qui est caractérisé par une augmentation importante des couples de même sexe – en France mais, plus largement, dans l’ensemble des pays où des formes de reconnaissance légale ont été à l’ordre du jour ou adoptées10, il est impossible de cerner des tendances dans la durée. Les modifications apportées récemment à l’enquête annuelle de recensement rendent toutefois possible une telle perspective.

2. Le recensement de la population : des effectifs inédits, des configurations conjugales (ré)invisibilisées

27Depuis 1999, sa dernière version exhaustive, le recensement français a connu plusieurs transformations. Alors qu’auparavant, les couples de même sexe étaient « effacés » dans le cadre d’un recodage post-collecte (Digoix, Festy et Garnier, 2004), le recensement est devenu en 2018, après une série d’adaptations, une source de premier plan pour étudier les couples de même sexe. Les transformations ont résidé principalement en deux types de modifications, en amont et en aval de la collecte. En amont, ce sont les bulletins de l’enquête annuelle de recensement qui ont évolué de manière favorable au repérage des couples de même sexe. Certaines modifications ont été apportées au bulletin individuel, notamment la question « Vivez-vous en couple ? », insérée en 2004, et qui a précédé la transformation du questionnement sur l’état matrimonial avec prise en compte du Pacs à partir de 2015. Mais la principale transformation a concerné la feuille logement : le tableau des habitants du logement a été remanié pour mieux permettre le repérage des liens entre ses habitants. Des catégories fermées ont remplacé le recueil de certaines informations en ouvert qui pouvaient prêter à confusion sans autre forme de précision. Par exemple, la mention par une femme d’une « amie » dans le logement n’est pas univoque, le terme pouvait renvoyer à un lien strictement amical ou à une relation de couple. La possibilité d’indiquer, à partir de 2018, qu’il s’agit clairement d’un·e conjoint·e améliore la précision des données collectées (voir document 1).

Document 1. Feuilles logement 2011 et 2019 du recensement de la population

28La seconde grande modification du recensement a résidé dans la mise au point d’un algorithme permettant, à partir du traitement des prénoms indiqués sur les bulletins, de corriger les erreurs relatives au sexe (pour la description de la méthode, voir Algava et Hallepée, 2018). Celles-ci compromettaient largement la fiabilité du seul recensement pour dénombrer et étudier les couples de même sexe, notamment en raison d’erreurs de remplissage et de saisies contribuant à fabriquer un certain nombre de faux couples de même sexe (Banens et Le Penven, 2016). La correction de ces erreurs fait du recensement de la population une source majeure pour l’étude des couples et des personnes en couple de même sexe à partir de 201811. Cette évolution a une répercussion sur une autre source étroitement liée au recensement de la population : l’échantillon démographique permanent12. Celui-ci pourra permettre, à partir de données transversales cumulées et obtenues à chaque cycle de recensement et combinées à d’autres sources, de fournir des perspectives longitudinales permettant de reconstruire les trajectoires individuelles des personnes en couple de même sexe.

3. Les possibilités d’analyses ouvertes par l’amélioration des outils

29Ces sources nouvelles permettent à la fois de décrire les couples de même sexe et les personnes en couple de même sexe de manière inédite. Elles rendent compte de caractéristiques sociodémographiques spécifiques comparées aux couples de sexe différent sur de très nombreux points. La structure par âges des deux types de couples n’est pas la même : les personnes en couples de même sexe se situent plus fréquemment dans les tranches d’âges les plus jeunes, plus encore en 2018 qu’en 2011, signe des transformations récentes de l’acceptation sociale de l’homosexualité (Buisson et Lapinte, 2013 ; Algava et Penant, 2019). Elles sont en moyenne plus diplômées que les personnes en couple de sexe différent. En écho aux observations issues des enquêtes Presse Gay et Presse gays et lesbiennes réalisées auprès de volontaires, l’enquête Famille et logements qui permettait de recueillir les configurations non cohabitantes a montré que celles-ci sont nettement plus nombreuses que parmi les couples de sexe différent (16 % versus 4 % en 2011, Rault, 2018). De ce point de vue, l’adoption d’indicateurs qui combinent des configurations en dehors du couple cohabitant et une terminologie non exclusivement matrimoniale (« conjoint »), aide à bien cerner les spécificités des conjugalités entre personnes de même sexe. L’intérêt de telles enquêtes tient aussi à la taille de leurs échantillons, sans commune mesure avec celles des enquêtes de recherche qui portent sur quelques milliers ou dizaines de milliers de personnes. Les analyses faites à partir des personnes en couples permettent aussi d’aborder des thématiques qui ne peuvent l’être par les enquêtes de taille plus modeste. Par exemple, l’enquête Famille et logements rend compte de spécificités dans les positions sociales : les activités professionnelles des personnes en couple de même sexe sont moins genrées que celles des personnes en couple de sexe différent (Rault, 2017). Centrée sur la thématique des logements et des lieux de vie et comprenant des questions relatives aux origines sociales des individus (approchées par la profession de leurs parents), la dernière enquête Famille (2011), a révélé des spécificités dans les parcours sociaux et résidentiels des personnes en couple de même sexe. Elles ont connu des mobilités sociales et géographiques plus marquées que les personnes en couple de sexe différent et vivent plus souvent à distance de leurs parents, surtout les hommes (Rault, 2016). On retrouve aussi des disparités qui valent pour les femmes et les hommes en général : la proximité de la parentèle est plus fréquente pour les femmes que pour les hommes. Enfin, elles vivent plus souvent dans les grandes agglomérations, notamment en région parisienne. Ces données nouvelles servent aussi à mettre en miroir les caractéristiques des deux membres du couple. Les couples de même sexe connaissent, par exemple, une plus grande différence d’âge (Buisson et Lapinte, 2013 ; Meslay, 2019).

30Ces sources récentes apportent également des éléments sur les formes d’union dans un contexte postérieur à l’ouverture du mariage aux couples de même sexe. Les trois cinquièmes des 133 000 couples de même sexe cohabitants recensés en 2018, ont opté pour un cadre légal. Les marié·es sont légèrement plus nombreux·ses que les pacsé·es, mais depuis 2017, le nombre annuel de Pacs13 entre personnes de même sexe est supérieur au nombre de mariages, traduisant un rapport à la conjugalité et à son encadrement légal distincts de celui des couples de sexe différent14. Ces améliorations portées au recensement ne sont toutefois pas sans limites. L’enquête est strictement transversale et ne renseigne que sur la situation actuelle des individus en couple cohabitant. Son questionnement reconduit des catégories dont s’étaient plus ou moins affranchies les enquêtes de recherche grâce à des définitions plus larges de la relation conjugale.

Conclusion : quelles perspectives pour approfondir l’étude des couples de même sexe ?

31Au-delà des contributions importantes que représentent ces nouvelles sources pour l’étude d’une sociodémographie des couples de même sexe, leur apport réside également dans les perspectives d’analyses longitudinales qu’elles offriront. Une rapide comparaison des résultats des enquêtes annuelles de recensement de 2019 et 2020 avec ceux de l’enquête Famille et logements de 2011 fait, par exemple, apparaître un recul des spécificités dans les profils sociodémographiques des personnes en couples de même sexe. Réduction des écarts dans les parcours scolaires, rapprochement de la répartition géographique dans le sens d’un rééquilibrage entre l’Île-de-France et en particulier Paris et la plupart des autres régions, mobilités géographiques moins marquées : le contexte de visibilité et de reconnaissance sociales de l’homosexualité qui est à l’œuvre contribue à la réduction des spécificités, même si certaines, liées à probablement liées à l’appartenance à un groupe minoritaire, demeurent.

32D’autres dimensions encore peu étudiées en France pourront être approfondies : en particulier le fait d’être en couple non cohabitant, l’hétérogamie et l’écart d’âge entre conjoint·es qui sont plus marqués dans les couples de même sexe, notamment les couples d’hommes, les activités professionnelles ou encore la parentalité, qui est nettement plus fréquente en 2020 qu’en 2011. Le repérage de ces spécificités sera possible grâce à des grandes opérations de collectes comme le recensement ou les enquêtes Famille qui lui sont associées. En revanche, une profondeur sociologique ne pourra être obtenue qu’à partir d’enquêtes thématiques plus spécialisées qui permettent des questionnements plus détaillés, ou des enquêtes biographiques qui pourraient par ailleurs permettre de mieux saisir les trajectoires dans leur diversité, notamment celles des personnes bisexuelles, largement invisibilisées dans les données transversales. Ou grâce à l’usage de données massives dont les apports complètent utilement les données d’enquêtes, en particulier pour étudier la rencontre de partenaires sexuel·les et conjugaux (Bergström, 2018)

33Enfin, à l’heure où plusieurs instituts de statistiques nationaux ont mis en œuvre des catégories de genre qui permettent de sortir d’une binarité de sexe stricte (Australie, Canada, ainsi que l’Angleterre et Pays de Galles où une question sur l’orientation sexuelle explicite a également été posée dans le recensement de 2021), les futures sources représentent une occasion d’adopter des catégorisations plus inclusives.