Introduction

1L’analyse de l’espace dans lequel s’organisent les relations de parenté renseigne de manière pertinente sur le fonctionnement de la famille contemporaine. Proximité et distance géographique ne recoupent pas nécessairement proximité et distance affective, solidarité et entraide. Néanmoins, les données récentes confirment l’étonnante proximité résidentielle qui existe en France entre les parents et leurs enfants adultes d’une part et entre les personnes de plus de 50 ans et leurs propres parents âgés d’autre part (Bonvalet et Lelièvre, 2012). Pour la première fois, nous disposons d’une source abondante sur un échantillon national : l’enquête Famille et logements (EFL, Insee, 2011) qui permet d’étudier l’implantation des familles sur 3 générations, par le biais de questions sur la localisation des parents et des enfants qui ont quitté le domicile, ainsi que sur les logements fréquentés régulièrement par les individus (Imbert et al., 2014). L’objectif de ce chapitre est donc de proposer une description éclairée de la répartition spatiale des familles selon leur structure et de dénombrer et caractériser les familles qui fonctionnent à distance, à partir d’un échantillon représentatif au niveau national.

2Afin d’étudier les familles et de les décrire, on utilise communément la catégorie de ménage, qui rassemble les individus qui partagent une même résidence. Elle constitue le groupe clé de la statistique publique, à partir de laquelle les familles et leur rapport au logement sont le plus souvent décrits (Trabut et al., 2015 ; Coast et al., 2016). Mais identifié à partir du ménage, le groupe familial est souvent restreint. En adoptant une perspective critique de la vision nucléaire et corésidente de la famille qui s’était largement imposée depuis les années 1950, des enquêtes ad hoc ont peu à peu exploré l’existence et les fonctions du réseau familial en termes de solidarités exprimées au-delà du ménage dans les pays européens (Bonvalet et Ogg, 2007 ; Widmer et Jallinoja, 2008 ; Bonvalet et Lelièvre, 2012). Une telle approche, plus anciennement adoptée dans le contexte des migrations internationales, prévaut dans la conceptualisation des systèmes résidentiels familiaux (Dureau, 2002) et/ou des familles transnationales, ainsi que d’autres chapitres de cet ouvrage en témoignent1.

3Croiser configurations familiales et territoire nécessite des informations décrivant à la fois les liens familiaux, la localisation des membres de la famille et, dans la mesure du possible, les usages de l’espace. L’enquête EFL, collectée sur un échantillon représentatif de la population de France métropolitaine de 359 695 personnes de plus de 18 ans, associée à l’enquête annuelle de recensement, permet de disposer d’un nombre important de lieux pour chaque enquêté.e et les membres de sa famille2. En plus de la résidence de l’enquêté.e et de son lieu d’activité, les données renseignent sur les lieux de résidence de ses enfants et de ses parents et, pour les personnes qui vivent avec l’enquêté, sur leur lieu d’activité ou de scolarité.

4L’implantation spatiale d’une famille – dont on recueille les informations sur 3 générations au maximum (parents et enfants des enquêté.e.s) – varie non seulement selon sa taille, qui multiplie les localisations possibles, mais également selon l’âge des enquêté.e.s, qui conditionne leur mobilité, leurs activités et l’évolution de leur famille. L’enquête EFL est en effet collectée auprès d’un échantillon d’adultes qui selon leur âge sont encore en études et vivent chez leurs parents, puis s’insèrent sur le marché de l’emploi, décohabitent, se mettent en couple, ont à leur tour des enfants, se séparent, etc.

5Au fil de ces transformations, peut-on repérer des régularités dans leur prise de distance géographique par rapport aux générations qui les encadrent (leurs parents, leurs enfants) ? Ces proximités et distances varient-elles selon les milieux sociaux ? Plus généralement, quelle est la proportion de familles qui fonctionnent à distance dans la population française ? À quels âges et avec quelles caractéristiques ?

6Nous procéderons initialement à une description des liens des enquêté.e.s avec les générations encadrantes en tenant compte de leur statut de couple et d’activité afin d’identifier les configurations familiales associées. Nous présenterons ensuite des mesures susceptibles de décrire les territoires fonctionnels des familles des enquêté.e.s en termes de forme et de dispersion. Enfin, nous caractériserons de façon détaillée les espaces de la configuration familiale majoritaire en utilisant les mesures proposées, dont nous discuterons les apports et les limitations.

I. Définir les configurations familiales

1. À la recherche de configurations familiales discriminantes

7L’examen des informations pertinentes pour l’étude du territoire des familles nous amène à procéder progressivement, en combinant pas à pas les données collectées par l’enquêteEFL. La sélection des critères successifs est faite selon le double objectif (1) d’identifier des configurations familiales pertinentes du point de vue des liens pris en compte (filiation et conjugalité) et (2) de s’adosser au concept d’espace de vie proposé en démographie par Daniel Courgeau, qui préconise d’inclure l’ensemble des lieux avec lesquels l’individu a des liens, parmi lesquels les lieux qu’il fréquente pour ses activités (1988).

8L’enquêteEFL demande aux enquêté.e.s, âgé.e.s de 18 à 103 ans, de décrire la famille composée de leurs parents, leur conjoint.e (ou ex-conjoint.e) et leurs enfants, indépendamment du fait de résider ensemble ou non. Dans ces conditions, le contour de la famille varie fortement selon que les parents du répondant sont en vie et qu’il a ou non des enfants : la majorité des familles décrites (52 %) sont constituées de 2 générations qui rassemblent les enquêté.e.s sans enfant ayant au moins 1 parent en vie et ceux qui ont des enfants mais dont les parents sont décédés ; 43 % des familles des enquêté.e.s comprennent 3 générations (au moins 1 parent de l’enquêté.e vivant et au moins 1 enfant) ; et seuls un peu moins de 5 % des enquêté.e.s sont sans parent ni enfant. Cette typologie des structures familiales se calque sur les âges de la vie : le plus petit groupe d’enquêté.e.s comprend 1 seule génération ce sont les plus âgé.e.s dont les parents sont décédés et qui n’ont pas d’enfants ; les plus jeunes enquêté.e.s qui ne sont pas encore parents forment le groupe des familles à 2 générations avec les plus âgés (orphelins du fait du décès de leurs propres parents) mais qui ont des enfants ; les enquêté.e.s d’âges intermédiaires se retrouvent piliers des familles de 3 générations. Ce premier élément de description très élémentaire ne rend pas compte du fait que les enquêté.e.s sont également parfois en couple, un élément structurant du fonctionnement familial qu’il est nécessaire d’introduire (Imbert et Lelièvre, 2013).

9Les données de l’enquête EFL complétées par les informations du bulletin individuel du recensement de la population contiennent, outre les lieux de résidence de la parenté, d’autres lieux fréquentés, en particulier le lieu de travail ou d’études des enquêté.e.s. Afin de se rapprocher de la définition de l’espace de vie des personnes (Courgeau, 1988) et d’utiliser l’ensemble des informations disponibles, nous avons combiné le nombre de générations de la famille du répondant (soit l’information sur ses parents et ses enfants), le fait d’être en couple3 et le fait d’avoir un emploi ou de faire des études (regroupé sous le terme d’actif4). Nous obtenons ainsi, en tirant parti des informations recueillies, une gamme détaillée de configurations familiales adaptée à l’étude de leur territoire.

2. Les configurations familiales fonctionnelles retenues

10Examinons à présent la répartition des configurations obtenues en combinant la situation de couple, l’activité de l’enquêté.e, la présence d’au moins 1 de ses parents et la présence d’au moins 1 de ses enfants. Pour des raisons de lisibilité, nous avons introduit une codification de ces configurations en 4 positions nommée « codage CAPE » (Couple-Activité-Parents-Enfants). On obtient ainsi 16 configurations différentes possibles, chaque individu se voyant attribuer un code en 4 postes selon la présence des différentes caractéristiques.

Figure 1. Répartition des différentes configurations familiales dans l’ensemble la population (effectifs pondérés)

11La figure 1 présente la répartition des différentes configurations sur l’ensemble de la population française métropolitaine. Les quatre premières configurations fonctionnelles rassemblent plus de la moitié de la population française métropolitaine (56,6 %) : la configuration majoritaire (près d’un quart de la population) correspond à des familles à 3 générations (parents, répondant.e, enfants) de répondant.e.s actifs vivant en couple (CAPE) ; viennent ensuite les répondants inactifs en couple ayant des enfants (C..E), puis les actifs sans enfant, en couple ou non, qui ont encore leurs parents (.AP. et CAP.). L’introduction du critère d’activité – qui répond à une préoccupation d’ordre théorique (se rapprocher des définitions existantes de l’espace de vie) – nous permet donc de distinguer au sein des configurations familiales à 2 générations ceux qui n’ont pas d’enfants et ceux qui n’ont plus de parents vivants. Examinons à présent la composition de ces types de famille par sexe et âge des répondant.e.s.

3. Des configurations sexuées correspondant à des étapes de la vie familiale

12La répartition par sexe de ces configurations fonctionnelles (figure 2) par rapport à la distribution nationale de l’échantillon, qui se répartit en 48 % d’enquêtés hommes et 52 % de femmes, fait apparaître des écarts qui précisent la nature des configurations familiales.

13Certaines configurations s’avèrent plutôt féminines, comme celles des femmes seules avec enfant(s) (…E + ..PE + .A.E + .APE), qui regroupent 12,3 % des configurations. D’autres configurations sont plus masculines : celles des adultes seuls sans enfant (..P. + .A.. + .AP.), qui regroupent 16,6 % des configurations. Quant aux 3 configurations les plus fréquentes (CAPE, CAP., C..E), leur répartition par sexe du répondant ne révèle pas de spécificité, les enquêté.e.s qui les renseignent étant des hommes et des femmes en proportions équivalentes à celles de l’ensemble de la population.

Figure 2. Proportion des sexes dans les configurations familiales

14La distribution des âges des répondant.e.s de chacune des configurations familiales précise encore les choses. L’observation de la seule moyenne ou médiane, bien que donnant quelques indices, masque l’hétérogénéité des types familiaux observés. Nous avons donc ajouté à cette description les âges minimaux, maximaux et les quartiles de la distribution. Les boîtes à moustaches permettent de synthétiser avantageusement ces informations sur un même graphique (figure 3).

Figure 3. Distribution des âges selon la configuration familiale (« boîtes à moustache »)

15La configuration majoritaire à 3 générations (un quart de la population adulte) sont les familles des enquêté.e.s CAPE (en couple actif ou en études avec au moins 1 enfant et au moins 1 parent vivant). Ceux-ci ont 42 ans en moyenne et les trois quarts ont plus de 35 ans. Parmi les enquêté.e.s dont les familles comportent 2 générations, les enquêté.e.s en couple avec enfant et sans parent (C..E) ont en moyenne plus de 67 ans, tandis que les actifs non en couple, ayant des parents en vie mais pas d’enfants (.AP.), ont en moyenne moins de 23 ans – ceux qui sont en couple étant juste un peu plus âgés (CAP.). De façon assez marquée, les 4 groupes les plus nombreux décrivent les configurations familiales d’enquêté.e.s en pleine constitution de la famille, puis des plus âgé.e.s inactifs avec des enfants adultes et enfin des plus jeunes n’ayant pas encore commencé de constituer leur propre famille.

16Les configurations plus féminines sont également celles des plus âgées – 76 ans d’âge médian pour les femmes qui forment 80 % du type …E : inactive seule avec enfant(s) mais sans parent vivant –, ce qui résulte des disparités de genre en termes d’espérance de vie. A contrario, les configurations de type ..P., celles des inactifs sans enfant avec au moins 1 parent vivant, sont plus masculines ; elles comptent 63 % d’hommes dont l’âge médian est de 28 ans. On peut supposer à ce stade, pour cette configuration qui regroupe peu d’enquêté.e.s (3,1 % de l’échantillon total), qu’il s’agit d’hommes jeunes sans encore d’emploi et d’hommes plus âgés faisant face à des difficultés économiques (sans activité), à la suite d’une séparation par exemple.

4. Les territoires des configurations familiales

17Une fois ces configurations identifiées sur des critères de liens intergénérationnels, conjugaux et d’activité de l’enquêté, il reste à notre disposition pour décrire le territoire de ces configurations : le lieu de résidence de l’enquêté.e ; le(s) lieu(x) de résidence des enfants ; le(s) lieu(x) de résidence des parents s’ils sont vivants ; le lieu de travail ou d’études d’Ego  ; on peut y adjoindre le lieu de travail ou d’études du conjoint et une éventuelle deuxième résidence habituellement fréquentée.

18Ainsi, pour le type CAPE, le territoire est formé du lieu de résidence de l’enquêté.e, de son lieu d’activité (et possiblement du lieu d’activité du conjoint), du lieu de résidence des parents (deux lieux, s’ils sont séparés), et des n lieux de résidence des enfants non corésidents (n ≤ N, nombre total d’enfants). Une telle configuration peut donc rassembler un nombre variable de lieux. Le plus petit territoire CAPE s’étend sur 2 lieux seulement – par exemple, la résidence de l’enquêté.e et son lieu d’activité, si son conjoint est inactif et sa mère et ses enfants sont corésidents). Il peut s’étendre jusqu’à 5 + N lieux différents – soient la résidence de l’enquêté.e, les lieux d’activités des 2 membres du couple, les lieux de résidence différents de ses deux parents séparés, ainsi que N lieux de résidence des enfants. Un exemple d’implantation territoriale en 6 lieux d’une configuration de type CAPE est présenté en figure 4.

Figure 4. Exemple d’un territoire d’une configuration de type CAPE (6 lieux)

II. Mesurer les espaces de vie

1. Mesurer les proximités dans un espace de vie

19On cherche à mesurer ici l’éloignement plus ou moins grand entre les lieux de l’espace de vie tel que précédemment défini. Par construction – dérivée de la nature de l’observation que l’on utilise, à savoir une enquête auprès d’un interlocuteur qui décrit sa famille –, l’espace des configurations familiales fonctionnelles a pour localisation de référence le lieu de résidence de l’enquêté.e (pour un rappel de différentes définitions de l’espace de référence des individus, voir Lelièvre et Robette, 2010). Calculer une distance entre 2 lieux impose de choisir une métrique particulière. La métrique euclidienne (distance à « vol d’oiseau ») n’est pas forcément la plus pertinente, puisque 2 lieux proches au sens euclidien peuvent être mal reliés par les infrastructures de transport, et donc en pratique éloignés. Inversement, 2 lieux reliés par une ligne de train à grande vitesse peuvent être situés à plus d’une centaine de kilomètres l’un de l’autre et être considérés comme plus proches que 2 villages ruraux isolés situés à 30 km dans une région montagneuse. Une métrique temporelle pourrait rendre compte des distances perçues par les individus, mais l’information est difficile à recueillir. Quoi qu’il en soit, ces distances ont toutes des valeurs continues qui peuvent être grandes, si bien que les quantités calculées à partir d’elles sont très sensibles aux valeurs extrêmes. Comparer 2 espaces de vie peut devenir délicat si l’un des espaces contient un lieu à Paris et l’autre à Tokyo, puisque la distance entre ces 2 villes risque de masquer l’information concernant les distances plus réduites entre les autres lieux de l’espace de vie.

20Ne disposant de toute façon pas de coordonnées géolocalisées5, il nous faut envisager une alternative fondée sur une mesure discontinue de la proximité entre 2 lieux. Les données de localisation disponibles dans l’enquête EFL correspondent au découpage administratif du territoire français, puisqu’elles situent 2 lieux dans une grille selon qu’ils appartiennent à la même commune, au même département, à la même région ou à une autre région. Pour affiner ce critère administratif, l’indication du voisinage direct entre les localités – communes limitrophes, départements limitrophes, régions limitrophes – y est ajoutée. On base le calcul des distances entre les lieux sur cette mesure de proximité qui prend des valeurs discrètes et ordonnées : les dyades de contiguïté entre 2 lieux (encadré). Si 2 lieux sont dans la même commune, la dyade de contiguïté entre ces 2 lieux aura une valeur faible. Elle aura une valeur forte si les 2 lieux sont situés dans 2 régions administratives différentes. En d’autres termes, la valeur de la dyade augmente avec l’éloignement. On perd en précision par rapport aux métriques cardinales et les valeurs prises par cette mesure de proximité peuvent être discutables, mais elle permet de comparer les territoires entre eux et, surtout, n’accorde pas de poids exorbitant aux lieux très éloignés.

21Une autre limitation de nos données réside dans le fait que le calcul de cette mesure est égocentré, c’est-à-dire que l’on dispose uniquement de la proximité des lieux par rapport au lieu de résidence de l’enquêté.e. Ainsi, on connaît la proximité entre le lieu de résidence de l’enquêté.e et ceux de ses enfants, mais pas la proximité entre les lieux de résidence de ses enfants ; on est donc contraint de déduire et d’imputer les mesures de proximité entre une partie des lieux de l’espace de la famille.

22Le territoire des configurations familiales telles que nous les avons définies comprend un certain nombre de caractéristiques : sa dimension, son étendue géographique, sa composition, sa forme, le regroupement des lieux formant des pôles dans l’espace. Pour rendre compte de son étendue géographique et de sa forme, il est nécessaire d’établir des mesures qui caractérisent la dispersion globale de l’espace et le positionnement des lieux les uns par rapport aux autres. Nous allons les présenter dans la section suivante, en nous inspirant des propositions de Lelièvre et Robette (2010).

2. La dispersion des configurations familiales

23Pour comparer des espaces de tailles différentes, une première mesure utile est la dispersion de chaque territoire, calculée par son étendue rapportée à sa dimension (ici, le nombre de lieux pris en compte). Puisqu’on ne peut pas mesurer son étendue à partir des distances euclidiennes entre les lieux, on fera la somme des dyades de contiguïté entre le lieu de résidence de l’enquêté.e et les autres lieux de la configuration. Rapporté à la dimension de l’espace, cet indice de dispersion correspond à la proximité moyenne entre le lieu de résidence et les autres lieux de l’espace.

24On note :

• d(i, j) la proximité entre les lieux i et j,
• E l’ensemble des n lieux de la configuration,
• R le lieu de résidence de l’individu,
• x_l un individu résidant ou fréquentant le lieu l,
• n_l le nombre d’individus au lieu l.

25On obtient :

26Puisque la proximité est la même pour tous les individus résidant dans un même lieu, on peut écrire la dispersion comme la moyenne pondérée des distances résidence-lieu :

27L’inverse de la dispersion correspond à la dimension de l’espace divisée par son étendue, assimilable à un nombre de lieux par unité de surface, donc à une densité.

28Plus la dispersion est grande, moins l’espace est dense, et vice versa.

29La distribution des dispersions pour les configurations familiales définies précédemment (figure 5) n’est pas réellement discriminante (la plupart des indices sont compris entre 2,3 et 3,2) et s’avère donc ici sans grand intérêt. Cela résulte des limites de nos données, dont les lieux ne peuvent à ce stade être identifiés selon leurs coordonnées mais seulement selon leur proximité au lieu de résidence de l’enquêté.e. Elle révèle néanmoins 2 configurations très typées du point de vue de la structure familiale, avec un indice de dispersion moyen particulièrement bas : les individus sans activité, sans enfant et dont les parents sont décédés (plutôt des hommes âgés). Selon qu’ils sont ou en couple ou non, l’indice de dispersion est respectivement de 0,14 et 1,29. Les espaces de vie de ces individus sont en effet très réduits (pour ceux qui ne sont pas en couple, le seul autre lieu possible en dehors du domicile est la 2^e résidence habituellement fréquentée).

Figure 5. Proximités et indice de dispersion moyens par configuration familiale

30La figure 5 présente également, pour chaque configuration, la répartition moyenne des lieux de l’espace de vie par mesure de proximité. Cette répartition est calculée comme suit : pour chaque type de proximité (cohabitant, même commune, communes limitrophes, même département, etc.), le nombre de lieux/individu est rapporté à la dimension de l’espace (résidence d’Ego exclue). Cela fournit une répartition proportionnelle des lieux de l’espace par type de proximité. Par exemple, pour une famille formée d’une mère active et de son enfant (type .A.E) dont l’enfant est corésident et le lieu travail est situé dans le même département que la résidence, le territoire est constitué à 50 % de corésidence et il s’étend à 50 % dans le même département.

31À indice de dispersion supérieur à 2, les configurations d’individus en couple avec enfants sont les moins dispersées, avec en moyenne 40 % des localisations au lieu de résidence d’Ego. Les individus actifs et ayant au moins 1 parent en vie ont quant à eux les territoires les plus vastes (dans 3 configurations sur 4, l’indice de dispersion est supérieur à 3,2, et elles se déploient pour les deux tiers en dehors du domicile des enquêté.e.s).

32L’indice de dispersion et surtout le calcul du nombre de lieux situés à chaque échelle de proximité permettent d’analyser la dispersion globale de l’espace, mais pas d’avoir une idée de la forme de ce territoire en termes de concentration des lieux par exemple.

3. Caractériser la forme des configurations familiales : les pôles

33Afin de distinguer le positionnement des lieux les uns par rapport aux autres, nous reprenons la proposition de Lelièvre et Robette (2005), qui distinguent dans chaque configuration des concentrations de lieux appelées pôles. La mise au jour des pôles de l’espace de vie consiste à grouper les lieux en classes selon un double critère de distance : les lieux d’une même classe doivent être proches les uns des autres, mais éloignés des lieux d’autres classes.

34La méthode proposée pour repérer des classes de lieux selon leur dispersion géographique est de faire usage d’une classification ascendante hiérarchique (CAH) sur la matrice des distances calculées à partir des coordonnées géographiques des lieux qui composent l’espace de vie des enquêté.e.s. Cette classification est entreprise pour chacun des espaces individuels (ici des configurations familiales des répondants) – soit 360 000 fois sur cet échantillon. Elle va déterminer les groupements possibles selon un critère de distance relative des lieux par rapport à la dispersion d’ensemble. La matrice est habituellement calculée à partir des distances euclidiennes entre les lieux ; mais, rappelons-le, nous ne disposons pas ici des coordonnées géographiques des différentes localisations, et les dyades de contiguïté sont égocentrées (encadré). Une partie des proximités entre lieux peut néanmoins être déduite – puisque l’on dispose des dyades de proximité entre la résidence d’Ego et tous les lieux, on peut en déduire les proximités entre les corésidents de l’enquêté.e et les autres lieux – ; d’autres doivent être inférées en l’absence de dyades6.

35Une fois la classification effectuée, pour identifier les classes qui constituent des pôles, on doit adapter les deux critères de définition à l’information disponible : (1) la distance du centre géographique de la classe avec le lieu de résidence du répondant doit être suffisamment grande pour ne pas se situer dans son environnement proche et (2) la classe doit contenir un certain nombre de lieux/individus. Pour la première application que nous allons faire de ces mesures et compte tenu des informations disponibles, un pôle sera constitué d’une classe qui ne contient pas le lieu de résidence de l’enquêté.e et qui regroupe au moins 2 lieux constitutifs du territoire de la famille (voir l’application ci-dessous, III).

36Au-delà des enjeux de mesure, ces analyses soulèvent également le défi de la représentation des résultats. Nous n’avons mis en image qu’un exemple particulier (figure 4). Néanmoins, d’autres représentations de ces territoires doivent être tentées, et nos collègues géographes proposent une représentation sous forme d’ellipses dans le chapitre 9 de cet ouvrage.

37Ayant identifié différents types de configuration familiale ainsi que des mesures de proximité qui permettent de déterminer la dispersion des territoires et la présence de pôles de concentration, nous allons appliquer ces principes à l’échantillon des familles repérées par l’enquête EFL.

III. Application : Les espaces de vie des individus CAPE

38Comme nous l’avons vu en première partie de ce chapitre, la grande diversité des configurations oblige à réduire l’hétérogénéité des objets étudiés pour donner du sens à cette première exploration. Cela complique en effet la démarche si l’on entreprend d’analyser conjointement le territoire des hommes âgés sans enfant, des enquêté.e.s pivots d’une famille à 3 générations et des jeunes mères célibataires. En conséquence, afin de disposer d’une population d’étude suffisamment nombreuse, relativement homogène et ayant des espaces de vie convenablement fournis, nous proposons ici d’appliquer les principes de mesure et de description de l’implantation territoriale des familles au groupe des configurations familiales majoritaires CAPE à 3 générations : celles des individus en couple (corésidents), actif(s), ayant au moins 1 parent en vie et des enfants.

39Leur part dans la population française des plus de 18 ans est de 24 % (figure 1) et leur effectif dans l’échantillon de l’enquête EFL est de 85 000 individus. Le ratio femmes/hommes est plutôt équilibré (figure 2), et cette sous-population est parmi les plus homogènes en termes d’âge (figures 3) : 50 % d’entre eux ont entre 35 et 49 ans. Par définition, les espaces de vie de ces individus comptent au moins 4 lieux : le lieu de résidence d’Ego et de son conjoint.e, le lieu d’activité d’Ego, au moins un lieu de résidence pour les parents et au moins un lieu de résidence pour les enfants, ces deux derniers pouvant être confondus avec le domicile d’Ego. À ces lieux peuvent s’ajouter un lieu d’activité du conjoint, une deuxième résidence habituellement fréquentée par Ego, un second lieu pour les parents et autant de lieux qu’Ego a d’enfants vivant hors du domicile parental. Le tableau 1 donne la répartition des dimensions des configurations familiales de ces individus. 70 % d’entre eux ont un territoire contenant 6 ou 7 lieux et plus de 9 individus sur 10 font partie d’une famille qui compte 4 à 8 lieux/individus dans son espace de vie.

Tableau 1. Répartition des dimensions du territoire familial des individus CAPE

1. Établir une typologie des configurations selon leur dispersion

40Bien que la population soit relativement homogène, la répartition interne des lieux au sein des configurations est variée. L’indice de dispersion (2,66 en moyenne pour le type CAPE) ne produit pas avec nos données une information suffisamment précise pour effectuer une typologie fine. Nous avons donc utilisé la répartition des parts de lieux de l’espace par échelle de proximité construite précédemment (figure 5).

41Chaque configuration familiale a initialement été caractérisée par sa distribution des parts de lieux situées à chaque échelle de proximité. Puis, une typologie a été bâtie en effectuant une CAH sur les parts par échelle de proximité. Les classes ainsi obtenues correspondent à des degrés croissants de dispersion. Nous nous sommes arrêtés à une partition des individus en 5 classes. L’inertie interclasse représente 56 % de l’inertie totale, ce qui n’est pas particulièrement satisfaisant7, mais permet de conserver un nombre réduit de classes qui font sens.

42Le tableau 2 présente les différents types d’espace obtenus pour chaque classe, ordonnés selon leur dispersion. Y sont représentées les parts moyennes d’espace par échelle de proximité pour chaque classe et l’indice de dispersion moyen des configurations de la classe. L’ordre présenté va de pair avec une augmentation de l’indice de dispersion : ainsi les espaces intracommunaux ont une dispersion moyenne inférieure aux espaces départementaux. Plus on compte de lieux de l’espace éloignés de la résidence d’Ego, plus l’éloignement moyen (égal à l’indice de dispersion) entre celle-ci et les autres lieux de l’espace augmente.

43Deux grands ensembles se distinguent : les configurations dont le territoire se déploie dans un périmètre qui s’étend au maximum au(x) département(s) limitrophe(s) de la résidence de l’enquêté.e, soit au total 69,5 % des territoires familiaux, et celles qui s’étendent sur des distances plus importantes (30,5 %) regroupant des lieux au-delà des frontières régionales et même nationales.

44Dans le premier groupe, on trouve un tiers des espaces familiaux qui se déploient dans les limites départementales avec des territoires à 38 % concentrés au lieu de résidence d’Ego et 50 % dans le même département ou limitrophe. À cette classe s’ajoutent les espaces beaucoup plus réduits (intracommunaux et communes limitrophes).

45Le deuxième ensemble regroupe 2 classes (espaces nationaux et mixtes), aux espaces beaucoup plus vastes. Il s’agit des territoires familiaux dont plus de 30 % s’étendent dans une région différente de celle de la résidence de l’enquêté.e, et d’une classe (peu fournie, 12,6 %) au profil mixte où on ne décèle pas de proximité privilégiée mais où les configurations comptent à la fois davantage d’individus corésidents et plus de lieux à l’étranger (12 % de lieux situés à l’étranger versus environ 1 % dans toutes les autres classes)⁸. On est ainsi en présence, pour 30,5 % des actifs métropolitains en couple avec des enfants (et au moins 1 parent vivant), de familles qui fonctionnent à distance.

46On constate par ailleurs que dans toutes les classes, la part moyenne d’espace de vie située dans la même région que la résidence d’Ego mais au-delà des départements limitrophes est particulièrement faible (moins de 1 % dans les 3 premières, moins de 5 % dans les 2 dernières). Cette discontinuité au degré de proximité « même région » joue un rôle de seuil qui distingue les lieux proches des lieux éloignés.

Tableau 2. Description des classes obtenues après une CAH sur les parts d’espace

2. Caractériser les espaces de vie

47Une analyse de la répartition des caractéristiques sociodémographiques des enquêté.e.s dont les configurations familiales forment les classes montre peu de structures saillantes (tableau 3). Seuls la localisation de la résidence d’Ego et son groupe socioprofessionnel distinguent les différentes classes de territoires familiaux.

Tableau 3. Caractéristiques sociodémographiques des classes de configurations CAPE (issues d’une CAH sur les parts d’espace)

Tableau 3. suite

48La part importante des configurations dont le territoire est le plus petit, majoritairement circonscrit à une même commune (22,3 %), correspond à la fois aux plus grandes agglomérations et au monde rural. Les configurations réparties au sein d’un même département (la classe la plus fréquente) sont principalement celles d’individus résidant dans des agglomérations de moins de 10 000 habitants ou en zone rurale (57 %). A contrario, les configurations mixtes (les moins fréquentes) dont les territoires s’étendent à l’international sont celles d’enquêté.e.s de la région parisienne et des grandes villes (59 %) où résident la plupart des personnes immigrées.

49Deux types de configuration (celles qui sont restreintes aux espaces intercommunaux ou mixtes) rassemblent plus de la moitié des enquêté.e.s des classes populaires (ouvriers et employés), alors que les cadres et les professions intermédiaires sont surreprésentés (60 %) dans la classe des configurations dispersées sur l’ensemble du territoire national.

50Les familles qui fonctionnent à distance sont donc celles des personnes immigrées appartenant aux classes populaires ainsi que celles des cadres et des professions intermédiaires, toutes implantées dans les grandes agglomérations.

3. Les pôles « parents » et « travail »

51Appliquons à présent les critères de regroupement des différents lieux de l’espace de la famille afin de voir comment s’effectue la concentration de certains d’entre eux. Pour éviter un temps de traitement informatique trop long, nous avons sélectionné les enquêté.e.s CAPE âgés de 30 à 38 ans et dont la durée de vie en couple est de 9 à 13 ans9. À l’issue de la classification sur la matrice de distances, nous avons retenu une partition contenant un nombre de classes raisonnable et permettant d’avoir une inertie interclasses supérieure à 60 %. Compte tenu de la taille réduite des espaces de vie, nous avons identifié comme pôle toute classe comprenant au moins 2 lieux, à l’exception de celle contenant le lieu de résidence d’Ego.

52Avec les critères retenus, 86 % des individus ont au moins 1 pôle dans leur espace, et la majorité de leurs configurations familiales ne comptent qu’un seul pôle (75 %). Si le critère d’identification des pôles était de compter au moins 3 lieux, seulement 44 % des individus auraient au moins 1 pôle dans leur espace. Par ailleurs, 80 % des pôles ne comptent que 2 ou 3 lieux et moins de 1 % 5 lieux ou plus.

53Du point de vue de leur composition, certains lieux ont par construction plus de chances d’apparaître dans des pôles. Ainsi, lorsque les 2 parents sont en vie, 69 % d’entre eux vivent ensemble ou à peu de distance, si bien que pour peu qu’ils vivent éloignés du lieu de résidence d’Ego, ils vont constituer un pôle. De fait, les lieux de résidence des parents constituent souvent un pôle ou en font partie avec la 2^e résidence habituellement fréquentée par la famille. De même, les lieux de travail respectifs d’Ego et de son conjoint forment souvent un pôle dans l’espace fonctionnel de la famille. Dans les espaces des configurations familiales se distinguent donc des pôles « résidence de la mère et résidence du père » et « travail d’Ego et de son conjoint ».

54La poursuite de ces analyses ne sera fructueuse qu’à partir des matrices de distances construites sur la base de l’information collectée – les localisations réelles et non plus seulement des dyades égocentrées et des distances imputées –, moyennant aussi d’optimiser les calculs pour ne pas être contraint par la taille de l’échantillon.

Conclusion

55L’enquête Famille et logements procure une information riche sur les localisations des membres de la famille immédiate et de leurs activités et fournit un échantillon représentatif de grande taille. C’est donc à partir de ce fichier abondant que nous avons entrepris la description du territoire des configurations familiales des enquêté.e.s de plus de 18 ans vivant en France métropolitaine, avec pour objectif : (1) de proposer des mesures des différentes dimensions de cet espace de vie, (2) d’estimer la proportion des familles qui fonctionnent à distance et (3) de faire une première description de ces configurations et de leur fonctionnement spatial. L’enquête EFL, qui décrit la structure familiale de la population française non nécessairement réduite aux corésidents du logement (Trabut et al., 2016), permet en effet de suivre la famille des enquêté.e.s sur 3 générations et d’appréhender son implantation territoriale, grâce à la localisation des résidences des membres de la famille et des lieux d’activité des membres du couple.

56En croisant ces informations, à savoir le nombre de générations, les liens conjugaux et l’activité des enquêté.e.s, 3 configurations fonctionnelles rassemblent plus de la moitié des enquêté.e.s en France métropolitaine :

• les familles à 3 générations des répondants actifs en couple ;
• les familles à 2 générations des inactifs avec leurs enfants ;
• les familles à 2 générations des actifs en couple ou non avec leurs parents.

57Autrement dit, en prenant en compte les âges des enquêté.e.s, plus de la moitié de la population adulte se compose de la façon suivante :

• le groupe des jeunes actifs en couple ou non n’ayant pas encore d’enfant, qui ont en moyenne 23 ans ;
• les enquêté.e.s actifs en couple, dont l’âge moyen est de 42 ans, ayant des enfants et leurs parents ;
• enfin, les retraités, dont l’âge moyen est de 67 ans, ayant des enfants adultes.

58Afin de décrire et de mesurer le territoire de ces familles, deux mesures des espaces familiaux ainsi définis ont été présentées. Elles rendent compte de la dispersion des territoires familiaux et de leur polarisation. Ces mesures reposent sur des distances qui, dans les données de l’enquête EFL, doivent être estimées à partir de la proximité des localisations et autorisent à dégager des classes d’espaces familiaux basées sur la répartition des lieux par proximité. Ainsi, les territoires des familles des enquêté.e.s apparaissent repliés au sein d’un département ou bien déployés jusqu’à l’étranger. L’application de cette approche sur le groupe majoritaire des familles à 3 générations a permis de tester sa capacité à distinguer différents fonctionnements familiaux. Si un tiers des espaces se déploient dans les limites départementales, pratiquement un autre tiers des familles fonctionnent à distance, combinant cohabitation, lieux au sein de la commune ou du département ainsi que d’autres au-delà de la région et même à l’étranger. Enfin, 70 % de ces familles fonctionnent dans un espace formé de 6 à 7 lieux, ce qui ne permet pas de mettre au jour des polarisations très variées. Néanmoins, on y retrouve fréquemment un pôle regroupant les parents de l’enquêté.e avec éventuellement un lieu de résidence secondaire, et un pôle correspondant aux lieux d’activité du couple.

Annexe

Règles d’inférence pour la construction de matrices de proximité

59Les dimensions de la matrice sont les suivantes : autant de lignes et de colonnes que de lieux dans l’espace de l’individu (donc les matrices ont des tailles différentes selon les individus)

60Au départ, on a une matrice triangulaire avec des 0 dans la diagonale, les conjoints sont corésidents et la seule dyade non égocentrée disponible est la dyade de contiguïté entre les deux parents s’ils ne vivent plus ensemble10.

61Il reste un certain nombre de valeurs manquantes (les dyades pour lesquelles on n’a pas l’information, par exemple proximité enfants-parents d’ego). La marche à suivre pour les renseigner est la suivante :

1. Si un lieu A est situé dans la même commune que la résidence de l’enquêté.e (R)

62Il a alors la même proximité aux autres lieux que la résidence de l’enquêté.e :

63d(A, R)=2 alors d(A, l_x)= d(R, l_x)

64On ne commet une erreur qu’en cas de corésidence en dehors de la résidence d’ego (ex. la mère habite dans la même commune (dyade avec résidence = 2) et cet enfant2 vit avec sa grand-mère. La règle infère d(enfant2, res.mère)=2 alors qu’en réalité il y a corésidence donc d(enfant2, res.mère)=1.

65On peut alors compléter la dernière colonne de la matrice.

2. Lorsque les deux lieux A et B sont situés
à même distance/proximité de la résidence R de l’enquêté.e

• Si A et B sont situés dans des communes limitrophes de R la résidence de l’enquêté.e alors on considère que A et B sont limitrophes :
• d(A, R)= d(B, R)=3 alors d(A, B)=3
• On commet une erreur lorsque A et B sont limitrophes avec R sans l’être entre elles - on aurait alors : d(A, B)=4
• On commet une erreur lorsque A et B sont dans la même commune - dans ce cas, on aurait
• d(A, B)= 2
• Si A et B sont situés dans un même département ou un département limitrophe de R la résidence de l’enquêté.e alors on considère que A et B sont dans le même département ou dans des départements limitrophes :
• d(A, R)= d(B, R)=4 alors d(A, B)=4
• Que cela soit dans le même département que R ou dans un département limitrophe, A et B peuvent très bien être situés dans la même commune, voire en corésidence. Il est ici difficile de décider quelle valeur attribuer à la dyade entre A et B, puisqu’il est difficile de savoir si A et B ont plus de chances d’être dans des communes limitrophes que « simplement » dans le même département… L’erreur commise peut aller jusqu’à attribuer un 4 à cette dyade au lieu de 1.
• Si A et B sont situés dans la même région R que la résidence de l’enquêté.e alors on considère que A et B sont dans le même département ou dans des départements limitrophes :
• d(A, R)= d(B, R)=5 alors d(A, B)=4
• Contrairement à la logique des précédentes règles, on considère ici que A et B ont très peu de chances de ne pas être dans le même département ou dans des départements limitrophes. Cela signifierait que A, B et R sont dans trois départements différents dont n’est limitrophe des deux autres, ce qui n’est possible que dans un nombre restreint de régions françaises¹¹.
• Si A et B sont situés dans des régions différentes de R la résidence de l’enquêté.e, alors on considère que A et B sont dans la même région :
• d(A, R)= d(B, R)=6 alors d(A, B)=5
• Il s’agit de l’attribution la plus arbitraire, puisque différentes configurations sont possibles (A et B dans des régions différentes jusqu’à A et B en corésidence, etc.). Néanmoins, les conséquences sur la classification sont faibles puisqu’une seule valeur de la matrice est inférée, de sorte que si les deux lieux ont des motifs de distance similaires par ailleurs, ils seront placés dans la même classe.
• Si A et B sont tous deux situés à l’étranger, on considère alors qu’ils ont de bonnes chances d’être à proximité l’un de l’autre.
• d(A, R)= d(B, R)=7 alors d(A, B)=4

3. Lorsque les deux lieux A et B sont situés
à des distances différentes

66On fixe la distance qui les sépare à la plus grande :

67d(A, R)> d(B, R) alors d(A, B)= d(A, R)

4. Enfin,

68par symétrie, on complète la matrice [d(i, j) = d(j, i)] pour obtenir une matrice complète avec des 0 sur toute la diagonale, et seulement sur cette diagonale.