Chapitre 12. Nuptialité et rapports de genre en Afrique. Tendances de l’entrée en union, 1950-19991
p. 281-308
Texte intégral
1Les caractéristiques des régimes de nuptialité africains sont bien connues : entrée en union précoce pour les femmes et tardive pour les hommes conduisant à des écarts d’âge au premier mariage les plus élevés au monde, caractère exceptionnel du célibat définitif pour les deux sexes, remariage rapide et quasisystématique des femmes veuves et divorcées d’âge fécond, pratique de la polygamie (Lesthaeghe et al., 1989 ; Nations unies, 1988, 1990 ; van de Walle, 1996).
2Ces traits, aisément identifiables à partir de statistiques démographiques courantes, apparaissent également comme de puissants révélateurs des « systèmes de genre » (Oppenheim-Mason, 1995) en fonction desquels les sociétés organisent et contrôlent les rapports entre les hommes et les femmes. Le calendrier de la vie en union manifeste, très explicitement parfois, notamment par les arrangements institutionnels auxquels il est associé, la place dévolue à chacun des sexes, dans l’espace social ou domestique, et la nature des relations qui y sont privilégiées (Locoh, 2002 ; Hertrich et Locoh, 1999 ; Thiriat, 2000). Ainsi, le mariage précoce des femmes, conjugué avec des procédures de remariage rapide en cas de rupture d’union, assure que l’essentiel de la durée de vie féconde des femmes se déroule au sein d’un couple2 et met très clairement en avant la subordination des femmes à leur rôle de mère et d’épouse. C’est, par là même, l’absence de reconnaissance d’un espace personnel à la femme hors de la tutelle masculine, qui se trouve signifiée : la période préconjugale, propre au développement de projets personnels et à l’affirmation de soi, est abrégée ; la vie hors du cadre conjugal des femmes veuves ou divorcées est empêchée par les contraintes matérielles (accès aux terres) et par la réprobation sociale (du moins jusqu’au terme de la vie féconde), Les hommes subissent eux aussi les contraintes du système matrimonial ; le caractère tardif de leur premier mariage n’est pas tant à rapporter à une plus grande liberté de décision masculine qu’aux contrôles exercés par les instances familiales sur l’attribution des épouses et donc à leur dépendance vis-à-vis de leurs aînés (Meillassoux, 1992). Mais c’est le maintien d’un écart d’âge important entre les conjoints (Barbieri et Hertrich, 2005) qui est, sans doute, parmi les composantes du régime de nuptialité, le support le plus significatif des rapports sociaux de sexe. En effet, l’écart d’âge assied l’inégalité entre conjoints dès le début de la vie familiale, en ajoutant à l’inégalité de sexe la hiérarchie de l’âge ; l’épouse se trouve ainsi doublement subordonnée à son mari, comme femme et comme cadette. Mais l’écart d’âge est aussi une entrave au développement d’un partenariat conjugal ; de manière directe car l’appartenance à des générations éloignées ne favorise pas le rapprochement des deux conjoints, mais aussi de manière indirecte par les autres pratiques matrimoniales associées aux écarts d’âge importants, telles que la polygamie ou encore la complexité des procédures matrimoniales et leur prise en charge par les instances familiales. Plus largement, les pratiques matrimoniales apparaissent comme des éléments, parmi d’autres, de systèmes institutionnels qui privilégient la famille étendue par rapport à la cellule nucléaire et entretiennent par-là même la distance entre les conjoints. On peut en trouver l’expression à tous les niveaux d’organisation de la société : système de parenté (préservation de l’identité lignagère de l’individu, filiation unilinéaire), économie (budget dissocié entre les conjoints, division du travail, insertion du couple dans une unité économique familiale élargie), règles de résidence (virilocalité et patrilocalité, circulation des enfants), transmission des biens (interne au lignage), etc.
3L’ancrage des pratiques matrimoniales dans un système institutionnel pluridimensionnel leur assure forcément une certaine inertie. Pourtant, il serait faux de penser qu’elles ne sont pas sujettes au changement. Le développement de la scolarisation féminine est un facteur d’émancipation individuelle important, généralement associé à un retard de l’entrée en union des femmes (Gage, 2000 ; Lloyd et Mensch, 1999). La baisse de la fécondité, à présent bien engagée sur le continent africain (Nations unies, 2003 ; Tabutin et Schoumaker, 2004), prouve par ailleurs que les cadres de la reproduction sont en pleine évolution. De fait, les publications sur l’évolution de la nuptialité, les monographies3 ou comparaisons internationales4, attestent le plus souvent d’un recul de l’entrée en union des femmes, et parfois d’un resserrement de l’écart entre les âges au premier mariage des hommes et des femmes. Cependant ces évolutions, souvent citées ou discutées, n’ont jamais donné lieu à une analyse systématique à l’échelle du continent, intégrant l’ensemble des opérations statistiques disponibles et portant sur les deux sexes. Une base de données, en cours d’actualisation, devrait permettre prochainement la production d’une telle synthèse. Ce chapitre en propose une première version sur la période 1950-1999. Partant d’une description des tendances longues de l’âge au premier mariage à l’échelle du continent, il a pour objectif de mettre en évidence les régularités dans l’organisation de l’entrée en union et de l’appariement conjugal, d’examiner l’étendue des évolutions récentes et d’envisager leur portée en terme de rapports de genre.
I. Données et indicateurs
1. Une base de données sur la nuptialité en Afrique
a. Des statistiques sous-employées
4La situation matrimoniale fait partie des données individuelles de base enregistrées sur la feuille de ménage des recensements et enquêtes nationales. Son exploitation figure généralement dans les premières publications sous la forme d’un tableau statistique standardisé, avec la structure de la population selon le sexe, l’âge et la situation matrimoniale. Des indicateurs sur la nuptialité se déduisent facilement de ces données du moment, le plus connu d’entre eux étant l’âge moyen au premier mariage déduit des proportions de célibataires observés (Hajnal, 1953 ; Nations unies, 1983). En outre, ces indicateurs du moment sont reconnus plus fiables que les indicateurs issus des déclarations rétrospectives, de qualité plus incertaine (Lesthaeghe et al., 1989 ; van de Walle, 1996).
5La nuptialité est donc un sujet qui se prête bien à un travail de synthèse, à partir du dépouillement des publications statistiques de base issues des différentes générations d’opérations démographiques nationales.
6Ces statistiques existantes ont cependant rarement été utilisées dans le cadre d’une démarche comparative systématique. Les synthèses existantes5 s’appuient généralement sur une sélection de sources de données6 et couvrent un champ géographique limité ; elles sont principalement focalisées sur l’âge au mariage des femmes7. Les synthèses les plus complètes sur l’Afrique subsaharienne sont déjà anciennes : celle réalisée par l’équipe de Ron Lesthaeghe (Lesthaeghe et al., 1989) porte sur la période 1960-1982, avec une analyse des tendances limitée aux 11 pays pour lesquels au moins deux sources de données ont été réunies ; celle d’Étienne van de Walle (1996), consacrée à la nuptialité féminine seulement, intègre en partie les enquêtes des années 1980 et porte à 23 le nombre de pays avec plusieurs opérations statistiques, soit une couverture de la moitié des 48 pays d’Afrique subsaharienne.
7La disponibilité de données statistiques s’est considérablement améliorée depuis une quinzaine d’années, sous le double effet de l’augmentation du nombre d’enquêtes réalisées et des progrès effectués dans la durée de traitement et de mise à disposition des données. Un inventaire systématique a conduit à identifier plus de 300 opérations statistiques nationales (recensement ou enquête démographique) au cours de la période 1955-1999 dans les 55 pays d’Afrique.
b. 250 opérations statistiques pour 54 pays
8Afin d’être en mesure de mener des analyses comparatives systématiques, répondant à une même méthodologie, le parti pris a été de réunir les tableaux statistiques de base sur la situation matrimoniale (population selon le sexe, l’âge et la situation matrimoniale) des différentes opérations statistiques nationales réalisées en Afrique.
9Ces données ont pu être obtenues pour près de 250 recensements et enquêtes nationales8, les statistiques sur la situation matrimoniale des femmes étant disponibles dans 246 cas, celles concernant les hommes dans 211 cas. Le tableau 1 fournit un récapitulatif sur la répartition des pays selon le nombre d’opérations réunies.
10On dispose de 2 opérations statistiques au moins pour 48 des 55 pays africains : une analyse des tendances de la nuptialité est donc possible à l’échelle du continent. Une seule région, au statut politique particulier, le Sahara occidental, n’est pas représenté dans la base. Les 6 pays, pour lesquels une seule opération a été obtenue, sont pour l’essentiel des pays peu peuplés (Djibouti, Guinée équatoriale, Sao Tomé et Principe, Swaziland), auquel s’ajoutent l’Érythrée, de constitution récente (indépendance en 1995) et le Sierra Leone. Deux pays sur trois disposent de 4 opérations statistiques nationales au moins, un tiers en comptent 6 ou plus. La moyenne est de 4,5 opérations par pays, 3,7 si l’on se limite à celles qui interrogent les deux sexes.
11La situation est très variable selon les régions. C’est en Afrique du Nord (5,6 opérations par pays en moyenne) suivie de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique de l’Est (moyenne de 4,9 et 4,8 opérations) qu’elle est la meilleure. Dans ces régions, on dispose, le plus souvent (7 à 8 fois sur 10) de 4 opérations au moins. La situation est moins favorable en Afrique australe (3,8 opérations obtenues en moyenne) et surtout en Afrique centrale (2,6 en moyenne). La différence ne s’explique qu’en partie, et pour l’Afrique centrale seulement, par le développement moins important des opérations de collecte. En réalité, elle traduit surtout le faible intérêt porté à la question matrimoniale dans les pays de ces deux zones géographiques : la proportion d’opérations de collecte ayant donné lieu à des statistiques publiées et accessibles sur la situation matrimoniale y est de 60 % contre 80 % ou plus dans les trois autres régions.
2. Questions de comparabilité et indicateur retenu
12Si la base de données fournit, pour la plupart des pays, plusieurs points d’observation dans le temps, l’analyse des tendances déduites de leur comparaison impose cependant une certaine prudence. Les données du moment permettent, pour une large mesure, de s’affranchir des biais liés à la déclaration rétrospective de l’âge au mariage. Mais une source d’hétérogénéité importante demeure dans la déclaration de la situation matrimoniale des individus. La coexistence de différents types de formalisation des unions (civile, religieuse, communautaire...) et la déclinaison en plusieurs étapes, échelonnées dans le temps, des procédures matrimoniales (Meekers, 1992 ; Mouvagha-Sow, 2001 ; Hertrich, 1996) compliquent l’enregistrement : selon que l’on retienne l’un ou l’autre critère, l’enquêté(e) sera considéré(e) comme marié(e) ou célibataire.
Tableau 1 • Répartition des pays selon le nombre d’opérations statistiques intégrées à la base de données, 1950-1999

13Le plus souvent, les recensements et enquêtes s’en remettent à l’appréciation de l’intéressé pour enregistrer sa situation matrimoniale, sans énonciation de critères très précis. Des options différentes ont cependant pu être prises, plus ou moins explicitement, selon les opérations de collecte. D’après Étienne van de Walle (1996), « il est probable qu’un “mariage", au sens des recensements, représente une union relativement stable, plus ou moins admise par l’opinion publique », tandis que les enquêtes EDS et EMF privilégieraient le critère de cohabitation. Ainsi, « on court toujours le risque que les changements apparents dans le temps, lorsqu’on compare plusieurs enquêtes et recensements réalisés à des dates différentes, correspondent davantage à des changements dans les définitions implicites (de la population) ou explicites (des enquêteurs du recensement) qu’à des changements dans la réalité des choses » (van de Walle, 1996).
14Ce problème d’homogénéité est parfois évident quand on compare les résultats d’observations successives9. Parce qu’elle n’en masque pas les irrégularités, l’utilisation des indicateurs bruts est en soi un garde-fou, qui impose une lecture circonspecte des évolutions. A contrario, l’inscription des indicateurs issus des différents recensements et enquêtes dans une succession régulière peut être considérée comme un critère de validation de la tendance.
15L’évolution de l’âge au premier mariage est examinée à partir des proportions10 de célibataires11 par âge (groupe quinquennal) aux différents recensements et enquêtes. Ces séries sont résumées par l’âge médian au premier mariage, c’est-à-dire l’âge auquel il reste encore 50 % de célibataires.
16L’analyse porte principalement sur l’Afrique continentale (47 pays sur 55). La nuptialité des pays insulaires présente bien souvent des traits distincts de ceux de la sous-région à laquelle ils se rattachent et demanderait une analyse spécifique.
II. Un recul généralisé de l’âge au mariage des femmes
17La figure 112 rend compte du recul généralisé de l’entrée en union des femmes, avec une diffusion progressive à l’échelle du continent au cours des quatre dernières décennies.
18Dans les années 1960, le modèle du mariage précoce prédomine. L’âge médian au premier mariage des femmes est inférieur à 18 ans dans la grande majorité des pays. Seule l’Afrique australe se distingue par des valeurs nettement plus élevées, de 21 ans ou plus. Les quelques pays en position intermédiaire se situent dans le pourtour de cette région australe ou apparaissent comme des points isolés (Kenya, Égypte, Mauritanie et Tunisie). Dès les années 1970, un recul de l’entrée en union des femmes se dessine très nettement sur la plus grande partie du continent et les pays où l’âge médian au mariage est inférieur à 18 ans, essentiellement localisés en Afrique de l’Ouest, deviennent minoritaires.
19Au courant des deux décennies suivantes, la hausse s’étend à la plus grande partie de l’Afrique de l’Ouest et se confirme dans les autres régions. En 1990- 1999, le modèle de mariage précoce qui prévalait trente ans plus tôt a quasiment disparu. Deux pays seulement de la zone sahélienne (Niger et Tchad) présentent encore un âge médian au premier mariage inférieur à 18 ans. Deux autres pays s’inscrivent apparemment dans cette catégorie (Ouganda et Mozambique), mais cette situation mérite confirmation ; elle s’appuie en effet sur des indicateurs en rupture avec les tendances dessinées par les opérations antérieures. Dans la plupart des pays, la moitié des femmes sont encore célibataires à 19 ans et demi. C’est le cas non seulement de l’Afrique du Nord et de l’Afrique australe, où l’âge au premier mariage affiche les valeurs les plus élevées, mais aussi de l’Afrique de l’Est, d’une partie de l’Afrique centrale et de tous les pays de l’Afrique de l’Ouest bordant le golfe de Guinée.
20Les tendances détaillées par pays (figure 2) permettent d’apprécier le rythme, très variable, du recul de l’entrée en union des femmes. L’Afrique du Nord et l’Afrique australe se distinguent à la fois par l’ampleur du changement et les valeurs très élevées de l’âge au mariage des femmes auxquelles ces pays sont parvenus. L’évolution a été spectaculaire en Afrique du Nord : abstraction faite de l’Égypte, l’augmentation de l’âge médian à la première union a été de l’ordre de 2 à 3 ans par décennie au cours des trente dernières années dans les pays qu’il est possible de suivre (Algérie, Maroc, Tunisie). Partant d’indicateurs comparables à ceux de l’Afrique de l’Ouest, ces pays connaissent aujourd’hui une nuptialité bien plus tardive. Ainsi, alors qu’elles se mariaient sensiblement au même âge (médiane de 16,2 ans) en 1960, les femmes marocaines et maliennes ont un écart d’âge au mariage de l’ordre de 7 ans au milieu des années 1990. Les pays d’Afrique australe (Lesotho excepté) ont, eux aussi, connu une augmentation soutenue de l’âge au mariage des femmes et le fait est d’autant plus remarquable que la nuptialité féminine y était déjà tardive il y a quarante ans : de l’ordre de 22 ans dans les années soixante, l’âge médian au premier mariage des femmes y dépasse aujourd’hui 28 ans. Des tendances comparables à celles de l’Afrique du Nord ou de l’Afrique australe sont rares dans les autres régions. En Afrique centrale, le Gabon et le Congo semblent être dans ce cas, mais le petit nombre d’observations (2 opérations au Gabon et 3 au Congo) limite le crédit que l’on peut accorder à la tendance. Avec une hausse de l’âge médian de l’ordre de 2 ans entre les années 1980 et 1990, le Sénégal, en Afrique de l’Ouest, et l’Éthiopie, en Afrique de l’Est, présentent également une évolution remarquable de la nuptialité féminine.
Figure 1 • Âge médian au premier mariage des femmes par période

Figure 1 • Suite

Figure 2 • Évolution de l’âge médian au premier mariage des femmes par pays, 1950-1999

21Ailleurs, les tendances ont été plus modestes, mais généralement continues. En Afrique de l’Est, les différents pays ont évolué à des rythmes relativement proches, bien qu’ils aient des indicateurs de nuptialité assez variables (âge médian au premier mariage entre 17 à 21 ans à la fin des années 1960). L’âge médian au premier mariage y a augmenté régulièrement, au rythme d’environ 1 an par décennie, de la fin des années 1960 (date des premières observations) jusqu’au début des années 1990. Une certaine stabilisation s’observe depuis, autour de 20-21 ans.
22En Afrique de l’Ouest, les pays du Sahel gagnent à être distingués des pays côtiers. Les seconds ont connu un recul manifeste de l’entrée en union des femmes dès les années 1960, avec une accélération depuis les années 1980 aboutissant à des âges médians au premier mariage proches de 20 ans. La situation est beaucoup moins homogène dans la zone sahélienne, qui compte à la fois des pays où le recul de l’entrée en union est discutable (Niger, Guinée, Guinée-Bissau) que des pays où il est modéré (Mali et Burkina Faso) ou très important (Sénégal, Gambie, Mauritanie). L’âge médian y reste inférieur à 19 ans dans tous les pays disposant de données à la fin des années 1990, à l’exception du Sénégal.
23On a l’idée, à la fin des années 1990, d’une Afrique plus diversifiée face aux schémas d’entrée en union qu’elle ne l’était quarante ans plus tôt. Il est probable cependant que cette hétérogénéité est, pour partie, transitoire, relevant tout autant de la variabilité du rythme et du calendrier des changements selon les pays, que de la mise en place de schémas régionaux contrastés. En fait de modèles régionaux, ce sont principalement l’Afrique australe et l’Afrique du Nord qui se distinguent par l’adoption d’une nuptialité féminine tardive. Pour le reste de l’Afrique, l’idée qui se dégage est plutôt celle d’une convergence en cours vers un schéma de nuptialité plus tardif. Il est probable que les pays enclavés du Sahel, où la nuptialité féminine est encore précoce, s’inscriront également dans ce mouvement.
24Si le recul de l’âge au mariage des femmes à l’échelle du continent apparaît en soi comme un fait remarquable, il prend plus de sens encore quand on mesure l’augmentation de la durée de vie féconde passée hors du cadre conjugal qui lui correspond. Avec le modèle d’entrée en union qui prévalait dans les années 1960 (âge médian au premier mariage inférieur à 18 ans), cette période était relativement courte, inférieure à 3 ans pour la moitié des femmes (en considérant un début de vie féconde à 15 ans). Avec un âge médian d’entrée en union qui dépasse 19,5 ans aujourd’hui dans la plupart des pays, ce temps de jeunesse a augmenté de 50 % et il a même doublé en Afrique du Nord. L’augmentation de l’âge au mariage des femmes indique ainsi une certaine reconnaissance, pour les jeunes femmes, d’une période de vie et d’un statut hors de la sphère conjugale et reproductive. Elle crée une ouverture potentielle vers une période de formation, d’élaboration de projets personnels et de construction de soi beaucoup plus importante. Enfin, l’augmentation de l’âge au mariage signifie un assouplissement de la plus efficace des procédures de contrôle de la sexualité féminine et ouvre donc aussi la voie à une appropriation, par les femmes, du champ de la sexualité et de la reproduction.
III. Un recul plus nuancé de l’âge au mariage des hommes
25Si l’on suit la cartographie de l’âge médian au premier mariage des hommes au cours des quatre dernières décennies (figure 4, p. 294-295), l’impression qui se dégage est, là aussi, celle d’un recul de l’entrée en union sur le continent africain, avec toutefois des zones de stabilité plus étendues que pour les femmes.
26Dans les années 1960, une grande partie des pays africains connaissaient un âge médian au premier mariage des hommes compris entre 21,5 et 24 ans. Les pays où le mariage des hommes était plus tardif se localisaient en 3 principaux pôles : en Afrique australe, en Afrique de l’Ouest et en Afrique du Nord. Dans les années 1970, ce modèle plus tardif s’étend à la plupart des pays côtiers, en particulier de l’Afrique orientale (Mozambique excepté), mais aussi dans les pays côtiers de l’Afrique du Nord et de l’Afrique centrale qui ne l’avaient pas encore adopté. Au cours des deux décennies suivantes, le recul de la nuptialité masculine se poursuit, mais essentiellement dans les zones qui se caractérisaient, dès les années 1960, par une nuptialité plus tardive. L’âge médian au premier mariage dépasse 26 ans dans ces pays, et même 28 ans en Afrique australe et en Afrique du Nord. En revanche des valeurs inférieures à 26 ans se maintiennent en Afrique de l’Est. On distingue aussi très nettement une bande de pays enclavés où l’âge médian au mariage des hommes est resté inférieur à 24 ans ; elle se dessine du Niger à la République démocratique du Congo, contourne la Zambie pour déboucher sur le Mozambique.
27L’aspect plus mélangé des tendances de la nuptialité des hommes, en comparaison de celle des femmes, apparaît bien à l’examen de l’évolution détaillée de l’âge au mariage par pays (figure 3). Les pays qui ont connu le recul le plus marqué de l’entrée en union des hommes sont pour l’essentiel les mêmes que ceux qui s’étaient distingués par une forte augmentation de l’âge au mariage des femmes, c’est-à-dire les pays d’Afrique du Nord, et d’Afrique australe (Lesotho excepté), et des cas plus isolés comme le Sénégal en Afrique de l’Ouest, le Congo et le Gabon en Afrique centrale, l’Éthiopie en Afrique de l’Est auquel se rajoutent ici plus nettement le Rwanda et le Malawi. Notons qu’une augmentation, certes modeste mais relativement continue, apparaît également dans les pays enclavés, qui se distinguaient sur les cartes par les âges au mariage les plus précoces (Niger, Tchad, République centrafricaine). Hormis ces pays, on observe des évolutions plus diverses et plus incertaines sans que des schémas régionaux ne se dégagent clairement. Si des tendances à l’augmentation se dessinent, elles restent souvent très modestes et d’autant plus discutables qu’elles sont affectées de fluctuations. L’impression d’ensemble est donc plutôt celle d’une relative stabilité.
Figure 3 • Évolution de l’âge médian au premier mariage des hommes par pays, 1950-1999

Figure 4 • Âge médian au premier mariage des hommes par période

Figure 4 • Suite

28Le caractère plus diversité des tendances de l’âge au mariage des hommes, en comparaison du recul quasi généralisé de l’entrée en union des femmes, n’est pas vraiment surprenante. En effet, chez les femmes, la précocité du mariage fait que le changement ne pouvait s’opérer que dans le sens d’une augmentation de l’âge au mariage. Chez les hommes, en revanche, le mariage a lieu à un âge bien plus élevé et des scénarios d’évolution plus diversifiés, y compris le rajeunissement de l’entrée en union, sont donc envisageables. Rappelons que les contrôles matrimoniaux traditionnels vont dans le sens du mariage précoce pour les femmes, mais du mariage tardif pour les hommes. On peut donc penser qu’un relâchement de ces contrôles permet d’assouplir la durée de célibat, en la prolongeant chez les femmes et en l’abrégeant chez es hommes. En ce sens, la relative stabilité de l’âge au mariage des hommes n’est pas forcément à interpréter comme l’expression d’une stabilité des cadres du mariage des hommes. Elle peut tout aussi bien résulter de la confrontation de forces aux effets antagonistes, les uns jouant dans le sens d’un rajeunissement du mariage (le relâchement des contrôles traditionnels), les autres dans le sens d’un recul (prolongation de la scolarisation et insertion professionnelle, prise en charge personnelle des coûts du mariage, contraintes que fait peser a crise économique sur l’accès à l’autonomie économique et résidentielle...). De ce point de vue, le retournement de tendance (baisse interrompue par une remontée de l’âge au mariage) relevé au cours des années 1990 dans quelques pays (Mali et Guinée notamment) n’est peut-être pas à rapporter à des problèmes d’observation, il est possible qu’il corresponde à une réalité : celle d’un report des unions dû à la crise, après une tendance à la baisse résultant d’un affaiblissement des cadres matrimoniaux traditionnels.
IV. L’écart d’âge au mariage entre hommes et femmes se réduit
29L’augmentation de l’âge au mariage des femmes conjuguée à une évolution plus lente de celui des hommes conduit à un rapprochement des calendriers d’entrée en union des deux sexes (figure 5, p. 298-299). Les écarts de moins de 5 ans entre l’âge médian au premier mariage des hommes et celui des femmes, rares dans les années 1960, concernent la majorité des pays dans les années 1990. On retrouve la position pionnière de l’Afrique australe, où les écarts inférieurs à 5 ans dominaient dès les années 1960, et de l’Afrique du Nord, qui les a adoptés une décennie plus tard. Â l’opposé, en Afrique de l’Ouest, l’écart d’âge est resté supérieur à 7 ans au long des quatre décennies. Les autres pays se répartissent, à la fin des années 1980, en deux groupes de part et d’autre de l’équateur : au sud, ceux dont l’écart est passé sous la barre des 5 ans ; au nord, ceux où les écarts restent plus importants, entre 5 et 7 ans.
30La figure 6 (p. 300) illustre les temporalités et les rythmes de la réduction de l’écart d’âge au mariage dans les différents pays. L’Afrique du Nord et l’Afrique australe que les indicateurs de nuptialité rapprochent bien souvent ont en fait suivi des évolutions assez différenciées. En Afrique du Nord, le resserrement des calendriers d’entrée en union est antérieur à 1980 et l’écart d’âge est resté relativement stable depuis, de l’ordre de 4 à 6 ans selon les pays. Au contraire, l’Afrique australe qui présentait des valeurs du même ordre déjà dans les années 1960, a connu une baisse continue de l’écart d’âge au mariage, le ramenant à des valeurs de l’ordre de 3 ans, proches de celles que l’on observe dans les pays occidentaux. Le resserrement des calendriers d’entrée en union est également très net, de 2 à 3 ans en l’espace de 20 ans dans tous les pays du golfe de Guinée, et dans les pays d’Afrique centrale qui partaient des valeurs les plus élevées. En Afrique de l’Est, où dès les années 1970, l’écart était le plus souvent inférieur à 6 ans, la baisse a été plus lente et l’on note même une augmentation apparente de l’écart au Rwanda et au Burundi, qui affichaient des écarts très faibles (2 ans) en 1970. L’Afrique sahélienne n’est pas complètement restée à l’écart du mouvement suivi par les autres régions : l’écart d’âge a diminué dans certains pays (Mali, Burkina Faso, Sénégal), mais les tendances y restent beaucoup plus incertaines qu’ailleurs. La partie de l’Afrique qui affichait le décalage le plus important dans l’entrée en union des hommes et des femmes (de l’ordre de 10 ans) dans les années 1960 ne s’est pas rapprochée des autres régions.
31Pour essayer de voir ce qui, de la nuptialité des hommes et de celle des femmes, conditionne le plus fortement le modèle d’écart d’âge, nous avons mis en relation, pour chacune des périodes décennales, cet indicateur avec les âges médians d’entrée en union des hommes et des femmes des différents pays. Les coefficients de corrélation (tableau 2) rendent compte de l’association croissante entre l’âge au mariage des femmes et l’écart d’âge. Dans les années 1960, l’âge au mariage des femmes variait peu à l’échelle du continent (l’âge médian était compris entre 16 et 18,5 ans dans 25 des 30 pays traités) et l’écart d’âge au mariage était en premier lieu corrélé à l’âge au mariage des hommes. Avec le recul de l’entrée en union des femmes, les calendriers d’entrée en union se sont diversifiés et la corrélation entre l’âge au mariage des femmes et l’écart d’âge s’est progressivement renforcée, tandis que l’effet de l’âge au mariage des hommes a disparu. La diversité des schémas d’appariement par âge observés actuellement à l’échelle du continent est indépendante de celle de la nuptialité masculine ; elle est portée par les transitions de la nuptialité féminine.
Tableau 2 • Coefficient de corrélation entre l’écart d’âge médian au premier mariage entre sexes (Afrique continentale).

Figure 5 • Écart entre l’âge médian au premier mariage des hommes et celui des femmes

Figure 5 • Suite

Figure 6 • Évolution de l’écart d’âge médian au premier mariage par pays, 1950-1999

V. Un début de célibat définitif ?
32Le recul de l’entrée en union correspond-il seulement à des mariages plus tardifs ou est-il également porteur d’un début de célibat définitif ?
33La généralité du mariage fait partie des traits caractéristiques des régimes de nuptialité africains. Dans les années 1960, on comptait moins de 3 % de femmes célibataires à 35-39 ans sur la plus grande partie du continent (figure 7). Seule l’Afrique australe connaissait un célibat prolongé plus important, mais qui ne dépassait qu’exceptionnellement 8 % chez les femmes de 35-39 ans. Dans les années 1990, le célibat définitif des femmes reste exceptionnel, inférieur à 3 % dans la plupart des pays africains. Il augmente dans deux régions seulement, celles précisément où le recul du calendrier d’entrée en union a été le plus spectaculaire. En Afrique du Nord, cette augmentation reste modeste et la proportion de femmes célibataires à 35-39 ans ne dépasse 10 % qu’au Maroc. En revanche, il a connu un véritable essor en Afrique australe où il est devenu une alternative au mariage : 20 à 30 % des femmes âgées de 35-39 ans y sont célibataires.
34Chez les hommes, du fait notamment d’un calendrier d’entrée en union plus tardif, la proportion de célibataires à 35-39 ans est toujours plus élevée que chez les femmes, mais elle reste le plus souvent inférieure à 13 % (figure 7). Comme chez les femmes, c’est en Afrique australe, où il était déjà le plus répandu, que le célibat prolongé a connu l’augmentation la plus importante, avec des indicateurs de l’ordre de 30 % entre 1990 et 1999. Une augmentation, mais nettement plus modeste, se dessine aussi en Afrique du Nord. Sur le reste du continent, le tableau est beaucoup plus mélangé, tant en termes de niveau que d’évolution du célibat.
Conclusion
35Les pratiques matrimoniales sont sans aucun doute un lieu essentiel de l’expression et de la reproduction des rapports de genre. Les modalités de formation des couples, les moyens matériels et symboliques qu’elles mobilisent et les acteurs qu’elles impliquent sont lourds de signification sur la place dévolue à chacun des sexes dans l’ordre social. Elles conditionnent aussi les relations qui pourront prendre place entre l’épouse et son mari, la position de l’un et l’autre dans l’espace économique et familial, sans parler du champ affectif. Ces rapports entre sexes sont d’autant mieux transmis aux générations suivantes qu’ils sont pratiqués au quotidien à l’échelle des référents paternel et maternel, et prennent donc une légitimité implicite dans le processus de socialisation.
36Compte tenu des enjeux du mariage, des lieux d’expression qu’il investit, la démarche adoptée ici pour traiter de son évolution peut paraître bien dérisoire. L’analyse d’une information aussi banale que la situation matrimoniale et d’indicateurs démométriques comme l’âge au mariage peut-elle capter quelque chose de cette construction sociale et des transformations qui l’affectent ? Plus encore, une comparaison à l’échelle du continent peut-elle avoir un sens quand on sait que les sociétés ont été d’une imagination sans pareille pour organiser l’appariement conjugal ?
Figure 7 ⦁ Proportion de célibataires à 35-39 ans. Femmes et hommes. Périodes 1955-1969 et 1990-1999

Figure 7 • Suite

37C’est précisément parce que cet indicateur est simple, qu’il se présente « seulement » comme une mesure de durée, sans valeur qualitative explicite, que l’âge au mariage me paraît être un outil performant pour approcher les changements qui s’opèrent en matière matrimoniale, et notamment dans les rapports de genre. L’information sur le statut matrimonial est sans doute la plus neutre, la plus factuelle des données sur la pratique matrimoniale et, par-là même, elle permet d’aborder les rapports homme/femme en contournant les représentations qui les justifient. Cette information présente aussi l’avantage de faire l’objet de statistiques régulières, permettant l’examen de tendances sur le long terme à une large échelle. C’est sans doute la seule donnée qui permette d’explorer l’évolution des pratiques matrimoniales dans une perspective comparative sur l’ensemble du continent. C’est dans cette perspective que ces statistiques ont été réunies, afin de dégager les lignes de force du changement dans les comportements de nuptialité en Afrique et de fournir un cadrage aux recherches plus approfondies sur les conditions de ces transformations dans des contextes précis.
38Les analyses descriptives de ces données montrent que les régimes de nuptialité africains connaissent des transformations importantes. L’âge au mariage des femmes est en constante augmentation, et les calendriers d’entrée en union des deux sexes se sont rapprochés. Les différentes parties du continent ont connu ces évolutions avec une intensité variable, mais aucune n’est complètement restée à l’écart. C’est en Afrique du Nord et en Afrique australe que les changements ont été les plus spectaculaires, et dans les pays du Sahel, qu’ils ont été les plus modestes. La cartographie des changements de nuptialité évoque celle de la transition de la fécondité et aussi celle du développement social. Les régions qui ont connu un développement socioéconomique important (incluant une réduction des inégalités entre sexes, notamment en matière de scolarisation) et où la fécondité a significativement baissé sont aussi ceux où les comportements de nuptialité se sont le plus modifiés. À ’inverse, c’est en Afrique sahélienne, où les indicateurs de niveau de vie et de scolarisation (notamment féminine) sont les plus faibles, et où les régimes de haute fécondité persistent, qu’ils ont le moins évolué.
39Parmi ces changements dans les schémas de nuptialité, le resserrement de l’écart d’âge au mariage entre les sexes apparaît, en première instance, comme le facteur le plus manifeste d’une évolution des rapports sociaux de genre, ouvrant la voie à des relations plus égalitaires au sein des couples. Il est probable que ce rapprochement des calendriers d’entrée en union se traduise par d’autres changements matrimoniaux, favorables eux aussi à une réduction des différences entre conjoints, notamment la polygamie, fortement conditionnée par les écarts d’âges au mariage. Le recul de l’âge au mariage féminin, révélateur d’une amélioration du statut des femmes, dessine par ailleurs les contours d’un temps préconjugal où de nouveaux rapports entre les sexes sont susceptibles de s’expérimenter. Dans le régime matrimonial ancien, cette période de jeunesse hors du cadre conjugal, excessivement réduite pour les femmes, se déroulait le plus souvent sur près d’une dizaine d’années (grossièrement entre 15 et 25 ans) pour les hommes, conduisant à des vécus très différents des passages à l’âge adulte. L’évolution des rapports de genre sera certainement fortement conditionnée par la façon dont les femmes vont investir et s’approprier, ou non, cette nouvelle période de vie (en terme de formation, de sexualité, de mobilité).
Carte de la région de Borno

Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Références bibliographiques
Adlakha Arjun, Ayad Mohamed and Kumar Sushil, 1991, « The role of nuptiality in fertility decline : a comparative analysis », in Demographic and Health Surveys World Conférence, vol. 2, Washington DC, Columbia, IRD/Macro International.
Antoine Philippe, 2002, « Les complexités de la nuptialité : de la précocité des unions féminines à la polygamie masculine en Afrique », in Graziella Caselli, Jacques Vallin et Guillaume Wunsch (dir), Démographie et synthèse. II. Les déterminants de la fécondité, Paris, Ined, coll. « Manuels », p. 75-102.
Antoine Philippe, Razafindrakoio Mireille, Roubaud François, 2001, « Contraints de rester jeune ? Évolution de l’insertion dans trois capitales africaines : Dakar, Yaoundé, Antananarivo », Autrepart, 18, p. 17-36.
10.2307/1533794 :Antoine Philippe, Djiré Mamadou et Laplante Benoît, 1995, « Les déterminants socio-économiques de la sortie du célibat à Dakar », Population, 50 (1), p. 95-118.
Barbieri Magali et Hertrich Véronique, 2005, « Écarts d’âges entre conjoints et pratique contraceptive en Afrique subsaharienne », Population, 60 (5-6), p. 725-764.
Delaunay Valérie, 1994, L’entrée en vie féconde, expression démographique des mutations socio-économiques d’un milieu rural sénégalais, Paris, Ceped, coll. « Les Études », n° 7.
10.1093/oso/9780198297314.001.0001 :Gage Anastasia, 2000, « Female Empowerment and Adolescent Demographic Behaviour » in Presser Harriet B. et Gita Sen, Women’s Empowerment and demographic processes, New York, Oxford University Press, p. 186-203.
Gendreau Francis, 1993, La population de l’Afrique, manuel de démographie, Paris, Ceped/Karthala, coll. « Economie et développement ».
Gendreau Francis, Gubry Françoise, 1988, « La nuptialité en Afrique : niveaux, tendances et caractéristiques socioéconomiques », in Congrès africain de la population (Dakar 1988), Tome 2, Liège, UIESP, p. 5.1.1-5.1.18.
10.2307/2172028 :Hajnal John, 1953, « Age at marriage and proportions marrying », Population Studies, 7 (2), p, 111-136.
Hertrich Véronique, 1996, Permanences et changements de l’Afrique rurale : dynamiques familiales chez les Bwa du Mali, Paris, Ceped, coll. « Les Études du Ceped », n° 14.
Hertrich Véronique et Locoh Thérèse, 1999, Rapports de genre, formation et dissolution des unions dans les pays en développement, Série « Gender in Population Studies », éditée par Antonella Pinnelli, Liège, UIESP.
Hertrich Véronique et Pilon Marc, 1997, Transitions de la nuptialité en Afrique, Paris, Ceped, Conférence internationale de l’EAPS : European population : variations on common themes, Cracovie, Pologne, 11-13 juin 1997, http://horizon.documentation. ird.fr/exl-doc/pleins_textes/pleins_textes_5/b_fdi_01/010016395.pdf
Hertrich Véronique et Pilon Marc, 1997, « Changements matrimoniaux en Afrique », La chronique du Ceped, juillet-septembre 1997, n° 26, p. 1-3.
10.2307/jj.8306262 :Lesthaeghe Ron, Kaufmann Georgia et Meekers Dominique, 1989, « The nuptiality regimes in Sub-Saharan Africa », in Ron Lesthaeghe (ed.), Reproduction and Social Organization in Sub-Saharan Africa, Berkeley/Los Angeles, University of California Press, p. 238-337.
Lloyd Cynthia B. (ed.), 2005, Growmg Up Global : The Changing Transitions to Adulthood in Developing Countries, Washington, The National Academies Press.
Lloyd Cynthia B. and Mensch Barbara, 1999, « Implications of Formal Schooling for Girls’ Transitions to Adulthood in Developing Countries », in Bledsoe Caroline et al. (ed.), Critical Perspectives on Schooling and Fertility in the Developing World, Washington DC, The National Academies Press, p. 80-104.
Locoh Thérèse, 2002, « Les facteurs de la formation des couples », in Graziella Caselli, Jacques Vallin et Guillaume Wunsch (dir.), Démographie et synthèse. II. Les déterminants de la fécondité, Paris, Ined, coll. « Manuels », p. 103-142.
10.2307/1971859 :Meekers Dominique, 1992, « The process of marriage in African societies : a multiple indicator approach », Population and Development Review, 18 (I), p. 61-79,
Meillassoux Claude, 1975, Femmes, greniers et capitaux, Paris, Maspero 1992, L’Harmattan.
10.31899/pgy6.1097 :Mensch Barbara S., Singh Susheela et Casterline John, 2005, « Trends in the Timing of First Marriage Among Men and Women in the Developing World », Policy Research Division, Working Papers, n° 202, Population Council. http://www. popcouncil.org/pdfs/wp/202.pdf
Mouvagha-Sow Mynam, 2001, Changements matrimoniaux et rapports de genre au Gabon, Paris, Ined, communication au colloque Genre, population et développement en Afrique, Abidjan, 16-21 juillet 2001. https://tspace.library.utoronto.ca/bitstream/ 1807/5816/ 1/ep04025.pdf
Nations unies, 1983, Manuel X : Techniques indirectes d’estimation démographique, New York, Division de la Population, Département des affaires économiques et sociales internationales, http://www.un.org/esa/population/publications/Manual_X/ Manual_X.htm (disponible uniquement en ligne ; vérifié le 27 juin 2007)
10.18356/406df598-en-fr :Nations unies, 1986, Nuptiality : selected findings from the World Fertility Survey data, Department of International Economic and Social Affairs of the United Nations Secretariat, New York, United Nations.
Nations unies, 1988, First marriage : patterns and determinants, Department of International Economic and Social Affairs of the United Nations Secretariat, New York, United Nations.
Nations unies, 1990, Patterns of first marriage : timing and prevalence, Department of International Economic and Social Affairs of the United Nations Secretariat, New York, United Nations.
Nations unies, 2003, World population prospects : the 2002 revision highlights, New-York, Population Division, Department of Economie and Social Affairs.
Oppenheim Mason Karen, 1995, Gender and démographie change : what do we know ?, Liège, IUSSP. Série « Gender in Population Studies », éditée par Antonella Pinnelli.
Tabutin Dominique, Schoumaker Bruno, 2004, « La démographie de l’Afrique au sud du Sahara des années 1950 aux années 2000. Synthèse des changements et bilan statistique », Population, 59 (3-4), p. 519-622.
Thiriat Marie-Paule, 1998, Faire et défaire les liens du mariage. Évolution des pratiques matrimoniales au Togo, Paris, Ceped, coll. « Les Etudes du Ceped », n° 16.
Thiriat Marie-Paule, 2000, « Les pratiques matrimoniales, au principe des systèmes de genre » in Bozon Michel et Thérèse Locoh (dir.), Rapports de genre et questions de population. II. Genre, population et développement, Paris, Ined, coll. « Dossiers et recherches », n° 85, p. 81-94.
Van de Walle Étienne, 1996, « L’âge au mariage : tendances récentes » in Karen Foote et al. (éd.), Changements démographiques en Afrique subsaharienne, Paris, Ined, coll. « Travaux et documents », n° 135, p. 119-154.
Westoff Charles, 1992, Age at marriage, age at first birth and fertility in Africa, Washington, The World Bank, coll. « World Bank Technical Paper », n° 169.
Westoff Charles F., Blanc Ann K. et Nyblade Laura, 1994, « Marriage and Entry » in Parenthood, Demographic and Health Surveys, Comparative Studies, Calverton, Maryland, Macro International Inc., n° 10.
Westoff Charles, 2003, « Trends in Marriage and Early Childbearing in Developing Countries », Demographic and Health Surveys, Comparative Reports, n° 5, Calverton, Maryland, ORC Macro.
Notes de bas de page
1 L’auteur remercie celles et ceux qui ont contribué à la constitution de la base de données sur la nuptialité sur laquelle s’appuie ce travail, en particulier : les services documentaires du Ceped, de l’Ined, de l’Insee, de la London School of Economics and Political Science ainsi que Gera Draaijer, documentaliste à la bibliothèque de l’Université du Texas ; Zahia Bedidi-Ouadah (Algérie), Safik Boodoo (Maurice), Sonia Cardoso (Portugal), Ntebaleng Chobokoane (Lesotho), Richard Dackam Ngatchou (Sénégal), Borbor Kandeh (Sierra Leone), Lamine Keïta (Guinée), William Muhwava (Zimbabwe), Alieu Sarr (Gambie), Seydou Moussa Traore (Mali), Eric Udjo et Piet Alberts (Afrique du Sud) ; Gaëlle Dabet, Gaëlle Jeanpetit et Stéphanie Petit, qui ont réuni et saisi ces données, ainsi que Marc Pilon avec qui j’ai démarré ce projet, initialement localisé au Ceped.
2 Dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, les femmes passent plus de 70 % des 35 années de vie féconde (15-49 ans) en union, et plus de 90 % si l’on ne prend en compte que la durée de vie écoulée après le premier mariage (Hertrich et Pilon, 1997a ; Nations unies, 1986).
3 Voir par exemple pour l’Afrique de l’Ouest : Antoine et al., 1995, 2001 ; Delaunay. 1994 ; Thiriat, 1998.
4 Adlakha et al., 1991 ; Antoine, 2002 ; Gendreau, 1993 ; Gendreau et Gubry, 1988 ; Hertrich et Locoh, 1999 ; Hertrich et Pilon, 1997a, 1997b ; Lesthaeghe et al., 1989 ; Lloyd, 2005 ; Mensch et al., 2005 ; Tabutin et Schoumaker, 2004 ; Nations unies, 1986, 1988, 1990 ; van de Walle, 1996 ; Westoff, 1992, 2003 ; Westoff et Blanc, 1994.
5 Voir note précédente.
6 Différentes publications portent ainsi sur les enquêtes démographiques et de santé (Westoff, 1992, 2003 ; Westoff et Blanc, 1994). ou abordent l’évolution de la nuptialité en comparant les indicateurs issus de deux opérations seulement (Lloyd, 2005 ; Mensch et al., 2005).
7 Les travaux existants s’avèrent par ailleurs difficiles à utiliser dans une même synthèse, en raison de l’hétérogénéité des modes de calcul des indicateurs. Ainsi pour un indicateur aussi courant que l’âge moyen au premier mariage déduit des proportions de célibataires observées, selon la méthode dite de Hajnal (reconnu, en anglais, sous le sigle de SMAM, singulate mean age at marriage), il n’est pas exceptionnel de trouver un écart de plus d’un an entre les estimations proposées par différents auteurs pour la même opération. Par exemple, l’âge moyen au premier mariage des femmes varie entre 16,6 ans et 18,4 ans à partir du recensement malien de 1976, et entre 21,7 ans et 23,8 ans à ’île Maurice à partir du recensement de 1983, la plage de variation pour les hommes allant de 24,6 à 28,2 ans au Mali et de 24,7 à 27,5 ans pour Maurice aux mêmes dates (Hertrich et Pilon, 1997a).
8 Les statistiques sur la situation matrimoniale ont été obtenues pour environ 75 % de l’ensemble des recensements et enquêtes identifiés (321 opérations de collecte portant sur les femmes au moins, 282 en se limitant à celles qui ont également interrogé les hommes). Les statistiques manquantes renvoient à deux types de situation : soit à des problèmes d’accessibilité à la publication, soit à l’absence d’information, collectée ou publiée, sur la situation matrimoniale. Ce dernier cas de figure concerne nombre de pays anglophones (Zimbabwe, Botswana, Sierra Leone…) qui, jusqu’à la fin des années 1970, n’avaient pas toujours de tradition d’enregistrement de la situation matrimoniale ou ne la saisissaient que pour les « non-indigènes ».
9 L’exemple le plus spectaculaire est celui de l’enquête sur la prévalence de la contraception réalisée en 1984 au Botswana, qui a enregistré une proportion très faible de femmes célibataires par rapport aux opérations encadrantes (47 % contre 93 % en 1981 et 94 % en 1988 à 15-19 ans et 3 % contre 69 % et 70 % à 20-24 ans) en raison d’une appréciation très large des unions consensuelles (van de Walle, 1996).
10 Ces données peuvent être rapprochées des célibataires de la table de nuptialité d’une génération fictive ; elles sont habituellement résumées par le calcul d’un âge moyen au premier mariage, selon la méthode dite de Hajnal (Hajnal, 1953 ; Nations unies, 1984). Compte tenu des évolutions de l’âge au mariage et de la concentration de l’entrée en union sur quelques années d’âge, nous avons préféré utiliser ici l’âge médian, qui n’est dépendant que des proportions de célibataires observées chez les jeunes générations, que l’âge moyen dont le calcul intègre les données de l’ensemble des générations.
11 Certaines opérations distinguent les catégories « marié » et « en union libre » (ou union consensuelle, informelle, ...). Ces catégories ont été regroupées pour l’analyse et, bien sûr, les personnes en union libre n’ont jamais été comptabilisées parmi les célibataires.
12 Pour les pays disposant de plusieurs opérations de collecte au cours de la période considérée, on a retenu l’opération couvrant les deux sexes et la plus proche de la date centrale de la période. En l’absence de données, l’indicateur a été calculé par interpolation quand des valeurs encadrantes étaient disponibles. Pour la période la plus ancienne ou la plus récente, certains pays sans données ont pu être classés dans l’une des catégories de valeurs, quand ce classement faisait peu de doute au vu des indicateurs disponibles sur les autres périodes.
Auteur
Démographe et sociologue, Institut national d’études démographiques (Ined), unités de recherche Population et développement et Démographie, genre, sociétés. Ses recherches portent principalement sur les conditions de la transition de la fécondité en Afrique sub-saharienne, en particulier l’évolution des comportements matrimoniaux, des rapports sociaux de genre et des dynamiques familiales. Elle s’appuie, d’une part, sur un suivi de population en milieu rural au Mali, d’autre part, sur la mobilisation de sources existantes dans une perspective comparative internationale.
Hertrich@ined.fr
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Gens de Marrakech
Géo-démographie de la ville Rouge
Mohamed Sebti, Patrick Festy, Youssef Courbage et al.
2009
Histoire de familles, histoires familiales
Les résultats de l’enquête Famille de 1999
Cécile Lefèvre et Alexandra Filhon (dir.)
2005
La population canadienne au début du xviiie siècle
Nuptialité - Fécondité - Mortalité infantile
Jacques Henripin
1954
Les travaux du Haut comité consultatif de la population et de la famille
Travaux et documents
Haut comité consultatif de la population et de la famille
1946