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Introduction


Texte intégral

1Avant d’analyser la dynamique du développement de l’Indonésie depuis son indépendance, il importe de faire le bilan des presque trois siècles et demi de colonisation qu’elle a subi. Après tout, le présent n’est que le résultat, dans le grand archipel comme ailleurs, d’une longue évolution historique. Le passé y a laissé une empreinte profonde, comme l’a magistralement démontré Denys Lombard dans son chef d’œuvre sur l’histoire de Java1. Autrement dit, il est illusoire de vouloir analyser et encore moins comprendre les problèmes et les enjeux de développement politique, économique, social de l’Indonésie contemporaine sans examiner l’histoire qui est à l’origine de nombre d’entre eux2. Cet éclairage sur la période d’avant l’indépendance est peut-être encore plus indispensable pour ce pays, compte tenu de la grande diversité des sociétés indonésiennes et de la forme très spécifique qu’a prise ici la colonisation occidentale, essentiellement hollandaise. Nous allons donc examiner dans ce chapitre le poids très lourd de l’héritage colonial3. Après une première partie sur la colonisation en général et celle des Pays-Bas en particulier, on examinera plus en détail dans une deuxième les diverses phases de la politique coloniale hollandaise et l’éventail de leurs conséquences économiques, sociales et démographiques, avant de reprendre dans la troisième une analyse sous l’angle politique et institutionnel des effets de cette longue domination jusqu’à sa fin peu glorieuse face à la monté du mouvement nationaliste, la conquête japonaise et la victoire finale de la cause indépendantiste.

Notes de bas de page

1 Denys Lombard, Le carrefour javanais (1990).

2 Nous espérons ainsi modestement honorer la mémoire de Denys Lombard, grand historien dans la tradition de l’École des annales et fondateur des études indonésiennes en France, qui fut l’un des membres de notre jury de thèse en 1983 et est hélas décédé précocement en 1998, à tout juste 60 ans. Il avait en effet l’habitude de nous taquiner en nous demandant si nous ne voudrions pas « travailler sur des choses plus sérieuses que le développement »… pour nous consacrer à l’histoire, bien sûr.

3 Pour être vraiment fidèle à l’enseignement de Denys Lombard, il faudrait même remonter beaucoup plus loin, à la période précoloniale, que nous nous sommes juste contenté d’effleurer dans la troisième partie du précédent chapitre et que nous évoquerons encore, par petites touches, dans celui-ci.

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