Expertes en genre et connaissances féministes sur le développement
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Mythes et limites du bénévolat dans la construction des savoirs féministes : Genre en Action, réseau francophone pour l’égalité de genre
Note de l’éditeur
Référence papier : Vouhé, C. 2017 ‘Mythes et limites du bénévolat dans la construction des savoirs féministes : Genre en Action, réseau francophone pour l’égalité de genre’, in C. Verschuur (dir.), Qui sait ? Expertes en genre et connaissances féministes sur le développement, Paris : L’Harmattan. Collection Genre et développement. Rencontres, pp. 185-200. Acheter le .pdf chapitre éditeur.
Texte intégral
1Le militantisme n’est pas un métier. Par essence, c’est une action – personnelle et/ou collective – qui n’attend pas de retour financier mais est motivée par un désir de changement sociétal, légal ou politique. Depuis un demi-siècle, et surtout depuis la quatrième Conférence mondiale sur les femmes de Beijing, en 1995, le militantisme des femmes en faveur de l’égalité de genre s’est incarné dans la multiplication des mouvements et associations (sans but lucratif) dans le monde entier. Mais, « sans but lucratif » ne signifie pas sans moyens. Si certains mouvements protègent jalousement leur indépendance en se passant de l’aide financière des institutions et instances gouvernementales contre lesquelles ils luttent, rares sont les associations qui ne cherchent pas à faire financer leurs actions, au péril de leur indépendance de pensée.
- 1 Pour une explication des différences entre ONG et associations, voir http://www.portail-solidarite. (...)
2La contribution des associations féminines et/ou féministes à l’égalité femmes-hommes est désormais reconnue, y compris par les États et les institutions internationales, car ces associations assurent notamment des services de soins/prise en charge, information, formation et mobilisation que les gouvernements ne peuvent pas – et parfois ne veulent pas - assurer auprès des filles et des femmes. Dans le domaine de l’égalité de genre, elles ne sont pas seules à agir. L’aide internationale au développement a contribué, depuis 30 ans, à l’émergence d’organisations non gouvernementales (ONG) internationales et nationales1. Majoritairement dotées d’un statut associatif, militantes ou non, les ONG emploient des équipes salariées pour la mise en œuvre de leurs projets. L’émergence de la thématique « genre et développement » et les possibilités de financement connexes attirent aussi un nombre croissant de firmes et de cabinets privés.
- 2 Au niveau international, l’objectif numéro 3 (Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation de (...)
- 3 Le risque d’ONGisation a été décrit par Islah Jad (2010).
3Depuis 10 ans, la stagnation, voire l’érosion, des aides publiques2 rend l’accès des associations aux financements de plus en plus concurrentiel. Les pouvoirs publics multiplient les injonctions à changer de modèle économique et « encouragent » les associations à se tourner vers des sources privées (fondations d’entreprise), institutionnelles et/ou internationales (Nations unies, Fonds européens, etc.). Il est possible de vivre sans financement, uniquement sur la base du bénévolat et du militantisme… jusqu’à un certain point. Au-delà d’un certain seuil vite atteint, la recherche de financement s’impose. Cette activité requiert des compétences et génère une augmentation du travail administratif et comptable difficile à assumer pour les bénévoles. Sans employé-es salarié-es, la levée et la gestion des fonds sont inexistantes ou inefficaces. Avec des employé-es salarié-es, les associations courent un risque d’ONGisation3 au détriment du militantisme. Mais l’arrivée de fonds et d’un salariat stable peut aussi contribuer à la pérennité des actions et, paradoxalement, au militantisme en soulageant les bénévoles de la charge que représente le travail administratif.
- 4 En France, selon l’avis du Conseil économique, social et environnemental daté du 24 février, « est (...)
4La question est de savoir si les « petites » associations militantes peuvent apporter des contributions substantielles à l’égalité quand elles fonctionnent uniquement ou principalement grâce au bénévolat4. Sont-elles en mesure de contribuer à la circulation des savoirs féministes, à l’évolution de l’expertise collective, internationale, nationale et locale sur le genre et le développement ? Sont-elles en capacité de production – de recherche, d’analyse, de plaidoyer – et sont-elles reconnues et entendues dans le dialogue sur les politiques ?
- 5 L’article représente principalement le point de vue de l’auteure. Néanmoins, il s’appuie aussi sur (...)
5Cet article prend appui sur l’expérience de Genre en Action, réseau francophone dédié aux questions de genre et développement. Après une brève présentation historique du réseau, nous évoquerons quatre mythes (et leurs limites) pour explorer les possibilités et contraintes d’une association fondée sur le bénévolat militant5 et qui souhaite contribuer au développement des savoirs féministes et peser dans le dialogue sur les politiques. Ces mythes ont été structurés à partir des échanges entre les adhérent-es et les membres. Les outils d’analyse de la division du travail – les rôles reproductif, productif, communautaire et politique – servent de cadre à l’exploration de ces mythes.
Genre en Action : un réseau militant pour la production et la circulation des savoirs
6Au début des années 2000, face au vide qui existait (et persiste) en milieu francophone sur les questions de genre et développement (en matière de connaissances, d’outils et méthodologies, de compétences, de synergies etc.), une vingtaine de militantes et chercheures françaises se sont réunies dans l’idée de créer un réseau francophone consacré à cette « nouvelle » thématique.
- 6 Le ministère a changé de nom plusieurs fois depuis 2003.
7À la même période, une étude commanditée par le ministère français des Affaires étrangères6 soulignait le manque de stratégies et d’outils de la coopération française pour concrétiser la prise en compte du genre dans ses politiques et programmes (Droy et Villeret 2001). Ce constat a incité le ministère à financer la création du réseau, sur sollicitation des militantes. Genre en Action, réseau international francophone, est né en 2003. Il est axé sur les questions de « genre et développement » et animé par une association française loi 1901 créée en 2009. Le réseau n’a pas eu d’identité juridique entre 2003 et 2009. L’association a été créée en 2009 notamment pour diversifier et faciliter la recherche de financement.
- 7 Dans leur étude « Cartographie des instances collectives de solidarité internationale associative o (...)
8Initialement, en 2003, le ministère s’est engagé à soutenir le réseau pendant trois ans. La pertinence et la faisabilité d’une autonomie financière au bout de trois ans ont d’emblée été contestées par les co-fondatrices du réseau. D’une part, elles argumentaient que cette autonomie ne semblait pas être exigée d’autres réseaux7 et, d’autre part, que le faible investissement de la France dans cette thématique jusqu’alors justifiait pleinement un engagement financier pérenne de l’État (Droy et Villeret 2001). Malgré cela, Genre en Action a cherché d’autres bailleurs en France et à l’étranger, tout en revendiquant le soutien du gouvernement français. Le ministère a financé Genre en Action jusqu’en 2014 (une subvention annuelle dont la dernière en date représentait 40 % du budget de l’association), ce qui a permis de créer un poste salarié de coordination du réseau (allant d’un tiers temps en 2003 à un temps plein et demi fin 2014). Pendant cette période, le bénévolat des militantes est resté très important, mais la coordination salariée a joué un rôle crucial dans la gestion quotidienne, dans l’organisation des membres et des actions ainsi que dans la communication interne et externe. Au fil des ans, le nombre croissant d’adhérent-es et de membres, de projets et de partenariats a augmenté la charge de travail des salariées et des bénévoles sans que les financements croissent de façon suffisamment pérenne pour assurer un salariat adéquat et stable. Depuis 2014, l’association n’est plus soutenue par le ministère et, depuis juin 2015, elle n’a plus de coordination salariée.
- 8 Le réseau comprend 4 700 abonné-es, 1 800 membres dont 340 expert-es et 40 adhérent-es (individus e (...)
- 9 Les activités sont détaillées sur le site www.genreenaction.net
9L’association fédère actuellement 40 adhérent-es (individus et associations) et anime un réseau de personnes et organisations issues du monde de la recherche, des milieux associatif et institutionnel, des collectivités et des médias8. Le réseau mène des actions de plaidoyer, développe des outils, crée des synergies entre « familles » d’acteurs, organise des formations et collabore avec des organisations internationales pour garantir une meilleure participation des francophones aux événements et processus internationaux. Entre 2004 et 2014, il a aussi co-organisé 5 colloques internationaux et de nombreuses « journées d’études ». La production de données, de savoirs et d’outils, ainsi que le partage des connaissances, sont au cœur de son action. Genre en Action réalise des projets de recherche-action en partenariat avec des associations locales, principalement africaines. Par exemple, entre 2011 et 2014, Genre en Action a créé le réseau des observatoires de l’égalité de genre avec 25 associations issues de tout l’espace francophone ainsi qu’Observ’action, un centre de ressources numériques sur le thème genre et développement. En 2015, avec des associations ivoiriennes, il a mené une campagne de plaidoyer intitulée « Interpell’action – Si vous voulez nos voix, entendez les nôtres », une action de sensibilisation des candidat-es aux élections présidentielles9. Actuellement, le réseau mène un travail important sur l’open knowledge pour faciliter l’accès libre aux savoirs féministes et multiplier les données consultables (via un projet de numérisation en lien avec des universités africaines).
10Actuellement, l’animation de la dynamique associative et militante du réseau et des projets repose essentiellement sur des bénévoles. Des financements obtenus par appels à projet soutiennent des actions spécifiques et permettent des rémunérations ponctuelles et partielles d’expert-es membres du réseau. La recherche de financement dépend des bénévoles. Dans ces conditions, la production et la circulation des savoirs est-elle viable ?
Mythes et limites du bénévolat pour la production et la circulation des savoirs
- 10 Voir par exemple la cartocrise : http://www.associations-citoyennes.net/?p=5793
11Depuis plus d’une décennie, comme de nombreuses associations en France10 et ailleurs, Genre en Action subit la crise des financements publics et reçoit l’injonction de l’État de changer son modèle économique (Arutyunova et Clark 2013). Cette injonction est un euphémisme pour signifier l’entrée de l’associatif sur le « marché » des appels à projets (en concurrence avec des ONG) et des appels d’offre (en concurrence avec des cabinets privés), dans l’univers de la vente de prestations, de services et de produits (en concurrence avec le secteur privé) et enfin dans celui du recours au crowdfunding et au mécénat privé des entreprises. Pour Genre en Action, adopter un isomorphisme marchand crée de nombreux dilemmes : « militer moins pour gagner plus » ne correspond pas aux valeurs fondatrices du réseau. D’un point de vue éthique et idéologique, commercialiser les savoirs déroge aux principes « d’open knowledge » (savoirs ouverts) que l’association défend.
- 11 Pour une définition des rôles multiples, voir par exemple Levy (1996).
12L’association peut-elle atteindre ses objectifs dans un modèle « tout bénévole », sans recourir à une équipe salariée dédiée à la recherche et à la gestion des financements et des projets ? En empruntant les outils dits « des rôles multiples »11 à l’analyse de la division du travail, on peut porter un regard critique sur les mythes et limites du bénévolat, et ainsi révéler une situation qui n’est pas sans rappeler les constats des féministes économistes sur la place des femmes dans la division sexuelle au sein des ménages (Kergoat 2009).
Vous le vouliez, occupez-vous en ! Le rôle reproductif des bénévoles
- 12 Voir par exemple Bridge (2009).
13Le rôle reproductif englobe toutes les tâches relatives à l’entretien du ménage et de ses membres dans la sphère domestique. Dans la perspective essentialiste, la responsabilité du care revient aux femmes en tant que génitrices. Dans le monde associatif, le mythe de la disponibilité repose sur l’idée que les bénévoles s’engagent de leur plein gré, « pour la cause », et que leur implication est donc sans limite. Leur travail essentiel et qualifié – mais non rémunéré –, invisible et sous-valorisé renvoie au concept de care12. Le care, dont la traduction en français varie de « l’éthique de la sollicitude » au « soin à la personne », fait référence au travail non rémunéré effectué par les membres d’un groupe (ménage et famille plus globalement) pour assurer notamment le bon état physique, moral et sanitaire des personnes qui composent ce groupe. Dans la division sexuelle du travail qui prévaut dans la majorité des sociétés, il est principalement le fait des femmes. De même que la responsabilité du care domestique est basé sur le mythe qui veut que les femmes possèderaient « génétiquement » un capital de sollicitude plus important que les hommes parce qu’elles mettent les enfants au monde, le « care associatif » se construit autour de l’idée que les militantes qui ont créé un mouvement ou une association doivent s’en occuper sans rémunération. À l’instar du care assumé par les femmes dans le ménage, la charge de travail que représente le care associatif, est largement invisible et sous-estimée, à la fois dans l’association et par les partenaires.
- 13 On entend principalement ici par bénévoles les adhérent-es de l’association (au nombre de 40). Des (...)
14Au sein de Genre en Action, comme dans beaucoup d’associations, le care correspond d’abord à la gouvernance « de base » qui incombe normalement aux bénévoles13 (gestion des adhésions, comptabilité, rapports d’activités, gouvernance, élaboration des stratégies). Ce rôle s’alourdit avec le développement du réseau. Sans équipe salariée, les bénévoles assument aussi certaines tâches opérationnelles : l’animation des membres, les partenariats, le réseautage, la communication, la recherche de financement et la formation de la « nouvelle génération » (l’encadrement de stagiaires par exemple). Faire fonctionner le collectif requiert donc une importante dose de care.
15Le principe associatif auquel souscrit Genre en Action veut que chaque bénévole contribue à hauteur de ses possibilités (techniques, financières, temps, etc.) et en accord avec ses engagements (au sein des instances de gouvernance par exemple). Dans la pratique quotidienne, l’articulation des temps de vie, concept clef dans l’analyse du travail selon le genre, se heurte au principe de réalité. Les militantes bénévoles de Genre en Action ont d’autres engagements et obligations : emploi, auto-entreprenariat, études, familles, politique, loisirs, etc. La plupart sont aussi bénévoles dans d’autres associations et mouvements (en France, en Afrique). Souvent, elles n’y sont pas de « simples » militantes : elles sont dirigeantes, membres des instances de gouvernance. De ce fait, leur disponibilité est souvent limitée et imprévisible. En cas de surcharge professionnelle ou familiale, de conflits ou d’enjeux nationaux qu’elles doivent placer en tête de leurs priorités, les bénévoles ne sont plus/pas disponibles pour le réseau. Alors que l’association, de par sa configuration francophone et internationale, repose sur l’utilisation des technologies de l’information et de la communication, les bénévoles n’ont pas le même accès aux ressources nécessaires à leur travail. Plus de la moitié des bénévoles actives (y compris au sein du conseil d’administration) vivent en Afrique où l’accès à l’information et à la communication est souvent problématique. Le manque de financement oblige à des rencontres virtuelles (conseil d’administration, assemblée générale, groupes de travail), ce qui réduit les coûts (et les émissions de CO2) mais augmente le temps de travail (lecture, gestion des messages électroniques, etc.) et freine souvent l’efficacité du réseau. Toutes ces réalités aboutissent à une répartition souvent mal équilibrée du travail entre les bénévoles et un « noyau dur » qui s’essouffle.
Quand on aime, on ne compte pas. Le rôle productif des bénévoles
16Dans la division sexuelle du travail, le rôle productif désigne l’ensemble des tâches destinées à générer des revenus ou des ressources à valeur d’échange pour le ménage. Au sein d’une association, c’est le rôle qui permet de mobiliser des financements et/ou d’acquérir des ressources monnayables par ailleurs. Genre en Action a besoin de fonds pour poursuivre ses actions – se loger, s’équiper, se déplacer, communiquer, organiser des rencontres, publier, etc. Rechercher des fonds est un travail à part entière qui demande notamment une « veille », du temps, des compétences techniques et financières ainsi qu’une connaissance des thématiques et des acteurs. Dans quelle mesure est-il possible de mobiliser toutes ces compétences parmi les bénévoles pour lever des fonds visant à garantir la poursuite des projets et, éventuellement, à permettre le recrutement de salarié-es pour soulager les bénévoles ?
17L’association dispose de plusieurs options : répondre à des appels à projet et à des appels d’offre (vente d’expertise), vendre ses services (formations/publications, information, etc.), faire appel aux dons, au crowdfunding ou au mécénat. Actuellement, les appels à projets sont la piste privilégiée pour la levée de fonds. Pour Genre en Action, la priorité est de trouver les financements nécessaires aux projets transversaux et structurants qui bénéficient au plus grand nombre de membres (réseautage et synergies, information et communication, partage des pratiques, plaidoyer et formation, centre de documentation, etc.). Or, de plus en plus souvent, les appels concernent des projets spécifiques (à des thématiques, à des pays, etc.) plus que les projets transversaux et multi-pays dont Genre en Action a besoin. De plus en plus souvent, les bailleurs exigent aussi que les associations qui déposent les projets soient basées au Sud. Or, le montage des projets demande des compétences – et une solvabilité – dont les petites associations regroupées au sein de Genre en Action ne disposent pas forcément, voire qu’elles demandent justement au réseau de leur fournir. En l’absence d’une équipe salariée, le montage des projets est lui aussi assumé par les militantes bénévoles. Au sein de Genre en Action, la décision de répondre ou non à un appel à projets est prise le plus collectivement possible. Mais, au final, ce sont « souvent les mêmes » qui s’impliquent dans la rédaction des projets, et ce pour diverses raisons : intérêt, priorités, compétences, connaissance du réseau, accès aux outils internet, langue (par exemple quand les appels sont à rédiger en anglais), etc. La disponibilité n’est pas nécessairement le critère le plus déterminant.
- 14 Cette affirmation un peu brutale se fonde sur l’expérience de l’auteure dans le domaine de la consu (...)
- 15 « D’abord vivre, ensuite philosopher », locution latine (auteur inconnu).
18On peut rapidement définir deux acceptions du terme « expert-e en genre » : il s’agit tout d’abord une personne qui possède des compétences relatives aux genre. Mais le terme fait aussi référence aux professionnel-les qui tirent des revenus de la vente de leur expertise en genre, souvent dans le cadre de la consultance. Les deux définitions ne sont forcément liées ou interchangeables. Les personnes expertes en genre ne sont pas nécessairement consultant-es, et toutes les personnes proposant leurs services comme expert-es ne sont pas nécessairement compétentes14. Le but de Genre en Action n’est pas de fournir du travail rémunéré aux expert-es en son sein ni de devenir un « bureau d’expertise ». En revanche, elle souhaite valoriser l’expertise (la compétence) de ses membres et, dans ce but, répond à des appels d’offres (prestations de formation, évaluations, accompagnement de projets, etc.). La réponse aux appels d’offres est un exercice collectif qui malmène le mythe du désintéressement. Alors que le care mobilise difficilement, les activités rémunérées suscitent plus d’intérêt. Ce constat n’est pas péjoratif. « Primun vivere deinde philosophari »15, constatait récemment un des experts militants. Outre le fait qu’elle représente un débouché économique, l’implication dans une mission rémunérée au nom de Genre en Action marque une reconnaissance de la compétence des membres et de leur engagement, ainsi qu’une expérience collective d’apprentissage. Quand une offre se présente, l’ensemble des adhérent-es sélectionne collectivement le(s) profil(s) le(s) plus adéquat(s). La non-concurrence entre les membres est un principe clef et suppose une évaluation collective (et une auto-évaluation) des candidat-es. Les personnes sélectionnées se chargent de la rédaction – souvent avec l’aide d’autres militant-es –, exécutent la mission, puis reversent 10 % de leurs gains à l’association.
- 16 Ces principes sont déclinés dans le référentiel sur la formation des formateurs http://www.genreena (...)
19Pour encourager toutes les expertises et avancer dans une démarche d’égalité des chances, Genre en Action applique des « principes » : faire travailler ensemble des expert-es du Nord et du Sud, former en binômes, favoriser la collaboration d’expert-es Sud-Sud et de différentes générations16. Les conditions et les enveloppes budgétaires des commanditaires amènent fréquemment les militantes à décider de mettre (ou non) de côté ces principes d’intervention. Les différences de points de vue inhérentes à tout collectif créent du débat et des connaissances, mais pas forcément des revenus. En effet, le respect de ces principes peut augmenter les coûts de la prestation et pénaliser l’approche collective.
- 17 Les citations proviennent d’échanges avec les adhérent-es de l’association.
20Ces appels d’offres mettent les associations en concurrence avec des cabinets privés et des expert-es indépendant-es. Dans le cas de Genre en Action, cette concurrence crée des biais défavorables aux militantes au moment de la rédaction et de la sélection. « Les militantes ne sont pas sur un pied d’égalité avec les entités privées qui disposent d’équipes salariées pour répondre aux offres : il y a une ‟pauvreté en temps” pour celles et ceux qui assument des doubles (et triples) journées de travail (travail gratuit et travail rémunérateur) pour produire bénévolement des savoirs qui servent au final à alimenter les institutions (y compris les cabinets privés) où les personnes sont mieux rémunérées, avec une certaine sécurité de l'emploi »17. Au moment de la sélection, « les commanditaires ne valorisent pas forcément le travail collectif des associations qui permettrait peut-être d’aboutir à des savoirs plus collectifs, intéressants, partagés et plus proches de la réalité ». Qui plus est, dans un contexte de dépolitisation des enjeux du genre, porter l’étiquette de « militante féministe » n’est pas toujours une plus-value ! Entre « manger » et « militer », il faut parfois choisir. « C’est là où les États, les institutions et les grands sponsors nous ont. Il faut de plus en plus modérer son langage et son militantisme pour bénéficier de leurs appuis d’envergure. À défaut, on vivote à peine et la résistance est pénible et terrifiante devant les sollicitations de sa propre famille qui a droit de vie elle aussi », déclare un adhérent actif, également expert/consultant.
21La prestation de services payants est une autre manière de financer le réseau et de rémunérer les expert-es. Jusqu’à présent, les évènements, services (formation) et produits (guides, outils) de Genre en Action sont gratuits. Deux facteurs ont permis cette gratuité : le bénévolat des expert-es et le subventionnement des actions. L’élaboration d’outils, les formations et l’organisation de colloques mobilisent largement les expert-es qui interviennent bénévolement ou en appliquant des tarifs militants ne reflétant ni leur niveau d’implication ni leur niveau d’expertise. La situation financière a changé, et Genre en Action doit désormais envisager la possibilité de vendre ses services. La fin de la gratuité risque de limiter l’accès aux services et compétences des personnes que l’association souhaite toucher en priorité (les femmes qui militent dans les petites associations des pays francophones, notamment des Suds) et va à l’encontre des objectifs et valeurs de l’association.
Savoirs low cost. Le rôle communautaire des bénévoles
22Toutes ensemble, tous ensemble ? Tel que défini dans les outils de la division sexuelle du travail, le rôle communautaire comprend les tâches accomplies gratuitement et collectivement pour le bien de la collectivité. Toute l’action du réseau peut entrer dans ce rôle, en particulier les tâches collectives pour la construction des savoirs et des compétences. Dans ce rôle, c’est le mythe de l’expertise « en libre service » qui domine.
23L’expertise bénévole qui permet la gratuité des services de Genre en Action (informations, savoirs, outils etc.) questionne la « valeur des savoirs » dans le contexte actuel de concurrence générale pour l’emploi et le revenu. D’une part, les institutions et les pouvoirs publics ont gratuitement accès à ces services, alors même qu’ils n’y contribuent pas (financièrement, intellectuellement, etc.). Les cabinets qui vendent leur expertise en profitent aussi. D’autre part, l’absorption des coûts du travail par les militantes dédouane les pouvoirs publics et les institutions de leur responsabilité financière. Ce sont les militant-es qui subventionnent la production des savoirs. Enfin, le mythe de l’expertise militante gratuite « par essence » génère aussi une économie à deux vitesses de la production des savoirs : les savoirs financés (des organismes et cabinets privés, et dans une moindre mesure du monde académique) et les savoirs non financés des militantes bénévoles. Les expert-es de Genre en Action sont souvent invité-es à intervenir lors de concertations, de débats et de journées d’études ou de sensibilisation. Ceux-ci ont lieu le soir, pendant le week-end ou pendant leurs heures de travail. La plupart du temps, aucune rémunération n’est prévue, y compris par les collectivités et les entités publiques ou semi-publiques, voire privées, qui les convoquent. Autre exemple, la concertation entre pouvoirs publics et organisations de la société civile fait partie de l’exercice de la démocratie participative. Les associations la revendiquent. Cela ne veut pas dire qu'elle doit être à la charge des associations ou de leurs militant-es. C’est pourtant très généralement le cas. En France, depuis 2007, des expertes de Genre en Action ont par exemple été impliquées bénévolement dans la rédaction du Document d’orientation stratégique sur le genre du ministère des Affaires étrangères, puis dans son suivi et son évaluation. Cela n’a pas empêché les financements de se tarir.
- 18 Pour préparer cet article, un questionnaire a circulé parmi les adhérent-es. Les citations figurent (...)
24Le regroupement de militant-es au sein d’une association induit le mythe d’une pensée commune. Or, l’une des valeurs de Genre en Action est au contraire de situer les savoirs, de parler à partir d’une pluralité de féminismes et d’accueillir des réalités, connaissances et expériences très différentes. Cette ouverture enrichit les échanges entre les membres. Une des bénévoles, militante et experte, affirme que « les re-conceptualisations dans la confrontation positive ont été et continuent d’être des temps forts de partage et d’appropriation. Nous avons appris et bien appris du réseau et par le réseau […] tous types de savoirs, sur les questions de gouvernance et de partenariat, en plus des sujets de fond sur le genre »18. Un autre affirme que « la construction collective des savoirs nous a permis de nous renforcer, d’approfondir nos connaissances et savoir-faire au contact les un-es des autres. Nous ne sommes pas arrivé-es à une pensée unifiée, ce qui serait grave, mais nous avons pu trouver des plages de compréhension commune et des pratiques enrichies pour chacun-es de nous ». Une autre déclare encore : « Les publications et rencontres organisées par Genre en Action ont enrichi mes connaissances sur les questions de genre ainsi que sur l’existence d'associations et de réseaux, notamment dans le Sud ». Les savoirs se construisent également à travers les projets de terrain, des savoirs relatifs aux contenus sur le genre autant qu’à leur processus de construction. Par exemple, faisant référence à un atelier sur les observatoires du genre, un membre rapporte que « la conception des fiches techniques et leur partage a fait avancer les conceptrices, les discutant-es et les participant-es. L’apprentissage est né de la confrontation libre et totalement ouverte. À elle seule, cette dynamique méthodologique est un outil d’apprentissage qui relève de l’innovation méthodologique et cognitive ».
25Cependant, pour être reconnus, les savoirs doivent être gérés, formulés et capitalisés (à travers des publications, des outils). Mais, souvent parce que les militant-es manquent de temps et ne disposent d’aucun soutien salarié, ce travail n’est pas fait systématiquement. Est-il possible de capitaliser – et piloter, évaluer, améliorer, etc. – les savoirs produits dans un vaste réseau en comptant uniquement sur des bénévoles ? À titre d’exemple, la série de publications « Focus Genre » est née en 2009 et s’est arrêtée fin 2012, faute de volontaires. « On a du mal à construire collectivement, à mutualiser […]. Nous avons peu appris à “faire société” en tant que membres de Genre en Action. Pourquoi ? », s’interroge une militante. Doit-on en déduire que le manque de ressources humaines salariées, de moyens pour se rencontrer physiquement et de temps pour se consacrer à l’exercice de la capitalisation des savoirs fait aussi partie du problème ?
26Au final, la production low cost des savoirs rend accessibles les connaissances et les outils. Mais elle contribue à une triple « opportunité de coûts » pour les bénévoles : réduction de leurs activités économiques, de leur temps personnel (vie personnelle) et de leurs productions propres (articles, retour sur expérience, etc.). Le sous-financement de la capitalisation des savoirs (actes des colloques, synthèses d’échanges, publications collectives) en reporte le poids sur les militant-e-s qui ont du mal à « tenir le rythme » de leurs ambitions.
Ce qui nous tient. Le rôle politique des bénévoles
- 19 Les accords entre l’Europe et les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) sont par exemple dénoncés (...)
- 20 Lire à ce sujet l’étude de l’AWID (2014) intitulée « The role of the private sector in financing fo (...)
27Dans la division sexuelle du travail, le rôle politique fait référence aux actions visant à influencer la définition et la mise en œuvre des politiques. La volonté de changer l’ordre des choses est la raison d’être du militantisme. C’est aussi le but de Genre en Action. Dans les conditions actuelles de régression constante du soutien aux associations militantes, de conditionnalité des financements, de montée et de mondialisation des extrémismes (économiques, politiques, religieux) et d’institutionnalisation de l’égalité femmes-hommes par des pouvoirs et des institutions elles-mêmes garantes du maintien de l’ordre économique dominant, on peut remettre en question le mythe du changement par l’action collective. L’assèchement du soutien des pouvoirs publics à la société civile féministe engagée dans les questions de genre et l’exhortation à lever des fonds auprès de fondations créées par des entreprises multinationales ou des institutions elles-mêmes génératrices d’inégalités nord-sud19 – et, par capillarité, d’inégalités de genre – laissent les associations militantes face à un dilemme : peuvent-elles accepter des fonds sans compromettre leurs objectifs20 ? À défaut, peuvent-elles arriver à leurs fins par leurs propres moyens ? À quel prix ?
28Après plus de 10 ans d’existence, il est difficile de savoir si le travail des militantes de Genre en Action a permis d’influencer les institutions, dont celles qui financent ou ont financé ses actions. Mesurer l’impact d’un réseau comme Genre en Action est un énorme défi, dans la mesure où ce réseau évolue dans un vaste espace géographique (les pays francophones), navigue entre virtualité et travail de terrain, ne mène pas directement des campagnes de plaidoyer d’envergure, mais fournit des outils, des connaissances et des compétences visant à provoquer le changement. Réaliser une telle évaluation d’impact nécessiterait des moyens humains et financiers qui ne sont pas disponibles actuellement.
- 21 Extraits du colloque : http://www.genreenaction.net/Et-si-feminisme-rimait-avec-pluralisme.html
- 22 Site du projet financé par l’Agence française de développement : http://www.observatoiresdugenre.co (...)
29Par réalisme plus que par défaitisme, certain-es militant-es estiment que les associations sont « de plus en plus condamnées à suivre les agendas des institutions... Mais en même temps, sur le long terme, on peut considérer que nous sommes précurseures des agendas en question ». Par exemple, fin 2014, Genre en Action a organisé un colloque international intitulé « Féministes ou non 21», un événement durant lequel la notion de féminisme islamique a été abordée notamment dans le but de traiter du thème de l’intersectionnalité et la décolonialité des savoirs dans le monde francophone. Les bailleurs du colloque n’ont pas apprécié cette initiative et l’ont fait savoir. Pour autant, les échanges ont incité certaines militantes à poursuivre cette piste de recherche et d’action. Nous pouvons aussi évoquer le thème des observatoires de l’égalité sur lequel Genre en Action travaille depuis 2006. Le travail accompli, notamment pendant quatre ans22, commence à porter ses fruits et à intéresser les pouvoirs publics. « Nous ne savons pas si nous avons été entendues, mais nous avons été précurseures », déclare l’une des adhérentes dans sa réponse à un questionnaire.
30D’autres, en revanche, estiment que « les institutions internationales nous influencent plus que nous ne pouvons le faire, mais nous ne pouvons pas vraiment savoir si nos remarques, refus de participer, refus de faire, précisions théoriques et conceptuelles les ont influencées ou agacées ». Pour un des membres, « nous avons très rarement des agendas propres, nous rimons plutôt avec les agendas tirés par les autres. L’agenda, c’est dans la majorité des cas, voire toujours, ce qu’il est convenu d’appeler la communauté internationale. Mais où est la société civile ? ».
Conclusion
31Treize ans après sa création, Genre en Action poursuit ses objectifs de départ et défend son identité. Cependant, il est évident que « la logique instituante de Genre en Action se heurte à un cadre institutionnel et à un environnement politique et social complexes qui exercent des pressions, génèrent des tensions et peuvent remettre en question son projet collectif initial et son identité » (Chabal 2014). L’association se trouve face à un dilemme : accepter de prendre part à la course aux financements – avec des salarié-es – au risque d’affaiblir la dynamique associative ; rester un mouvement militant porté par des bénévoles au risque d’épuiser les énergies ; ou « réduire la voilure » au détriment des synergies construites pendant plus de 10 ans. Le choix n’est pas de nature économique. Il est idéologique, politique et éthique. Il a des conséquences sur la capacité du réseau à créer et faire circuler les savoirs, les compétences et l’innovation et à plaider pour le changement social.
32L’analyse des réalisations et perspectives de Genre en Action montre que, si l’activité de production et de circulation des savoirs est handicapée par le manque de financement, elle n’est pas anéantie. Les bénévoles militantes restent les piliers de l’association, qu’elles (et ils) en sont les femmes à mille bras dont parlent les Burkinabés, le poto mitan qu’évoquent les féministes martiniquaises. En s’impliquant dans le fonctionnement et la gouvernance de l’association, mais aussi dans l’élaboration des projets et la recherche de financement, les membres bénévoles contribuent non seulement à la production de savoirs féministes non académiques et à la diffusion des savoirs académiques, mais aussi à l’émergence de savoir-faire et de savoir-être collectifs dont l’importance n’est pas également reconnue par les pouvoirs publics et les institutions. À terme, le risque est que cette faille épuise les ressources humaines et réduise l’impact des actions.
Bibliographie
Arutyunova, A. et C. Clark. 2013. Watering the Leaves, Starving the Roots. The Status of Financing for Women’s Rights Organizations and Gender Equality. Association for Women’s Rights in Development. https://www.awid.org/sites/default/files/atoms/files/WTL_Starving_Roots.pdf
AWID (Association for Women’s Rights in Development). 2014. The Role of the Private Sector in Financing for Development from a Feminist Perspective. 24 juillet. https://www.globalpolicy.org/global-taxes/52669-the-role-of-the-private-sector-in-financing-for-development-from-a-feminist-perspective.html
Beuret, E. et A. Cadoret. 2014. Cartographie des instances collectives de solidarité internationale associative ou mixte (plateformes et collectifs). Agence française de développement. http://www.afd.fr/webdav/shared/PORTAILS/PUBLICATIONS/ONG/PDF/AFD-Rapport-SMA.pdf
Chabal, F. 2014. La dimension institutionnelle de l’association Genre en Action. Master Management des associations. IAE Paris Panthéon Sorbonne. Non publié.
Bridge. 2009. Genre et soins aux personnes. Le Bulletin de Bridge. N° 20.
Droy, I et S. Villeret. 2001. La prise en compte du genre dans les actions françaises de développement. Institut de formation et d’appui aux initiatives de développement. http://www.observaction.org/genre-et-programmes-nationaux/la-prise-en-compte-du-genre-dans-les-actions-francaises-de-developpement/
Jad, I. 2010. L’ONGisation des associations de femmes arabes. In Genre, postcolonialisme et diversité des mouvements de femmes. Cahiers genre et développement. N° 7. (Dir.) C. Verschuur. Paris : L’Harmattan.
Kergoat. D. 2001. Division sexuelle du travail et rapport sociaux de sexe. In Genre et économie : un premier éclairage. Cahier genre et développement. N° 2. (Dir.) J. Bisilliat et C. Verschuur. Paris : L’Harmattan.
Levy, C. 1996. The Web of Institutionnalisation. Londres : DPU working paper. N° 76.
Notes
1 Pour une explication des différences entre ONG et associations, voir http://www.portail-solidarite.org/acteurs/associations-ong
2 Au niveau international, l’objectif numéro 3 (Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes) a été le moins financé des 8 objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) pendant la période 2000-2015.
3 Le risque d’ONGisation a été décrit par Islah Jad (2010).
4 En France, selon l’avis du Conseil économique, social et environnemental daté du 24 février, « est bénévole toute personne qui s’engage librement pour mener une action non salariée en direction d’autrui, en dehors de son temps professionnel et familial ».
5 L’article représente principalement le point de vue de l’auteure. Néanmoins, il s’appuie aussi sur des commentaires des membres et des réponses à un questionnaire sur le rôle du réseau (2014).
6 Le ministère a changé de nom plusieurs fois depuis 2003.
7 Dans leur étude « Cartographie des instances collectives de solidarité internationale associative ou mixte (plateformes et collectifs) » publiée en 2014, Jean-Eudes Beuret et Anne Cadoret montrent qu’en France, « les plateformes sont pour la plupart très dépendantes des financements publics […]. L’absence de soutien public signifierait l’impossibilité de mobiliser des ressources humaines spécifiques et d’assurer ce qui fait l’essence d’une plateforme, c’est à dire l’animation de sa vie collective ». Genre en Action est une des 60 plateformes incluses dans cette étude.
8 Le réseau comprend 4 700 abonné-es, 1 800 membres dont 340 expert-es et 40 adhérent-es (individus et organisations). Jean-Eudes Beuret et Anne Cadoret (2014) classent Genre en Action parmi les organisations dont la force réside davantage dans la force de leur réseau que dans le nombre de leurs adhérent-es.
9 Les activités sont détaillées sur le site www.genreenaction.net
10 Voir par exemple la cartocrise : http://www.associations-citoyennes.net/?p=5793
11 Pour une définition des rôles multiples, voir par exemple Levy (1996).
12 Voir par exemple Bridge (2009).
13 On entend principalement ici par bénévoles les adhérent-es de l’association (au nombre de 40). Des bénévoles apportent aussi leur soutien en tant que « simples » membre du réseau.
14 Cette affirmation un peu brutale se fonde sur l’expérience de l’auteure dans le domaine de la consultance en genre ainsi que d’échanges informels, au fil des ans, avec notamment des commanditaires et des « bénéficiaires » des expert-es en genre. Lire aussi à ce sujet le rapport de synthèse du colloque « Genre et Développement, quels enjeux pour la formation ? » organisé par Genre en Action en 2006, pendant lequel la compétence des « expert-es en formation genre » a été remise en question à diverses reprises. http://www.genreenaction.net/IMG/pdf/Synthe_se.pdf
15 « D’abord vivre, ensuite philosopher », locution latine (auteur inconnu).
16 Ces principes sont déclinés dans le référentiel sur la formation des formateurs http://www.genreenaction.net/IMG/pdf/referentiel_formation_genre_2015_web.pdf et dans la charte de Genre en Action http://www.genreenaction.net/IMG/pdf/Charte.pdf
17 Les citations proviennent d’échanges avec les adhérent-es de l’association.
18 Pour préparer cet article, un questionnaire a circulé parmi les adhérent-es. Les citations figurent parmi les réponses.
19 Les accords entre l’Europe et les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) sont par exemple dénoncés comme anti-égalité par des groupements féministes.
20 Lire à ce sujet l’étude de l’AWID (2014) intitulée « The role of the private sector in financing for development from a feminist perspective ».
21 Extraits du colloque : http://www.genreenaction.net/Et-si-feminisme-rimait-avec-pluralisme.html
22 Site du projet financé par l’Agence française de développement : http://www.observatoiresdugenre.com/
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