Version classiqueVersion mobile

Mythe et réalité du non-alignement

 | 
Philippe Braillard

Chapitre V. Un moyen de légitimation internationale

Texte intégral

1Le besoin de légitimité qui est au cœur du fonctionnement de tout système politique, ne se manifeste pas seulement dans la recherche de divers moyens permettant de légitimer, auprès des membres de la société, le régime au pouvoir et la politique suivie. Ce besoin apparaît également à l’extérieur du système politique, dans l’environnement international de ce dernier. Le processus de légitimation a donc aussi une dimension internationale.

  • 1 Voir à ce sujet l’article de Inis L. Claude, « Collective Legitimization as a Political Function of (...)

2Certes, le système international est un système politique peu intégré, caractérisé par un degré très faible de développement des institutions politiques. Les relations interétatiques sont en effet fortement marquées par la souveraineté que revendique chaque Etat et par l’absence d’autorité et de pouvoirs capables de s’imposer aux Etats et d’empêcher ces derniers de recourir à la force pour défendre, en dernier recours, leurs intérêts. On doit néanmoins reconnaître qu’une bonne partie des relations interétatiques relèvent d’une logique de coopération et font référence à un certain nombre de règles, en s’inscrivant notamment dans le cadre de diverses institutions intergouvernementales ou en se référant pour le moins à ces dernières. La quasi-totalité des Etats cherchent à rattacher leurs politiques étrangères à un ensemble de principes et de règles admis par la communauté internationale et considérés comme garants d’un développement harmonieux de cette dernière. Par ailleurs, dans le cadre des institutions internationales existantes et, d’une manière plus générale, dans celui de la diplomatie multilatérale, les régimes au pouvoir cherchent à faire reconnaître et appuyer leurs politiques par le plus grand nombre possible d’Etats car, dans un système où référence est constamment faite à la démocratie et à l’expression d’une volonté majoritaire, le poids du nombre peut être source de légitimité. On peut parler alors de légitimation collective1. On voit donc que, dans le système international également, bien que sans doute de manière spécifique, le pouvoir est lié à la légitimité, à sa recherche et à son exercice.

3Le non-alignement, dans la mesure où il rassemble un nombre important d’Etats et où il se fonde sur un discours exprimant un certain nombre de principes d’action et faisant référence à un ensemble de valeurs morales, constitue un instrument privilégié de légitimation internationale pour les Etats qui s’y réfèrent. Ce processus de légitimation internationale par le non-alignement peut prendre des formes diverses en fonction de la nature des politiques ou comportements qu’il s’agit de légitimer.

La légitimation internationale des politiques intérieures

4Alors que, comme nous le verrons par la suite, la fonction de légitimation internationale du non-alignement concerne essentiellement l’engagement des Etats sur la scène internationale, notamment la politique étrangère, on assiste toutefois à un recours assez fréquent au non-alignement afin de légitimer internationalement ou au contraire de mettre en question et condamner la politique intérieure de certains Etats.

5Ce processus de légitimation internationale de la politique intérieure se manifeste particulièrement dans le domaine des droits de l’homme. On constate en effet que les pays non alignés consacrent une part de leur attention, à travers leurs déclarations et leurs résolutions, au non-respect des droits de l’homme dans un certain nombre de pays et n’hésitent pas à condamner très clairement et durement les Etats dont les systèmes sociaux et politiques et par là-même les pratiques politiques vont à l’encontre de ces droits. Ainsi par exemple, l’Afrique du Sud est, lors de chaque conférence au sommet des pays non alignés, régulièrement condamnée pour sa politique d’apartheid. Pour prendre un autre exemple, après le renversement de Salvador Allende, les pays non alignés condamnent de manière très claire les violations des droits de l’homme par le régime du général Pinochet et excluent de facto le Chili de leur mouvement. Les non-alignés se présentent donc comme les défenseurs des droits de l’homme et associent leur engagement en faveur de ces droits à leur lutte contre toute forme d’impérialisme et de colonialisme.

6Or, il est intéressant de remarquer que, par ce rattachement de la défense des droits de l’homme au non-alignement, et en particulier à la lutte contre le colonialisme et l’impérialisme, les pays non alignés, qui se font ainsi juges du non-respect de ces droits, s’accordent a priori une mention de bonne conduite en la matière et légitiment ainsi leur politique interne dans le domaine des droits de l’homme. Cela est encore renforcé par le fait que ces pays, à travers le poids qui est le leur en raison de leur nombre, orientent très souvent les débats et les résolutions des organisations internationales, en particulier les Nations Unies, dans le même sens.

  • 2 Ce fut précisément le cas du Chili en 1973.
  • 3 On peut citer ici le cas de l’Argentine entre 1976 et 1984. Voir les remarques de Richard Jackson d (...)

7On constate ainsi que, par ce processus, des pays dans lesquels les droits de l’homme ont été et sont encore violés de manière indiscutable se sont mis, sauf cas extrême2, à l’abri des critiques qui auraient pu leur être adressées dans le contexte des institutions internationales3.

La reconnaissance internationale d’Etats faibles et périphériques

8Bien que formellement indépendants, les pays du Tiers Monde ressentent un important besoin de reconnaissance internationale. Plusieurs facteurs permettent d’expliquer cet état de fait. Tout d’abord, la plupart de ces pays viennent d’émerger d’une période de domination coloniale et cherchent, une fois l’indépendance acquise, à consolider leur souveraineté et notamment à la faire reconnaître par le plus grand nombre possible de pays non pas comme un simple titre juridique, mais comme un pouvoir qui s’exerce et permet à celui qui le détient de tracer sa propre route en conduisant la politique de son choix. Cela est d’autant plus important que la période coloniale a laissé des traces et des habitudes qui influencent souvent négativement la perception de nombreux pays – à commencer par les anciennes puissances coloniales – à l’égard des Etats nouvellement indépendants. Cette réalité est encore renforcée par le maintien de liens de dépendance économique, technique et culturelle entre les pays qui émergent de la décolonisation et leurs anciennes métropoles.

9Ensuite, les pays du Tiers Monde, qu’ils aient ou non été des victimes directes du colonialisme, sont dans leur quasi-totalité dans une position faible et périphérique, en raison notamment de leur bas niveau de développement économique, en particulier de leur faible industrialisation, donc de leur peu de poids dans le fonctionnement du système économique mondial. A cela s’ajoutent leurs capacités stratégiques très restreintes dans un système dominé par quelques grandes puissances, que ce soit à un niveau planétaire ou à un niveau régional.

  • 4 Voir à ce sujet Narashima Rao, P.V., « Non-Alignment Today and Tomorrow ». In Non-Alignment in Cont (...)

10On peut donc dire, d’une manière générale, que les pays qui adhèrent au non-alignement ressentent très fortement, après une longue période de colonisation, ou en tout cas de domination par les grandes puissances, le besoin d’affirmer et de renforcer leur indépendance, et d’exercer leur souveraineté en se donnant les moyens d’opérer le plus librement possible leurs choix économiques, politiques et sociaux et de participer de plein droit aux décisions affectant le fonctionnement du système international et pouvant influencer leur propre avenir4.

  • 5 Revue de politique internationale, vol. 24, n° 564, 1973, p. 7.
  • 6 Au sujet de l’importance de cette référence à l’indépendance dans le mouvement des non-alignés, voi (...)
  • 7 Nord, Lars, « The Movement of Nonalignment: Harmony and Dissent ». Bulletin of Peace Proposals, vol (...)

11A ces pays qui n’ont, la plupart du temps, pas les moyens matériels d’exercer vraiment leur indépendance, le non-alignement qui, comme le dira le premier ministre indien Indira Gandhi lors du quatrième sommet des pays non alignés, réuni à Alger en 1973, est « l’expression d’une volonté d’être souverains et non de simples objets de l’histoire d’un empire »5, apporte sans doute un appui diplomatique et politique non négligeable. Il répond en effet de manière efficace au besoin très marqué qu’ont ces pays faibles et périphériques d’affirmer et de faire reconnaître leur indépendance et leur souveraineté, en particulier leur droit d’avoir une politique étrangère qui ne soit pas dictée par les grandes puissances6. Comme le relève avec raison Lars Nord, le non-alignement, « en offrant à ses membres le forum d’une communauté choisie d’Etats, les aide à forger leur identité nationale en tant que sujets actifs et entités du système international »7. Par sa simple existence, indépendamment de son éventuelle efficacité dans l’action, le mouvement des non-alignés, dans la mesure où il rassemble autour de cette affirmation de souveraineté et d’indépendance un nombre important et croissant de pays, représente pour ses membres un excellent moyen d’affirmer leur identité. Il leur permet de renforcer collectivement leur statut international. Le poids du nombre, en dehors même de toute action commune, permet une légitimation collective de l’existence de ces pays en tant que sujets à part entière des relations internationales.

12On pourrait certes objecter que les Nations Unies remplissent déjà par elles-mêmes une telle fonction de légitimation internationale collective pour les Etats qui deviennent membres de cette organisation universelle. Sans doute les Nations Unies contribuent-elles à légitimer comme acteurs internationaux à part entière leurs Etats membres. C’est d’ailleurs pourquoi, pour la quasi-totalité des Etats issus de la décolonisation, une des premières démarches, une fois l’indépendance acquise, fut de demander leur admission aux Nations Unies. Cependant, comme nous l’avons déjà relevé plus haut, les Nations Unies tendent à privilégier, dans le domaine de la sécurité collective en tout cas, le rôle des grandes puissances qui disposent d’un siège permanent et d’un droit de veto au Conseil de Sécurité. Par ailleurs, les Nations Unies ne constituent pas, comme c’est le cas pour le mouvement des non-alignés, un cadre spécifique rassemblant des pays qui ont en commun, au-delà de leur diversité, leur faiblesse et leur position périphérique dans le système international et donc un important besoin de légitimation internationale.

La légitimation internationale des politiques étrangères

13Le recours au non-alignement comme instrument de légitimation ne se limite toutefois pas à l’affirmation par des Etats faibles et périphériques de leur droit à l’existence et à l’indépendance en tant que sujets des relations internationales capables d’élaborer leur propre politique étrangère et d’opérer librement leurs choix en matière politique, économique et sociale. Le non-alignement permet en effet souvent aux pays qui s’y rattachent et s’en prévalent de donner une légitimité à leur politique étrangère elle-même, aux choix concrets opérés en ce domaine.

  • 8 Singham, A.W., éd., The Nonalignment Movement in World Politics, op.cit., p. X.

14Tout d’abord, de façon très générale, le non-alignement offre aux pays qui s’en réclament la possibilité de rattacher leur politique étrangère à de grands principes moraux proclamés collectivement, que ce soit le respect de la justice et de l’indépendance, la coexistence pacifique, le refus du racisme, du colonialisme, de l’impérialisme, etc. Ces principes, qui sont avant tout favorables aux Etats faibles et tendent à jeter l’opprobe sur les grandes puissances, ont d’autant plus de poids qu’un grand nombre de pays les proclament. En cherchant, à travers le non-alignement, à s’identifier et, plus particulièrement, à identifier leur politique étrangère à ces principes, les pays non alignés proclament leur supériorité morale, prétendent être d’une essence différente de celle des grandes puissances et tendent à se projeter comme arbitres moraux dans un monde d’acteurs immoraux8. Par leur participation au mouvement et leur référence aux déclarations et résolutions adoptées par les conférences des pays non alignés et proclamant ces grands principes moraux, les dirigeants de ces pays donnent ainsi une caution collective à leur politique étrangère en rattachant cette dernière au non-alignement.

  • 9 Ce caractère non défini du non-alignement permet également de justifier les variations de la politi (...)

15Ce rattachement de politiques étrangères fort diverses, voire même souvent diamétralement opposées, au non-alignement et aux grands principes moraux proclamés par ce dernier est d’autant plus aisé que, comme nous l’avons déjà relevé plus haut, le non-alignement n’est lui-même pas clairement et précisément défini, les principes et les critères proclamés et avancés étant à tel point vagues et vides de contenu qu’ils ouvrent la voie à d’infinies interprétations9.

16Ensuite, au-delà de cette légitimation des politiques étrangères par référence aux grands principes moraux proclamés par le non-alignement, les dirigeants des pays non alignés peuvent souvent trouver dans le non-alignement une légitimation explicite d’un aspect de leur politique étrangère, d’un choix opéré en ce domaine ou encore d’une revendication, dans la mesure où mention est faite de ce choix ou de cette revendication dans les déclarations ou les résolutions adoptées par les représentants des pays non alignés lors des sommets ou des conférences ministérielles. Ce type de légitimation est donc fondé sur le fait que l’ensemble des pays non alignés endosse publiquement le point de vue, la politique ou encore la revendication de l’un des leurs. Il est évident que la légitimité internationale ainsi obtenue est d’autant plus forte qu’est grand le nombre des pays se rattachant au non-alignement.

  • 10 Nouvel ordre international et non-alignement, op. cit., p. 42.
  • 11 Ibid., pp. 55-56.
  • 12 Ibid, p. 77.
  • 13 Ibid, p. 106.
  • 14 Ibid, p. 179.
  • 15 Ibid, p. 178.
  • 16 Ibid, pp. 247-250.

17On peut trouver de nombreux exemples de ce type de légitimation tout au long de l’histoire du non-alignement. Ainsi, les participants à la Conférence de Bandoung – si l’on remonte ainsi aux origines afro-asiatiques du non-alignement – accordent, à travers le communiqué final adopté, une indiscutable légitimité à l’interprétation opérée par l’Indonésie des passages de l’accord conclu avec les Pays-Bas relatifs à l’Irian occidental (Nouvelle Guinée Occidentale)10. Dès le premier sommet des pays non alignés, à Belgrade en 1961, toute une série de politiques étrangères et de revendications sont légitimées par les participants. Il en est pas exemple ainsi de la politique tunisienne à l’égard de la France, des revendications de Cuba à l’égard des Etats-Unis en particulier au sujet de la base de Guantanamo, de la politique des pays d’Afrique noire à l’égard de l’Afrique du Sud, de la politique des pays arabes à l’égard d’Israel, etc.11. Ces deux derniers thèmes vont d’ailleurs réapparaître lors de toutes les conférences des pays non alignés. Dès la Conférence du Caire (1964), les non-alignés vont endosser la politique du Sri Lanka à l’égard de la présence militaire des grandes puissances dans l’Océan indien12, ce qui va conduire par la suite à l’adoption par la 26e Session de l’Assemblée générale des Nations Unies de la Déclaration sur l’Océan Indien comme zone de paix. Pour prendre encore un autre exemple, la Conférence d’Alger (1973) appuie et légitime, dans sa Déclaration politique, les revendications du gouvernement de Panama à l’égard des Etats-Unis relatives à la zone du canal13, appui qui sera renouvelé lors de la Conférence de Colombo (1976)14. De même, la Conférence de Colombo soutiendra sans réserve les politiques étrangères de la Guyane, de la Jamaïque et de la Barbade dans leur opposition très violente à l’égard des Etats-Unis15. Il en sera de même, dès la Conférence de La Havane (1979), pour la politique anti-américaine du Nicaragua, pour celle de l’Argentine à l’égard de la Grande-Bretagne au sujet des îles Malouines et pour la volonté de la Bolivie de récupérer la pleine souveraineté de son débouché sur l’Océan pacifique16.

18Cette forme de légitimation de la politique étrangère à travers des déclarations ou résolutions adoptées par l’ensemble des pays non alignés, a pris au cours du temps une importance toujours plus grande, ne serait-ce qu’en raison de l’élargissement rapide du mouvement et donc du retentissement toujours plus large des prises de position adoptées en son sein. Cet élargissement rapide du mouvement des non-alignés et donc la croissance de l’hétérogénéité idéologique, politique, économique et culturelle de ce dernier ont toutefois nécessité le développement de processus régionaux d’articulation et d’agrégation des intérêts, processus qui se manifestent aussi bien à l’intérieur des conférences qu’au sein du Bureau de coordination. Cela a conduit à l’émergence d’une certaine solidarité à l’intérieur de groupes régionaux, particulièrement ceux de l’Afrique noire, du monde arabe, de l’Amérique latine et, dans une moindre mesure, de l’Asie. A travers toute une série de marchandages, souvent tacites et quasi automatiques, avant et pendant les conférences, chacun de ces groupes cherche à faire adopter par l’ensemble des pays membres du mouvement les revendications et les choix de politique étrangère qui sont ceux de ses membres dans leur ensemble ou de quelques-uns voire même d’un seul d’entre eux.

19Le groupe régional le plus important par son nombre et également par sa cohésion est celui des Etats africains, membres de l’OUA, qui, à eux seuls, représentent la moitié des membres du mouvement. Vu son importance numérique, ce groupe parvient sans peine à faire incorporer dans les documents publiés par les conférences ses propres prises de position et revendications. Dès 1964, date de l’entrée en masse des pays africains dans le mouvement des non-alignés, ce groupe s’est particulièrement manifesté par son engagement contre le racisme et notamment par sa constante condamnation de la politique de l’Afrique du Sud.

20Un autre groupe régional important est celui des pays arabes qui rassemble vingt-et-un membres du mouvement. A noter qu’une partie des pays arabes sont également membres du groupe africain. L’efficacité de ce groupe à faire endosser ses intérêts et certains de ses choix de politique étrangère par l’ensemble du mouvement a été, dès le début de l’existence de ce dernier, fondée sur le rôle majeur joué par l’Egypte de Nasser, durant les années soixante, au sein des non-alignés. C’est avant tout la condamnation d’Israël et le soutien aux droits des Palestiniens qui ont été au centre des préoccupations des pays arabes à l’intérieur du mouvement. La cohésion de ce groupe a toutefois été affaiblie par l’opposition entre les pays arabes modérés (tels le Maroc, la Tunisie et l’Arabie Saoudite) et ceux qui ont constitué un front du refus (tels la Syrie et la Libye).

21L’Asie, en raison sans doute d’une grande hétérogénéité politique et idéologique, n’a pas suscité, à l’intérieur du mouvement, la création d’un véritable groupe régional. On peut toutefois remarquer l’émergence de groupes plus restreints, tel celui constitué autour de l’Inde et du Sri Lanka et dont l’action a été avant tout centrée sur le maintien de l’Océan indien à l’écart de l’emprise des grandes puissances, ou encore le groupe des trois pays de l’ASEAN appartenant au mouvement des non-alignés (Indonésie, Malaisie et Singapour), qui a défendu l’idée d’une neutralisation de l’Asie du Sud-Est et a cherché à contrer l’emprise vietnamienne au Cambodge.

22Les pays d’Amérique latine membres du mouvement forment sans doute un groupe idéologiquement très hétérogène. Cela n’a toutefois pas empêché jusqu’à aujourd’hui les pays non alignés d’Amérique latine de présenter en commun, lors des conférences, un certain nombre de revendications et de prises de position en matière de politique étrangère, toutes très nettement orientées contre les Etats-Unis. Cela tient sans doute au rôle important joué par Cuba à l’intérieur du mouvement, dès la création de ce dernier, et à la présidence du mouvement par Fidel Castro entre 1979 et 1983. Parmi les actions de légitimation réalisées par le groupe latino-américain, on peut citer l’appui apporté au mouvement Sandiniste du Nicaragua dans son conflit avec les Etats-Unis. L’organisation d’une réunion spéciale du Bureau de coordination à Managua en janvier 1983, réunion mise sur pied par Cuba à la faveur de sa présidence du mouvement et consacrée aux problèmes de l’Amérique latine, en est certainement la plus nette manifestation. En effet, lors de cette réunion, Cuba parvint, appuyé par plusieurs pays latino-américains, à imposer son point de vue sur les problèmes d’Amérique centrale et à renforcer la légitimité internationale du gouvernement sandiniste. De nombreux passages du communiqué final adopté à Managua furent d’ailleurs insérés sans modification dans la déclaration politique adoptée par l’ensemble des pays non alignés lors du sommet de New Delhi deux mois plus tard.

23Grâce à ces solidarités régionales se manifestant au sein de ces divers groupes, et à travers un processus de marchandage tacite s’instaurant entre ces groupes, on voit que de nombreux choix de politique étrangère de pays membres du mouvement sont quasi automatiquement endossés par l’ensemble du mouvement pour autant qu’ils soient appuyés par un groupe régional.

24Ce recours au non-alignement afin de légitimer une politique étrangère ou certaines décisions ou revendications en matière de politique étrangère répond à divers besoins de légitimation.

25Tout d’abord, il y a les pays qui utilisent le non-alignement pour légitimer une politique étrangère procédant d’une ambition de jouer le rôle d’une puissance régionale. C’est le cas par exemple de l’Inde, de sa politique à l’égard de la Chine et du Pakistan, ainsi que de son engagement dans le cadre de l’Océan indien. C’est aussi le cas de l’Egypte de Nasser pour laquelle le non-alignement est étroitement associé au panarabisme et à l’ambition de voir l’Egypte être à la tête du monde arabe. C’est aussi le cas de l’Irak lorsque Saddam Hussein cherche à mettre le non-alignement au service de sa politique régionale visant à faire du parti Baas le pivot d’une nation arabe unie. Quant à Fidel Castro, il recourt également au non-alignement pour appuyer et légitimer sa politique régionale révolutionnaire.

26Ensuite, divers pays recourent au non-alignement afin de légitimer leur politique étrangère dans le cadre de conflits bilatéraux. Il en est ainsi de l’Inde dans les diverses phases du conflit l’opposant au Pakistan. Il en est de même de l’Irak dans son conflit avec l’Iran, plus particulièrement de l’insistance irakienne à obtenir la présidence du mouvement en 1982, ce qui aurait donné, si cela avait abouti, un incontestable appui voire même une légitimité aux thèses irakiennes. Pour reprendre un autre exemple déjà cité plus haut, on peut mentionner aussi la légitimité qu’a obtenue, à travers l’appui des non-alignés, la politique de l’Argentine dans son conflit qui l’opposait à la Grande-Bretagne à propos des îles Malouines.

  • 17 En 1971, le président Sadate reconnaît publiquement que « nous devons admettre que l’attitude des p (...)

27Un autre type de besoin est celui des pays qui recourent au non-alignement pour légitimer internationalement une politique régionale commune en mobilisant l’ensemble des membres du mouvement sur cette politique. Ainsi, dès le début de l’existence du mouvement, les pays arabes parviennent à faire endosser et donc légitimer par l’ensemble des pays non alignés leur politique à l’égard d’Israël et leur soutien aux revendications palestiniennes17. Il est en de même des pays africains qui font de la condamnation de l’Afrique du Sud et de la politique de l’apartheid un des chevaux de bataille du mouvement des non-alignés.

28Le recours au non-alignement comme instrument de légitimation internationale est aussi le fait de pays qui, en raison de certains choix opérés en matière de politique étrangère, se sentent menacés dans leur sécurité et leur volonté d’indépendance par une grande puissance ou, pour le moins, par une puissance régionale. L’exemple le plus frappant d’un tel recours est sans doute celui de la Yougoslavie qui, après sa rupture avec l’URSS en 1948 et, en raison de sa volonté d’indépendance, se sentait sérieusement menacée par le grand frère soviétique et chercha avec succès à légitimer son autonomie par une adhésion aux principes du non-alignement et un engagement actif dans la mise sur pied d’un mouvement des pays non alignés. Le rôle de premier plan joué par la Yougoslavie dans ce mouvement donna une légitimité incontestable à sa politique étrangère, légitimité que l’Union soviétique a dû prendre en considération.

29On peut enfin mentionner les pays qui ont utilisé le non-alignement pour légitimer, face aux pays industrialisés, un certain nombre de revendications et d’actions d’ordre économique. Ce fut sans doute le cas dès la Conférence du Caire (1964) qui appuya sans réserve les revendications formulées par le groupe des 77 lors de la première CNUCED. Ce processus prit une importance toute particulière dans les années soixante-dix, notamment après le quatrième sommet tenu à Alger (1973), avec les revendications visant à l’instauration d’un nouvel ordre économique international. Les débats qui eurent lieu lors de la sixième session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies, réunie en avril 1974 autour du thème du nouvel ordre économique international, témoignent bien de l’importance de ce processus. On y fit en effet une large référence aux déclarations et résolutions des pays non alignés, demandant une réforme en profondeur du système économique international. C’est d’ailleurs le président en exercice du mouvement, l’algérien Houari Boumédienne, qui avait demandé, au nom des pays non alignés, la convocation de cette session extraordinaire.

30Il est en outre intéressant de constater que, dans le cadre de ces revendications en faveur de l’instauration d’un nouvel ordre économique international, les pays non alignés membres de l’OPEP ont utilisé les principes et revendications formulés par le mouvement en matière économique pour légitimer leur propre politique économique auprès des autres pays non alignés. En effet, ils ont rattaché les importantes augmentations des prix du pétrole décidées par l’OPEP -augmentations qui touchaient le plus durement les pays pauvres, c’est-à-dire en majorité des pays non alignés – aux principes et revendications proclamés par le non-alignement. On a même présenté cette politique économique comme le premier pas vers le nouvel ordre économique international et donc comme un exemple qui pouvait et devait être suivi par les autres producteurs de matières premières. A la fin des années soixante-dix, à la suite du second choc pétrolier, plusieurs pays non alignés producteurs de pétrole, notamment l’Irak, ont utilisé les réunions des pays non alignés et la publicité dont elles sont entourées, pour mettre en évidence l’aide qu’ils apportaient aux pays du Tiers Monde non producteurs de pétrole et ainsi légitimer une politique qui était de plus en plus difficilement supportée par les pays pauvres et pouvait même menacer gravement la cohésion du mouvement des pays non alignés. On voit ainsi que, dans un cas très particulier, le recours au non-alignement comme instrument de légitimation internationale a aussi été utilisé à l’intérieur du mouvement afin de légitimer une politique économique de quelques-uns de ses membres, politique allant à l’encontre des intérêts de la majorité des pays non alignés.

La légitimation internationale des mouvements de libération nationale

31Le non-alignement n’est pas seulement un instrument de légitimation internationale au service des Etats et de leur politique étrangère. Il apporte aussi et de manière importante une légitimité internationale à de nombreux mouvements de libération nationale. En effet, le mouvement des pays non alignés ne s’est pas limité à proclamer la nécessité d’une poursuite et d’une accélération du processus de décolonisation, mais il a apporté une caution et un soutien explicites, tout au long de son histoire, à la lutte menée par un nombre important de mouvements de libération nationale, accordant par là-même à ces mouvements l’incontestable reconnaissance internationale d’un nombre toujours plus important de pays, au fur et à mesure du développement du non-alignement. A travers les pays non alignés, cette reconnaissance s’est répercutée quasi-automatiquement au sein des Nations Unies, ce qui a encore accru la légitimité internationale de ces mouvements de libération nationale.

32Ce processus de légitimation s’opère d’abord par le soutien accordé à ces mouvements à travers les déclarations et les résolutions adoptées lors des diverses conférences, déclarations et résolutions reconnaissant le bien-fondé de la lutte menée par ces mouvements de libération et leur légitimité à conduire cette lutte, et appelant l’ensemble de la communauté internationale à faire pression sur les puissances coloniales pour qu’elles se retirent.

  • 18 Nouvel ordre international et non-alignement, op. cit., p. 55.
  • 19 Ibid., p. 65.
  • 20 Ibid., p. 146.
  • 21 Ibid., p. 104.
  • 22 Ibid., p. 139.
  • 23 Ibid., p. 144.
  • 24 Ibid., p. 148.
  • 25 Ibid., pp. 169, 224, 225.

33Ainsi, lors de leur premier sommet, à Belgrade en 1961, les pays non alignés soutiennent sans réserve la lutte du peuple algérien pour la liberté, l’autodétermination et l’indépendance et reconnaissent la légitimité du gouvernement provisoire de la République algérienne. De même, ils appellent tous les pays membres des Nations Unies à « aider le peuple angolais à se constituer sans retard en Etat libre et indépendant »18. Cet appel à l’indépendance de l’Angola et des autres colonies portugaises sera repris à la Conférence du Caire qui proclame la détermination des pays non alignés à faire en sorte que les peuples de ces territoires accèdent à l’indépendance immédiatement et sans conditions ni réserves19. Quant à la conférence des ministres des affaires étrangères tenue à Georgetown en 1972, elle apportera sa reconnaissance collective au GRUNK cambodgien rappelant la légalité et la légitimité du gouvernement royal de Norodom Sihanouk renversé en 1970 avec l’aide des Etats-Unis. Cet appui apporté au GRUNK sera renouvelé lors de la Conférence d’Alger en 1973, les non-alignés demandant à « tous les pays épris de paix et de justice d’accorder leur reconnaissance au GRUNK comme le seul gouvernement légal du Cambodge »20 et réaffirmant leur solidarité avec le GRUNK et leur volonté de le soutenir devant l’ONU et les autres organisations internationales. De même, la conférence d’Alger (1973) donnera sa caution au Gouvernement Révolutionnaire provisoire du Sud-Vietnam en le considérant comme « le représentant authentique et unique de la population du Sud-Vietnam »21. Cette même Conférence d’Alger adoptera une résolution de soutien au peuple arabe de Palestine pour le recouvrement de ses droits nationaux, résolution proclamant que « l’Organisation de libération de la Palestine est le représentant légitime du peuple palestinien et de sa lutte légitime »22. De même, les participants à la Conférence d’Alger reconnaissent l’OPSOA comme le représentant légitime et le porte-parole du peuple namibien23, comme il le fait par ailleurs pour le Mouvement de libération nationale des Comores (MOLINACO)24. Les conférences de Colombo (1976) et de La Havane (1979) proclament sans ambiguïté l’appui des non-alignés à la SWAPO et la légitimité de ce mouvement de libération nationale comme seul représentant du peuple namibien25.

34La légitimation internationale des mouvements de libération nationale par les pays non alignés ne se limite toutefois pas à des déclarations proclamant la légitimité de ces mouvements et le bien-fondé de leur lutte. En effet, les non-alignés cherchent à consacrer formellement cette légitimité en invitant ces mouvements de libération à participer aux différentes conférences des pays non alignés. Cette participation prend des formes diverses. Tout d’abord, certains mouvements de libération se voient accorder un statut d’invité. Il en est ainsi par exemple, au sommet de Lusaka (1970), de l’UNITA (Angola), du FRELIMO (Mozambique), de l’ANC et du PAC (Afrique du Sud). Ensuite, certains mouvements de libération obtiennent le statut d’observateur. C’est le cas à Lusaka du GRP Sud-vietnamien. A Alger (1973) ce statut est accordé à l’ANC et au PAC (Afrique du Sud), au MPLA et au FNLA (Angola), au MOLINACO (Comores), au PAIGC (Guinée-Bissau), au FRELIMO (Mozambique), à la SWAPO (Namibie), au CNP (Principe et Sao Tomé) au SPUP (Seychelles), au FLCS (Territoire français des Afars et ISSAS), au ZAPU et au ZANU (Zimbabwe), à l’OLP (Palestine) et au Parti socialiste de Porto Rico. Enfin, quelques rares mouvements de libération sont parvenus à devenir membres à part entière du mouvement des pays non alignés, ce qui a renforcé encore leur légitimité internationale. Ce fut notamment le cas du GPRA (Algérie) à Belgrade en 1961, de l’OLP (Palestine) dès la Conférence ministérielle de Lima (1975), de la SWAPO (Namibie) dès 1978.

Limites de la légitimation internationale par le non-alignement

35Ainsi que cela a déjà été relevé au chapitre précédent à propos de la légitimation des régimes et des élites au pouvoir, le recours au non-alignement comme moyen de légitimation varie considérablement d’un pays à l’autre et même d’une situation à l’autre. Cela est particulièrement évident en matière de légitimation internationale, notamment pour ce qui est de la politique étrangère. Bien que l’ensemble des pays non alignés tirent, d’une manière ou d’une autre, profit du non-alignement – ne serait-ce qu’à travers la légitimation de leur statut d’acteur à part entière du système international ou encore de leurs revendications en matière économique –, ce sont en effet avant tout quelques pays les plus actifs et les plus influents à l’intérieur du mouvement qui bénéficient le plus de cet instrument de légitimation en parvenant à faire endosser par l’ensemble du mouvement, si nécessaire en passant par l’appui d’un groupe régional, leur prises de position ou revendications en matière de politique étrangère. Au cours de l’histoire du mouvement, cela a ainsi été le cas de l’Inde, de la Yougoslavie, de l’Egypte, du Sri Lanka, de Cuba, de l’Algérie, de l’Irak, etc.

36Bien évidemment, on constate là aussi, en raison de divers facteurs internes et internationaux, une fluctuation au cours de temps de la capacité des membres de cette minorité active à bénéficier le plus de la fonction de légitimation liée au non-alignement. Ainsi en est-il, pour ne prendre qu’un exemple, de l’Inde qui, après la disparition de Nehru en 1964, vit, durant quelques années, son rôle et donc sa capacité de recourir au non-alignement pour légitimer sa politique étrangère décroître à l’intérieur du mouvement.

37Il est par ailleurs frappant de constater que plusieurs des pays appartenant à cette minorité active ont été les hôtes d’une des conférences au sommet et ont donc occupé pour trois ans la présidence du mouvement. Cela montre sans doute bien que l’organisation des sommets et la présidence du mouvement ne sont en général accordés qu’à des pays appartenant à la minorité active et engagée. Néanmoins, cela signifie également que la présidence du mouvement offre au pays qui l’occupe un pouvoir accru de légitimation internationale de sa politique étrangère. Il en fut ainsi par exemple de l’Algérie entre 1973 et 1976, le président Boumédienne mettant l’accent sur les grandes orientations de la politique économique internationale de l’Algérie. Des exceptions ou en tout cas des limites peuvent toutefois apparaître, ainsi qu’en témoignent notamment les difficultés que rencontra Fidel Castro lors de sa présidence du mouvement. Certes, il put faire légitimer sans trop de difficultés par le mouvement certains des aspects de sa politique étrangère, notamment en ce qui concerne l’Amérique centrale (caution apportée au régime sandiniste du Nicaragua face aux Etats-Unis). Il échoua toutefois dans sa tentative de faire endosser par le mouvement sa politique étrangère alignée sur Moscou (théorie de l’alliance naturelle).

  • 26 Voir à ce sujet Dhanani, Gulshan, « Saudi Arabia and Non-alignment », op. cit., pp. 363-364.

38D’une manière plus générale, on doit également constater que le recours au non-alignement comme instrument de légitimation internationale est voué à l’échec s’il y a division à l’intérieur même du mouvement sur la politique étrangère ou les revendications qu’un ou plusieurs pays cherchent à faire cautionner par l’ensemble des membres. Il en fut par exemple ainsi pour l’intervention cubaine aux côtés de l’Ethiopie contre la Somalie, intervention menée en coopération étroite avec l’Union soviétique et qui suscita, lors de la Conférence ministérielle de Belgrade en juillet 1978, une opposition très nette de plusieurs membres du mouvement (Somalie, Zaïre, Egypte, Kampuchea, Maroc, etc.). On pourrait également citer l’échec que connut Fidel Castro, président en exercice du mouvement, lorsqu’il chercha, en septembre 1982, à faire inscrire à l’ordre du jour de l’Assemblée générale des Nations Unies la question de Porto Rico. La majorité des pays non alignés votèrent contre cette proposition. De même, l’Arabie Saoudite avait connu à la Conférence du Caire (1964) un cuisant échec dans sa tentative de faire adopter par les non-alignés une résolution soutenant l’intervention égypto-saoudienne à Aden et dans les protectorats26. On doit enfin mentionner ici l’échec partiel que rencontrèrent à La Havane (1979) les pays arabes du font du refus dans leur tentative de faire légitimer par l’ensemble du mouvement leur condamnation sans réserve de l’Egypte à la suite des accords de Camp David. Une majorité de pays modérés s’opposa en effet à l’exclusion de l’Egypte du mouvement, sans doute non pas avant tout en raison d’un soutien à la politique égyptienne mais par crainte d’ouvrir la porte, en adoptant une mesure aussi extrême, à un processus destructeur par lequel le mouvement des non-alignés deviendrait un lieu où diverses factions régleraient dans l’affrontement leurs différends en matière de politique étrangère.

39Il faut en outre remarquer que le non-alignement ne peut servir de moyen de légitimation internationale à un pays membre du mouvement en conflit ouvert avec un autre pays non aligné. Ainsi, l’Irak, qui cherchait à renforcer sa légitimité internationale dans son conflit avec l’Iran, perdit, en raison même de ce conflit, l’organisation du septième sommet et la présidence du mouvement qui devaient normalement lui revenir.

40Enfin, la légitimité internationale que peut apporter le non-alignement ne peut aller à rencontre d’un rapport de force par trop défavorable. La légitimité renforce certes le pouvoir, mais elle ne peut se substituer à lui. C’est une des raisons pour lesquelles les pays non alignés et, d’une manière plus générale, les pays du Tiers Monde n’ont pu imposer et concrétiser les principales revendications relatives à l’instauration d’un nouvel ordre économique international. Ils ne disposaient en effet pas d’un rapport de forces favorable, cela en dépit de la légitimité que ces revendications avaient pu obtenir à travers l’action du mouvement des pays non alignés.

Notes

1 Voir à ce sujet l’article de Inis L. Claude, « Collective Legitimization as a Political Function of the United Nations », op. cit.

2 Ce fut précisément le cas du Chili en 1973.

3 On peut citer ici le cas de l’Argentine entre 1976 et 1984. Voir les remarques de Richard Jackson dans The Non-Aligned, the UN and the Superpowers, New York, Praeger, 1983, pp. 196-197.

4 Voir à ce sujet Narashima Rao, P.V., « Non-Alignment Today and Tomorrow ». In Non-Alignment in Contemporary International Relations, ed. by K.P. Misra and K.R. Narayanan. New Delhi, Viaks Publishing House, 1981, p. 4.

5 Revue de politique internationale, vol. 24, n° 564, 1973, p. 7.

6 Au sujet de l’importance de cette référence à l’indépendance dans le mouvement des non-alignés, voir les remarques de Baghat Korany dans Social Change, Charisma and International Behaviour : Toward a Theory of Foreign Policy Making in the Third World, op. cit., p. 271.

7 Nord, Lars, « The Movement of Nonalignment: Harmony and Dissent ». Bulletin of Peace Proposals, vol. 7, 1976, p. 93.

8 Singham, A.W., éd., The Nonalignment Movement in World Politics, op.cit., p. X.

9 Ce caractère non défini du non-alignement permet également de justifier les variations de la politique étrangère d’un pays au cours du temps. Ainsi en a-t-il été par exemple de la politique étrangère de l’Inde et des changements qu’elle a connus, avec notamment le passage, en 1962, d’un non-alignement strict à une demande d’aide aux superpuissances, et à la signature, en 1971, d’un traité d’amitié avec l’Union soviétique. Sur les efforts des théoriciens et des politiciens indiens pour rationaliser ces changements et les rattacher au non-alignement, voir les remarques de T.A. Keensleyside dans « Prelude to Power : The Meaning of Non-Alignment before Indian Independences Pacific Affairs, vol. 53, 1980, pp. 461-463.

10 Nouvel ordre international et non-alignement, op. cit., p. 42.

11 Ibid., pp. 55-56.

12 Ibid, p. 77.

13 Ibid, p. 106.

14 Ibid, p. 179.

15 Ibid, p. 178.

16 Ibid, pp. 247-250.

17 En 1971, le président Sadate reconnaît publiquement que « nous devons admettre que l’attitude des pays d’Afrique, d’Asie et de l’Islam, influencée par la vague du non-alignement, a été une attitude très efficace et utile. Elle a assuré une légitimité internationale à notre combat ». In Chand, Attar, Nonaligned States. A Great Leap Forward, op. cit., p. 168.

18 Nouvel ordre international et non-alignement, op. cit., p. 55.

19 Ibid., p. 65.

20 Ibid., p. 146.

21 Ibid., p. 104.

22 Ibid., p. 139.

23 Ibid., p. 144.

24 Ibid., p. 148.

25 Ibid., pp. 169, 224, 225.

26 Voir à ce sujet Dhanani, Gulshan, « Saudi Arabia and Non-alignment », op. cit., pp. 363-364.

Cette publication numérique est issue d’un traitement automatique par reconnaissance optique de caractères.
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search