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Jeux et enjeux de l’auto-promotion

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Kwan Kaï Hong

Avant-propos

Texte intégral

1Où que l’on regarde aujourd’hui, le monde se craquelle, les certitudes s’effondrent, le grand se fractionne, le petit revendique son droit à l’existence. D’alliances en séparations, de guerres-éclair en paix de convenance, de violences réelles en discours idéologiques, les hommes agencent et redistribuent les espaces au gré de leurs revendications culturelles profondes, selon les nécessités économiques ou encore par jeu politique. De l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud, les économies se redéfinissent, les épidémies et la faim persistent, les pollutions fragilisent les écosystèmes laissant aux générations futures les résidus de nos débordements. Tous les jours les interdépendants se font plus pressantes tant sont périlleux les déséquilibres entre les riches et les pauvres, entre le Nord et le Sud.

2On pourrait rêver aux mille et une solutions qui permettraient un mieux-être pour tous ; on pourrait imaginer des flux plus égalitaires entre ceux qui ont accès à la richesse et les autres. On se penche avec vertu et sagesse sur le berceau du déshérité pour constater, effaré, qu’on ne change pas grand-chose. Tant de bonne volonté est bonne pour les consciences aux ventres pleins mais n’ébranle guère les religieux du marché ni les grands financiers du monde.

3Dans cette mêlée planétaire, le Sud continue à se peupler de pauvres qui en appellent à d’autres formes d’aide que celles qui aboutissent régulièrement aux échecs répétés de la coopération conventionnelle. Dettes, ajustements et réajustements structurels, stratégies de transferts technologiques, utopies des gestions classiques des ressources n’ont guère allégé les fardeaux des nations pauvres prises à la gorge par l’accélération des événements du monde.

4Partout, pourtant, l’appel à l’aide se fait plus insistant. Pour y répondre, les nations riches, effrayées aussi par le péril de la détérioration écologique et des grands flux migratoires, rassemblent leurs énergies pour repenser d’autres formes d’aides au développement. Ainsi, parallèlement aux grands projets internationaux, sont nées les ONG (organisations non gouvernementales), qui ont agi et qui agissent encore à des niveaux plus ponctuels et plus pointus, impliquant davantage les populations concernées. Dans le sillage de la diversité de l’aide est apparue plus récemment l’auto-promotion qui tente de concilier la coopération avec le développement. S’agit-il de pratiques novatrices pertinentes ou ne serait-ce qu’un outil de plus dans la panoplie du développement ? Cette nouvelle formule module les modes et les instruments d’intervention en proposant une alternative basée sur l’autonomie. Centrée sur des communautés de base, sur des organisations associatives locales, sur une prise de conscience collective, l’auto-promotion, tout en stimulant les ressources internes et les imaginations, laisserait prévisager quelques solutions possibles.

5Nés de réflexions internes à l’IUED et de colloques réunissant de nombreux spécialistes du développement, les textes du présent Cahier se veulent le reflet de cette approche alternative de coopération au développement. Après la « self-reliance », à la mode il y a quelques années, mais sans applications magistrales, l’auto-promotion promet cette fois de sortir peut-être de l’impasse. Pourtant tout n’est pas aussi simple dans les projets d’auto-promotion. Il y a certes là, pour des groupes ou des communautés de base, une possibilité de saisir des opportunités nouvelles, d’imaginer des stratégies de développement, d’avoir prise sur des négociations avec les pouvoirs locaux, de trouver des articulations originales entre solidarité, égalité, valeurs de rentabilité et de compétition. Les savoir-faire locaux, les dynamiques sociales, les pouvoirs d’influence, les processus de transformations internes, le renouvellement des acteurs sociaux locaux, certaines redistributions des rôles, les revendications politiques des groupes sont pourtant autant d’enjeux qui s’affronteront aux pouvoirs régionaux, nationaux et au centralisme de l’Etat. Mais, si ce passage d’un mode de gestion technocratique à un mode de gestion négocié trouve sa légitimé et son faire-valoir, l’auto-promotion a peut-être quelque chance de succès. Encore faudrait-il pour que l’Occident-prêteur apporte, avec son financement, sa conviction mobilisatrice à cette nouvelle forme d’aide au tiers monde !

6L’Equipe des Cahiers

Table des illustrations

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