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Le Pakistan, don de l’Indus

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Gilbert Etienne

Chapitre I. La nature, les hommes et l’histoire

Texte intégral

  • 1 La Mésopotamie se trouve dans une situation analogue.

1Par un curieux caprice de la géographie, le Pakistan est doté à la fois d’un climat aride ou semi-aride et d’un des plus somptueux bassins fluviaux de la planète, caractéristique qui de tout temps frappe envahisseurs et voyageurs, depuis Alexandre le Grand jusqu’aux observateurs d’aujourd’hui. Très tôt dans l’histoire l’homme organise un paysage, de prime abord peu hospitalier, grâce à des canaux d’irrigation et des puits qui assurent une agriculture capable de soutenir des villes importantes1.

L’alternance des paysages

  • 2 A plusieurs reprises entre 1964 et 1985/86, ma femme et moi avons fait ce voyage en voiture.

2Le voyageur qui vient d’Europe par la route2 traverse, à partir de l’Iran, des plateaux tirant sur la steppe, des déserts de sable et de cailloux, coupés d’oasis avec leurs peupliers alignés le long des canaux. Rose-mauves au petit matin près d’Isfahan, les montagnes se renfrognent dans des teintes noirâtres au Baluchistan. Les oasis se font rares. Ici les dunes de sable viennent mourir sur la route, plus loin le désert se durcit comme du macadam.

  • 3 Cité par O.H.K. Spate, India and Pakistan, p. 456 (Londres, 1964).

3Les plateaux montagneux du Baluchistan s’affaissent dans les gradins aux falaises rocheuses de Khuzdar à Bela en direction de Karachi ou s’inclinent plus doucement sur la plaine de l’Indus après le col du Bolan. L’horizon plat, plus désertique que jamais, succède alors aux montagnes. Jacobabad est célèbre pour battre le record de chaleur du sous-continent. Comme le dit le proverbe local : « Oh Allah après avoir créé le Sewistan, pourquoi avais-tu besoin de concevoir l’enfer ? »3.

4Et finalement, après ces milliers de kilomètres où la palette du peintre joue sur le beige, l’ocre, le roussi, le voyageur se retrouve avec étonnement dans un paysage vert : les rizières, les champs de coton, la canne à sucre, les bouquets de palmiers, les rangs de bananiers, les boules vert-sombre des manguiers.

  • 4 Panjab littéralement en persan les cinq rivières.

5Relativement étroite dans le Sind, la zone irriguée s’élargit plus au nord dans l’éventail que dessinent les rivières du Panjab4. Et l’alternance se poursuit : les collines, ravines et terrasses mettent un terme à la plaine de l’Indus avant que ne s’ouvre au delà du fort d’Attock, un nouvel espace vert créé par les rivières de Caboul et du Swat. Aux portes de Peshawar l’horizon se referme dans les montagnes dénudées, les éboulis, la caillasse… Barrière – coupée par le célèbre col du Khaïber – qui aboutit au « toit du monde » (bam-i-dunya), ce carrefour des géants : l’Hindu-kush, l’Himalaya, le Karakorum et les Pamirs.

6L’arc de cercle qui relie la côte du Makran sur l’Océan indien à la Haute Asie n’est pas oublié par l’homme : les nomades transhument selon les saisons entre plaines et montagnes. Les vallées abritent des sédentaires qui pratiquent une irrigation aussi soignée qu’ancienne. Pendant des millénaires les armées comme les caravanes de marchands vont et viennent, se glissant entre les sommets.

7Ainsi, sur ce territoire de 800 000 km2, une bonne moitié consiste en montagnes et plateaux peu peuplés, le reste forme la plaine de l’Indus et de ses affluents avec ses déserts, ses terres semi-désertiques et ses cultures irriguées où se presse la très grande majorité de la population.

  • 5 J-M. Casal parle de « conditions climatiques analogues aux conditions actuelles » ce qui n’exclut p (...)

8Le climat aride, à quelques exceptions près, remonte à un lointain passé. Déjà au temps de Mohenjo Daro (2 500 avant J.-C.) les pluies se montraient fort chiches ce qui rendait l’irrigation indispensable à l’agriculture5.

  • 6 Spate, op. cit., p. 456.

9Dans les zones les plus sèches (Baluchistan, Sind) la pluviosité se situe autour de 100-250 mm par an pour s’accroître progressivement au Panjab : Lahore 500 mm, dans le piémont de l’Himalaya 850-900 mm, sur le plateau du Potwar 400 à 600 mm. Rappelons qu’au-dessous de 300 mm de pluie, les cultures deviennent très précaires et souvent impossibles sans l’apport de l’irrigation. Il faut aussi tenir compte des variations sensibles d’un an à l’autre et de la répartition des pluies dans la même saison. A Karachi, il est arrivé de mesurer 300 mm de pluie en vingt-quatre heures, soit plus que la moyenne annuelle, caractéristique qui explique la particularité de véritables inondations dans le désert !6

10A l’exception des régions du nord qui comportent des cultures pluviales (barani), la plus grande partie des terres cultivées sont irriguées.

  • 7 Saison sèche, sous réserve de petites pluies, surtout marquées dans le nord.

11L’Indus, la Caboul, les cinq rivières du Panjab bénéficient de la fonte des neiges à partir d’avril et de la mousson de juillet à septembre, de sorte que leur débit est assuré pendant une période assez longue de l’année. Même en hiver7, les rivières ne se réduisent pas à un filet d’eau comme celles de l’Inde péninsulaire uniquement tributaires des pluies.

12La plaine de l’Indus constitue une énorme masse d’alluvions fertiles. De surcroît, l’érosion des sols est très faible puisque les champs sont aplanis et bordés de diguettes pour retenir l’eau. En revanche, la salinité, phénomène ancien mais aggravé par les progrès de l’irrigation sous les Britanniques, constitue un sérieux handicap.

13Cette très forte prédominance des cultures irriguées donne au Pakistan un gros avantage sur les pays qui, comme la Chine et l’Inde, comportent, à côté des plaines irriguées ou irrigables, de vastes plateaux condamnés à ne dépendre que de pluies incertaines et exposés à l’érosion.

14Le Pakistan est par contre beaucoup moins favorisé sous l’angle des ressources minérales : peu de fer et de charbon, peu d’autres minerais, sinon le cuivre du Baluchistan très coûteux à exploiter, surtout aujourd’hui compte tenu du marché mondial. Malgré de nombreux efforts, peu de pétrole a été découvert jusqu’à maintenant. Des atouts : le potentiel hydro-électrique encore très incomplètement exploité et le gaz naturel du Baluchistan qui joue un rôle important depuis une trentaine d’années.

Les étapes de l’histoire

  • 8 Sir M. Wheeler, Civilization of the Indus Valley, pp. 62-67, Londres (1966) et Casal, op. cit. chap (...)

15Dès la première étape relativement connue, la civilisation de l’Indus (2 500-1 500 avant J.-C), le décor est planté avec ses traits de base qui vont persister jusqu’à nos jours. Les ruines de Mohenjo Daro (Sind) et de Harappa (Panjab) révèlent une civilisation raffinée : de grandes cités comprenant des greniers publics, des adductions d’eau, un système très avancé d’égouts ; des activités commerciales à l’intérieur du pays et des échanges avec l’extérieur : les villes contemporaines de Mésopotamie, le sud de l’Inde, l’Afghanistan8.

16Il est évident que ces agglomérations dépendaient d’une agriculture relativement avancée. Des canaux alimentés par les crues de l’Indus et de ses affluents assuraient la culture de l’orge, du blé, du sésame, du coton. Le riz semble par contre avoir été inconnu. Quant à l’élevage, il ne différait guère de celui d’aujourd’hui : bovins (zébus) buffles, peut-être porcs, chameaux, chevaux, ânes. L’outillage comprend l’araire et le semoir, des chars dont le modèle peut encore se trouver dans les villages du Sind.

  • 9 M.S. Randhawa, A History of Agriculture in India, vol. I, p. 115, (New Delhi 1980).

17Au Baluchistan ont été découverts des vestiges de retenues d’eau (gabarband) et des terrasses remontant à la même époque9.

  • 10 Cité par O. Caroe, The Pathans, p. 29 (Karachi, 1973).

18Nous ignorons dans quelles circonstances précises la civilisation de l’Indus disparut à la suite de l’invasion des Aryens venus du nord-ouest vers 1 500 avant J.-C. Seul fait clair, d’autres civilisations allaient suivre, reposant comme Mohenjo Daro sur l’irrigation. Les provinces de l’Indus qui font partie de l’Empire perse sous les Achéménides (vi-ive siècle avant J.-C.) sont renommées pour leur prospérité. Quant aux Pathanes, dans les montagnes du nord-ouest, ils acquièrent très tôt la réputation qu’ils ont conservée jusqu’à nos jours : « Ce sont les plus guerriers de tous les Indiens » rapporte Hérodote10.

  • 11 Voir entre autres The Geography of Strabon, vol. III, (Londres 1889), Strabon, géographe grec (58 a (...)

19Les données très fragmentaires sur les empires et royaumes qui se succèdent depuis la grande dynastie des Mauryas (iv-iie siècle) ne révèlent pas de changements majeurs dans les cultures, l’irrigation, l’importance des villes, du commerce, de la monnaie11.

  • 12 Conquête du Sind par les Arabes en 711. Conquête progressive du Panjab de la fin du xe siècle jusqu (...)
  • 13 Pour ces données, cf Randhawa, op. cit., vol. II, chapitre ii.

20Les renseignements deviennent plus nombreux après l’arrivée des Musulmans12. Le géographe Ibn Haukal (fin du xe siècle) évoque l’abondance des céréales dans le Sind, tout en relevant que les arbres ne sont pas nombreux. Il est frappé par l’activité commerciale du port de Debal (près de l’actuelle Thatta). Dans le désert qui borde les terres irriguées, les tribus pasteurs élèvent chameaux et moutons. Les bazars aux maisons en brique cuite (comme à Mohenjo Daro) entretiennent un commerce florissant. Des conditions analogues se retrouvent autour de Multan dans le sud du Panjab. Ce dernier est surtout développé dans sa partie orientale, en gros de Lahore à la banlieue de Delhi. Le sultan Firoz Shah (xive siècle) fait creuser des canaux d’irrigation dérivés de la Jamna et de la Satlej pour mettre en valeur les régions de Hissar et Karnal. Plus tard au xviie siècle, sous l’empereur Shah Jahan, Ali Mardan Khan, gouverneur de Lahore, dirige la construction d’un canal (177 km) qui prend l’eau de la Ravi au pied des montagnes et irrigue la région qu’il traverse ; d’autres canaux sont creusés jusque dans le Sind13.

  • 14 J. Laping, Die Landwirtschaft Production in Indien, p. 78-79, (Wiesbaden, 1982).
  • 15 Baber Noma, vol. II, pp. 486-487 (Lahore, 1975).

21A côté des canaux, les paysans utilisent un grand nombre de puits selon différentes techniques : l’outre de cuir tirée par des bœufs (mot) ou la roue persane, plus efficace mais plus coûteuse à installer, avec son système d’engrenages en bois actionnés par des bœufs qui tournent en manège, pour faire monter la chaîne de pots en terre attachés par des cordes sur une roue. Le premier système est sans doute antérieur à l’ère chrétienne. Quant au second, son apparition remonterait au viiie siècle de notre ère14. Dans ses mémoires, Baber, le premier des grands Moghols (xvie siècle) signale les deux systèmes, le premier dans la région d’Agra, le second autour de Lahore15.

  • 16 C’est l’impression qui se dégage des mémoires de Baber, cf. aussi Irfan Habib, The Agrarian System (...)

22A cette époque, tout au moins dans le Panjab, les puits jouent un rôle plus grand que les canaux, avec prédominance des mots16.

  • 17 Principe qui se retrouve par la suite dans les traditions musulmanes.

23Qu’en est-il des techniques d’encadrement des hommes, des formes de gouvernement et d’administration ? Pour la période hindoue et bouddhiste, les renseignements sont assez minces. Néanmoins l’Artha Shastra de Kautilya (Traité de science politique datant de peu avant ou peu après l’ère chrétienne) indique un sens élevé de l’Etat, une administration bien organisée, avec des filières allant du pouvoir central aux provinces et districts qui divisent le territoire. Le cadastre et l’impôt sur la terre font l’objet de nombreuses règles. Le souverain a pour mission d’assurer la sécurité et le bien-être de ses sujets, idéal qui correspond au Mandat du Ciel des empereurs chinois17. Les voies de communication, l’industrie, la construction des villes ne sont pas non plus laissées au hasard.

  • 18 Strabon, op. cit., p. 103. On peut en déduire que l’irrigation ne se fait pas seulement par canaux (...)

24Les Grecs et les Romains nous donnent un écho du fonctionnement de l’Etat. Ainsi Strabon énumère-t-il les « inspecteurs qui vont dans les provinces superviser l’administration pour faire rapport au souverain ». D’autres magistrats surveillent les marchés urbains. D’autres encore observent le débit des rivières, mesurent la terre cultivée, inspectent les réservoirs d’où partent les canaux d’irrigation18.

  • 19 Romila Thapar, A History of India, vol. I, p. 289, (Harmondsworth, 1982).
  • 20 P. Spear, “The Mughal Mansabdari System” in Elites in South Asia (ed. by E. Leach et al., p. 14, Ca (...)

25Les nombreux envahisseurs qui déferlent sur le nord de l’Inde, les Grecs, les Scythes, les Parthes, les Huns se trouvèrent assez vite assimilés à la culture hindoue ou bouddhiste dont ils adoptèrent les pratiques et croyances. Il en va différemment des Musulmans, Arabes dans le sud, Persans, Afghans, Turcs et Mongols dans le nord, car ils introduisent « un nouveau mode de vie »19. Et pourtant, les Musulmans empruntent largement à ceux qu’ils ont conquis. Les sultans de Delhi reprennent de nombreux usages de l’administration ancienne. Plus tard, l’Afghan Sher Shah (règne 1540-1545) et surtout le grand Moghol Akbar (règne 1556-1605) procèdent à une réorganisation en profondeur de leur Empire, notamment dans l’administration. Cette dernière opère d’après des règles et par décret grâce à un corps de hauts fonctionnaires salariés selon leur rang, les mansabdars. Comme l’écrit Percival Spear : « Ceux-ci constituent la force de la fonction publique qui assure la cohésion de l’Inde de manière plus efficace que sous toutes les dynasties qui ont succédé à celle des Gupta aux iv-ve siècles »20.

  • 21 F. Bernier, Voyage dans les Etats du Grand Moghol, p. 155 (Paris, 1981).

26Bien payés, soigneusement choisis sans distinction de classe ou de religion, on compte des Hindous très haut placés, ces hommes jouissaient d’une relative sécurité d’emploi. François Bernier relève que les Omrahs (les fonctionnaires les plus élevés) « sont, comme ils disent, les colonnes de l’Empire »21.

27De son côté, l’économie connaît une vigoureuse expansion dans l’agriculture, l’industrie, le commerce en même temps que les routes et voies fluviales s’améliorent.

  • 22 Cambridge Economic History of India, vol. I, p. 171 (Cambridge, 1982).

28Le commerce international terrestre est florissant vers l’Asie centrale, l’Iran et l’Empire ottoman, par les voies maritimes du côté de l’Extrême Orient comme de l’Occident. Plus que jamais l’or et l’argent affluent dans le sous-continent dont les exportations dépassent largement les importations. Pour la région qui nous intéresse dans ce livre, des villes comme Thatta, Multan et surtout Lahore connaissent une activité intense. Cette dernière compte de 400 000 à 700 000 habitants dans la période 1581-161522.

  • 23 K.N. Chaudhuri, “François Bernier and the Image of Oriental Despotism” (Prato, 1978).
  • 24 C.A. Bayly, Rulers, townsmen and Bazaars, North Indian Society... 1770-1870, (Cambridge 1983).

29L’appauvrissement de l’Empire moghol qui se manifeste sous Aurangzeb (règne 1658-1707) puis l’émiettement de l’Empire au cours du xviiie siècle (invasions des Persans et des Afghans, raids des Marathes, insurrections multiples) affectent l’économie. Néanmoins, comme le relève K.N. Chaudhuri, « Jusque vers le milieu du xviiie siècle, les Européens qui écrivent sur l’Inde ne montrent guère de sens de supériorité de leur propre économie par rapport à celle de l’Inde »23. Au début du xixe siècle, le Sikh Ranjit Singh (1780-1839) crée un puissant royaume qui, outre l’ensemble du Panjab, finit par couvrir le Cachemire et Peshawar. L’économie est relancée : l’agriculture (blé, canne à sucre) comme le commerce avec le reste de l’Inde et l’étranger. Lahore, dont la population avait beaucoup baissé, compte dans les 180 000 habitants en 182524.

30Le Sind connaît une fortune nettement moins brillante sous les Talpoors, émirs tributaires du royaume de Caboul. Le mouvement économique marque le pas : semi-déclin ou semi-somnolence, ce qui ne veut pas dire que l’agriculture, l’industrie le commerce, y compris les échanges internationaux ont perdu toute vitalité.

Le pays à la veille de la colonisation britannique

31Les témoignages provenant des Britanniques et d’autres étrangers permettent de décrire les plaines, plateaux et montagnes de l’actuel Pakistan peu avant les conquêtes du Sind en 1843, du Panjab en 1849, et un peu plus tard du reste du pays.

  • 25 M. Elphinstone, An Account of the Kingdom of Caubul (Graz 1969), chap. v et vi.

32De 1808 à 1809, le grand administrateur Mountstuart Elphinstone visite une partie de ces régions, ainsi que le royaume de Caboul. Documents à l’appui, il publie un remarquable rapport. L’image qu’il donne du Sind correspond à d’autres témoignages. Le caractère nilotique du pays est mis en relief : une bande proche du fleuve cultivée grâce à des canaux alimentés par les crues de l’Indus. Les zones fort bien mises en valeur et extrêmement productives sont entourées d’espaces vides. Certaines sont la proie des broussailles et des buissons et constituent des terrains de chasse réservés aux émirs du Sind (les Talpoor). D’autres sont stériles ou « nues » faute d’eau25. Hyderabad reste une ville commerciale active alors que Thatta a perdu son élan.

  • 26 A. Burnes, A Voyage on the Indus, pp. 94-95, 107, (Karachi 1973).

33Alexander Burnes (1831) note la prospérité des villages, grands et nombreux près des canaux irriguant les champs par inondation, à côté de vastes étendues non cultivées, dont les terrains de chasse des Emirs. Dans les villes, les Hindous dominent souvent par leur nombre et leur esprit d’entreprise, alors que les campagnes ont été très fortement islamisées, principalement par conversion26.

  • 27 C. Masson, Narrative of Various journeys..., chapitre 1 à 3, vol. I (Karachi, 1974).

34Charles Masson passe de longues années dans l’actuel Pakistan et en Afghanistan (1826-1840). Il évoque les gros bazars de Shikarpur, de Sakkar, de Larkhana, qui alimentent le commerce interne et constituent le point de départ et d’arrivée des caravanes qui relient la région à l’Afghanistan et à l’Asie centrale dans son ensemble. L’économie semble plutôt en baisse qu’en expansion. Sakkar, « jadis une grande ville est en partie en ruine ». Néanmoins d’importants courants commerciaux demeurent27.

35Un haut fonctionnaire de la Compagnie des Indes, Edward Backouse Eastwick, décrit le Sind vers 1840, tout en se montrant très critique de l’annexion opérée peu après par ses compatriotes. Selon les estimations reproduites par l’auteur, le Sind compterait à l’époque 7531 villes et villages avec une population d’environ un à deux millions d’habitants, dont plus d’un sixième d’Hindous. L’auteur s’arrête devant des canaux bien entretenus et alimentant une belle canne à sucre. Il est non moins frappé par le nombre de roues persanes, les uns et les autres donnant à penser que l’administration n’est pas trop oppressive, opinion qui n’est pas partagée par tous les étrangers.

  • 28 E.B. Eastwick, A Glance on Sind before Napier, p. 193, (Karachi, 1973).
  • 29 Burnes, op. cit., p. 219.

36En même temps, E.B. Eastwick est parfaitement conscient que le pays pourrait connaître une expansion considérable. « Les Emirs ont, dans de très nombreux cas, fait sur une petite échelle ce qui pourrait être accompli en grand. Quel plus bel avantage notre gouvernement pourrait-il accorder au Sind que de ré-ouvrir les sources de sa fertilité »28. Echo analogue chez A. Burnes : « En ce moment, une grande partie des rives de l’Indus, si admirablement propices à l’agriculture, sont utilisées seulement comme pâturages »29.

  • 30 Op. cit., p. 502.

37Hier comme aujourd’hui, la physionomie du Panjab diffère de celle du Sind, qu’il s’agisse de la géographie physique ou humaine. Tous les témoignages concordent sur le fait qu’une grande partie de la province est en friche, dans un état semi-désertique, notamment dans l’ouest et le centre. Autour de Lahore, Multan et Amritsar (les trois grandes villes du Panjab) se pressent en revanche des campagnes beaucoup plus intensivement mises en valeur. Ailleurs, dès qu’on s’éloigne des berges cultivées grâce aux crues et des villages entourant les puits, les champs cultivés se font rares. « Les territoires atteints par les crues sont fertiles. Tandis que le reste est sablonneux et n’est pas cultivé » écrit M. Elphinstone30.

  • 31 A. Burnes, op. cit., p. 301. Il s’agit des canaux creusés à l’époque moghole (voir plus haut).

38Tout en faisant des observations analogues, A. Burnes relève que la Ravi comporte un système hydraulique plus efficace – nous y reviendrons – que les canaux de crue ou d’inondation. « Les deux rives de la Ravi sont ouvertes à de riches terres irriguées par de grands canaux creusés au prix d’un dur labeur »31. Autour de Multan, le coton, la canne à sucre, les vergers d’arbres fruitiers, les palmeraies s’arrêtent net lorsqu’on s’éloigne des rivières.

  • 32 Cambridge Economie history of India, vol. I, p. 164.

39D’une manière générale, d’après Irfan Habib, la surface cultivée dans les provinces de Lahore et Multan sous les Grands Moghols correspondrait à moins de la moitié de la surface cultivable au début du xxe siècle32.

  • 33 C. Masson, op. cit., vol. I, pp. 394-397, A. Burnes, op. cit., p. 178.

40Alors que C. Masson observe une baisse du trafic des caravanes dans la région de Multan depuis l’annexion par Ranjit Singh, A. Burnes définit Lahore comme le « grand emporium du commerce entre l’Inde et Caboul »33.

  • 34 J.P. Ferrier, Caravan Journeys and Wanderings, p. 345 (Karachi, 1976). Ce chiffre ne compte pas la (...)

41Quant à la population du royaume sikh, elle serait de trois millions d’habitants d’après J.P. Ferrier, citant les estimations britanniques34.

  • 35 Elphinstone, op. cit., p. 445.
  • 36 Les grands axes caravaniers évitaient en général et de fort longue date ces régions particulièremen (...)

42Si nous suivons maintenant le grand arc montagneux du Baluchistan au carrefour de l’Hindukush et du Karakorum, les témoignages ne sont pas moins concordants. M. Elphinstone distingue au Baluchistan de petites oasis dont la fertilité se compare aux cultures en plaine et le gros du pays, dénudé, rocailleux, froid en hiver, torride en été35. Les axes caravaniers qui partent du Sind vers le nord-ouest convergent dans la région de Quetta pour gagner Kandahar, puis Hérat ou Caboul, alors que le trafic est très faible d’est en ouest à travers le Baluchistan vers l’Iran36.

43Contrastes aussi, mais moins aigus, dans le nord-ouest où dominent les tribus pathanes, appelées pashtunes en Afghanistan : de petits fonds de vallée bien irrigués : blé, riz, vergers ; dans les régions relativement pluvieuses, du blé en hiver, du sorgho et du maïs en été cultivés sans irrigation. Tout autour, les montagnes, beaucoup d’entre elles dénudées depuis les temps anciens, d’autres plus boisées qu’aujourd’hui. A côté de l’agriculture et de l’élevage, le commerce des caravanes conserve un rôle important.

  • 37 Remarque qui vaut pour les Tribal Areas à la frontière, et non pas pour les districts soumis à la l (...)

44Peu peuplées, ces régions continuent à se montrer turbulentes. Après les commentaires d’Hérodote (voir plus haut), au fil de l’histoire les voyageurs arabes, moghols puis britanniques insistent sur le caractère martial des tribus, leur redoutable esprit d’indépendance, leurs mœurs extrêmement rudes. Curieux peuple en effet qui, depuis son entrée dans l’histoire, a toujours refusé, jusqu’à l’époque contemporaine incluse, de reconnaître une autorité supérieure et de lui payer tribut37.

Quelques remarques générales

45Comment définir dans la terminologie moderne le bassin de l’Indus à la veille de l’entrée en scène des Britanniques ? La continuité des civilisations matérielles est frappante : depuis Mohenjo-Daro, ces territoires ont connu, malgré des hauts et des bas, un système fort élaboré d’encadrement des hommes et d’organisation de l’espace, une agriculture soutenue par des techniques qui, sans être restées immobiles, ont connu des changements relativement modestes. Si l’araire et le semoir remontent à Mohenjo-Daro, il serait intéressant de savoir quand l’araire a été renforcé d’une tige de fer.

  • 38 A. Sumer en revanche, les systèmes hydrauliques atteignent un haut degré d’efficacité : à côté des (...)

46Comme nous l’avons vu, l’introduction de la roue persane représente une importante innovation. Jusqu’alors, dans de nombreux districts du Panjab, les puits ont joué un rôle dominant. Celui-ci diminuera considérablement avec les canaux des Britanniques, pour reprendre grâce aux motopompes après 1947. Quant aux canaux, la grande majorité sont des canaux d’inondation comme dans l’Egypte des pharaons38. La technique est relativement fruste. Les paysans font une brèche sur la berge, par laquelle l’eau s’écoule dans les champs quand les fleuves se gonflent à la fonte des neiges et pendant la mousson. Il est donc exclu de jouir d’une irrigation pérenne, c’est-à-dire pendant toute l’année. De plus, même en période de hautes eaux, des variations peuvent se produire, avec excès ou manque d’eau.

  • 39 The Cambridge Economie History of India, vol. I, p. 49.
  • 40 M.B. Pithawala, Historical Geography of Sind, pp. 145 et 152 (Karachi, 1978).

47Les canaux d’irrigation proprement dits, creusés et aménagés sur de longues distances et de nature pérenne étaient peu fréquents, mis à part notamment les travaux de Firoz Shah Tughlaq au xive siècle et les quelques canaux des grands Moghols. Les premiers étaient si bien conçus qu’ils permettaient une récolte à la mousson et une récolte en saison sèche (rabi), inexistante auparavant39. Sous la dynastie des Kalhora (1700-1783) de gros travaux entrepris dans le haut Sind font reculer le désert. Néanmoins l’inclinaison et la régulation du débit des canaux laissent à désirer. Par la suite, sous les Talpoor, l’entretien du système fut négligé, d’où le recul des surfaces irriguées40.

  • 41 Eastwick, op. cit., p. 193. Nous verrons plus bas une autre référence à la Chine lors de la créatio (...)

48La mise en valeur – et de manière sûre – de plus larges périmètres, aurait exigé de grands ensembles de canaux, nécessité qui n’avait pas échappé à E.B. Eastwick. Pour ce faire, il eût fallu, parallèlement aux travaux de construction, mettre en place une administration solide. Et l’auteur d’ajouter : « En Chine il existe des fonctionnaires dont la seule tâche est de veiller à l’entretien des canaux, en augmenter le nombre et les effets »41. Ce texte ne veut pas dire qu’il n’existait pas d’administration rurale, loin de là. Elle était moins poussée qu’en Chine ou s’était affaiblie après l’ère moghole.

49L’éventail des cultures s’est élargi au fil des siècles. Au blé, à l’orge, au coton, remontant à la civilisation de l’Indus, s’ajoutent plus tard le riz, la canne à sucre. L’arboriculture, existante de tout temps, se développe, notamment sous les Moghols : manguiers et orangers, dans le nord-ouest pêchers et abricotiers, dans certaines régions la vigne (Baluchistan notamment). Au xviie siècle apparaissent les plantes d’origine américaine : les piments, le tabac, le maïs, les pommes de terre. Oléagineux, sorgho et petit mil, différentes légumineuses complètent la liste des cultures. Si l’agriculture de subsistance occupe de tout temps la place principale, les cultures commerciales sont loin d’être négligeables.

  • 42 The Cambridge Economic History of India, op. cit., p. 78. La roue du fileur est pour la première fo (...)

50Quant à l’élevage bovin, il joue un rôle important dans les villages, tandis que les nomades élèvent des troupeaux de chameaux et de moutons. L’artisanat local, potiers, forgerons, tanneurs, charpentiers, est de tout temps fort actif, à côté du vaste secteur textile : artisans à domicile ou travaillant dans des manufactures. La roue des fileurs semble avoir été introduite par les Musulmans et son usage se généralise au xive siècle42.

  • 43 Par crainte des Britanniques, les Talpoor auraient fermé au commerce les bouches de l’Indus. cf. J. (...)
  • 44 Op. cit., p. 94-95.

51Le commerce à l’intérieur des provinces et entre celles-ci se regroupe dans les centres urbains dont plusieurs sont, en même temps, des pôles ou des entrepôts du commerce international. Si le trafic maritime se réduit dans de très fortes proportions après la fin de la domination moghole43, les voies caravanières restent très actives au début du xixe siècle, entre le bassin de l’Indus, l’Iran et plus loin l’Empire Ottoman, le pays de Caboul, le Cachemire, les villes de Boukhara, Samarcande et même Astrakhan. Plusieurs témoignages britanniques dont celui d’A. Burnes44 évoquent le caractère cosmopolite, l’expérience et les connaissances des grands marchands de Sakkar, Shikarpur, Multan et Bahawalpur, Lahore et Amritsar. A côté des Hindous en majorité, on rencontre des Musulmans, quelques Juifs et Arméniens.

52En substance, l’agriculture s’insère dans une économie rurale et urbaine, interne et internationale aux articulations bien dessinées.

53Quant aux structures politiques et administratives, elles suivent la forme des empires et des royaumes, révélant de nombreux éléments de continuité, quelles que soient les vicissitudes de l’histoire.

54En conclusion, les Britanniques se trouvent en présence d’une civilisation qui, même si elle est entrée dans une phase de relative régression, présente des structures administratives, économiques et sociales à la fois assez solides, élaborées et complexes, ce qui nous mène fort loin des idées simplistes sur le « sous-développement » précolonial !

  • 45 Dans le Sind, nombre de tombeaux de saints musulmans étaient vénérés par les Musulmans comme par le (...)

55Non moins révélatrice est l’ambiguïté de l’histoire qui, après l’entracte de l’Empire britannique, frappera à nouveau de plein fouet le bassin de l’Indus et ses confins montagneux. Terre de rencontre entre les civilisations iranienne et indienne, plus tard entre Musulmans de l’extérieur, indigènes convertis à l’Islam, Hindous et Sikhs, interpénétration des cultures45, mais aussi identités propres aux Musulmans et aux Hindous.

  • 46 Op. cit., vol. I, p. 163.

56La région a fait partie de l’Empire perse, puis de l’Empire des Mauryas, situation qui se répète au fil de l’histoire. Les Grands Moghols étendent d’abord leur Empire jusqu’au Baluchistan, Kandahar et Caboul, puis doivent reculer. Au début du xixe siècle, les Emirs du Sind versent un tribut au Royaume afghan. De leur côté les Sikhs enlèvent Peshawar aux Afghans, tandis que les zones montagneuses continuent à rejeter toute autorité extérieure et parfois même intérieure. Les maliks ou chefs qui habitent autour du col du Khaïber « n’exercent qu’une autorité très limitée » remarque Charles Masson46.

  • 47 Op. cit., p. 71.

57A l’intérieur de l’actuel Pakistan, les rivalités entre régions et communautés, ce qu’on appelle aujourd’hui le “communalism” ne manquaient pas dans le passé, y compris à l’intérieur de la société musulmane. A. Burnes remarque que sur le bas Indus, les Baluchs s’entendent mal avec les Sindhis47. Des oppositions fort anciennes existaient entre Sindhis et Panjabis, entre ces derniers et les Pathanes… Et là-dessus n’oublions pas les rivalités d’intérêts entre les importantes minorités hindoues, très souvent urbaines, et les Musulmans.

  • 48 Il n’est pas absent non plus au sein des communautés chrétiennes, y compris aujourd’hui.

58Finalement, d’autres clivages se manifestent au sein de la société islamique, entre Sunnites, Chiites et autre confessions et écoles de pensée. De surcroît, si l’Islam est foncièrement opposé au système de castes, dans les faits, les convertis ne pouvaient faire table rase de leur origine. Par exemple les Rajputs musulmans conservent leur statut supérieur tandis que les castes d’intouchables gardent un rang inférieur. D’une manière générale, bien que le système des castes soit nettement moins rigide que chez les Hindous, son rôle dans la société musulmane ne peut être oublié48. Il est particulièrement manifeste, encore aujourd’hui, en matière de mariage dans les villages.

Notes

1 La Mésopotamie se trouve dans une situation analogue.

2 A plusieurs reprises entre 1964 et 1985/86, ma femme et moi avons fait ce voyage en voiture.

3 Cité par O.H.K. Spate, India and Pakistan, p. 456 (Londres, 1964).

4 Panjab littéralement en persan les cinq rivières.

5 J-M. Casal parle de « conditions climatiques analogues aux conditions actuelles » ce qui n’exclut pas « certaines variations comparables à celles que l’Europe a pu connaître », cf. son ouvrage La civilisation de l’Indus et ses énigmes, p. 150, (Paris, 1969).

6 Spate, op. cit., p. 456.

7 Saison sèche, sous réserve de petites pluies, surtout marquées dans le nord.

8 Sir M. Wheeler, Civilization of the Indus Valley, pp. 62-67, Londres (1966) et Casal, op. cit. chap. 9. Sur les débuts de l’agriculture, voir les remarquables travaux de J.F. Jarrige, notamment “Continuity and Change in the North Kachi Plain (Baluchistan, Pakistan) at the Beginning of the Second Millenium”, South Asian Archeology 1983, Naples, 1985.

9 M.S. Randhawa, A History of Agriculture in India, vol. I, p. 115, (New Delhi 1980).

10 Cité par O. Caroe, The Pathans, p. 29 (Karachi, 1973).

11 Voir entre autres The Geography of Strabon, vol. III, (Londres 1889), Strabon, géographe grec (58 av. J.-C.-25 après J.-C.) réunit de nombreux témoignages sur le monde indien des Mauryas à son temps.

12 Conquête du Sind par les Arabes en 711. Conquête progressive du Panjab de la fin du xe siècle jusqu’au xiie par les Turcs et les Afghans.

13 Pour ces données, cf Randhawa, op. cit., vol. II, chapitre ii.

14 J. Laping, Die Landwirtschaft Production in Indien, p. 78-79, (Wiesbaden, 1982).

15 Baber Noma, vol. II, pp. 486-487 (Lahore, 1975).

16 C’est l’impression qui se dégage des mémoires de Baber, cf. aussi Irfan Habib, The Agrarian System of Mughal India, p. 26 (Londres 1963), et The Cambridge Economie History of India, vol. I, pp. 214-216.

17 Principe qui se retrouve par la suite dans les traditions musulmanes.

18 Strabon, op. cit., p. 103. On peut en déduire que l’irrigation ne se fait pas seulement par canaux d’inondation ou de crue mais aussi par des canaux d’irrigation proprement dits.

19 Romila Thapar, A History of India, vol. I, p. 289, (Harmondsworth, 1982).

20 P. Spear, “The Mughal Mansabdari System” in Elites in South Asia (ed. by E. Leach et al., p. 14, Cambridge, 1970).

21 F. Bernier, Voyage dans les Etats du Grand Moghol, p. 155 (Paris, 1981).

22 Cambridge Economic History of India, vol. I, p. 171 (Cambridge, 1982).

23 K.N. Chaudhuri, “François Bernier and the Image of Oriental Despotism” (Prato, 1978).

24 C.A. Bayly, Rulers, townsmen and Bazaars, North Indian Society... 1770-1870, (Cambridge 1983).

25 M. Elphinstone, An Account of the Kingdom of Caubul (Graz 1969), chap. v et vi.

26 A. Burnes, A Voyage on the Indus, pp. 94-95, 107, (Karachi 1973).

27 C. Masson, Narrative of Various journeys..., chapitre 1 à 3, vol. I (Karachi, 1974).

28 E.B. Eastwick, A Glance on Sind before Napier, p. 193, (Karachi, 1973).

29 Burnes, op. cit., p. 219.

30 Op. cit., p. 502.

31 A. Burnes, op. cit., p. 301. Il s’agit des canaux creusés à l’époque moghole (voir plus haut).

32 Cambridge Economie history of India, vol. I, p. 164.

33 C. Masson, op. cit., vol. I, pp. 394-397, A. Burnes, op. cit., p. 178.

34 J.P. Ferrier, Caravan Journeys and Wanderings, p. 345 (Karachi, 1976). Ce chiffre ne compte pas la partie du Panjab à l’est de la Satlej déjà sous domination britannique.

35 Elphinstone, op. cit., p. 445.

36 Les grands axes caravaniers évitaient en général et de fort longue date ces régions particulièrement inhospitalières.

37 Remarque qui vaut pour les Tribal Areas à la frontière, et non pas pour les districts soumis à la législation britannique puis pakistanaise.

38 A. Sumer en revanche, les systèmes hydrauliques atteignent un haut degré d’efficacité : à côté des canaux par inondation, d’autres sont creusés et liés à des réservoirs, assurant une bonne régulation du débit et selon les cas une irrigation pérenne. Par contre les renseignements manquent sur la civilisation de l’Indus. Informations fournies par Françoise Brüschweiler, sumérologue à l’Université de Genève.

39 The Cambridge Economie History of India, vol. I, p. 49.

40 M.B. Pithawala, Historical Geography of Sind, pp. 145 et 152 (Karachi, 1978).

41 Eastwick, op. cit., p. 193. Nous verrons plus bas une autre référence à la Chine lors de la création de l’Indian Civil Service.

42 The Cambridge Economic History of India, op. cit., p. 78. La roue du fileur est pour la première fois indiquée en Iran au xiie siècle.

43 Par crainte des Britanniques, les Talpoor auraient fermé au commerce les bouches de l’Indus. cf. J.P. Ferrier, op. cit., p. XXXII.

44 Op. cit., p. 94-95.

45 Dans le Sind, nombre de tombeaux de saints musulmans étaient vénérés par les Musulmans comme par les Hindous. Encore aujourd’hui au tombeau de Moinud Din Chisti à Ajmer en Inde, les pélerins hindous restent nombreux.

46 Op. cit., vol. I, p. 163.

47 Op. cit., p. 71.

48 Il n’est pas absent non plus au sein des communautés chrétiennes, y compris aujourd’hui.

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