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La pandémie de Covid-19

 | 
Capucine Boidin
, 
Claudia Damasceno
, 
Marion Magnan
, 
et al.

II- Vers un « nouveau normal » ? Changements et résistances à l’échelle familiale ou individuelle

Chapitre 5. Écritures pandémiques dans les Amériques : entre injonctions et saturations des espaces publics matériels et immatériels

Matthieu Noucher et Élise Olmedo

Texte intégral

Introduction

1La pandémie de Covid-19 a déclenché une perturbation sans précédent dont les effets à terme sur la santé, l’économie, les voyages ou les interactions sociales sont gigantesques et sans doute encore sous-estimés. Une telle menace virale se caractérise paradoxalement par son omniprésence mais aussi par une certaine invisibilité. La dissémination du SARS-CoV-2 s’opère, en effet, par contamination de personne à personne de manière silencieuse. Pourtant, ce bouleversement planétaire reconfigure profondément les spatialités. Les paysages du quotidien ont changé et des signaux faibles – fermetures de frontières, d’écoles ou de lieux jugés non essentiels, quarantaines, couvre-feu, etc. –, devenus au fil des confinements des signaux forts, occupent désormais une place centrale dans les nouvelles appréhensions des espaces vécus, qu’ils soient physiques ou numériques. À travers une analyse multiscalaire des écritures pandémiques qui, des statistiques à la cartographie, des panonceaux sur les vitrines aux bandes de scotch sur le sol, marquent les transformations provoquées par le virus, ce chapitre interroge la place de ces traces sur les pratiques des espaces publics. En nous appuyant sur un corpus iconographique de photographies et de cartes collectées depuis un an, nous mettons en exergue, sans prétention d’exhaustivité, quelques situations exemplaires dans les Amériques.

2À petite échelle, la prolifération des cartes sur la diffusion de la Covid-19 fournit un bon exemple de la frénésie cartographique actuelle qui semble vouloir maîtriser, contrôler et mesurer tous les territoires. De l’état des lieux sanitaire aux zonages de confinement, des représentations animées sur la diffusion du virus aux indicateurs sur la vulnérabilité des communautés autochtones, des modélisations sur les effets de la distanciation physique aux plans des corona-pistes, les cartes sont omniprésentes dans l’espace médiatique. Loin d’être anecdotique, cette profusion iconographique est l’une des expressions de la façon dont la mesure et sa spatialisation agissent comme des vecteurs de gouvernementalité, c’est-à-dire comme des modes d’administration des territoires, de rationalisation et de régulation des relations entre populations, ressources et États des Amériques. Ces instruments de pouvoir sont, aujourd’hui, incontournables, mais largement contestés à travers l’émergence de contre-cartographies.

3À grande échelle, on retrouve des phénomènes similaires. Devant la présence d’un virus toujours invisible, de multiples écritures ont envahi les espaces publics de la ville et continuent de se répandre, modifiant profondément les pratiques, qu’il s’agisse de la fréquentation, de la mobilité ou des activités. Faire la queue à l’arrêt de bus, s’asseoir dans le métro, faire du vélo, se croiser sur un trottoir, attendre devant un magasin : tous ces jeux de placements en apparence banals sont aujourd’hui bouleversés, téléguidés, accompagnés ou fermement contraints par des prescriptions omniprésentes. L’intention qui se traduit derrière cette prolifération de signes dans les espaces publics urbains est la même que dans la pléthore cartographique du Web : contrôler et prescrire. À coups de distanciation physique, d’itinéraires spécifiques et d’interdictions ciblant certaines catégories de personnes (les symptomatiques, les voyageurs, les « cas contact »), ce qui était à l’état de chiffres dans les cartes semble se transposer concrètement en actions sur le terrain. Pourtant, si des rouages communs agissent d’une échelle à l’autre dans un effet de correspondance, les rétroactions ne sont pas directes. En contrepoint des instructions officielles, des affiches, publicités ou autocollants réconfortants au graphisme recherché et souvent non signés apparaissent ici ou là. Ils clament, de façon plus ou moins poétique, des revendications ou suggèrent quelques pistes pour la sortie de crise. Malgré le bouleversement des pratiques militantes lié en particulier à l’interdiction des rassemblements, l’espace public reste un lieu d’expression alternative et de résistance.

4L’espace public nous sert donc de clé de lecture pour étudier la place prépondérante qu’occupent ces différentes formes d’écriture à la fois dans le monde matériel et dans le monde numérique. Cette notion a fait l’objet d’acceptations différentes dans les écrits de nombreux auteurs au xxe siècle (Lippman, Arendt, Dewey Habermas, etc.). Terme polysémique, il désigne « un espace à la fois métaphorique et matériel » [Fleury, 2014]. Cette double acceptation permet d’envisager deux dimensions de l’espace public ayant des échelles et des appréhensions complémentaires : celle du Web, comme espace métaphorique et virtuel, synonyme de sphère publique ou de débat public, où la profusion des cartes et statistiques de la Covid-19 s’est répandue à l’échelle planétaire ; celle de la ville, comme espace matériel sensible, synonyme de lieu de rencontres et d’interactions sociales, où les recommandations liées à la pandémie sont autant de formes d’écriture qui ont modifié les pratiques spatiales et sociales. La profusion des formes graphiques et scripturales qui inondent aujourd’hui ces deux types d’espace public invite à prêter une attention nouvelle à cette somme de symboles et d’écrits inédits. Elle forme, en cette période si particulière, l’infra-ordinaire des paysages urbains et virtuels [Denis et al., 2019].

5La séparation entre ces deux univers est artificielle face à l’entremêlement des sphères matérielles et informationnelles. Cependant, leur distinction permet, dans un premier temps, de travailler des échelles et des formes d’écriture différentes. Qui plus est dans les Amériques, cette distinction prend tout son sens car les configurations spatiales comme virtuelles sont multiples. Par cette mise en dialogue d’espaces publics aux échelles et aux contours différents, cette contribution entend amorcer une réflexion sur les spécificités des narrations visuelles de la crise sanitaire, pour dégager dans un second temps ce qui les sépare, ce qui les rapproche et ce qui les met en concurrence.

La Covid-19 sur le web : entre quantophrénie et frénésie cartographique

6En sociologie urbaine, les espaces publics sont des espaces de rencontre socialement organisés par des rituels d’exposition ou d’évitement [Goffman, 1973]. Le Web peut alors apparaître comme un espace public virtuel socialement organisé. Des travaux récents ont montré la hiérarchisation de ce réseau et les relations d’autorité qui s’y tissent [Cardon, 2010] selon les contextes géographiques [Gautreau & Noucher, 2013]. Dès lors, le Web est un interstice de médiation polymorphe où l’espace public se déploie sous différentes formes qui peuvent se combiner : de la diffusion publique d’information (sites, blogs, etc.) à la discussion (forums, plateformes collaboratives, etc.). En période de pandémie, observer son contenu permet de rendre compte des différentes modalités de mise en visibilité d’un virus invisible. Cette entrée, aussi spécifique soit-elle, permet de souligner différentes évolutions récentes en matière d’accès, de traitement et de diffusion des données sur Internet.

7La transition numérique a bouleversé la fabrique des cartes et leur circulation sur Internet depuis quelques décennies [Noucher, 2017]. L’épidémie de SARS-Cov-2 n’a fait que renforcer cette profusion. Très rapidement, cartes et graphiques de la pandémie sont devenus omniprésents sur le Web étatsunien. Modélisateurs, épidémiologistes, statisticiens, cartographes journalistes et artistes ont mis en scène graphiquement les chiffres de la pandémie, démultipliant courbes, histogrammes, cartes ou anamorphoses [Lan et al., 2021]. Certaines de ces visualisations sont devenues virales, comme le tableau de bord (Figure 1.1) de l’université John Hopkins [Dong et al., 2021]. Mis en ligne dès le 22 janvier 2020, il localise les cas, les décès ou les patients en réanimation. Les données sont mises à disposition gratuitement, d’abord sous forme de tableaux, puis via une interface cartographique. Gérée manuellement du 22 au 31 janvier, la collecte a ensuite été automatisée à partir de flux provenant de différentes sources1. Son succès tient à sa facilité de réplication. Ainsi, plusieurs tableaux de bord « locaux » ont été dérivés de l’application initiale comme au Québec où deux chercheurs de l’Université Laval en ont proposé une version ad hoc (Figure 1.2). Si plusieurs autres panoramas internationaux ont été proposés2, c’est celui de l’université John Hopkins et ses multiples déclinaisons qui semblent avoir connu le plus de succès. C’est là l’un des paradoxes du géoweb que cette crise sanitaire a bien mis en exergue : alors que la facilité d’accès aux données et la simplification des outils du Web permettent une grande variété de mises en cartes des phénomènes spatiaux, seuls quelques success stories cartographiques se propagent largement jusqu’à occuper des positions quasi monopolistiques3. Ces visuels, qui font désormais autorité, semblent inspirés d’œuvres de fiction. Ils tendent aujourd’hui à formater nos visions collectives, de l’échelle du monde à l’échelle locale, quitte parfois à rendre difficile la séparation entre fiction et réalité4.

Figure 1. Tableau de bord de l’université John Hopkins (États-Unis) et sa réplication par l’université de Laval (Canada)

Figure 1. Tableau de bord de l’université John Hopkins (États-Unis) et sa réplication par l’université de Laval (Canada)

Source 1.1 : [En ligne] https://coronavirus.jhu.edu/​map.html [dernière consultation le 15 avril 2021]
Source 1.2 : [En ligne] https://ulaval.maps.arcgis.com/​apps/​opsdashboard/​index.html#/​775aaa4e3a124d6499aeb63bfe8e4ffb [dernière consultation le 15 avril 2021]

8La carte narrative « The virus that shut down the world », réalisée pour le Washington Post5, a également connu un beau succès. Les réseaux sociaux ont très largement relayé cette mise en scène associant cartes, photographies, textes et graphiques sur la diffusion du virus. Cette application dynamique est révélatrice des nouvelles modalités de narrations cartographiques qu’offre Internet en permettant non seulement de raconter des histoires variées à l’aide de cartes, mais aussi d’utiliser la carte comme outil d’analyse spatio-temporelle des récits [Caquard & Dimitrovas, 2017]. C’est à travers ces cartes narratives que se sont construits les récits de la pandémie.

  • 6 L’application de Tectonix GEO permet de suivre les parcours de personnes équipées de téléphones pré (...)
  • 7 Semaine de congés scolaires, début mars, au Québec.
  • 8 À titre d’exemple, voir Naël Shiab & Francis Lamontagne, « Analyse de milliards de données cellulai (...)

9Ces exemples illustrent deux des principales fonctionnalités des géovisualisations qui se multiplient depuis un an. Premièrement, la plupart d’entre elles établissent des bilans via la localisation des cas positifs, des personnes en réanimation ou des décès. Plus récemment, ces indicateurs sont complétés par l’évolution des taux de vaccination. Deuxièmement, certaines de ces géovisualisations cherchent à traquer le virus pour tenter de localiser les patients zéro, leurs cas contacts et suivre sa dissémination. Aux États-Unis par exemple, les snowbirds, ces vacanciers partis chercher, en plein hiver, le soleil sur les plages de Floride alors que l’épidémie n’était qu’à ses prémisses, ont été pistés à partir de leur téléphone portable6. Radio-Canada a eu accès aux données de 7,9 millions de téléphones et a mis en évidence l’importance de la « semaine de relâche7 » sur l’augmentation des cas au Québec8. Cette individualisation des sources de données à partir des traces numériques, volontaires ou non, est une tendance forte des nouveaux modes de fabrique cartographique [Mericksay et al., 2018]. Leur usage n’est pas sans soulever des enjeux éthiques que le contexte pandémique semble avoir écartés temporairement.

10Ce premier tour d’horizon pourrait laisser croire à un déluge de données planétaires permettant de suivre, partout, en temps réel, l’évolution de la situation. Cette vision simpliste ne résiste pas à l’analyse et un panorama de la situation dans les différents pays des Amériques permet de dresser un tout autre état des lieux. L’information n’est pas toujours disponible ou, lorsque les données sont communiquées, elles ne sont pas toujours récentes, à une échelle fine d’analyse ou facilement ré-exploitables. À titre d’exemple, au Guyana, le ministère de la Santé diffuse, selon une fréquence variable, un poster avec quelques chiffres clés qui ne sont pas archivées (Figure 2.1).

Figure 2. Tableaux de bord « alternatifs »

Figure 2. Tableaux de bord « alternatifs »

2.1- Le dashboard du ministère de la Santé du Guyana.
2.2- Cas de Covid-19 au Panama par Rainforest Foundation US.

Source 2.1 : [En ligne] https://www.health.gov.gy/​
Source 2.2 : [En ligne] https://rainforestfoundation.org/​covid-panama-gis-map/​

11La taille des mailles géographiques utilisées pour ces cartes est révélatrice des différentes capacités des pays pour analyser leur situation. L’application de l’université John Hopkins fournit ainsi des données à l’échelle du comté aux États-Unis, de la province au Canada, du pays en Bolivie. Pour s’extraire des zonages administratifs, certaines ONG tentent de rendre visible la diffusion du virus sur des unités alternatives. Rainforest Foundation US a réalisé une carte de la Covid-19 sur les terres indigènes au Panama (Figure 2.2) et le Réseau ecclésial panamazonien (REPAM) transcende les frontières avec une représentation à l’échelle de l’Amazonie à partir des données agrégées dans ses juridictions ecclésiastiques.

  • 9 Voir : Dagnino, Ricardo, Freitas, Marcos, Canalez Geise, Monitoramento de casos de Covid-19 nos pov (...)

12Enfin, à défaut de données, dans les confins de l’Amérique du Sud, la carte peut servir de lanceur d’alerte face à la vulnérabilité des populations autochtones. Deux approches sont alors envisagées. Une première consiste à chercher des variables susceptibles de qualifier la vulnérabilité des territoires (densité, accessibilité aux soins, population de plus de 60 ans, accès à l’eau, etc.). C’est le cas de l’Université fédérale du Rio Grande do Sul, au Brésil, qui propose des indicateurs spécifiques aux terres indigènes (TI) et aux districts sanitaires indigènes spéciaux (DSEI)9.

13Une seconde approche recherche des données « alternatives » aux sources conventionnelles pour tenter de caractériser ces espaces isolés. Sont alors utilisées des images satellites et photographies par drone pour, par exemple, cartographier la densité de population dans des favelas10 ou des plateformes collaboratives11, à l’image de l’observatoire CoronAmazon12.

14Enfin, si les cartes servent à visualiser l’évolution de la pandémie, à traquer son origine ou à mettre en exergue la situation de certains territoires, elles sont aussi utilisées pour contraindre les pratiques spatiales (restrictions de circulation, couvre-feu, etc.) comme en Guyane13. C’est ainsi qu’espaces publics virtuel et matériel se rejoignent : les cartes de l’espace public du Web prescrivent les usages tolérés des espaces publics de la ville que d’autres supports iconographiques viennent rappeler physiquement.

Signalétique, tape measures et aménagements transitoires : les nouveaux guides ordinaires de l’espace public

15Les espaces publics dont on fait l’expérience au quotidien sont eux aussi très impactés par la pandémie. Depuis la première vague de Covid-19 au printemps 2020, on observe, partout dans les Amériques, la démultiplication d’écritures adressées aux habitants et aux habitantes [Noucher & Olmedo, 2020]. Elles revêtent des formes et des apparences variées (panneaux, schémas, cartes, dessins, etc.)14, rappelant le cadre institutionnel de manière parfois ludique. C’est le cas de certains monuments historiques comme le « Bar U Ranch » dans la province de l’Alberta (Figure 3) qui a souhaité « guider ses visiteurs de la manière la plus douce possible à leur arrivée à l’accueil du site, contribuant ainsi à les sensibiliser aux règles sanitaires de la Covid-19 tout en maintenant l’image de marque du ranch » (extrait du blog d’Exhibit Studio qui a réalisé les affichages).

Figure 3. « Restez avec votre troupeau », un marquage réalisé par Exhibit Studio pour le lieu historique national du Bar U Ranch en Alberta, Canada

Figure 3. « Restez avec votre troupeau », un marquage réalisé par Exhibit Studio pour le lieu historique national du Bar U Ranch en Alberta, Canada

Source : © Exhibit Studio, 2020. https://www.exhibitstudio.ca/​clients-in-focus/​bar-u-ranch-physical-distancing-signage

16Les messages peuvent cependant revêtir d’autres tonalités plus moralisatrices comme dans le cas de cette pancarte installée à chaque coin de l’un des centres hospitaliers de l’île de Montréal, et dont le slogan prend un ton solennel appelant à la responsabilité et à la conscience de chacune et de chacun (Figure 4.1). Cette insistance exerce une pression psychologique et renvoie à l’idée que la propagation se joue principalement à l’échelle individuelle.

Figure 4. Affiches et recommandations diffusées dans les espaces publics de la ville

Figure 4. Affiches et recommandations diffusées dans les espaces publics de la ville

4.1- « Dites la vérité. Arrêtez la propagation. Votre honnêteté pourrait sauver une vie », slogan de l’un des centres hospitaliers de l’île de Montréal, Québec, 2020.
4.2- Affiche publiée par la préfecture de la Martinique.

Source 4.1 : © Élise Olmedo, janvier 2021
Source 4.2 : © Anthony Berthelier Huffington Post, 23/05/2020

17Outre ces exemples, ces manières d’adapter localement la présentation de la règle de distanciation physique, l’effort de pédagogie peut s’avérer contre-productif. Un effet de mode a consisté à traduire la règle de distanciation dans de faux systèmes de mesure aux couleurs locales (en caribou dans l’affiche réalisée par la province du Yukon, en béluga ou en ours polaire dans celles réalisées par Tourisme Côte-Nord au Québec). Certaines de ces pratiques ont conduit à faire resurgir des représentations que l’on pensait dépassées comme dans le cas de l’affiche réalisée par la préfecture de la Martinique traduisant la distanciation physique en ananas, un douloureux symbole du colonialisme (Figure 4.2).

  • 15 Ce jeu de concurrences rejoint le « trilemme du déconfinement » évoqué par Robert Boyer lors du col (...)

18Les mobilités dans les espaces publics sont donc fortement entravées par cette nouvelle discipline. De nouveaux placements sont aussi de mise aujourd’hui dans les transports en commun. Dans le bus, dans le métro ou en pirogue15, de nouveaux agencements des corps sont préconisés. Le tape (ou bande de scotch) est devenu l’une des solutions les plus communes pour effectuer ces aménagements dans les commerces ou les institutions, car elles permettent une adaptation, rapide et éphémère, prête à évoluer au gré des nouvelles mesures sanitaires locales, régionales ou nationales.

19D’aucuns n’ont pas manqué d’observer que la matérialisation spatiale de ces messages peut se manifester par l’installation de panneaux signalétiques, mais aussi d’aménagements transitoires à microéchelle. Prenant la forme de parcours suivant les réglementations édictées par les pouvoirs publics, mais répondant aussi souvent à des initiatives individuelles, ces installations laissent autant de place à une créativité qu’à une libre interprétation de ces réglementations et méritent donc d’être questionnées. La cartographie sensible du parcours sanitaire mis en place au printemps 2020 chez un glacier montréalais témoigne d’une prise de contrôle importante de l’espace (Figure 5) : pas moins d’une douzaine de messages graphiques et textuels s’accompagnant d’objets-signes (plots, bandes de scotch, etc.) pour délimiter spatialement ces consignes, dans et autour d’un espace commercial. Ils portent non seulement sur les règles d’hygiène, mais régissent également d’autres aspects de la vie du commerce comme l’ambiance et les normes sociales. Comme l’ont montré les travaux de Rachel Thomas sur les conséquences de l’aseptisation des centres commerciaux et la création d’ambiances dédiées [Thomas, 2018], ces marques sont un signal fort d’encadrement social des corps envoyé aux clients sommés de se comporter de telle ou telle manière, de se présenter seuls ou en nombre restreint ou de se positionner selon les principes édictés par l’établissement.

Figure 5. Crème glaçante. Entre injonctions et prescriptions, cartographie sensible d’un parcours sanitaire sous contrôle dans un magasin de crème glacée (quartier du Plateau Mont Royal, Montréal)

Figure 5. Crème glaçante. Entre injonctions et prescriptions, cartographie sensible d’un parcours sanitaire sous contrôle dans un magasin de crème glacée (quartier du Plateau Mont Royal, Montréal)

En couleurs : les recommandations adressées aux visiteurs qui prennent la forme sensible d’écrits et de signes éminemment visibles et colorés (panneaux, marquages au sol, obstacles et points d’arrêt obligatoires à l’entrée, au lavabo et à la caisse) ; en bleu et gris : l’espace de la boutique, notamment les vitrines, les employés présents ou le comptoir.

Source : Réalisation d’Élise Olmedo, mai 2020

20L’aéroport, à la croisée des espaces publics, des mobilités et des frontières, constitue peut-être le cas le plus exemplaire de ces nouvelles contraintes. Depuis le début de la pandémie, de véritables parcours d’obligations jonchent les aérogares. Afin d’expliquer les mesures en vigueur depuis février 2021, l’Agence de la santé publique du Canada a mis en ligne un schéma qui reprend l’esthétique du jeu de l’oie (Figure 6). Aux réglementations « antiterroristes » déjà fortement restrictives en termes de contrôles d’identité et de bagages s’ajoutent désormais les installations de contrôle sanitaire : questionnaires, port du masque, distanciation, gel hydroalcoolique, itinéraires spécifiques pour l’entrée et la sortie des différents lieux-étapes du parcours.

21Toutes ces reconfigurations, à l’excès dans certains cas, renvoient à l’urbanisme tactique qui se développe depuis plusieurs années en Amérique du Nord. Douay et Prévot [2016] le définissent ainsi : « L’urbanisme tactique propose à tout citoyen d’agir matériellement sur son environnement urbain immédiat et quotidien afin de le rendre plus agréable à vivre, et ce sans attendre que les autorités/acteurs en charge de l’aménagement et de l’urbanisme répondent à ses aspirations. » La Covid-19 vient à la fois confirmer et bousculer cette définition. D’une part, elle corrobore l’idée que ces nouveaux aménagements s’inscrivent d’abord à l’échelle microgéographique. L’épreuve que l’on peut en faire sur les plans sensoriel et émotionnel révèle l’impact de ces microaménagements singuliers et adaptés localement. D’autre part, l’enjeu qui était plutôt celui d’une réappropriation de l’espace public par les habitantes et les habitants se reconfigure en un objectif de contrôle de cet espace. Soumis à des interventions hétéroclites à travers ces nouvelles conditions du sensible qui tendent à s’imposer peu à peu et partout, ces réagencements spatiaux reposent la question du « droit à la ville » et de sa contestation [Gintrac & Giroud, 2014].

Conclusion

22Si le coronavirus est invisible, nombre de traces graphiques et textuelles viennent marquer sa présence dans l’espace public et médiatique. Notre approche à double échelle a permis de révéler à la fois la complexification du paysage scriptural de la ville et le chaos informationnel du réseau Internet. En période de pandémie, ces deux espaces font l’objet d’une mise en concurrence des narrations visuelles, l’une agissant sur l’autre en permanence, et rétroactivement. Cette situation engendre une forme de saturation des injonctions et des incantations, dont la présence hégémonique et l’impact sur les corps et les esprits méritent d’être questionnés, tandis que certaines revendications tentent, elles aussi, de se rendre visibles dans l’espace public, par des formes de résistances scripturales.

Mise en concurrence des narrations

23Alors que localement certaines affiches revendiquent plus de libertés, sur Internet les analyses cartographiques semblent plutôt être mobilisées par les tenants d’une ligne hygiéniste dure où seules les capacités d’accueil dans les hôpitaux comptent. Les cartographies internationales permettent des comparaisons entre pays et jouent un rôle important pour justifier les demandes de fermeture des frontières (figure 7.4). D’autres narrations en revanche insistent davantage sur les conséquences de ces mesures et alertent sur la dégradation des conditions de soin, d’emploi ou de logement qui ne cesse de s’aggraver. Une forme de mise en concurrence des narrations15 semble alors s’opérer entre un espace virtuel plongé dans les statistiques, l’analyse macrorégionale et une microgéographie préoccupée par les effets quotidiens, tant sur le plan social que psychologique, des confinements à répétition (Figure 7.1, 2 et 3).

Figure 7. Contestation scripturale dans l’espace public

Figure 7. Contestation scripturale dans l’espace public

7.(1, 2, 3)- Suggestions et revendications affichées dans les quartiers de Villeray, du Mile-Ex et de Ville-Marie à Montréal.
7.4- Tweet de la Docteure J. Kwan qui réclame, en juillet 2020, la fermeture des frontières entre le Canada et les États-Unis, et dans l’espace public matériel.

Source 7.(1, 2, 3) : © Matthieu Noucher, Eliott Lordon & Élise Olmedo, avril 2020
Source 7.4 : © Compte twitter de la Docteure Jennifer Kwan

Résistance scripturale

24Les mesures sanitaires réduisant drastiquement, voire interdisant, la possibilité de se rassembler, des modes d’action politique inédits apparaissent et visent à faire acte de présence et de manifestation dans les espaces publics urbains. Partout au Québec, un très grand nombre d’affichages représentant des silhouettes brandissant des pancartes ont été déployés depuis le printemps 2020 à proximité de plusieurs établissements de santé et services sociaux (Figure 8.1). Telle une manifestation silencieuse et scripturale, des personnages représentant les travailleuses et les travailleurs de la fonction publique sont installés dans la ville. Ils dénoncent la situation de crise des services publics liée au manque de moyens financiers alloués depuis plusieurs années et mettent en exergue les ambiguïtés des pouvoirs publics entre discours d’hommage et refus de renégocier les fonds alloués à ces services.

Figure 8. Affiches et recommandations diffusées dans les espaces publics de la ville

Figure 8. Affiches et recommandations diffusées dans les espaces publics de la ville

8.1- Affichages à proximité de plusieurs établissements de santé et services sociaux, rue Légaré et boulevard de la Côte-des-Neiges (Montréal).
8.2- Thank you, Superheroes. Jen Tsang, Evo (©Realjenart). Fresque réalisée à l’occasion du Vancouver Mural Festival, quartier de Gastown, Vancouver, Colombie-Britannique.
8.3- Cas et décès de Covid-19 signalés parmi les populations incarcérées dans l’État du Kentucky recensés par le Projet Marshall.
8.4- Extrait du tableau de bord de COVID Racial Data Tracker

Source 8.1, 8.2 : © Élise Olmedo, mars et août 2021
Source 8.3 : https://www.themarshallproject.org
Source 8.4 : https://covidtracking.com/​race

25Des artistes, data scientist et responsables de la santé publique ont aussi proposé dans les espaces publics virtuels des Amériques des contre-iconographies, cherchant à mettre en évidence les inégalités sociospatiales que le virus révèle ou accentue. Pour ce faire, ils ont désagrégé les données en sortant des synthèses nationales et en les découpant en segments par race, âge, sexe, etc. Ces résistances scripturales tentent de contrecarrer les processus de mise en chiffres et de mise en cartes qui s’imposent par la production de contre-expertises métrologiques. Là encore, la Covid-19 exacerbe des processus existants de longue date : la contre-cartographie [Peluso, 1995] comme le statactivisme [Didier et al., 2014] ayant donné lieu à plusieurs travaux de recherche, en particulier dans les Amériques [Bracco & Genay, 2021]. Le projet « COVID Racial Data Tracker », porté par l’université de Boston et le collectif Data for Black Lives, en est un bon exemple. En combinant plusieurs sources, il propose un tableau de bord qui intègre, à l’échelle des comtés, la race et l’ethnicité des cas et des morts, pour souligner les inégalités du virus (Figure 8.4).

26D’autres études, ciblées sur des lieux singuliers, cherchent à démasquer la concentration du virus dans des endroits comme les refuges pour sans-abri [Ellis, 2020], les centres de détention et les prisons (Figure 8.3). De telles initiatives détournent les chiffres officiels en les désagrégeant pour rendre tangible ce que les synthèses masquent.

27Ces contre-iconographies agissent ainsi comme des agents de dérégulation qui mettent à mal les récits graphiques et métrologiques hégémoniques et parfois déréalisants des États-nations ou des autorités locales (Figure 8.2). Elles font émerger d’autres dimensions, tout aussi réelles que la propagation du virus, à savoir son impact sociétal durable et rendent visible autrement un agent submicroscopique qui nous échappe encore aujourd’hui. Reste à savoir ce qu’il en restera dans le monde d’après.

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MERICSKAY Boris, NOUCHER Matthieu & ROCHE Stéphane, « Usages des traces numériques en géographie : potentiels heuristiques et enjeux de recherche », L’Information géographique, vol. 82, n° 2, 2018, p. 39-61. DOI : 10.3917/lig.822.0039

NOUCHER Matthieu & OLMEDO Élise, « Écritures pandémiques : les traces du virus dans l’espace public à Montréal », Blog COVIDAM : la Covid-19 dans les Amériques, Institut des Amériques/iGLOBES, 2020. [En ligne] https://covidam.institutdesameriques.fr/ecritures-pandemiques-les-traces-du-virus-dans-lespace-public-a-montreal/

NOUCHER Matthieu, Les Petites Cartes du web. Approche critique des nouvelles fabriques cartographiques, Paris, Éditions Rue d’Ulm/Presses de l’ENS, 2017

PELUSO Nancy Lee, « Whose Woods are These ? Counter-Mapping Forest Territories in Kalimantan, Indonesia », Antipode, vol. 27, n° 4, 1995, p. 383-406. DOI : 10.1111/j.1467-8330.1995.tb00286.x

THOMAS Rachel, Une critique sensible de l’urbain, habilitation à diriger des recherches, Université Grenoble Alpes, École Doctorale 454 Sciences de l’homme, du politique et du territoire, 2018. [En ligne] https://hal.archives-ouvertes.fr/tel-01818999

Notes

1 Les sources de données sont disponibles à l’adresse : https://github.com/CSSEGISandData/COVID-19/blob/master/README.md [dernière consultation le 27 août 2021].

2 Comme le site https://covid19-dash.github.io/, fruit d’une collaboration entre des chercheurs français (INRIA) et canadiens (McGill), ou https://covid-nma.com/dataviz/ réalisé par l’OMS [dernière consultation le 27 août 2021].

3 En ce sens, et comme évoqué par Vincent Gouëset lors du colloque, la Covid-19 apparaît comme une métaphore de la globalisation.

4 Le site Sci-fi Interfaces recense quelques cartes de pandémie au cinéma, dont l’esthétique (fond noir, voyants rouges), comme dans Contagion (2011), rappelle les tableaux de bord de la Covid-19 : https://scifiinterfaces.com/2020/04/03/spreading-pathogen-maps/ [dernière consultation le 27 août 2021].

5 [En ligne] https://www.washingtonpost.com/graphics/2020/world/coronavirus-pandemic-globalization/ [dernière consultation le 27 août 2021].

6 L’application de Tectonix GEO permet de suivre les parcours de personnes équipées de téléphones présentes au même moment sur la plage Fort Lauderdale. Elle cherche à illustrer « l’impact potentiel réel de l’ignorance de la distanciation sociale » en montrant que « l’empreinte de ces rassemblements sociaux peut être massive et mettre en danger notre nation toute entière. » [En ligne] https://youtu.be/cq2zuE3ISYU [dernière consultation le 27 août 2021].

7 Semaine de congés scolaires, début mars, au Québec.

8 À titre d’exemple, voir Naël Shiab & Francis Lamontagne, « Analyse de milliards de données cellulaires : la relâche québécoise a catalysé l’épidémie », Radio Canada, [En ligne] le 7 mai 2020 https://ici.radio-canada.ca/info/2020/05/geolocalisation-deplacements-provinces-regions-quebec-montreal-distanciation-sociale/ [dernière consultation le 10 septembre 2021]

9 Voir : Dagnino, Ricardo, Freitas, Marcos, Canalez Geise, Monitoramento de casos de Covid-19 nos povos indígenas do Brasil. Projeto SIG UFRGS Litoral. Tramandaí-RS, Universidade Federal do Rio Grande do Sul —UFRGS, 2020. [En ligne] https://www.ufrgs.br/sig/mapas/covid-19-indigenas/ [Dernière consultation le 22 mars 2021].

10 [En ligne] https://www.ushahidi.com/covid [dernière consultation le 27 août 2021].

11 [En ligne] https://covidam.institutdesameriques.fr/lobservatoire-coronamazon-suivi-des-impacts-sociaux-de-la-covid-19-en-amazonie-bresilienne/ [dernière consultation le 27 août 2021].

12 [En ligne] https://www.guyane.gouv.fr/Actualites/Salle-de-presse/2020/Aout-2020/Plan-d-adaptation-progressive-des-mesures-de-freinage-a-compter-du-samedi-22-aout-2020 [dernière consultation le 15 avril 2021].

13 Une galerie recense plusieurs centaines de ces tape measures. Voir : https://www.instagram.com/tape_measures/ [dernière consultation le 27 août 2021].

14 Voir à ce propos le visuel proposé par la préfecture en Guyane. [En ligne] https://twitter.com/prefet973/status/1244023207813943296 [dernière consultation le 27 août 2021].

15 Ce jeu de concurrences rejoint le « trilemme du déconfinement » évoqué par Robert Boyer lors du colloque, quand système de santé, économie et liberté individuelle semblent être trois voies impossibles à concilier.

Table des illustrations

Titre Figure 1. Tableau de bord de l’université John Hopkins (États-Unis) et sa réplication par l’université de Laval (Canada)
Crédits Source 1.1 : [En ligne] https://coronavirus.jhu.edu/​map.html [dernière consultation le 15 avril 2021] Source 1.2 : [En ligne] https://ulaval.maps.arcgis.com/​apps/​opsdashboard/​index.html#/​775aaa4e3a124d6499aeb63bfe8e4ffb [dernière consultation le 15 avril 2021]
URL http://books.openedition.org/iheal/docannexe/image/9957/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 288k
Titre Figure 2. Tableaux de bord « alternatifs »
Légende 2.1- Le dashboard du ministère de la Santé du Guyana. 2.2- Cas de Covid-19 au Panama par Rainforest Foundation US.
Crédits Source 2.1 : [En ligne] https://www.health.gov.gy/​ Source 2.2 : [En ligne] https://rainforestfoundation.org/​covid-panama-gis-map/​
URL http://books.openedition.org/iheal/docannexe/image/9957/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 532k
Titre Figure 3. « Restez avec votre troupeau », un marquage réalisé par Exhibit Studio pour le lieu historique national du Bar U Ranch en Alberta, Canada
Crédits Source : © Exhibit Studio, 2020. https://www.exhibitstudio.ca/​clients-in-focus/​bar-u-ranch-physical-distancing-signage
URL http://books.openedition.org/iheal/docannexe/image/9957/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 140k
Titre Figure 4. Affiches et recommandations diffusées dans les espaces publics de la ville
Légende 4.1- « Dites la vérité. Arrêtez la propagation. Votre honnêteté pourrait sauver une vie », slogan de l’un des centres hospitaliers de l’île de Montréal, Québec, 2020. 4.2- Affiche publiée par la préfecture de la Martinique.
Crédits Source 4.1 : © Élise Olmedo, janvier 2021 Source 4.2 : © Anthony Berthelier Huffington Post, 23/05/2020
URL http://books.openedition.org/iheal/docannexe/image/9957/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 340k
Titre Figure 5. Crème glaçante. Entre injonctions et prescriptions, cartographie sensible d’un parcours sanitaire sous contrôle dans un magasin de crème glacée (quartier du Plateau Mont Royal, Montréal)
Légende En couleurs : les recommandations adressées aux visiteurs qui prennent la forme sensible d’écrits et de signes éminemment visibles et colorés (panneaux, marquages au sol, obstacles et points d’arrêt obligatoires à l’entrée, au lavabo et à la caisse) ; en bleu et gris : l’espace de la boutique, notamment les vitrines, les employés présents ou le comptoir.
Crédits Source : Réalisation d’Élise Olmedo, mai 2020
URL http://books.openedition.org/iheal/docannexe/image/9957/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 436k
Titre Figure 6. Préconisation de l’Agence de la santé publique du Canada
Crédits Source : [En ligne] https://www.canada.ca/​fr/​sante-publique/​services/​maladies/​2019-nouveau-coronavirus/​ressources-sensibilisation/​entrer-canada-pandemie-covid-19-terrestre.html [dernière consultation le 25/03/21]
URL http://books.openedition.org/iheal/docannexe/image/9957/img-6.png
Fichier image/png, 308k
Titre Figure 7. Contestation scripturale dans l’espace public
Légende 7.(1, 2, 3)- Suggestions et revendications affichées dans les quartiers de Villeray, du Mile-Ex et de Ville-Marie à Montréal. 7.4- Tweet de la Docteure J. Kwan qui réclame, en juillet 2020, la fermeture des frontières entre le Canada et les États-Unis, et dans l’espace public matériel.
Crédits Source 7.(1, 2, 3) : © Matthieu Noucher, Eliott Lordon & Élise Olmedo, avril 2020 Source 7.4 : © Compte twitter de la Docteure Jennifer Kwan
URL http://books.openedition.org/iheal/docannexe/image/9957/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 632k
Titre Figure 8. Affiches et recommandations diffusées dans les espaces publics de la ville
Légende 8.1- Affichages à proximité de plusieurs établissements de santé et services sociaux, rue Légaré et boulevard de la Côte-des-Neiges (Montréal). 8.2- Thank you, Superheroes. Jen Tsang, Evo (©Realjenart). Fresque réalisée à l’occasion du Vancouver Mural Festival, quartier de Gastown, Vancouver, Colombie-Britannique. 8.3- Cas et décès de Covid-19 signalés parmi les populations incarcérées dans l’État du Kentucky recensés par le Projet Marshall. 8.4- Extrait du tableau de bord de COVID Racial Data Tracker
URL http://books.openedition.org/iheal/docannexe/image/9957/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 732k

Auteurs

Matthieu Noucher est géographe, chercheur au CNRS, au sein de l’UMR Passages (université Bordeaux Montaigne). Il travaille sur les enjeux sociopolitiques de l’usage des technologies de l’information géographique et a publié fin 2017 Les Petites cartes du Web. Approche critique des nouvelles fabriques cartographiques (Éditions Rue d’Ulm) et codirigé l’Atlas Critique de la Guyane paru en 2020 (CNRS Éditions). De décembre 2019 à avril 2020, il était en mission à Montréal, dans le cadre du programme « mobilité internationale » de l’IdEx de l’université de Bordeaux.

Élise Olmedo est géographe, chercheuse post-doctorale à l’université Concordia à Montréal dans le cadre de la bourse de recherche Banting au sein du Département de géographie, aménagement et environnement et du Géomedia Lab. Elle a soutenu en 2015 à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne sa thèse intitulée Cartographie sensible. Tracer une géographie du vécu par la recherche-création. Ses recherches portent sur le développement de la cartographie sensible comme outil en sciences humaines et sociales pour tracer l’expérience de l’espace et figurer sa dimension sensible.

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

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