L’économie du Mexique d'aujourd'hui
|L’industrie métallurgique mexicaine vue par un sidérurgiste français
Texte intégral
1Après le remarquable exposé qui vient de vous être développé, il me semble difficile de donner autre chose que quelques impressions.
2Tout d’abord apparaît dans ce pays une course effrénée entre la production et la consommation d’acier. Entre 1939 et 1955, on assiste au tour de force d’une industrie sidérurgique qui quintuple sa production, mais en même temps la population augmente et demande aussi plus de biens de consommation, de sorte que les industries de transformation exigent de plus en plus d’acier.
3Pour satisfaire à ces demandes en accroissement perpétuel, il y a au Mexique des bases de départ et une tradition sidérurgique solide et déjà ancienne avec la Cia Fundidora de Fierro y Acero de Monterrey. L’usine de cette Société relativement importante a des soucis semblables à ceux qu’avaient nos usines françaises, nous voulons dire qu’elle s’efforce de fabriquer des produits variés susceptibles de conférer au pays une certaine autarcie avec cependant des quantités limitées. La société des Altos Hornos de México à Monclova est orientée avec dynamisme vers une production plus spécialisée correspondant à des besoins sans cesse croissants, celle des produits plats.
4Les usines de la Société Consolidada disposent maintenant d’un haut fourneau. Plusieurs petites usines satisfont à des besoins locaux en utilisant généralement le four électrique à acier approvisionné en riblons, mais ces derniers sont rares et chers. Il s’agit donc pour le Mexique de développer sa production surtout à partir d’élaboration neuve de métal, donc à partir de hauts fourneaux.
5Le beau minerai riche de Durango (Cerro de Mercado) base d’alimentation de Monterrey fournit également les hauts fourneaux de Monclova et peut faire envie aux sidérurgistes français, cependant que dans cette région du Nord on trouve les charbons à coke nécessaires (Coahuila).
6Mais le Mexique apparaît aux Sidérurgistes Français sous deux autres aspects :
7C’est un pays pourvu de côtes maritimes avec toutes les facilités que cela constitue pour les transports de matières premières et de produits finis tant pour le trafic intérieur que pour les importations et même les exportations. Aussi apparaissent tout à faits rationnels les développements sidérurgiques en en cours de réalisation ou en projet tant sur la côte Est (Vera-Cruz) que sur la côte Ouest (Colima). Dans cette dernière région on dispose de minerai et des importations de charbon peuvent être prévues soit en provenance du Nord (U. S. A) soit en provenance du Sud (Colombie).
8Sous un autre aspect, l’heureuse dotation du Mexique en pétrole et en gaz naturel semble prometteuse pour son avenir sidérurgique car, sans même parler d’éventuelles réductions directes des oxydes de fer par les gaz hydrogénés — technique qui en est encore aux balbutiements — on peut d’ores et déjà dans notre métier envisager de larges économies de ce produit rare qu’est le coke sidérurgique par une utilisation au moins partielle de sources énergétiques autres telles que le gaz naturel, le pétrole, voire même l’électricité au besoin produite au moyen d’hydrocarbures, si ces derniers sont assez bon marché.
9Cependant les longues distances constitueront certainement au Mexique un obstacle aux communications entre les diverses régions, tant que les chemins de fer ne seront pas davantage développés et pourvus de matériel. Mais on sait l’énorme quantité de produits sidérurgiques qu’appellent la construction et l’extension de réseaux ferroviaires et, comme nous l’avons indiqué plus haut, ce pays doit en même temps chercher à satisfaire aux demandes variées de produits de tous les consommateurs. Il apparaît donc que ce n’est que par une série de compromis qu’un certain équilibre entre ces divers besoins pourra être établi. Déjà les installations productrices côtières rayonnant dans les régions éloignées de Monterrey et Monclova vont avec de faibles transports alimenter des zones particulières, et peut-être d’autres petits centres de production seront-ils à développer pour assurer d’une façon économiquement valable des besoins régionaux. Il n’en reste pas moins que les exigences en fonte et acier d’une nation en plein développement et pourvue de gros appétits industriels légitimes demandent que le réseau de communications s’étende largement et vite.
10Le Sidérurgiste Français dispose dans son pays de voies ferrées créées depuis longtemps et n’a point le même souci que son collègue Mexicain pour approvisionner ses clients, mais en voyant les ressources de toutes sortes qui constituent le patrimoine du Mexique, il pense que dans la course au progrès à laquelle participe d’une façon si efficace la production d’acier, ce pays si intéressant et si proche de la France par bien des côtés a à sa disposition tous les moyens de gagner.
© Éditions de l’IHEAL, 1957