1Commentaire de M. SAUTTER

2G. Sautter rappelle la nécessité, quand on emprunte des termes au vocabulaire des économistes et qu'on en modifie le sens, de bien préciser leur nouvelle définition, faute de quoi on s'expose à de sérieux malentendus.

3Les mots de "pôle" et de "polarisation" sont de ceux qui font précisément problème. Pour les économistes, le "pôle" n'est pas nécessairement ponctuel, et il n'acquiert sa qualité de "pôle" que lorsqu'il se montre capable d'exercer des effets d'entraînement par création d'activités induites et multiplication des liens entre branches industrielles. C'est d'ailleurs en cela que consiste d'abord la "polarisation" et non dans les effets seconds d'"agglomération" au sens physique, que les géographes ont tendance à privilégier. Des agglomérations (au sens urbain) peuvent d'ailleurs croître et s'étendre, sur une base d'activités industrielles, sans que celles-ci engendrent le processus cumulatif de développement répondant aux critères des économistes. Même si l'on remplace le mot "pôle" par le mot "foyer", il reste indispensable de définir au préalable ce qu'on entend par là, et en quoi le "foyer de développement" se différencie du "pôle de développement" de la littérature économique.

4L'ambiguïté de la démarche géographique sur ce thème ne vient pas seulement des mots, plus ou moins détournés de leur sens sans que cela soit ouvertement dit. Elle tient également à la façon dont nous avons tendance à récupérer le mythe ou l'aura de la croissance ou du développement "polarisé" sans nous plier à la discipline intellectuelle qu'exige son utilisation. Dans ce domaine après d'autres, c'est une position un peu trop confortable que d'intervenir "le coup parti" - après une grosse implantation industrielle, ou un bloc d'investissements sur un certain espace - pour faire le constat : ça a marché, ou ça n'a pas marché, ou ça a marché autrement que prévu, en mettant en avant des explications qualitatives. Sur le marché des études, nous ne ferons figure de gens sérieux que si nous sommes capables d'orienter à l'avance : telle localisation plutôt que telle autre, tel volume minimal et telle affectation des investissements. C'est ce qu'ont su faire les économistes de l'ORSTOM, pour Bouaké, dans le centre de la Côte d'ivoire, dont il était question précisément de faire un "pôle de développement" industriel, doublant Abidjan. Avec de bonnes raisons : rééquilibrage du territoire, barrage au gigantisme de la capitale. Mais une étude minutieuse de la circulation (quantités physiques) et des transactions (valeurs monétaires) a démontré l'incapacité où Bouaké serait de retenir une fraction suffisante de l'output correspondant aux nouveaux investissements envisagés, et qu'il valait mieux en fin de compte, pour quelques années, concentrer l'effort sur Abidjan, plus proche de la dimension critique. Il semble qu'un effort de recherches concentré sur les foyers industriels devrait inclure de telles analyses.

5Commentaire de M. DOLLFUS

6A propos des pôles, il convient de s'interroger, comme l'a fait G. Sautter, sur les difficultés du transfert d'un concept d'une discipline à une autre discipline. Economistes et géographes parlent souvent avec des mêmes mots des langues différentes. Chez les économistes, la notion de pôle se relie au concept d'espace, d'un espace qui est plus proche de celui des mathématiques (un champ de relations) que l'espace banal en usage chez les géographes.

7Théry, comme l'indique Sautter, montre que les travaux des économistes sur les pôles de développement qui avaient la faveur de certains d'entre eux dans les années 50-60 suscitent moins d'intérêt. S'agit-il de raisons conjoncturelles (glissements vers d'autres thèmes chez Perroux, disparition de Boudeville) ou bien les analyses n'ont pas donné les résultats attendus au moment même où, après les Soviétiques des premiers plans, les pays du Tiers Monde édifient des foyers industriels en s'appuyant sur la théorie des pôles de développement. On peut d'ailleurs regretter la faiblesse des travaux des économistes "libéraux" -et même "marxistes" portant sur les grands combinats soviétiques.

8Les questions fondamentales me paraissent être les suivantes : est-ce que la création de foyers industriels nouveaux, à l'écart des centres existants, est une nécessité pour les Etats faiblement industrialisés ou bien s'agit-il d'une volonté de techniciens, s'appuyant sur une théorie économique assez sommaire, qui s'exprime plus facilement dans un espace faiblement occupé que dans des régions peuplées où il convient d'aménager le tissu spatial pour y développer des activités industrielles ? A cette double interrogation, qui demande l'analyse des processus de décision et des choix faits par les dirigeants, qu'ils appartiennent à l'appareil d'Etat ou à celui des grandes firmes, s'ajoute une autre question complémentaire. A quantité égale de capital et de travail, la création de nouveaux centres s'est-elle traduite par une plus grande capacité à induire des activités supplémentaires, donc de l'emploi-, à dégager davantage d'épargne que l'insertion d'un montant équivalent de capitaux dans un tissu préexistant, qui serait de ce fait modifié et transformé.

9Une observation pour conclure : l'établissement de typologies est un travail utile au départ pour mieux sélectionner les secteurs de recherche et déterminer les objectifs, il ne constitue en aucune manière une finalité scientifique. La valeur explicative des typologies est faible.

10Commentaire de M. DEMANGEOT

11Il serait utile de rappeler qu'un pôle, au sens commun, est un point de convergence ou de divergence de lignes de force. Un aimant est bi-polaire. Donc, s'il n'y a pas les flux (mais flux de quoi ? au profit de qui ? grâce à qui ?), il n'y a pas de pôle.

12Commentaire de M. DUBRESSON

13L'étude de la notion de pôle par les géographes passe par la définition d'une problématique. Cette dernière dépend de la manière dont les géographes appréhendent l'espace :

• Beaucoup abordent l'espace comme un "en soi", où les banalisations s'enchaîneraient de facto, selon des processus souvent présentés comme des lois "naturelles" (le vocabulaire à cet égard est typique, "l'usine s'implante", le "quartier s'agrandit"...). Cette démarche est alors tout à fait incapable de rendre compte des échecs décrits par les auteurs de communications.

• Au contraire, aborder l'espace comme le "produit d'une société" permet d'établir à la fois la dimension historique et de prendre en compte les fondements socio-politiques des sociétés modelant l'espace.

I. — L’IMPACT DES FOYERS2

14Commentaire de M. COLLIN-DELAVAUD

15Avant d'aborder les aspects thématiques et sectoriels de l'impact des foyers industriels nouveaux, il faut peut-être évoquer les milieux d'accueil géographique qui vont en grande partie déterminer, peut-être pas, mais influencer fortement les conséquences régionales de ces implantations massives.

16On peut distinguer 4 milieux d'accueil :

1. Une région déserte (d'habitants).

2. Une région peuplée de ruraux isolés, marginaux géographiques, économiques, sociaux et culturels.

3. Une région densément occupée par des ruraux, d’agriculteurs vivant en économie de marché et encadrés par des petites et moyennes villes relais.

4. et enfin, une région où existe déjà un grand centre urbain, administratif et commercial, éventuellement industriel.

17Le premier type sort de notre étude. Le quatrième aussi en grande partie car il affecte une région déjà développée. En revanche, les deuxième et troisième régions répondent à notre problématique. Or, tout les oppose pour être réceptives à un "pôle" de développement.

18La région 2, à population exclusivement rurale et marginalisée, ne va fournir :

ni main-d’œuvre qualifiée pour le foyer

ni approvisionnement alimentaire

ni capitaux locaux

ni relais commercial et administratif

ni MARCHE

19La région 3 au contraire offrira partiellement tout ceci.

20Commentaire de M. CHONCHOL

21Dans la plupart des cas examinés, on observe le peu d'impact régional, sur le développement social, économique et humain, des pôles de développement établis autour de l'exploitation d'un produit minier, d'une aciérie ou de l'extraction d'énergie, etc... Cela conduit à se poser la question de leur signification du point de vue de la région ou même quelquefois du pays... La raison en est peut-être que leur conception implique l'exploitation d'une ressource de base existante dans un milieu sous-développé où, pour exploiter cette ressource tout doit être importé (le capital, la technologie ultra moderne, la main-d’œuvre spécialisée, les cadres, etc...). Rien de cela n'existe dans la région et il se produit un décalage brutal entre le milieu social de la région et le pôle établi, ce qui explique leur manque d'impact régional positif.

22En plus, les pôles impliquent une intégration dirigée d'abord vers le marché international ou national et non vers celui de la région. Ils aident à la croissance de l'économie internationale (pas toujours) mais pas à celle de la région. Dans ce contexte, ils me paraissent une mauvaise formule, totalement contraire à la notion actuelle d'auto-développement qui tient compte de l'ensemble des ressources naturelles et sociales existantes dans le but de les faire évoluer ensemble et progressivement vers un niveau de développement supérieur. Je pense qu'il serait intéressant de débattre de la conception de pôle par rapport à celle d'auto-développement.

23Commentaire de M. MONBEIG

24Le "pôle" industriel de caractère pionnier, en Amérique Latine ne reste pas nécessairement sans effet, positif ou négatif, sur la production agricole et la vie rurale. Exemple fourni par Volta Redonda au Brésil.

25Ne pas négliger de bien analyser le milieu géographique où est installé le "pôle". C'est tout de même assez essentiel, et le plus souvent méconnu des non-géographes.

26Commentaire de M. LASSERRE

27Je pense qu'il est indispensable d'analyser la nature de la société rurale qui constitue l'environnement du foyer industriel. Il faut opposer les milieux ruraux traditionnels, organisés en communautés rurales, et les sociétés "néo-européennes" de certains Etats ou de certaines régions d'Amérique Latine. Le géographe est précisément là pour situer ces foyers industriels dans le milieu humain environnant, et d'analyser, au niveau de cette rencontre, les réussites ou les échecs.

28Commentaire de M. RACINE

29Un point commun entre l'Amérique Latine, l'Afrique et l'Asie : l'abondance des échecs. Même les foyers ayant de bons résultats financiers ne résolvent pas tous les problèmes, loin de là. Exemple : Trinidad et ses 25 % de chômeurs, Gabon et ses équipements tenant plus du fait du prince (Franceville) que de la redistribution sociale.

30Mais, par-delà bien des différences évidentes, au moins par rapport au cas indien : taille de la notion, densité de population, et, par rapport à l'Amérique Latine, moindre apport étranger : les initiatives viennent de l'Inde même, et l'"aide étrangère" n'est pas de même nature : il s'agit d'aide, dont les modalités sont contrôlées strictement par traités, alors que l'Amérique Latine semble beaucoup plus ouverte à l'initiative de l'étranger et des multinationales.

31Quant au problème de la cohabitation, de l'artisanat et de l'industrie, elle existe surtout pour les industries légères, à l'exemple du textile indien : l'artisanat se maintient par protection du gouvernement - soucieux de maintenir l'emploi de millions de tisserands - qui établit des productions protégées et des quotas. Pour l'industrie lourde, c'est une autre histoire : le forgeron de village devient réparateur de pompes d'irrigation, pompes produites par les usines transformant la production des aciéries.

32Commentaire de M. REVEL-MOUROZ

33Pour nuancer la balance négative des implantations lourdes : certes, l'emploi local est réduit, mais pour un certain nombre de pays (taille, peuplement) il y existe déjà des régionsfoyers concentrant : peuplement, pouvoir financier, pouvoir de décision. Ce sont elles qui captent les effets positifs de ces nouveaux foyers (création d'emplois dans les industries situées en aval et utilisant les matières premières de ces foyers).

II. — STRATÉGIE DES PÔLES

34COMMENTAIRE DE M. RACINE

351. Le saupoudrage industriel a été le plus souvent présenté au cours de cette table ronde, comme un phénomène négatif, preuve d'échec ou de modestie exagérée. (Ex : le Cap Vert et son espace industriel mal organisé "évoquant si peu le modèle européen").

36Est-il si négatif, si globalement condamnable ?

372. A voir les exemples de foyers lourds présentés, Las Truchas si étranger à ses campagnes, Chimbote ses bidonvilles et ses déséquilibres, entre autres exemples, on peut se demander si la création d'un pôle de gros investissements - pôle éventuel de croissance voire de développement - est en soi un phénomène souhaitable (l'assimilation hâtive entre les concepts - gros pôle : puissance = bien - étant souvent faite).

383. Dans cette optique, tenir compte aussi, voire surtout - et ce ne fut pas fait - des conditions de travail lourd industriel en monde tropical, pour des travailleurs souvent déracinés : imaginer ce qu'est le travail dans une mine, dans une usine sidérurgique, etc..., et toutes les structures traditionnelles rompues (famille, relations de village, etc...) que suppose pareil métier.

39Ces question en posent d'autres, à deux niveaux :

1. Au niveau géographique, au sens limité du terme.

• • problème du rapport entre les besoins nationaux et la création d'un pôle de développement régional, au moins dans les vastes Etats.

  • problème d'espace mais aussi de temps : les exemples choisis en fonction même du sujet de la table ronde sont des créations recentes. Peut-on en dix ou vingt ans juger du succès à long terme de pareils efforts, succès étant pris non seulement dans une perspective économiste (objectifs chiffrés-résultats) mais dans le sens d'apparition d'un vrai pôle de développement : cette apparition est-elle possible, en moyenne, en un laps de temps court ?

1. A un niveau plus large, il semble indispensable de souligner le problème de civilisation que posent pareils centres, qu'ils soient porteurs de bons ou de mauvais résultats.

• • A la limite, le pôle de développement, copié sur ou dérivé du modèle occidental est-il un bien indispensable, un mal nécessaire, ou un mal inéluctable ? Réponse à nuancer sans doute.

  • Mais au moins poser le problème. D'autres pays du Tiers-Monde présentent-ils comme l'Inde de Gandhi l'a fait, l'exemple d'une nation ayant clairement posé, mais non résolu, le problème de l'éventuelle illusion du modèle industriel occidental, voire de tout modèle de grosse industrie, pour rejeter toute croissance non absolument indispensable ?

  • Comment donc en sortir, et trouver la juste mesure, dans le cadre d'une austérité minimum, entre une grosse industrie indispensable (énergie, acier...), nécessairement concentrée, consommatrice de très gros capitaux, mais relativement faible pouvoyeuse d'emplois - emploi, problème majeur du Tiers-Monde - et de petites entreprises dispersées, plus humaines, moins "déséquilibrantes".

  • Dans l'optique Gandhienne, pareil problème dépasse de loin l'économisme ; c'est un problème de civilisation, de société, de type d'existence de l'homme (cadre de vie, type d'activité, droit au bonheur), et que le Tiers-Monde ne suscite pas chez lui, le Quart Monde.

40Aspect tragique d'un choix peut-être impossible rendu encore plus difficile :

• héritage de fait de structures lourdes,

• pénuries graves à combler, mais aussi à redéfinir ;

• poids si lourds des liens internationaux.

41L'âge d'or n'est certes pas derrière nous, et le revivalisme est illusion. Reste ce problème de civilisation : on est bien loin du développement défini par Perroux : tout l'homme, et tous les hommes.

42Commentaire de M. DELVERT.

43Sans aller jusqu'au point où est arrivé M. Racine, je pense que c'est une erreur fondamentale de vouloir développer, en priorité, l'industrie lourde dans les pays sous-développés.

44Commentaire de M. GEORGE.

45L'ensemble des communications et conclusions présentées fait apparaître une opposition entre deux situations de marché : un marché national qui est la condition du développement, mais dont la dimension est limitée par les disponiblités financières et la capacité de consommation solvable, et un marché international, qui est en fait le marché du pays riche visé avec la recherche du profit maximum par les transferts d'industries des pays avancés vers les pays à main-d'oeuvre bon marché. Le premier souffre d'insuffisance spécifique, le second est menacé par les conditions mêmes de ses succès, de retorsions protectionnistes.

46Commentaire de M. J.C. GIACOTTINO.

47A la suite de ce que vient d'indiquer M. George sur le rôle des "Etats entrepreneurs", je rappellerai les hésitations du Gouvernement trinidadien dans l'utilisation de ses énormes ressources tirées du pétrole depuis 1974. Devant les défaillances du secteur privé, l'Etat pourrait se faire entrepreneur directement, mais faute de technologie locale, des structures d'encadrement nécessaires à partir desquelles il serait possible de créer des entreprises publiques, il préfère racheter totalement ou prendre des participations dans des proportions variables dans des entreprises qui existent dans le pays. Il peut ainsi eventuellement développer ultérieurement les structures et la capacité de production des sociétés rachetées ou à participation publique (cas de la compagnie pétrolière Trinidad-Tesoro ex-B.P. rachetée en 1958 conjointement avec la compagnie américaine Tesoro qui a bénéficié récemment de fortes injections de capital pour développer ses activités, la prospection en particulier) : récemment, il a créé des sociétés publiques financières et de contrôle des investissements dans certaines sociétés à participation, mais il a laissé la réalisation des équipements et la gestion au secteur privé. Il serait très utile d'analyser les divers types d'intervention de l'Etat dans les pays en voie de développement dans le domaine de la promotion industrielle et de voir de quelle manière l'Etat se fait entrepreneur dans ces pays. On pourrait proposer la tenue d'une table-ronde sur ce problème du rôle de l'Etat, dans le but d'en rechercher les incidences géographiques.

48Commentaire de M. Claude BATAILLON.

49Pour Perroux la firme motrice (vers 1950 ?) est capable d'innover techniquement, d'auto-investir, etc. En 1975, qui joue ce rôle : soit les grandes fîmes multinationales, soit des Etats, plus ou moins capables de réaliser de gros projets. Les fonctionnaires de ces Etats, certes, ont tous été formés dans les Universités des pays développés où ils ont acquis recettes ou modèles ; mais au niveau politique il y a adaptation au milieu national, plus ou moins réussie.

50Par ailleurs la notion de pôle de développement a été dans les pays du Tiers-Monde transformée par les aménageurs et responsables publics eux-mêmes, en projets d'industrie primaire, projets très fondamentalement liés à la "récupération" des richesses (ou ressources) naturelles ; ces ressources doivent dépendre de la nation alors que les industries de transformation peuvent être laissées à l'initiative privée, étrangère éventuellement.

51Commentaire de M. J.C. GIACOTTINO.

52Je voudrais faire une observation sur le thème de discussion proposé. Il aurait été utile de formuler un thème de discussion sur la politique de transfert des nouvelles ressources des Etats, ressources d'origine énergético-minières qui sont devenues souvent très importantes avec la hausse récente du prix des hydrocarbures et des minerais {les ressources tirées de ceux-ci étant toutefois plus fluctuantes et proportionnellement moins importantes que celles tirées des hydrocarbures en majeure partie à cause de la récession économique dans l'hémisphère occidental). Par l'intermédiaire des Etats (budget alimenté par des prélèvements fiscaux divers) et à partir des foyers de production énergético-miniers peuvent être transférés des ressources très importantes vers d'au tres activités économiques, vers des équipements de toute nature, ou pour élever le pouvoir d'achat de la population (cf. la politique actuelle du Gouvernement de Trinidad, ou de celui du Gabon). Dans le choix de ces politiques de transfert interfère un ensemble d'éléments complexes : rapports politiques locaux, pression sociale locale, influences extérieures (niveau de dépendance politique, économique, technologique et intellectuelle par rapport à l'étranger). Il serait utile d'avoir des exemples variés des différentes politiques de transfert pratiquées dans les Etats dont l'activité est basée sur une ou quelques ressources énergético-minières.

53Commentaire de M. Pierre MONBEIG.

54Le poids des militaires latino-américains sur les décisions a toujours été essentiel. Ils s'intéressent normalement aux richesses naturelles (minières et énergétiques) et aux industries lourdes qui sont fondamentales pour la défense nationale. Et les industries de transformation, moins intéressantes du point de vue militaire, peuvent plus volontiers être laissées aux capitaux étrangers.