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Le « processus de changement » en Bolivie

 | 
Laurent Lacroix
, 
Claude Le Gouill

Deuxième partie. (re)Positionnement dans l'espace régional latino-américain et sur la scène internationale

Distanciation avec la Communauté andine des nations en processus de délitement

Texte intégral

1L’actuelle CAN naît de la signature du « pacte andin », le 26 mai 1969 à Carthagène, entre la Bolivie, la Colombie, l’Équateur, le Pérou et le Chili. Le Venezuela rejoint ce regroupement en 1973, alors que le Chili le quitte en 1976 sous la dictature du général Pinochet. Jusqu’en 1988, le « pacte andin » développe progressivement son ossature. Un cadre institutionnel est élaboré sur le modèle de l’Union européenne, plusieurs accords bilatéraux de libéralisation commerciale progressive sont signés et des sous-aires de libre-échange n’impliquant qu’une partie des pays signataires voient le jour. À partir des années 1990, le processus d’intégration s’accélère avec la création de la zone de libre-échange en 1993 et d’une union douanière en 1995.

  • 1 J. A. López-Garciá, « La Comunidad Andina (CAN) », Saber, vol. 13, no 2, 2001, p. 147-156.

2Le 1er août 1997, le Système andin d’intégration (SAI) se concrétise véritablement et le pacte andin se transforme en CAN. Plusieurs institutions sont créées comme le Secrétariat général dont le siège se situe à Lima, un Conseil des présidents, un Conseil des ministres des Affaires étrangères et la commission de la CAN chargés d’orienter les politiques communes du nouveau bloc. La Réunion des représentants des organes et institutions du SAI créée le 15 janvier 1998 est chargée d’assurer la relation entre ces différentes institutions. Malgré les nombreuses dispositions qui contribuent à accélérer le processus d’intégration régionale, la plupart des organes communautaires ne disposent pas de compétences nécessaires pour assumer leurs fonctions. Finalement, le modèle néo-fonctionnel du modèle européen, qui suppose une perte de souveraineté des États membres grâce à une juridiction supranationale, ne parvient pas à se concrétiser1. Pour les trente ans de la CAN, en 1999 à Carthagène, de nouvelles actions sont menées afin d’harmoniser les politiques économiques et les objectifs macroéconomiques (réduire l’inflation et les déficits). La création d’un Marché commun andin était envisagée pour 2005. Mais les différends idéologiques et les concurrences commerciales trop fortes dans certains secteurs de production laissent en suspens, jusqu’à ce jour, une telle perspective.

3La Bolivie d’Evo Morales a sa part de responsabilité dans les tensions au sein de la CAN, même si celle-ci ne va pas jusqu’à se retirer comme l’a fait le Venezuela en 2006 pour adhérer pleinement au Mercosur. À plusieurs reprises, La Paz n’a pas hésité à critiquer ouvertement les accords de libre-échange bilatéraux établis avec les États-Unis par le Pérou et la Colombie. Ces attaques sont restées sans effets sur les accords entre les pays andins. La Bolivie a finalement continué d’honorer ses engagements commerciaux avec ces deux pays qui absorbent une grande partie de ses exportations. La politique bolivienne au sein de la CAN a ainsi souvent fait l’objet de polémiques, mais elle n’a jamais véritablement changé.

Une crise continue depuis les années 2000

  • 2 Á. García Linera, « Du capitalisme andino-amazonien », El Diplo, no 79, 2006.
  • 3 Le Venezuela sort officiellement de la CAN en 2011 et intègre le Mercosur en 2013. Entre-temps, il (...)

4Le projet continental états-unien d’une zone de libre-échange des Amériques (Alca) vient s’ajouter aux nombreuses difficultés de la CAN à se construire. Dans certains cas, celui-ci dissout le principe de préférence commerciale entre les pays membres de la CAN et génère en son sein des conflits idéologiques autour du néo-libéralisme américain2. Alors que la Colombie et le Pérou ouvrent des négociations avec les États-Unis pour constituer des traités de libre-échange, le Venezuela décide de se retirer de la CAN en avril 2006 et de se rapprocher du Mercosur3. Rejetant de la même manière toute perspective de traité de libre commerce avec les États-Unis, la Bolivie d’Evo Morales s’engage dans une voie similaire à celle du Venezuela, mais n’abandonne pas pour autant la CAN. Durant sa présidence temporaire (2006-2007), elle cherche à relancer celle-ci en tentant d’établir des ponts directs avec l’Union européenne et le Mercosur dans l’optique de créer, à terme, une union politique et économique des pays sud-américains au sein de la Communauté sud-américaine des nations, qui rassemblerait la CAN, le Mercosur, le Surinam, la Guyane et le Chili.

  • 4 La Andean Trade Promotion and Drug Eradication Act (ATPDEA) permet de garantir un volume d’exportat (...)
  • 5 Il s’agit d’un accord de coopération birégionale autour des questions de paix, de sécurité, de gouv (...)

5La volonté du président Morales de ne pas suivre le Venezuela vient en partie du rôle que joue la CAN dans l’économie bolivienne. La Bolivie cherche dans le même temps à renouveler ses accords commerciaux dans le cadre de la loi de préférences commerciales avec les pays andins et d’éradication de la drogue (ATPDEA)4, qui arrive à échéance en 2006, et à consolider ses échanges commerciaux avec l’Europe. Elle est le premier pays de la CAN à ratifier l’Accord de dialogue politique et de coopération entre la CAN et l’Union européenne, souscrit à Rome en 20035. En parallèle, face à la concurrence des États-Unis liée aux traités de libre commerce, la Bolivie signe une série d’accords bilatéraux avec chacun de ses partenaires de la CAN pour garantir une exportation significative sur les marchés équatoriens et colombiens. Ce processus est néanmoins affaibli lorsque les tensions au sein de la CAN gagnent les questions sécuritaires. Alors que le gouvernement colombien entreprenait une incursion en territoire équatorien pour mener des attaques contre le mouvement armé des Farc, la Bolivie accuse le Pérou d’accueillir des bases militaires états-uniennes. La situation de confusion est telle que l’Union européenne met un frein aux négociations en cours, doutant de la stabilité et de la pérennité du bloc régional. D’autant que celle-ci s’attire les foudres d’Evo Morales qui l’accuse de négocier de manière non concertée des traités de libre-échange avec la Colombie, le Pérou et l’Équateur susceptibles de mettre en danger l’unité régionale et les règles établies au sein de la CAN. Mais alors que les négociations amorcées en 2007 entre l’Union européenne et la Colombie et le Pérou se concrétisent en 2012 au sein d’un accord de libre commerce, la Bolivie qui avait quitté les négociations en 2008 les relance à son tour afin de ne pas rester isolée après que l’Équateur eut signé l’accord en 2016.

6L’arrivée en 2010 du Bolivien Adalid Contreras Baspineiro à la tête de la CAN s’accompagne d’une baisse des tensions et des risques d’implosion. Le 12 octobre 2011, se tient pour la première fois depuis 2008 une réunion des ministres des Affaires étrangères de la CAN, qui permet de redonner un nouvel élan à l’intégration régionale. En 2012 et 2014, plusieurs décrets renforcent la dynamique de la SAI, dont la « décision 797 » qui crée 27 comités spécialisés visant à renforcer l’intégration andine sur différents thèmes (migration, transport, environnement, lutte contre l’activité minière illégale, etc.). Ce qui est présenté comme une sortie de crise par le président Morales se déroule dans une conjoncture économique marquée par la relance. Le commerce entre les pays de la CAN atteint en 2011 un nouveau record avec 5 150 millions d’euros, soit 93 fois la valeur enregistrée en 1970. En 2013, les exportations au sein de la CAN augmentent de 12 % par rapport à l’année précédente, pour s’élever à 7,5 milliards d’euros. Les exportations boliviennes connaissent la plus forte hausse (67 %, notamment grâce à la vente de soja), mais ne représentent que 11 % du total régional, alors que la Colombie, l’Équateur et le Pérou représentent respectivement 36 %, 30 % et 23 % des échanges au sein du groupe.

  • 6 Comunidad Andina de Naciones, La Bolivia en la Comunidad Andina, Lima, CAN, 2012.

7Malgré les fluctuations des relations et des échanges au sein de la CAN, l’importance du marché andin pour la Bolivie a doublé entre 2005 et 2009, la valeur des exportations passant de 220 à 442 millions d’euros. En 2011, celle-ci atteint 580 millions d’euros et plus d’un milliard d’euros en 2013, alors que dans le même temps la valeur des importations s’élève quant à elle respectivement à 505 millions d’euros et à 722 millions d’euros. La CAN absorbe 33 % des exportations boliviennes hors minerais et hydrocarbures6. Elle apparaît comme un marché vital pour l’économie bolivienne, en particulier pour l’exportation de produits non traditionnels tel le soja, alors que le Mercosur se présente comme la destination privilégiée pour ses matières premières, principalement le gaz. Depuis 2014, ces exportations connaissent cependant une diminution, du fait notamment de certaines restrictions sur l’exportation du soja et des nouveaux marchés du quinoa (États-Unis, Europe, contrebande avec le Pérou). Entre 2014 et 2018, elles atteignent une moyenne annuelle de plus 900 millions d’euros, mais la Bolivie connaît néanmoins en 2017, pour la première fois depuis dix-sept ans, un déficit de sa balance commerciale. Les relations bilatérales entre les différents pays de la CAN sont cependant loin d’être homogènes, une cohésion générale qui paraît plus grande au sein du Mercosur. Chaque pays andin entretient ainsi des relations variables et variées avec ses voisins, ancrées dans des processus historiques distincts et marquées par des divergences idéologiques et stratégiques entre gouvernements au cours des dernières années.

Graphique no 1. Évolution des exportations boliviennes à destination des principaux blocs latino-américains d’intégration régionale entre 1999 et 2012

Graphique no 1. Évolution des exportations boliviennes à destination des principaux blocs latino-américains d’intégration régionale entre 1999 et 2012

Source : E. Morales, Informe de Gestión 2012, La Paz, État plurinational de Bolivie, 2013, p. 136.

Le Pérou : relations tumultueuses avec un pays « frère historique »

  • 7 Le Pérou connaît depuis plusieurs années une situation particulière au sein de la CAN. En 1992, apr (...)

8Depuis leur alliance au cours de la guerre du Pacifique (1879-1883), la Bolivie et le Pérou entretiennent des relations étroites et bien souvent présentées comme fraternelles (« frères historiques »). Toutefois, durant le mandat du président Alan García (2006-2011), les relations entre les deux pays sont ternies par de multiples tensions, en grande partie liées aux positions idéologiques opposées des deux présidents en fonction qui n’ont cessé d’accroître/amplifier les attaques verbales. La signature du Pérou de traités de libre commerce avec les États-Unis (2006), puis avec l’Union européenne (2010) peu après son retour dans la CAN7, a constitué le principal objet de tensions entre les deux pays.

  • 8 J. G. Valdès, « La politique extérieure du Chili : le retour aux origines », Cahiers des Amériques (...)

9À celles-ci s’ajoute la critique du président bolivien à l’encontre de l’action non coordonnée de son homologue péruvien dans le différend historique des deux pays andins avec le Chili sur la question maritime. En 2008, le Pérou présente une demande de définition des limites maritimes auprès de la Cour internationale de La Haye. En janvier 2014, cette dernière donne un avis en partie favorable à la requête péruvienne en lui accordant une zone maritime de 22 000 km2 revendiquée exclusivement par le Chili et 28 000 km2 de zone considérée comme zone internationale par ce dernier, alors que le Chili conserve 17 000 km2 de zone côtière. Le Chili affirme que cette frontière maritime avait été établie lors des traités de 1945 et 1952 portant sur les zones de pêche, tandis que, selon le Pérou, aucun traité ne délimitait cette zone très poissonneuse. Les autorités boliviennes estiment que cette action du Pérou dessert les intérêts de leur pays, car elle freinerait le processus de négociation avec le Chili (cf. infra). Le gouvernement péruvien relativise l’accusation de La Paz en soulignant la compatibilité du recours présenté à l’encontre du Chili et les processus de négociation boliviens. Le président García, puis Humala à partir de 2011 — qui avait soutenu publiquement la demande maritime bolivienne lors de son élection — ont rappelé à plusieurs reprises que le Pérou resterait à l’écart de la négociation bolivienne avec le Chili qu’ils estiment être un « thème bilatéral », sauf dans le cas où la question de la souveraineté d’Arica est en jeu, en vertu du Traité de paix et d’amitié de 1929. Ce traité, qui délimite la frontière entre le Chili et le Pérou, indique que le Chili ne peut céder à un pays tiers (la Bolivie) un territoire ayant appartenu au Pérou avant 1879 (Arica) sans le consentement de ce dernier8. Une polémique est notamment apparue entre le Chili et le Pérou sur la limite frontalière reconnue (point Concordia) entre les deux pays en 1929. Certains députés chiliens accusent l’existence d’une « coordination » entre le Pérou et la Bolivie contre leur pays. Cette polémique s’accentue à la suite de la rencontre bilatérale sur l’île d’Esteves durant laquelle le président Humala se déclare « solidaire » du peuple bolivien et espère une « situation satisfaisant » à la demande bolivienne. L’élection de Pedro Pablo Kuczynski à la tête du Pérou en 2016 a confirmé ce rapprochement, le nouveau président péruvien se déclarant ouvert à offrir un accès au Pacifique à la Bolivie dans le cadre du projet de train biocéanique.

10Dans ce cadre, les négociations entre le Pérou et la Bolivie autour d’un accès maritime revêtent une importance particulière pour La Paz. Le 19 octobre 2010, les deux pays relancent un projet imaginé en 1992 qui offre à la Bolivie une zone franche touristique de 3,6 km2 sur le littoral péruvien dénommée « Boliviamar ». Situé à 17 kilomètres de la ville d’Ilo, le bail initial de quatre-vingt-dix-neuf ans est renouvelable. Sur ce périmètre, la force navale bolivienne pourrait installer une école. L’accord prévoit également une extension territoriale de 163,5 hectares dans la zone franche industrielle d’Ilo où pourront s’installer des industries boliviennes, du matériel pour organiser une activité d’export et où la construction d’un « mégaport » est en pourparlers entre les deux pays. Cet accord relève d’une importance toujours plus stratégique pour la Bolivie, après l’échec de la procédure internationale à l’encontre du Chili auprès de la Cour internationale de justice, et ce d’autant plus qu’elle tente de participer au projet régional de réseau ferroviaire dit « biocéanique » qui devrait prochainement relier les océans Atlantique et Pacifique.

Encadré no 6. Le train biocéanique au cœur de la géopolitique régionale

L’un des grands projets régionaux en discussion est la construction du chemin de fer biocéanique qui devrait relier l’Atlantique au Pacifique afin de faciliter les échanges commerciaux entre l’Amérique latine et l’Asie, en particulier la Chine. Le réseau ferroviaire doit permettre de compléter le processus d’intégration régionale impulsé avec la route transocéanique inaugurée en 2013, qui rejoint le Brésil au Pérou et au Chili en passant par la Bolivie. Pour la Bolivie, ce projet repose sur le développement d’une plate-forme d’exportation vers l’Asie, à Ilo, où la construction d’un port industriel fait l’objet d’une discussion avec le Pérou, port devant faciliter l’exportation de soja et de minerai vers la Chine, le Japon et la Corée du Sud.
Alors que la Bolivie affirme haut et fort être au centre du projet ferroviaire, sa position est plus complexe et reste soumise aux aléas de la diplomatie et des tensions régionales. En 2014, le Pérou et le Brésil entament ainsi leurs propres discussions avec la Chine pour imaginer leur propre trajet, lequel écartait la Bolivie. La Chine engage ses premiers investissements au Brésil et des accords préliminaires sont signés pour renforcer les relations économiques intercontinentales avec le Pérou, la Colombie et le Chili lors d’une visite du Premier ministre chinois en mai 2015. La Bolivie hâte dès lors les négociations avec des entreprises allemandes, suisses, autrichiennes, françaises et chinoises, pour proposer son propre projet, moins long (3 750 kilomètres) et moins onéreux (7,9 milliards d’euros selon les premières estimations contre 8,8 milliards d’euros pour le projet Pérou-Brésil). Elle affirme que le projet péruvien et brésilien n’était « seulement qu’au stade de l’idée » et que la Bolivie offre de meilleures garanties économiques, géostratégiques et écologiques avec un réseau ferroviaire préexistant et une voie fluviale Paraguay-Parana qui pourrait faciliter le transit et les échanges avec l’Uruguay, le Paraguay et l’Argentine. Des rencontres ont également été organisées avec la France, l’Allemagne et la Suisse qui se disent intéressées pour financer ce projet.
Pour de nombreux observateurs ou analystes des relations internationales, cette mise à l’écart de la Bolivie par la Chine incombait au manque d’opportunisme et d’activisme de ses services diplomatiques. La posture critique du président Morales à l’égard des pays de l’alliance du Pacifique considérés comme néo-libéraux et alliés de l’impérialisme nord-américain n’a pas facilité l’action de ses propres émissaires. Et l’absence momentanée de services d’ambassade liée à la question des opposants politiques boliviens (cf. infra) n’a pas favorisé le soutien du voisin lusophone qui est l’un des pays porteurs de ce projet infrastructurel régional.
En 2016, le président péruvien Pedro Pablo Kuczynski se montre néanmoins favorable au projet bolivien, en indiquant que le trajet du train par le corridor nord entre le Pérou et le Brésil à travers l’Amazonie aurait un coût économique et environnemental important, que son pays ne semble pas prêt à assumer. Cette posture a réintroduit la Bolivie dans le projet dont un premier accord est finalement signé en 2016 entre la Bolivie, le Pérou et le Brésil. Celui-ci reste cependant encore incertain, du fait du coût élevé des infrastructures qui a freiné les ambitions du Brésil confronté à une crise économique, mais aussi du fait du coût de transport des marchandises plus élevé que par la voie maritime, auxquels s’ajoutent le coût environnemental et la concurrence d’autres projets alternatifs proposés notamment par le Chili qui ne souhaite pas être écarté de cette dynamique régionale.

  • 9 Le premier cas d’extradition se produit peu avant, sous le gouvernement d’Ollanta Humala. Accusé de (...)

11Malgré ces bonnes relations, des tensions diplomatiques apparaissent entre la Bolivie et le Pérou, notamment durant la gestion d’Alan García autour de demandes croisées d’extradition. En 2007, le Pérou demande en vain à la Bolivie de lui livrer Walter Chávez recherché pour sa participation supposée au mouvement révolutionnaire Tupac Amaru (MRTA) et pour laquelle il encourt vingt-cinq ans de prison. Résidant en Bolivie depuis quinze ans avec un statut de réfugié politique, l’homme rejette toute implication dans un mouvement terroriste et est devenu entre-temps le principal conseiller en communication d’Evo Morales dont il fut un temps très proche. De son côté, La Paz échoue de la même manière dans sa démarche auprès du Pérou pour obtenir le retour de trois anciens ministres du gouvernement du président Sánchez de Lozada accusés d’avoir participé à la répression de la « guerre du gaz » en 2003. En mars 2010, les deux pays signent un traité bilatéral d’extradition pour les personnes encourant des peines supérieures à deux ans d’emprisonnement. Suite à cet accord, deux anciens hauts fonctionnaires boliviens accusés de corruption ayant fui au Pérou sont extradés9. Bénéficiant de l’asile politique et conformément aux lois internationales, les anciens ministres boliviens et le supposé révolutionnaire Walter Chávez sont, à ce jour, protégés de telles mesures.

12En 2008, les tensions diplomatiques sont au plus fort de leur intensité à la suite d’un échange d’accusations croisées sans véritable fondement. La première offensive vient du président Morales qui critique fermement le Pérou de vouloir accueillir des bases militaires états-uniennes, ce qui a pour conséquence le rappel immédiat de l’ambassadeur péruvien en Bolivie. Le Pérou dénonce quant à lui l’ingérence du Venezuela et de la Bolivie qui auraient entrepris d’ouvrir de manière informelle des centres de l’Alba sur son sol pour développer des programmes d’aide sociale et sanitaire auprès des secteurs les plus pauvres de la population péruvienne et dans l’intention de diffuser une propagande bolivarienne. Par ailleurs, le président Morales a ouvertement condamné la violente répression de peuples autochtones en 2009 (conflit de Bagua) qualifiant celle-ci de « génocide ». Le Pérou a pour sa part accusé directement l’action du président bolivien Evo Morales, suspecté d’avoir incité les peuples autochtones « à se rebeller » et « à faire la révolution » en vue de déstabiliser le pays. D’autres tensions sont apparues autour de projets d’infrastructure hydraulique au Pérou susceptibles, selon les autorités boliviennes, de réduire de 26 % à 77 % les cours d’eau du fleuve Mauri en Bolivie et d’augmenter les risques de pollution fluviale. Selon les normes internationales, le Pérou aurait le droit d’utiliser ses eaux, mais à condition de ne pas porter atteinte aux activités d’un autre État.

  • 10 Entretien réalisé à La Paz, octobre 2013.

13Durant tout le mandat d’Alan García, les relations entre la Bolivie et le Pérou sont donc ponctuées par une série de tensions, et ce, au moment même où la CAN négocie ses accords avec l’Union européenne. Ces tensions relèvent principalement d’une divergence politique et idéologique entre les gouvernements des deux pays. À chaque nouvel épisode, les ministres des Affaires étrangères entrent cependant en action pour normaliser rapidement les relations et garantir la coopération. Cette période de tensions multiples sera tout de même marquée par l’accord concernant le projet Boliviamar qualifié d’historique par les deux parties. La victoire d’Ollanta Humala en 2011 favorise une proximité idéologique (anti-impérialisme) entre les deux gouvernements. Sur le plan économique, ce changement politique au Pérou n’a cependant pas d’incidences sur la question du traité de libre-échange ni au niveau des relations bilatérales entre les deux pays, le président Humala ne souhaitant pas se rapprocher du « groupe Chávez » ni bouleverser l’économie interne péruvienne selon Alfredo Seoane, chercheur au Cides-Umsa, spécialiste de géopolitique bolivienne10.

14En juin 2015, lors d’une rencontre binationale sur l’île d’Esteves du lac frontalier Titicaca, une série d’accords et de mesures entre les deux pays est annoncée. Une commission spéciale doit définir les actions communes autour de trente-six points parmi lesquels la dépollution et la protection environnementale du lac Titicaca, la gestion des rivières Maure-Mauri y Desaguadero, le contrôle renforcé des frontières pour lutter contre la corruption, le narcotrafic, la contrebande et le trafic d’êtres humains. Le point 32 de la feuille de route évoque « l’esprit de solidarité et la compréhension » de la république du Pérou envers la demande maritime bolivienne face au Chili. D’autres points prévoient une intégration plus importante des zones frontalières, notamment l’exportation du gaz bolivien au sud du Pérou. Ces pré-accords font suite à une première rencontre (août 2007) entre les présidents Morales et García, durant laquelle il avait été décidé de renforcer la relation bilatérale et de coordonner la lutte contre la corruption, la pauvreté, le narcotrafic et le terrorisme, et d’améliorer les échanges commerciaux.

15Les relations économiques entre les deux pays n’ont pas subi les effets des tensions diplomatiques. Le marché péruvien est important pour la Bolivie du fait de son voisinage, de ses infrastructures et de sa proximité culturelle. Il permet l’écoulement d’une large partie de la production d’oléagineux (dont des dérivés de soja) et dynamise la création de petites et moyennes entreprises en Bolivie. Celles-ci se lancent sur le marché péruvien où elles acquièrent de l’expérience pour chercher ensuite des marchés plus éloignés. Le Pérou est un partenaire clé pour la Bolivie au sein de la CAN, ce qui oblige les deux pays à parvenir à des ententes malgré les tensions diplomatiques.

  • 11 Instituto Boliviano de Comercio Exterior (IBCE), Boletín Electrónico Bisemanal, nº 422, 18 juin 201 (...)
  • 12 La balance commerciale entre les deux pays oscille très régulièrement. Positive en 2006 pour la Bol (...)

16Le Pérou est le principal pays destinataire des exportations boliviennes de produits traditionnels et non traditionnels. Élevés depuis des décennies, les échanges entre les deux pays ont considérablement augmenté depuis l’arrivée au pouvoir d’Evo Morales, passant de 370 millions d’euros en 2006 à 1 036 millions d’euros en 2014. Selon l’Institut bolivien du commerce extérieur11, la Bolivie enregistre un déficit commercial avec le Pérou de plus de 120 millions d’euros sur la période 2007-201412, résultant d’un solde entre 3 012 millions d’euros d’exportations et 3 135 millions d’euros d’importations. La Bolivie exporte en 2014 chez son voisin péruvien 180 produits, dont des dérivés de soja et des minéraux, alors qu’elle importe 1 780 produits, dont une grande quantité de diesel. Le gouvernement bolivien espère réduire cette importation à la suite de la découverte de nouveaux gisements pétroliers.

  • 13 Selon le rapport 2013 de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), le Pérou (...)

17La relation entre le Pérou et la Bolivie repose en outre sur une politique de coopération pour lutter contre la contrebande et le narcotrafic. Un projet d’opérations communes et d’échanges d’informations sur les organisations dédiées au trafic de drogue a ainsi vu le jour en 2011 entre les deux pays. Entre 40 % et 60 % de la drogue saisie en Bolivie proviendrait ainsi du Pérou13, ce qui représenterait un total de 10 tonnes de cocaïne par an, et transiterait par la région amazonienne bolivienne pour rejoindre le Brésil. Depuis 2012, la lutte contre le narcotrafic fait partie d’un « agenda trilatéral » entre la Bolivie, le Pérou et le Brésil (cf. infra). Une loi de saisie sur les biens a également été approuvée en 2013 afin de permettre la saisie rapide des biens matériels et monétaires liés aux activités illicites de la drogue et de la contrebande. En novembre 2014, un nouvel accord de coopération est signé entre les deux pays, avec pour objectif de renforcer les actions communes policières et militaires aux frontières, que ce soit sur le lac Titicaca ou en Amazonie, avec l’aide de la force aérienne et un système de surveillance satellite. Cette coopération entre le Pérou et la Bolivie a été relevée par l’ONU qui s’est félicitée de la capture de deux émissaires du cartel de Tijuana en 2015.

La Colombie : divergences politiques, mais forts liens économiques

18Les relations entre la Bolivie et la Colombie ne sont pas au beau fixe depuis la signature en 2006 d’un traité de libre commerce du pays andino-caribéen avec les États-Unis. Le gouvernement d’Evo Morales a fermement condamné l’initiative de Bogotá. Les raisons sont multiples : idéologiques, politiques et commerciales. Ce traité menace en effet les exportations boliviennes de soja en Colombie désormais fortement concurrencées par les États-Unis. Malgré les compensations financières promises par celle-ci, la Bolivie estime que ce traité menace directement d’altérer les accords internes à la CAN et affaiblit sa « diplomatie des peuples ». Ces désaccords s’étendent rapidement à la question sécuritaire lorsque le Venezuela accuse la Colombie d’avoir signé un accord avec les États-Unis autorisant l’installation de bases militaires américaines dans le pays, alors que le gouvernement colombien accuse de son côté le Venezuela d’accueillir des bases arrière de la guérilla des Farc. Fidèle à son allié et ami vénézuélien, le gouvernement bolivien condamne toute action colombienne contre le gouvernement de Caracas et s’oppose à l’installation de bases militaires états-uniennes en Colombie.

19Malgré les tensions diplomatiques, la Colombie reste un partenaire commercial privilégié pour la Bolivie qui y exporte principalement du soja et ses dérivés ainsi que de l’huile de tournesol. Elle importe de son partenaire des automobiles, du propylène, des bonbons et sucreries, et du parfum. Entre 2008 et 2012, le volume et la valeur des échanges entre les deux pays ont augmenté de manière régulière. La hausse des importations (de 75 à 98 millions d’euros) a été largement moins forte que celle des exportations (de 154 à 356 millions d’euros) qui ont amplifié de manière significative le solde positif de la balance commerciale en faveur de la Bolivie. À partir de 2013, les exportations dépassent les 550 millions d’euros avec une balance commerciale positive de 150 millions d’euros. Depuis 2017, elles connaissent une baisse et sont menacées par l’ouverture du marché andin au soja des États-Unis et du Mercosur.

20En 2012, pour les cent ans de la coopération Bolivie-Colombie, les présidents Evo Morales et Juan Manuel Santos se rencontrent à Bogotá afin de renforcer les relations bilatérales autour de quatre axes : la lutte contre le narcotrafic, l’ouverture du capital de l’entreprise d’État pétrolière bolivienne YPFB à l’investissement colombien, l’établissement de stratégies communes pour faire face à la crise financière et à l’insécurité citoyenne. La visite de Morales permet ainsi de réactiver le Traité d’amitié de 1912 entre les deux pays. À cette occasion, le président bolivien remercie son partenaire pour l’aide alimentaire distribuée en 2010 lorsqu’une pénurie de sucre affectait son pays, une situation due en grande partie à la spéculation outrancière des producteurs sucriers boliviens et qui avait amené le gouvernement bolivien à créer l’entreprise nationale Azucarbol. Durant cette même réunion, la Colombie accorde son soutien à la Bolivie dans son contentieux maritime avec le Chili.

21À propos de la lutte contre le trafic de drogue, la Bolivie propose d’établir une collaboration bilatérale en matière de partage d’informations avec la Colombie afin d’améliorer la lutte contre le narcotrafic et la sécurité citoyenne. Cette collaboration est en effet nécessaire au moment où la présence de cartels colombiens et mexicains fait de plus en plus polémique en Bolivie. Malgré cette collaboration entre les deux pays, une nouvelle controverse surgit lorsque le président Evo Morales déclare que les États-Unis approuvent la politique antidrogue colombienne uniquement parce que ce pays lui permet d’établir des bases militaires sur son territoire. Cette déclaration, perçue comme « inacceptable » par le gouvernement colombien relève toutefois d’une réaction à chaud du président Morales à la lecture d’un rapport émis par le gouvernement états-unien qui déplace le Pérou et la Bolivie aux avant-postes de la production de drogue, devant la Colombie, avec respectivement 324 tonnes par an, 265 tonnes et 195 tonnes14. La Bolivie souhaite en effet « apprendre » de son ami colombien qui mène depuis des années une politique intensive antidrogue et de sécurité citoyenne : 10 % du PIB colombien serait ainsi destiné à ces tâches selon José Rocavado, chercheur au Cides-Umsa, spécialiste en relations internationales15.

L’Équateur : un partenaire idéologique

22Depuis l’arrivée au pouvoir de Morales (2005) et de Correa (2006), les relations bilatérales entre la Bolivie et l’Équateur se sont intensifiées de manière significative. De nombreux éléments les ont rapprochés depuis quelques années, en particulier un scénario politique interne marqué par l’instauration d’assemblées constituantes et l’adoption de constitutions politiques accordant une place importante aux questions écologiques et autochtones. Dans ces deux pays, la vie politique est fortement marquée par des coalitions entre les gouvernements élus et des secteurs sociaux. Les positions idéologiques et politiques de ces gouvernements sont très proches et ils partagent une position commune au sein de la CAN. Tous deux sont membres de l’Alba pilotée par le Venezuela.

  • 16 Voir le cinquième chapitre de cette partie.
  • 17 Voir partie 3.

23L’Équateur de Correa constitue ainsi l’un des principaux pays alliés du gouvernement d’Evo Morales. Solidaires à bien des reprises, les deux gouvernements se font les promoteurs du « bien vivre », un thème central dans la politique menée par l’Équateur et important en Bolivie. Les deux pays se positionnent à l’avant-garde des débats internationaux sur le changement climatique en portant des propositions alternatives16. La rhétorique discursive écologiste-indigéniste est cependant traversée par des contradictions internes aux deux pays quant aux politiques réelles néo-développementalistes, qui ont conduit les gouvernements bolivien et équatorien à connaître de vives tensions avec les ONG environnementalistes et les peuples autochtones17.

24Cette position idéologique commune facilite une collaboration croissante entre les deux pays. En 2009, un accord est signé sur les mécanismes de coopération pour l’attention mutuelle des communautés équatoriennes et boliviennes présentes dans les deux pays. Une commis­sion mixte bilatérale Bolivie-Équateur est créée, réunissant quatorze tables de travail sur les thèmes de santé, éducation, agriculture, économie, mines, mouvements sociaux, politique, commerce justice, coopération, biens culturels, science, technologie et planification. Les deux pays dénoncent ensemble la mainmise des États-Unis sur l’organisation continentale (cf. infra) et menacent de se retirer du système interaméricain des droits humains de l’Organisation des États américains « s’il n’y a pas de changements profonds » de cette institution. Par ailleurs, les deux pays se consultent régulièrement pour coordonner leurs positions et leurs actions dans la perspective de consolider l’Alba, l’Union des nations sud-américaines (Unasur) et la Communauté des États latino-américains et caribéens (Celac), mais aussi pour renforcer les politiques d’intégration et les mécanismes de dynamisation de l’économie régionale.

25Les relations économiques entre les deux pays, jusqu’alors très faibles, connaissent également un nouveau dynamisme avec les élections de Morales et de Correa. En 2011, les deux gouvernements organisent un cycle de négociations réunissant 9 entreprises équatoriennes et 18 entreprises boliviennes afin de favoriser les échanges au sein du secteur privé. En avril 2012, est signé un accord intergouvernemental de coopération commerciale, de complémentarité énergétique et d’échange d’aide technique et scientifique en agriculture. Malgré ces mesures, le niveau d’échange commercial est encore faible. Toutefois, la valeur des exportations boliviennes à destination de l’Équateur a fortement augmenté au cours des dernières années (14 millions d’euros en 2010, 74 millions en 2012, avec un record de 190 millions en 2013) alors que les importations en provenance de l’Équateur progressent plus lentement (10 à 18 millions entre 2010 et 2012 et un record de 165 millions en 2013). Depuis 2013, les échanges commerciaux entre les deux pays sont en net recul (65 millions d’euros d’exportations et 36 millions d’importations en 2016).

Notes

1 J. A. López-Garciá, « La Comunidad Andina (CAN) », Saber, vol. 13, no 2, 2001, p. 147-156.

2 Á. García Linera, « Du capitalisme andino-amazonien », El Diplo, no 79, 2006.

3 Le Venezuela sort officiellement de la CAN en 2011 et intègre le Mercosur en 2013. Entre-temps, il instaure des relations bilatérales avec chacun des pays de la CAN, en particulier la Bolivie et l’Équateur dans le cadre de l’Alternative bolivarienne (cf. infra).

4 La Andean Trade Promotion and Drug Eradication Act (ATPDEA) permet de garantir un volume d’exportations pour certains produits (principalement des textiles) vers les États-Unis en contrepartie d’une collaboration dans la lutte contre le narcotrafic.

5 Il s’agit d’un accord de coopération birégionale autour des questions de paix, de sécurité, de gouvernabilité démocratique, de participation de la société civile, d’environnement et de migration.

6 Comunidad Andina de Naciones, La Bolivia en la Comunidad Andina, Lima, CAN, 2012.

7 Le Pérou connaît depuis plusieurs années une situation particulière au sein de la CAN. En 1992, après le coup d’État d’Alberto Fujimori, le pays suspend ses obligations de libéralisation commerciale et est exclu de la CAN. Il la réintègre en 1997, même s’il n’adhère pas à l’Union douanière et maintient un tarif douanier unique de 15 % pour toutes les importations. Celui-ci prend fin le 1er janvier 2006 avec l’incorporation pleine du Pérou à la CAN. À cette date, le Pérou signe également son traité de libre-échange avec les États-Unis. Voir J. A. López-Garciá, « La Comunidad Andina (CAN) », op. cit.

8 J. G. Valdès, « La politique extérieure du Chili : le retour aux origines », Cahiers des Amériques latines, no 68, 2011, p. 31-47.

9 Le premier cas d’extradition se produit peu avant, sous le gouvernement d’Ollanta Humala. Accusé de détournement de fonds et d’appartenir à une organisation criminelle, l’ancien conseiller du président péruvien, Martín Belaunde Lossio, fuit en 2015 vers la Bolivie pour y obtenir le statut de réfugié politique. Assigné à résidence à La Paz, il s’évade après avoir payé ses gardiens, ce qui entraînera l’éviction du ministre du gouvernement Hugo Moldiz et la mise à pied du général Luis Cerruto, commandant de la police nationale de Bolivie. Martín Belaunde Lossio est finalement arrêté quatre jours plus tard puis extradé vers le Pérou.

10 Entretien réalisé à La Paz, octobre 2013.

11 Instituto Boliviano de Comercio Exterior (IBCE), Boletín Electrónico Bisemanal, nº 422, 18 juin 2015.

12 La balance commerciale entre les deux pays oscille très régulièrement. Positive en 2006 pour la Bolivie, elle devient largement négative entre 2007 et 2009, avant de présenter une tendance inverse sur la période 2010-2013 et de redevenir négative à partir de 2014.

13 Selon le rapport 2013 de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), le Pérou est le premier producteur de feuilles de coca au monde, devant la Colombie et la Bolivie. Malgré une baisse de la culture de 3,4 % par rapport à 2011, la première depuis sept ans, la superficie des plantations de coca au Pérou s’élève à 60 400 hectares contre 48 000 hectares en Colombie et 25 300 hectares en Bolivie en 2012. Le rapport précise que sur les 128 739 tonnes de coca produites, 9 000 (soit près de 7 %) seraient destinées à la consommation traditionnelle, alors que le reste de la production servirait à alimenter le narcotrafic.

14 Office of National Drug Control Policy, juillet 2012, http://www.whitehouse.gov/ondcp/news-releases-remarks/survey-shows-significant-drop-in-cocaine-production-in-colombia. Dans son rapport de 2018, le Bureau des Nations unies contre la drogue et le délit indique que la Bolivie ne représente que 10 % de la superficie mondiale de production de coca, derrière le Pérou (21 %) et la Colombie (69 %).

15 Entretien réalisé à La Paz en novembre 2013.

16 Voir le cinquième chapitre de cette partie.

17 Voir partie 3.

Table des illustrations

Titre Graphique no 1. Évolution des exportations boliviennes à destination des principaux blocs latino-américains d’intégration régionale entre 1999 et 2012
Crédits Source : E. Morales, Informe de Gestión 2012, La Paz, État plurinational de Bolivie, 2013, p. 136.
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