Séville et l'Atlantique, 1504-1650 : Structures et conjoncture de l'Atlantique espagnol et hispano-américain (1504-1650). Tome II, volume 2
|Cinquième partie. La grande dépression (1623-1650)
Chapitre VI. Le cycle des ruptures (1632-1641). La première fluctuation primaire (1632-1635)
Texte intégral
- 1 Cf. ci-dessus, p. 1573-1582,.. 1653-1654.
1Le cycle des années 30, le cycle de toutes les ruptures et de toutes les catastrophes, s’ouvre sur une longue et profonde dépression qui prolonge très loin et avec beaucoup d’insistance l’onde dépressive de Matanzas. La dernière fluctuation du cycle précédent était, on s’en souvient1, en très net retrait par rapport à la fluctuation centrale — elle formait en Allers du moins, de 1626 à 1628, la phase d’expansion cyclique maximale de la fluctuation décennale 1623-1631. Par rapport à cette fluctuation déprimée, la première fluctuation du cycle 1632-1641 est encore plus en contrebas : on est, donc, sur une pente très rapide qui conduit, par mutation brusque, le mouvement du dernier palier supérieur au premier palier nettement inférieur. En Allers, par exemple, le niveau moyen, en tonnage, de la fluctuation centrale du cycle précédent était, de 1626 à 1628, de 22 552,6 toneladas ; il tombe à 18 081,3 toneladas, de 1629 à 1631, il n’est plus qu’à 16 470 toneladas, de 1632 à 1634.
I. — 1632 : AU CŒUR DE LA DÉPRESSION
21632 se trouve bien, dans ces conditions, outre sa position conjoncturelle propre, sur une ligne rapidement décroissante.
LA LEÇON DES CHIFFRES
3Le mouvement de 1632 est étroitement solidaire des événements de 1631. Le niveau des Allers, comme celui des Retours, est impensable autrement que comme le prolongement des événements de 1631. C’est vrai, chaque année, mais plus particulièrement en 1632.
4Par rapport au terme de référence de 1631, on assiste, si on s’en tient aux leçons superficielles du découpage annuel, à un recul des Allers et une brutale poussée des Retours. Or, ce double mouvement est tout entier commandé par la situation de 1631. Le fléchissement des Allers est, en effet, en grande partie, la conséquence du ratage des Retours de 1631, tout comme l’apparent gonflement des Retours résulte d’un phénomène de récupération sur les Retours différés de 1631.
1. L’équilibre Allers-Retours
- 2 Cf. t. VI1, table 159, p. 356 ; t. VII, p. 52-53.
- 3 Cf. t. VI1, tables 132, 135, 138 et 142, p. 330, 333, 336, 340.
5Cette situation apparaît clairement dans le rapport des Allers et des Retours aux totaux2. On est en présence, en effet, d’une sensible anomalie positive des Retours, dans le cadre du découpage annuel, avec une proportion du tonnage des Retours, au total, de 50,17 %. C’est une proportion forte, si on la compare à celles des cycles 1632-1641 et 1623-1631, de 43,4 % et de 43,6 %, à celles des fluctuations de 1632-1634 et de 1629-1631, soit 41,9 % et 45,7 % ; une proportion normale, par contre, si on ne reporte plus les 49 navires, 13 390 toneladas, 15 398,5 tonneaux3 des Retours de 1632, dans le cadre du découpage annuel, aux 45 navires, 13 300 toneladas, 15 295 tonneaux des Allers de l’année, mais aux 61 navires, 17 300 toneladas et 19 895 tonneaux de 1631.
- 4 Cf. t. VI1, table 159, p. 356 ; t. VII, p. 52-53.
- 5 Cf. ci-dessus, p. 1644-1646.
- 6 Particulièrement lisible du premier coup d’œil sur le graphique Déficit des Retours, t. VII, p. 52- (...)
6On a observé, par ailleurs, le cheminement extraordinairement chaotique du mouvement au cours de la période post-matanzienne de 1628 à 1632, comme l’attestent les rapports du mouvement Retours4 aux totaux : 1628, 16,27 % ou mieux encore, plus proche de la réalité, 3,5 %5 1629, 46,60 %, 1630, 58,76 %, 1631, 11,06 %, 1632, 50,17 %. Cette zone d’anomalies et de graves distorsions en chaîne, au terme de laquelle 1632 se trouve placée, n’a que deux équivalents dans toute la Carrera : la période d’après l'Invincible Armada et la période des années 40 à la fin du présent cycle6.
71632 se trouve donc au terme d’une phase d’oscillations et de déséquilibres, au bout de laquelle on débouche, pour cinq ans, sur une ère de relative stabilité interne.
2. Allers
- 7 Cf. ci-dessus, p. 1674,.. 1679-1681.
8La conjoncture des Allers paraît peu engageante. Entre 1631 et 1632, il y a, en effet, substantiel recul, par rapport à un terme de référence médiocre7. De 61 à 45 navires, le repli est de 26,2 %, de 17 300 toneladas (19 895 tonneaux) à 13 300 toneladas (15 295 tonneaux), le recul est de 23,1 % Il y a, encore, maintien du repli du tonnage unitaire, de 269,4 toneladas en 1629, 312,15 toneladas en 1630, 283,6 toneladas en 1631 à 297,7 toneladas en 1632.
- 8 Particulièrement visible sur le graphique Tonnage moyen d’un navire, cf. t. VII, p. 46-47
9Il y a eu, manifestement, entre la fin du cycle précédent et le début du présent cycle, tassement du tonnage unitaire, après l’extrême poussée de la veille de Matanzas8. De 311,7 toneladas (moyenne du tonnage unitaire des Allers de 1629 à 1631), à 258,8 toneladas, de 1632 à 1638, 279,1, de 1632 à 1634. En Retours, le mouvement est identique, mais anticipé de deux ans environ, sur celui des Allers, de 332,4 toneladas, de 1626 à 1628, à 314,4 toneladas, de 1629 à 1631, à 293,5 toneladas, de 1632 à 1634. En Allers et retours, le tonnage unitaire moyen part du point haut de 1629-1631, 312,9 toneladas et s’incline jusqu’en 1638, 285 toneladas de 1632 à 1634, 274 toneladas de 1635 à 1638. Le léger repli du tonnage unitaire que l’on note, après Matanzas, n’est pas sans rappeler, à une échelle plus restreinte, ce que l’on avait observé, jadis, après l’invincible Armada. Il témoigne d’une gêne supplémentaire qui vient s’ajouter à d’autres difficultés. Il démontre la destruction sélective et l’appel sélectif que la guerre exerce, du côté espagnol, sur les plus gros navires et la difficulté qu’il y a, pour un temps, du moins, à répondre à ce besoin. D’où un palier à contre-courant, dans un mouvement général.
- 9 Cf. t. VI1, table 152, p. 349.
- 10 Cf. t. VI1, table 164, p. 363 ; t. VII, p. 52-53.
10L’accident de 1632, venant après celui de 1631, est profondément marqué, même par rapport à une tendance majeure rapidement descendante9. On passe de 107,01 % en 1630, à 91,33 % en 1631 et 70,72 % en 163210. Le creux relatif de 1632 est le plus important de toute la série des écarts des chiffres vrais à la moyenne, de 1613 jusqu’en 1641.
11Il ne faudrait pas se hâter, toutefois, de méjuger la situation véritable de 1632, en partant de ces seuls chiffres. En effet, les départs de 1632 ont été lourdement handicapés par la défaillance en grande partie des Retours de 1631.
- 11 Cf. ci-dessus, p. 1674-1675.
12Si on soumet le niveau des départs de 1632 au test auquel on avait déjà soumis celui des Allers de 163111, on sera amené à nuancer ce qu’il y avait d’excessif dans un jugement directement tiré du découpage annuel du mouvement. En effet, si la Carrera, en 1631, n’avait remis en circulation que 60 % du tonnage rentré dans le complexe portuaire, l’année précédente, par contre, le niveau pourtant extrêmement modeste de 1632,45 navires, 13 300 toneladas, n’en représente pas moins de 618 % du niveau des Retours de 1631.
13Présenté sous cette forme, le schéma constitue certainement une simplification excessive de la réalité, puisque, au vrai, les départs d’une année ne mettent pas seulement en œuvre les Retours de l’année précédente. Tout au plus, le système permettra de nuancer, à l’intérieur du creux incontestable de 1631-1632, le jugement que l'on pourrait être tenté de porter trop rapidement et trop simplement à l’encontre de 1631 et en faveur de 1632.
14Globalement, 1631 et 1632 n’en doivent pas moins être considérés comme constituant le fond d’un large creux conjoncturel. S’il en fallait une preuve supplémentaire, il suffirait de comparer le volume des départs de 1631 et 1632, au volume des Retours de 1630 et 1631. On a, d’un côté, équilibrant 96 Retours, représentant 30 848 toneladas, 106 départs, totalisant 30 600 toneladas. Cette comparaison a l’avantage de démontrer et le médiocre élan conjoncturel du trafic au cours du creux de ces deux années, et le processus rapide de réduction du tonnage unitaire, sous l’action combinée de facteurs déjà évoqués.
3. Retours
15Le mouvement des Retours suit un chemin tout à fait différent. De 18 à 49 navires, de 2 150 à 13 390 toneladas, de 2 472,5 tonneaux à 15 398,5 tonneaux, les décrochements sont, respectivement, de l’ordre de 172 % et 522,7 avec accroissement apparent du tonnage unitaire de 119,4 toneladas à 273,27 toneladas, et passage, par rapport au trend, de 14,78 à 101,4 %.
- 12 Cf. t. V, p. 224.
16En fait, il s’agit tout au plus du passage dans les Retours de 163212 des éléments différés des Retours de 1631. La date insolite d’arrivée, le 16 avril 1632 à Cádiz, suffisait à le prouver à elle seule.
- 13 Cf. ci-desssus, p. 1665-1666,.. 1675-1677.
- 14 Cf. t. VI1, table 155, p. 352 ; t. VII, p. 50-51.
- 15 Cf. t. VI1, table 129, p. 327 et table 142, p. 3 10.
17La sagesse consiste, donc, à refuser de dissocier les Retours de 1632 de ceux de 1631 et de comparer la moyenne des Retours sur deux ans à son encadrement, entendez avec le mouvement annuel Retours de 1630 et 1633. La moyenne des Retours de 1631 et 1632 s’élève à 31,5 unités et 7 770 toneladas. La comparaison avec les 78 navires et 28 698 toneladas [tonnage unitaire moyen. 368 toneladas]13 de 1630, les 50 navires et 14 020 toneladas de 1632, voire même, la moyenne annuelle plus modeste des Retours de 1632 et 1633, soit 36 navires, 11065 toneladas, situe assez bien la position médiocre de l'ensemble 1631-1632, en Retours. Une autre possibilité est naturellement offerte par la comparaison de ces chiffres à la moyenne mobile correspondante de treize ans14 Face aux 31,5 unités et aux 8 925 tonneaux de la moyenne annuelle15 des Retours de 1631 et 1632, la moyenne médiane de treize ans donne 16 720,77 tonneaux et 15 178,62 tonneaux, la moyenne médiane de cinq ans. 17 221,52 tonneaux et 15 599,02 tonneaux. Comme on peut en juger, le creux est profond. La panne du trafic, à la charnière des deux cycles, ne ménage pas plus, en profondeur, les Retours qu’elle ne le fait des Allers.
4. Allers et retours
- 16 Cf. ci-dessus, p. 1707,.. 1657,.. 1666,.. 1677.
18La reprise du mouvement global qui semble marquer le passage de 1631 à 1632 est, en réalité, frappé du sceau de la double ambiguïté de chacun de ses éléments fondamentaux. Par rapport à 1631, la montée des Retours compense et au-delà, la chute des Allers. De 79 à 84 navires, de 19 450 toneladas à 25 690 toneladas, de 22 367,5 tonneaux à 30 693,5 tonneaux, le décrochement est respectivement de 19 % et 32 %, avec un accroissement — dû essentiellement aux hasards de la ventilation interne des Retours entre 1631 et 1632 — du tonnage unitaire de 246,2 toneladas à 273,3 toneladas. Ce qui compte, ce n’est pas tant une oscillation sans importance et, pour l’essentiel, fortuite entre 1631 et 1632, que l’alignement du tonnage unitaire sur une ligne descendante16 de 325,6 toneladas en 1628, 321,5 toneladas en 1629, 343,9 toneladas en 1630 à 246,2 et 273,3 toneladas en 1631 et 1632.
- 17 Cf. t. VI1, table 163, p. 363.
19Par rapport à la moyenne17, l’oscillation ascendante de 59,22 % à 83,43 % ne modifie pas en substance la situation du mouvement, dans le prolongement d’un creux fermement dessiné.
LES CONFIRMATIONS PARALLÈLES
20Il est facile de montrer que les signes de contraction l’emportent de beaucoup, en 1632, sur les éléments favorables.
1. La composition des départs
21Le silence des séries-clefs du mouvement-valeur oblige naturellement à s’appuyer plus que de coutume sur des éléments parallèles, d’une interprétation souvent délicate.
- 18 Cf. t. VI1, table 183, p. 388-391 ; t. VII, p. 72-73.
- 19 Cf. t. V, p. 216.
- 20 Cf. t. V, p. 221.
22On peut difficilement imaginer une composition plus médiocre18 au départ du complexe. 1632 est une année sans flotte. Un seul convoi d'armada, dont le départ est particulièrement tardif19. Voilà qui montre l’ampleur de la désorganisation provoquée par l’asphyxie de l’hivernage de 1631-163220.
- 21 Cf. ci-dessus, p. 1706-1707.
23a. Séville et Cádiz. — Dans ces conditions, il n’est plus étonnant que la catégorie la plus riche, celle des navires marchands de Séville, soit à peu près éliminée ; la catégorie voisine des navires marchands de Cádiz disparaît totalement. De toute manière, la proportion, 13 navires, 1 920 toneladas, est dérisoire (28,8 % et 14,4 % du total des départs), si on la compare aux proportions correspondantes du cycle et de la fluctuation, soit, par exemple, 47,9 % et 40,2 %, pour les seuls navires marchands de Séville, mouvement unitaire et tonnage, de 1632 à 1641, et 54,1 % et 49,4 %, respectivement, pour l’ensemble des navires marchands de Séville et Cádiz, dans le même laps de temps. Le recul quantitatif est, en outre, un recul qualitatif : il y a élimination, en effet, des gros navires, parce qu’on est en présence d’une simple poussière de navires hors convois destinés aux « parents pauvres » de la Carrera. D’où un tonnage unitaire moyen exceptionnellement bas de 147,7 toneladas, contre une moyenne annuelle à l’Aller de 297,7 toneladas21.
24b. Négriers et Armadas. — Face à cette situation, on notera la position moyenne, comme volant, en quelque sorte, des négriers, 13 unités, 1 800 toneladas, l’extrême poussée, par contre, des armadas.
25La position du trafic d'armada en 1632 est tout à fait exceptionnelle. C’est lui qui commande au destin de l’année. Depuis 1629 et jusqu’en 1644, c’est en valeur absolue le niveau d’armada le plus important. En valeur relative, par contre, la proportion de 72 % du tonnage total (19 navires, 9 580 toneladas sur un total de 45 navires et 13 300 toneladas) n’est jamais égalée.
- 22 Cf. ci-dessus, p. 1679-1681.
26Or, sur cette masse considérable, 11 galions, 3 pataches, 6 580 toneladas constituent une forte Armada de la Guardia et peuvent être considérés comme possédant une très forte valeur marchande, cinq galions, par contre, trois mille toneladas, dont deux, surtout, destinés aux îles de Barlovent, sont beaucoup plus douteux22.
27De toute manière, quelle que soit la valeur difficilement saisissable du trafic mis en cause, un fait très grave est certain. Le trafic de 1632 ne doit pratiquement rien, dans le secteur de l’armement, à l’initiative privée. Il est intégralement imputable à des initiatives royales ou paraétatiques.
2. Les directions fondamentales
- 23 Cf. t. VI1, table 164, p. 363 ; t. VII, p. 52-53.
28Un autre aspect de la crise est fourni par la quasi totale disparition23 des départs vers la Nouvelle Espagne. La Nouvelle Espagne a été particulièrement frappée par la destruction d’une partie des navires du convoi qui en revient, à l’automne de 1631. L’accident s’est produit sur le trafic avec la Nouvelle Espagne, c’est cette branche du trafic qui est touchée en 1632.
29Les départs en direction des îles sont également réduits à très peu de chose, soit cinq navires, 1 630 toneladas sur le total desquels il faudrait défalquer les deux gros galions de Barlovent. Au total, ce sont trois navires, 430 toneladas, commercialement sûrs qui restent à peine.
30La quasi-totalité du trafic de 1632 s’effectue donc, avec la Terre Ferme, dans la proportion de plus de 80 %. La déroute du trafic en direction de la Nouvelle Espagne ne sera-t-elle pas une des composantes majeures du cycle 1632-1641 ? Il suffit de rappeler les pourcentages du trafic en direction de la Nouvelle Espagne, des îles, de la Terre Ferme, des directions multiples et indéterminées. Ils s’élèvent, respectivement, sur le mouvement unitaire et en tonnage, de 1632 à 1641, à 26,5 % et 30,7 %, 11 et 9,8 %, 37,5 et 46,8 %, 25 et 12,7 %.
3. Xénophobie
- 24 T.V. p. 210-212,.. p. 220-222.
311631 et 1632, enfin, nous placent, dans l’espace de l’Atlantique de Séville, en présence d’une extraordinaire poussée de xénophobie — la correspondance de la Casa de la Contratación s’en fait l’écho24.
32Fort curieusement, au moment où la Carrera, bon gré mal gré, est contrainte de combattre aux côtés des Portugais pour la défense du Brésil contre les Hollandais, la xénophobie hispano-américaine apparaît à composante majeure antiportugaise. Elle est violente, en Terre Ferme et aux îles, là où les Portugais apparaissent les plus nombreux.
33Comment l’expliquer ? Sans doute, en raison d’un brutal accroissement de la densité de la présence portugaise aux îles et en Terre Ferme. L’attaque hollandaise et la conquête méthodique du Brésil auront accru le rythme de la poussée quasi structurelle, facilitée par l’Union des deux Couronnes, des Portugais, mieux, des Luso ou Judéo-Brésiliens en direction de la Terre Ferme voisine, véritable terre de refuge relais.
34L’attaque hollandaise, en augmentant les surfaces de friction et les pressions hispano-portugaises, aura, sans conteste, précipité le processus de désintégration de l’éphémère empire ibérique.
- 25 Cf. t. VI1, table 184, p. 388-391.
35L’irritation anti portugaise peut être d’autant plus grande, d’ailleurs, que la Carrera se trouve, quoi qu’elle en ait, contrainte à combattre et à souffrir pour la défense de l’espace plus strictement portugais25.
36Enfin et surtout, cette poussée se produit à cet endroit et à ce moment, parce qu’en période de conjoncture basse, partant, en période de tensions sociales et d’intolérance.
4. Le mercure
- 26 Cf. t. V, p. 216.
- 27 Cf. t. V, p. 204.
37Le seul élément discordant est fourni par la forte poussée des exportations de mercure à la hauteur de 163226. La contradiction n’est qu’apparente, en raison de l’effondrement des exportations dans la période27 antérieure, d’une part. En raison du caractère même du trafic du mercure, d’autre part. La reprise du mercure de 1632 n’affecte pas l’immédiat mais un avenir plus ou moins proche. On peut, si on veut, porter cette remontée du mercure au chapitre des signes et des causes lointaines de la reprise cyclique de la seconde fluctuation primaire du cycle.
HYPOTHÈSES
38Le maintien tout au long de 1632 d’une conjoncture très basse ne présente aucune difficulté particulière. L’événement est lié, au premier chef, en effet, à l’existence en 1631 d’un goulot des Retours. La Casa en est pleinement consciente, l’inhibition dont est frappée en 1632 la Carrera procède, au premier chef, d’une panne des Retours, donc d’une panne dans l’arrivée des capitaux disponibles et plus encore d’une panne psychologique de la confiance.
39D’autant plus facilement que rien n’est venu en contrebattre les effets. Tout l’environnement économique conduit à la dépression.
1. Prix-argent et prix-andalous28
- 28 Cf. ci-dessus, p. 1663,.. 1683-1681.
- 29 E.J. Hamilton, 1501-1650, op. cit., p. 215-216 et 403 ; cf. t. VI1, table 164, p. 363 ; t. VII, p. (...)
- 30 E. J. Hamilton, 1501-1650, op. cit., p. 96-97.
40On a dit ce qu’il fallait penser de la courte poussée des prix qui se situe à contrecourant au début de la fluctuation décennale du trafic. Que ce soit sur les prix nominaux ou sur les prix-argent29 elle est indissociable de la retombée de l’inflation30. En soi, elle ne peut donc être considérée comme un facteur d’expansion, mais comme la séquelle des perturbations d’un retour à l’équilibre.
- 31 Cf. t. VI1, table 164, col. IV, p. 363 ; t. VII, p. 52-53.
41Une distinction, d’ailleurs, s’impose, entre les prix-argent globaux et la série clef pour nous des indices andalous. L’apparente anomalie positive des prix-argent — 111,34 %, 104,14 %, 102,48 % et 105,35 %, en 1629, 1630, 1631 et 1632 — est à peu près uniquement imputable au décalage des séries non andalouses par rapport à la seule série vraiment motrice, celle d’Andalousie31.
- 32 E. J. Hamilton, 1501-1650, op. cit., p. 96-97.
42En 1629, par exemple, l’indice andalou [99,88]32 est à plus de 13 points en dessous de l’indice nouveau-castillan (112,99), à plus de 17 points de l’indice de Vieille Castille/Léon (117,06) et à plus de 8 points encore de l’indice Valencien (108,12). En 1630, l’écart un peu plus faible restait encore considérable, indice 99,79 pour l’Andalousie, mais indice 109,69, 106,64, 106,78 pour les séries géographiques voisines. En 1631, avec l’indice 96,17 pour l’Andalousie, 105,23, 110,13, 107,11, respectivement, ailleurs, la situation est sensiblement identique. En 1632, 1633, 1634, l’écart demeure, sensiblement dans les mêmes conditions, de 10 à 15 points environ.
43Cette distorsion entre l’Andalousie et le reste de l’Espagne doit être retenue pour interpréter correctement la conjoncture de ces années du creux. L’environnement conjoncturel du trafic en 1631 et 1632 reste, donc, très médiocre.
- 33 Cf. t. VI1, table 164, p. 363 ; t. VII, p. 52-53.
- 34 E. J. Hamilton, 1501-1650, op. cit., p. 215-216.
- 35 Cf. ci-dessous, p. 1722-1723,.. 1732.
44Toutefois, dans le cadre de cette extrême médiocrité semi-décennale, on aura noté, entre 1631 et 1632, un décrochement positif sensible sur l’ensemble des séries des prix-argent, puisque l’écart des indices vrais à la moyenne33 passe de 102,48 % à 105,35 %. Plus probant encore, l’écart des indices nominaux andalous de 96,17 à 100,6034. Facteur faiblement positif dans le cadre d’un marasme certain. Il ne peut avoir d’effet, de toute manière — selon les schémas que nous avons toujours proposés — avant 1633. Ce sera, alors, un élément explicatif capital35. Pour le moment, rien ne dément l’environnement négatif de cette période demi-décennale de contraction tendancielle et conjoncturelle.
2. Main-d’œuvre
- 36 E.J. Hamilton, 1501-1650, op. cit., p. 278-279.
45La situation est exactement identique sur les séries du coût relatif de la main-d’œuvre36. On peut difficilement attribuer, en effet, une action immédiate au très léger ensellement que l’on note sur les positions relatives de 110,89 % en 1631, à 107,79 % en 1632.
46Donc, rien de décisif qui puisse modifier, même en nuance, avant 1633, la lourde atmosphère de marasme du creux frontière des deux cycles.
II. — 1633 : L’ANNÉE DES RÉCUPÉRATIONS PARTIELLES
47Cette atmosphère de marasme se prolonge au-delà du terme le plus apparent du creux des années catastrophiques de 1631 et de 1632. La reprise de 1633 n’est pas niable, pourtant, mais elle est due, en partie, à des circonstances extérieures et fortuites, elle ne modifie pas, en substance, l’atmosphère de lourd pessimisme de ces années. 1633 est bien au sommet d’une fluctuation courte de trois ans. Le découpage annuel du mouvement global n’en doit pas moins être retenu comme tel, d’abord, du moins, comme point de départ indispensable.
LA LEÇON DES CHIFFRES
48Par rapport à 1632 et, a fortiori, à 1631, il y a progrès sur toute la ligne, un progrès équilibré entre les Allers et les Retours.
1. Équilibre Allers et Retours
- 37 Cf. t. VI1, table 159, p. 356 ; t. VII, p. 52-53.
49Un premier signe de santé, de santé très relative, bien sûr, à l’intérieur d’un marasme certain de moyenne et de longue durée, nous est fourni par le rapport des Retours et des Allers, dans le cadre du découpage annuel37. C’est depuis 1629, voire même, dans une certaine mesure, depuis 1625-1626, le premier rapport normal. 67 navires et 18 396 toneladas, à l’Aller, d’un côté, contre 50 navires, 14 020 toneladas au Retour, de l’autre, soit un rapport du tonnage des Retours au total de 43,26 % (la moyenne des Retours aux Allers et retours de 1632 à 1641 est de 43,4 %, de 43,6 % de 1623 à 1631).
50Le rapport des tonnages unitaires, 280,4 toneladas au Retour, 274,5 toneladas à l’Aller, donne lui aussi une indication qui crée une présomption de retour à la normale. Ces tonnages moyens sont, en effet, très proches des tonnages unitaires moyens de la fluctuation 1632-1637, soit 279,1 toneladas pour les Allers, 293,5 toneladas pour les Retours. Le tonnage unitaire un peu faible et l’écart minime des tonnages unitaires des Allers et des Retours, le tout un peu en dessous des moyennes de la fluctuation et bien plus encore du cycle témoignent d’une certaine tension de la demande du négoce par rapport à un armement délabré par une longue période de désinvestissement.
2. Allers
- 38 Cf. t. VI, table 164, p. 363 ; t. VII, p. 52-53.
511633 efface le creux de 1631-1632 et aligne, pratiquement, le mouvement sur la moyenne de 1630, soit une année presque normale du cycle précédent. De 45 à 67 navires, de 13 300 toneladas (15 295 tonneaux) à 17 396 toneladas (21 156,4 tonneaux), le progrès est respectivement de 40 % et 38 %. Le tonnage unitaire reste étonnamment stable, 283,6 toneladas en 1631, 297,7 toneladas en 1632 et 274,5 toneladas en 1633, malgré une légère tendance au fléchissement, qui ira en se précisant, au cours de la seconde fluctuation primaire du cycle de 1635 à 1638 (tonnage unitaire moyen de 245,9 toneladas). Cet insensible glissement du tonnage unitaire exprime les graves difficultés auxquelles se heurte un armement de plus en plus profondément désorganisé par le double impact de la décroissance et de la guerre. Par rapport à la moyenne, le redressement est sensible de 87,79 % à 103,4338.
52Le progrès est réel puisqu’il subsiste même par rapport au terme de référence moins contestable de 1631, soit 61 navires et 17 300 toneladas, avec des écarts de près de 10 %, sur le mouvement unitaire et de près de 6,4 % en tonnage.
53Le trafic, au départ de 1633 est, à la différence de ce qui s’est produit en 1632, un trafic normal, composé suivant le schéma, depuis vingt ans, à nouveau, traditionnel : une armada de l'averia, deux flottes. La comparaison avec 1631 prend, donc, de ce fait, un poids tout particulier. Les pourcentages des décrochements positifs sont faibles, 10 % et 6,4 %, ils n’en prennent [as moins une importance exceptionnelle, dans la mesure où il s’agit de trafics de structure, précisément, exactement identique.
54Une certaine présomption favorable est donnée par le rapport des Allers de 1633 aux Retours de 1632. Pour modeste que soit le niveau des départs de 1633 (67 navires, 18 396 toneladas), il n’en dépasse pas moins de près de 40 % le niveau des Retours de 1632 (49 navires, 13 390 toneladas) et plus encore, la moyenne vraiment très basse des Retours de 1631 et 1632, soit 33,5 unités et 7 770 toneladas.
3. Retours
- 39 Cf. t. V, p. 242.
55Cette anomalie négative des Retours sur deux ans explique la confirmation d’une reprise en 1633, comme en témoignent l’abondance et la variété des morceaux de convois39 qui rentrent à Cádiz et à San Lúcar, à partir du 13 juillet 1633. De 1632 à 1633, l’accroissement est très faible, de 49 navires à 50 navires, de 13 390 toneladas à 14 020 toneladas, de 15 398,5 tonneaux à 16 123 tonneaux, 2 % et 4,5 %.
- 40 Cf. t. VI1, table 164, p. 363 ; t. VII, p. 52-53.
56Aucun changement vraiment perceptible dans le tonnage unitaire, de 273,27 toneladas à 280,4 toneladas. Par rapport à la moyenne, on passe de 101,4 % à 108,1 %40. En fait, 1633, étroitement solidaire sous cet angle de 1632, participe à un vaste mouvement de récupération, après l’anomalie négative en grande partie accidentelle de 1631.
4. Allers et retours
- 41 Cf. ci-dessus, p. 1707-1708 et p. 1709.
- 42 Cf. t. VI1, table 164, p. 363 ; t. VII, p. 52-53.
57Ce synchronisme explique le résultat auquel on parvient sur les globaux Allers et retours. De 94 unités à 117 unités, de 25 690 toneladas, 30 693,5 tonneaux, à 32 416 toneladas, 37 275,4 tonneaux, la marche en avant est de 24,4 % et 26 % ; par rapport au creux, il est vrai, en partie accidentel de 163141, elle est d’un ordre très supérieur, de 48 % et de 66 %. Voilà qui constitue la forte amplitude d’une fluctuation bien dessinée, dont la pointe 32 416 toneladas est beaucoup plus proche du sommet du cycle, les 37 810 toneladas de 1636 que du creux initial de 1631, c’est-à-dire 19 450 toneladas, voire même les 25 690 toneladas de 1632. Quant au tonnage unitaire, après l’énorme décrochement étudié à son heure de 1628-1630 à 1631, il varie peu : des 343,9 toneladas de 1630, on est passé aux 246,2 toneladas et 273,3 toneladas de 1631, 1632, puis aux 277 toneladas de 1633. Par rapport au trend42, on est passé de 59,22 % et 83,43 % à 105,47 %.
58On est donc bien en présence d’une pointe du mouvement volumétrique avec 105,47 % contre les 59,22 %, 83,43 % et 86,35 % de 1631, 1632 et 1634. La médiocrité de l’expansion relative de 1633 est prouvée par un plan de comparaison avec 1635, 1636, 1637 et 1639 qui, toutes, surclassent 1633, avec des coefficients à la moyenne de 116,32 %, 137,80 %, 116,31 % et 111,44 %.
59Expansion relative, donc, certaine, mais expansion médiocre, si on tient compte des facteurs de récupération qui ont joué, nécessairement, en faveur de 1633. On est donc bien en présence d’un petit élément positif au milieu d’une longue période de contraction tendancielle et cyclique.
LES CONFIRMATIONS PARALLÈLES
60Ce jugement se trouve pleinement corroboré par toute une série d’éléments annexes.
1. Les valeurs
- 43 Cf. t. VI1, table 219-220, 222 et 227, p. 467, 469 et 473.
61Tout d’abord, par les indications, il est vrai, fugitives, critiquables et frac mentaires que l’on a pu réunir sur les valeurs43.
- 44 Cf. t. VI1, table 222, p. 469.
62Autant que l’on puisse faire fond sur une série comme celle du maravedí al millar44 — c’est possible, selon toute vraisemblance, les comparaisons que l’on a pu faire, ailleurs, avec l'avería, sur des périodes plus riches le prouvent, mais à condition de se borner à des périodes courtes et à des ordres relatifs de grandeur — il semble que la poussée quantitative de 1633 ne soit pas suivie d’une montée comparable des valeurs.
- 45 Cf. t. VI1, table 223, p. 469.
63Le maravedí al millar45 reste, quand même, une série médiocre. On ne possède, à partir de 1629, que des données sur Séville, or Cádiz brasse, incontestablement, en raison de sa position géographique, une quantité relativement toujours plus importante. En ces temps de grosses perturbations et d’impact politico-militaire marqué, on a tout lieu de supposer de grosses et rapides modifications dans les marges d’appréciation. En fait, l'ad valorem est de plus en plus perturbé, de plus en plus fictif.
64Si on replace les 436,6 millions de maravedís supposés du maravedí al millar de Séville dans la série tronquée du mouvement, on constatera que comparé aux années qui viennent, de 1633 à 1643, le niveau est à peine moyen(2) ; comparé, par contre, aux années qui précèdent, avant 1630, surtout, le niveau est très médiocre. Cette chute des valeurs, sur une longue période, est un aspect de graves modifications qui affectent la tendance au mouvement qualitativement et quantitativement.
- 46 Cf. ci-dessous, p. 1718 et t. VI1, table 184, p. 388-391.
65Mais c’est à court terme, surtout, entre 1631 et 1633, que la comparaison est utile et valable. En volume, 1633 surclasse de six unités et 1 096 toneladas le niveau de 1631, la structure du trafic très proche est plus favorable encore en 1633 qu’elle ne l’est en 1631. Il y a, on le verra, entre 1633 et 1631, un gros écart46 sur l’axe des navires marchands de Séville. Il en résulte, a priori, une forte présomption en faveur de 1633. N’avons-nous pas retenu, d’ailleurs, 1631 comme centre du creux cyclique et 1633 comme sommet de la fluctuation secondaire sur laquelle s’ouvre le cycle ?
66Or, contrairement à toute attente, le chiffre présumé des valeurs de 1633 est inférieur à 1631 de l’ordre de 20 %. Même compte tenu d’une rapide désorganisation des moyens de l'ad valorem, la marge est suffisante pour ne pas prêter à l’équivoque. Il y aura eu, assez vraisemblablement, fléchissement des valeurs, même par rapport au terme combien médiocre de 1631. Voilà qui montre le caractère très relatif de la pointe secondaire d’expansion de 1633.
67Dans l’ensemble, en effet, les caractères négatifs l’emportent sur les éléments favorables.
2. La ventilation du trafic au départ47 et l’équilibre géographique Nouvelle Espagne-Terre Ferme
- 47 Cf. t. VI1, table 184, p. 388-391.
- 48 Cf. ci-dessu ?, p. 1716-1717 et t. VI1, table 222, p. 469
68C’est là, sans doute, qu’on trouvera le seul élément favorable, le seul que l’on puisse invoquer en faveur de l’année. Tout dépend, évidemment, du terme de référence choisi. Par rapport à 1632, le progrès est énorme. Par rapport à 1631, il est beaucoup plus douteux, contredit, d’ailleurs, par la série approchée et supplétive des valeurs48.
69Par rapport à 1631, la marge du progrès est faible, pour les secteurs-clefs : marchands de Séville, de 33 unités à 40 unités, de 8 300 toneladas à 9 901 toneladas, soit de l’ordre de 20 %, moindre encore pour la masse Séville-Cádiz, de 39 unités, 10 800 toneladas à 46 unités, 12 381 toneladas, de 15 % seulement. Par rapport au creux de 1632, il y a plus que quadruplement, par contre, pour les seuls marchands de Séville, soit un progrès de 450 %, d-13 unités à 40 unités, de 1 920 toneladas à 9 901 toneladas, avec retour à la normale du tonnage unitaire, de 147,7 toneladas à 247,5 toneladas. Le ressaut est plus clair encore, si, comme il le faut, on incorpore au calcul les navires marchands de Cádiz. Le point de départ est le même (13 navires.. 1 920 toneladas) mais le point d’arrivée, différent (46 unités, 12 381 tone ladas), le bond en avant en tonnage est, ici, de 625 % environ.
70Une fois de plus, tout dépend de l’ordre des termes de référence que l’on aura choisi. Par rapport au cycle précédent, le niveau des navires marchand ? de 1633 n’est que très moyen ; par rapport au cycle lui-même, il vient immédiatement en seconde position, après 1640. Cette ambiguïté formelle illustre la ligne rapide de décroissance de ces années.
- 49 Cf. t. V, p. 230.
- 50 Cf. t. V, p. 232.
71Tout ceci corrobore bien le caractère nuancé du jugement que l’on peut porter sur 1633. De toute manière, ces résultats sont obtenus grâce à la réémergence de départs de structure normale, soit l'Armada de la Guardia49, une petite flotte de Terre Ferme et une flotte de Nouvelle Espagne50.
- 51 Cf. t. VI1, table 167, p. 366 ; t. VII, p. 66-67.
72Il en résulte un remarquable équilibre, au départ51 qu’on n’avait pas atteint depuis longtemps entre la Nouvelle Espagne et la Terre Ferme qui arrivent pratiquement à égalité, 21 navires, 8 006 toneladas pour la Nouvelle Espagne, 28 navires, 8 260 toneladas, d’autre part, pour la Terre Ferme. Cette structure est particulièrement intéressante. Elle se rattache, sauf sur un point, la proportion désormais très basse des îles, plus à une structure ancienne, qu’aux structures nouvelles du trafic.
73Mais il est vrai que cet apparent archaïsme est essentiellement le contrecoup de l’anomalie négative de 1632.
3. Les limites d’une impossible expansion
- 52 Cf. ci-dessus, p. 1709-1710.
74Le comportement relativement brillant du trafic en 1633, résulte donc, pour l’essentiel, de causes extérieures et quelque peu fortuites. C’est d’abord, on a vu comment, l’échec des flottes de 163252, qui est responsable, en partie, du gonflement, au vrai, très relatif de 1633. Il en va de même du nœud très relatif, aussi, des Retours, qui est dû, pour le meilleur, au niveau artificiellement bas des Retours de 1631 et 1632.
75Ces considérations réduisent, déjà, considérablement la portée de l’expansion médiocre de 1633, puisqu’elle est, en partie, le fruit d’éléments extérieurs. Mais, en partie seulement. On touche, une fois de plus, à un schéma qu’on a déjà utilisé plus d’une fois. Un niveau élevé qui suit un creux partiellement extra-économique et accidentel, ne peut être intégralement porté à l’actif de ce qu’il est convenu d’appeler, faute de mieux, la conjoncture économique... et, pourtant, il serait à peu près aussi dangereux de n’en tenir aucun compte dans l’appréciation de la conjoncture. Le fait que le nœud réussisse, en effet, à se frayer un chemin, suppose, quand même, une conjoncture favorable, une conjoncture économique, au moins, pas trop hostile...
- 53 Si on voulait tenter une sorte de notation relative chiffrée des positions en conjoncture des trois (...)
- 54 Cf. ci-dessus, note 2, p. 1719.
76C’est ainsi, très exactement, que nous proposerons d’interpréter la situation de 1633. Pas plus que nous n’avons tiré totalement argument des niveaux très bas du mouvement, en 1631 et 1632, pour en déduire des arguments négatifs, quant à la conjoncture économique des années 1631 et 1632, nous ne tirerons totalement argument des niveaux de 1633 pour porter des jugements favorables mais sommaires sur la conjoncture de l’année53 Il peut être dangereux de traduire ces rapports par des notions chiffrées. On pourrait tenter un système d’indices de conjoncture54 qui, compte tenu de tout ce qui vient d’être dit, exprimerait la pression de la conjoncture économique dans un système limite, valable pour trois ans, seulement, par les indices 23 pour 1631, 22 pour 1632 et 29 pour 1633. L’hypothèse étayée sur des éléments un peu minces est, pourtant, très plausible.
77Mais l’expansion relative de 1633 n’en est pas moins très relative, puisqu’elle se place dans le cadre chronologique d’une extrême contraction. Il ne faut donc point s’étonner, si tous les indices que l’on pourra relever n’en seront pas moins des indices de contraction.
- 55 Cf. t. V, p. 230 et 232. Cf. ci-dessous, p. 1958-1978.
- 56 Cf. ci-dessus, p. 1712.
78a. Le mercure. — Les exportations de mercure55 sont de tous les éléments qu’on peut espérer réunir, celui, peut-être, qu’il est moins aisé de classer dans une catégorie ou dans une autre. En effet, par rapport au niveau très élevé de 1632, 7 000 quintales, il y a recul, 5 086 quintales, mais le niveau reste fort. D’autre part, on peut invoquer, en faveur de 1633, un effet cumulatif qui ne jouait pas pour 1632. En 163256, au contraire, le niveau des exportations de mercure bénéficiait d’un effet de compensation après une longue anomalie négative. Mais le mercure n’est pas un élément conjoncturellement immédiatement et facilement utilisable. Certes, il traduit, dans une mesure non négligeable, une propension à l’optimisme face à l’avenir, plus d’ailleurs, une traite sur une reprise à venir qu’une reprise elle-même. Plus sûrement, encore, il est un élément majeur dans le complexe causal des expansions cycliques futures. Toutefois, le rapport des chiffres bruts de l’exportation du mercure en 1633 et en 1632 oblige, quand même, à une certaine prudence, dans l’interprétation du volume du mercure en conjoncture. Plutôt qu’un élément favorable, on le considérera comme un élément neutre, ou plus exactement, comme un élément qui traduit assez bien le tonus global de l’année, c’est-à-dire, celui d’une expansion très relative. Sensible, par rapport, seulement, à l’extrême contraction d’un ensemble demi-décennal.
79Tout le reste, par contre, peut être porté, sans hésitation, au lourd passif de l’année.
- 57 Cf. t. V, p. 236.
- 58 Cf. t. V, p. 230, 234, 242.
80b. Les craintes. — Les craintes qui pèsent sur les communications entre l’Europe et l’Amérique s’expriment57 avec une vigueur exceptionnelle à travers la correspondance de la Casa de la Contratación, d’une manière presque plus irréfutable, encore, par la densité véritablement peu commune des navires avisos58 Même si le repérage des avisos n’est pas toujours commode et sûr, la manière dont le Livre de Registres en fait en 1633 l’impressionnant décompte est extraordinairement parlant.
81Cette atmosphère de craintes, d’imprécises menaces, est un élément négatif, pour l’essentiel. Et pourtant, lui non plus n’est pas d’une interprétation parfaitement simple. En effet, si la crainte de l’ennemi n’est ni totalement objective ni totalement subjective. Objective, elle est conjoncturellement un élément positif, puisqu’elle valorise le niveau du trafic qui a été réalisé, quand même, malgré le frein qu’elle a constitué. Subjective, elle est, au contraire, un élément négatif, car elle n’est alors qu’un prétexte ou qu’une modalité d’une rétraction de l’esprit d’entreprise.
82Il est difficile de classer délibérément la vague de crainte de 1633 dans une catégorie plutôt que dans l’autre. En fait, elle participe aux deux, alternativement. Mais étant donné que rien ne permet d’affirmer un accroissement tellement substantiel du danger, alors que l’angoisse semble s’accroître — l’importance des précautions prises suffirait à le prouver — on peut considérer le facteur comme essentiellement négatif, en tant que réactif de la conjoncture économique.
83a. Les goulots de la médiocre croissance. — Il est toute une série de facteurs qu’on classera, pour finir, dans cette dernière catégorie, des réactifs sûrs d’une conjoncture défaillante.
- 59 Cf. t. V, p. 236.
- 60 Cf. t. V, p. 237.
- 61 Cf. t. V, p. 230-233.
- 62 Cf. t. V, p. 232-233.
- 63 Cf. ci-dessus, p. 1716-1717 ; t. V p. 237.
84Toute une série d’éléments, le manque de marins59, le manque de fret ou plutôt les difficultés techniques à l’acheminement du fret60 toutes les difficultés qui ralentissent le départ du premier convoi, celui de la Terre Ferme61 et plus encore celui de Nouvelle Espagne62 Tous ces syndromes qui accompagnaient, à l’ordinaire, en période longue d’expansion, les années de surcharge du trafic, nous les retrouvons ici. Mais les interpréter comme on le faisait au cours des bonnes années du xvie siècle serait dangereux. Il suffit pour s’en convaincre de les rapprocher de niveaux-volume et plus encore, peut-être, de niveaux-valeur63 dérisoires. Ces syndromes montrent tout simplement de combien s’est abaissé le seuil physique du niveau maximum du trafic, puisqu’on voit apparaître, à un niveau véritablement anormal, des symptômes qui prouvent, sans conteste, que le matériel de la Carrera s’approche du maximum physique de ses possibilités d’utilisation.
- 64 Cf. t. V, p. 230.
85Dernier élément de conjoncture médiocre, le conflit qui a opposé, à la fin de 1632 surtout et au début de 1633, les négociants de Séville à leurs vieux ennemis, les almojarifes64. On sait que l'almojarifazgo attaque toujours en période de conjoncture basse, quand la matière fiscale a tendance à se dérober, malencontreusement, d’ailleurs, puisqu’il est vital, alors, pour le négoce, plus encore qu’en période de conjoncture haute, de ne pas céder et que, bien sûr, il ne cède pas. Sous cet angle, on peut affirmer que la courbe en crochet du trafic Aller, l’extrême dénivellement qui existe entre les Allers de 1632 et ceux de 1633, est, en grande partie, certes, commandé par des raisons militaires, donc, extra-conjoncturelles, mais il n’en dépend pas moins, également, de raisons médiatement conjoncturelles. Le conflit avec l'almojarifazgo, entendez les tensions internes avec les organes du fisc, est un signe de conjoncture basse. Ce conflit a contribué au ratage des convois de 1632, donc au survoltage artificiel de 1633, donc aux difficultés causées par une moins bonne répartition du trafic dans le temps. Cette analyse sommaire ne rend compte, évidemment, qu’en partie, de l’extrême complexité de phénomènes intimement noués.
- 65 Cf. t. VI1, table 611, p. 871.
86On trouvera deux autres éléments, encore. La longueur des temps d’arrêt des convois à Cádiz est facteur, là aussi, d’une conjoncture difficile. De même, le haut niveau des pertes65, (8,61 %) qui prouve combien l’utilisation, au maximum, du matériel de la Carrera, comme y contraint une série de circonstances, combien l’utilisation d’un matériel défectueux devient coûteuse.
HYPOTHÈSES
87On ne rencontrera, une fois de plus, aucune difficulté particulière à raccorder cette situation au contexte de l’histoire économique de la péninsule ibérique.
- 66 Cf. ci-dessus, p. 1712-1713.
- 67 Cf. t. VL, table 164, p. 363.
- 68 Cf. ci-dessus, p. 1712-1713.
- 69 E. J. Hamilton, 1501-1650, op. cit., p. 215-216.
- 70 Ibid., p. 278-279.
88Tout d’abord, le marasme persistant. Il suffit de renvoyer aux explications qu’on a données, pour expliquer la conjoncture de 163266 Entre 1632 et 1633, aucun élément important n’a suffisamment changé pour qu’on en puisse attendre des modifications capitales sur le trafic. 1633 appartient tant sur les indices les plus généraux des prix-argent67 compte tenu de nos précédentes mises en garde68, que sur les indices des prix nominaux des prix andalous69 à une zone déprimée entre deux points hauts. Aucune modification sensible, non plus, sur les indices du coût relatif de la main-d’œuvre70 Les conditions du marasme demeurent, donc, ce qu’elles ont été, en gros, dans les années précédentes.
- 71 Cf. ci-dessus, p. 1713.
- 72 E. J. Hamilton, 1501-1650, op. cit., p. 215-216.
- 73 Ibid., p. 278-279.
89Tout au plus, peut-on supposer que se sont répercutés, sur le trafic en 1633, deux incidents très secondaires des courbes des prix de 163271, avec le décalage d’un an qui est normal, en pareil cas, et entre bien dans le cadre du schéma que nous avons proposé, soit une poussée légère des indices des prix nominaux andalous en 1632 (de l’indice 96,17 à l’indice 100,60), conservée, pour l’essentiel, en 163372 : les indices 100,60 et 99,88 de 1632 et 1633, en effet, sont étroitement solidaires, ils se détachent vigoureusement, par contre, des indices encadrants de 1631 et de 1634 (96,17 et 96,10). On peut faire le même raisonnement pour le coût relatif de la main-d’œuvre73 où les facilités de 1632 (107,74 %) auront eu une action favorable en 1633.
III. — 1634 : RÉAFFIRMATION DE LA DIFFICULTÉ
90On a vu combien minces étaient les signes de la reprise en 1633, mais pour minimes qu’ils fussent, ils n’en étaient pas moins. 1633 constituait le sommet d’une fluctuation courte, dont 1634 et 1635 forment le terme. Les éléments d’une amélioration sans lendemain disparaissent en 1634 et apparaît seule, clairement, la solidarité du mouvement avec les premières années de la fluctuation, entendez la ligne de marasme qui court de 1631 à 1635.
LA LEÇON DES CHIFFRES
91Elle est claire, cette ligne de marasme et rien, par ailleurs, ne vient la démentir ; elle marque un recul considérable par rapport à un point de départ combien médiocre, pourtant, on l’a vu.
1. Allers
- 74 Cf. t. VI1, table 132, p. 330, table 142, p. 340, table 164, p. 353 ; t. VII, p. 46-47, 50-51, 52-5 (...)
- 75 Cf. t. VI1, table 152, p. 349 et table 163, p. 363.
92Sur les Allers, le tassement est faible et pourtant, significatif. Parce qu’il s’agit d’un trafic, au départ, de structure exactement identique à celui de 1633, formé d’une Armada de la Guardia et de deux petites flottes. Voilà qui signifie clairement que même la médiocre position de 1633 était trop ambitieuse pour pouvoir être maintenue. On passe, en effet, de 67 à 65 unités74 de 18 396 toneladas à 17 714 toneladas, 21156,4 tonneaux à 20 368,8 tonneaux, soit un repli respectif de 3 % et 3,7 %. La variation du tonnage unitaire est tellement faible qu’on peut la négliger, de 274,5 toneladas à 272,5 toneladas. Cette égalité, malgré une tendance à la baisse au cours de la plus grande partie de la fluctuation75, dénote la parfaite identité des éléments constitutifs du trafic entre 1632 et 1633. Le tassement de 1633 à 1634 du mouvement Allers est faible mais suffisant, pour se poser, non seulement dans l’absolu mais également d’une manière relative par rapport à la tendance majeure rapide ment décroissante. Par rapport à cette dernière représentée par une moyenne mobile médiane de treize ans, le niveau en tonnage des Allers passe de 103,43 % à 100,78 %. La décroissance de 1633 à 1634 n’est pas une illusion. Elle s'affirme, quel que soit le terme de référence que l’on choisisse.
2. Les rapports Allers et Retours
- 76 Cf. t. VI1, table 159, p. 336 ; t. VII, p. 52-53.
93La proportion des Retours aux Allers et retours76 se modifie radicalement de 1633 à 1634, puisqu’elle passe du rapport de 43,26 % très proche de la moyenne — la moyenne des Retours aux Allers et retours est, rappelons-le, de 43,4 % au cours du cycle 1632-1641 — à un rapport nettement inférieur presque une anomalie négative, 30,95 %, soit 22 navires, 8 110 toneladas, 9 326,5 tonneaux, aux Retours, contre 65 [navires, 17 714 toneladas, 20 368,8 tonneaux à l’Aller. Ce n’est pourtant pas ce rapport qui compte pour apprécier la position de l’année 1634, en conjoncture, mais bien plutôt le rapport des Retours de 1633 aux Allers de 163-1. L’écart Allers-Retours est faible, calculé de cette manière — les Retours représentent 44,2 % du total et le dépassement des Allers n’est plus que de 3 694 toneladas, un peu plus de 25 % du montant des Retours de 1633. Le dépassement des Allers de 1633 par rapport aux Retours de 1632 était beaucoup plus considérable, 5 006 toneladas, près de 40 % des Retours de 1632.
94Dépassement des Retours de 40 % en 1633, de 25 % seulement en 1634. Voilà un élément très important qui déclasse, en conjoncture, 1634 par rapport à 1633.
3. Retours
95Le reflux est, ici, extrêmement considérable. L’anomalie négative de 163-1, avec tout ce qu’elle implique, pour le niveau des départs de 1635 est imputable, pour l’essentiel, à la guerre, soit directement, soit indirectement.
- 77 Cf. t. V, p. 260.
- 78 Cf. t. VI2, table 611, p. 871.
96Directement — pas de difficultés, ce sont les navires qui sont pris avant d’arriver à Cádiz — mais, indirectement, plus sûrement encore. Sans la guerre et ses servitudes le départ tardif de la Havane en date du 8 septembre n’aurait pas eu lieu77 Ce sont les besoins de la défense qui ont imposé ce départ qui dépasse de dix-neuf jours le terme très sage du 20 août, prévu par la législation du temps de paix. La tempête qui détruit tout et démantèle tout est à porter, moins à l’actif du risque de mer qu’elle ne l’est du risque de guerre. Les lourdes pertes de l’année 1634 — on ne peut affirmer qu’elles sont toutes exactement computées78 — et dont les conséquences sont considérables sur la conjoncture des années qui viennent, constituent, donc, le tribut que la Carrera doit payer à l’effort supplémentaire et aux conditions de moins bonne utilisation que la guerre lui impose.
- 79 Cf. t. VI1, table 135, p. 333, table 122, p. 340.
- 80 Cf. t. VI1, tables 603, 607 et 611, p. 863, 867, 871.
97Il résulte de cette extrême tension, un accident négatif considérable du trafic Retour, défini par quelques chiffres79 : on passe de 1633 à 1634 de 50 à 22 unités, soit un repli de 56 %, de 14 020 à 8 110 toneladas, de 16 123 à 9 326,5 tonneaux, soit un repli de 42 %. On notera un accroissement considérable du tonnage unitaire, de 273,27 toneladas et 280,4 toneladas en 1632 et 1633 à 368,6 toneladas en 1634. Il faut entendre cette grosse anomalie positive, selon toute vraisemblance, de la manière suivante, comme le résultat de l’impact de la guerre. Les conditions d’insécurité — textes et statistiques montrent qu’elles sont sensibles, surtout au Retour80 — auront conduit la Carrera à ne plus laisser filtrer dans le sens fragile des Retours que de très gros navires. C’est dans ce sens qu’il faut interpréter, selon toute vraisemblance, et le gonflement du tonnage unitaire des Retours (tonnage unitaire moyen des Retours, 293,5 toneladas de 1632 à 1634, 324,4 toneladas de 1635 à 1638, 337,2 toneladas de 1639 à 1641) et l’accroissement de l’écart des tonnages unitaires de la première à la seconde fluctuation, 279,1 toneladas à l’Aller et 293,5 toneladas au Retour de 1632 à 1634, 245,9 toneladas à l’Aller et 324,4 toneladas au Retour de 1635 à 1638.
- 81 Cf. t. VI1, table 164, p. 363.
98Par rapport à la moyenne81 on sera sensible, par contre, à l’ampleur du décrochement de l’anomalie négative de 1634 ; par rapport à la moyenne, on passe, en effet, de 108,1 % à 66,62 %.
4. Allers et retours
- 82 Cf. t. VI1, tables 138,142, p. 336 et 340.
99Il résulte de cette concordance des deux versants du mouvement un creux considérable sur les globaux Allers et retours82 de 117 navires à 87 navires, de 32 416 toneladas à 25 822 toneladas, de 37 275,4 tonneaux à 29 495,3 tonneaux, soit un reflux de 25,6 % et 23,3 %. L’accroissement du tonnage unitaire est dû aux Retours, de 273,3 toneladas, 277 toneladas en 1632, 1633 à 296,8 toneladas, en 1634.
- 83 Cf. t. VI1, table 155, p. 352 et table 164, p. 363.
100En chiffres absolus, le creux est, à peu de choses près, du même ordre que celui de 1632. Par rapport au trend, par contre, en raison de la plongée rapide des moyennes, l’écart (pourcentage des chiffres vrais à la moyenne, 86,35 %) est inférieur à celui de 1632, 83,43 %83 Par rapport à 1633, l’articulation entre la première et la seconde fluctuation primaire est, de tout manière, vigoureusement marquée, soit 86,35 % contre les 105,47 %, de 1633, les 116,32 %, 137,80 % et 116,31 de 1635, 1636 et 1637.
LES CONFIRMATIONS PARALLÈLES
101La première esquisse d’une analyse sommaire des chiffres globaux non-a conduits à la conviction d’une année 1634, au terme bientôt d’une longue période de marasme cyclique, dissipant les signes timides de reprise limitée, ou de moindre marasme de 1633.
102Le premier test est fourni par une approche grossière des valeurs.
1. Les Valeurs
- 84 Cf. t. VI1. table. 222. p. 469
- 85 Cf. t. VI1. table. 227, p. 473
103On aura recours, pour l’essentiel, une fois encore, au maravedí al millar84, malgré l’avería85. La série de l'avería, plus sûre que le maravedí al millar, de toute manière plus complète et plus enveloppante, est trop fragmentaire, à partir de cette date, pour permettre les indispensables comparaisons internes, à l’intérieur du cycle, les seules qui soient valables sur les séries valeur. Elles est utile, pourtant, dans la mesure où elle permet de recouper la série maravedí al millar et prouve, dans quelles limites très étroites, on peut raisonnablement faire fond solidement sur elle.
- 86 En niveau relatif à la moyenne, c’est moins douteux, encore, 91,33 % en 1631, 100,79% en 1634 (cf. (...)
- 87 Cf. t. V. p. 252-253.
104Particulièrement utile, la comparaison entre 1634 et 1631 (la seule possible sur la série avaría, en raison de la lacune à la hauteur des années 1632 et 1633). En volume, à l’Aller, identité totale, 61 navires en 1631, 65 navires en 1634, 17 300 toneladas, d’une part, 17 714 tonelalas d’autre part. Structure identique, de part et d’autre, avec, s’il le fallait vraiment, une légère présomption, peut-être, en faveur de 163486. En valeurs, par contre, on est passé de 808,2 millions en 1631 (valeur présumée, simple terminus ante quem) à 488,76 millions en 1634. La détérioration qualitative serait presque de l’ordre de 50 % si nous ne savions, par ailleurs, combien les bases-mêmes de la fiscalité se sont désagrégée87. L’indication, toutefois, est trop forte pour ne pas laisser place à une très forte présomption d'objective dégradation qualitative.
- 88 Cf. t. VI1, table 222. p. 469.
105Cette présomption est renforcée par les données de la série du maravedí al millar 88 non pas qu’elles soient meilleures ou plus sûres, bien au contraire, mais parce que les mailles plus denses, pour le moment, offrent des possibilités de comparaisons sur des espaces plus courts, donc des comparaisons plus sûres.
- 89 Cf. t. VI1, table 132, p. 330.
- 90 Cf. t. VI1, table 183, p. 388-389 ; t. VII, p. 52-53.
106La position de 1634 sur la série du maravedí al millar perçu à Séville doit être retenue, elle offre avec 1633 et 1635, les rapports suivants, 354,8 millions, d’une part, pour 1634 contre 436,6 millions en 1633, 503,3 millions en 1635. Il suffit de mettre en regard, non seulement les globaux en volume89, mais les volumes de la série des navires marchands de Séville90. On sera, alors, parfaitement édifié. En effet, les volumes, loin de dessiner un creux entre deux points hauts, 1635 dépassant très largement non seulement 1634 mais encore 1633, constituent une pente uniformément et lentement descendante. Sur les globaux Allers, 67,65 navires et 63 navires, 18 396 toneladas, 17 714 tonaladas et 15 700 toneladas. La pente est beaucoup plus rapide, pour les navires marchands de Séville, 40 navires, 37 navires et 25 navires, 9 901 toneladas, 7 924 toneladas et 5 070 toneladas. Le creux qualitatif de 1634 est, de ce fait, parfaitement défini. En effet, si on peut le contester par rapport à 1633, il est évident par rapport à 1635.
- 91 Cf. ci-dessus, p. 1712-1713.
107Même par rapport à 1633, malgré la déclivité des volumes, malgré la décomposition rapide supposée des bases de l'ad valorem, il est possible qu’il y ait eu recul qualitatif. De toute manière, la possibilité d’une amélioration qualitative est formellement exclue. Le choix reste seul entre un palier après une distorsion profonde qui n’est plus à dire et dont on a vu les modalités91 et une accentuation plus vraisemblable du processus de détérioration qualitative des marchandises officiellement exportées. Toutes les précautions critiques que l’on pourrait évoquer pour atténuer la portée du recul en valeur de 1634 par rapport à 1633 — il faut bien le faire — tendent, au contraire, à accroître l’amplitude de l’écart qualitatif entre 1634 et 1635. La réduction considérable des volumes de 1634 à 1635, l’accélération supposée, dans ce sens, de la décomposition des bases de l’ad valorem, tous ces facteurs invitent à considérer comme un minimum, l’écart 354,8 millions/505,3 millions qui est celui, nous l’avons vu, qui sépare, sur la série valeur, les années 1634 et 1635.
108A l’exception d’un seul facteur, tous les éléments que l’on pourra relever autour des événements de 1634, sont, sous l’angle de la conjoncture économique, des éléments négatifs.
2. Le mercure
- 92 Cf. ci-dessus, p. 1720... 1712,...
- 93 Cf. t. V, p. 248 et 250.
109Le seul élément positif est constitué par les exportations de mercure. Il y a non seulement maintien sur un niveau élevé92, mais reprise et consolidation93 du niveau des exportations de mercure, soit 4 415 quintales et 1 422 quintales. Ce fort niveau des exportations de mercure au cours de ces trois années du plateau déprimé de la première fluctuation ne saurait avoir d’influence dans l’immédiat. Il prépare, par contre, l’expansion cyclique qu’il faut faire commencer peu de temps après, entre 1635 et 1636. On peut donc, une fois de plus, tout en le retenant pour un proche avenir, éliminer le niveau élevé des exportations de mercure de la série des facteurs positifs.
3. Les facteurs longs de désagrégation
110Tous les autres facteurs, que l’on pourra invoquer pour expliquer l’année, sont des facteurs négatifs. Parmi ceux-ci, il importe de le rappeler, tout d’abord, certains ne se rapportent pas seulement à 1634, mais à l’ensemble déprimé de la demi-décade 1631-1635.
111Si on se place au double point de vue de la vitesse de rotation des convois — il serait peut-être plus exact de dire le rapport des temps de navigation aux temps d’arrêt dans les ports — et de l’âge du stock des navires, il est clair que la situation des années qui encadrent 1634 et, dans l’ensemble, la situation de la demi-décade 1631-1635 est la plus mauvaise de toute l’histoire de la Carrera. Nous sommes, certainement, au point précis de la désagrégation maximale du système. Au-delà, la Carrière des Indes se reconstitue sur un plan beaucoup plus modeste, mais qui se suffit à lui-même. Si on osait risquer une hypothèse partiellement contrôlée, on situerait 1634 au point où la vieille Carrera, ce qui reste de la Carrera dominante du xvie siècle, a atteint son point maximal de désagrégation et au moment où les structures d’une autre Carrera, la Carrera étriquée du xviie siècle, ne sont pas encore tout à fait en place.
112a. Vitesse. — Durée de la navigation, en raison, surtout de l’énormité des attentes à Cádiz, au départ, des attentes à la Havane, au retour. Jamais la navigation en convois, jamais donc, la vitesse de rotation des convois n’a été aussi lente. Jamais l’utilisation du capital navire n’a été aussi défectueuse, aussi incomplète, malgré la pénurie relative de navires dont on a signalé, plusieurs fois, l’existence. Cette mauvaise utilisation, avec tout ce qu’elle implique d’accroissement de charges, de difficultés supplémentaires, est la conséquence de la guerre et de la conjoncture économique. Non sans que la guerre n’intervînt, bien sûr, à son tour, en tant que composante de la conjoncture déprimée de ces années déplorables.
- 94 Cf. t. VI1, table 18, p. 178-181 ; t. VIII, p. 24-25.
- 95 Cf. t. VI1, table 19, p. 178.
113Lenteur des rotations sur l’axe San Lúcar/la Vera Cruz94, la moyenne, 152 jours, de la demi-décade 1631-1635 est, de toutes les moyennes possibles, la plus longue, soit 167 % de la moyenne séculaire. Elle se détache vigoureusement entre les 101 jours et les 77 jours des demi-décades encadrantes de 1626-1630 et de 1636-1640. L’origine de l’anomalie apparaîtra facilement dans une comparaison avec les séries analogues du parcours de Cádiz à la Vera Cruz95. L’anomalie positive des temps est imputable à l’extension cancéreuse des temps d’arrêt à Cádiz.
- 96 Cf. t. VI1, tables 20-21, p. 182.
114La situation est exactement identique à l’Aller, sur l’axe San Lúcar, Cádiz/Nombre de Dios, Puerto Belo96. La cause est la même que dans le cas des convois de Nouvelle Espagne : l’énormité des temps d’arrêt à Cádiz, 69 jours, 3/4 d’un côté, 138 jours de l’autre, soit un écart pratiquement du simple an double. Le franchissement de la barre de San Lúcar, le complément de chargement des cargaisons à Cádiz, nécessitent exactement autant de temps (68 jours 1/4 contre 69 jours 3/4) que le voyage aux Indes, arrêts aux Antilles compris. Cette distorsion est extraordinairement intéressante. Il n’est pas peu symptomatique, en effet, qu’elle passe par un maximum, au cours de ces années.
- 97 Cf. t. VI1, table 87, p. 256.
- 98 Cf. t. VI1, table 127, p. 316.
115Au Retour, l’anomalie positive des temps de traversée est beaucoup moins considérable, mais elle demeure. De la Vera Cruz à San Lúcar97, par exemple, le temps moyen des Retours est de 140 jours, contre 105,5 jours, de 1636 à 1640, 82,5 jours de 1646 à 1650 et une moyenne séculaire de 128,5 jours. Il en va exactement de même pour les liaisons entre l’isthme et la péninsule ibérique98. L’anomalie positive des temps de traversée n’est pas plus que tout à l’heure, la plus importante. Elle reste, toutefois, très fortement marquée, 149 jours de 1631 à 1635 contre 103,5 jours et 130 jours de 1621 à 1625 et 1626 à 1630, 142 jours et 121 jours de 1641 à 1645 et de 1646 à 1650 d’une part et une moyenne séculaire de 130,6 jours, d’autre part.
- 99 Cf. t. VI1, tables 14 à 17, p. 170-177.
116b. Age des navires. — Parmi les facteurs qui entrent dans le complexe causal de cette lenteur, on pourra faire intervenir, très loin derrière l’allongement démesuré des temps de chargement et de déchargement et des temps d’arrêt dans les ports intermédiaires — exact reflet d’une conjoncture économique basse et de la guerre — l’extrême vétusté des navires99. Mais cette extrême vétusté est, elle-même, au premier chef, le fait d’une conjoncture longtemps déprimée. C’est bien sous cet angle qu’elle nous intéresse, ici.
- 100 Cf. t. VII, p. 46-47.
117Au terme de la première fluctuation déprimée du cycle 1632-1641, on se trouve à la cassure du total épuisement du vieux matériel. Du matériel naval des anciennes splendeurs, il ne restera, bientôt, virtuellement plus rien. D’où la possibilité d’une nouvelle reprise de la marche en avant du tonnage unitaire après le décrochement de 1630-1631100. C’est entre 1631 et 1635, que se situe l’anomalie positive maximale de l’âge des navires, soit, pour le stock global, un âge moyen présumable de neuf ans et neuf mois, contre 8 ans et 5 mois et 8 ans et 7 mois en 1626-1630 et 1636-1640, les demi-décades encadrantes.
- 101 Cf. t. VI1, table 17, p. 176-177.
118Au-delà donc, de 1635, la situation commence à se renverser. La disparition rapide du plus vieux stock entraîne un rajeunissement progressif du matériel101. 1634 est, avec 1635, au moment, à l’instant même de ce grand retournement.
119Mais toute une série d’autres facteurs plus précis permettent d’apprécier la position médiocre de 1634.
4. L’équilibre des départs
- 102 Cf. t. VI1, table 184, p. 388-391 ; t. VII, p. 72-73.
120Examinée uniquement sous l’angle de la ventilation des navires à l’intérieur du complexe102, la situation de 1634 apparaît nettement en retrait par rapport à 1633.
121Ce retrait se définit aisément par un recul de près de 2 000 et 3 000 toneladas respectivement sur l’axe des navires marchands de Séville et sur l’ensemble des navires marchands de Séville et Cádiz : pour Séville, de 40 à 37 navires, de 9 901 à 7 924 toneladas, pour Cádiz, de 6 à 3 navires, de 2 480 à 1 550 toneladas, et au total pour l’ensemble le plus important, un reflux de 46 navires à 40 navires, de 12 381 toneladas à 9 474 toneladas.
- 103 Cf. ci-dessus, p. 1726-1727.
122Cet important recul est, en partie, masqué sur les globaux, par les effets contrariants des séries secondaires, armada et négriers. L’amplitude de recul est mieux donnée par les seules séries marchandes. Elle est corroborée par les séries valeur, on l’a vu103, du maravedí al millar.
5. L’équilibre des espaces104
- 104 Cf. t. VI1, table 167, p. 366.
- 105 Cf. t. V, p. 250-251.
- 106 Cf. t. V, p. 256, note 1.
- 107 Cf. t. V, p. 248.
123L’équilibre des espaces fournit un corollaire à l’équilibre au sein des éléments fondamentaux du complexe portuaire. Les deux aspects vont de pair. On aura noté, par exemple, l’extrême faiblesse des flottes, la flotte de Nouvelle Espagne. 21 navires, 5 980 toneladas, au total, desservent l’ensemble des ports de la Nouvelle Espagne, une partie seulement, appartient au corps d’une flotte de Nouvelle Espagne réduite105 et dont le départ n’est pas allé sans mal et sans quelque retard106. On aura noté plus encore la faiblesse de la flotte de Terre Ferme107 Elle est pratiquement inexistante et ne se distingue pour ainsi dire pas de l'Armada de la Guardia. Au total, si on retranche des départs vers la Terre Ferme (21 navires, 7 934 toneladas), le volume de l'Armada de la Guardia de Don Antonio de Oquendo, 11 navires, 5 880 toneladas, on note qu’il ne reste plus pour la flotte et les sueltos qu’une marge insignifiante. Voilà qui corrobore pleinement le sentiment d’extrême faiblesse qu’on avait en se reportant à la série du maravedí al millar, pour une approche des valeurs et à la ventilation en volume des grandes masses du trafic à l’intérieur du complexe portuaire.
6. Signes multiples de la crise
- 108 Cf. t. V, p. 252-253, note 1.
124Si on va plus avant, encore, on n’aura plus, bientôt que l’embarras du choix. Il suffit de suivre le récit des événements de l’année, à travers la correspondance de la Casa de la Contratación. C’est, tout d’abord, l’extrême désorganisation de l'averia108, comme le prouve l’accroissement ininterrompu du taux d’un ad valorem fictif.
125L’accroissement du taux constitue, ici, le simple aveu d’une grande impuissance. Cette impuissance est soulignée, au premier chef, par la différence avouée entre les besoins de la défense et le niveau militaire réellement fourni par l'armada. Pas plus en 1634 que quatre, cinq ou sept ans plut tôt, la nécessité d’un niveau d’au moins vingt galions n’est contestée. Malgré l’accroissement démentiel de l’ad valorem et la contribution directe du Roi, ce besoin certain, prudemment évalué, n’est couvert qu’à 50 % — dix galions, sous le commandement de Don Antonio de Oquendo.
- 109 Cf. t. V, p. 252-256, note 1.
- 110 Cf. t. V, p. 255, note 1.
126On évoquera, également, l’extrême lenteur des préparatifs et les contretemps en chaîne qui les marquent109. Les lenteurs de l'armada se répercutent, naturellement, sur l’ensemble du mouvement. On évoquera, encore, l’extrême tension qui oppose Séville à Cádiz. Séville paralysée par le manque de fret et la pléthore de ses navires médiocres110 s’en prend à Cádiz, dont la relative prospérité lui paraît injurieuse.
- 111 Cf. t. V, p. 255-256, note 1.
127Enfin, fait proprement inouï, on assiste — tant est aiguë la pénurie de fret à Séville — à une véritable quête du fret par les convois, selon les modalités décrites, ailleurs111, mais dont on chercherait, en vain, antérieurement, l’exact équivalent dans l’histoire de la Carrière des Indes.
128On peut difficilement imaginer, dans ces conditions, un ensemble plus parfaitement concordant d’éléments spécifiques d’une conjoncture basse.
HYPOTHÈSES
- 112 Cf. ci-dessus p. 1540-1561,.. 1579-1583,.. 1652-1657,.. 1693-1701.
129La crise n’a pas à être replacée et justifiée. 1634 participe à une série manifestement catastrophique. Il suffit de se reporter à ce qui en aura été dit déjà à plusieurs reprises112. Le seul élément qui nous manque encore et que l’on s’efforcera de comprendre, sinon d’expliquer, du moins, de situer, ce sera, tout au plus, la très nette aggravation que l’on constate incontestablement à la hauteur de 1634.
- 113 Cf. t. VI1, table 164, p. 363.
- 114 E. J. Hamilton, 1501-1650, op. cit., p. 403.
- 115 Cf. t. VI1, table 164, p. 363, col. IV.
- 116 E. J. Hamilton, 1501-1650, op. cit., p. 215-216.
130Sur ce point, aucune difficulté. Tout au contraire. Il y a fléchissement des prix-argent globaux pour toute l’Espagne113. Depuis l’indice 139,77 de 1532114 on s’achemine rapidement vers le point bas relatif de 1635 (indice 126,81), par l’intermédiaire de l’indice 128,43 en 1634. L’anomalie relative se creuse de 105,35 % en 1632, à 99,70 % en 1633, 96,76 % en 1634, et 96,28 % en 1635115. Sur les indices des prix nominaux116 l’indication est aussi bien marquée — 1634 est au centre de la dépression des prix andalous, de l’indice 100,60 en 1632, à l’indice 99,84 en 1633 et 96,10 en 1634. Les prix nouveaux castillans répondent moins bien à très court terme, du moins (indices 111,43 en 1632, 104,71 en 1633, 107,39 en 1634, 100,52 en 1635). La série vieille castillane répond parfaitement, par contre, indices 110,13 en 1631, 108,10 en 1632, 102,92 en 1633, 99,84 en 1634.
- 117 Ibid., p. 96-97.
131L’inflation continue à sourdre lentement117, mais sans flambée comparable à celle qui culmine en 1626. Quant au coût relatif de la main-d’œuvre, la difficulté se précise, de 111,11 % à 113,43 % d’une année sur l’autre.
132On peut difficilement brosser, par conséquent, un tableau plus sombre que celui en conjoncture de l’année 1634. Au-delà de ce cap doublé des difficultés maximales, la situation se nuance et la crise débouche sur un temps de détente.
Notes
1 Cf. ci-dessus, p. 1573-1582,.. 1653-1654.
2 Cf. t. VI1, table 159, p. 356 ; t. VII, p. 52-53.
3 Cf. t. VI1, tables 132, 135, 138 et 142, p. 330, 333, 336, 340.
4 Cf. t. VI1, table 159, p. 356 ; t. VII, p. 52-53.
5 Cf. ci-dessus, p. 1644-1646.
6 Particulièrement lisible du premier coup d’œil sur le graphique Déficit des Retours, t. VII, p. 52-53, en haut.
7 Cf. ci-dessus, p. 1674,.. 1679-1681.
8 Particulièrement visible sur le graphique Tonnage moyen d’un navire, cf. t. VII, p. 46-47
9 Cf. t. VI1, table 152, p. 349.
10 Cf. t. VI1, table 164, p. 363 ; t. VII, p. 52-53.
11 Cf. ci-dessus, p. 1674-1675.
12 Cf. t. V, p. 224.
13 Cf. ci-desssus, p. 1665-1666,.. 1675-1677.
14 Cf. t. VI1, table 155, p. 352 ; t. VII, p. 50-51.
15 Cf. t. VI1, table 129, p. 327 et table 142, p. 3 10.
16 Cf. ci-dessus, p. 1707,.. 1657,.. 1666,.. 1677.
17 Cf. t. VI1, table 163, p. 363.
18 Cf. t. VI1, table 183, p. 388-391 ; t. VII, p. 72-73.
19 Cf. t. V, p. 216.
20 Cf. t. V, p. 221.
21 Cf. ci-dessus, p. 1706-1707.
22 Cf. ci-dessus, p. 1679-1681.
23 Cf. t. VI1, table 164, p. 363 ; t. VII, p. 52-53.
24 T.V. p. 210-212,.. p. 220-222.
25 Cf. t. VI1, table 184, p. 388-391.
26 Cf. t. V, p. 216.
27 Cf. t. V, p. 204.
28 Cf. ci-dessus, p. 1663,.. 1683-1681.
29 E.J. Hamilton, 1501-1650, op. cit., p. 215-216 et 403 ; cf. t. VI1, table 164, p. 363 ; t. VII, p. 52-53.
30 E. J. Hamilton, 1501-1650, op. cit., p. 96-97.
31 Cf. t. VI1, table 164, col. IV, p. 363 ; t. VII, p. 52-53.
32 E. J. Hamilton, 1501-1650, op. cit., p. 96-97.
33 Cf. t. VI1, table 164, p. 363 ; t. VII, p. 52-53.
34 E. J. Hamilton, 1501-1650, op. cit., p. 215-216.
35 Cf. ci-dessous, p. 1722-1723,.. 1732.
36 E.J. Hamilton, 1501-1650, op. cit., p. 278-279.
37 Cf. t. VI1, table 159, p. 356 ; t. VII, p. 52-53.
38 Cf. t. VI, table 164, p. 363 ; t. VII, p. 52-53.
39 Cf. t. V, p. 242.
40 Cf. t. VI1, table 164, p. 363 ; t. VII, p. 52-53.
41 Cf. ci-dessus, p. 1707-1708 et p. 1709.
42 Cf. t. VI1, table 164, p. 363 ; t. VII, p. 52-53.
43 Cf. t. VI1, table 219-220, 222 et 227, p. 467, 469 et 473.
44 Cf. t. VI1, table 222, p. 469.
45 Cf. t. VI1, table 223, p. 469.
46 Cf. ci-dessous, p. 1718 et t. VI1, table 184, p. 388-391.
47 Cf. t. VI1, table 184, p. 388-391.
48 Cf. ci-dessu ?, p. 1716-1717 et t. VI1, table 222, p. 469
49 Cf. t. V, p. 230.
50 Cf. t. V, p. 232.
51 Cf. t. VI1, table 167, p. 366 ; t. VII, p. 66-67.
52 Cf. ci-dessus, p. 1709-1710.
53 Si on voulait tenter une sorte de notation relative chiffrée des positions en conjoncture des trois années 1631, 1633, 1634, on pourrait proposer le calcul suivant. Substituer, comme nous l’avons déjà fait, aux chiffres vrais de 1631 et 1632, une moyenne sur deux ans, comparer ensuite les chiffres vrais de 1633, tempérés de 1632 et 1633 à la moyenne sur trois ans, soit, 22 570 toneladas pour 1631 et 1632 et 32 416 toneladas pour 1633 à 25 885,3 toneladas moyenne de la période.., réduire ensuite les écarts de 50 %. On retranche 3 282 toneladas à ce chiffre vrai de 1633, on ajoute 1 641 toneladas aux chiffres pondérés de 1631 et 1632 et on a les résultats suivants : 22 411 toneladas pour 1631 et 1632, 29 134 toneladas pour 1633, face à une moyenne locale de 25 885 toneladas,
54 Cf. ci-dessus, note 2, p. 1719.
55 Cf. t. V, p. 230 et 232. Cf. ci-dessous, p. 1958-1978.
56 Cf. ci-dessus, p. 1712.
57 Cf. t. V, p. 236.
58 Cf. t. V, p. 230, 234, 242.
59 Cf. t. V, p. 236.
60 Cf. t. V, p. 237.
61 Cf. t. V, p. 230-233.
62 Cf. t. V, p. 232-233.
63 Cf. ci-dessus, p. 1716-1717 ; t. V p. 237.
64 Cf. t. V, p. 230.
65 Cf. t. VI1, table 611, p. 871.
66 Cf. ci-dessus, p. 1712-1713.
67 Cf. t. VL, table 164, p. 363.
68 Cf. ci-dessus, p. 1712-1713.
69 E. J. Hamilton, 1501-1650, op. cit., p. 215-216.
70 Ibid., p. 278-279.
71 Cf. ci-dessus, p. 1713.
72 E. J. Hamilton, 1501-1650, op. cit., p. 215-216.
73 Ibid., p. 278-279.
74 Cf. t. VI1, table 132, p. 330, table 142, p. 340, table 164, p. 353 ; t. VII, p. 46-47, 50-51, 52-53.
75 Cf. t. VI1, table 152, p. 349 et table 163, p. 363.
76 Cf. t. VI1, table 159, p. 336 ; t. VII, p. 52-53.
77 Cf. t. V, p. 260.
78 Cf. t. VI2, table 611, p. 871.
79 Cf. t. VI1, table 135, p. 333, table 122, p. 340.
80 Cf. t. VI1, tables 603, 607 et 611, p. 863, 867, 871.
81 Cf. t. VI1, table 164, p. 363.
82 Cf. t. VI1, tables 138,142, p. 336 et 340.
83 Cf. t. VI1, table 155, p. 352 et table 164, p. 363.
84 Cf. t. VI1. table. 222. p. 469
85 Cf. t. VI1. table. 227, p. 473
86 En niveau relatif à la moyenne, c’est moins douteux, encore, 91,33 % en 1631, 100,79% en 1634 (cf. t. VI1, table 164, p.36, col. V ; t. VII, p.52-53).
87 Cf. t. V. p. 252-253.
88 Cf. t. VI1, table 222. p. 469.
89 Cf. t. VI1, table 132, p. 330.
90 Cf. t. VI1, table 183, p. 388-389 ; t. VII, p. 52-53.
91 Cf. ci-dessus, p. 1712-1713.
92 Cf. ci-dessus, p. 1720... 1712,...
93 Cf. t. V, p. 248 et 250.
94 Cf. t. VI1, table 18, p. 178-181 ; t. VIII, p. 24-25.
95 Cf. t. VI1, table 19, p. 178.
96 Cf. t. VI1, tables 20-21, p. 182.
97 Cf. t. VI1, table 87, p. 256.
98 Cf. t. VI1, table 127, p. 316.
99 Cf. t. VI1, tables 14 à 17, p. 170-177.
100 Cf. t. VII, p. 46-47.
101 Cf. t. VI1, table 17, p. 176-177.
102 Cf. t. VI1, table 184, p. 388-391 ; t. VII, p. 72-73.
103 Cf. ci-dessus, p. 1726-1727.
104 Cf. t. VI1, table 167, p. 366.
105 Cf. t. V, p. 250-251.
106 Cf. t. V, p. 256, note 1.
107 Cf. t. V, p. 248.
108 Cf. t. V, p. 252-253, note 1.
109 Cf. t. V, p. 252-256, note 1.
110 Cf. t. V, p. 255, note 1.
111 Cf. t. V, p. 255-256, note 1.
112 Cf. ci-dessus p. 1540-1561,.. 1579-1583,.. 1652-1657,.. 1693-1701.
113 Cf. t. VI1, table 164, p. 363.
114 E. J. Hamilton, 1501-1650, op. cit., p. 403.
115 Cf. t. VI1, table 164, p. 363, col. IV.
116 E. J. Hamilton, 1501-1650, op. cit., p. 215-216.
117 Ibid., p. 96-97.
© Éditions de l’IHEAL, 1959