1La résolution des problèmes généraux tels qu’ils ont été formulés plus haut et en particulier l’opposition entre une saison sèche et une saison pluvieuse, l’absence de dissymétrie systématique entre « côtes au vent » et côtes « sous le vent », la variabilité des pluies suivant l’altitude et la latitude, l’exaltation globale à la latitude de la Martinique, l’aggravation des abats en décembre et en janvier au fur et à mesure que l’on se rapproche des Guyanes, etc. passe là encore par la description détaillée. C’est ce que nous allons entreprendre avant l’étude dynamique, en envisageant l’allure des régimes pluviométriques et l’état mensuel des dissymétries.

LES REGIMES PLUVIOMETRIQUES DANS LEUR REPARTITION REGIONALE

I. — LES CONTRASTES PLUVIOMETRIQUES ENTRE MOIS EXTREMES

2Nous avons mis en évidence les écarts par station comme nous avions indiqué les écarts généraux, en établissant le rapport du total mensuel le plus arrosé au total mensuel le plus indigent.

3Dans le groupe d’îles situées au Nord de la Guadeloupe, il tombe tout au plus 4 fois plus d’eau en mois humide qu’en mois sec. Qu’elles soient relativement peu pluvieuses (Charlotte-Amalie, Cruz Bay, Alex. Hamilton Field, Anna’s Hope, Saint Martin, Saint Barthélemy, Saba), qu’elles le soient normalement (Tortola, Saint Kitts : Basse-Terre, Nevis : Experiment Station, Montserrat : Botanic Garden et Trats Estate) ou qu’elles le soient beaucoup (Saint Katts : Old Road Mountain), les stations gardent des amplitudes identiques ou voisines. Au Sud de la Martinique celles de Sainte Lucie, Saint Vincent, Grenade et Tobago sont plus arrosées que la plupart des précédentes. Or l’amplitude y demeure de même valeur. A Tobago, toutefois, on note l’écart le plus fort [7].

4En Guadeloupe, jamais les contrastes ne sont excessifs. On en trouve d’importants ; au Moule et à Vieux-Habitants il tombe 9 fois plus d’eau au cours du mois le plus arrosé qu’au cours du plus indigent. Des écarts appréciables se placent sur des stations pluvieuses, comme sur d’autres plus sèches. A l’opposé, de faibles contrastes recouvrent des stations de pluviosité variable. Saint Claude et Neufchâteau ont le plus petit écart [3] en même temps que les plus forts totaux ; cet écart reste celui de stations de pluviosité médiocre comme Port-Louis et Anse-Bertrand. Plus que l’exposition ou l’appartenance à l’île volcanique ou calcaire, c’est la position générale de la Guadeloupe en latitude qui semble interdire les amplitudes excessives.

5En Martinique, les contrastes de régimes restent modestes. C’est dans le massif montagneux qu’avec les plus forts totaux sont obtenus les plus faibles d’entre eux.

6A la Barbade, aucun écart n’est inférieur à 5, aucun supérieur à 8. Cette homogénéité s’accorde avec l’absence de contrastes dans le relief. A Trinidad, la situation est à peu près identique.

7De la latitude de Porto Rico à celle du Venezuela, c’est la même disposition. L’essentiel des écarts vrais est compris entre 4 et 8, ce qui indique une grande homogénéité et établit un bon accord avec une pluviosité générale appréciable. Certes, ce lien n’est pas sans restriction. Sur les Vierges, dont nous savons Passez faible pluviosité, se maintiennent de faibles écarts. Mais il n’en demeure pas moins que les Grandes Antilles, dans les parties les moins pluvieuses, sont de beaucoup les plus hétérogènes, principalement à Hispaniola, par les écarts saisonniers vrais parfois excessifs qu’on y relève. A se reporter à la physionomie des stations on doit donc admettre que les Petites Antilles ont des régimes infiniment plus égaux que les îles du Nord. Si ceci s’accompagne d’une tendance à l’aggravation de la pluviosité générale, il faut dire aussi que les amplitudes sont faibles en montagne. La Martinique en offre l’exemple le plus achevé. Le rôle du relief est d’aggraver les chutes d’eau en même temps que de les répartir équitablement d’un mois sur l’autre. Ainsi, l’effet de latitude se trouve-t-il renforcé aux Petites Antilles volcaniques par celui des masses montagneuses pour y donner une disposition saisonnière relativement peu contrastée.

II. — LA REPARTITION DES REGIMES A L’INTERIEUR DES ILES

8C’est entre Porto Rico et la Guadeloupe (figure 197) que se situe le passage du style pluviométrique des Grandes aux Petites Antilles. Avec les Vièques et Culebra, Tortola, Saint Croix, Saint Thomas, Saint John et Saint Martin appartiennent encore au régime de l’archipel septentrional. D’une façon plus précise, ces îles (Vièques mise à part) correspondent aux conditions des façades septentrionales des îles du Nord. Si on y trouve un premier maximum en mai, une dépression constante en juin-juillet, et une recrudescence d’août à novembre, décembre et janvier y restent relativement pluvieux. A Charlotte-Amalie, décembre et janvier sont aussi arrosés que juin. Il en est de même à Philipsbourg (partie hollandaise de Saint Martin). Décembre est plus pluvieux que juin à Anna’s Hope, autant que juin et davantage que juillet dans la partie française de Saint Martin. A partir de Saint Barthélemy le style change. C’est donc entre Saint Martin et Saint Barthélemy que se place la fin des régimes pluviométriques des Grandes Antilles.

9A Saint Barthélemy, Saba, Saint Eustache, Saint Kitts et Montserrat, mai, bien que restant plus arrosé que février, mars et avril, cesse de constituer un premier maximum très apparent. Ce mois s’aligne désormais sur juin ou n’est plus qu’un palier dans la marche ascendante des pluies. C’est en juillet-août que celles-ci progressent le plus. Nous assistons donc, avec le groupe d’îles situées au Nord de la Guadeloupe, à la disparition du maximum de mai et de la dépression de juin-juillet-août. La saison des pluies se contracte et peut ne donner qu’un maximum unique. Un aspect hérité du style septentrional des Grandes Antilles se maintient toutefois par delà les Vierges et Saint Martin : décembre et janvier constituent toujours le prolongement estompé des pluies d’automne et restent une période de transition plutôt qu’un « moment » de la saison sèche.

10En Guadeloupe (figure 198)1, en ce qui concerne la saison des pluies nous avons été amené plus haut à nous prononcer : massivité, décalage des plus forts abats vers la fin de l’année, diversité des familles de régimes. Toutefois, nous avons noté à ce. propos que des stations voisines offrent la même physionomie. Ce sont ces groupements locaux sur lesquels nous allons insister.

11Dans un premier groupe (Marie-Thérèse, Duval et Blanchet, auxquels Lubeth peut être adjoint), on constate la tendance au maximum unique avec implantation au N.-E. de la Grande-Terre, face aux vents de l’Atlantique. De leur côté, Boyvinière, Saint François et Sainte Anne, groupés géographiquement au Sud de cette île, se trouvent réunis par un double paroxysme d’été. Les deux maxima se signalent aussi dans les stations voisines, de Pigeon-Vieux-Habitants et Saint-Claude-Neufchâteau. La proximité de Sainte Rose et du Lamentin explique l’identité d’un style estival à trois pointes.

12Tous ces faits sont significatifs. Le canevas général, gonflement tardif et massivité des pluies de l’hivernage, étant acquis, des dispositions locales d’une certaine puissance interviennent. Elles suscitent finalement une complexité que nous ne trouvons pas aux Grandes Antilles. Il semble, sur celles-ci, que l’éclatement de mai, la dépression estivale et la transgression d’automne représentent un fait latitudinal tellement puissant que, quelle que soit la localisation, une certaine unité est maintenue. La modification des causes aux Petites Antilles, qui amène l’effacement relatif de l’éclatement de mai et de la dépression de l’hivernage donne plus de poids aux influences locales.

13Comment les choses se présentent-elles en décembre et en janvier ? Décembre reste d’une façon générale l’un des mois les plus pluvieux en dehors de l’hivernage en Guadeloupe. Il est le plus souvent plus humide que janvier et qu’avril, il est partout plus arrosé que février et mars. Dans un certain nombre de stations, il l’emporte encore sur mai. Par. ailleurs, Pigeon, Vieux-Habitants et Basse-Terre gardent en décembre des précipitations égales ou supérieures à 100 mm. Que ce mois reste très arrosé au pied occidental du plus haut relief de l’île est significatif de sa vocation pluviométrique. En janvier, on enregistre des hauteurs d’eau encore importantes mais un contraste apparaît en Basse-Terre. Il est net de Petit-Bourg et Mont-Lézard à Pigeon et Vieux-Habitants. La sécheresse de janvier, saisissante à Vieux-Habitants s’y poursuit jusqu’en mai. Moins marquée à Pigeon, elle y contraste jusque là avec les totaux des mois correspondants à Petit-Bourg et Mont-Lézard. L’impression est donc en Basse-Terre d’une forte dissymétrie hivernale qui exclut décembre. On a là quelque chose qui rappelle partiellement les Grandes Antilles. En Grande-Terre, une telle dissymétrie disparaît pratiquement. L’écrasement des reliefs va alors de pair avec l’homogénéité des abats, ce qui est particulièrement valable pour les deux mois qui nous préoccupent en ce moment.

14En Martinique (figure 199)2 la saison des pluies est massive et va de juin-juillet à novembre. Elle diffère selon les endroits par le profil de détail. Le regroupement local des courbes de régimes qui a pu être effectué en Guadeloupe apparaît toutefois plus malaisé ici.

15L’originalité réside dans les dispositions du carème. Partout décembre est en régression par rapport à octobre et novembre. Pourtant ce mois est presque toujours plus arrosé que janvier, février, mars, avril ou mai. C’est, comme en Guadeloupe, le moment le plus pluvieux de l’année en dehors des pluies d’hivernage. Janvier peut garder des précipitations appréciables, supérieures à celles de février, mars et par endroits, avril. On ne retrouve pas en Martinique en fonction de décembre et de janvier, la puissante dissymétrie hivernale des Grandes Antilles entre côtes « au vent » et côtes « sous le vent ». Cette dissymétrie existe, certes, sensible de part et d’autre de la Pelée et des Pitons, mais elle est plus imprécise au Sud de la baie de Fort-de-France. Décembre et janvier sont plus arrosés au Lorrain qu’au Précheur, à Fourniols qu’à Saint-Pierre, à Sainte Marie qu’au Carbet, au Vauclin qu’aux Anses d’Arlets. Dans ce dernier cas, toutefois, les reliefs séparant les stations sont moins hauts, ce qui fait que Saint Esprit, Petit-Bourg et Trois-Ilets n’entrent guère dans cette dissymétrie. Au total, même quand ils sont impliqués dans une dissymétrie, décembre et janvier ne sont jamais vraiment secs sous le vent des îles. C’est là la différence avec les Grandes Antilles.

16De la Dominique à Tobago, sur 7 stations impliquées (figure 197) il ressort que le double maximum estival est dessiné partout sauf à Botanic Gardens (Dominique). Le premier est 5 fois sur juillet, le second 5 fois sur novembre. Pour être en régression par rapport à octobre ou novembre, décembre n’en reste pas moins, là encore, fort pluvieux. Dans 6 stations, ce mois est nettement plus arrosé que janvier, février, mars, avril et mai. Ses totaux semblent aller en s’accentuant en direction de Grenade et de Tobago. Dans l’ensemble du groupe, janvier a des précipitations non négligeables. A la Dominique le mois l’emporte sur la période allant de février à mai. A Sainte Lucie, c’est le cas pour Marquis ; à Castries, janvier dépasse encore février, mars et avril mais non mai. A Saint Vincent (Botanic Garden), janvier se comporte comme à la Dominique. A la Grenade (Richmond Hill) et à Tobago (Botanic Station), janvier et mai ont des hauteurs d’eau comparables ; elles sont supérieures à celles de février, mars et avril.

17Dans ce groupe, faute d’un réseau de stations suffisamment dense, il n’est plus possible de faire une esquisse des dissymétries saisonnières. On est du moins capable d’y confirmer les grands traits dégagés plus haut : pluies d’hivernage de juin-juillet à novembre ; décembre encore très pluvieux ; janvier, mois de transition avec la saison sèche proprement dite.

18A la Barbade (figure 200), ce qui frappe, c’est l’homogénéité des régimes pluviométriques. Ceci va de pair avec celle des hauteurs annuelles. Abstraction faite d’une certaine exaltation des précipitations d’été au centre de l’île, c’est partout le même rythme, et à peu près partout les mois correspondants situés dans les mêmes tranches d’eau. Le parallélisme est remarquable entre Saint Joseph : District F police station et Saint James : Holetown police station ; entre Saint Philip : District C police station et Saint Michel : central police station. Ce qui implique que le comportement de décembre et de janvier, mois au demeurant pluvieux, reste le même sur les façades atlantiques et caraïbes. Ainsi l’abaissement général du relief fait-il disparaître ou du moins s’estomper la dissymétrie hivernale, si nette quand l’île est large et montagneuse (Grandes Antilles), et encore sensible quand le relief est très hardi (Basse-Terre et moitié Nord de la Martinique).

19A Trinidad (figure 201) les pluies vont de mai à novembre. Décembre reste très pluvieux ; janvier l’est encore. La pluviosité de décembre, qui semble aller en s’aggravant du Nord au Sud, est à souligner. Ce mois peut dépasser ceux de l’hivernage. Le fait est d’autant plus caractéristique que, sauf Mayaro, les stations sont à l’Ouest et au Sud de l’île, donc dotées de l’exposition la plus défavorable. En outre, malgré la mauvaise répartition des relevés, il est frappant de voir combien les régimes sont homogènes. Là comme à la Barbade, la régularité des conditions mensuelles est en accord avec celle des conditions annuelles. L’ensemble est à mettre sur le compte de la médiocrité des reliefs.

20Ce qui ressort de la disposition détaillée des régimes pluviométriques aux Petites Antilles, c’est l’absence de régions au style bien tranché, à l’inverse de ce qui se passait dans les îles septentrionales. L’arc oriental n’a, en particulier, plus ces inégalités pluviométriques systématiques de décembre et janvier qui présidaient aux distinctions régionales à Hispaniola par exemple. La forte pluviosité durant ces deux mois frais constitue même dans la Caraïbe orientale un facteur d’unité.

LES DISSYMETRIES PLUVIOMETRIQUES FONDAMENTALES DANS LEURS DISPOSITIONS MENSUELLES (tableaux : 44 et 45)

21Nous reprendrons, comme aux Grandes Antilles, les stations qui furent comparées à travers leur pluviosité moyenne annuelle. Dans cette comparaison, les rapports de dissymétrie étaient calculés après correction d’altitude tenant compte des gradients pluviométriques. Comme l’implication des gradients pluviométriques mensuels ne ferait qu’augmenter les chances d’erreurs, nous avons travaillé ici sur les totaux vrais. D’ailleurs, comparer les stations avec leur pluviosité réelle, et de ce fait leurs altitudes non corrigées, reste fructueux. Ce qu’il importe, en effet, c’est de voir comment varient ces rapports mensuels. L’étude a été faite en Guadeloupe entre Pigeon et Petit-Bourg, Vieux-Habitants et Neufchâteau, Basse-Terre et Marquisat et en Martinique entre le Précheur et Basse-Pointe, Le Carbet et Le Lorrain, Les Anses d’Arlets et le Vauclin. Les rapports de dissymétries mensuelles ont été calculés d’après les documents de G. Campan3 et d’après nos propres séries4. Bien que nous devions nous préoccuper moins des valeurs absolues des dissymétries que de leurs variations, il faut souligner que Le Lorrain, Le Carbet, Le Vauclin et Les Anses d’Arlets ont des altitudes proches du niveau de la mer. Leur analyse permet ainsi un rapprochement avec les stations similaires des Grandes Antilles.

22En Martinique, de part et d’autre du massif des Pitons, la dissymétrie la plus forte se situe en décembre, au bénéfice de l’Est. A ce moment, Le Lorrain reçoit, tout au plus, un peu moins de 5 fois le total du Carbet. Or, nous sommes loin des contrastes de Puerto-Plata et Barahona pour janvier, février et décembre et de ceux de janvier entre Port-Antonio et Kingston. Certes, en Guadeloupe, à la latitude de Vieux-Habitants, les rapports de dissymétrie sont très forts. Il faut toutefois être prudent, non seulement parce qu’il n’y a pas ici de relevés à altitudes comparables mais aussi parce que les totaux de la station caraïbe sont basés sur un nombre d’années restreint. Du Lorrain au Sud du Carbet, les oppositions seraient certainement plus fortes qu’il n’est indiqué ci-dessus. Quoi qu’il en soit, il semble bien que la confrontation des dissymétries reflète les différences majeures de conditions géographiques entre Grandes et Petites Antilles (largeur des îles, puissance des reliefs) et aussi des différences dans les processus pluviométriques. Ceci dit, que nous enseigne l’évolution mensuelle de leurs valeurs ?

23Ce qui frappe tout d’abord, c’est l’existence de dissymétries inverses (et à tout le moins d’égalisations pluviométriques). Il faut faire tout de suite une distinction entre celle de période sèche de Pigeon-Petit-Bourg et celles d’été (Pigeon-Petit-Bourg en juillet ; Basse-Terre et Marquisat en juin et octobre ; Le Vauclin et Les Anses d’Arlets en juillet). La dissymétrie hivernale, aberrante par rapport à tout ce que nous avons vu, n’a aucune signification générale. Ce sont les dispositions locales exceptionnelles qui expliquent ici les rapports de Pigeon et de Petit-Bourg.

24Ce cas particulier mis à part, on constate que c’est en période sèche (février à mai) ou fraîche (décembre et janvier) que le versant au vent de l’Atlantique connaît, bien que modeste, l’avantage pluviométrique le plus fort à l’égard du versant caraïbe. Il faut noter toutefois qu’en octobre-novembre, moment des plus grandes pluies, le contraste reste important en Martinique et en Guadeloupe. Ce sont pourtant les dissymétries inverses de l’hivernage qui sont les plus intéressantes. Elles s’y accordent d’ailleurs avec la diminution de l’écart des contrastes quand ceux-ci restent conformes.

25Ainsi, et le fait semblait difficilement prévisible, dans des conditions d’orientation très différentes par rapport aux vents dominants, les Petites Antilles volcaniques offrent au cours de l’année les mêmes tendances que les Grandes Antilles. Si, sur ces dernières, l’égalisation est due, au moins dans certains cas, à l’arrivée des flux par le versant « sous le vent », il ne peut en être de même sur l’arc oriental. Sauf cas exceptionnels, les courants arrivent toujours de l’Est et non de l’Ouest. Il faut donc bien admettre, ce qui reste valable pour les Grandes Antilles, qu’il y a un pouvoir d’unification (ou de contrastes locaux) dans certains processus pluviométriques estivaux, en particulier dans les grandes perturbations et la thermoconvection.

26L’analyse des dissymétries mensuelles permet ainsi d’établir ce que celle des dissymétries générales permettait de suggérer. Les effets des processus atmosphériques sont inséparables de la topographie. En été, les premiers estompent généralement l’intervention de la seconde ; en hiver, cette dernière reprend l’avantage. Par ailleurs, là où elle est peu marquée, les contrastes restent faibles. C’est ce que les îles basses vont confirmer.

27Si les dissymétries générales sont apparues fort médiocres sur ces îles, il en est de même des dissymétries mensuelles qui, de surcroît, ne connaissent guère de variations durant l’année. Entre Lubeth, Sainte Anne et Port-Louis, les contrastes généraux sont défavorables à Lubeth et favorables à Port-Louis, Sainte Anne occupant une position intermédiaire. Les dispositions mensuelles confirment presque en tous points ces relations. A la Barbade, l’égalisation des conditions est remarquable de part et d’autre de l’île entre Saint Peter District E police station et Saint James Holetown police station. Il en est de même à Trinidad entre Mayaro et la combinaison des relevés de Point Fortin Filtration Plant, Siparia Old Road Fyzabad et l’usine Saint Madeleine (San Fernando).

CONCLUSION SUR L’ETUDE PLUVIOMETRIQUE REGIONALE DES PETITES ANTILLES LE SCHEMA

28L’éventail des pluies mensuelles dans le cadre des régimes pluviométriques est généralement peu ouvert. La latitude subéquatoriale doit en être responsable.

29Aux Grandes Antilles, deux familles de régimes fondamentales sont à relever. Elles s’organisent à partir de la période sèche et en particulier autour de décembre et de Janvier. Or, aux Petites Antilles, ces dispositions ne sont plus systématiques. Ceci est dû à la diminution de la puissance des dissymétries et à la pluviosité des deux mois impliqués. Décembre surtout reste très arrosé, principalement au Sud de l’arc.

30La mise en place des familles de régimes implique la considération des dissymétries mensuelles. Or, ce sont celles-ci qui, d’une façon générale, permettent d’éclairer et presque de résoudre le problème des contrastes annuels entre côtes « au vent » et côtes « sous le vent ». En règle générale, aux Petites comme aux Grandes Antilles, la dissymétrie conforme est plus importante en saison sèche et fraîche que durant l’hivernage. En été, la tendance à l’écrasement peut aller jusqu’à l’égalisation et même jusqu’à l’inversion des conditions habituelles. Aux Petites comme aux Grandes Antilles, la question capitale des dissymétries pluviométriques générales est donc à voir de façon nuancée. Il semble en effet que, pour intervenir, le contraste entre les façades ait besoin d’une pluviosité relativement médiocre.

31Ces dispositions précisent l’esquisse générale. Elles ouvrent la voie à l’explication régionale. L’absence de deux pointes pluviométriques estivales systématiques, nous autorise ici à opposer simplement la saison sèche à la saison humide, sans qu’intervienne de subdivision à l’intérieur de cette dernière.

32Les Petites Antilles ne feront pas apparaître de nouveaux processus. L’étude de climatologie dynamique qui suit ne peut donc se suffire à elle-même et implique la connaissance des grands mécanismes déjà invoqués. Ainsi passerons-nous assez rapidement sur certains faits. En particulier la période allant de décembre à mai sera vue dans le même esprit que celle qui lui correspond aux Grandes Antilles avec l’étude successive des aspects de sécheresse et de pluviosité. En outre, il faudra considérer la mise en évidence des mécanismes hivernaux aux Petites Antilles comme une confirmation de certains parmi ceux qui auront été éprouvés sur les Grandes. Les développements de la période estivale auront plus d’ampleur et revêtiront des aspects originaux, en particulier en ce qui concerne les remontées de la zone intertropicale de convergence.