Version classiqueVersion mobile

Alexandre de Humboldt

 | 
Charles Minguet

V. Humboldt et le problème noir en Amérique espagnole

4. Humboldt, géographe et statisticien de l’Amérique noire

Texte intégral

1Humboldt s’empresse de signaler, surtout dans ses études statistiques figurant en fin du deuxième volume de l’Essai Politique sur l’Ile de Cuba, le nombre relativement restreint des esclaves noirs dans les possessions espagnoles. Le savant allemand avait déjà relevé cette caractéristique essentielle du système colonial espagnol, lorsque, dans son Essai Politique sur la Nouvelle Espagne (1811), il écrivait, à propos du Mexique et après avoir pris ses renseignements auprès : « ...de personnes employées au dénombrement fait en 1793 « ...que dans toute la Nouvelle Espagne, il n’y a pas six mille nègres, et tout au plus neuf à dix mille esclaves », concentrés principalement à Acapulco et à Vera Cruz.

  • 1 Essai Politique sur la Nouvelle Espagne, tome I, livre II, chap. vii, p. 444.

« Le royaume de la Nouvelle Espagne, affirme-t-il, est, de toutes les colonies des Européens sous la zone torride, celle dans laquelle il y a le moins de nègres. On peut presque dire qu’il n’y a point d’esclaves. On parcourt toute la ville de Mexico sans trouver un visage noir. Le service d’aucune maison ne s’y fait avec des esclaves. Sous ce point de vue, surtout, le Mexique offre un contraste bien grand avec la Havane, avec Lima et Caracas »1.

  • 2 Gonzalo Aguirre Beltràn, La población negra de México, 1810, Estudio etno-histórico, Mexico, 1946, (...)

2Il faut rappeler ici que Humboldt n’a pas tenu compte des mulâtres, dans ses calculs ; Gonzalo Aguirre Beltrán reproche à Humboldt d’avoir exagéré la proportion des blancs et des individus à peau plus ou moins blanche, au détriment des gens de couleur et spécialement des noirs2. Pour l’année 1793, qui est celle du recensement sur lequel se fonde également Humboldt, l’historien mexicain compte 369 790 afro-métis, soit 9,6 % de la population et 6100 africains de race pure, soit 0,1 %. Ce dernier chiffre correspond exactement à celui de Humboldt. On ne peut donc lui reprocher d’avoir sous estimé la population de pure race noire.

  • 3 Humboldt trouve ce chiffre dans l’œuvre de Depons. « Ce nombre, écrit-il, est presque quatre fois (...)

3Dans la Relation historique Humboldt donne le chiffre, pour les deux provinces de Cumaná et de Barcelone (1801), de 6 000 esclaves noirs pour une population de cent dix mille habitants. Pour le Venezuela, Humboldt estime à 60 000 le nombre maximum des esclaves ; il conteste le chiffre avancé par Depons, qui prétendait en compter 218 4003. La différence entre deux auteurs aussi bien informés semble énorme.

  • 4 Relation Historique, tome II, livre II, chap. v, p. 313.
    « Plus étoit vive l’impression que nous fi (...)

4Humboldt a-t-il réduit exagérément le nombre des esclaves des colonies espagnoles, et notamment du Venezuela4 ? Il justifie la rectification de l’évaluation de Depons dans une note qui, semble-t-il, étaye solidement ses propres assertions. La science du dénombrement de la population était, à l’époque où écrit Humboldt, dans l’enfance, et le savant allemand ne manque pas de souligner que les recensements étaient souvent menés de façon très peu scientifique. Il écrit à ce propos :

  • 5 Ile de Cuba, supplément, tome II, pp. 389-392.

« Je me suis occupé, pendant plusieurs années, avec un soin extrême, à connaître le nombre des habitants de différentes castes et couleurs qu’un funeste développement de l’industrie coloniale a réunis dans les Antilles »5.

5Il a consulté les fonctionnaires coloniaux espagnols et anglais et leurs registres (Slave registry returns) ; il a tenu compte des renseignements fournis par les tenants ou les ennemis de l’esclavage, en essayant de se tenir dans le juste milieu :

  • 6 Ile de Cuba, supplément, tome II, pp. 93-408. — Voir surtout le chapitre consacré à la population (...)

« Dans des opinions, écrit-il, qui sont débattues avec violence, et qui touchent aux plus grands intérêts de l’humanité, il faut se défier des exagérations des partis extrêmes ; il faut prendre la moyenne entre les évaluations que fournissent les colons propriétaires et celles des associations formées dans le but de diminuer les malheurs de l’esclavage »6.

  • 7 Ile de Cuba, supplément, tome II, p. 98.

6Les chiffres qu’il fournit sont toujours accompagnés de « ...quelques notions historiques sur l’accroissement progressif de la population », et ces notions elles-mêmes sont « ...d’une précision très inégale ». Par ailleurs, Humboldt signale que bien souvent, dans les documents officiels, « ...les mots noirs et esclaves sont pris généralement comme synonymes ». Enfin, un petit nombre de mulâtres et d’autres représentants des « races mixtes » a le statut d’esclave, ce qui complique les calculs statistiques7.

7La lecture et l’analyse des chiffres avancés par Humboldt laisse apparaître une certaine confusion. Les tableaux qu’il publie de la population noire, libre ou esclave, ne sont pas dressés selon un critère unique. Par exemple, dans le tableau no 1 ci-après, reproduit du tome 2 de l’Essai Politique sur l'Ile de Cuba (p. 394), il est impossible de prendre connaissance du nombre exact des nègres libres ou esclaves de Cuba et de Porto Rico, étant donné que Humboldt inscrit seulement le chiffre total des nègres esclaves aux Antilles et dans l’Amérique insulaire (anglaise, espagnole, hollandaise, française et Saint-Domingue), soit : 1 090 000. Il est vrai que les chiffres relatifs aux Antilles espagnoles se trouvent dans le Tome 1 de l’Essai Politique sur l'Ile de Cuba (p. 116, tableau no 2).

TABLEAU No 1. de la population noire de l’Amérique Continentale et Insulaire

81. — Nègres esclaves

Antilles, Amérique insulaire

1 090 000

États-Unis

1 650 000

Brésil

1 800 000

Colonies espagnoles du Continent

307 000

Guyanes Anglaise, Hollandaise et Française

200 000

————

5 047 000

92. — Nègres libres

Haïti et les autres Antilles

870 000

États-Unis

270 000

Brésil, peut-être

160 000

Colonies espagnoles du Continent

80 000

Guyanes Anglaise, Hollandaise et Française

6 000

————

1 386 000

récapitulation

10Noirs sans mélange, par conséquent en excluant les mulâtres :

5 047 000

esclaves

79 p. cent

1 386 000

libres

21 p. cent

————

6 433 000

Extrait de l’Essai Politique sur Ile de Cuba, tome II, p. 394.

11Pour essayer d’obtenir une vue complète de la population noire, le lecteur doit parcourir l’Essai Politique sur l’Ile de Cuba ou l’Essai Politique sur la Nouvelle Espagne ou même la Relation historique, afin d’y glaner des informations supplémentaires, qui d’ailleurs ne l’éclairent pas pleinement.

12En rassemblant les chiffres épars dans ces ouvrages, on obtient les résultats suivants (chiffres en 1817 et 1825) :

13592 000 nègres esclaves, dont 285 000 à Cuba et Porto Rico et 307 000 sur le continent.

14210 000 nègres libres, dont 130 000 à Cuba et 80 000 sur le continent.

15Au total : 802 000 noirs. Ce dernier chiffre est approximatif. Quelques unes des données alléguées par l’auteur ne sont pas nettement documentées. Il nous a été impossible, par exemple, de vérifier par quel moyen Humboldt a pu trouver 307 000 noirs esclaves sur le continent. Nous avons relevé trois chiffres fournis par Humboldt dans le chapitre de l'Essai Politique sur l’Ile de Cuba, consacré à la population totale de l’Amérique, et qui concernent les noirs du Pérou, : 40 000, du Vénézuela : 60 000 et du Mexique : 10 000, soit 110 000. Malheureusement, l’auteur ne mentionne pas le statut de ces 110 000 noirs. En supposant qu’ils étaient tous esclaves, le chiffre de 110 000 est très loin des 307 000 avancés par Humboldt. Il faut croire que celui-ci a sans doute pris en considération les chiffres de Depons : 218 400 pour le Venezuela, en y ajoutant même quelques dizaines de milliers d’unités.

16Dans un autre tableau, Humboldt présente ses estimations selon un critère différent. Au lieu de répartir les nègres en deux catégories, comme il l’a fait au tableau reproduit ici (esclaves et libres), il les groupe uniquement selon la race (race africaine, sans mélange de blancs et d’indiens, noirs libres et esclaves) et il trouve les chiffres suivants :

Cuba et Porto Rico

389 000

Continent

387 000

776 000 (P. 397 — tome II, (Essai Polit. Ile Cuba)

  • 8 A partir des chiffres fournis par Humboldt, on peut dresser le tableau suivant :

17En tenant compte, d’après Humboldt, du fait que parmi les esclaves dits noirs, il y a environ 1/10e de mulâtres, on peut en déduire que le nombre de noirs esclaves de race pure s’établissait à 533 000, celui de libres de race pure à 189 000, tandis que le nombre de mulâtres esclaves serait de 59 000 et celui de mulâtres libres de 21 000, soit 802 000 au total8

18D’après les calculs de Humboldt, l’Amérique espagnole comptait donc environ de 780 000 à 800 000 noirs ou mulâtres, esclaves ou libres, dans les années 1800-1825. Ces chiffres sont inférieurs à ceux établis récemment par Angel Rosenblat. Celui-ci estime la population noire à 8 % de la population totale de l’Amérique espagnole, soit 1 189 000 noirs, sans distinction de statut, tandis que Humboldt, dans son tableau de l'Essai Politique sur l’Ile de Cuba, (p. 398, tome II), estime à 4 % (776 000) le nombre de nègres de race pure. On retrouve ici le défaut de la classification choisie par l’auteur, qui passe du critère du statut à celui de la couleur.

  • 8 Essai Politique sur l’Ile de Cuba, tome II, supplément, p. 98. Humboldt fournit le chiffre suivant (...)

19Cependant, pour mieux contrôler les assertions de Humboldt, on peut se reporter à la comparaison qu’il fait entre les colonies espagnoles, y compris Cuba et Porto Rico, et les autres états non-espagnols de l’Amérique. Les premières, « ...n’ont, sur une surface qui excède au moins d’un cinquième celle de l’Europe, pas autant de nègres que le seul État de la Virginie ». Dans le même passage, Humboldt, confrontant le nombre des esclaves noirs espagnols « ...à celui de la population servile du Brésil8 ou à celle de la patrie méridionale des États-Unis », établit que celui-ci se trouve dans le rapport de 1 à 5. Si l’on sait, d’après Humboldt, que les États-Unis comptaient 1 650 000 esclaves, et le Brésil, 1 800 000, on obtient, par rapport au premier chiffre, 330 000 esclaves, et par référence au second 360 000. On remarquera que ces totaux sont assez éloignés de celui que nous avons trouvé en additionnant les données dispersées çà et là dans l’œuvre de Humboldt : 592 000. Il faudrait donc se résigner à supposer que le tiers environ des nègres, entre 224 000 et 300 000, étaient des affranchis, les 2/3 restants, 550 000 environ, étant des esclaves, toujours d’après Humboldt, ce qui donne entre 2 et 3 % d’esclaves sur la population totale de l’Amérique Espagnole.

20Ces chiffres ont été rectifiés par Rosenblat. Bien que la différence entre les deux auteurs soit de 4 %, il n’en reste pas moins que les premières constatations faites par Humboldt dans l’Essai Politique sur la Nouvelle Espagne, et surtout dans la Relation historique, sur le nombre peu important des noirs dans les colonies espagnoles, sont confirmées. A ce propos, il faut relever une légère erreur dans une récente étude (Historia social y económica de España y América, tome IV, p. 343), où on lit :

  • 9 M. Mario Hernandez Sánchez Barba, auteur de ce chapitre, a trouvé ce renseignement dans l’Essai Po (...)

« Humboldt opina que Africa abastecía anualmente a América con 74 000 negros, de los cuales la inmensa mayoría iban a parar a las Antillas, que, segûn el citado autor, a finales de siglo, tenía una poblaciôn negra de 389 000 [chiffre reproduit exactement de la page 397 du Tome II de l’Essai Politique sur l'Ile de Cuba], muy superior, proporcionalmente, a la existente en el resto de la América Hispana, cifrada en 800 000, lo que da un total de 1 189 000 negros, es decir el 8 por 100 de la población total »9.

21On remarquera que ce passage ne fait pas la distinction entre affranchis et esclaves, ni entre noirs et mulâtres. L’auteur a ajouté au total : (776 000 nègres purs), fourni par Humboldt, arrondi à 800 000, les 389 000 noirs esclaves et libres de Cuba et Porto Rico, qui sont déjà comptés dans le chiffre des nègres purs. Le pourcentage allégué : 8 %, ne provient pas de Humboldt. Les 800 000 noirs de la « América Hispana », c’est-à-dire du Continent, ne figurent pas dans les calculs de Humboldt qui en compte seulement 387 000. Cette bévue est de celles que l’on peut commettre en lisant rapidement un auteur dont la qualité essentielle n’est pas la clarté.

22Nous avons vu combien difficile a pu être pour Humboldt la recherche et l’exploitation des chiffres de population. C’est pourquoi, tout en réservant notre opinion sur les résultats obtenus par Rosenblat, qui a utilisé d’ailleurs dans ses calculs les données de Humboldt, nous ne pouvons reprocher à ce dernier les impairs qu’il aurait pu commettre à partir de documents incomplets ou inexacts. Cependant, il est à peu près certain que Humboldt a sous-estimé l’importance de la population noire des colonies espagnoles, et surtout des territoires continentaux.

  • 10 Les 60 000 esclaves que comprennent les sept provinces unies du Venezuela sont répartis de façon t (...)

23Le problème n’est pas posé, aux yeux de Humboldt, par le chiffre total de nègres comparativement aux blancs, mais par leur répartition géographique à l’intérieur d’aires bien délimitées. Les dangers que pouvaient représenter les noirs, et Humboldt a très pertinemment interprété le phénomène, provenaient surtout de leur concentration en certains points bien déterminés des territoires coloniaux, Humboldt attire l’attention de ses lecteurs sur deux points névralgiques : Cuba (où les esclaves représentent à eux seuls 36 % de la population), et le Venezuela, où la race noire, bien que constituant le quinzième de la population (60 000 sur 1 000 000) « ...n’est pas digne d’intérêt par son nombre, mais par son accumulation sur une surface peu considérable »10.

24Par ailleurs, il n’oublie pas de mentionner la situation particulière créée par l’intense métissage auquel a donné lieu le contact des trois races en présence. Le nombre considérablement élevé de ce que Humboldt appelle les « races mixtes » (mulâtres, métis et zambos) l’a frappé ; celles-ci représentaient, selon ses calculs, dans les années 1800-1825, 32 % de la population totale de l’Amérique espagnole, avec 5 328 000 représentants. Cette énorme proportion de sang mêlé qui risquaient de se joindre, craignait-on, par solidarité de couleur, aux noirs purs, devait d’ailleurs peser d’un poids singulier sur les événements dont les colonies espagnoles furent le sanglant théâtre à partir de 1808 ; jusqu’à une époque très récente, le « préjugé de couleur » a joué un grand rôle dans la vie politique des républiques latino-américaines.

  • 11 Voir les tableaux de l’Essai Politique sur l'Ile de Cuba, supplément, tome II, pp. 396-399.

25En ajoutant le chiffre des nègres à celui des races mixtes, sans compter les Indiens, on obtient pour toute l’Amérique : 12 861 000, soit 37 % du total, la population blanche n’excédant pas 13 500 000, soit 38 %. On remarquera que sur 6 433 000 nègres purs (esclaves ou libres), l’Amérique espagnole n’en possédait, d’après Humboldt, que 776 000, soit à peine plus de 10 % de la population noire totale, tandis qu’elle comptait 5 328 000 d’individus de races mélangées, soit environ 80 %, sur un chiffre, pour toute l’Amérique, îles incluses, de 6 428 000. On peut donc conclure, avec Humboldt, que la société hispano-américaine des années 1800-1825 présente une structure tout à fait différente de celle de l’Amérique anglaise ou du Brésil11.

26En fournissant de tels chiffres, Humboldt donne de l’Amérique espagnole une vue tout à fait nouvelle. La proportion des esclaves, surtout, est très réduite : entre 2 et 3 % environ sur 16 000 000 d’habitants environ, et elle infirme l’image traditionnelle d’un empire colonial que l’on avait complaisamment accusé d’une rapacité et d’une cruauté devenues légendaires. Le nombre insignifiant des esclaves, celui considérable, des races mixtes, tels sont les traits essentiels absolument inédits qui ressortent des tableaux de population dressés par Humboldt : une image tout à fait inconnue d’une réalité coloniale trop souvent méconnue jusqu’alors.

27Humboldt est d’ailleurs très conscient du caractère original de la population hispano-américaine, face aux états fondés par les Anglo-saxons en Amérique. Il conclut son étude par ces mots :

  • 12 Ile de Cuba, supplément, tome II, p. 408.

« Ces tableaux de la population, considérés sous les rapports de la différence des races, des langues et des cultes, se composent d’éléments très variables ; ils représentent approximativement l’état de la société américaine. Dans un travail de ce genre, il ne s’agit que des masses ; les évaluations partielles pourront, avec le temps, acquérir une précision plus rigoureuse. La langue des chiffres, seuls hiéroglyphes qui se soient conservés parmi les signes de la pensée, n’a pas besoin d’interprétation. Il y a quelque chose de grave et de prophétique dans les inventaires du genre humain : tout l’avenir du Nouveau Monde y semble inscrit »12.

Notes

1 Essai Politique sur la Nouvelle Espagne, tome I, livre II, chap. vii, p. 444.

2 Gonzalo Aguirre Beltràn, La población negra de México, 1810, Estudio etno-histórico, Mexico, 1946, p. 232.

3 Humboldt trouve ce chiffre dans l’œuvre de Depons. « Ce nombre, écrit-il, est presque quatre fois trop grand », Ile de Cuba, tome II, p. 125.

4 Relation Historique, tome II, livre II, chap. v, p. 313.
« Plus étoit vive l’impression que nous fit la première vente des nègres à Cumana, et plus nous nous félicitâmes de séjourner chez une nation et sur un continent où ce spectacle est très rare et où le nombre des esclaves est en général peu considérable. Ce nombre en 1800 n’excédoit pas six mille dans les deux provinces de Cumaná et de Barcelone, lorsque à la même époque, on évaluoit la population entière à cent dix mille habitants ».

5 Ile de Cuba, supplément, tome II, pp. 389-392.

6 Ile de Cuba, supplément, tome II, pp. 93-408. — Voir surtout le chapitre consacré à la population (pp. 116-139). Humboldt n’y rappelle même pas les 10 000 noirs du Mexique, mentionnés dans son Essai sur la Nouv. Espagne ; il n’indique aucun chiffre de population noire pour le Guatemala (pp. 118-119), le Chili, et la Province de Buenos-Aires. Il reprend son évaluation do 62 000 esclaves noirs pour la Capitania General de Caracas.

7 Ile de Cuba, supplément, tome II, p. 98.

8 A partir des chiffres fournis par Humboldt, on peut dresser le tableau suivant :

Noirs du continent

307 000

esclaves

Total

80 000

libres

———

387 000

387 000

Noirs des Iles :

285 000

esclaves

Cuba et Puerto Rico

130 000

libres

———

115 000

415 000

———

802 000

On retrouve le chiffre que nous donnons ici, ligne 10..

8 Essai Politique sur l’Ile de Cuba, tome II, supplément, p. 98. Humboldt fournit le chiffre suivant pour le Brésil : 1 728 000 nègres esclaves (pretos cativos), pour 843 000 blancs (brancos), sur un total de 3 617 900 habitants. Il tire ces renseignements du rapport fait au roi de Portugal, en 1819 (Ile de Cuba, supplément, tome II, p. 135). Pour les États-Unis, le chiffre exact est de 1 623 000, en 1823. Schoell (op. cit.), compte, pour 1820, 1 771 656, soit 18,39 % de la population totale (p. 241).

9 M. Mario Hernandez Sánchez Barba, auteur de ce chapitre, a trouvé ce renseignement dans l’Essai Politique sur la Nouvelle Espagne, tome I, livre II, chap. vu. Mais il ne reproduit pas exactement le texte de Humboldt, qui écrit : « Parmi les 74 000 nègres que l’Afrique fournit annuellement aux régions équinoxiales de l’Amérique et de l’Asie... il n’y en a pas une centaine qui abordent sur les côtes du Mexique ». Ib., p. 445. Humboldt précise dans l’Essai Politique sur l’Ile de Cuba que des 74 000 nègres que la traite fournissait en 1789, 38 000 étaient destinés aux colonies anglaises et 20 000 aux colonies françaises. Les 16 000 nègres restants se répartissaient entre les colonies espagnoles, portugaises, et asiatiques, ib., tome I, p. 321.
M. Mario Hernández Sánchez Barba, précise son erreur dans le dernier livre qu’il vient de publier récemment sous le titre : Historia Universal de América, où il écrit :
« El barón de Humboldt opiné que África abastecia, anualmente, con sesenta y cuatro mil negros, la inmensa mayoría de los cuales iban a parar a las Antillas y a las plantaciones coloniales del sur de los Estados Unidos ; el citado viajero estimé que, a finales del siglo XVIII, había en las Antillas espanolas una poblaciôn negra do 389 000 muy superior, en proporcién a la existente en el continente, que el mismo cifré en unos 800 000 ; este total de 1 189 000 representa el 8 % de la poblacién ».
Nous venons de voir que Humboldt n’a jamais avancé le chiffre de 800 000 pour le Continent et que la proportion de 8 % n’est obtenue que par l’erreur de calcul signalée : l’auteur compte deux fois la population des Antilles espagnoles.
Il faut tenir compte aussi que Rosenblat, en estimant à 15 528 000 la population totale de l’Amérique espagnole, devait nécessairement trouver un pourcentage supérieur à celui fourni par Humboldt qui avance le chiffre de 16 910 000. L’addition de l’erreur sur le chiffre des noirs et de l’estimation plus basse de Kosenblat sur le chiffre total de population sont la cause de la différence de 4 % dans le calcul.

10 Les 60 000 esclaves que comprennent les sept provinces unies du Venezuela sont répartis de façon tellement inégale, que la seule province de Caracas contient près de 40 000 d’entre eux, parmi lesquels 1/S sont mulâtres ; Maracaïbo, de 10 à 12 000, Cumaná et Barcelone à peine 6 000. Relation historique, tome IV, livre IV, chap. xii, p. 156.

11 Voir les tableaux de l’Essai Politique sur l'Ile de Cuba, supplément, tome II, pp. 396-399.

12 Ile de Cuba, supplément, tome II, p. 408.

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

Cette publication numérique est issue d’un traitement automatique par reconnaissance optique de caractères.
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search