Le rôle de Pierre Uri dans la genèse et la mise en œuvre immédiate du traité de Rome (1955‑1967)
p. 115-128
Texte intégral
1Pierre Uri a-t-il été un « père de l’Europe » oublié, malgré son rôle cardinal dans la rédaction du traité de Rome de 1957, texte fondamental, à la source de la Communauté économique européenne (CEE), l’ancêtre de l’Union européenne (UE) ? Pour l’intéressé, la cause est entendue. Soulignant son rôle de géniteur du rapport Spaak de 1956, le texte qui préfigura les compromis du traité de Rome, il affirmait dans ses mémoires parues en 1991 :
« Pour moi, j’ai usé des circonstances pour introduire ce Marché commun dans la résolution de Messine, j’ai conçu et écrit le rapport Spaak, j’ai réalisé tous les accords difficiles dans la négociation du traité de Rome. Alors, père du Marché commun ? […] C’est en France qu’on commence maintenant à le reconnaître, il arrive qu’on me présente comme l’auteur du traité de Rome ou qu’on me demande comment j’apprécie les conséquences lointaines de ce que j’ai fait. Il y a des jours où j’ai besoin de me dire qu’il s’agit, après tout, du plus grand événement du demi‑siècle1. »
2Un peu plus tard, dans des entretiens, il précisait : « Il y a des gens qui croient que je suis le rédacteur du traité de Rome : ce n’est pas vrai. Je suis le rédacteur du rapport Spaak, je suis seulement le rédacteur des articles les plus difficiles à rédiger2. » On reconnaît bien ici le style inimitable de Pierre Uri, cette personnalité rayonnante et flamboyante.
3Grâce au recours aux archives3, il est aujourd’hui possible de remettre en perspective le rôle de Pierre Uri dans la négociation et l’application immédiate des traités de Rome. Elles permettent ainsi d’éclairer le rôle de premier plan joué par un personnage peu connu, à la position en théorie périphérique de haut fonctionnaire dans l’administration de la Haute Autorité de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (Ceca), du fait de ses liens avec toute une série de personnages centraux. D’abord, Pierre Uri est lié depuis longtemps avec Jean Monnet, président du Comité d’action pour les États-Unis d’Europe à partir de 1955. De manière plus originale, il fait figure de conseiller de Paul-Henri Spaak, ministre des Affaires étrangères belge en 1956-57. Enfin, il est proche d’un autre membre du réseau Monnet qui acquit une position centrale à l’époque, Robert Marjolin, conseiller du ministre des Affaires étrangères français Christian Pineau (1956-57) puis vice-président de la Commission européenne (1958-1967). Au service de ces trois personnages, Uri apparaît ainsi comme un artisan majeur, un synthétiseur aux fulgurances redoutables, tant dans la genèse du traité de Rome du 25 mars 1957 créant la CEE (I), que dans sa promotion (II) puis dans son application immédiate (III).
I. Un rôle majeur dans la genèse des traités de Rome
4À l’origine, ce n’est pas un mais deux traités qui furent signés à Rome, celui concernant le Marché commun (la CEE) et celui portant sur la Communauté européenne de l’énergie atomique, ou Euratom. Or, bien que le premier ait, par la suite, largement pris l’ascendant sur le second, les Français, y compris Jean Monnet, étaient à l’époque plutôt intéressés par le dernier. En réalité, l’économie française connaissait en 1955-57, pendant la négociation du traité de Rome, une période de déficit commercial et de difficultés financières croissantes, qui ne prédisposait pas les Français à s’engager dans un accord libre-échangiste comme celui du Marché commun. Par contre, la coopération nucléaire civile paraissait beaucoup plus attractive.
5Le rôle de Pierre Uri fut de convaincre les Français de prendre au sérieux le projet de Marché commun. À Luxembourg, en poste à la Ceca, Uri n’avait pas délaissé les réflexions sur l’approfondissement de l’intégration économique européenne. Au début de 1955, il s’était notamment intéressé aux travaux de l’économiste belgo-américain Robert Triffin4. Dans les entretiens qu’il a accordés en 1989, il explique que le président de la Haute Autorité de la Ceca, René Mayer (qui avait succédé à Jean Monnet en 1955), lui avait demandé un rapport « sur les leçons à tirer de la Ceca pour une intégration générale » qui l’avait mis sur la piste du futur Marché commun5.
6Or, au printemps 1955, les milieux européistes bruissent de rumeurs sur la nécessité de relancer la coopération économique européenne après l’échec de la Communauté européenne de défense l’année précédente. Ce mouvement débouche sur la « Relance de Messine », qui a lieu du 1er au 3 juin 1955, lorsque les ministres des Affaires étrangères des six pays de la Ceca décidèrent de convoquer une réunion d’experts pour étudier la faisabilité de la négociation de nouveaux traités, l’un sur des coopérations sectorielles et l’autre sur la constitution d’un Marché commun6.
7En réalité, cette mobilisation a été préparée par un Memorandum présenté par le Benelux avant Messine, rédigé par Pierre Uri à la demande de Monnet, et remis par celui-ci à Paul-Henri Spaak7. Mais Uri, persuadé que les Allemands n’accepteraient pas cet accord seul, conseilla de lui adjoindre un projet d’intégration économique générale, ce que Monnet, face aux réticences allemandes, finit par accepter. Ainsi, dans le document du Benelux figurait l’idée majeure sous-tendant la future Communauté économique européenne, celle de créer un vaste espace commun en Europe pour tous les produits, à l’image des grands marchés existants alors, les États-Unis ou l’URSS, tout comme le lien entre intégration économique et intégration politique qui présida à la création de la Ceca.
8Une fois la négociation lancée, Pierre Uri joua un rôle majeur pour la débloquer. En effet, les discussions furent très difficiles en 1955. Elles se déroulèrent au sein d’un comité d’experts à sept, les Britanniques ayant été conviés. S’y opposèrent des États aux options contradictoires, tant sur le plan institutionnel qu’économique. Le gouvernement français était peu sensible à l’européisme, et refusait tout engagement libre-échangiste par attachement au protectionnisme qui anesthésiait les milieux économiques depuis un quart de siècle. Pierre Uri participait à ces débats comme représentant de la Ceca8. Les discussions étant bloquées, un rapport est confié à Paul-Henri Spaak. Déposé le 21 avril 1956, le « rapport des chefs de délégation aux ministres des Affaires étrangères » est bientôt connu sous le nom de « rapport Spaak9 ». Il a été rédigé par Pierre Uri, rapporteur général, en relation avec l’Allemand Hans von der Groeben, un chrétien-démocrate proche du Chancelier Konrad Adenauer10. Von der Groeben avait été chef de la section charbon-acier au ministère fédéral allemand des Affaires économiques. En 1952, il devint porte-parole du gouvernement fédéral au comité de coordination du Conseil des ministres de la Ceca. Il était à la fois proche des ordo-libéraux sur le plan économique et sur la ligne des Allemands les plus européistes11. Selon le propre témoignage d’Uri, von der Groeben a été, lors de la rédaction du rapport Spaak, beaucoup plus intéressé par le Marché commun que par Euratom12, ce qui paraît logique compte tenu de l’orientation libre-échangiste qui prévalait outre‑Rhin.
9Le contenu du rapport associe, dans la continuité des réflexions d’Uri et dans une sorte de synthèse des réflexions françaises et allemandes, la réalisation d’un Marché commun général porté par une association entre une logique libre-échangiste et une régulation européenne poussée, ainsi que des coopérations sectorielles dans certains domaines (sont mentionnés notamment l’énergie, les transports aériens, ainsi que les postes et télécommunications). Des institutions en partie supranationales, reprenant le système de la Ceca mais avec un Conseil des ministres plus puissant sont prévues. Un équilibre entre les logiques fédérales et intergouvernementales est donc maintenu. Surtout, le rapport insiste sur le lien consubstantiel entre intégration politique et intégration économique. Il est porté par une ambition forte, celle de mettre fin au déclin de l’Europe face à la formidable puissance des États-Unis et de l’URSS, une idée déjà évoquée dans les notes d’Uri. L’objectif est de créer une « vaste zone de politique économique commune » qui s’appuie sur une « fusion des marchés », reposant à la fois sur trois éléments. Tout d’abord, la libre concurrence doit être promue par une libre circulation progressive des marchandises et des capitaux. Ensuite, des coopérations poussées doivent s’établir d’abord en matière commerciale, par l’élimination des droits de douane en interne en une douzaine d’années, ensuite en matière de surveillance de la concurrence (un domaine d’intérêt tant pour les Français que pour les Allemands pour des raisons différentes13), et, enfin, par l’harmonisation de législations sociales spécifiques. Troisième élément, les déséquilibres régionaux qui pourraient survenir suite à cette libéralisation devraient être compensés par des dispositifs financiers ciblés. Le rapport Spaak évoque même des outils d’assistance en cas de crise de la balance des paiements, une hypothèse probable pour la France de 1956, confrontée aux dépenses croissantes de la guerre d’Algérie.
10Or ce rapport Spaak et les équilibres politiques et économiques qui le sous-tendent influencèrent de manière déterminante les négociations à Six. Elles reprirent en 1956 au niveau des gouvernements, et plus simplement des experts, après l’adoption officielle du rapport Spaak comme base de négociation. Certes, les négociations demeurèrent dures, certains compromis franco-allemands sur le libre-échange n’étant adoptés qu’à la faveur de la crise de Suez (novembre 1956), mais globalement, les grands équilibres du rapport Spaak furent respectés. Si le traité de Rome du 25 mars 1957 est un peu moins ambitieux, notamment sur le plan sectoriel (sauf dans le domaine agricole), il repose sur le même équilibre entre libération des échanges et forte coordination de certaines politiques économiques et sociales. De son propre aveu, Pierre Uri a joué un rôle modeste dans cette seconde négociation qui, à la différence de la rédaction du rapport Spaak, est largement dominée par les gouvernements14. Il s’est contenté de proposer des solutions techniques élégantes à ce qu’il nomme des « apories », soit des impasses logiques insolubles, sur divers sujets de détail, des droits de vote jusqu’à la détermination du tarif douanier commun15. Finalement, le traité puise à de multiples sources, d’une part à la logique libre-échangiste aboutie du Plan Beyen, soutenue par les Allemands chrétiens-démocrates comme von der Groeben, et d’autre part à l’expérience d’intégration économique originale de la Ceca, élargie à de nombreux autres secteurs et politiques, et qui contenait des éléments de régulation et de compensation de la dynamique libérale. Uri a soutenu le mouvement de synthèse entre ces différents types de construction européenne, sans pouvoir complètement arbitrer entre elles puisque le traité de Rome restait un traité-cadre, ouvert à de multiples interprétations16.
II. Promouvoir le traité de Rome
11Une fois le traité de Rome conclu, Pierre Uri s’efforça de le promouvoir auprès des décideurs français. À cette époque, Uri est conseiller de Paul-Henri Spaak, le ministre des Affaires étrangères belge et président du comité chargé de la négociation des traités, et pas du gouvernement français17.
12Paradoxalement, Monnet n’était pas convaincu au départ de l’intérêt majeur du projet de Marché commun. Il lui préférait nettement Euratom. Dans ses Mémoires, l’« Inspirateur » explique que c’est Pierre Uri qui l’a convaincu de l’intérêt du Marché commun, auquel il tenait peu, et encore n’a-t-il adhéré à cette idée que pour des raisons essentiellement politiques : donner une contrepartie aux Allemands en échange de leur acceptation d’Euratom18. De son côté, François Duchêne souligne l’influence de Robert Marjolin dans cette conversion de Jean Monnet à la défense du Marché commun19. Il est certain que les réflexions de ces deux économistes convergent dans cette mise en valeur de la Communauté économique européenne.
13Par ailleurs, Pierre Uri s’efforce de convaincre un autre grand décideur français connu pour son expertise économique : Pierre Mendès France. L’ancien président du Conseil s’était montré très hostile au Marché commun, en particulier dans son célèbre discours prononcé à l’Assemblée nationale le 18 janvier 195720. Il estimait que cet accord allait entraîner une puissante immigration économique en France, et menacer le modèle social français. Il préconisait au contraire un engagement moins libre-échangiste et conclu avec la Grande‑Bretagne.
14Par une correspondance nourrie, Pierre Uri démontre la contradiction inhérente à cette aspiration : en effet, les Britanniques n’étaient prêts à accepter qu’une Europe plus libérale encore, et pas plus protectrice, bien au contraire. Le projet de « zone de libre-échange » défendue par Londres à partir de 1956 pour compléter le Marché commun reposait en effet sur une logique commerciale pure, soit le démantèlement des obstacles douaniers aux échanges sans aucune des compensations au libéralisme que la France avait obtenu dans le cadre du traité de Rome : harmonisations sociales ciblées, accords spécifiques sur l’agriculture et les pays et territoires d’Outre-mer, surveillance commune, etc.21. La note du quai d’Orsay commentant le discours de janvier 1957 releva certaines de ces incohérences22. Par la suite, avec la montée en puissance du projet de zone de libre-échange au cours de l’année 1957, l’opposition de Pierre Mendès France s’atténua, sans doute sous l’effet de l’argumentaire économique déployé par Pierre Uri qui ébranla l’ancien chef du gouvernement23, avant de disparaître à la fin de 195824. Uri a notamment souligné que le Marché commun ne relevait pas uniquement de l’Europe libérale.
15Enfin, au-delà de Monnet et de Mendès France, Uri multiplia les contacts avec les décideurs français parfois sceptiques pour défendre le Marché commun et les avertir des dangers potentiels représentés par le projet britannique de zone de libre-échange. Elle pourrait vider la CEE de sa substance en faisant prévaloir une Europe strictement libérale. En juillet 1957, il envoya une analyse à Olivier Wormser, le directeur des Affaires économiques du Quai d’Orsay, et à ce titre l’un des principaux hauts-fonctionnaires en charge des dossiers européens, initialement assez sceptique envers le Marché commun. Il y exposa l’intérêt fondamental de la CEE pour la France, et la nécessité de préserver toute son intégrité :
« Au moment où vont se mettre en place les institutions de la Communauté, rien ne serait plus dommageable que de contredire, par ce qui serait accepté dans un autre cadre, les principes fondamentaux sur lesquels les Six se sont mis d’accord. […] Il y a un équilibre entre l’élimination des obstacles aux échanges et les règles de concurrence, la correction des distorsions, les instruments de développement et de réemploi, la coordination des politiques. On ne peut à la fois refuser ces éléments positifs et s’étonner de ne pas bénéficier au même degré que les Six de la suppression des obstacles aux échanges25. »
16Uri visait ici la zone de libre-échange, en soulignant que sa mise en œuvre pourrait interférer avec la CEE, et priver la France des dispositions qui l’intéressent le plus dans cette dernière, soit les coopérations les plus régulées et les plus sociales, en privilégiant uniquement l’Europe libérale. En septembre 1957, il compléta cette mise en garde géopolitique par une analyse plus serrée des problèmes techniques posés par la zone26. Figure également dans les papiers d’Olivier Wormser une note signée de Pierre Uri ornée d’un bandeau « Présidence du Conseil » et datée du 7 octobre 195727. La veille, Félix Gaillard, un proche de Monnet (il fut son chef de cabinet en 1944), avait été nommé président du Conseil, ce qui explique sans doute l’en-tête de cette note. Elle visait également à prévenir tout risque de dilution d’un Marché commun à l’intégration économique poussée dans une zone de libre-échange plus vaste, en incitant les Six à imposer des clauses restrictives dans tous les domaines où les solutions de la CEE ne pourraient prévaloir. Enfin, par une dernière note datée du 15 novembre 1958, Uri continua son travail pour nourrir l’administration d’arguments hostiles à la zone28. À cette date, Wormser était devenu un personnage considérable car le retour au pouvoir du général de Gaulle en a fait l’un des diplomates les plus importants sur les dossiers européens. De plus, Paris était alors engagé dans une farouche campagne d’opposition au projet britannique de zone, qui déboucha justement le 14 novembre 1958 – la veille de la note d’Uri qui semble donc l’avoir rédigée pour la circonstance – sur une suspension des négociations sur ce projet, enterré par le général de Gaulle du fait de l’intransigeance des Britanniques29.
III. Accompagner la mise en œuvre de la CEE
17À cette date, la CEE s’est mise en place. La Commission européenne est née en janvier 1958. Pierre Uri aurait souhaité devenir commissaire européen, mais c’est Robert Marjolin, un autre économiste proche de Monnet et des milieux socialistes, qui est choisi30. Contrairement à Uri, il avait déjà exercé une fonction exécutive internationale en tant que secrétaire général de l’OECE. Il devint vice-président en charge des Affaires économiques et financières. Cela n’empêcha pas les deux hommes, qui s’étaient côtoyés depuis plusieurs années, de travailler ensemble à travers trois projets, qui mirent à profit la capacité d’expertise d’Uri.
18Dès son arrivée à la Commission, Robert Marjolin nomma officiellement Pierre Uri conseiller économique en juin 1958, tout comme l’économiste belgo-américain Robert Triffin en novembre 195831. Les trois hommes continuèrent leurs travaux sur le domaine monétaire, alors en plein bouleversement avec le retour à la convertibilité des monnaies européennes au 1er janvier 1959, le jour même du début du processus de désarmement douanier du Marché commun. Les trois hommes avaient travaillé ensemble sur ce dossier autour de Jean Monnet32. Les archives Uri contiennent des rapports de Triffin de début 1955, dont un adressé à la Ceca, s’intéressant aux questions de convertibilité des monnaies européennes et d’intégration économique continentale. Les deux questions n’étaient pas forcément liées, chaque pays s’efforçant de rétablir la convertibilité de sa monnaie pour recouvrer une pleine souveraineté nationale et ne plus dépendre de l’Union européenne des paiements (UEP), établie en 1950 dans le cadre du Plan Marshall pour aider au rétablissement progressif des échanges. Mais Triffin, Monnet, Uri, puis Marjolin, cherchèrent à les associer, sans succès dans un premier temps : les clauses monétaires du traité de Rome sont minimalistes et n’envisagent aucune intégration monétaire véritable. Tout au plus figure dans l’accord un article 108 prévoyant une assistance, vaguement définie, en cas de crise de la balance des paiements.
19Le sujet rebondit à l’hiver 1957-58. À cette époque, les premiers signes de craquèlement du système monétaire international de Bretton-Woods sont observés par Triffin dans un ouvrage précurseur, qui évoquait déjà des projets d’unification monétaire européenne33. Surtout, la France était confrontée à une crise financière récurrente, liée à des facteurs structurels ainsi qu’aux dépenses de la guerre d’Algérie. Le gouvernement Gaillard a dû entamer une tournée des créditeurs internationaux à l’hiver 1957-1958, en s’appuyant notamment sur l’expertise de Monnet, qui réclama de nouveau des crédits aux États-Unis. L’opportunité se présenta alors d’une résolution des problèmes financiers français dans un cadre européen puisque la Communauté naquit au même moment. François Duchêne évoqua des réflexions entamées par Monnet à la fin de 1957 sur l’insistance du président du Conseil Félix Gaillard, au sein d’un groupe comprenant Paul Delouvrier et Robert Marjolin, ce dernier y conviant bientôt son ami Robert Triffin34. Selon François Duchêne, il s’agissait de répondre à la demande de Félix Gaillard de résoudre la crise de la balance des paiements française. Monnet aurait répondu par une solution européenne. Les archives Pierre Uri montrent qu’il a été associé à ces réflexions, qui débouchèrent avec le lancement par Jean Monnet en mars 1958 d’un projet de Fonds européen de réserve (FER)35. Ce schéma de fonds financé par des réserves des banques centrales semble s’inspirer de l’idée de créer une sorte d’UEP au sein des Six. Il servirait à mettre en œuvre concrètement l’article 108 du traité de Rome, et serait lié à un dialogue entre gouvernements sur les politiques économiques nationales. Finalement, le projet n’est pas mis en œuvre, mais il inspire des projets ultérieurs soutenus par le Comité d’action pour les États-Unis d’Europe (notamment en 196136) tandis qu’à Bruxelles, Marjolin poursuivait ses réflexions sur la coordination des politiques économiques et monétaires des Six, en relation avec Uri.
20Dès 1958, Marjolin le nomma à la tête d’un groupe d’experts chargés d’établir un rapport sur la situation économique dans les pays de la Communauté37. En septembre 1958, le rapport du groupe d’experts présidé par Uri fut achevé. La jeune Commission européenne décida de le publier au nom du groupe d’experts pour constituer « une base commune pour les travaux des Institutions européennes et des gouvernements38 », et ainsi servir de cadre pour l’application du traité de Rome. Le rapport insistait sur l’absence d’« harmonies préétablies » entre les six pays du Marché commun. Sans pessimisme excessif – il soulignait la vigueur des structures industrielles françaises –, il relevait toutefois de fortes divergences dans l’ouverture à l’extérieur car les exportations représentaient une part supérieure des PNB du Benelux et de l’Allemagne fédérale par rapport à ceux de la France et de l’Italie, deux pays caractérisés, par ailleurs, par une proportion supérieure d’actifs dans l’agriculture.
21Au-delà de ce constat, Marjolin lance un vaste et ambitieux projet de planification européenne entre 1960 et 196439. Il s’appuyait sur sa fréquentation des milieux planistes dans les années 1930, sur ses convictions keynésiennes et de « fonctionnaire(s) modernisateur(s) » français, qui le poussèrent à vouloir renforcer la coordination des politiques économiques et sociales européennes pour renforcer leur cohésion et leur efficacité. Mais le commissaire français n’a pu utiliser l’expression de « planification » qui effrayait les Allemands de l’Ouest et leur rappelait l’Allemagne de l’Est honnie. Par ailleurs, les chrétiens-démocrates allemands étaient guidés par un fort attachement au libéralisme économique, certains étant influencés par l’ordo-libéralisme, une idéologie qui condamne toute forme de planification volontariste, car elle perturberait le jeu du marché.
22Marjolin agit donc prudemment. Dans un premier temps, il chargea Pierre Uri de diriger un groupe de travail préalable afin d’étudier les problèmes de structures et de développement à long terme. Ce groupe rassembla un vaste réseau planificateur européen, constitué notamment du Français Claude Gruson, directeur général de l’Insee et très interventionniste, du Néerlandais Pieter de Wolff, directeur du bureau central du Plan à La Haye, et du Belge Albert Kervin de Lettenhove, secrétaire général du bureau de programmation économique à Bruxelles40. Ces travaux aboutirent à un rapport d’ensemble sur les « perspectives de développement économique dans la CEE de 1960 à 1970 » terminé en juillet 196241. Uri fut ensuite chargé de coordonner un rapport sur les aspects structurels des perspectives de développement économiques dans la CEE42. Marjolin s’efforçait ainsi de développer des prévisions, même si l’expression, trop planificatrice, n’était pas utilisée. À Paris, le Comité interministériel pour les questions de coopération économique européenne (SGCI) se plaignit que Claude Gruson, le représentant français, ne l’informe pas de ses activités, ce qui montre l’indépendance du groupe Uri43. Ce dernier publia en parallèle un article sur « La planification entre les nations pour construire l’Europe », qui dévoile l’ambition du programme44.
23Mais cette ambition ne manqua pas de soulever l’opposition des Allemands, notamment de Hans von der Groeben, celui-là même avec qui Pierre Uri échangeait en rédigeant le rapport Spaak. Ainsi, lorsque le premier rapport du groupe de travail sur les structures et le développement à long terme fut terminé, en 1962, Marjolin souhaita lui donner une large diffusion et posa à la Commission la question de sa publication45. Le Néerlandais Pieter Verloren Van Themaat, le directeur général chargé de la Concurrence, donc un collaborateur direct de Hans von der Groeben, alors commissaire à la Concurrence, s’y opposa fermement afin de ne pas engager la Commission dans ces travaux prospectifs46. La notion même de « projection » impliquait celle de la planification. Finalement, von der Groeben obtint du collège des commissaires, que le rapport soit publié sous la seule responsabilité des experts. Il parvint également à édulcorer l’avant-propos de la Commission que Marjolin avait inséré, en atténuant les points relatifs à la portée de ces prévisions et à la nécessité d’établir des programmes qui en résultent47. Après ce premier rapport, von der Groeben et la DG Concurrence continuèrent de le surveiller tout en s’abstenant d’y participer directement afin de ne pas impliquer l’administration communautaire de manière trop visible dans ces travaux qu’ils souhaitaient circonscrire48. Mais, de toute façon, l’opposition allemande puis la crise de la chaise vide (1965-66) mirent un terme aux ambitions planificatrices de Marjolin. À la demande de celui-ci, Uri effectue en 1967 une nouvelle étude sur la capacité concurrentielle de la CEE, sans doute en réponse au Kennedy round, cette première grande négociation de libération internationale des échanges, qui venait alors de s’achever49.
Conclusion
24Face au traité de Rome, Pierre Uri a été un synthétiseur, un promoteur et un passeur. Il a synthétisé des perspectives très différentes, en dépassant deux débats, entre intégration générale et intégration fonctionnelle d’une part, et entre libre-échange et protectionnisme d’autre part. Son rôle a commencé avant Messine, et s’est affirmé lors du rapport Spaak, qu’il a rédigé. Uri a dû composer avec Hans von der Groeben qui représentait une tradition différente, plus libérale. Les deux se sont accordés autour d’une solution de traité-cadre, laissant ouverte l’équilibre entre Europe libérale, Europe sociale, et Europe industrielle. Le rapport Spaak préfigura largement le traité de Rome, sur la négociation duquel Uri eut peu d’emprise.
25Uri a aussi été un promoteur infatigable du traité de Rome auprès de décideurs économiques, certains sceptiques envers la construction européenne communautaire comme Pierre Mendès France et Olivier Wormser, d’autre plus européistes, mais pas forcément enthousiastes au début envers le projet de Marché commun comme Jean Monnet. Uri joua un rôle déterminant pour montrer l’intérêt de la future Communauté économique européenne tant face à Euratom que face à la zone de libre-échange, dont il a stigmatisé le caractère délétère pour une intégration européenne non circonscrite à sa seule dimension libérale.
26Émerge toutefois des archives et des témoignages l’impression d’une personnalité brillante et difficile, plus adaptée aux négociations d’experts internationaux qu’à l’exercice de responsabilités politiques. Plus qu’un « père de l’Europe », Uri en est l’un de ses penseurs et l’un de ses artisans. En tant qu’homme de l’ombre, Uri a complété par sa puissance intellectuelle, mise au service du dépassement des contradictions des Six, l’action des grands négociateurs que furent Monnet et Spaak, et à un degré moindre Marjolin, aux prises avec le libéralisme de von der Groeben. Cela se vit à Messine, dans le rapport Spaak, dans les débats préfigurant des réflexions stimulantes sur le rapprochement des politiques économiques et monétaires au sein de la CEE. Tous ces travaux sont marqués par une conception exigeante, ambitieuse et surtout intégrée de la construction européenne. C’est sans doute l’un des éléments qui explique la pérennité du traité du Rome, alors qu’en 1955, et même au moment de sa signature en 1957, son succès était loin d’être garanti. Sa fécondité réside dans le fait qu’il ne constitue pas un accord de circonstance, mais bien un engagement dynamique, qui s’appuie sur une architecture organique structurée, un cadre évolutif, comme l’avait conçu Uri initialement, avec d’autres, à partir du rapport Spaak. Et c’est sans doute cette synthèse ambitieuse qui demeure l’un des éléments les plus vivants de sa postérité intellectuelle.
Notes de bas de page
1 Pierre Uri, Penser pour l’action. Un fondateur de l’Europe, Paris, Odile Jacob, 1991, p. 137.
2 Comité pour l’histoire économique et financière de la France (désormais Cheff), Entretien n° 3 de Pierre Uri avec Anne Rasmussen, 25 novembre 1989.
3 La contribution s’appuie en particulier sur les archives Pierre Uri conservées aux Archives historiques de l’Union européenne (désormais AHUE) sises à Florence, et sur d’autres fonds publics français. Elle s’appuie aussi en large partie sur des études publiées dans un ouvrage avec une perspective différente : Laurent Warlouzet, Le choix de la CEE par la France. Les débats économiques de Pierre Mendès France à Charles de Gaulle (1955-1969), Paris, IGPDE-Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2011, ouvrage disponible en ligne : https://books.openedition.org/igpde/102. Voir aussi Fabio Masini, « Pierre Uri: The making of a European economic order », dans History of Economic Thought and Policy, 2, 2021, pp. 53‑68. On trouvera infra la traduction française de ce texte.
4 AHUE, Fonds Pierre Uri (désormais PU) 52, rapport de Robert Triffin à la Ceca, février 1955, « Intégration et convertibilité monétaire ».
5 Cheff, Entretien n° 2 de Pierre Uri avec Anne Rasmussen, le 18 novembre 1989.
6 Sur le contexte général de l’histoire de l’intégration européenne, nous renvoyons à : Bino Olivi, Alessandro Giacone, L’Europe difficile : histoire politique de la construction européenne, Paris, Gallimard, 2007 ; Laurent Warlouzet, Histoire de la construction européenne depuis 1945, Paris, La Découverte, 2022.
7 Cheff, Entretien n° 3 de Pierre Uri avec Anne Rasmussen, le 25 novembre 1989.
8 Cheff, Entretien n° 2 de Pierre Uri avec Anne Rasmussen, le 18 novembre 1989.
9 Rapport des chefs de délégation aux ministres des Affaires étrangères, Bruxelles, 21 avril 1956, ci-après : « rapport Spaak ». Disponible sur le site internet https://www.cvce.eu/.
10 Gérard Bossuat, L’Europe des Français. La IVe République aux sources de l’Europe communautaire, Paris, Publications de la Sorbonne, 1996, p. 315 ; Pierre Uri, op. cit., pp. 121‑125. Bernhard Löffler, Soziale Marktwirtschaftund administrative Praxis : das Bundeswirtschafts ministerium unter Ludwig Erhard, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 2003.
11 Sur Hans von der Groeben, outre ses témoignages (notamment dans Hans von der Groeben, Combat pour l’Europe. La construction de la Communauté Européenne de 1958 à 1966, Luxembourg, Office des publications officielles des Communautés européennes, 1985), voir : Katja Seidel, The Process of Politics in Europe. The Rise of European Elites and Supranational Institutions, Londres, Tauris, 2010 ; Bernhard Löffler, op. cit.
12 « Von der Groeben avait prolongé la discussion sur ce qui l’intéressait, le Marché commun ». Pierre Uri, op. cit., p. 123.
13 Laurent Warlouzet, Le choix de la CEE par la France, op. cit., pp. 269‑291 ; Laurent Warlouzet, « The Centralization of EU Competition Policy: Historical Institutionalist Dynamics from Cartel Monitoring to Merger Control (1956-91) », dans Journal of Common Market Studies, 54, 3, 2016, pp. 725‑741 ; Thomas Hoeren, Reiner Schulze, Dokumentezum Europäischen Recht: Band 3: Kartellrecht (bis 1957), Stuttgart, Springer, 2000.
14 Enrico Serra (dir.), La relance européenne et les traités de Rome, Bruxelles, Bruylant, 1989 ; Hanns Jürgen Küsters, Fondements de la Communauté économique européenne, Bruxelles, Labor, 1990.
15 Cheff, Entretien n° 3 de Pierre Uri avec Anne Rasmussen, le 25 novembre 1989.
16 Sur ces différentes modalités d’intégration européenne : Laurent Warlouzet, Europe contre Europe. Entre liberté, solidarité et puissance, Paris, CNRS éditions, 2022.
17 Robert Marjolin, Le travail d’une vie, Mémoires 1911-1986, Paris, Laffont, 1986, p. 296 et Hanns Jürgen Küsters, Fondements de la CEE, Luxembourg, Office des publications des Communautés, 1990 [1982], p. 168.
18 Jean Monnet, Mémoires, Fayard, 1976, p. 495. L’expression « Inspirateur » pour désigner Monnet vient de Charles de Gaulle et a été reprise par Éric Roussel : Éric Roussel, Jean Monnet, Paris, Fayard, 1996.
19 François Duchêne, Jean Monnet, The First Statesman of Interdependence, Londres, WW Norton & Company, 1994, p. 291.
20 Pierre Mendès France, Œuvres complètes, tome 4, Pour une République moderne, 1955-1962, Paris, Gallimard, 1987, pp. 250‑275.
21 Sur le projet de zone de libre-échange de 1956-58, voir : Laurent Warlouzet, Le choix de la CEE par la France, op. cit. ; Wolfram Kaiser, Using Europe, Abusing the Europeans: Britain and European Integration, 1945-63, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 1999 ; Alan Milward, The Rise and Fall of a National Strategy: The UK and The European Community, vol. 1, Londres, Routledge, 2013.
22 DDF, 1957-I, doc n° 63, note du service de coopération économique, 19 janvier 1957.
23 « Le débat Mendès France-Uri sur les traités de Rome (juillet 1957) », texte n° 45 dans Gérard Bossuat, Faire l’Europe sans défaire la France…, op. cit., pp. 368‑373. Dans ses deux lettres à Uri, Mendès France concède quelques arguments à son interlocuteur tout en estimant que la France ne pourra de toute façon pas appliquer les clauses libérales du traité de Rome : lettres des 13 juillet et 5 août 1957 de Pierre Mendès France à Pierre Uri, pp. 369‑371 et p. 373.
24 Gérard Bossuat, L’Europe des Français, op. cit., p. 360.
25 Archives du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, France, (désormais AMAE), Papiers Olivier Wormser (désormais POW) 38, folio 275, « Papier Uri » sur la ZLE, 23 juillet 1957.
26 AMAE, POW 38‑279, note Uri du 20 septembre 1957.
27 AMAE, POW 38‑288, projet de note des Six à l’OECE, PU, 7 octobre 1957.
28 AMAE, POW 40‑346, lettre de Pierre Uri à Olivier Wormser, copie Marjolin du 15 novembre 1958.
29 Laurent Warlouzet, « De Gaulle as a Father of Europe: The Unpredictability of the FTA’s failure and the EEC’s Success (1956-1958) », dans Contemporary European History, 20, 4, 2011, pp. 419‑434.
30 Sur les regrets d’Uri : Pierre Uri, op. cit., p. 148 ; sur Marjolin : Robert Marjolin, op. cit.
31 AHUE, procès-verbal des réunions de la Commission du 18 juin 1958 et du 19 novembre 1958, 21e et 38e sessions.
32 AHUE, PU 52, rapport de Triffin à la Ceca, février 1955, « Intégration et convertibilité monétaire », doc 6327/55 ; rapport de Triffin, février 1955, « note sur l’évolution courante et les perspectives présentes des négociations relatives à l’UEP et à la convertibilité », rapport de février 1955, doc 6328/55.
33 Robert Triffin, Europe and the Money Muddle. From Bilateralism to Near-Convertibility, 1947-1956, Londres, Oxford University Press, 1957.
34 François Duchêne, Jean Monnet, The first statesman of interdependence, NY-Londres, WW Norton & Company, 1994, p. 312. Voir aussi : Jean Monnet, Mémoires, vol. 2, Fayard, édition de poche, 1976, p. 639.
35 AHUE, PU 81, note de Pierre Uri du 12 mars 1958 ; AHUE, PU 112, note du 25 février 1958, propositions de Monnet des 6 et 24 mars 1958, cité dans Frances Lynch, « De Gaulle’s First Veto. France, the Rueff Plan and the FTA » dans Contemporary European History, 9, 1, 2000, p. 117 ; « Le projet de Fonds européen de réserve » de novembre et décembre 1957 ; Annexes 4 et 5 dans Catherine Ferrant et Jean Sloover (dir.), Robert Triffin. Conseiller des Princes, Témoignages et Documents, Bruxelles, Ciaco, 1990, pp. 99‑107 ; AHUE, PU 80, Memorandum sur la création d’un Fonds européen de réserve, 21 décembre 1957, RT, envoyé à Pierre Uri. « RT » semble désigner Robert Triffin. Voir aussi le témoignage de Robert Triffin : C. Ferrant et J. Sloover, op. cit., p. 95.
36 AHUE, PU 84 : CAEUE, note sur l’union européenne de réserve, 1961.
37 AHUE, procès-verbal de la réunion de la Commission des 13‑14 mars 1958, 8e session. Le rapport est présent dans PU 56.
38 AHUE, procès-verbal de la 28e session de la Commission des 8‑11 septembre 1958.
39 Sur ce projet, voir Laurent Warlouzet, Le choix de la CEE par la France, op. cit., pp. 339‑395 ; Hugo Canihac, « Un marché sans économistes ? La planification et l’impossible émergence d’une science économique européenne (1957-1967) », dans Revue française de science politique, 69, 1, 2019, pp. 95‑116.
40 Les autres membres sont : Salvatore Guidotti (conseiller économique à la Banque d’Italie), Jacques Poss (chargé d’étude auprès du service central de la Statistique et des Études économiques de Luxembourg) et Wilhelm Bauer (directeur scientifique de l’Institut de recherche économique de Rhénanie-Westphalie, Essen).
41 AHUE, BAC 62/1980, volume 7, rapport du groupe de travail pour les problèmes de structures et de développement à long terme, perspectives de développement économiques dans la CEE de 1960 à 1970, 1962.
42 AHUE, BAC 62/1980, volume 7, doc. II/10680/63-F, rapport sur les perspectives de développement économiques dans la CEE de 1960 à 1970, aspects structurels, 1963.
43 Archives nationales, 1979.0791, volume 100, commentaires sur le document CEE II/5455/61 du 31 juillet 1961 : « Documents préparatoires à l’attention du groupe pour les problèmes de structures et de développement à long terme ».
44 Pierre Uri, « La planification entre les nations pour construire l’Europe » dans Annales de l’économie collective, janvier 1963.
45 AHUE, BAC 62/1980, volume 3, folio 236, note de la Commission, 28 juin 1962, en vue de la 193e réunion du 11 juillet 1962. AHUEB, BAC 62/1980, volume 3, folio 234, procès-verbal de la 194e réunion de la Commission, 18‑19 juillet 1962.
46 AHUE, BAC 62/1980, volume 3, folio 259, note de Verloren van Themaat à von der Groeben, « Suite à réserver au rapport du groupe de travail pour les structures et le développement à long terme », 6 juillet 1962.
47 AHUE, BAC 62/1980, volume 3, folio 212, procès-verbal de la 201e réunion de la Commission du 10 octobre 1962.
48 AHUE, BAC 62/1980, volume 3, folio 203, note Saclé à Verloren Van Themaat, 31 octobre 1962.
49 AHUE, PU 76, document du 6 juillet 1967.
Auteur
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Laurent Warlouzet
Professeur d’histoire à Sorbonne université, agrégé d’histoire, Laurent Warlouzet a été postdoctorant à l’Institut universitaire européen de Florence (IUE) et à la London School of Economics (LSE). Il a enseigné à Sciences Po et à HEC, et a été professeur invité à Mayence et Shanghai. Auteur d’une centaine de publications académiques, il a publié récemment un essai sur l’histoire des coopérations européennes de 1945 à 2021 : Europe contre Europe. Entre liberté, solidarité et puissance, Paris, CNRS éditions, 2022. Il a aussi publié deux manuels, l’un en français Histoire de la construction européenne depuis 1945, Repères, 2022 et un autre en anglais Reinventing Europe. The history of the European Union, 1945 to the Present, Bloomsbury, 2023, co-dirigé avec Brigitte Leucht et Katja Seidel.
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