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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Introduction I. Échanges informels et crédits de proximité II. Le monde du prêt sur gage III. L’institutionnalisation du microcrédit IV. Des institutions immédiatement adoptéespar les populations Notes de bas de page Auteur

    Concurrence et marchés

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    L’accès au microcrédit dans la France du XVIIIe siècle

    Laurence Fontaine

    p. 325-346

    Texte intégral Introduction I. Échanges informels et crédits de proximité II. Le monde du prêt sur gage A. L’omniprésence des intermédiaires masculins et féminins B. Les prêteurs à la petite semaine C. Les usuriers III. L’institutionnalisation du microcrédit IV. Des institutions immédiatement adoptéespar les populations Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    Introduction

    1Dans la France préindustrielle, il n’y a pas de véritable système bancaire, et aucune institution spécifique n’existe pour financer la petite entreprise ou pour aider tous ceux qui sont momentanément dans le besoin. Ce constat est largement dû à l’interdiction globale du prêt à intérêt promulguée par l’Église et soutenue par l’État ; interdiction qui ne prendra réellement fin qu’à la Révolution française. Si de nombreuses exceptions se sont ajoutées au fil des siècles, à commencer par la reconnaissance, dès le Moyen Âge, de ce droit dans les activités marchandes, ce dernier reste condamné quand il s’agit de prêt à la consommation ou envers les plus démunis, malgré l’évolution des esprits qu’atteste le nombre de voix qui se font entendre pour réclamer la liberté des taux ou, à tout le moins, leur encadrement et leur institutionnalisation. Il faut donc attendre octobre 1789 pour que l’Assemblée nationale adopte un décret qui reconnaît le prêt à intérêt au taux fixé par la loi et la fin de la Révolution pour que le contrat soit complètement laïcisé et le devoir de solidarité laissé à la liberté de chacun : « Chaque citoyen sera libre de contracter comme bon lui semblera : les obligations qu’il aura souscrites seront exécutées dans les termes et valeurs stipulés », décrète une loi du 5 thermidor an IV en instaurant la liberté des taux1.

    2Pourtant, il y a un besoin structurel de crédit dans la plupart des groupes sociaux, du seul fait que les rentrées d’argent sont irrégulières alors que la dépense, elle, ne l’est pas. Dans l’Europe moderne, les marchés de la vie quotidienne sont atomisés : on vend et on achète par toutes petites quantités. Les prêts associés à ces transactions sont alors, eux aussi, petits et fréquents. Parce qu’il n’y a pas de réel intérêt financier, ces petites demandes de prêt relèvent du crédit de proximité ou alors du prêt sur gage, seule forme qui surmonte les faiblesses du haut risque et des faibles volumes. C’est pourquoi après avoir montré l’existence et la prégnance d’une économie financière informelle qui tourne autour de la circulation des objets et du prêt sur gage, on s’arrêtera sur quelques-uns de ses acteurs avant d’entrer dans l’institutionnalisation de ce besoin de microcrédit.

    I. Échanges informels et crédits de proximité

    3Parents, amis, fournisseurs de travail et spécialistes du crédit – des marchands et toutes sortes d’individus et d’institutions qu’il faut débusquer – constituent les différents cercles de créanciers auxquels s’adressent les classes populaires urbaines2. Comme partout, les femmes investissent leurs gains, leur dot et leurs héritages dans le prêt de proximité – activité informelle qu’il est souvent difficile de mettre en évidence mais que les hasards des archives donnent à voir, en particulier, dans les inventaires après décès. Une autre source de crédit provient, en ville, des associations de travailleurs, qui fonctionnent comme des banques à l’usage de leurs membres. Les fonds recueillis par les compagnies servent alors pour le secours mutuel, pour des travaux d’utilité publique et pour offrir de petits prêts à ses membres.

    4Dans la ville, une infinité de transactions s’effectuent avec la parole donnée : on échange des marchandises contre du travail et de minuscules prêts d’argent, de denrées ou d’objets contre d’autres prêts ou des journées, et chacun fait le compte mentalement de ce qu’il a reçu et donné. Les désaccords viennent rarement jusqu’à nous ; quelques registres de la police en livrent, qui concernent avant tout des marchandises prises dans les boutiques, du travail fourni ou de petits prêts. Certains retracent une longue histoire d’échanges mutuels jusqu’à ce que la mésentente s’installe sur la valeur des services rendus. Quand les dettes s’accumulent, on réclame des gages en vêtements, meubles ou ustensiles. Les gages sont fréquents dans les inventaires du boucher, de l’apothicaire3 et surtout du cabaretier, au point que la ville de Lyon interdit à ce dernier de se faire payer à crédit ou avec un gage4. Mais surtout, on demande des cautions qui se portent garantes et promettent de « répondre » en cas de défaillance de l’emprunteur. Devant le bureau de police, les plaignants citent les cautions et celles-ci ne se dérobent jamais5. Les maigres traces de ces multiples échanges ne doivent pas nous en faire oublier l’envahissante présence.

    5Dans le commerce alimentaire, le crédit est omniprésent : vis-à-vis des fournisseurs qui avancent la marchandise et attendent qu’elle soit vendue pour être payés et vis-à-vis des clients qui achètent à crédit6. Les rares livres de comptes qui ont survécu montrent qu’en plus du crédit à la consommation, les boutiquiers accordent à certains de leurs clients de menus prêts d’argent. Au xviie siècle, sur 41 boulangers lyonnais pour lesquels les informations fournies dans les inventaires après décès permettent de mesurer le volume du crédit consenti à la clientèle, les deux tiers des boulangers laissent à leur mort des tailles dont la valeur est inférieure à 250 livres, mais un sur cinq est créancier de plus de 1 000 livres auprès de ses clients. Un boulanger totalise même 158 tailles pour un peu plus de 3 045 livres. Certains bouchers ont également des tailles qui se montent, elles aussi, à plusieurs milliers de livres7.

    II. Le monde du prêt sur gage

    6Le prêt sur gage privé est incroyablement diffusé dans l’ancienne Europe. Dans les milieux populaires et urbains, la mise en gage d’objets est incessante dès que le travail manque. Les dossiers de requête auprès des institutions de charité mentionnent régulièrement des prêts consentis pour racheter ou retirer quelque outil laissé en gage8. De fait, le gage est une vente et non un prêt : c’est un contrat de vente-rachat. La personne qui a besoin d’argent vend son bien à une somme inférieure et obtient un délai pour le racheter en remboursant à ce moment-là le capital et les intérêts. La durée de la transaction est estimée selon la valeur du gage. Mais d’une manière générale, les durées sont courtes : un à six mois, ce qui convient bien aux agents des économies pauvres. Bien entendu, ces prêts évitent les procédures légales coûteuses (enregistrement, notaire, hypothèques, etc.).

    7Avec le prêt sur gage, se développe toute une économie informelle dans laquelle se vendent et se revendent linges, vêtements et petits bijoux. Le marché du vêtement d’occasion est sans doute l’un des marchés les plus importants de ces époques9. Il était entre les mains des Juifs dans les principales villes italiennes10, des Alpins dans l’espace rhénan, des Auvergnats dans de nombreuses villes de France et d’Espagne. Diverses corporations cherchent à conserver ou gagner le monopole de ce marché et celle des fripiers figure toujours parmi les plus riches. À côté de ces groupes plus organisés, toutes sortes de petits marchands et d’intermédiaires, hommes et femmes, couturières, lingères, revendeurs et revendeuses, participent de ce marché dont l’importance apparaît dans la répartition numérique des professions du vêtement. À Paris, la confection regroupe, vers 1725, 3 500 tailleurs et couturières contre environ 700 fripiers et autant de marchandes lingères, mais compte 6 000 à 7 000 revendeuses11…

    8Mettre en lumière et étudier ces circuits est difficile car la documentation manque : nous touchons bien souvent au secteur de l’économie informelle qui, à moins de devenir criminelle, échappe presque complètement à l’archive. Écrivains, pamphlétaires, archives criminelles et dossiers de faillites sont les seuls moyens pour éclairer ce monde souterrain des circulations financières. Louis-Sébastien Mercier est un bon guide pour entrer dans cette économie urbaine. Si sa plume est volontiers moralisatrice, attachée à pourfendre le libertinage et la dégradation des mœurs, ou édifiante dès qu’il s’agit de louer les valeurs familiales, son œil est, lui, d’une extrême acuité. Sa capacité à saisir les microcircuits économiques, les pratiques sociales et culturelles qui leur sont liées et les petits métiers qu’ils génèrent est, chaque fois qu’ils existent, toujours corroborée par d’autres sources.

    A. L’omniprésence des intermédiaires masculins et féminins

    9On repère, dans ce monde des prêteurs d’argent, des usuriers à la petite semaine et des usuriers de plus grande envergure qui masquent leur activité derrière un commerce légal, comme celui de la bijouterie. Mais le trait le plus frappant de cette économie est la multiplicité des intermédiaires, hommes et femmes, qui en vivent occasionnellement ou plus durablement. Nous allons pénétrer dans ce monde en nous attachant au rôle des femmes.

    10Les femmes travaillent de manière privilégiée avec les deux bouts de l’échelle sociale : avec les aristocrates et les plus démunis. Les revendeuses à la toilette profitent de l’interdit marchand qui frappe l’aristocratie et de ce que les dettes de jeu sont des dettes d’honneur qui doivent être honorées sans délai. Le dictionnaire de Trévoux les mentionne et Louis-Sébastien Mercier les décrit plus longuement :

    « Les revendeuses à la toilette entrent partout. Elles vous apportent les étoffes, les dentelles, les bijoux de ceux qui veulent avoir de l’argent comptant pour payer les dettes du jeu. Elles sont les confidentes des femmes les plus huppées, qui les consultent, et arrangent plusieurs affaires d’après leurs avis. Elles ont des secrets curieux, et les gardent d’ordinaire assez fidèlement.
    Il faut qu’une revendeuse à la toilette, a dit quelqu’un, ait un caquet qui ne finisse point, et néanmoins une discrétion à toute épreuve, une agilité renaissante, une mémoire qui ne confonde pas les objets, une patience que rien ne lasse, et une santé qui résiste à tout.
    Il n’y a de ces femmes-là qu’à Paris. Elles font leur fortune en très peu de temps […]12. »

    11Savary signale également leur rôle dans la diffusion des marchandises de contrebande13. De fait, on en retrouve à la Bastille, soit pour des activités de contrebande, comme la femme Léonard, « courtière et revendeuse à la toilette », qui doit à cinq créanciers (parmi lesquels figurent un marchand mercier et une mercière) près de 30 000 livres pour des « marchandises confiées », et qui revend de tout (tapis de Perse, étoffes des Indes, satins, robes, bijoux, montres14), soit pour des prêts usuraires, de la revente ou du recel de gages, comme Marie Ursule Mazerine, une veuve, « revendeuse à la toilette et prêteuse sur gage », qui refuse de rendre deux montres à un marchand horloger qui les lui a confiées ainsi qu’une robe de satin doublée de taffetas flambé appartenant à la femme d’un bourgeois de Paris, qui lui a laissée contre un prêt de 25 livres pour un mois avec intérêt payé d’avance alors que la robe en vaut 15015.

    12Il est difficile de retrouver la trace des femmes qui touchent la clientèle pauvre puisqu’elles échappent à l’intérêt de l’État et que les enjeux valent rarement la peine qu’on les dénonce. Les archives judiciaires en épinglent toutefois quelques-unes et les excès du métier laissent deviner les pratiques plus ordinaires. Les archives de la Bastille nous font connaître, pour le Paris du xviiie siècle, un certain nombre de ces femmes du menu peuple qui sont tombées dans la délinquance financière, tantôt parce qu’elles demandent beaucoup et prêtent peu, tantôt parce qu’elles vendent les gages, voire les font fructifier en en louant l’usage à d’autres, ou alors parce qu’elles demandent des intérêts exorbitants. Suivons quelques-unes de ces femmes dans les facettes de la petite délinquance financière féminine : excès d’usure pour la femme Lestrade, qui prête 36 livres sur deux robes de soie et trois jupons qui en valent 150, et qui retient en outre 3 livres 12 sols par mois d’intérêt16 ; vente des gages pour Marie Magdeleine Le Fort, la femme d’un scieur de long, qui a vendu le manteau et le jupon de la boulangère qu’elle avait acceptés en gage pour lui prêter 22 livres17 ; ou la femme Roger et sa fille, qui n’ont pas rendu l’habit de drap gris fer galonné d’or qu’un gentilhomme leur avait confié pour nantissement de 120 livres18 ; ou encore la Dame Bertrand, par l’intermédiaire de laquelle le sieur Malbay a mis en gage chez Lafosse, contre 3 louis et 12 livres d’intérêt pour quatre mois, un habit qu’elle a loué et qu’il a retiré usé avec « dans les poches des lettres de tendresse et un billet de 444 livres au profit d’un certain Desarsis19 ».

    13Ces femmes travaillent en liaison avec d’autres prêteurs. Elles engagent leur responsabilité et la font payer, comme la Demoiselle Benoist qui retient 2 sols par livre d’intérêt et sert de « courtière » aux prêteurs sur gage, même si elle ne résiste pas à revendre les gages quand elle fait elle-même affaire20. Mais servir de caution n’est pas sans risque et la veuve La Tour se retrouve menacée de prison car le fils d’un marchand épicier a volé la Demoiselle Prunier chez laquelle elle l’avait introduit et cette dernière se retourne contre l’intermédiaire21.

    14Enfin, le monde de la prostitution est lui aussi très lié au prêt sur gage, à la fois parce que les prostituées se doivent d’investir dans l’apparence et parce qu’elles reçoivent aussi en paiement de leurs clients des cadeaux vestimentaires. On rencontre des emprunteuses comme la Dubuisson, une « fille du monde », qui a emprunté 40 livres avec 4 livres d’intérêt pour le premier mois sur une veste de soie bleue brodée en argent à la Leloup, qui, elle, l’a remise à la Sagest pour trouver un prêteur, mais les deux intermédiaires l’ont sans doute vendue22. On trouve aussi des prêteuses comme Marie Anne de Lostaing, la veuve d’un valet de pied, qui a été reléguée à Dijon, sa ville d’origine, pour débauche publique et Élisabeth Le Tellier, employée chez une marchande lingère, craint de ne rien récupérer des 350 livres de tissus et dentelles qu’elle lui a confiés23.

    15Toutes ces femmes, quelle que soit l’envergure de leurs affaires, travaillent aussi ensemble. Elles sont un des maillons de ce commerce de la finance et de la revente qui anime intensément la ville et où l’argent, les marchandises, les vêtements et les objets passent de main en main suivant de longues chaînes d’intermédiaires. Elles savent à qui s’adresser pour emprunter ou revendre et les commerçants font aussi appel à elles quand une de leurs clientes a besoin d’argent. Trois ou quatre intermédiaires ne sont pas rares. Ainsi Madeleine Le Dagre utilise la revendeuse Hérissier pour écouler deux pièces de toiles de 355 livres. Hérissier les confie avec d’autres effets à Delaunay, la veuve d’un lieutenant de vaisseau qui est associée avec un homme « sans bien ni profession » et qui n’a payé que la moitié des pièces de toile et qui lui doit en outre 1 500 livres pour d’autres effets24. La courtière Deshayes remet la montre en or ciselée de l’aide-major du bataillon de milice de Mantes à un deuxième courtier qui la place chez un troisième, qui disparaît avec25. Un tailleur s’adresse à Javotte Gouillon pour prêter 10 écus à une de ses clientes contre une robe que la revendeuse à la toilette a revendue trois mois plus tard26. Catherine Villers, femme d’un garçon bouchonnier, confie deux habits mis en gage pour 60 livres chez Lerson à un laquais de M. l’évêque d’Autun et le pauvre emprunteur ne peut plus récupérer ses vêtements27.

    16Dans ce petit crédit, les femmes qui vivent au cœur des quartiers renseignent sur les possibles prêteurs et emprunteurs, servent d’intermédiaire et parfois même de caution. Elles sont sans arrêt en interaction avec le monde des courtiers et des prêteurs d’argent.

    B. Les prêteurs à la petite semaine

    17Toutes les femmes ne sont pas du côté des prêteurs et beaucoup d’entre elles ont besoin de petits prêts réguliers pour acheter les marchandises nécessaires à leur commerce. Les textes de l’époque appellent ces usuriers des « prêteurs à la petite semaine ». Malgré les hauts taux qu’ils pratiquent, Louis-Sébastien Mercier comme Turgot ont pris leur défense parce qu’ils rendent de grands services. Mercier les oppose d’ailleurs aux usuriers qui savent s’enrichir de l’inexpérience des jeunes gens et qui ne prêtent pas sur gage :

    « Je ne parle pas ici de cette foule de mercenaires qui prêtent à la petite semaine ; ceux-ci sont souvent moins âpres, moins barbares ; d’ailleurs, ils sont pauvres. Mais je parle de ces riches […] Ces usuriers-là ne prêtent pas sur gages […]28. »

    18Certains de ces prêteurs à la petite semaine sont spécialisés dans la fourniture de capital aux pauvres marchandes. Ils ne demandent d’ailleurs pas de gage mais imposent la solidarité collective à leurs clientes. Ils ont leurs officines autour des Halles. Mercier décrit la scène :

    « Les femmes qui vendent des fruits et des légumes qu’elles portent sur l’éventaire, les détailleurs en tous genres ont besoin le plus souvent de la modique avance d’un écu de six livres pour acheter des maquereaux, des pois, des groseilles, des poires, des cerises. Le prêteur le confie, à condition qu’on lui rapportera au bout de la semaine sept livres quatre sols. Ainsi, son écu, quand il travaille, lui rapporte près de soixante livres par an, c’est-à-dire, dix fois sa valeur. Voilà le taux modéré des prêteurs à la petite semaine.
    Il [l’usurier] se rend alors dans une maison écartée, dans une salle où il n’y a qu’une mauvaise tapisserie, un grabat, trois chaises et un crucifix. Là, il donne audience à soixante poissardes, revendeuses et pauvres fruitières. Puis il leur dit d’une voix composée : “Mes amies, vous voyez que je ne suis pas plus riche que vous ; voilà mes meubles, voilà le lit où je couche quand je viens à Paris ; je vous donne mon argent sur votre conscience et religion ; car je n’ai de vous aucune signature, vous le savez, je ne puis rien réclamer en justice. Je suis utile à votre commerce ; et quand je vous prodigue ma confiance, je dois avoir ma sûreté. Soyez donc toutes ici solidaires l’une pour l’autre, et jurez devant ce crucifix, l’image de notre divin Sauveur, que vous me ferez aucun tort, et que vous me rendrez fidèlement ce que je vais vous confier.”
    Toutes les poissardes et fruitières lèvent la main, et jurent d’étrangler celle qui ne serait pas fidèle au paiement : des serments épouvantables se mêlent à de longs signes de croix. Alors l’adroit sycophante prend les noms, et distribue à chacune un écu de six livres, en leur disant : “Je ne gagne pas ce que vous gagnez, il s’en faut.” La cohue se dissipe, et l’anthropophage reste seul avec deux émissaires dont il règle les comptes et paie les gages29. »

    19Même si ce ne sont pas comme aujourd’hui des banquiers préoccupés de développement qui l’organisent, le microcrédit solidaire n’est donc pas une invention contemporaine : il aidait déjà de multiples petits entrepreneurs féminins à vivre malgré leur marginalisation institutionnelle et les hauts taux d’intérêt. De fait, la position du prêteur de rue est ambivalente. Il vit du désespoir du petit peuple des artisans, des commerçants et des femmes qui cherchent à vivre au jour le jour. Mais, comme il est indispensable à la vie du quartier, il reçoit malgré tout une certaine gratitude de la communauté. En revanche, il est la bête noire des philanthropes. Mais des économistes comme Turgot les défendent. Dans son Mémoire sur les prêts d’argent, si Turgot montre qu’il n’y a pas de taux d’intérêt plus fort que ceux pratiqués dans ces petits prêts, il ajoute que les clients ne s’en plaignent pas car, grâce à eux, ils peuvent exercer un petit commerce et en vivre :

    « Ne sait-on pas qu’il y a des usures qu’on est obligé de tolérer. Il n’y en a peut-être pas de plus forte que celle qu’on connaît à Paris sous le nom de prêt à la petite semaine et elle a été quelquefois jusqu’à 2 sous par semaine pour un écu de 3 livres : c’est sur le pied de 173 et un tiers pour 100. Cependant, c’est sur cette usure vraiment énorme que roule le détail du commerce des denrées qui se vendent à la halle et dans les marchés de Paris. Les emprunteurs ne se plaignent pas des conditions de ce prêt, sans lequel ils ne pourraient faire un commerce qui les fait vivre, et les prêteurs ne s’enrichissent pas beaucoup parce que cet intérêt exorbitant n’est guère que la compensation du risque que court le capital. En effet, l’insolvabilité d’un seul emprunteur enlève tout le profit que le prêteur peut faire sur trente ; en sorte que si le risque d’infidélité ou d’insolvabilité de l’emprunteur était d’un sur trente, le prêteur ne tirerait aucun intérêt de son argent, et que si ce risque était plus fort, il perdrait sur le capital30. »

    20Turgot insiste sur le fait que, grâce à ces prêts, les petits marchands gagnent leur vie et « sont bien loin de se plaindre des prêteurs » et que pour cela « la police et le ministère public les laissent-ils fort tranquilles ».

    C. Les usuriers

    21La ville fourmille par ailleurs d’usuriers dont la diversité des pratiques va de la petite transaction clandestine dans l’arrière-boutique à l’activité au grand jour de celui qui a pignon sur rue. Dans l’un et l’autre cas, ce ne sont ni la même clientèle ni les mêmes objets qui sont acceptés31. Le comte de Forges réclame un Mont-de-Piété dans chaque ville pour lutter contre la prolifération des usuriers : « Il n’y a point de quartier dans Paris où il n’y ait un fameux usurier, & qui pis est, c’est qu’ils y vivent tranquilles, & que le secret de leur demeure et de leur profession est celui de la Comédie. » Il leur reproche d’exiger de trop gros intérêts, de ne donner pas même le quart de la valeur des objets qui leur sont confiés et qu’ils vendent ou perdent, sans compter qu’ils changent souvent de demeure, disparaissent et font banqueroute32. Les archives de la Bastille nous font connaître pour Paris quelques-unes de ces usuriers qui ne s’éternisent pas en boutique. Leurs quartiers de prédilection sont situés autour de la rue Quincampoix et entre l’Odéon et la Seine. Mercier désigne ces maisons comme des « antres de rapine33 ». Ces officines privées sont le plus souvent tenues par des marchands qui emploient des courtiers pour trouver la clientèle et s’en faire payer. Beaucoup ne donnent pas de reconnaissance, discutent la date de l’échéance et substituent les effets confiés.

    22Aux dires des Parisiens, Auvergnats et Juifs sont les grands usuriers de la capitale. Françoise Raison-Jourde a attrapé dans les archives de Clermont34 une bande de prêteurs sur gage. Les meneurs, dont J. Cayron l’aîné, auraient réussi grâce à des prêts d’argent auprès des grands du Royaume. Ces accusations sont répétées à plusieurs reprises et l’une d’elles est très précise : « J. Cayron l’aîné demeure rue des Mauvaises-Paroles […] D’une avidité incomparable pour l’intérêt et connu pour fameux prêteur d’argent à grosse usure. » Il prête à Du Parc sans intérêt, habile façon de solliciter sa reconnaissance et « fait prêter par plusieurs Auvergnats opulents de l’argent à intérêt, attendu que M. Du Parc et son épouse, voulant prendre le ton des gens de haute considération […] sont obligés d’emprunter35 ».

    23Parmi les marchandises reçues en échange des prêts à une clientèle plus populaire, on ne compte aucun meuble mais des habits et des draps, à la rigueur quelques tableaux ou des montres, des tabatières, des couverts d’argent, de nombreux objets de cuivre, chaudrons, bassinoires, que Besson devait facilement écouler auprès de ses confrères. Les sommes versées tournent autour de 10 à 15 livres et la clientèle est située dans le 6e et le 5e arrondissement. Besson a surtout affaire aux domestiques, aux portiers d’hôtel, à des couturières, des blanchisseuses, des modistes ou encore, du côté des hommes, à des porteurs d’eau, des imprimeurs ou des cordonniers. La mention « retiré », très fréquente, ajoutée plus tard dans une colonne spéciale, ainsi que la signature du client, montre qu’il prête sur gage. Les sommes rendues ne sont bien entendu jamais indiquées, mais les objets paraissent repris assez rapidement, dans un laps de temps inférieur à un an36.

    24Parmi les marchands qui se livrent au prêt sur gage, les bijoutiers sont les mieux placés : ils font des prêts discrets et des estimations rapides. Ils coûtent moins et prennent entre 50 et 80 % de la valeur du gage pour des personnes bien connues et de confiance. Les métiers du vêtement attirent également ces circuits de l’usure. Le lien entre fripiers et Mont-de-Piété est absolument organique à l’époque moderne. Les fripiers et les fripières, comme les revendeurs et les revendeuses, sont au cœur de cette circulation urbaine du vêtement.

    25Le dossier de faillite du bijoutier Nicolas Aubourg, installé rue Mazarine, montre que malgré ses vastes connexions marchandes, il n’est qu’un usurier d’envergure. Grâce aux livres qu’il a laissés, il est possible d’entrer dans ses affaires37. Il inscrit son activité dans quatre livres : celui des achats, des ventes, des marchandises données à condition et des créances, car il compte les créances à part vu que son activité de prêteur est une activité en soi. Les montants prêtés vont de 6 à 4 800 livres : il avance à ses fournisseurs, il tient des comptes de certains clients et reçoit leur argent en dépôt. Il manie quantité d’instruments financiers : des billets divers, des lettres de change, des obligations et même, six mois après la fondation du Mont-de-Piété, des reconnaissances dudit mont ; lui-même pratique très peu le prêt sur gage, préférant acheter à bas prix bijoux, montres et objets de luxe aux particuliers qui ont besoin d’argent et aux courtiers qui ont été les premiers intermédiaires entre les demandeurs de fonds et le bijoutier. Dans son livre d’achat, il inscrit nombre de « bague de mauvais brillant, chaîne mauvaise, mauvais brillants jaunes, bague de peu de valeur, bague d’agate et boîte d’or cassées, cannes et montres très faibles… Vieille clé, vieille pendule, vieille argenterie, etc. ». Il fait surtout du prêt à très court terme à 10 % : il prête pour quelques jours, voire quelques semaines. Au-delà, il semble que la roue tourne et que les dettes basculent dans l’irrécupérable.

    26Aubourg est au centre d’un double réseau : il achète, soit directement soit par l’intermédiaire de courtiers, à ceux qui sont en difficulté financière et revend à nouveau, soit directement soit par l’intermédiaire de courtiers, à ceux qui veulent placer leurs économies ou acquérir des parures. Il inscrit ces affaires de revente dans le livre des bijoux donnés à condition ou en confiance. Les courtiers prennent 49 % des objets donnés à condition (avec possibilité de retour) et 66,5 % des ventes et comptent pour plus de 50 % de son chiffre d’affaires à la vente ; deux nobles font 21 % des objets pris à condition, 15,5 % des ventes et un peu moins d’un quart de son chiffre de ventes, soit presque autant que 4 bijoutiers qui totalisent 80 342 livres alors que les deux aristocrates vendent pour 90 667 livres ; les trois clients suivants entrent pour 1 à 5 % dans ses différentes opérations. Une marchande de mode a toutefois une activité qui mérite d’être relevée : elle prend 3,5 % des conditions, vend pour 0,5 % et lui apporte pour 14 124 livres d’affaires dans un total des six meilleurs clients qui monte à 464 354 livres. Aubourg ventile les marchandises qu’il a récupérées chez d’autres confrères où il les met en vente, chez des courtiers qui iront les placer chez d’autres particuliers, ou encore il les confie à des aristocrates qui ne répugneront pas à les revendre.

    27Le bijoutier-usurier est ainsi au centre d’une toile de revendeurs qui lui permet de toucher tous les publics et d’écouler toutes les marchandises, bonnes ou mauvaises, qu’il a achetées : la courtière traitera avec les plus pauvres et l’aristocrate masquera son activité marchande derrière sa passion de la mode et de la collection. Ce commerce touche ainsi directement, ou via les intermédiaires, toute la société parisienne. Dans tous les quartiers, on relève des fournisseurs occasionnels qui lui vendent des bijoux et des montres, voire, comme le fait un vitrier, des couverts en argent. Ces vendeurs occasionnels, comme le marchand de bois, le sellier ou le coiffeur, sont des individus qui ont besoin d’argent et qui achètent et vendent montres et bijoux selon leurs rentrées et leurs besoins financiers. Pour la plupart, ces petites gens ne viennent qu’une fois ; d’autres, comme la marquise Dez de Courtaumont, lui vendent intensément pendant quelques mois : pendant onze mois, entre 1774 et 1775, elle se déleste pour des besoins d’argent dont nous ignorons la raison pour plus de 23 000 livres de fort beaux bijoux.

    28En outre, tabatières, bagues et montres circulent à tous les prix : dans les livres d’Aubourg, les tabatières vont de 3 à 320 livres, les bagues de 3 à 5 600 livres et les montres de 12 à 3 300 livres. C’est une courtière qui achète les bagues les moins chères ; pour les montres, on ignore qui achète celle à 12 livres, mais la mauvaise montre d’agent à 24 livres – le premier prix dont on connaît l’acheteur – est également achetée par une courtière. À en juger par les prix d’achat et de revente, le bijoutier s’octroie d’énormes bénéfices : une montre en cuivre doré achetée 30 livres le 3 juin 1774 est revendue 72 livres le 6 (plus du double !). Les autres exemples montrent au moins 30 % de bénéfices : une montre d’or de Genève unie très faible, achetée 57 livres est revendue 96 livres ; une montre d’or de Genève faible passe 72 à 114 livres ; une montre d’or de Paris ancienne, de 98 à 114 livres ; et une « montre d’or de couleur de Paris, double boîte dorée », permet également de doubler la mise puisqu’achetée 216 livres, elle est revendue 432 livres ; enfin, la plus chère, une « montre d’or émaillée verte mouchetée enrichie de rose et de rubis », rapporte 400 livres, passant de 1 200 à 1 600 livres. Et toutes ces marchandises qu’il indique comme étant de « hasard, vieilles, faibles ou mauvaises » ne le sont peut-être pas tant !

    29Connaître et contrôler la prolifération de ces officines de prêt sur gage est un souci permanent des gouvernements. Taux usuraires pour les pauvres et mise en gage des marchandises volées sont au cœur des discussions sur les Monts-de-Piété officieux38. En 1770, un mémoire composé par ordre de Sartine à la requête de Marie-Thérèse confesse « La difficulté d’abolir les usuriers, étant à peu près la même que celle d’empêcher les gens qui ont besoin d’eux d’y avoir recours, on a considéré qu’une tolérance conditionnelle était le seul et le meilleur parti qu’il y eût à prendre39. » Mais le Mont-de-Piété est la seule institution qui réussira à combattre les pratiques financières des usuriers comme Aubourg qui misent sur les besoins de court terme. De fait, un an après la fondation du Mont-de-Piété parisien, le 7 décembre 1777, le commerce d’Aubourg s’étiole : c’est le temps qu’il a fallu au mont pour monter en puissance. La faillite du bijoutier atteste de la réussite fulgurante de l’institution de prêt vers laquelle les clients du bijoutier n’ont pas tardé à se tourner. Il a toutefois fallu attendre le dernier quart du xviiie siècle pour créer à Paris une institution si nécessaire aux habitants de la capitale.

    III. L’institutionnalisation du microcrédit

    30Dès la fin du Moyen Âge, certains moines récollets et franciscains s’inquiétèrent de cette usure omniprésente dans la société. Sous leur inspiration, les initiatives se sont multipliées pour créer des institutions capables de libérer les pauvres des usuriers juifs et chrétiens40. Ces moines ont cherché à faire accepter des formes honnêtes de crédit qui soient distinctes du don. Ils soulignent qu’un prêt peut aider à se préserver et à se relever de la pauvreté, alors qu’une fois tombé en pauvreté, il est beaucoup plus difficile de se réinsérer. Ils sont les premiers à distinguer, dans la condamnation générale du crédit, prononcée par l’Église, un crédit vertueux destiné aux pauvres, comme ils sont les premiers à chercher à promouvoir une forme d’assistance autre que la charité.

    31Les premiers monts sont alors créés dès le xve siècle en Italie et en Espagne. Ils se multiplient dans ces deux terres aux xve et xvie siècles et se répandent plus massivement, à partir du xviie siècle, dans les autres pays, à l’exception de l’Angleterre qui attendra le xixe siècle et privilégiera toujours l’initiative privée41. La France a une attitude plus ambivalente puisque des créations assez précoces dans les provinces périphériques, qui en connaissaient déjà la tradition, contrastent avec une grande difficulté d’implantation ailleurs.

    32Essayer de saisir les raisons de ces grands décalages chronologiques fait entrer dans un nœud d’intérêts contradictoires qui met aux prises les besoins économiques des populations, la volonté des Églises de lutter contre l’usure, la détermination des États à s’occuper de la question sociale et la capacité des marchands à défendre leur part du marché de l’argent et leurs intérêts commerciaux. Par-delà ces rapports de force, la diversité des relations à l’économie est patente dans la manière dont les statuts des divers monts règlent la question de la rémunération du capital initial et du taux d’intérêt qui sera demandé aux emprunteurs. La prédominance de la culture religieuse ou de la culture marchande et leurs interactions se révèlent dans la diversité des choix.

    33Dans l’espace français, les premières créations se situent à la périphérie du royaume, dans des régions qui avaient auparavant bénéficié d’autres traditions : Avignon en 1577, Beaucaire en 1583, Carpentras en 1612, Arras en 1615, Nancy en 163042 et Marseille en 169643. L’hostilité des négociants qui ne veulent pas être dépossédés des affaires de prêt qu’ils contrôlent et qui craignent pour leurs affaires – notamment la vente aux enchères des objets déposés et non récupérés – est suffisamment puissante pour empêcher la création de Monts-de-Piété alors même que des gens comme Colbert y sont favorables.

    34De fait, pendant longtemps, les Monts-de-Piété restent en France à l’état de projets. Pierre de Fontenu, qui soumet au Conseil du Roy, vers 1608, le plan d’une Banque de France, envisage, avec l’ouverture de comptes de dépôt, un système de prêts sur gage au denier douze (soit 8 1/3 %) ; la difficulté de constituer un capital condamne ce projet à l’échec44. En 1611, Hugues Delestre, ancien ligueur et lieutenant civil au siège royal de Langres, conçoit également un Mont-de-Piété. Ce projet, présenté dès 1611 à Marie de Médicis, est soumis aux États généraux en 1614 par quelques gentilshommes, mais il se heurte à l’opposition du tiers État qui y voit « un moyen d’introduire de nouveaux usuriers en France où il y en avait déjà trop45 ». En 1643, des lettres patentes prévoient la création d’un Mont-de-Piété à Paris et dans cinquante-huit autres villes. L’opération n’aboutit pas plus dans la capitale que dans la plupart des villes46. Théophraste Renaudot, médecin protestant et journaliste, relance le projet en 1637. Il propose d’associer à un bureau d’adresses (qui fournit le nom des personnes à secourir et transmet les offres et les demandes d’emploi) un établissement de prêt sur gage qui prêterait pour deux mois, avec possibilité de renouvellement, à un intérêt de 15 % par mois. Devant l’hostilité de la Faculté de médecine et du Parlement de Paris, qui l’accusent d’usure et de pratiques indignes d’un médecin, il lui est interdit, en mars 1644, « de vendre ny prêter à l’avenir sur gage47 ».

    35À la fin du xviie siècle toutefois, en 1673, une ordonnance réglementant le prêt sur gage permet la création de plusieurs Monts-de-Piété, dont Apt en 1674, Tarascon en 1676, Brignoles en 1677, Angers et Montpellier en 1684, Marseille en 1696 et Arles en 1698. Bien qu’il s’agisse d’œuvres privées, ces Monts-de-Piété devaient obtenir une reconnaissance royale. Ils prêtent soit de l’argent, soit des semences. Les débuts de ces établissements sont difficiles et beaucoup font faillite à cause de la mauvaise administration des recteurs48.

    36Dans les grandes villes, les créations sont très difficiles. Après un premier échec au xvie siècle, la ville de Lyon tente une nouvelle fois de créer un mont en 1678. Les principaux négociants de Lyon s’opposent à l’installation de prêteurs officiels, invoquant les privilèges municipaux et l’intérêt du commerce de la ville49. Ils craignent surtout d’être dépossédés du contrôle des juteuses maisons de prêt privé, même si leurs discours mettent en avant la peur que les faillis utilisent cette institution pour receler leurs marchandises et les soustraire à leurs créanciers. À Rouen, négociants et banquiers – dont le chef de file est Jean-­Barthélemy Le Couteulx de Canteleu, un des fondateurs de la Caisse d’escompte et le futur régent de la Banque de France – font échouer la tentative de 1778 et sans doute aussi celle de 1786, car ils prétendaient que le Mont-de-Piété ne ferait qu’encourager les banqueroutes frauduleuses :

    « […] des marchands et fabricants dont les affaires seraient mauvaises iraient porter des marchandises au Mont-de-Piété, recevraient les deux tiers du prix et disparaîtraient avec l’argent, que ce serait aussi une occasion pour les jeunes gens de voler des effets dans les maisons de leurs pères et mères pour se procurer de l’argent50. »

    37À Paris, après une tentative infructueuse en 1637, le Mont-de-Piété fut finalement créé en 1777 dans une période de nette paupérisation à l’initiative d’un groupe de banquiers et hommes politiques qui pensaient qu’un crédit bon marché était plus efficace qu’une aumône pour secourir les pauvres51. En juin 1777, Louis-Étienne Framboisier de Beaunay52 propose au lieutenant général de police Jean-Charles-Pierre Lenoir le plan d’un Mont-de-Piété. Le projet, inspiré par l’organisation des six établissements de la Flandre française, a pour objectif d’« assurer des secours d’argent peu onéreux et en faire tourner le bénéfice au soulagement des pauvres ». Une phrase de Necker précise l’ensemble des couches sociales visées : « Le Mont-de-Piété fut établi, écrit-il53, dans un but d’assistance aux sujets pour qu’ils fussent soulagés en leurs affaires domestiques ; d’assistance aux négociants pour qu’ils pussent éviter la honte et le dommage des saisies54. »

    38Malgré l’appui de Necker, la cause des Monts-de-Piété n’est pas gagnée en France, car tout en encourageant la création d’un tel organisme à Paris, il n’est pas disposé à brider les systèmes de prêt privés :

    « Je ne crois pas cependant, qu’il convient d’étendre ces établissements aux villes de province : il faut considérer de pareilles précautions comme un adoucissement apporté aux abus qu’on ne peut empêcher ; mais dans tous les lieux où le ressort de la police n’est pas trop considérable, il est aisé de détruire la profession des usuriers, ou de contenir du moins leur trafic dans des bornes connues. Ce n’est aussi que dans le tourbillon d’une grande capitale que la dépravation des mœurs oblige à des ménagements, et une sorte de conciliation avec les vices dont la destruction est impraticable : ailleurs, le remède donnerait l’idée du mal55. »

    39Le Mont-de-Piété parisien est finalement créé le 9 décembre 1777 et dès le 5 janvier 1778, un règlement intérieur en complète la charte constitutive. Bien que placée sous le contrôle du lieutenant de police, cette institution possède un régime autonome et sa propre comptabilité vérifiée chaque année par une commission, composée de quatre conseillers de la grand-chambre du Parlement et d’un substitut du procureur général. Le monopole du prêt sur gage lui est donné.

    40Le succès du Mont-de-Piété parisien est immédiat et dès les premiers mois, il faut ajouter du personnel. Le 12 février 1778, un caissier-contrôleur, un vérificateur et un premier commis gèrent l’établissement avec sept commis auxquels cinq surnuméraires sont très vite ajoutés ; le 2 mars, trois autres commis sont recrutés. Dès le 30 mars, l’affluence est telle qu’il faut agrandir les magasins et créer plusieurs divisions. Dès la fin de l’année, le Mont-de-Piété ne compte pas moins de vingt-sept employés et vingt‑six gagistes56.

    41Louis-Sébastien Mercier57 raconte ce qu’il a vu et entendu lors de l’ouverture de ce mont :

    « On vient enfin d’établir un Mont-de-Piété, qu’ailleurs on nomme lombard ; et l’administration, par ce sage établissement si longtemps désiré, a porté un coup mortel à la barbare et âpre furie des voraces usuriers, toujours acharnés à dépouiller les nécessiteux […].
    Rien ne prouve mieux le besoin que la capitale avait de ce lombard, que l’affluence intarissable des demandeurs. On raconte des choses si singulières, si incroyables, que je n’ose les exposer ici avant d’avoir pris des informations plus particulières qui m’autorisent à les garantir. On parle de quarante tonnes remplies de montres d’or, pour exprimer sans doute la quantité prodigieuse qu’on y en a porté. Ce que je sais, c’est que j’ai vu sur les lieux soixante à quatre-vingts personnes, qui attendant leur tour, venaient faire chacune un emprunt qui n’excédait pas six livres. L’un portait ses chemises ; celui-ci un meuble ; celui-là un débris d’armoire ; l’autre ses boucles de souliers, un vieux tableau, un mauvais habit, etc. On dit que cette foule se renouvelle presque tous les jours, et cela donne une idée non équivoque de la disette extrême où sont plongés le plus grand nombre des habitants […].
    L’opulence emprunte de même que la pauvreté. Telle femme sort d’un équipage, enveloppée dans sa capote, et y dépose pour vingt-cinq mille francs de diamants, pour jouer le soir. Telle autre détache son jupon, et y demande de quoi avoir du pain […].
    On assure que le tiers des effets ne sont pas retirés : nouvelle preuve de l’étrange disette de l’espèce monnayée. Les ventes qui se font offrent beaucoup d’objets de luxe à un bas prix ; ce qui peut faire un peu de tort aux petits marchands. Mais d’ailleurs, il n’est pas mauvais que ces objets-là, qui avaient une valeur démesurée, perdent aujourd’hui de leur taux insensé.
    Il s’est déjà glissé dit-on des abus dans cette administration. On rudoie un peu trop le pauvre peuple, on prise les objets offerts par l’indigent à un trop vil prix ; ce qui rend le secours presque inutile. Il faudrait que le sentiment de la charité dominât entièrement, et l’emportât sur de futiles et vaines considérations. Il ne serait pas difficile de faire de cet établissement le temple de la miséricorde, généreuse, active et compatissante. Le bien est commencé ; pourquoi ne s’achèverait-il pas de manière à satisfaire surtout les plus infortunés ? »

    42À son ouverture, le Mont-de-Piété avait en caisse une somme de 558 200 livres, grâce à l’escompte de billets au porteur sous la caution de l’Hôpital général. Au bout d’un mois, on avait déjà prêté 101 154 livres. Dès la réunion inaugurale du 22 décembre, le directeur avait été autorisé à emprunter à 5 %. Les fonds furent attirés de diverses manières. Le 14 novembre 1778, on invita les agents de change à procurer des fonds à six mois, moyennant une commission de 1/8 %, soit 25 sols par 1 000 livres. L’établissement, qui cherchait des dépôts à long terme, offrit des primes pour les placements à deux ans. Dès le 3 décembre 1778, l’Hôpital général, déjà mis à contribution pour la constitution du capital initial, dut se porter caution de constitutions de rentes jusqu’à concurrence de 4 millions. En même temps, le nombre des administrateurs fut porté de 4 à 6. On offrit du 4 1/2 % pour les dépôts à un an et du 3 1/2 % sur ceux à six mois. Les capitaux affluaient et au bout d’un an, le bilan était tout à fait satisfaisant. En février 1789, le mont a reçu tellement de dépôts qu’il décide de ne servir 5 % d’intérêt que pour les dépôts d’un an, jusqu’à concurrence de 6 millions. Au 31 décembre 1789, le fonds de roulement atteint plus de 13 millions de livres, dont près de 5 millions placés à 4 1/2 % et le reste à 5 %.

    43Au 31 décembre 1778, il y avait 128 508 objets engagés pour 8 309 384 livres et 60 551 objets dégagés pour 3 179 523 livres, et en magasin 67 957 objets pour 5 129 861 livres ; cinq ans plus tard, on est passé à plus de 400 000 articles pour une valeur dépassant 16,5 millions de livres et en 1787, on a dépassé les 470 000 objets pour plus de 18 millions. De 1780 à 1787, le nombre des employés passe de 50 à 84. En 1789, la forte activité des deux hivers précédents occupe 7 magasiniers, 82 gagistes et 88 commis qui, joints au personnel de direction, forment un total de 194 agents. Cet immense succès traduit le grand besoin de petits crédits à court terme de la population parisienne.

    IV. Des institutions immédiatement adoptées par les populations

    44Ces Monts-de-Piété, créés dans l’Ancien Régime, ont été investis par les populations de multiples fonctions. À côté des dons que les élites leur ont faits par charité, les gens du menu peuple y ont placé leurs économies, l’utilisant déjà comme une caisse d’épargne. L’analyse des fonds placés dans le Mont de Marseille en atteste avec éloquence : le Mont emprunte, au fur et à mesure des besoins, auprès de prêteurs qui sont majoritairement de petites gens qui exigent de pouvoir se faire rembourser quand ils le demandent. Ainsi, les constitutions de rentes perpétuelles faiblement rémunérées (en général à 4 %) représentent 76,7 % de la valeur totale des emprunts durant le xviiie siècle58.

    45La clientèle est partout plus variée que ce que les intentions initiales prévoyaient : si partout, les Monts-de-Piété se donnent pour mission de secourir les pauvres, ils viennent aussi en aide à d’autres groupes endettés.

    46Les règles des dépôts et du prêt disent la volonté de toucher les plus pauvres, même si les autres couches sociales sont partout acceptées. La quotité varie d’un mont à l’autre. Pour Paris, les lettres patentes du 9 décembre 1777 ont fixé la quotité des prêts aux quatre cinquièmes de la valeur au poids pour l’or ou l’argent, et aux deux tiers de la valeur estimée pour les autres objets. Les appréciateurs, choisis parmi les huissiers-commissaires-priseurs du Châtelet, touchent un droit de prisée d’un denier par livre. Le taux des prêts est implicitement plafonné à 10 % dans la mesure où l’administration n’est autorisée à retenir que 2 deniers par livre et par mois pour les frais de régie (soit 2 sous par livre par an). Le prêt ne peut pas être inférieur à 3 livres59. À Marseille, on donne sur l’or et l’argent les trois quarts de la valeur intrinsèque, sur les diamants et les perles les deux tiers et sur les meubles et les vêtements la moitié. Le Mont-de-Piété perçoit sur ces prêts un intérêt qui oscille entre 3,75 et 5 % tout au long du siècle. En 1757, les prêts inférieurs à 5 livres deviennent gratuits et en 1782, l’intérêt passe à 4 % pour les prêts de plus de 5 livres et à 5 % pour des dépôts supérieurs à 15 livres60.

    47Finalement, ces institutions ont été partout en Europe des institutions de crédit à la consommation pour les plus pauvres, de crédit commercial à court terme et de crédit d’urgence pour la classe moyenne et même pour les élites. Le Mont-de-Piété parisien a ainsi joué le rôle d’une véritable banque pour les artisans, comme l’attestent la nature des objets mis en gage et la modicité des prêts. Sur 600 000 prêts annuels, 550 000, allant de 3 à 24 livres, sont donnés à perte. Quatre divisions de l’établissement, recevant chacune près de 80 000 articles pour une valeur d’un million de livres environ en 1789, sont réservées aux hardes, linges, toiles et étoffes en coupons. Dans trois autres divisions, on engage les objets plus précieux. Dans la première sont entreposés les diamants, bijoux, dentelles et marchandises neuves. En 1789, le montant des 52 221 engagements de cet ordre s’élève à 7 630 667 livres. De tels chiffres corroborent les assertions de Mercier : « L’opulence emprunte de même que la pauvreté. Telle femme sort d’un équipage et y dépose pour 25 000 francs de diamants pour jouer le soir […]. » Dans la seconde division, on engage l’argenterie, les montres, les bronzes, les boucles, les épées et les tableaux. Elle est très fournie, on y enregistre 89 461 articles pour une valeur de 5 420 145 livres. Dans la seule journée du 26 août 1783, il a été déposé 139 montres en or. Déjà à cette époque, les engagements journaliers atteignent 1 800 à 2 000 objets pour un montant de 60 000 livres. Sur cette somme, 43 000 livres, soit plus des deux tiers, sont réglés aux 500 à 600 clients des deux divisions riches, tandis qu’un tiers (17 000 livres) est versé aux clients, trois fois plus nombreux (environ 1 500), des cinq divisions ordinaires. Sur les 1 500 000 livres qu’ont rapportées les ventes de gages en 1788, 600 000 livres proviennent de la vente de hardes ayant appartenu à des nécessiteux, 300 000 livres de vaisselle d’argent, 200 000 livres de montres, 200 000 livres de bijoux et seulement 200 000 livres de marchandises.

    48Très vite, les monts sont entrés dans la culture populaire et les populations ont su, partout en Europe, en détourner les usages à leur profit et les faire entrer à nouveau dans l’économie informelle urbaine. Elles ont également vite appris à en exploiter tous les ressorts pour gagner quelque argent. Ainsi, de nombreux petits artisans ont fait fructifier quelques sous en mettant en gage les marchandises louées, achetées ou confiées avant ou après les avoir travaillées.

    49Le trafic des reconnaissances est florissant dans de nombreuses villes, montrant un autre biais par lequel l’économie informelle a su s’approprier cette institution faite pour la réduire. À Paris, par exemple, si on prend la moyenne des transactions (engagements, dégagements, renouvellements et ventes) par année commune, de 1785 à 1789, on remarque que sur 490 000 articles déposés (soit environ 14 millions de livres), 25 000 à peine sont vendus (soit 1 200 000 livres)61, ce qui pourrait montrer que la grande majorité des clients sont solvables, mais dévoile en fait que ceux qui retirent les objets ne sont pas ceux qui les déposent. Les billets de prêts sont d’ailleurs vite entrés dans l’économie populaire. En comparant les activités du Mont-de-Piété d’Avignon avec celui de Salon, on note que pour Avignon, seuls 4 à 12 % des objets ne sont pas retirés et de 5 à 11 % au xviiie siècle, alors qu’à Salon ce sont près de 50 % des objets qui ne sont pas retirés. La raison en est que dès le xviie siècle, les gens revendent les billets d’engagements. Dès les années 1620, le nom de celui qui dépose les objets n’est pas toujours le même que celui qui les retire. Ainsi, les tickets circulent comme du papier-monnaie : ils se vendent et se revendent. À Avignon, un prêtre est sollicité pour résoudre une dispute entre trois femmes autour de la circulation de ces tickets. La veuve Petitjean en a retiré quatre qu’elle a revendus à la veuve Tardieu qui, avant de les payer, les a immédiatement donnés à Madeleine Bressy. Un autre cas montre que le même gage sert à plusieurs prêts : Marguerite Bourge, une autre veuve, reconnaît devant notaire qu’elle doit 34 livres au marchand Antoine Peyrol, « lequel en garantie déclare avoir en main un billet du Mont-de-Piété contenant un jupon bourrette rayée et un tablier indienne que ladite Bourge lui a remis, et il promet de lui rendre lorsque ladite Bourge payera les 34 livres le 22 juillet de l’année prochaine62 ».

    50Les usuriers traditionnels savent, eux aussi, utiliser le Mont-de-Piété et ils s’appuient une fois de plus sur les femmes qui leur servent d’intermédiaire. L’exemple d’Avignon montre que le Mont est à la fois lieu de stockage et magasin d’approvisionnement : des femmes, qui leur servent d’intermédiaires, vont régulièrement y déposer et en retirer des vêtements, comme le souligne un mémorandum de 1756 qui note que « les magasins sont remplis de gages déposés par des usuriers au moyen d’intermédiaires » et, dans sa boutique, l’usurier a autant de tickets que de vêtements… On repère les courtières au nombre d’interventions. Leur activité est particulièrement florissante à la charnière des xviie et xviiie siècles, jusqu’à atteindre un quart des interventions. En 1771, un tarif officialise leur activité ; il est affiché dans la ville et à l’entrée du mont qu’elles peuvent prendre 1 sol sur 3 livres, 2 sous sur 6 livres et 3 sous sur 12 livres63.

    51On pourrait conclure en soulignant que l’interdiction du prêt à intérêt à destination des pauvres, à une époque où tous ceux qui n’avaient que leur travail pour vivre étaient menacés de tomber dans la pauvreté à la première crise, a eu une double conséquence. En empêchant l’institutionnalisation et la réglementation des besoins d’argent du plus grand nombre, cette interdiction a laissé s’installer une finance informelle foisonnante et très coûteuse. Elle a aussi installé la petite finance comme une ressource à l’égal du travail dans les stratégies de survie de chacun, transformant dès que l’opportunité s’en présentait les habitants des villes en microbanquiers ou en intermédiaires financiers occasionnels.

    Notes de bas de page

    1 Cité par Raymond de Roover, « Scolastic Economics in Business, Banking, and Economic Thought in Late Medieval and Early Modern Europe », dans Julius Kirshner (dir.), Business, Banking, and Economic Thought in Late Medieval and Early Modern Europe: Selected Studies of Raymond de Roover, Chicago, University of Chicago Press, 1974, p. 319‑320. Pour une évolution des relations entre les Églises, les États et les usuriers, voir Laurence Fontaine, L’économie morale. Pauvreté, crédit et confiance dans l’Europe préindustrielle, Paris, Gallimard, 2008, chap. VII.

    2 Voir une analyse pour la fin du Moyen Âge dans Julie Mayade-Claustre, « Le petit peuple en difficulté : la prison pour dettes à Paris à la fin du Moyen Âge », dans Pierre Boglioni, Robert Delort et Claude Gauvard (dir.), Le petit peuple dans la société de l’Occident médiéval. Terminologies, perceptions, réalités. Actes du Congrès international tenu à l’Université de Montréal, 18‑23 octobre 1999, Paris, Publications de la Sorbonne, 2002, p. 453‑466.

    3 Maurice Garden, « Le contrat de mariage lyonnais. Une source de l’histoire sociale du xviiie siècle », dans Actes du 89e Congrès national des sociétés savantes, Lyon, 2‑8 avril 1964, Paris, Comité des travaux historiques et scientifiques, t. II, vol. 1, 1965, p. 51‑75.

    4 Anne Montenach, « Une économie de l’infime : espaces et pratiques du commerce alimentaire à Lyon au xviie siècle », thèse de doctorat, IUE, 2003, p. 73, publiée sous le titre Espaces et pratiques du commerce alimentaire à Lyon au xviie siècle, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2009.

    5 Gilbert Larguier, Le drap et le grain en Languedoc. Narbonne et Narbonnais, 1300-1789, Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, 1996, p. 936‑940.

    6 Voir A. Montenach, « Une économie de l’infime… », thèse citée, chap. IX ; M. Garden, « Bouchers et boucheries de Lyon au xviiie siècle », dans Actes du 92e Congrès national des sociétés savantes, Strasbourg et Colmar, 1967, Paris, Comité des travaux historiques et scientifiques, t. II, p. 47‑80 ; Maria Manuela Ferreira Marques Rocha « Credito privato num contexto urbano. Lisboa, 1770-1830 », thèse Institut européen universitaire (EUI), 1996 ; pour Paris au xviiie siècle, Steven L. Kaplan, Les ventres de Paris. Pouvoir et approvisionnement dans la France d’Ancien Régime, Paris, Fayard, 1988, p. 120‑128 ; pour Amsterdam au xviiie siècle, Anne E. C. McCants, « Goods at Pawn: The Overlapping Worlds of Material Possessions and Family Finance in Early Modern Amsterdam », Social Science History, vol. 31, n° 2, 2007, p. 213‑238.

    7 A. Montenach, « Une économie de l’infime… », thèse citée, p. 393.

    8 Jean-Pierre Gutton, La société et les pauvres en Europe xvie‑xviiie siècle, Paris, PUF, 1974, p. 62‑69.

    9 L. Fontaine (dir.), Alternative Exchanges: Second-Hand Circulations from the Sixteenth Century to The Present, New York-Oxford, Berghahn, 2008.

    10 Patricia A. Allerston, The market in second-hand clothes and furnishings in Venice, c. 1500-1650, Florence, European University Institute, 1996, EUI PhD theses, Department of History and Civilization – http://hdl.handle.net/1814/5818.

    11 Daniel Roche, La culture des apparences. Une histoire du vêtement, xviie‑xviiie siècle, Paris, Fayard, 1989, p. 328 et 344.

    12 Louis-Sébastien Mercier, Tableau de Paris, édition établie sous la direction de Jean-Claude Bonnet, 2 tomes, Paris, Mercure de France, 1994 (édition originale publiée entre 1781 et 1789), t. I, chap. CLXVI, p. 392.

    13 Jacques Savary des Bruslons, Dictionnaire universel de commerce, d’histoire naturelle et des arts et métiers, 5 vol., Copenhague, 1759-1765, V° « Revendeur, revendeuse ».

    14 D. Roche, La culture des apparences…, op. cit., chap. XII, p. 336‑337.

    15 Archives de la Bastille (désormais AB), dossier 11580, année 1745, le 3 octobre 1745.

    16 AB, dossier 11573, année 1745, le 7 juin 1745.

    17 AB, dossier 10697, année 1720.

    18 AB, dossier 10899, année 1725, le 26 juillet 1725.

    19 AB, dossier 11273, année 1735, le 24 janvier 1735.

    20 AB, dossier 11885, année 1755, le 21 décembre 1755.

    21 AB, dossier 11891, année 1755.

    22 AB, dossier 11904, année 1755, le 19 août 1755.

    23 AB, dossier 10706, année 1720.

    24 AB, dossier 11282, année 1735, le 26 novembre 1735.

    25 AB, dossier 11916, année 1755, le 22 juin 1755.

    26 AB, dossier 11899, année 1755, le 16 novembre 1755.

    27 AB, dossier 11915, année 1755, le 30 novembre 1755.

    28 L.-S. Mercier, dans Jean-Claude Bonnet (dir.), Tableau de Paris, op. cit., t. II, chap. DCXVI, V° « Usuriers », p. 300‑303.

    29 Ibid., t. I, chap. CCXIX, V° « Prêteurs à la petite semaine », p. 548‑551.

    30 Turgot, « Mémoire sur les prêts d’argent », dans Gustave Schelle, Œuvres de Turgot et documents le concernant, Paris, Alcan, 1914, t. III, p. 116.

    31 Melanie Tebbutt, Making Ends Meet: Pawnbroking and Working-class Credit, Londres, Methuen, 1984, p. 20.

    32 Comte de Forges, Des véritables intérêts de la patrie, Rotterdam, 1764, p. 142‑145.

    33 L.-S. Mercier, dans Jean-Claude Bonnet (dir.), Tableau de Paris, op. cit., t. III, chap. CCLXII.

    34 Françoise Raison-Jourde, La colonie auvergnate de Paris au xixe siècle, Paris, Ville de Paris, Commission des travaux historiques XIV, 1976, p. 115‑116 ; Archives départementales (désormais AD) du Puy-de-Dôme, C 3283, Paquet de lettres.

    35 AD Seine, D5 B6 4707, Livre de compte du brocanteur Besson tenant boutique en 1771 dans le 5e arrondissement, cité par F. Raison-Jourde, La colonie auvergnate…, op. cit., p. 114‑116.

    36 F. Raison-Jourde, La colonie auvergnate…, op. cit., p. 114‑116.

    37 Natacha Coquery a utilisé ce dossier en lui posant des questions sur les consommations. Nous le réutilisons en le regardant du point de vue de la finance informelle. Voir Natacha Coquery, « La boutique à Paris au xviiie siècle », dossier d’habilitation à diriger des recherches, université Paris 1, juin 2006.

    38 Beverly Lemire, « Petty Pawns and Informal Lending: Gender and the Transformation of Small-scale Credit in England, circa 1600-1800 », dans Kristine Bruland et Patrick O’Brien (dir.), From Family Firms to Corporate Capitalism: Essays in Business and Industrial History in Honour of Peter Mathias, Oxford, Clarendon Press, 1998, p. 112‑138.

    39 Jean Baptiste Charles Lemaire, « Mémoire sur l’administration de la police de Paris », 1770, dans Mémoires de la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, 1879, cité par Robert Bigo, « Aux origines du Mont-de-Piété parisien : bienfaisance et crédit (1777-1789) », Annales d’histoire économique et sociale, 1932, p. 113‑126 (p. 114).

    40 Michel Mollat, Les pauvres au Moyen Âge, Paris, Hachette, 1978, p. 315‑316 et 335‑336 ; Carol Bresnahan Menning, « Loans and Favors, Kin and Clients: Cosimo de’ Medici and the Monte di Pietà », Journal of Modern History, vol. 61, n° 3, 1989, p. 487‑511 ; Michele Cassandro, Gli ebrei e il prestito ebraico a Siena nel Cinquecento, Milan, Giuffrè, 1979 ; Giacomo Todeschini, Ricchezza francescana. Dalla povertà volontaria alla società di mercato, Bologne, Il Mulino, 2004.

    41 Entre 1471 et 1500, 16 Monts-de-Piété sont fondés en Émilie-Romagne. Ceux du Sud de l’Italie se développent surtout à partir des années 1550. Vittorino Meneghin, I Monti di Pietà in Italia dal 1462 al 1562, Vicence, LIEF Edizioni, 1986, p. 33, cité par Paola Avallone (dir.), Prestare ai poveri : il credito su pegno e i Monti di Pietà in area mediterranea, secoli XV-XIX, Rome, Consiglio nazionale delle ricerche, Naples, Istituto di studi sulle società del Mediterraneo, 2007 ; Massimo Fornasari, « Tra banchi pubblici e istituti di credito al consumo: i Monti di pietà nell’area emiliano-romagnola dal Seicento al Settecento », dans Vera Zamagni (dir.), Povertà e innovazioni istituzionali in Italia. Dal Medioevo ad oggi, Bologne, Il Mulino, 2000, p. 383‑401 ; José López Yepes, Historia urgente de las Cajas de Ahorro y Montes de Piedad en España, Madrid, Confederación española de Cajas de Ahorro, 1973, chap. I.

    42 Yannick Marec, « Au carrefour de l’économique et du social : l’histoire du Mont-de-Piété de Rouen (1778-1923) », Le Mouvement social, n° 116, 1981, p. 67‑94 (p. 69).

    43 Marcel Courdurié, La dette des collectivités publiques de Marseille au xviiie siècle. Du débat sur le prêt à intérêt au financement par l’emprunt, Marseille, Institut historique de Provence, 1974, p. 237.

    44 R. Bigo, « Aux origines du Mont-de-Piété parisien… », art. cité, p. 115.

    45 Voir Y. Marec, Le « clou » rouennais des origines à nos jours (1778-1982), du Mont-de-Piété au Crédit municipal. Contribution à l’histoire de la pauvreté en province, Rouen, Éditions du P’tit Normand, 1983, p. 23‑24.

    46 R. Bigo, « Aux origines du Mont-de-Piété parisien… », art. cité, p. 115‑116.

    47 Y. Marec, Le « clou » rouennais…, op. cit., p. 24.

    48 Ibid., p. 310.

    49 J.-P. Gutton, « Lyon et le crédit populaire sous l’Ancien Régime : les projets de Monts-de-Piété », Studi in memoria di Federigo Melis, vol. IV, Naples, Giannini Editore, 1978, p. 147‑154.

    50 Y. Marec, « Au carrefour de l’économique et du social… », art. cité, p. 71.

    51 Y. Marec, Le « clou » rouennais…, op. cit., p. 70.

    52 Procureur honoraire au baillage de Lyon, ancien subdélégué de l’Intendance de Rouen, s’occupait depuis 1760 de visiter les enfants bourgeois placés en nourrice dans la grande banlieue parisienne. Il créa les Bureaux des nourrices. R. Bigo, « Aux origines du Mont-de-Piété parisien… », art. cité, p. 116.

    53 Jacques Necker, Œuvres, Paris, Treuttel et Würtz, 1820, t. II, p. 454, cité par R. Bigo, « Aux origines du Mont-de-Piété parisien… », art. cité, p. 117.

    54 R. Bigo, ibid., p. 116‑117.

    55 J. Necker, De l’administration des finances de la France, Paris, 1784, t. III, p. 293, cité par Y. Marec, « Au carrefour de l’économique et du social… », art. cité, op. cit., p. 70.

    56 R. Bigo, « Aux origines du Mont-de-Piété parisien… », art. cité, p. 118.

    57 L.-S. Mercier, dans Jean-Claude Bonnet (dir.), Tableau de Paris, op. cit., t. I, p. 662‑664, chap. CCLXII, V° « Mont-de-Piété ».

    58 M. Courdurié, La dette des collectivités publiques…, op. cit., p. 240‑241.

    59 R. Bigo, « Aux origines du Mont-de-Piété parisien… », art. cité, p. 121.

    60 M. Courdurié, La dette des collectivités publiques, op. cit., p. 238.

    61 R. Bigo, « Aux origines du Mont-de-Piété parisien… », art. cité, p. 125.

    62 Madeleine Ferrières, Le bien des pauvres. La consommation populaire en Avignon (1600-1800), Seyssel, Champ Vallon, 2004, 276 p., p. 69.

    63 Ibid., p. 71‑72 et 84.

    Auteur

    Laurence Fontaine

    Historienne, Laurence Fontaine, directrice de recherche émérite au CNRS rattachée au Centre Maurice Halbwachs (UMR 8097 CNRS) de l’École normale supérieure (Jourdan), a été professeure au département d’histoire et civilisation de l’Institut universitaire européen de Florence de 1995 à 2003. Elle s’intéresse actuellement à la pauvreté, aux économies populaires et aux stratégies de survie ainsi qu’aux aspects sociaux et culturels du crédit et du marché dans un dialogue entre les sociétés européennes préindustrielles et le monde contemporain. Elle a publié sur ces thèmes : Histoire du colportage en Europe, xve‑xixe siècle, Paris, Albin Michel, 1993 ; L’économie morale. Pauvreté, crédit et confiance dans l’Europe préindustrielle, Paris, Gallimard, 2008 (prix des Rendez-vous de l’histoire de Blois, 2009) ; Le marché. Histoire et usages d’une conquête sociale, Paris, Gallimard, 2014 ; Vivre pauvre. Quelques enseignements tirés de l’Europe des Lumières, Paris, Gallimard, 2022.

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    1 Cité par Raymond de Roover, « Scolastic Economics in Business, Banking, and Economic Thought in Late Medieval and Early Modern Europe », dans Julius Kirshner (dir.), Business, Banking, and Economic Thought in Late Medieval and Early Modern Europe: Selected Studies of Raymond de Roover, Chicago, University of Chicago Press, 1974, p. 319‑320. Pour une évolution des relations entre les Églises, les États et les usuriers, voir Laurence Fontaine, L’économie morale. Pauvreté, crédit et confiance dans l’Europe préindustrielle, Paris, Gallimard, 2008, chap. VII.

    2 Voir une analyse pour la fin du Moyen Âge dans Julie Mayade-Claustre, « Le petit peuple en difficulté : la prison pour dettes à Paris à la fin du Moyen Âge », dans Pierre Boglioni, Robert Delort et Claude Gauvard (dir.), Le petit peuple dans la société de l’Occident médiéval. Terminologies, perceptions, réalités. Actes du Congrès international tenu à l’Université de Montréal, 18‑23 octobre 1999, Paris, Publications de la Sorbonne, 2002, p. 453‑466.

    3 Maurice Garden, « Le contrat de mariage lyonnais. Une source de l’histoire sociale du xviiie siècle », dans Actes du 89e Congrès national des sociétés savantes, Lyon, 2‑8 avril 1964, Paris, Comité des travaux historiques et scientifiques, t. II, vol. 1, 1965, p. 51‑75.

    4 Anne Montenach, « Une économie de l’infime : espaces et pratiques du commerce alimentaire à Lyon au xviie siècle », thèse de doctorat, IUE, 2003, p. 73, publiée sous le titre Espaces et pratiques du commerce alimentaire à Lyon au xviie siècle, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2009.

    5 Gilbert Larguier, Le drap et le grain en Languedoc. Narbonne et Narbonnais, 1300-1789, Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, 1996, p. 936‑940.

    6 Voir A. Montenach, « Une économie de l’infime… », thèse citée, chap. IX ; M. Garden, « Bouchers et boucheries de Lyon au xviiie siècle », dans Actes du 92e Congrès national des sociétés savantes, Strasbourg et Colmar, 1967, Paris, Comité des travaux historiques et scientifiques, t. II, p. 47‑80 ; Maria Manuela Ferreira Marques Rocha « Credito privato num contexto urbano. Lisboa, 1770-1830 », thèse Institut européen universitaire (EUI), 1996 ; pour Paris au xviiie siècle, Steven L. Kaplan, Les ventres de Paris. Pouvoir et approvisionnement dans la France d’Ancien Régime, Paris, Fayard, 1988, p. 120‑128 ; pour Amsterdam au xviiie siècle, Anne E. C. McCants, « Goods at Pawn: The Overlapping Worlds of Material Possessions and Family Finance in Early Modern Amsterdam », Social Science History, vol. 31, n° 2, 2007, p. 213‑238.

    7 A. Montenach, « Une économie de l’infime… », thèse citée, p. 393.

    8 Jean-Pierre Gutton, La société et les pauvres en Europe xvie‑xviiie siècle, Paris, PUF, 1974, p. 62‑69.

    9 L. Fontaine (dir.), Alternative Exchanges: Second-Hand Circulations from the Sixteenth Century to The Present, New York-Oxford, Berghahn, 2008.

    10 Patricia A. Allerston, The market in second-hand clothes and furnishings in Venice, c. 1500-1650, Florence, European University Institute, 1996, EUI PhD theses, Department of History and Civilization – http://hdl.handle.net/1814/5818.

    11 Daniel Roche, La culture des apparences. Une histoire du vêtement, xviie‑xviiie siècle, Paris, Fayard, 1989, p. 328 et 344.

    12 Louis-Sébastien Mercier, Tableau de Paris, édition établie sous la direction de Jean-Claude Bonnet, 2 tomes, Paris, Mercure de France, 1994 (édition originale publiée entre 1781 et 1789), t. I, chap. CLXVI, p. 392.

    13 Jacques Savary des Bruslons, Dictionnaire universel de commerce, d’histoire naturelle et des arts et métiers, 5 vol., Copenhague, 1759-1765, V° « Revendeur, revendeuse ».

    14 D. Roche, La culture des apparences…, op. cit., chap. XII, p. 336‑337.

    15 Archives de la Bastille (désormais AB), dossier 11580, année 1745, le 3 octobre 1745.

    16 AB, dossier 11573, année 1745, le 7 juin 1745.

    17 AB, dossier 10697, année 1720.

    18 AB, dossier 10899, année 1725, le 26 juillet 1725.

    19 AB, dossier 11273, année 1735, le 24 janvier 1735.

    20 AB, dossier 11885, année 1755, le 21 décembre 1755.

    21 AB, dossier 11891, année 1755.

    22 AB, dossier 11904, année 1755, le 19 août 1755.

    23 AB, dossier 10706, année 1720.

    24 AB, dossier 11282, année 1735, le 26 novembre 1735.

    25 AB, dossier 11916, année 1755, le 22 juin 1755.

    26 AB, dossier 11899, année 1755, le 16 novembre 1755.

    27 AB, dossier 11915, année 1755, le 30 novembre 1755.

    28 L.-S. Mercier, dans Jean-Claude Bonnet (dir.), Tableau de Paris, op. cit., t. II, chap. DCXVI, V° « Usuriers », p. 300‑303.

    29 Ibid., t. I, chap. CCXIX, V° « Prêteurs à la petite semaine », p. 548‑551.

    30 Turgot, « Mémoire sur les prêts d’argent », dans Gustave Schelle, Œuvres de Turgot et documents le concernant, Paris, Alcan, 1914, t. III, p. 116.

    31 Melanie Tebbutt, Making Ends Meet: Pawnbroking and Working-class Credit, Londres, Methuen, 1984, p. 20.

    32 Comte de Forges, Des véritables intérêts de la patrie, Rotterdam, 1764, p. 142‑145.

    33 L.-S. Mercier, dans Jean-Claude Bonnet (dir.), Tableau de Paris, op. cit., t. III, chap. CCLXII.

    34 Françoise Raison-Jourde, La colonie auvergnate de Paris au xixe siècle, Paris, Ville de Paris, Commission des travaux historiques XIV, 1976, p. 115‑116 ; Archives départementales (désormais AD) du Puy-de-Dôme, C 3283, Paquet de lettres.

    35 AD Seine, D5 B6 4707, Livre de compte du brocanteur Besson tenant boutique en 1771 dans le 5e arrondissement, cité par F. Raison-Jourde, La colonie auvergnate…, op. cit., p. 114‑116.

    36 F. Raison-Jourde, La colonie auvergnate…, op. cit., p. 114‑116.

    37 Natacha Coquery a utilisé ce dossier en lui posant des questions sur les consommations. Nous le réutilisons en le regardant du point de vue de la finance informelle. Voir Natacha Coquery, « La boutique à Paris au xviiie siècle », dossier d’habilitation à diriger des recherches, université Paris 1, juin 2006.

    38 Beverly Lemire, « Petty Pawns and Informal Lending: Gender and the Transformation of Small-scale Credit in England, circa 1600-1800 », dans Kristine Bruland et Patrick O’Brien (dir.), From Family Firms to Corporate Capitalism: Essays in Business and Industrial History in Honour of Peter Mathias, Oxford, Clarendon Press, 1998, p. 112‑138.

    39 Jean Baptiste Charles Lemaire, « Mémoire sur l’administration de la police de Paris », 1770, dans Mémoires de la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, 1879, cité par Robert Bigo, « Aux origines du Mont-de-Piété parisien : bienfaisance et crédit (1777-1789) », Annales d’histoire économique et sociale, 1932, p. 113‑126 (p. 114).

    40 Michel Mollat, Les pauvres au Moyen Âge, Paris, Hachette, 1978, p. 315‑316 et 335‑336 ; Carol Bresnahan Menning, « Loans and Favors, Kin and Clients: Cosimo de’ Medici and the Monte di Pietà », Journal of Modern History, vol. 61, n° 3, 1989, p. 487‑511 ; Michele Cassandro, Gli ebrei e il prestito ebraico a Siena nel Cinquecento, Milan, Giuffrè, 1979 ; Giacomo Todeschini, Ricchezza francescana. Dalla povertà volontaria alla società di mercato, Bologne, Il Mulino, 2004.

    41 Entre 1471 et 1500, 16 Monts-de-Piété sont fondés en Émilie-Romagne. Ceux du Sud de l’Italie se développent surtout à partir des années 1550. Vittorino Meneghin, I Monti di Pietà in Italia dal 1462 al 1562, Vicence, LIEF Edizioni, 1986, p. 33, cité par Paola Avallone (dir.), Prestare ai poveri : il credito su pegno e i Monti di Pietà in area mediterranea, secoli XV-XIX, Rome, Consiglio nazionale delle ricerche, Naples, Istituto di studi sulle società del Mediterraneo, 2007 ; Massimo Fornasari, « Tra banchi pubblici e istituti di credito al consumo: i Monti di pietà nell’area emiliano-romagnola dal Seicento al Settecento », dans Vera Zamagni (dir.), Povertà e innovazioni istituzionali in Italia. Dal Medioevo ad oggi, Bologne, Il Mulino, 2000, p. 383‑401 ; José López Yepes, Historia urgente de las Cajas de Ahorro y Montes de Piedad en España, Madrid, Confederación española de Cajas de Ahorro, 1973, chap. I.

    42 Yannick Marec, « Au carrefour de l’économique et du social : l’histoire du Mont-de-Piété de Rouen (1778-1923) », Le Mouvement social, n° 116, 1981, p. 67‑94 (p. 69).

    43 Marcel Courdurié, La dette des collectivités publiques de Marseille au xviiie siècle. Du débat sur le prêt à intérêt au financement par l’emprunt, Marseille, Institut historique de Provence, 1974, p. 237.

    44 R. Bigo, « Aux origines du Mont-de-Piété parisien… », art. cité, p. 115.

    45 Voir Y. Marec, Le « clou » rouennais des origines à nos jours (1778-1982), du Mont-de-Piété au Crédit municipal. Contribution à l’histoire de la pauvreté en province, Rouen, Éditions du P’tit Normand, 1983, p. 23‑24.

    46 R. Bigo, « Aux origines du Mont-de-Piété parisien… », art. cité, p. 115‑116.

    47 Y. Marec, Le « clou » rouennais…, op. cit., p. 24.

    48 Ibid., p. 310.

    49 J.-P. Gutton, « Lyon et le crédit populaire sous l’Ancien Régime : les projets de Monts-de-Piété », Studi in memoria di Federigo Melis, vol. IV, Naples, Giannini Editore, 1978, p. 147‑154.

    50 Y. Marec, « Au carrefour de l’économique et du social… », art. cité, p. 71.

    51 Y. Marec, Le « clou » rouennais…, op. cit., p. 70.

    52 Procureur honoraire au baillage de Lyon, ancien subdélégué de l’Intendance de Rouen, s’occupait depuis 1760 de visiter les enfants bourgeois placés en nourrice dans la grande banlieue parisienne. Il créa les Bureaux des nourrices. R. Bigo, « Aux origines du Mont-de-Piété parisien… », art. cité, p. 116.

    53 Jacques Necker, Œuvres, Paris, Treuttel et Würtz, 1820, t. II, p. 454, cité par R. Bigo, « Aux origines du Mont-de-Piété parisien… », art. cité, p. 117.

    54 R. Bigo, ibid., p. 116‑117.

    55 J. Necker, De l’administration des finances de la France, Paris, 1784, t. III, p. 293, cité par Y. Marec, « Au carrefour de l’économique et du social… », art. cité, op. cit., p. 70.

    56 R. Bigo, « Aux origines du Mont-de-Piété parisien… », art. cité, p. 118.

    57 L.-S. Mercier, dans Jean-Claude Bonnet (dir.), Tableau de Paris, op. cit., t. I, p. 662‑664, chap. CCLXII, V° « Mont-de-Piété ».

    58 M. Courdurié, La dette des collectivités publiques…, op. cit., p. 240‑241.

    59 R. Bigo, « Aux origines du Mont-de-Piété parisien… », art. cité, p. 121.

    60 M. Courdurié, La dette des collectivités publiques, op. cit., p. 238.

    61 R. Bigo, « Aux origines du Mont-de-Piété parisien… », art. cité, p. 125.

    62 Madeleine Ferrières, Le bien des pauvres. La consommation populaire en Avignon (1600-1800), Seyssel, Champ Vallon, 2004, 276 p., p. 69.

    63 Ibid., p. 71‑72 et 84.

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    Fontaine, Laurence. « L’accès au microcrédit dans la France du XVIIIe siècle ». In Concurrence et marchés, édité par Patrick Fridenson, François Monnier, et Albert Rigaudière. Vincennes: Institut de la gestion publique et du développement économique, 2023. https://doi.org/10.4000/books.igpde.16973.
    Fontaine, Laurence. « L’accès au microcrédit dans la France du XVIIIe siècle ». Concurrence et marchés, édité par Patrick Fridenson et al., Institut de la gestion publique et du développement économique, 2023, https://doi.org/10.4000/books.igpde.16973.

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    Fridenson, P., Monnier, F., & Rigaudière, A. (éds.). (2023). Concurrence et marchés (1‑). Institut de la gestion publique et du développement économique, Comité pour l’histoire économique et financière de la France. https://doi.org/10.4000/books.igpde.16840
    Fridenson, Patrick, François Monnier, et Albert Rigaudière, éd. Concurrence et marchés. Vincennes: Institut de la gestion publique et du développement économique, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2023. https://doi.org/10.4000/books.igpde.16840.
    Fridenson, Patrick, et al., éditeurs. Concurrence et marchés. Institut de la gestion publique et du développement économique, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2023, https://doi.org/10.4000/books.igpde.16840.
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