Plan Marshall et problème allemand : les inquiétudes françaises (1947-1948)
p. 87-96
Texte intégral
1Le discours prononcé le 5 juin 1947 à Harvard par le Secrétaire d’État Marshall suscite des réactions en France qui montrent très vite que le problème allemand est inséparable de l’offre d’aide américaine. Chacun comprend qu’il ne peut être question d’organiser l’Europe sans y inclure l’Allemagne. Mais ne faut-il pas du coup assouplir la politique allemande de la France sans renoncer à certaines garanties car il s’agit d’assurer la sécurité de la France et son redressement économique tout en interdisant un relèvement trop rapide du vaincu.
2Le surlendemain du discours, l’agence France-Presse publie un commentaire officieux pour faire part de la « particulière sympathie » qu’il suscite en France mais aussi pour rappeler le plan français sur la Ruhr présenté en février 1947 proposant la gestion de l’exploitation de la Ruhr par les quatre Grands et d’autres pays européens intéressés1. Le commentaire précise bien qu’il ne s’agit pas simplement d’un plan de sécurité à l’égard de l’Allemagne, mais aussi d’un projet d’utilisation des ressources de la Ruhr au bénéfice de l’Europe toute entière, « Allemagne comprise ». Ainsi, d’emblée, le problème allemand se trouve lié à la proposition Marshall.
3A l’ouverture de la conférence des Trois (France – URSS – Royaume-Uni) le 27 juin, Georges Bidault dit bien qu’il est impossible « de songer à un programme européen d’ensemble qui ne comprendrait pas l’Allemagne », mais il rappelle que la reconstruction de l’Allemagne pose une série de questions non encore résolues : « niveau de l’industrie allemande, réparations, régime de la Ruhr...2 ». Il estime aussi que le programme ne doit « pas préjuger les décisions quant au statut définitif de l’Allemagne ». Il explique à Molotov que la position française dépendra de la solution des problèmes connexes : réparations, réponse donnée aux revendications françaises, balance des paiements allemands3.
4Le 12 juillet, les délégués de Seize États se réunissent à Paris afin de dresser un programme des ressources et des besoins de l’Europe. Avant même la réunion des Seize, Paris s’emploie surtout à bien montrer aux Anglo-Américains que la France n’entend pas modifier sa politique allemande. Le 4 juillet, le Quai d’Orsay adresse une circulaire aux postes diplomatiques afin de démentir les rumeurs d’après lesquelles la France s’est ralliée implicitement aux thèses anglo-américaines sur le règlement du problème allemand4. En fait, la position de la France sur ce dernier point « demeure inchangée. Il en est notamment ainsi pour la répartition du charbon allemand, le niveau de la production de l’acier et le régime économique de la Ruhr ». Cinq jours plus tard le vif échange de vues Bidault-Clayton donne au ministre l’occasion de montrer aux Américains que Paris n’est pas disposé à céder5. Bidault dit très nettement qu’il ne saurait être question actuellement de novation aux principes en vigueur. Il rappelle qu’en ce qui concerne la Ruhr toute décision prise par les seuls Anglo-Américains mettrait le gouvernement français dans une position très difficile. Paris est d’accord pour augmenter la production de charbon mais pour l’acier pas question de dépasser le plafond fixé en mars 1946. Pour Bidault « il est essentiel qu’aucune décision relevant sensiblement le niveau industriel allemand ne soit prise actuellement ». Il demande aussi que le démantèlement des usines se poursuive à un rythme accéléré et que la France reçoive une part beaucoup plus considérable des réparations « en équipement et en biens de capital ». Devant les réticences de Clayton, Bidault n’hésite pas à multiplier des mises en garde qui sonnent un peu comme des menaces : « commencer notre travail européen en abandonnant les réparations et en augmentant le niveau de l’industrie allemande aurait des conséquences très graves en Europe. Aucun gouvernement français ne pourrait l’admettre. Toute la tâche difficile que nous avons entreprise se trouverait irrémédiablement compromise ». La conférence serait vouée à l’échec, dit-il, « il n’y aurait pas d’Europe ».
5Encore à la veille de l’ouverture de la conférence des Seize, Bidault fait preuve d’une grande fermeté dans la note qu’il adresse aux ambassadeurs de France à Londres, Washington et Moscou6. Il explique qu’aucune novation importante ne doit être apportée dans l’immédiat en ce qui concerne l’Allemagne. Sur les réparations, le niveau industriel, la position de la France n’a pas changé depuis la conférence de Moscou. Et Bidault d’insister : « On ne peut pas imaginer que le premier acte de la reconstruction européenne consiste à augmenter le potentiel de l’Allemagne et ne pas avantager au contraire les peuples victimes de l’agression nazie ». Il ajoute qu’aucun gouvernement français... ne pourrait assister insensible à la destruction « de l’effort qu’à grand peine » la France accomplit depuis quelque temps.
6Les Seize sont conduits à évoquer le problème allemand. Dans son exposé devant le Comité de coopération économique européenne, Hervé Alphand, directeur des Affaires économiques au Quai d’Orsay, montre clairement les limites des concessions françaises. Il estime qu’il faut pousser au maximum la production de charbon allemand (« nous en avons tous besoin ») et la production agricole afin d’alléger la balance des comptes des autres pays. Mais, ajoute Alphand, « en ce qui concerne le relèvement industriel de l’Allemagne, le gouvernement français subordonne toute mesure de cette nature aux impératifs de sa sécurité7 ». Le lendemain, Bidault déclare devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale que la position de la France vis-à-vis de l’Allemagne « demeure inchangée8 ». Dans le discours qu’il prononce à Perpignan, le 20 juillet, le président du Conseil Paul Ramadier ajoute un argument supplémentaire : « la renaissance allemande ne peut venir qu’après la nôtre9 ». Pour lui, la priorité de la France doit passer dans les faits et « l’Allemagne doit recevoir tout ce qui est nécessaire à sa vie mais la force industrielle française doit être reconstituée avant la sienne ».
7Dans le monde politique on ne manque pas de s’interroger sur les conséquences du plan Marshall quant à la politique allemande de la France.
8Éjectés du gouvernement Ramadier un mois avant le discours de Harvard, les communistes partent en guerre contre le plan Marshall ; dans leur campagne, ils se servent aussi du problème allemand10. D’abord nuancé jusqu’à l’échec de la conférence des Trois, le parti communiste déclenche une vive campagne au lendemain du refus de l’URSS d’être bénéficiaire de l’aide américaine. Le 23 juillet, Thorez, hôte à déjeuner de la presse anglo-américaine, estime que ses appréhensions n’apparaissent que trop justifiées. En effet, dit-il, « ne déclare-t-on pas que la remise en route de la production allemande est considérée comme la pierre angulaire du plan de relèvement de l’Allemagne dans le cadre du plan Marshall11 ? ». Pour le secrétaire général du PC l’aide américaine est la bienvenue mais à la condition qu’elle ne serve pas au relèvement de l’Allemagne et qu’elle soit dispensée par l’intermédiaire des Nations-Unies. Mais dans le numéro d’août des Cahiers du communisme Jacques Duclos n’hésite pas à écrire que le plan Marshall est « avant tout un plan de reconstruction de l’Allemagne ».
9Créé par de Gaulle deux mois avant l’offre Marshall, le Rassemblement du Peuple français (RPF), autre parti d’opposition, accueille favorablement l’aide américaine à l’Europe en y voyant surtout un barrage contre l’expansion du communisme. L’inclusion de l’Allemagne occidentale dans le projet ne semble pas provoquer de sérieuse réaction même si les gaullistes restent très vigilants en ce qui concerne la Ruhr et la Sarre.
10Dans les principaux partis gouvernementaux des craintes se manifestent quant aux conséquences de l’offre Marshall sur l’évolution du problème allemand. La SFIO flotte un peu entre la tendance Blum-Philip favorable à l’évolution de la question allemande et la tendance Auriol-Moch beaucoup plus réservée à cet égard12. Pas question pour les socialistes d’exclure l’Allemagne des bénéficiaires du plan Marshall. Léon Blum le répète à plusieurs reprises dans Le Populaire. Dès le début juillet, dans son article « L’offre Marshall et l’Allemagne », Blum précise que « l’Allemagne dénazifiée, l’Allemagne démocratique doit retrouver le plus tôt possible sa place égale dans la collectivité européenne comme dans la communauté internationale ». Salomon Grumbach, président de la commission des Affaires étrangères, arrive à la même conclusion mais pour lui l’acceptation de l’offre Marshall ne signifie pas sacrifice des droits de la France à des réparations mais précisément parce que la France ne veut pas renoncer à ses revendications, surtout en ce qui concerne le charbon, elle ne doit pas exclure l’Allemagne de cette Europe qui doit bénéficier de l’aide américaine13. Vincent Auriol, président de la République, se montre tout aussi nuancé : « Il faut inclure l’Allemagne dans l’Europe, mais ne pas oublier le droit à réparation des nations dévastées par elle, lesquelles doivent avoir une priorité dans la reconstruction14 ».
11La commission exécutive du MRP, réunie le 14 juin, accueille très favorablement le plan Marshall que beaucoup considèrent comme le seul espoir de remédier à la situation économique catastrophique de la France15. On admet que l’économie européenne ne peut pas ignorer l’Allemagne, ses richesses minières, son potentiel industriel, mais l’accroissement de la production, défini par un contrôle international, doit surtout servir « à favoriser le redressement des pays éprouvés et à couvrir les réparations qu’ils sont en droit d’exiger16 ». Ainsi « le potentiel allemand et tout son outillage disponible doivent être mis au service de la communauté ». Les bulletins internes du MRP citent largement les déclarations rassurantes des milieux officiels. Ils soulignent l’attachement de leur leader Bidault aux impératifs de la sécurité de la France et en viennent à considérer qu’il s’agit essentiellement d’« une question de surveillance et de contrôle pour que... rien ne soit fabriqué et employé qui permettrait à l’Allemagne de reconstituer son potentiel militaire17 ». Les partisans convaincus de l’Europe au sein du MRP ne partagent pas cette méfiance. Ils estiment au contraire que dans le cadre d’une communauté européenne, l’Allemagne dénazifiée pourra augmenter ses productions de la Ruhr sans menacer la sécurité des voisins. Dans cette optique, Pierre-Henri Teitgen demande l’établissement de liens réels entre les peuples ; pour lui l’offre Marshall permet d’établir ces liens entre les nations d’Europe et avec l’Allemagne : « l’Allemagne, entrée dans le concert des nations d’Europe, vivant en symbiose avec elle, ne serait sans doute plus exposée à céder à sa folie de domination18 ».
12En fin de compte, les partis, au sein desquels on a largement évoqué le lien existant entre le plan Marshall et le problème allemand, prennent position à la fin du débat sur la politique extérieure qui se déroule à l’Assemblée. Dans la motion votée à l’unanimité (moins les communistes) le 26 juillet, les députés s’associent à l’hommage rendu par le gouvernement à l’initiative Marshall. Mais tous, communistes compris, tiennent à préciser qu’ils approuvent « l’action du gouvernement pour maintenir et faire reconnaître par tous nos alliés la nécessité de l’intégration de la Sarre dans l’économie française, le droit de la France aux réparations et l’urgence d’un règlement international du statut de la Ruhr19 ». Aux yeux du président Auriol, cet ordre du jour est « très bien fait20 ».
13Reste, pour le gouvernement à obtenir les garanties jugées indispensables. Il déploie de grands efforts pour éviter « un nouveau Munich ».
14Au cœur de l’été 1947, alors que les Seize poursuivent leurs travaux à Paris, les responsables français s’inquiètent de certaines initiatives américaines tendant à régler rapidement quelques aspects du problème allemand. Ils n’entendent pas accepter des décisions qui pourraient être prises à deux sur des questions plus larges. Bidault envoie des lettres personnelles à Marshall et à Bevin. Ces lettres, remises aux ambassadeurs Duff Cooper et Jefferson Caffery, le 17 juillet sont claires : la France s’inquiète de l’ampleur prise par les négociations anglo-américaines sur l’Allemagne ; elle rejette toute mesure qui serait prise sur le contrôle des mines de la Ruhr et le relèvement du niveau industriel de l’Allemagne21. Paris veut bien comprendre les difficultés américaines et britanniques mais on n’accepte pas qu’elles soient réglées sur le dos de la France. On estime que « le plan Marshall pose tous les problèmes de l’Europe occidentale, Allemagne comprise. En isolant ce problème allemand du reste des problèmes européens on risque de les rendre insolubles » ; l’affaire n’est pas technique mais politique, si bien que « le facteur psychologique français est d’importance essentielle22 ». Bidault n’hésite pas à brandir une menace : si les Anglo-Américains décidaient de prendre des mesures sur le statut de la Ruhr et sur le relèvement du niveau industriel, le gouvernement français élèverait « une protestation solennelle et publique » et ferait toutes réserves sur les conséquences23.
15Les démarches françaises ne restent pas vaines. Le 23 juillet, le général Marshall écrit à Bidault pour lui dire que Washington suspendra toute révision du niveau de l’industrie dans la Bizone jusqu’à ce que Paris ait eu un délai raisonnable pour en discuter avec les gouvernements américain et britannique dans le cadre d’une réunion à Trois24. Ainsi, la France obtient la promesse d’avoir son mot à dire lors des discussions sur le niveau futur de l’industrie allemande ; en attendant, le plan d’accroissement de la production industrielle est mis en veilleuse pour ne pas gêner les travaux en cours à Paris.
16 A l’évidence le gouvernement français ne peut pas se murer dans l’intransigeance. Jean Monnet dresse alors un véritable plan d’action qu’il compte bien, avec l’appui du président Auriol, imposer à la diplomatie française. Dans un mémorandum (fin juillet 1947) Monnet, Commissaire général au Plan, souligne l’importance des crédits américains pour le relèvement de la France et le rétablissement de son économie sur des bases solides25. Tout dépend d’une certaine coopération européenne qui « elle-même dépend du règlement du problème allemand ». Le charbon de la Ruhr est nécessaire au relèvement de l’Europe comme au relèvement allemand lui-même. Pour Monnet, « les 70 millions d’Allemands doivent dans une Europe prospère remplir leur rôle de producteurs et de clients ». Connaissant bien les États-Unis, il rappelle que « c’est seulement si un programme d’ensemble européen, comprenant un règlement allemand est présenté au Congrès et à l’opinion publique américaine que nous aurons une chance de succès ». Mais Monnet sait aussi qu’aucun programme européen n’aura la confiance des Français s’il ne prévoit pas, en même temps, des sauvegardes qui empêcheront les ressources allemandes d’être, un jour, « à nouveau utilisées par les Allemands dans un but de guerre ». Pour convaincre les Français, pour éviter qu’ils aient le sentiment d’une « abdication nouvelle », il faut un règlement allemand et un statut de la Ruhr satisfaisants. Aux yeux de Monnet, la France a, dans l’immédiat, quelques chances de les imposer car la coopération européenne ne peut pas se faire sans elle : « c’est maintenant que la France doit définir vis-à-vis de l’Angleterre et des États-Unis quelle solution elle entend voir donner à la question de l’Allemagne de l’Ouest ». Il faut que Paris s’emploie à imposer les vues françaises aux Anglo-Américains, avant la Conférence des Quatre prévue en octobre, afin de ne pas être conduit vers une abdication, « un nouveau Munich ». Tout doit être subordonné à cela. Pour Monnet « le problème allemand est au cœur de la négociation avec l’Amérique sur les crédits, car c’est lui qui, pour tous les principaux intéressés, en est la difficulté majeure ». Cette analyse aboutit à une ligne de conduite très claire : pousser les travaux des Seize, engager des discussions avec Washington et Londres sur le problème allemand, le statut de la Ruhr et incorporer l’accord réalisé dans le programme européen lui-même, montrer ainsi à l’opinion française que le gouvernement recherche non seulement des crédits et une coopération européenne mais aussi un règlement du problème allemand assurant le développement de l’Europe et garantissant la sécurité et la paix.
17Monnet obtient l’appui du président Auriol afin de tenter de convaincre Bidault. Il lui en parle le 30 juillet et encore le 4 août en déjeunant avec le président et Léon Blum26. Monnet insiste sur la question de l’exploitation nécessaire de la Ruhr mais sous contrôle ou gestion internationale. En remettant au président une copie du mémorandum adressé à Bidault, il lui demande d’intervenir27. Auriol s’engage. Le 7 août, il envoie une lettre au ministère des Affaires étrangères28. Cette lettre personnelle à Bidault montre qu’Auriol partage les vues de Monnet en ce qui concerne la Ruhr « au centre de toute l’action internationale » ; la solution de cette question, « est une condition de succès de l’organisation de l’Europe et des idées Marshall ». Il faut, écrit Auriol, résoudre dans leur ensemble trois problèmes inséparables : la sécurité, les réparations, le problème du niveau de vie des Allemands. Il convient de ne pas réduire l’Allemagne à la misère et au désespoir mais il faut éviter qu’elle ne « recouvre l’esprit et les moyens d’une politique d’agression ». Pour Auriol, il importe d’éviter les erreurs commises par les auteurs du traité de Versailles et donc « si l’on veut que l’Allemagne répare, il faut qu’elle produise, à la fois pour vivre et pour payer les réparations ». La production allemande serait répartie en vue, d’une part, d’assurer à l’Allemagne un minimum vital de production pour payer son ravitaillement et les frais d’occupation ; d’autre part, de dégager un surplus pour le paiement des réparations et la reconstruction européenne dans son ensemble, Allemagne comprise. Un contrôle de l’emploi de l’acier par l’Allemagne permettrait d’éviter toute fabrication de guerre... Ainsi, le président de la République appuie la ligne de conduite suggérée par Monnet, mais il insiste fortement sur les garanties que la France doit obtenir. Dans sa vision, l’Allemagne contrôlée et surveillée doit surtout être mise au service d’une coopération européenne dont les vainqueurs seraient les principaux bénéficiaires. Vision large de Jean Monnet ; vision plus nationaliste de Vincent Auriol.
18La diplomatie française doit opter pour une tactique. Début août, en effet, Washington et Londres demandent à Paris un exposé des vues du gouvernement français sur la gestion et le contrôle de la Ruhr et le niveau de l’industrie allemande. Le 7 août, Bidault répond que cette procédure est insuffisante ; la France souhaite une véritable conférence à Trois pour étudier les modalités d’un plan de relèvement du niveau de production des industries allemandes29. Au cours de la conférence des Trois qui se tient à Londres à la fin du mois d’août 1947, l’ambassadeur René Massigli, chef de la délégation française, explique que la détermination du potentiel industriel allemand est une question vitale pour la reconstruction de l’Europe et sa sécurité30. La délégation française se trouve dans une position difficile, dit-il, car on ignore tout du programme de reconstruction de l’Europe en général, programme en cours d’élaboration par les Seize à Paris, et on ne sait rien des garanties permanentes de sécurité qui seront imposées à l’Allemagne par les vainqueurs. Massigli rappelle les conditions françaises. L’Allemagne ne doit pas bénéficier d’une priorité dans la reconstruction par rapport aux pays envahis et ravagés par Hitler. La cadence du redressement allemand doit être fixée pour que pendant cette reconstruction elle « contribue effectivement au redressement de l’économie européenne en mettant à la disposition des pays européens les tonnages de charbon et de coke qui sont les clefs de la production de ce continent ». Il faut aussi des garanties : à tout moment les Alliés doivent pouvoir contrôler la production et la répartition des produits. Massigli précise encore que l’occupation interalliée de la Ruhr est aux yeux de la France « un élément primordial de sécurité et son maintien pour une longue durée... une nécessité absolue ». Au cours de la conférence, qui dure jusqu’au 27 août, les Français insistent beaucoup sur la répartition du coke de la Ruhr, sur la nécessité de déterminer à la fois le niveau de production d’acier et le rythme du relèvement afin qu’il ne nuise pas à la France et aux autres victimes de l’Allemagne31. On tient beaucoup à ce que le charbon et le coke allemands servent, d’abord, au relèvement industriel des pays démocratiques. En fait, la diplomatie française doit se contenter de résultats assez minces. Certes, les Trois affirment que les mesures envisagées ne doivent pas donner une priorité à la reconstruction de l’Allemagne et que les ressources allemandes doivent contribuer au relèvement général de l’Europe32. En ce qui concerne les quantités croissantes de charbon et de coke demandées par la France, la conférence se contente de prévoir une réunion d’experts à Berlin afin d’étudier les exigences françaises33. Cette réunion de Berlin promet une augmentation des livraisons de coke.
19Au Comité de coopération économique européenne la France parvient à faire partager ses inquiétudes par tous les pays qui ont été en guerre avec l’Allemagne. Ceux-ci adoptent une note annexée au rapport général des Seize et dans ce document sur les « problèmes relatifs à l’Allemagne », ils soulignent la difficulté de tenir compte de l’Allemagne dans le bilan en l’absence d’un certain nombre de décisions à prendre en dehors de cette conférence34. La note précise que l’Allemagne doit fournir des réparations, contribuer au relèvement des pays qui ont été ses victimes. Elle insiste aussi sur les considérations de sécurité qui « exigent qu’à la fois le rythme et la nature de son redressement économique soient soigneusement contrôlés ». La production des mines de la Ruhr « ne doit pas être de nouveau utilisée par l’Allemagne d’une manière telle qu’elle constitue une menace pour la sécurité européenne, mais doit contribuer au redressement et à la stabilité de l’Europe toute entière, y compris l’Allemagne elle-même ».
20Alors que les Seize terminent leur rapport général, le gouvernement français se préoccupe surtout, pour éviter l’asphyxie économique, d’obtenir une aide intérimaire américaine en attendant la réalisation du plan Marshall. Washington dispose ainsi d’un moyen de pression considérable qui condamne Paris aux concessions sur la question allemande. En fait, la France doit s’incliner et accepter le fait accompli. Dans une note remise aux Américains, le 29 septembre, Paris rappelle que la France veut faire accepter le principe de la création d’une Autorité internationale pour la Ruhr, une autorité qui serait chargée de la répartition du charbon allemand35. Bidault défend cette idée à New-York, début octobre, mais ses interlocuteurs américains refusent de s’engager quant au régime définitif de la Ruhr. Ces démarches n’empêchent pas les Anglo-Américains de remettre le « North German Coal Control » à une Direction allemande du charbon chargée de la gestion de la production et de la distribution de la houille et du lignite36.
21Placée devant le fait accompli, la France l’est encore lors de la publication par les Haut-commandements anglais et américain d’une liste de 682 usines à démonter dans la Bizone et à livrer au titre des réparations, ce qui représente une très nette diminution37. Aucune autre usine allemande ne pourra désormais entrer dans le programme de démontage, un programme établi de manière à permettre une production de 10,7 millions de tonnes d’acier et à redonner aux autres productions industrielles dans la Bizone le niveau de 193 838.
22Au lendemain de la Conférence des Quatre, qui se sépare sur un échec, le 15 décembre, Bidault a beau déclarer à la presse, puis devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée, le 20 décembre, que la politique française n’a pas varié, en fait, dès le lendemain, il accepte l’idée de Marshall d’étudier avec les Anglo-Américains les solutions à donner à plusieurs questions : Trizone, réforme monétaire, Ruhr...39.
23Ainsi la France a, en quelques semaines, sérieusement assoupli ses positions. Elle ne peut pas s’opposer à l’accord anglo-américain sur le statut de la Ruhr et doit se borner à espérer un contrôle assez lâche. Quant aux réparations, ses espoirs de règlement satisfaisant s’amenuisent. Seule compensation : la Sarre. Dotée d’un gouvernement le 15 décembre, Paris espère que les Anglo-Américains approuveront dans le plus bref délai l’union économique franco-sarroise40.
24Il n’est pas interdit de penser que les concessions françaises faites pendant les dernières semaines de 1947 sont liées au souci de la France d’obtenir une aide intérimaire américaine substantielle malgré la crise intérieure qui la met au bord du gouffre en novembre 1947. Sa bonne volonté a sans doute facilité la conclusion de l’accord franco-américain sur l’aide intérimaire signé à Paris le 2 janvier 1948.
25 Lors des grandes négociations du premier semestre 1948, Paris doit fréquemment s’incliner devant les exigences américaines sur l’Allemagne car Washington n’hésite pas à se servir de l’arme que lui donnent les négociations relatives au plan Marshall.
26Au début de 1948 s’ouvrent à Londres les négociations tripartites pour régler la question de l’avenir de l’Allemagne. Les discussions relatives à la mise en place de l’aide Marshall ne sont-elles pas à mettre en relations directes avec le déroulement de cette conférence de Londres ? Quelques indices montrent qu’à tel ou tel moment des discussions les problèmes paraissent liés. La première session de la Conférence de Londres (26 février au 6 mars 1948) aboutit à une décision de principe concernant la participation de l’Allemagne au plan Marshall41. Elle permet aussi d’arriver à un compromis sur la Ruhr : il y aura un régime spécial pour ce territoire, même si le contrôle qu’il prévoit est loin de répondre aux vœux de Paris. Ce mince succès est loin de satisfaire tous les hauts fonctionnaires du Quai d’Orsay. Pour plusieurs d’entre eux, la France se trouve dans une position de faiblesse, notamment à cause de la nécessité de pouvoir compter sur l’aide financière américaine. Cette faiblesse est soulignée par les responsables de la Direction d’Europe au Quai d’Orsay42. Son directeur, Jacques Camille Paris, explique dans une note du 12 janvier 1948, que l’état de faiblesse de la France, « les nécessités croissantes de notre situation économique nous ont obligé à demander aux États-Unis, avant même la mise en œuvre du plan Marshall... un secours d’urgence, sous forme d’aide intérimaire, qui limite singulièrement, quoiqu’on puisse prétendre, notre liberté d’action à l’égard des États-Unis ». Opinion confirmée par le directeur des Affaires économiques, Hervé Alphand, qui évoque le compromis sur la Ruhr accepté par la délégation française. Il écrit, le 3 mai 1948, que mieux vaut un système comportant des lacunes qu’une attitude intransigeante qui aurait peut-être placé la France dans une situation difficile dans d’autres négociations internationales, « en particulier au moment du vote par le congrès américain du programme de reconstruction européenne43 ».
27Plusieurs diplomates pensent qu’il vaudrait mieux aboutir à une rupture des négociations de Londres plutôt que de s’associer à un processus aboutissant à la création d’un État allemand44 . Au Quai d’Orsay, on pèse le pour et le contre d’une telle attitude et, là encore, le problème de l’aide Marshall apparaît dans l’argumentation. On finit par conclure qu’il faut renoncer à la rupture car les Anglo-Américains créeraient un État bizonal allemand sans aucune garantie pour la France. De plus, la France se retrouverait toute seule pour gérer sa zone d’occupation (ZFO) une zone qui, à partir de 1948, connaît un important déficit commercial que Paris devrait financer. Cette situation permet un véritable chantage américain qui subordonne l’octroi de crédits Marshall en faveur de la ZFO à la conclusion d’un accord tripartite sur l’Allemagne. , Dès mars, Marshall songe à utiliser ce moyen de pression alors que des conversations Vont s’engager à Washington sur d’éventuelles allocations en dollars à cette zone45. D’emblée, on juge, côté français, que les 15 millions de dollars prévus pour la ZFO lors de la première période d’application de l’ERP sont nettement insuffisants46. Le délégué français Arnal envoyé à Washington a l’impression que les décisions définitives concernant la part de la ZFO « seront vraisemblablement infuencées par notre attitude dans la question de la fusion des zones47 ». Cette pression est confirmée par l’ambassadeur Massigli à Londres qui constate, au cours d’une conversation tripartite sur la fusion, que l’ambassadeur américain Douglas fait bien comprendre « que la rapidité avec laquelle la zone française participerait à la Joint Export Import Agency (Agence d’importation et d’exportation) aurait ses répercussions sur le montant des fonds qui seraient alloués à cette zone par l’administration américaine...48 ». Certes, les États-Unis ne font pas de l’institution d’un pool tripartite du commerce extérieur un préalable à l’admission de la ZFO au bénéfice de l’ERP, mais la pression est là et Massigli pense que, provisoirement du moins, « les fonds ne seront distribués qu’au compte-gouttes49 ». Paris doit céder « car on ne voit pas comment la France pourrait par ses seuls moyens couvrir le déficit prévu pour les mois à venir50 ». Cette constatation faite par Maurice Couve de Murville, directeur des Affaires politiques, montre bien que la France ne peut pas se permettre de provoquer la rupture des négociations de Londres car, tout en estimant que « rien ne permet actuellement de dire que le programme d’aide à la France en serait affecté », le diplomate considère que les Américains seraient surpris et y verraient une volte-face qui altérerait les relations franco-américaines51
28Alors que le Quai d’Orsay cherche encore à freiner les négociations pour empêcher la création d’un État allemand, les Américains utilisent sans doute encore, fin mai 1948, l’arme des crédits Marshall. En tout cas il est clair pour Georges Bidault « qu’il n’y a pas l’ombre d’une chance de cumuler le bénéfice de l’aide Marshall et le refus d’une Allemagne qui serait tout de même conforme à 50 % de nos vues. Il y a des moments où il faut savoir conclure. Si nous voulons agir seuls nous perdrons tout52 ». Cette déclaration du ministre des Affaires étrangères devant le Conseil des ministres du 26 mai 1948 suscite de sérieuses critiques même parmi les ministres MRP. Elle ne peut que renforcer l’inquiétude des ministres socialistes qui, un mois auparavant, avaient jugé nécessaire d’écrire au président du Conseil Robert Schuman pour lui faire part de leurs réserves quant aux concessions faites par Bidault sur l’avenir de l’Allemagne53. Ils écrivaient alors que la France « doit faire comprendre à l’Amérique que, malgré l’aide précieuse et essentielle du plan Marshall, la France, ne désespérant pas de la paix, ne se résigne pas à s’enrôler sous la bannière américaine contre la Russie ».
29Lors des discussions au Parlement sur les recommandations de Londres et sur l’accord bilatéral franco-américain du 28 juin 1948 permettant la mise en route de l’aide Marshall, les liens entre cette aide et le problème allemand ne sont évoqués qu’assez rarement. Certes, dans le débat qui s’ouvre devant l’Assemblée, le 2 juillet 1948, sur l’accord bilatéral et la convention de coopération économique européenne, l’ancien ministre communiste Auguste Lecœur ne manque pas d’accuser le gouvernement d’aider les fauteurs de guerre à réarmer l’Allemagne, d’abandonner les réparations, d’accepter la remise en place des soutiens du régime nazi54
30Ainsi le gouvernement français a subi, à diverses reprises, une pression américaine d’autant plus forte que la France ne peut pas se passer de l’aide Marshall. Elle a dû consentir d’importantes concessions sur le problème allemand. Mais toutes ces péripéties conduisent aussi la diplomatie française à imaginer une nouvelle politique allemande, une politique qui sera encouragée par Robert Schuman, ministre des Affaires étrangères à partir de juillet 194855. Comme le plan Marshall impose un relèvement de l’économie allemande, la Direction des Affaires économiques du Quai d’Orsay tire la leçon de cette situation et s’interroge sur la politique à suivre dans l’avenir. Elle expose ses vues à Jean Monnet56. Pour elle, le relèvement allemand doit se faire dans le cadre des contrôles et des limitations en vigueur ou à conclure, notamment sur le régime spécial de la Ruhr, les réparations, les industries interdites et limitées. Il doit aussi être étroitement contrôlé par l’OECE. Ce relèvement ne doit ni porter atteinte à la sécurité de la France, ni prendre le pas sur son redressement à elle. Pour atteindre tous ces objectifs, cette Direction pose une série de conditions et suggère de procéder sans délai à plusieurs études. Une condition fondamentale est le maintien des exportations de charbon et de coke de la Ruhr vers la France. Il faut aussi définir quelles peuvent être les productions souhaitables en Allemagne, envisager les produits que la France pourrait exporter vers ce pays, examiner les marchés qui en France et dans l’Union française seraient susceptibles de s’ouvrir aux Allemands. On se demande si la France ne pourrait pas, par des contrats à long terme, s’assurer des débouchés pour ses céréales, ses produits sidérurgiques. Bref, ce programme de travail va désormais dans le sens d’une coopération. Une coopération surveillée et contrôlée, certes, mais la diplomatie française ne considère plus uniquement l’Allemagne comme un fournisseur de charbon et de coke. En ce sens, aussi, une nouvelle politique allemande de la France s’ébauche. Il est évident qu’il s’agit, là encore, d’une conséquence du plan Marshall.
Notes de bas de page
1 Année politique, 1947, p. 352.
2 Affaires étrangères. Documents de la conférence des ministres des Affaires étrangères de la France, du Royaume-Uni, de l’U.R.S.S., Paris, 27 juin au 3 juillet 1947.
3 Année politique, 1947, p. 145.
4 Archives A.E., série Y., tome 228.
5 Archives A.E., série Y., t. 129. William Clayton est sous-secrétaire d’État aux affaires économiques. Assistent à la conversation : l’ambassadeur Jefferson Caffery, le secrétaire général du Quai d’Orsay Jean Chauvel et le directeur des Affaires économiques Hervé Alphand.
6 V. Auriol, Journal du Septennat, 1947, p. 337.
7 Année politique, 1947, p. 145.
8 R. Schreiner, Bidault, der MRP und die französische Deutschlandpolitik 1944-1948, Frankfurt, Peter Lang, 1985, p. 249, note 40.
9 Année politique, 1947, p. 146.
10 P. Mbaraga, Le plan Marshall. Louanges et critiques en France 1947-1950, Mémoire DEA, Strasbourg III, 1985, p. 55 sq.
11 P. Mbaraga, op. cit., pp. 57-58 (L’Humanité, 26 juillet 1947).
12 W. Loth, Sozialismus und Internationalismus. Die französischen Sozialisten und die Nachkriegsordnung Europas 1940-1950, Stuttgart, D.V.A., 1977, p. 168-169.
13 Le Monde, 5 juillet 1947.
14 V. Auriol, op. cit, p. 362. Tour d’horizon avec Bidault, 22 juillet.
15 R. Schreiner, op. cit, p. 138 et note 10 p. 246.
16 Idem, p. 248, note 24 (Le MRP à l’action, n° 27, 15 juillet 1947).
17 Idem, p. 248, note 28.
18 Idem, p. 141 et note 29, p. 248. Teitgen devant l’Assemblée nationale le 26 juillet 1947.
19 Année politique, 1947, p. 355.
20 V. Auriol, op. cit., p. 371.
21 Archives A.E., série Y. tome 295.
22 V. Auriol, op. cit, p. 358-359.
23 Lettres du 17 juillet (cf. note 21).
24 Année politique, 1947, p. 146.
25 Texte dans V. Auriol, op. cit., p. 695 sq.
26 V. Auriol, op. cit., p. 375-381 sq.
27 Idem, p. 384.
28 Texte dans V. Auriol, op. cit., p. 700 sq.
29 Année politique, 1947, p. 163.
30 Année politique, 1947, p. 355.
31 Année politique, 1947, p. Ibl, 164, 165.
32 Idem, p. 164/165 et texte du communiqué final, p. 355-356.
33 R. Poidevin, « La France et le charbon allemand au lendemain de la 2e guerre mondiale », Relations internationales, tome 44, hiver 1985, p. 365 sq.
34 Rapport général du Comité, Annexe B (Archives A.E., série Y, t. 130).
35 M. Couve de Murville à Jean Chauvel, New York 10 octobre 1947 (Archives A.E., série Y, t. 296).
36 Année politique, 1947, p. 236.
37 La liste établie en 1946 en prévoyait 1636.
38 Année politique, 1947, p. 236-237.
39 Londres, 17 décembre 1947 (Archives A.E., série Y, t. 229).
40 Année politique, 1947, p. 254.
41 Année politique, 1948, p. 47.
42 C. de Cuttoli-Uhel « La France face à la création de l’Allemagne de l’Ouest : le tournant de la conférence de Londres février-juin 1948 » (Article à paraître).
43 Idem.
44 C. de Cuttoli-Uhel « La politique allemande de la France 1945-1948, symbole de son impuissance ? », La puissance française en question 1945-1949 (sous la direction de R. Girault et R. Frank), Paris, 1988, p. 106 sq.
45 Année politique, 1948, p. 66.
46 Washington à A.E., 2 avril 1948 (Archives A.E., série Y, t. 230).
47 Idem à idem, 9 avril 1948 (même dossier).
48 Londres à A.E., 1er mai 1948 (même dossier).
49 Idem.
50 C. de Cuttoli-Uhel « La politique allemande... », p. 107. Article cité. Note Couve de Murville, 10 mai 1948.
51 Idem. L’auteur est en désaccord avec C. de Cuttoli-Uhel sur l’interprétation de ce document. Catherine de Cuttoli pense que l’aide américaine n’a pas servi de moyen de pression ; l’auteur pense avoir démontré le contraire.
52 V. Auriol, op. cit. 1948, p. 241. Bidault au Conseil des ministres du 26 mai.
53 Idem, p. 596 sq. Lettre du 22 avril.
54 JO. du 5 juillet, p. 4310-5311.
55 R. Poidevin « Die Neuorientierung der franzôsischen Deutschlandpolitik 1948-1949 », Kalter Krieg und Deutsche Frage (H %. J. Foschepoth) Göttingen, Vandenhock-Ruprecht, 1985, p. 129 sq. Version française dans Enjeux et Puissances (Hommage à J.B. Duroselle, Paris, 1984, p. 203 à 216. R. Poidevin « Der Faktor Europa in der Deutschlandpolitik Robert Schumans 1948/49 », Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte, Heft 3/1985, p. 406 sq. Version française dans Histoire des débuts de la construction européenne (sous la direction de R. Poidevin) Bruxelles, Bruylant, 1986, p. 311 à 326.
56 A.E. à Ht Commissariat général au Plan (9 août 1948) Archives A.E., série Y, t. 131.
Auteur
Professeur à l’université R. Schuman de Strasbourg. Directeur du centre de recherches d’histoire des relations internationales, IHEE, 8, rue des Écrivains, 67081 Strasbourg Cedex. A déjà publié : Les relations économiques et financières entre la France et l’Allemagne de 1898 à 1914, A. Colin, 1969. Finances et relations internationales, 1887-1914, A. Colin, 1970. Les relations franco-allemandes 1815-1975, A. Colin, 1977. L’Allemagne et le Monde au xxe siècle, Masson, 1983. Robert Schuman, homme d’État, 1886-1963, Imprimerie nationale, 1986. À paraître : Histoire de la Haute Autorité de la CECA (en collaboration avec Dirk Spierenburg) Bruglant, 1993.
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