Version classiqueVersion mobile

Le Plan Marshall et le relèvement économique de l’Europe

 | 
René Girault
, 
Lévy-Leboyer Maurice

Discours de Monsieur Lombard Directeur Général de l’Industrie au Ministère de l’Industrie représentant Monsieur Roger Fauroux Ministre de l’Industrie et de l’Aménagement du Territoire

Texte intégral

1Monsieur le Ministre,

2Mesdames, Messieurs,

3Monsieur Roger Fauroux, Ministre de l’Industrie et de l’Aménagement du Territoire m’a demandé de le représenter pour cette séance d’ouverture du Colloque sur le Plan Marshall.

4Monsieur Roger Fauroux doit en effet dans quelques minutes accueillir à sa descente d’avion, au nom du Gouvernement Français, Monsieur von Wiesacker, Président de la République allemande.

5Même s’il y a quelque symbole à accueillir le président allemand en même temps que se tient un colloque qui porte comme sous-titre « le relèvement économique de l’Europe », je sais aussi que Monsieur Fauroux regrette de n’être pas devant vous, aux côtés du Ministre de l’Économie, des Finances et du Budget, pour ouvrir cette manifestation exemplaire.

6Exemplaire d’abord pour la collaboration sans défaut entre le Comité pour l’Histoire Économique et Financière du Ministère de l’Économie et des Finances et le Comité d’Histoire Industrielle, appuyée par l’Inspection Générale du Ministère de l’Industrie. Et il faut commencer par remercier les maîtres d’œuvre de ce colloque, c’est-à-dire les membres des deux comités, et en premier lieu. Monsieur Maurice Lévy-Leboyer.

7Depuis de nombreux mois, les deux comités travaillent ensemble pour organiser ce colloque au plus haut point international et pluridisciplinaire. D’Outre-Atlantique et d’Europe, de l’Est et de l’Ouest, d’Asie même, sont venus ici des acteurs, des témoins et surtout des spécialistes, universitaires, administrateurs, journalistes, prêts à fournir les analyses les plus complètes qu’il soit possible d’espérer sur ce sujet : qu’ils en soient tous remerciés.

8Il est vrai que le sujet, non seulement le mérite, mais l’exige. Le Plan Marshall a posé les bases du développement économique de ce qu’on appelle en France les Trente Glorieuses. Le Plan Marshall a été le facteur essentiel de la reconstruction des grands secteurs stratégiques de l’après-guerre : énergie, sidérurgie, travaux publics, transports.

9Les exemples sont nombreux : pour s’en tenir à la France de 1948 à 1951, 35 % des investissements d’EDF sont issus des crédits Marshall, et 66 % dans le cas des Charbonnages. Dans la sidérurgie, ces crédits ont permis le financement des grands trains de laminoir à tôle.

10Le Plan Marshall a aussi accéléré l’introduction des méthodes modernes de la production et du management dans les entreprises européennes. Il est vrai en effet que le développement industriel n’est pas seulement une affaire de subventions et de crédits, d’équilibres macro-économiques, de modes de gestion et d’organisation.

11Ainsi plusieurs intervenants souligneront l’importance qu’ont revêtue les missions de productivité, pour l’introduction de nouvelles technologies, comme pour l’évaluation du travail, la formation ou le marketing.

12Mais les effets du Plan Marshall ne furent pas uniquement économiques, mais également politiques. D’une part, et négativement, le refus de l’URSS de participer au Plan Marshall a scellé la division de l’Europe. D’autre part, et positivement, même si les espoirs américains d’une intégration des économies des pays européens furent en partie déçus, le Plan Marshall a créé des habitudes de concertation et influencé le climat qui présida à la mise en œuvre d’une véritable politique européenne : le traité CECA.

13Aujourd’hui, malgré ses limites, le succès du Plan Marshall se mesure encore aux références spontanées dont il bénéficie dès qu’il est question de reconstruction globale, aussi bien à l’Est qu’au Sud.

14Un des moments forts de ce colloque consistera donc dans les réflexions et les débats sur les enseignements économiques du Plan Marshall, sur les comparaisons possibles avec le Plan Brady ou avec la BERD.

15Il n’y a certes pas de recettes mécaniques à tirer des études historiques, mais celles-ci permettent les analogies fécondes et les reculs critiques qui sont aujourd’hui nécessaires.

16Devant de telles perspectives, je ne veux pas davantage retarder le début de vos travaux. Je sais qu’ils seront profonds et novateurs, et je tiens à ce que vous soyez assurés que les Pouvoirs Publics, qui ont promu cette initiative, sauront aussi, le cas échéant, profiter de vos leçons.

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

Cette publication numérique est issue d’un traitement automatique par reconnaissance optique de caractères.
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search