Louis Émile Florent Hyon (1879-1955)

Louis Émile Florent Hyon

1Louis Émile Florent Hyon est né à Fumay, dans les Ardennes, le 21 octobre 1879. Son père, Louis, était maçon et sa mère Louise Amélie Bretin, sans profession.

2Il entre en douane en qualité de surnuméraire, le 15 mai 1899, et est affecté à Charleville. Il interrompt son service le 1^er novembre 1900, pour répondre à l’appel sous les drapeaux. À l’issue de son service militaire, il est nommé commis au Havre, le 1^er novembre 1903, aux appointements de 1 700 francs.

3Le 21 novembre suivant, il se marie à Fumay avec Marie Ida Désirée Adélaïde Henry, née en 1880 et domiciliée dans un village voisin de Haybes.

4Le 1^er avril 1905, il exerce les fonctions de receveur à Givet, route des quatre Chemins, puis est affecté en qualité de commis de direction à la direction de Charleville, le 1^er mars 1908, au traitement de 1 900 francs. À la suite de la réorganisation Delanney, il est nommé contrôleur adjoint au salaire de 2 200 francs. Le 1^er août 1910, il est affecté en qualité de vérificateur au bureau de Valenciennes avec une rémunération de 2 800 francs. Il est reçu premier au concours d’inspecteur de 1917 et se retrouve en cette qualité à Paris, le 1^er janvier 1918. Il rejoint la direction générale, le 1^er octobre suivant. Il y exercera les fonctions de rédacteur au traitement de 4 500 francs. Promu sous-chef de bureau le 1^er août 1920, le voici chef de bureau au traitement de 21 000 francs le 1^er juillet 1925. À ce grade, il atteindra la hors classe, avec une solde de 60 000 francs.

5Préfigurant la coopération internationale, très importante actuellement, il est chargé de mission auprès du ministère des Finances de Roumanie en 1930 et 1932.

6En tant que chef de bureau du service général, il participe aux négociations sanctionnées par l’accord du 11 février 1936, qui amenait le retour de la Sarre dans le territoire allemand. Cet accord entraînait un redéploiement sur la nouvelle frontière de la douane française dont les services devaient « suivre les mouvements de marchandises entre la France et la Sarre et s’opposer à ce que des marchandises non sarroises introduites dans le Bassin, sous un régime de faveur (par exemple dans le cadre de contingents spéciaux) ne soient introduites en France ».1 À noter que le redéploiement s’est effectué sans le moindre incident.

7Louis Hyon est nommé administrateur de la deuxième division au traitement de 60 000 francs, le 10 octobre 1935.

8C’est par décret du 14 novembre 1936 qu’il est nommé directeur général des douanes en remplacement de Pierre Chaudun nommé, par décret du même jour, président du conseil d’administration et directeur général de la Banque de Madagascar. Tout comme Jean Clinquart, nous pouvons supposer que la nomination de Louis Hyon semble avoir été liée au souci du ministre des Finances, Vincent Auriol, de placer à la tête de l’administration des Douanes un homme ayant à la fois sa confiance et celle de ses services. Le gouvernement s’en trouvera bien, quand une politique officieuse d’aide aux républicains espagnols mettra dangereusement à contribution l’administration des Douanes, qui devra fermer les yeux devant les exportations en grande quantité de matériel de guerre.

9Louis Hyon a dû sa nomination à ses affinités avec les milieux de gauche et à l’appui des syndicats.2 En annonçant sa nomination, ceux-ci soulignent qu’ils ont entretenu avec lui, soit comme chef de bureau, soit comme administrateur, les meilleurs relations. L’Essor précise : « Dans toutes les fonctions qu’il avait occupées, il n’avait jamais oublié ses origines modestes dont il était justement fier et, tout en ayant le souci de sa dignité et de son autorité de Chef, il était resté le bon camarade que nous avions connu. »3

10Rappelons que les relations entre les syndicats et Pierre Chaudun s’étaient beaucoup altérées et que pendant six ans le Syndicat des agents du service actif n’avait plus eu de contact avec lui, se bornant à des discussions avec les administrateurs et les chefs du bureau de la direction générale.

11À sa première audience, Hyon déclare aux délégations des syndicats « qu’il s’efforcera d’atteindre un triple objectif : servir l’État, mieux organiser les services, ce qui améliorera les conditions de travail du personnel et facilitera les rapports des usagers avec l’Administration, donner des satisfactions matérielles et morales aux agents, car l’exécution du service souffre d’un mécontentement légitime du personnel. Il faut que ce personnel soit convaincu de l’efficacité, de Futilité du travail qu’il accomplit ; car nous ne sommes plus à l’époque napoléonienne, où l’obéissance passive, l’exécution sans savoir pourquoi constituaient les seules méthodes d’administration. Aujourd’hui, les esprits ont évolué, et l’exécution d’un ordre, pour être fidèle, doit avoir le caractère d’une collaboration raisonnée ».4

12Il a, d’autre part, affirmé qu’il « aidera, dans toute la mesure de ses moyens, l’Union Mutualiste à soulager les souffrances personnelles et familiales des agents frappés par le sort. De même sa sympathie est acquise à l’Œuvre des Orphelins à qui il veut continuer d’apporter son entier concours. Il accepte d’être le président d’honneur de ces deux sociétés d’entraide. »

13Il décide de créer, à la direction générale, un bureau chargé, en collaboration avec les syndicats, d’obtenir et de mettre au point les réformes internes susceptibles d’améliorer et de faciliter le fonctionnement des services. Dans ce même but, il institue une commission tripartite au niveau central. Puis il décide la création, dans chaque direction régionale, d’une commission permanente, où chaque catégorie du personnel sera représentée, chargée tant de l’examen des questions d’organisation locale, que de l’étude des modalités d’application des réformes envisagées à titre général, dans le cadre des circonscriptions régionales.

14Nous avons vu au chapitre VII que Louis Hyon s’est attelé à une importante réorganisation des services extérieurs et qu’il a réussi à obtenir pour les agents des brigades des relèvements de traitements assez conséquents. Les représentants de ce service en ont pris acte et lui ont marqué leur reconnaissance en ces termes : « Nous n’oublierons jamais que, dans la réforme qui vient de prendre officiellement date, vous avez su faire preuve d’un courage admirable en vous rangeant résolument aux côtés de votre personnel dont la tâche aussi pénible que délicate est trop souvent méconnue. »5

15Il s’est félicité de voir le Syndicat des agents du service actif publier un Guide du douanier qui, selon la préface qu’il a accepté de donner à ce document, « condense pour les agents nouvellement incorporés, les connaissances les plus utiles à la bonne compréhension et à l’accomplissement correct de leurs obligations ». Il a souligné l’intérêt de cet ouvrage « à l’heure où l’Administration s’apprête à ouvrir à Montbéliard un centre d’instruction pour ses jeunes agents ».6

16 Il a poussé à l’installation de l’École des douanes de Montbéliard, décidée par son prédécesseur. Lors de l’inauguration, il s’est attaché à montrer aux élèves que, « s’il comporte de lourdes servitudes, le métier de préposé ne manque pas de grandeur », et leur demande de se pénétrer, dès leur entrée en fonctions, « des traditions et des disciplines qui font la fierté et l’autorité du corps des Douanes ».7

17Après s’être attaché à améliorer la situation des agents du service actif, Louis Hyon a présenté au gouvernement des projets concernant les officiers et le service des bureaux, élaborés également avec la collaboration des organisations syndicales. Il y envisageait la création de grades et d’emplois, comme des postes de contrôleurs généraux et la réorganisation du cadre supérieur. Par ailleurs, il a prescrit aussi de donner aux contrôleurs stagiaires un enseignement professionnel dès leur entrée dans les cadres, à l’instar de celui dont bénéficiaient, à l’École de visite, les jeunes vérificateurs. Malheureusement, la guerre vint différer la réalisation de ces réformes.

18Louis Hyon a toujours tenu à rendre hommage au dévouement des douaniers. Par exemple, lors d’une cérémonie à Port-Saint-Louis-du-Rhône, organisée en raison des sauvetages accomplis par l’équipage du canot des douanes de cette résidence, il a annoncé son intention de « publier prochainement, dans un livre d’or, tous les faits mémorables accomplis par tant et tant d’agents du corps des Douanes. »8

19Il décide aussi de signaler périodiquement au personnel « tous les actes qui auront mis en relief l’attachement aux fonctions, le zèle et le courage des agents de l’Administration (saisies marquantes par les brigades et dans les bureaux, atteintes de bandes de fraudeurs, actes de dévouement etc.) ».9

20Trois décrets interviennent le 21 novembre 1938. Par le premier, Louis Hyon quitte la Douane et est nommé membre du comité de réorganisation administrative récemment créé. Dans le même temps, une nomination pour ordre intervient en faveur d’Adéodat Boissard, chef du service des prestations en nature au ministère des Finances, qui est nommé directeur général des douanes en remplacement de Louis Hyon. Toujours le 21 novembre, c’est Jules Leroi qui est nommé directeur général des douanes, « en remplacement de M. Boissard, qui a été placé en service détaché ».10

21 Les Annales des douanes rendent un éclatant hommage à Louis Hyon et déclarent : « Au cours des deux années durant lesquelles M. Hyon vient de remplir ces fonctions, ses mérites ont grandi et sa compétence s’est imposée à tous. C’est qu’admirablement instruit de la vie de l’administration des douanes dans tous ses domaines, nous dirions volontiers dans tous ses recoins, il n’en a laissé aucun inexploré et il a su partout porter son action comme son permanent souci d’atteindre à la perfection. »

22Le rédacteur poursuit : « On ne saurait prétendre, en effet, que M. Hyon ait manifesté une dilection particulière pour l’une des branches de l’administration des douanes qui, cependant, en compte tant et de fort diverses. Toutes ont retenu pareillement son attention. Car non seulement rien dans ce vaste domaine ne lui était étranger, mais encore tout lui était constamment présent ».11

23 L’Essor précise : « Nous nous attendions à son départ que nous souhaitions, cependant, en nous-mêmes, aussi reculé que possible !... Ses qualités d’homme et de grand chef avaient été reconnues et appréciées par tous depuis deux ans qu’il assumait les hautes fonctions de directeur général des Douanes, dans des circonstances parfois difficiles et sous divers gouvernements et ministres. »12

24 L’Action douanière n’est pas en reste et son éditorialiste précise : « Nous n’oublierons jamais que M. Hyon s’est résolument placé aux côtés de notre organisation syndicale pour donner à ce personnel si méritant et si méconnu la place à laquelle il a droit au sein des régies financières. »13

25Au moment de son départ, Paul Raynaud, ministre des Finances, lui écrit en lui annonçant qu’il lui a fait décerner la médaille d’honneur des Douanes : « Je tiens à vous donner l’expression tangible de la haute estime que mes prédécesseurs et moi-même garderons des qualités professionnelles dont vous avez toujours fait preuve et dont nous avons pu mesurer tout le prix depuis le moment où, placé à la tête de la Direction Générale, vous n’avez cessé, dans des circonstances parfois difficiles, d’exercer vos fonctions avec une compétence unanimement reconnue et un dévouement hors de pair. »14

26Évoquant cette distinction dans une manifestation de reconnaissance organisée par les œuvres de mutuelle auxquelles s’étaient associés les bureaux des syndicats, il a été rappelé que Louis Hyon avait déclaré : « Mieux vaut récompenser que punir. » Et : « On peut tout attendre d’un personnel content, on ne peut pas beaucoup exiger d’un personnel mécontent. » Il a été souligné que : « De tels principes, qui honorent l’homme et la fonction, vous ont fait vous dépenser sans compter pour améliorer la situation morale et matérielle des agents que vous avez à diriger. »15

27Chevalier de la Légion d’honneur le 25 février 1927, Louis Hyon a été promu officier par décret du 30 janvier 1937. Il a été nommé chevalier du Mérite agricole le 9 mars 1915.

28Il restera un peu moins d’un an au comité de réorganisation administrative, car il prendra sa retraite le 21 octobre 1939. Il sera nommé directeur général honoraire.

29Il occupera son temps libre en collaborant au journal L’Usine nouvelle, dont il sera bientôt nommé directeur.

30Il décédera le 23 décembre 1976 à Paris, après une retraite longue de 37 ans.