Bernard Athanase Léon Amé (1808-1892)
19 mars 1869-29 décembre 1879
p. 578-593
Texte intégral
Bernard Athanase Léon Amé

© Françis Roche. Photothèque des Douanes
1Bernard Athanase Léon Amé est né le 8 février 1808, à Bayonne. Il est le fils de Jean Léon Augustin Amé, visiteur des douanes qui sera plus tard nommé vérificateur et d’Elisabeth Eulalie Pigeon.
2Michel Boyé a pu déterminer que « les Amé étaient de petite noblesse provinciale. " Noble " était Louis Athanase Amé, grand-père de Léon dit " écuyer". »1
3Dans sa famille paternelle, les vocations douanières n’ont pas manqué et ont notamment donné un autre grand commis de l’État en la personne de Louis Amé, né en 1839 et décédé en 1901 à Nice, où il a exercé pendant quatorze ans les fonctions de directeur.
4Revenons à Jean Léon Augustin, le père : il est originaire de Saint-Chanas dans l’actuel département des Bouches-du-Rhône, où il a vu le jour le 17 avril 1764. Recruté par la Ferme générale le 15 juillet 1788, il a connu, pour des raisons non élucidées mais tenant vraisemblablement à la réorganisation des structures douanières du royaume, une interruption de service du 1er décembre 1790 au 17 thermidor an V. Il a alors été réintégré dans les Douanes, dans sa région d’origine, semble-t-il à Marseille. Le jeune Boucher de Perthes mentionne en effet dans une lettre à son père un groupe de douaniers, « tous plus âgés que lui mais bien aimables », avec lesquels il dîne régulièrement « chez un restaurateur », et dont l’un n’est autre que M. Amé.2
5A-t-il été ensuite muté d’office ou a-t-il obtenu son changement pour une résidence plus conforme à ses souhaits, en l’occurrence Bayonne ? Le 27 thermidor an XII, il y épouse une jeune Bayonnaise, fille d’un négociant, Élisabeth Eulalie Pigeon. Malgré son rang relativement modeste dans la hiérarchie douanière, il est assisté par Caprais-Galien directeur des douanes, Dominique-Charles Docteur, receveur principal des douanes et Étienne Philippe Joseph Brac-Lapérière, visiteur des douanes et futur directeur des douanes à Bayonne. A-t-il dû ces égards à la noblesse de ses origines ou à la notabilité de sa belle-famille ? La question reste posée.3
6 Michel Boyé explique : « Le 11 prairial an XIII, Jean Léon Augustin Amé avait été muté à Nantes en qualité de commis aux expéditions mais n’avait pas rejoint son poste. On ignore les raisons pour lesquelles il a été maintenu sur place. À la naissance de son fils, comme lors de son mariage, Jean Léon Augustin Amé était visiteur des Douanes Impériales et habitait au n° 57 de la rue Mayour. Il devint quelques années plus tard vérificateur des Douanes et, si l’on en croit le mémorialiste douanier Jean Paloc, il laissa son fils de bonne heure orphelin ».
7C’est alors que celui-ci a vraisemblablement décidé de gagner sa vie et qu’il s’oriente naturellement vers la carrière de son père. L’administration accepte sa candidature malgré son jeune âge et Boyé souligne : « Si l’on se réfère à des cas similaires, mais cependant exceptionnels, la décision de l’administration se trouvait ainsi justifiée par les qualités physiques du postulant. »4 En effet, Jean Paloc fait état de sa taille au-dessus de la moyenne.5
8Léon Amé entre en douane le 1er juin 1823. Il a tout juste 15 ans, et embarque comme matelot à demi-solde à bord de la patache6 attachée à Socoa. Moins d’un an plus tard, il est envoyé à Urrugne, puis à Bayonne, en qualité de préposé à demi puis à deux tiers de solde. Il rejoint le service sédentaire en août 1827, au sein duquel il exercera à traitement plein, les fonctions de commis expéditionnaire à Saint-Jean-Pied-de-Port. Le 1er janvier 1829, il est nommé receveur à Bidarray et sera affecté, le 1er décembre de la même année, à la direction de Bayonne, où, comme on le disait alors, il grandit jusqu’au grade de second commis.7
9Nommé le 1er mars 1836 premier commis (chef de bureau) à la direction de Toulon, il est, dès l’année suivante (1er août 1837), désigné pour exercer les fonctions de commis principal à la 3e division de l’administration centrale, où il parvient très rapidement au grade de sous-chef (1er octobre 1838), puis de chef de bureau le 1er janvier 1841.
10D’avril 1842 à octobre 1852, nous voyons Léon Amé remplir successivement les fonctions d’inspecteur divisionnaire à Aigues-Mortes, à Saint-Jean-Pied-de-Port, à Céret et à Caen. Il est placé, le 1er novembre 1852, à la tête de la direction mixte de Colmar, dont la création est motivée par la fusion des deux services des douanes et des contributions indirectes. Il est donc amené à gérer et à réorganiser ce dernier service tout à fait nouveau pour lui et dont les habitudes sont assez éloignées de celles de la Douane.
11Un décret impérial du 15 décembre 1854 le mute à la tête de l’importante direction de Bordeaux. Le livre qu’il publie en 1858, Étude économique sur les tarifs de douanes, connaît un tel succès qu’il doit le faire rééditer en 1859. Les idées qu’il exprime vont tout à fait dans le sens de la politique impériale. Dans l’avertissement, il montre : « Le gouvernement impérial étendant aux tarifs de douanes sa puissante initiative, dans les limites légales où elle était renfermée, il a émondé l’arbre de la protection ; et si nous nous hasardons aujourd’hui à mêler notre voix aux débats, c’est parce que nous avons pu observer le résultat de ses réformes ».8
12Il reconnaît que « le système protecteur a efficacement soutenu les débuts de quelques fabrications importantes ». Il poursuit : « On peut continuer à accorder un appui utile aux industries qui ne sont pas en état de lutter avec l’étranger, sans généraliser la protection, sans la traduire en prohibition, sans l’organiser de manière à attirer les capitaux dans des établissements mal situés où mal conçus, et surtout sans l’étendre aux objets de consommation alimentaire » et affirme : « Dans l’état actuel des faits et des idées, la prolongation du régime prohibitif ne serait-elle pas un anachronisme politique ? Aurions-nous reçu les merveilleux instruments de progrès mis en nos mains, la vapeur multiplierait-elle ses prodiges, l’électricité assurerait-elle des communications instantanées entre les peuples les plus éloignés les uns des autres, les gouvernements, autrefois si exclusifs, si soigneux de dissimuler aux étrangers les secrets des fabrications nationales, convieraient-ils à de gigantesques tournois tous les industriels du globe, provoqueraient-ils chacun à révéler à tous ses procédés, ses résultats et ses prix de revient, pour que les guerres de tarifs, en se perpétuant, reprissent l’œuvre d’isolement que les efforts du génie humain tendent à détruire ? »9
13Il pense que : « Les prohibitions, établies en France, s’appliquent à des objets qui peuvent supporter, sans dommage pour les intérêts généraux du pays, un droit de douane de 25 pour 100 ».10
14 Les idées qu’il exprime tout au long de ce livre sont nettement libérales et, comme le dit Jean Paloc, démontrent « l’absurdité du régime sous lequel la France a vécu jusqu’alors ».11
15Cette position n’est pas très appréciée par l’administration, habituée depuis des lustres à appliquer un régime ayant de fortes similitudes avec le Blocus continental. Par contre, Rouher, le « vice-empereur », a été favorablement impressionné et a vraisemblablement suggéré Amé pour succéder à Forcade de la Roquette lorsque celui-ci a quitté la direction générale des Douanes pour le portefeuille des Finances, le 28 novembre 1860. Nous savons par ailleurs que Forcade a fait de même.
16Il a été rapporté qu’Amé a été nommé pendant 24 heures à la tête de la direction générale des Douanes. C’est alors que le conseil d’administration aurait réagi devant la nomination d’un directeur des services extérieurs, nomination considérée comme injurieuse à l’égard de ses membres. Il aurait pris l’initiative d’y opposer la candidature de Pierre Barbier, administrateur coopté par ses pairs. Celui-ci aurait obtenu une audience de l’Empereur, au cours de laquelle il lui aurait affirmé respectueusement mais très logiquement, qu’élever un simple directeur au grade de directeur général, ce serait comme si dans un régiment un chef de bataillon était promu colonel au détriment de son chef immédiat, le lieutenant-colonel. « Quoi qu’il en soit, nous dit Jean Paloc, M. Barbier fut appelé à remplacer M. Forcade de la Roquette et M. Amé dut se contenter comme fiche de consolation, de la direction de Paris ».12
17Voici Amé nommé à Paris le 1er mai 1860. Il va continuer son ascension, car, le 1er octobre 1861, il est appelé au sein du conseil d’administration où il dirigera la division de la « législation ». Il a en charge la réglementation purement douanière, et doit tout de suite s’occuper des répercussions des suites du « coup d’État douanier » de l’année précédente. Il participe notamment aux discussions tendant à la mise au point des règlements consécutifs aux conventions d’application du traité franco-anglais.
18Il doit assurer la préparation des autres traités et conventions similaires que la France signera avec d’autres pays, notamment européens.13
19 Il s’attache à réformer la complexe législation fiscale sur les sucres.14 Son travail se traduira notamment par l’importante loi du 7 mai 1864 qui fixe les droits et surtaxes dont sont passibles les sucres. Ce texte supprime le régime du drawback et accorde le bénéfice de l’admission temporaire en franchise à tous les sucres non raffinés. Ce régime devra comporter la souscription d’obligations cautionnées pour les sucres qui seront raffinés pour l’exportation.
20Dans la circulaire signée Barbier mais transmise pour ampliation par Amé, l’attention particulière des chefs de service est appelée sur l’importance de la loi du 7 mai. Il y est indiqué : « Il ne s’agit plus d’un simple changement de tarif. Nous avons à mettre en pratique un système nouveau, d’un intérêt également sérieux pour les finances de l’État et pour le commerce. Il est donc essentiel d’en suivre les détails de manière à assurer toute garantie au Trésor, en facilitant autant que possible les opérations des importateurs, des fabricants et des expéditeurs de sucres. C’est vers ce double but que devront tendre les soins des chefs de tout grade. Je recommande surtout aux inspecteurs de vérifier à époques rapprochées la situation des obligations. Ils s’assureront, notamment, de la parfaite régularité des imputations, et ils rendront compte, dans leurs rapports trimestriels, du résultat de leurs investigations à cet égard ».15
21Le 19 mars 1869, il succède enfin à Pierre Barbier, le jour même de la séparation de la Douane et des Contributions indirectes.16
22Rappelons à ce propos que, comme Gréterin l’a affirmé, il n’y avait pas eu fusion réelle des deux administrations, mais une juxtaposition affirmée au fil des ans. Le nombre des directions « mixtes » ayant autorité sur les deux services, avait sensiblement diminué. De part et d’autre, on est préparé à une séparation par consentement mutuel. Le gouvernement prend cette décision à l’occasion du départ à la retraite de Barbier qui, âgé de 70 ans, s’est vu élevé à la dignité de sénateur le 18 mars. La résurrection de la direction générale des Contributions indirectes intervient le lendemain.
23Jean Clinquart pense : « Le Gouvernement est assuré de disposer, en la personne d’Amé, d’un directeur général parfaitement informé des problèmes de politique douanière qui se trouvaient alors agités : le successeur de Barbier était en effet un spécialiste des questions de législation et de réglementation du dédouanement qu’il avait eues en charge depuis son entrée au Conseil d’administration en 1861. Le Gouvernement impérial savait de surcroît qu’il pouvait compter sur ce haut fonctionnaire pour tenir le cap fixé en 1860 : Amé était en effet acquis à la libéralisation de la politique douanière et il allait demeurer fidèle à ses convictions après la chute de Napoléon III ».17
24Pour occuper le poste d’administrateur, rendu libre par sa promotion à la tête de la Douane, Amé fait procéder à la nomination de « Ramond-Gontaud, directeur à Paris, signalé depuis longtemps par ses éminents services, par son savoir et par sa haute compétence ». Nous verrons par la suite que Ramond-Gontaud justifiera amplement ce choix. Le second administrateur était « l’honorable » Delmas, déjà ancien au Conseil.18
25Léon Amé annonce les deux changements en ces termes : « En vertu d’un décret, rendu le 19 mars courant, le service des Contributions indirectes est séparé de celui des Douanes, et chacun de ces deux services forme une administration distincte dont les attributions sont rétablies telles qu’elles existaient avant la réunion. Par un second décret du même jour, l’Empereur, sur la proposition de S. Exc. M. le Ministre des Finances, a daigné me nommer directeur général des Douanes. Cette situation nouvelle m’impose de grands devoirs : le service des Douanes n’assure pas seulement la perception des recettes recueillies par ses comptables ; il exerce sur les finances de l’État une action beaucoup plus générale et sauvegarde, en outre, d’autres intérêts de premier ordre. Pour l’affermir à la hauteur où il s’est trouvé placé, j’ai besoin du concours actif de mes collaborateurs de tous grades. Je l’attends d’eux avec une entière confiance, car j’ai pu juger dans leurs rangs de la droiture et du dévouement qu’on y rencontre aux divers degrés de la hiérarchie. De mon côté, secondé par des administrateurs dont nous apprécions tous le caractère, les lumières et l’expérience, je me consacrerai sans réserve à rechercher et à faire prévaloir le bien, soit dans les questions de régie intérieure, soit dans mes rapports avec le commerce et l’industrie.
26« Je ne terminerai pas sans offrir un témoignage de sympathie à nos confrères des Contributions indirectes. Les deux services, quoique désormais séparés, auront encore parfois à s’entraider. Les agents des Douanes s’y prêteront avec le bon esprit qu’ils ont toujours montré, et je ne doute pas que nous ne trouvions les mêmes sentiments dans le personnel dont la direction appartient aujourd’hui à mon honorable collègue, M. Mercier-Lacombe ».
27Le nouveau chef de l’administration est assuré d’avoir une bonne équipe sur qui il pourra s’appuyer. Delmas prendra, en 1874, sa retraite à 73 ans et sera remplacé par Alexandre Ambaud.
28Ancien chef de bureau à la direction générale et directeur à Nancy, Ramond-Gontaud, aussi remarquable spécialiste des questions tarifaires qu’Amé, restera en poste jusqu’en 1887, à l’âge de 77 ans. Chez les chefs de bureau, on constatera la même stabilité. Les partants sont soit nommés directeurs, soit admis à la retraite.
29Il faut tout de suite régler les détails techniques de la séparation d’avec les Contributions indirectes. Les personnels douaniers affectés à des tâches du ressort des Contributions indirectes et dont « l’utile concours a été apprécié » resteront dans cette administration. Le choix est laissé aux inspecteurs, sous-inspecteurs et commis d’opter pour l’un ou l’autre des deux services.
30Amé est amené à redéfinir les attributions des deux divisions de la Centrale et à revoir l’implantation des directions régionales. Il a aussi à faire face aux difficultés résultant des réductions importantes des effectifs que le gouvernement impose pour couvrir les dépenses excessives occasionnées par l’expédition du Mexique qui se termine.19
31Mais voici que la tension avec l’Allemagne monte dangereusement. Le gouvernement prend des mesures concernant le commerce des armes. Dès le début juillet 1870, les brigades des douanes sont en alerte. Des échauffourées se produisent entre douaniers et cavaliers prussiens. Le douanier Mouty a le triste privilège d’inaugurer, le 23 juillet, la longue série des morts de la guerre.20
32Le 9 août, Amé applique les décrets des 26 et 27 juillet mettant les brigades des départements de la Moselle, du Haut-Rhin et du Bas-Rhin à la disposition du département de la Guerre ainsi qu’un troisième décret du 9 août, généralisant cette mesure. Il a, déjà, par lettre du 28 juillet, prescrit la formation de « compagnies susceptibles d’être remplacées et utilisées pour la garde des places fortes ». Il a recommandé pour les autres compagnies de les diriger sur Paris pour y être formées en bataillons. Il termine en ces termes : « Dans les périls de la France, le corps des Douanes a toujours su faire son devoir. J’espère que nous ne resterons pas au-dessous des hommes de cœur qui nous ont précédés et qu’aucune défaillance ne se manifestera dans nos rangs ».21
33Suite à ces instructions, 10 000 douaniers sont rassemblés à Paris. Ils sont logés dans les magasins généraux réquisitionnés par le gouvernement. Un témoin, le capitaine Roux, se montre sans complaisance et dit : « Comment agit à Paris où il a appelé six de ses commandants, leur général, M. Amé ? Apparemment on improvise et on improvise mal ». Il décrit le casernement affecté aux douaniers mobilisés comme « une tour de Babel et une véritable sentine d’infection. »
34Il n’a pas été retrouvé d’éléments permettant de retracer l’activité d’Amé durant ces jours difficiles. Cependant, l’inertie n’est pas du tout dans son caractère. Il est difficile de se prononcer sur le jugement de Roux.
35Quoi qu’il en soit pour la douane, l’impéritie est générale. Presque aussitôt les 10 000 douaniers rassemblés, le ministre de la guerre décide de ne conserver que 3 000 à 4 000 douaniers pour la défense de Paris et Amé doit donner les instructions pour garder dans la capitale les célibataires, et renvoyer tous les autres dans leurs directions respectives. Les cinq bataillons restés dans la capitale participeront à sa défense, sans toutefois prendre part aux tentatives de percée de la garnison.
36Pendant le siège, nous savons qu’Amé est resté à son poste tout comme les autres directeurs des finances. La capitale est coupée de la province. Amé ne peut faire passer que quelques lettres par « ballon ».
37Une antenne gouvernementale est installée à Bordeaux. Le ministre des Finances est représenté par une « délégation » dirigée par Roussy, directeur général de la comptabilité publique. Les directions de province reçoivent exclusivement leurs instructions de la « délégation » gouvernementale. C’est ainsi qu’en novembre 1870, celle-ci a donné ordre de constituer, à Caen, un bataillon de douaniers destiné à se joindre aux forces armées en préparation.
38À Paris, lors de l’émeute du 31 octobre, les ministères assiégés sont délivrés par les éléments loyaux de la garde, dont le 171e bataillon formé par les fonctionnaires des services centraux des ministères et dont font partie les agents valides de la direction générale des Douanes.
39À l’Est, dans le Nord et en particulier à Champigny, les douaniers engagés dans les combats font preuves d’un courage unanimement reconnu.22
40 L’armistice est signé le 20 janvier 1871. Le 12 mars, le régiment de douaniers est dissous avant que ne s’installe la Commune. Devant l’émeute, le gouvernement et les ministres quittent Paris pour Versailles dans la nuit du 18 au 19 mars. Amé et ses principaux collaborateurs se fixent dans cette ville avec Pouyer-Quertier, nouveau ministre des Finances.
41Amé va à Bordeaux pour se rendre compte, sur place, des décisions prises par Roussy, le délégué du département des Finances, et reprendre les rênes de la Douane. À Paris, l’hôtel du Mont Thabor est occupé par les insurgés, alors que les bureaux de la Douane de Paris cessent pratiquement de fonctionner jusqu’à la chute de la Commune.
42L’hôtel du Mont Thabor est incendié, le désastre est total : toute la documentation et les précieuses archives disparaissent dans les flammes. Le traité de paix, signé le 10 mai, implique la nécessité de l’implantation de nouvelles lignes de douane aux limites de l’Alsace-Lorraine, la disparition des directions de Metz, Strasbourg et Colmar, ainsi que la création des circonscriptions de Nancy et Épinal. Tous les douaniers des directions supprimées, sauf un, seraient restés fidèles à leur administration.
43Amé charge l’ex-directeur des douanes de Strasbourg, Jean Marcotte, d’examiner, sur place, la situation. Cette mission prendra un caractère humanitaire, Marcotte obtenant des directions voisines des subsides destinés à venir en aide aux douaniers et à leurs familles et organisant les rapatriements de celles-ci.
44Amé envoie, à Nancy, Ambaud, chef de bureau à l’administration centrale, et dont il pense qu’il a toutes les qualités d’un bon négociateur. Il veut disposer auprès du GQG allemand, installé dans cette ville, d’un directeur qui a sa confiance.
45Amé est fortement préoccupé par la contrebande. Il pense que de grandes spéculations s’organisent et que le Trésor est gravement lésé. Cette fraude est favorisée par l’attitude des autorités allemandes qui refusent d’autoriser l’installation des lignes de douanes sur les nouvelles limites du territoire national. Amé envisage même de créer une ligne en arrière des endroits de la frontière occupés par les armées prussiennes.23
46Sur place, les chefs locaux ont d’énormes difficultés pour faire fonctionner leurs unités. Ils n’arrivent pas à reprendre possession des bureaux situés sur celles des frontières n’ayant pas subi de changement.
47 Après la reprise de Paris par l’armée versaillaise et la fin de la Commune, les administrations regagnent Paris. Les services des Finances se trouvent sans abri après l’incendie du 25 mai. Ils s’installent dans une aile du Louvre. La direction générale des Douanes se met aussitôt au travail pour réunir une documentation susceptible de remplacer celle disparue dans les flammes et pour reconstituer les dossiers individuels.
48Parallèlement, il faut à Amé et à son équipe, poursuivre la réorganisation des directions des douanes aux marches du Nord et de l’Est. Celle-ci semble être réalisée au cours de l’été 1871. Il doit surtout préparer et faire appliquer les mesures fiscales adoptées par le gouvernement pour faire face aux conséquences financières de la défaite. Comme il le dit dans une circulaire du 9 juillet 1871 : « Nos revers ont rendu nécessaire l’augmentation des impôts ». Il va donc s’attacher à faire rentrer les recettes douanières, à faire appliquer les relèvements de certains droits et taxes et à faire percevoir des taxes nouvelles, comme celle destinée à subvenir aux frais de la statistique commerciale sur les marchandises à l’entrée et à la sortie.
49Il met en œuvre les mesures préventives contre les progrès du phylloxéra et du doryphore, et contre la peste bovine. Il met en place le régime particulier du commerce avec l’Alsace-Lorraine.24
50Sur le plan de l’organisation des services, il obtient, dès 1873, une augmentation sensible des effectifs des brigades (+14 % par rapport à 1869). Le gouvernement a accepté cette mesure malgré les difficultés financières de l’époque, car il attend beaucoup de la Douane.
51Amé obtient des crédits, non seulement pour le recrutement de 700 agents supplémentaires, mais aussi pour augmenter d’un peu plus de 10 % le traitement moyen des brigades. Au cours de son directorat, il pourra à nouveau obtenir d’autres augmentations.
52Par ailleurs, il procède en 1875 à un réexamen de la militarisation du service actif et s’attache à trouver une solution sauvegardant les intérêts des agents, tout en conservant les liens avec les autorités militaires.
53Outre les travaux et tracas quotidiens de la gestion de la Douane et des 22 000 douaniers, Amé doit appliquer la politique douanière dictée par des gouvernements soucieux de trouver des ressources leur permettant de faire face d’abord aux obligations financières du traité de paix avec l’Allemagne et ensuite aux difficultés économiques de la France.
54 D’autre part, il a la lourde et absorbante charge de participer aux travaux parlementaires en qualité de commissaire du gouvernement. Il intervient notamment lors des débats de janvier 1870, où s’affrontent partisans et adversaires de la liberté commerciale, les uns rejetant, les autres réclamant la dénonciation du traité de commerce de 1860. Cette vigoureuse confrontation a été activement préparée à Bordeaux par les réunions publiques du Comité de l’association girondine du libre-échange, fermement opposé à cette dénonciation.25
55Amé doit affronter les tenants de « l’ordre moral » qui veulent faire la chasse aux républicains. À l’occasion des élections, ils essayent d’imposer leurs candidats aux serviteurs de l’État. Amé, pense, pour sa part, que le fonctionnaire « doit être à la fois fidèle au gouvernement en place et non engagé politiquement. Dans le cas particulier, il a le droit d’être contre les candidats officiels mais il a aussi le devoir de ne pas l’exprimer publiquement ».
56Le ministre des Finances lui transmet, le 17 juillet 1877, une circulaire destinée à imposer à tous les agents dépendant du ministère, une attitude ne « permettant pas de les ranger au nombre des adversaires du Gouvernement et d’exploiter au profit des partis opposés l’influence qu’ils tiennent de leurs fonctions ». Il termine en faisant état de sa confiance « qu’ils ne manqueront pas, durant la période électorale, à aucun des devoirs qui leur sont dictés par leur situation et leur patriotisme ».
57Amé transmet le message, tout en précisant que l’on doit continuer à suivre « la ligne de conduite toujours recommandée au personnel des douanes ».26
58Il n’hésite pas à soutenir ses troupes victimes de pressions politiques. Jean Paloc raconte que le préfet de Bordeaux ayant demandé la révocation du médecin et du pharmacien des douanes, dont les idées seraient hostiles au gouvernement, Amé s’y refuse après avoir appris par le directeur régional que les intéressés n’ont jamais abusé de leurs fonctions pour faire de la propagande parmi leurs patients douaniers.27
59Évoquant l’attitude du gouvernement ayant révoqué la plupart des maires républicains, ainsi que des préfets et sous-préfets, Paloc croit pouvoir affirmer : « Les douaniers n’ont pas été touchés par des mesures d’épuration – ni à Bordeaux ni ailleurs – puis affirme que la douane possède en la personne d’Amé "un homme intègre et énergique qui, au besoin, a su défendre son personnel" ».28 Et Paloc de raconter que sous le ministère de M. Magne, le ministre lui ayant demandé de désigner un de ses protégés comme chef de bureau, Amé lui fait ressortir que la nomination de ce tout jeune homme constituerait une injustice. Au ministre lui ayant dit : « Si cependant je vous en donnais l’ordre », Amé de répondre : « Monsieur le Ministre je suis père de famille et j’ai encore besoin de ma place : je m’inclinerais ! Mais il était de mon devoir d’éclairer votre religion à cet égard ». M. Magne n’a pas osé passer outre et son protégé n’a pas été nommé.29
60Mais voici qu’à la suite d’un changement de gouvernement, Wilson reçoit le portefeuille des Finances. Or, Amé a eu maille à partir avec ce parlementaire lors des discussions budgétaires. Comme le dit Paloc : « Ayant le sentiment de sa propre valeur, M. Amé ne pouvait se résoudre à devenir le très humble subordonné de M. Wilson dont il avait sondé les reins et le cœur ».30
61Il demande à Léon Say, le ministre des Finances sur le départ avec qui il a toujours entretenu les meilleures relations, d’accepter sa démission.
62Jean Paloc le présente ainsi à cette époque : « M. Léon Amé avait 71 ans, mais il portait allégrement son âge. D’une taille au-dessus de la moyenne, les cheveux poivre et sel, la barbe noire à peine striée de quelques fils blancs, encore droit et toujours élégant, il avait fort grand air ».31
63Il prend donc sa retraite, le 29 décembre 1879, après un directorat de dix ans. À ses proches collaborateurs, il affirme : « On ne quitte pas une administration qu’on a servie ou dirigée pendant cinquante ans, sans ressentir une sorte de déchirement ». Il marque l’espoir que son successeur sera choisi dans leurs rangs et « qu’il continuerait les traditions d’équité et de bienveillance auxquelles, personnellement, il s’était toujours efforcé de se conformer ».32
64Il sera remplacé par Ambaud, l’un des administrateurs qu’il estime tout particulièrement.
65 Ses merveilleuses capacités intellectuelles, l’étendue de son savoir en matière de commerce international et son dévouement à la chose publique l’ont amené, jusqu’aux derniers instants de sa vie, à prêter au gouvernement et à l’administration un concours vivement apprécié.
66Il a été nommé conseiller d’État en service extraordinaire le 17 août 1872. Après son départ à la retraite, il a continué à prendre la part la plus active aux travaux du Conseil supérieur du commerce et du comité consultatif des arts et manufactures.
67Il a présidé le conseil d’administration de la compagnie d’assurances Le Monde, et a appartenu à celui de la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest.33
68Il a reçu de nombreuses distinctions honorifiques et plusieurs décorations étrangères. Chevalier de la Légion d’honneur en 1854, officier en 1861, il a été élevé, le 13 octobre 1874, à la dignité de commandeur.34
69L’œuvre littéraire d’Amé s’est bornée à la publication de son très important livre sur l’Étude économique des tarifs de douanes.
70Dans l’avertissement de la première édition, en date du 28 novembre 1858, il explique : « Notre livre se divise en deux parties. Dans la première, nous avons essayé de préciser les causes de l’établissement et de la durée du système prohibitif. Dans la seconde, après avoir exposé les considérations générales qui nous paraissent condamner la théorie de la protection excessive, nous avons examiné spécialement le régime des marchandises prohibées, des fontes et des fers, des matières dites matières premières, des grains, des bestiaux, des denrées coloniales, des vins, des droits de sortie, des primes et de l’industrie maritime.
71« Si nous aidions, par ce travail, à faciliter l’étude des combinaisons commerciales les mieux appropriées aux besoins des temps modernes, notre but serait atteint. »
72Dans sa conclusion il affirme : « Nous dirons que le système protecteur a perdu, en se généralisant, son véritable caractère. Le jour où l’on a voulu tout protéger, on a élevé pour tous le niveau des prix de revient et balancé des sacrifices plutôt que des profits [...] ». Il montre, ensuite, que les peuples demandent à multiplier leurs échanges et assure que « la France, placée si haut parmi les nations, ne saurait vouloir s’isoler par son attitude d’un courant d’idées dont ses écrivains ont principalement l’honneur. [...] Mais il ne s’agit pas de substituer les excès de la concurrence illimitée aux excès de la protection. »
73Il prône une réforme modérée qui « peut s’accomplir sans danger pour les industries qui la repoussent ». Il rappelle enfin « le succès complet des mesures partielles émanées de l’initiative du Gouvernement impérial ».35
74Dans sa remarquable analyse de l’œuvre de Léon Amé, Michel Boyé rappelle que l’auteur avouera plus tard qu’il était loin de pressentir l’événement qu’a constitué le « coup d’État douanier » du traité franco-anglais du 23 janvier 1860.36
75Son livre a eu un grand retentissement et a été particulièrement goûté par l’entourage de Napoléon III et notamment par l’influent Rouher. Nous avons vu plus haut qu’il lui a valu d’être nommé directeur général.
76À la demande du ministre des Finances de l’époque, Léon Say, avec lequel il entretient des relations amicales, Léon Amé reprend son étude et publie, en 1876, une nouvelle version considérablement remaniée et étendue sous le titre : Étude sur les tarifs douaniers et les traités de commerce. Alors que la plupart des traités de commerce arrivent à échéance, il se prononce clairement pour la prolongation du système de transactions réciproques suivi et appliqué par les divers gouvernements depuis 1860.
77Il décède le 24 janvier 1892. Les honneurs militaires lui sont rendus par un bataillon du 46e de ligne et par un détachement des douanes de Paris. Dans un discours au nom de l’administration, le directeur général du moment, Pallain rappelle qu’il ne vivait que pour ses fonctions et qu’il s’y absorbait complètement. Il le décrit comme un orateur qui, « à force de supériorité ancienne et familière, sans notes, traite à fond les questions les plus complexes et les plus ardues et font manœuvrer, de mémoire, des armées de chiffres ».
78Georges Pallain vante ensuite ses qualités : « Son érudition technique, servie par une mémoire extraordinaire, était sans limites. Sur quelque point des législations intérieures ou extérieures des négociations auxquelles il avait pris une part si brillante, sur quelque point de service, en un mot, qu’il fût consulté, ce spécialiste merveilleux était toujours prêt à répondre, et répondait toujours avec compétence, avec courtoisie, et chose plus rare, avec bonne grâce. Il donnait, sur l’heure, tous les renseignements sans avoir de recherches à faire. On eût dit, à l’entendre, qu’il avait catalogué dans sa tête, comme dans un répertoire admirablement ordonné, tous les documents, toutes les archives où l’Administration des Douanes, depuis la célèbre loi de 1791, a consigné ses décisions, ses nomenclatures, ses précédents... » Et Pallain d’affirmer : « Dans l’Administration des finances, où M. Amé apparaissait comme une puissante et originale figure, il était considéré comme l’incarnation de cette Administration des Douanes, qu’il avait servie pendant plus de cinquante ans ».37
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79Si Amé a su se montrer énergique en maintes occasions, et notamment dans la gestion de ses personnels, son directorat est marqué par un certain immobilisme en matière de procédures et de méthodes douanières. Il reste sourd aux revendications exprimées par des journaux corporatifs, qui demandent une charte mettant fin au favoritisme et au corporatisme, l’amélioration de la gestion de la masse et une réforme des modalités de recrutement et d’avancement. Paloc écrit qu’il est intègre et énergique, il affirme aussi qu’il est peut-être d’une politesse un peu hautaine mais toujours de bon ton. Il sait recevoir et écouter les employés qui ont quelque chose à lui demander.38
80Sur le plan de la politique douanière, nous avons vu que Léon Amé s’est posé en champion du libéralisme. Son livre est un véritable plaidoyer pour les idées de Napoléon III en matière de commerce international. Cependant, s’il a servi avec enthousiasme la politique libérale de l’Empire finissant, il a appliqué, sans montrer d’état d’âme, la politique conservatrice d’Adolphe Thiers.
81En matière de politique intérieure, il a obtenu pour les fonctionnaires des douanes la neutralité des gouvernements de l’ordre moral et républicain. Jusqu’à sa retraite, il a su préserver son administration de toute influence extérieure.
82Et, avec Pallain, il est possible de conclure que Léon Amé a été un grand et vrai douanier.
Notes de bas de page
1 Archives départementales du Rhône, état civil de Saint-Chamas, cité par Michel Boyé, à l’époque, conservateur du Musée des Douanes dans Les Cahiers d’histoire des douanes, n° 17, septembre 1996, p. 12.
2 J. Boucher de Perthes, Sous dix rois, op. cit., p. 180.
3 Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques, état civil de Bayonne, cité par Michel Boyé, La Douane de Bordeaux, op. cit., p. 11.
4 M. Boyé, La Douane de Bordeaux, op. cit., p. 98.
5 J. Paloc, op. cit., p. 120.
6 Embarcation de l’administration des douanes chargée de la surveillance des ports et des côtes.
7 Les informations sur la carrière de Léon Amé ont été extraites des ouvrages de J. Clinquart, L’administration des douanes sous la Troisième République..., op. cit., et de M. Boyé, La Douane de Bordeaux, des annuaires des douanes, années 1892 et 1902, consultés au Musée des Douanes de Bordeaux et des fiches de Détail des services conservées au Service des archives économiques et financières à Savigny-le-Temple. Le fichier Léonor des Archives nationales a également été consulté.
8 « Avertissement », Étude économique sur les tarifs de douane, p. 1. Léon Amé acceptera de faire procéder à une troisième édition, revue et complétée, en 1876.
9 Ibid, p. 275 et 278.
10 Ibid., p. 300.
11 J. Paloc, op. cit., p. 121.
12 Ibid.
13 Traités du 2 août 1862 avec le Zollwerein et le grand-duché de Mecklembourg, du 17 janvier avec l’Italie, du 30 juin 1864 avec la Suisse, du 14 février 1865 avec la Suède et la Norvège, du 7 juillet 1865 avec les Pays-Bas, du 18 juin 1865 avec l’Espagne et du 11 décembre 1866 avec l’Autriche.
14 J. Clinquart, L’administration des douanes... de la Révolution..., op. cit., p. 174.
15 B. des Lois, n° 1200 du 12 mai 1864. Circ. 954 du 31 mai : LRDF, tome XXX.
16 La carrière directoriale de Léon Amé a été somme toute rapide : nommé directeur en 1852, avec 8 000 francs par an, il est passé à 9 000 francs en 1854, à 10 000 en 1859, et à 12 000 en 1860, pour arriver en 1861 au grade d’administrateur avec 15 000 francs, puis à celui de directeur général, en 1869, avec un traitement de 25 000 francs.
17 J. Clinquart, L’administration des douanes... de la Révolution..., op. cit., p. 242.
18 H. Bacquès, op. cit., p. 121-122.
19 H. Bacquès, op. cit., p. 125.
20 Voir chapitre V, p. 228.
21 J. Clinquart, L’administration des douanes... de la Révolution..., op. cit., p. 374-375. Cette lettre a été publiée par le journal La frontière, août 1870. Les propos du capitaine J.-J. Roux sont tirés de la même source.
22 Voir chapitre V, p. 228-229.
23 J. Clinquart, L’administration des douanes... sous la Troisième République..., op. cit., P. 21.
24 Pour les mesures ci-dessus voir chapitre V, p. 234-237, 251-253.
25 J. Paloc, op. cit, p. 121.
26 J. Clinquart, L’administration des douanes... sous la Troisième République..., op. cit., p. 82.
27 J. Paloc, op. cit., p. 112.
28 Ibid., p. 121.
29 Ibid., p. 122.
30 Ibid., p. 122.
31 Ibid., p. 120.
32 Ibid., p. 123.
33 Annales des douanes, 1892.
34 Annuaire des douanes pour l’année 1892, Musée des Douanes de Bordeaux.
35 L. Amé, op. cit., p. 440-442.
36 M. Boyé, La Douane de Bordeaux, op. cit., p. 13.
37 Notice nécrologique dans Annuaire des douanes pour l’année 1892, p. 25.
38 J. Paloc, op. cit., p. 123.
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