LA CARTE

1Une carte hors texte récapitule les transformations subies par le faubourg ces dernières années. Cette carte est réalisée à la suite de nombreux relevés in situ en février et mars 1994.

2Le fond de plan utilisé pour le dessin de la structure ancienne est le cadastre 1930. L’ensemble des modifications relevées y est reporté. Les quartiers modernes sont dessinés à partir de plans partiels d’aménagement des années 1970-1980.

3Cette carte représente le Midan en 1994. Elle indique en tireté les anciens tracés de 1930 ; elle différencie les éléments suivants :

4en gris clair : parcelles du plan 1930 dont le bâti n’a pas subi de modifications majeures ;

5en gris foncé : parcelles récemment bâties, situées dans l’ancien faubourg ou les nouvelles extensions ;

6en hachures : parcelles sur lesquelles sont installés les édifices religieux, les bâtiments remarquables, baykés, hammans, et certains équipements comme les écoles ;

7en pointillé : friches ; parcelles dont le bâti est détruit, ruiné ou abandonné ;

8en trait épais : limites actuelles de l’espace public ;

9en tireté fin : anciennes limites parcellaires.

LES PLANCHES

10Les planches qui constituent l’essentiel de ce chapitre permettent de décrire et de classer les opérations récemment réalisées ou en cours de construction dans le Midan. Ces planches sont regroupées autour de trois thèmes.

1. Les transformations de l’ancien tissu urbain : description des éléments de l’ancien tissu (impasses, ruelles, rues) ; substitution parcellaire (les nouvelles silhouettes des voies) ; création de nouveaux alignements : l’exemple de la rue Kabou Awal.
2. Les nouveaux tracés : le prolongement des impasses ; les percées ; l’autoroute.
3. Les nouvelles limites du Midan : plusieurs cas sont étudiés, ils mettent en évidence les relations plus ou moins conflictuelles entre l’ancienne structure et les nouveaux lotissements.

LES LÉGENDES

11Afin de pouvoir les comparer, ces planches sont dessinées à la même échelle ; pour rendre compte des situations observées dans les trois dimensions de l’espace, chacune est représentée en plan et en coupe.

12Le dessin de coupe insiste par un trait épais sur les limites de l’espace public, il représente donc par un trait continu le profil de la voie et la silhouette des deux bâtiments qui se font face. Le dessin de plan cerne lui aussi l’espace public par un trait épais, le trait fin étant réservé aux limites des parcelles. Dans les plans 1994, le trait fin tireté représente le découpage parcellaire tel qu’il existait dans le cadastre de 1930. En revanche dans les plans 1930 ce type de trait indique le tracé des futures transformations. Les parcelles des bâtiments remarquables sont pochées en noir, les réalisations récentes sont hachurées et le pointillage indique les friches.

Substitution parcellaire du bâti : les nouveaux profils des voies1

La rue al-Joura2

13Plan

Le lotissement de Souk al-Midan3

Les nouveaux alignements, un exemple : la rue al-Kabou

14légendes des dessins : voir texte p. 109

Situation en 1994

Constitution progressive du nouvel alignement

Le prolongement des impasses

Quelques exemples d’impasses prolongées

Les percées

15Trois percées ont étés réalisées ; partant des lotissements périphériques, elles buttent sur la rue du Midan en traversant le tissu ancien dans les parties du faubourg où son épaisseur est la plus faible.

La réalisation des percées transforme plus ou moins le tissu existant4

L’autoroute

16Prévue dans le plan d’aménagement du Grand Damas de Benshoya et Ecochard en 1968, l’autoroute de contournement de la ville intra-muros n’a pas encore été réalisée dans sa partie est mais elle est ouverte à la circulation depuis quelques années dans sa partie sud. Franchissant en pont le faubourg du Midan elle a provoqué la destruction du tissu ancien sur son passage et rompu les trois grandes voies nord-sud de l’ancien réseau viaire. Seule la rue du Midan conserve sa continuité.

17Les rampes d’accès, les voies express sous le viaduc, les immeubles tours qui la bordent, ... cet ensemble de phénomènes accompagnant généralement ce type d’infrastructures s’oppose fortement à l’échelle domestique du quartier.

Profil de l’autoroute

Les nouvelles limites du Midan en 1994

Limite ouest : Midan Soultani

18La rue Khaled Ibn al-Walid organise les nouveaux lotissements à partir des voies est-ouest qui lui sont perpendiculaires. La rue la plus au nord est une percée qui débouche sur la rue du Midan, les autres butent pour l’instant sur l’ancien mur d’enceinte du faubourg.

19L’opposition entre les deux structures est totale en forme comme en dimension. Les voies est-ouest du lotissement semblent momentanément arrêtées, leur prolongement détruirait l’ancien tissu jusqu’à la rue du Midan.

Limite ouest : Bab al-Mousalla

20A Bal al-Mousalla, la rue Khaled Ibn al-Walid est encore à l’origine du tracé des nouveaux lotissements. Mais ici, contrairement à Midan Soultani (ci-contre, à gauche) ce ne sont pas les voies du lotissement qui pénètrent dans le Midan mais les impasses perpendiculaires à la rue al-Riad qui sont ouvertes sur l’extension.

Limite nord-est : Mousli

21Les immeubles modernes installés dans les jardins de la Ghouta s’organisent autour d’une place et d’une rue parallèle à celle du Midan. La hauteur des constructions, leur implantation, l’éloignement imposé par une impasse et une friche (dans laquelle se trouve un mausolée ayyoubide) autorise la coexistence entre structure ancienne et nouveaux immeubles. Le vide qui les sépare permet à l’immeuble sans cour de développer une nouvelle typologie d’appartement ouvrant l’ensemble de ses fenêtres sur l’extérieur, tout en protégeant les maisons traditionnelles de confrontations trop brutales.

Limite est : Souk al-Midan

22L'ancien chemin bordant le mur d'enceinte a servi de support à l'urbanisation.

23Sur la Ghouta, des immeubles de huit étages ont été implantés; dans le Midan, les anciennes maisons ont été remplacées par des immeubles trois étages, la création d'une placette et le vide qu'elle engendre entre l'ancien et le nouveau permet la conservation du bâti à l'intérieur du quartier.

Limite est : Saha

24Dans les années 1960, un lotissement de maisons individuelles a été réalisé le long du chemin bordant l’enceinte à l’extérieur du faubourg. Celui-ci ne desservait à cette époque aucune parcelle du côté du Midan. Aujourd’hui un retournement s’est opéré avec l’implantation, sur les parcelles de frange, d’immeubles de trois étages s’ouvrant directement sur la rue issue de l’ancien chemin. Le profil de la voie est inversé par rapport à la situation habituelle, maisons individuelles côté Ghouta et immeubles côté faubourg.

Limite sud : Qa’a

25La limite sud du faubourg est particulière. En 1930 la voie longeant le Midan distribuait de nombreuses parcelles. Ruelles et impasses y débouchaient.

26De l’autre côté de la rue al-Maaçara, les immeubles construits récemment s’élèvent souvent à plus de dix étages. Deux mondes s’ignorent, la largeur de la rue permettant le développement autonome de chaque secteur.

Limite est, Mousli : le cimetière Joura

27Deux opérations indépendantes ont été réalisées de part et d’autre du cimetière.

28Sur la rue du Midan, les maisons adossées au mur du cimetière ont été remplacées par un immeuble de quatre étages séparé du cimetière par une ruelle.

29A l’est, le mur du cimetière forme toujours la limite du faubourg. Au-delà les anciens jardins de l’oasis ont été remplacés par des immeubles de grande hauteur ; le vaste territoire des morts, par la distance qu’il instaure annule en partie l’effet dévastateur d’habitations d’une dizaine d’étages sur le Midan.

30Le regard porté sur le Midan ne se substitue pas à l’éclairage essentiel de l’histoire urbaine, il montre l’intérêt de leurs auteurs, architectes, limitant volontairement leur champ d’investigation à leur discipline, pour la description des faits urbains et architecturaux.

31Une telle approche est fondée, si l’on veut bien admettre qu’il n’y a pas de déterminisme formel et qu’il ne suffit pas d’énoncer les causes ou de décrire le contexte historique de la constitution d’un ensemble urbain pour en saisir la forme.

32Cette étude a été réalisée dans le cadre d’un enseignement annuel de post-diplôme dispensé à l’Ecole d’architecture de Paris-Belleville. Le rythme de la formation impose un temps limité, il demande d’établir des priorités et de sélectionner les questions traitées sans prétendre épuiser le sujet.

33Nous espérons cependant que la présentation de ce travail enrichira la connaissance que l’on peut avoir de ce quartier, et que l’on pourra y trouver matière à poursuivre la réflexion nécessaire sur l’histoire et le devenir de ce faubourg de Damas.

34Atelier Damas - C.E.A.A. Villes orientales, février 1996