Introduction du chapitre VII
p. 493
Texte intégral
1Les gouverneurs d’Iraq (amīr-s/wālī-s) gardèrent longtemps le pouvoir de nommer les cadis de leurs villes : malgré les réformes d’al-Manṣūr, un calife comme Hārūn al-Rašīd n’imposa pas sans peine un cadi à l’un de ses gouverneurs et les pouvoirs locaux conservèrent une autonomie récurrente jusqu’à la guerre civile entre al-Amīn et al-Ma’mūn. Or la désignation d’un cadi impliquait non seulement de le choisir, mais aussi d’avoir autorité sur lui 1. La judicature n’était à l’origine qu’une émanation du gouverneur – lui-même délégué du calife –, détenteur d’un pouvoir judiciaire qu’il prêtait à un fonctionnaire subalterne. En vertu d’un tel ordre hiérarchique, une certaine soumission pouvait être attendue du cadi, tenu d’appliquer la politique qui lui était dictée s’il souhaitait demeurer en poste. B. Johansen relève le passage suivant, que Wakīʿ consacre au cadi de Médine Abū Bakr b. Muḥammad b. Ḥazm – en poste sous le calife ʿUmar b. ʿAbd al-ʿAzīz :
Les gouverneurs de provinces (wulāt al-buldān) tenaient [alors] la judicature et ils y nommaient ceux qu’ils désiraient. Le cadi n’enfourchait sa monture ni ne s’occupait d’une affaire sans demander la permission de l’émir de la ville, car [percevoir] son traitement (al-rizq) lui était agréable 2.
2Même si les réformes centralisatrices d’al-Manṣūr mirent plusieurs décennies à produire tous leurs effets, les rapports entre cadis et gouverneurs iraqiens furent rapidement affectés. Il convient d’en déceler les traces et l’évolution.
Notes de bas de page
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