1À trois kilomètres au nord de Bosra se trouve le petit village de Jmarrîn. De loin déjà on aperçoit les restes d’une façade antique à l’ouest de la route romaine qui menait à Suweidâ’. Ils appartiennent à une des propriétés les plus monumentales du Hauran antique. Une longue rampe, qui borde la maison de la famille al-Kaffry, conduit au monument. Quelques pierres du dallage de la cour sont encore conservées. Au fond de la cour, au nord, se dressait l’imposant corps de bâtiment principal long de 24,90 m et profond de 11,85 m. La façade sud est encore conservée sur environ 10 m de haut. Le tronçon conservé est interrompu sur les deux côtés. La couverture et le mur du fond ne sont pas conservés.

2La grande entrée dans la pièce A, à l’ouest, est particulièrement frappante. Deux rangées de fenêtres superposées éclairent et aèrent cette pièce. Au-dessus s’ouvrait encore une fenêtre centrale ronde. À l’est, une porte plus petite conduit à la pièce C. Trois fenêtres s’ouvrent également au-dessus. Au-dessus de la pièce C se trouve la pièce E. Peu de restes des accès par la façade sont encore reconnaissables. La plus petite porte à l’est conduit dans la pièce D.

Villa de Jmarrîn

3L’ordonnance de la façade indique que cette habitation est construite dans la tradition locale. Le plan s’organise en groupes de pièces juxtaposées non reliées. Elles sont composées d’une pièce centrale par laquelle on accède à des pièces latérales plus petites disposées sur deux niveaux. L’espace central du module ouest est la pièce A. Dépassant 9 m de côté, cette pièce constitue un vestibule monumental. Un arc sur piliers engagés haut de 10,50 m au total couvrait cet espace. Les pilastres sont encore conservés. L’arc plus bas qui s’est ajouté au sud appartient à une phase de construction plus tardive. Deux passages dans les murs ouest, nord et est donnent accès aux pièces qui l’entourent. Les pièces B au nord-est et C à l’est sont encore conservées. La pièce C est aussi accessible par l’entrée du milieu de la façade. Cette pièce montre un aménagement luxueux. Un arc divise la pièce en deux moitiés : la partie nord est couverte d’une voûte en berceau. Celle-ci est posée sur un socle mouluré. Des motifs sculptés de feuilles et de coquilles ornent les angles. La partie sud de la pièce est plus haute et couverte d’une façon typique de cette région par des corbeaux en doucine et des poutres de basalte. Les angles du plafond sont mis en valeur par quatre feuilles sculptées de formes différentes. Au-dessus de la pièce C se trouve la pièce E qui était également couverte d’une voûte en berceau. Ici, cependant, aucun décor n’est conservé.

Villa de Jmarrîn : état actuel de la façade.

4La plus petite entrée, à l’est, conduit à une pièce qui est traversée du nord au sud par une rangée de mangeoires. Ces mangeoires sont chaque fois surmontées par des petits arcs. Des petits trous indiquent que les animaux étaient placés dans la moitié ouest de la pièce et qu’ils y étaient attachés. Deux autres mangeoires se trouvaient au nord-est de la pièce. Cette pièce appartient à un deuxième groupe de pièces. Elle a été utilisée comme étable. Conformément à la structure des groupes de pièces du Hauran, un arc enjambait l’espace central qui était relié aux pièces latérales par les mangeoires et des passages. Là étaient hébergés les animaux. Le pilier ouest de l’arc et le départ d’arc sont encore visibles. Une citerne appartenait également à la maison antique. Au sud de l’accès actuel se trouvent deux ouvertures dans le sol. La citerne est taillée dans le rocher et couverte au moyen d’arcs et de dalles. Elle était alimentée par un canal venant du wadi Zeidî au nord. Si l’on continue sur la route en direction du nord, on atteint le wadi. À l’ouest de la route moderne se trouve un pont romain qui repose sur trois voûtes. Les restes du pavement de la route sont visibles sur les rives nord et sud.

Villa de Jmarrîn : plan de l’état actuel conservé

5Des relevés historiques du pont romain montrent qu’il existait sur la rive sud du wadi un tombeau-temple. Peu de remplois attestent aujourd’hui cette construction. Le domaine de Jmarrîn est à dater, avec l’aide des fouilles et la datation du décor, du début du II^e siècle après J.‑C. Avec son espace monumental A et les deux pièces équipées de voûtes en berceau (pièces C et E), elle est équipée de multiples pièces de réception. Aucune autre maison antique dans le Hauran ne montre cette densité de pièces de représentation. Le constructeur de cette maison doit donc avoir eu un rang social et politique élevé.