n° 17 - La rue principale est-ouest, entre l’arc nabatéen et le tétrapyle
p. 226-229
Texte intégral
1Datation : du début du Ier siècle ap. J.-C. jusqu’à l’époque médiévale.
La rue principale est-ouest (n° 17) et les monuments du centre-ville, vus vers le nord-ouest.

Proposition de restitution du centre ville romano-byzantin, vers le VIe siècle ap. J.-C.
T. Fournet 2003
2La rue est-ouest allant de l’arc nabatéen (n° 1) à la porte Ouest (« Bâb al-Hawâ’ », n° 27) constituait l’axe majeur de la ville, sans doute bien avant l’époque nabatéenne. Son importance est accentuée par les deux arcs monumentaux construits à ses extrémités. Dans son dernier état monumental, la rue principale est constituée de trois tronçons d’orientations légèrement différentes. D’est en ouest, la première inflexion se situe au niveau de l’arc central (« Bâb al-Qandîl », n° 22), la deuxième au tétrapyle (n° 24). C’est à l’époque sévérienne, dans la première moitié du IIIe siècle, que la rue principale a pris la forme monumentale qu’elle a conservée pendant les siècles suivants : la chaussée dallée est bordée de trottoirs couverts de portiques d’ordre ionique. Au fond de ces portiques s’ouvraient les portes des boutiques. Un ordre prostyle plus monumental interrompait parfois cette ordonnance en marquant l’entrée d’un édifice plus important, comme le marché (macellum, n° 23) situé à l’est du cryptoportique et du forum. Les intersections des rues ont donné lieu aussi à des aménagements monumentaux, contemporains des portiques, comme l’arc central, ou postérieurs, comme la place ronde et son tétrapyle.
La rue principale est-ouest.

3Nous ignorons l’aspect de la rue est-ouest à ses origines. C’est dans le secteur central de la rue, entre les thermes du Sud (n° 15) et les thermes du Centre (n° 21), que des sondages archéologiques ont permis de reconstituer une partie de l’histoire de cette voie de circulation urbaine. Un sondage au nord de la façade des thermes du Sud a révélé du matériel venant des phases d’occupation plus anciennes du site, qui remontent jusqu’à l’époque néolithique. Des traces d’un premier niveau de circulation datent du premier quart du Ier siècle ap. J.‑C., avec du matériel céramique nabatéen. Une autre phase correspond aux travaux de construction du premier état des thermes du Sud, avec un terminus a quo vers 150 ap. J.‑C. On peut dater d’une phase plus récente la mise en place du stylobate du premier portique de la rue, avec de la céramique caractéristique du IIIe siècle, dont la date correspond au style des chapiteaux ioniques. Une nouvelle étape de transformations a été identifiée au Ve siècle, d’après des monnaies. Le stylobate a été remanié et reposé. Un sol en calcaire gris beige a été posé sous le portique et sur la fondation du premier stylobate. Dans le courant du VIe siècle, des boutiques ont finalement été installées entre les thermes du Sud et la rue. Par ailleurs, à la même époque, on a procédé à une repose du dallage de la rue, remonté d’une trentaine de centimètres, de même que dans le carrefour voisin. Des fondations de boutiques de la phase byzantine sont conservées : on y a trouvé des restes de poissons provenant de la mer Rouge ainsi que les traces d’un artisanat de l’os. Dans la phase ayyoubide-mamelouke, on a constaté des empiètements de maisons sur la moitié de l’emprise des portiques, dont les dallages avaient été systématiquement récupérés. Enfin, à un niveau très supérieur, des maisons modernes ont occupé sans doute toute la surface du portique dans ce secteur.
Élévation est-ouest de la rue nord-sud.

T. Fournet 2001
4Si l’on emprunte la rue principale à partir de l’arc nabatéen, on marche sur près de 200 m sur un niveau de rue moderne. À environ 100 m de l’arc se trouve, du côté sud de la rue, une longue façade monumentale, dont le niveau d’origine antique est en contrebas. Cet édifice récemment dégagé, mais partiellement seulement, pourrait être un prétoire du Ve siècle (n° 14), d’après une inscription trouvée sur place.
5À environ 200 m à l’ouest de l’arc nabatéen, le croisement de la rue principale et de la rue nord-sud conduisant à la mosquée d’Omar et au camp romain forme une place triangulaire bordée de plusieurs édifices : au sud, l’église des thermes du Sud (n° 14), le « temple » (n° 14) et la face nord des thermes du Sud (n° 15) ; à l’angle nord-est de la place, le nymphée (pseudo-« kalybé », n° 18) ; à l’angle nord-ouest, l’exèdre monumentale (« nymphée », n° 19). À partir de ce croisement, la rue est dégagée jusqu’à son niveau antique. Elle a gardé son pavage d’origine, disposé perpendiculairement à la rue, ou en oblique. La chaussée est bordée de trottoirs et de portiques d’ordre ionique, dont les colonnes sont partiellement conservées et remontées.
6Dans le portique Nord de la rue est-ouest, au sud des thermes du Centre (« Khân ed-Dibs » n° 21), un fragment de tapis de mosaïque polychrome à motifs géométriques (nœud de Salomon, feuilles, damier en V), daté dans le courant du IVe siècle, a été découvert en 2001 (voir « Période byzantine : la mosaïque », p. 63). Ce pavement de mosaïque a été certainement remplacé, après une destruction due à un tremblement de terre dans la seconde moitié du Ve siècle, par le sol de carreaux en calcaire gris encore visible à l’extrémité est de ce portique. Cette réfection s’est accompagnée d’un exhaussement du sol, en relation avec une nouvelle reconstruction des boutiques, et sans doute aussi du portique, comme on l’a noté lors de la fouille du côté sud de la rue. Des plaques de marbre maintenues par des agrafes décoraient les façades des boutiques. Elles ont été abandonnées lors d’une reconstruction effectuée dans la seconde moitié du Ve siècle. À l’époque médiévale, le dernier sol en calcaire a été arraché et récupéré et de nouvelles constructions se sont implantées à l’emplacement du portique.
7En poursuivant vers l’ouest dans la rue principale, à partir du croisement précédent, on longe au nord les thermes du Centre (« Khân ed-Dibs » n° 21), et au sud, les thermes du Sud (n° 15), avant de croiser 100 m plus loin le carrefour formé par la rue principale et la rue du théâtre (n° 16). Le début de cette rue vers le sud, c’est-à-dire vers le théâtre, est mis en valeur par l’arc central (« Bâb al-Qandîl » n° 22). Le prolongement de la rue du théâtre vers le nord est restitué à l’ouest des thermes du Centre, mais il n’est pas dégagé.
8Entre l’arc central et la place au tétrapyle (n° 24), on continue à suivre la chaussée antique presque entièrement conservée, pavée en oblique, bordée de portiques ioniques et de boutiques. À 50 m à l’ouest de l’arc central, du côté nord de la rue, on remarque les colonnes d’entrée sur de hauts piédestaux du marché (macellum) (n° 23), récemment découvert sous les constructions récentes. Ces colonnes de façade sont plus grosses et plus hautes que celles du portique de rue. Elles sont prises dans un mur d’époque récente.
La rue principale est-ouest, entre l’arc central (n° 22) et le cryptoportique (n° 23), vers le sud-ouest.

Photo Y. Guichard
9Sur le même côté de la rue et après les colonnes de cette façade, on peut apercevoir sous les colonnes du portique les ouvertures des soupiraux du cryptoportique (n° 23).
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