n° 11 - Le cirque (« hippodrome »)
p. 205-206
Texte intégral
1Datation : époque romaine provinciale, IIe ou IIIe siècle ap. J.‑C.
2Pour parvenir au cirque, on peut contourner la citadelle par le sud, puis longer la voie ferrée sur quelques dizaines de mètres jusqu’au premier carrefour à gauche (mosquée récente en vue). Dans l’angle de ce carrefour, une ouverture permet d’accéder à l’angle nord-ouest du cirque.
3Le cirque, situé au sud de la ville et au sud du théâtre, est très visible sur les photographies aériennes. Il mesure un peu plus de 440 mètres de long et environ 130 mètres de large. Le bâtiment a été dégagé, mais il est très détruit. Seuls sont conservés les murs de soutènement des gradins, mais l’espace central permet de le voir dans son ensemble. On peut le traverser du nord vers le sud et ressortir par des baies situées au niveau de l’hémicycle. Le mur ouest, que l’on voit dans son ensemble en remontant vers le nord par la rue qui le longe, est conservé sur plusieurs assises et sur toute sa longueur, mais avec des restaurations récentes.
4Bien qu’occupé par des jardins et des murets de pierre sèche jusqu’au milieu du XIXe siècle, le cirque avait été identifié par H. C. Butler et appelé hippodrome, suivant l’appellation grecque. Il n’a pas encore fait l’objet d’une étude architecturale et archéologique, mais on peut cependant indiquer ses caractères principaux. Il appartient à la série des cirques de tradition romaine occidentale plutôt qu’à celle des hippodromes ou stades grecs : orienté nord-sud, il est constitué de deux longs murs parallèles qui rejoignent au sud l’hémicycle qui referme l’espace ; l’arène était très vaste, plus de 420 m pour 97 m de large ; à l’extrémité nord du mur ouest, qui est, suivant l’usage, un peu plus long que le mur est, une portion du mur en segment de cercle, qui comportait les stalles de départ (carceres) pour les courses de chars a été récemment dégagée ; en traversant l’arène, il semble que l’on distingue le léger renflement du muret central (spina) autour duquel évoluaient les chars ; des gradins construits en pierre, il ne reste que des substructures et les assises inférieures du mur extérieur, mais Butler a pu reconnaître une vingtaine de rangées de gradins d’environ 0,68 m de profondeur pour 0,45 m de haut ; en dehors de l’accès voûté dans l’axe de l’hémicycle sud, le problème des accès aux gradins n’est pas clarifié ; il ne semble pas y avoir eu de colonnade au sommet des gradins, comme on en connaît par exemple au cirque de Tyr.
Le cirque : vue vers le nord.

5Le cirque de Bosra est un édifice très grand. La largeur de son arène est, comme à Tyr et à Césarée Maritime, beaucoup plus large que dans la plupart des cirques occidentaux. De même, l’importance des gradins, donc le nombre potentiel de spectateurs, est inhabituelle pour une ville de Syrie intérieure. Pour cette région, seuls les cirques d’Antioche et d’Alexandrie avaient une capacité plus grande.
6La vocation première de ces édifices est d’accueillir des courses de chars, comme l’indiquent les stalles sur la ligne de départ. La largeur de l’arène signifie que le cirque de Bosra était prévu pour accueillir un grand nombre de chars sur la ligne de départ. Nous n’avons cependant jusqu’à présent pas de témoignage à Bosra de l’existence d’équipes de cochers professionnels (factiones) à la mode occidentale, qui ne se sont vraiment développées en Orient qu’à l’époque byzantine. Par ailleurs, il est probable que les cirques d’Orient accueillaient également des jeux athlétiques, normalement dévolus aux stades, et d’autres types de concours équestres. Il existe d’ailleurs une certaine confusion des termes architecturaux dans les inscriptions mentionnant des jeux.
7Quand le cirque de Bosra fut-il construit ? Certainement après la création de la Province d’Arabie, donc à partir du IIe siècle. Les historiens proposent volontiers d’associer la construction du cirque au règne de Philippe l’Arabe (244-249) qui créa à Bosra des Dousaria Actia, des jeux athlétiques à la mode grecque. Cette hypothèse ne pourra être confirmée que par une étude archéologique de l’édifice.
Le cirque : long mur ouest.

Bibliographie
Butler 1914, p. 275 et s.
Negev 1977, p. 663
Segal 1981, p. 111
Peters 1983, p. 274
Sartre 1985, p. 96
Humphrey 1986, p. 492-495
Segal 1988, p. 58
Gros 1996, p. 355-356
Sartre 2001, p. 682
Zuckermann 2000, p. 69-96
rapport inédit de J. Seigne et A. Ostrasz.
Auteur
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Bosra. Aux portes de l’Arabie
Jacqueline Dentzer-Feydy, Michèle Vallerin, Thibaud Fournet et al. (dir.) منار حمـّـــــاض (trad.)
2007
Glossaire technique trilingue de la pierre
L’exploitation en carrière
Jeanine Abdul Massih et Jean-Claude Bessac
2009