La maison 1

1Elle est inscrite dans une parcelle de forme carrée d’environ vingt mètres de côté. C’est une grande parcelle type de 400 m² que l’on peut supposer être une parcelle origine du lotissement de Souk al-Midan ; celles du lotissement de la rue Quweiq/al-Riyad, plus petites, ont une surface de deux cents à deux cent cinquante mètres carrés.

2La maison, à rez-de-chaussée, s’organise symétriquement à partir d’un axe passant par l’iwan, le bassin et l’entrée qui est une grande pièce équivalente en surface à celle de l’iwan. Cette disposition correspond au début du vingtième siècle à une évolution du plan des maisons anciennes, où l’on cherche à régulariser et unifier le dessin de la cour par une composition de type néoclassique abusant de symétries et subordonnant la partie au tout. Il est en effet peu probable que la parfaite symétrie dans le plan de l’iwan et du hall d’entrée corresponde à cette époque à un poids symbolique et d’usage identique de ces deux lieux de la maison.

3Ce souci de régularisation se lit aussi dans le traitement des façades, les fenêtres et les impostes au-dessus des portes sont ici au même niveau, elles règnent, alors que dans les maisons anciennes chaque élément est individualisé, le niveau des fenêtres n’étant pas le même que celui des portes ou des impostes.

Relevé maison 1

La maison 2

4Elle occupe une parcelle d’environ 200 m² qui n’a pas été modifiée depuis le plan de cadastre de 1930.

5Cependant, en l’associant à la parcelle mitoyenne, on retrouve les dimensions de la parcelle type, et surtout un plan de maison du même type que la maison 1. Cette maison a donc été divisée en deux avant la parution du cadastre.

6Le plan de la maison est un demi-plan qui a été postérieurement modifié, emploi de matériaux modernes, blocs de parpaing et béton, pour former de nouvelles pièces. La grande pièce sur rue a été découpée pour aménager des pièces de services, l’iwan a été fermé et divisé dans sa hauteur pour créer deux pièces.

Relevé maison 2

La maison 3

7Elle est installée sur une parcelle elle aussi non modifiée depuis 1930, mais son histoire à la lecture du plan semble différente. La forme de la parcelle dont une limite est très découpée résulte de toute évidence d’une ancienne division foncière, mais le dessin du plan, contrairement à la maison 2, montre une parfaite adaptation de la maison archétypique damascène à la forme de la parcelle. La maison dont les éléments architecturaux identiques à ceux de la maison 1 datent de la fin du dix-neuvième ou du début du vingtième siècle a donc été construite postérieurement à la division parcellaire. On retrouve aussi des situations analogues pour les maisons 7 et 9, qui sont seulement identifiées sur le plan de repérage.

Relevé maison 3

Dans le lotissement de Souk al-Midan, maison 3. Vue de la cour

Les maisons 4 et 5

8Comme la maison 8, elles sont des exemples de divisions parcellaires postérieures à l’établissement du cadastre. Les plans de ces maisons découpées en deux ou trois subissent plus ou moins de transformations mais conservent l’essentiel des éléments de la structure ancienne.

Relevé maison 4 et5

La maison 6

9Elle est située sur une parcelle de périphérie du lotissement de Souk al-Midan le long de la rue al-Baql. On peut penser que cet ancien chemin de l’oasis a été urbanisé avant la création du lotissement qui est donc venu s’adosser à un parcellaire existant, d’où la forme irrégulière de la parcelle. Appuyant cette hypothèse, toutes les parcelles de la rue de la mosquée Manjak sont différentes en taille et en forme.

10Pour conclure, on peut retenir qu’une parcelle de forme complexe, comme la maison 6, ne résulte pas automatiquement d’une division foncière puisqu’il s’agit certainement ici de s’adapter à une situation existante, en revanche les parcelles de lotissement qui n’ont aucune raison de ne pas être de forme simple révèlent dans le tracé de leurs contours l’histoire des mutations permanentes des tissus urbains.

11L’exemple des lotissements de Souk al-Midan et de la rue al-Riyad souligne que ces échanges fonciers et ces divisions parcellaires ne sont pas des phénomènes récents synonymes de dégradation des tissus urbains, mais au contraire la preuve de la vitalité de ce quartier et de sa parfaite adaptation à la période actuelle.

12Une autre leçon à tirer de cet exemple est la difficulté à définir des normes strictes de préservation d’un tissu urbain, à trop réglementer on court le risque de la sclérose en l’empêchant d’évoluer mais, sans aucune règle, le danger existe aussi de le voir tellement transformé qu’il deviendrait autre. Le cas des immeubles récents de trois à quatre étages, qui ont pris la place d’anciennes maisons, est à cet égard caractéristique d’une réglementation inadaptée car elle revient à terme à dessiner un nouveau quartier en amputant la ville d’une partie de sa mémoire urbaine.

Relevé maison 6