Introduction
p. 33-34
Texte intégral
1La création d’associations caritatives et d’Organisations non gouvernementales en Palestine relève, nous venons de le voir brièvement, d’une stratégie de survie face à l’occupation israélienne des Territoires palestiniens. Toute vie politique proprement dite étant interdite par les autorités militaires, le secteur associatif a servi de biais pour les dirigeants palestiniens, de l’extérieur comme de l’intérieur1, pour organiser la société palestinienne et subvenir à ses besoins. Une partie de l’organisation de la résistance palestinienne s’est fondée sur la nécessité de revenir à la terre, notamment pour développer un mouvement d’autonomisation des Palestiniens vis-à-vis des Israéliens. La question de la terre est centrale dans ce conflit et ce, depuis la fin du xixe siècle. Sous l’Empire ottoman, lors du mandat britannique ou depuis la création de l’État d’Israël, l’appropriation de la terre est un enjeu crucial. Je vais donc étudier dans un premier temps les tenants et les aboutissants de cet enjeu. Ceci m’amènera à comprendre l’importance qu’a pu prendre, au sein de cette société et dans ce contexte, une organisation basée sur le monde rural et sur la promotion de l’agriculture. Pourquoi rendre des terres palestiniennes cultivables est devenu si important, en particulier à la fin des années 1970 et au début des années 1980 ? Le succès de cette organisation montre que cela répondait à un véritable besoin de la société palestinienne dans un contexte de résistance à l’occupation militaire et surtout, d’absence d’autorité nationale à l’intérieur des Territoires. Les accords d’Oslo, signés en 1994, amènent deux éléments fondamentaux pour la compréhension de ce rapport à la terre : le premier est la création de l’Autorité palestinienne (AP), autorité intérimaire qui a vocation à poser les jalons d’un futur État palestinien, le second est le morcellement des Territoires palestiniens en trois zones distinctes, les zones A, B et C qui répartissent les attributions sur la terre et sur les habitants, entre Palestiniens et Israéliens. J’analyserai au cours de cette partie l’importance de ces deux éléments.
2La question des rapports entre l’AP et le secteur associatif a très vite été présentée, à partir de 1994, comme une question de légitimités concurrentes. Entre une autorité nationale fraîchement créée et composée en majorité de cadres issus de l’extérieur, les « returnees » et des ONG dont les dirigeants et les volontaires sont bien implantés au sein de la société palestinienne, l’enjeu est devenu crucial. PARC (Palestinian Agricultural Relief Committees), créée en 1983, soit près d’une décennie avant l’AP, va devoir adapter sa structure et son fonctionnement à ces changements externes. Le premier chapitre de cette partie tente donc d’expliquer, dans un premier temps, le contexte dans lequel s’inscrit cette question de la terre mais aussi celui dans lequel PARC a été constituée, en réaction, entre autres, à des associations caritatives plus traditionnelles. Le deuxième chapitre a pour vocation d’analyser les évolutions internes de l’ONG, notamment depuis le début de la deuxième Intifada en septembre 2000.
Notes de bas de page
1 Tout au long de ce travail, « l’intérieur » est utilisé pour les territoires palestiniens. Les dirigeants palestiniens de l’intérieur sont ceux qui se trouvaient effectivement dans les TOP et non à l’étranger.
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