URL originale : https://books.openedition.org/ifea/1270
Chapitre premier. Le grand versant occidental des Andes centrales péruviennes et les bassins versants
p. 212-216
Texte intégral
1Une centaine de kilomètres, environ, sépare les chaînons de la Cordillère occidentale qui culminent à plus de 5000 m des remblaiements du désert côtier.
2Ce long versant est creusé par des vallées profondes qui entaillent vigoureusement le flanc flexuré occidental du voussoir andin. La flexure ne ploie pas également l’ensemble du versant. Elle est plus accentuée entre 30 et 60 km de la côte, où les lignes des crêtes s’élèvent de 1000 à 4500 m. De grands plateaux, mordus par les vallées, subsistent encore à l’Ouest de la Cordillère ; il s’agit de grands épanchements de laves.
3Si la structure et les volumes rocheux sont différents de chaque côté des Andes, l’opposition fondamentale est d’ordre climatique. Elle prend toute sa signification sur les piémonts ; piémont désertique pacifique et piémont boisé, humide, en lisière de la plaine amazonienne. Cependant, cette opposition climatique s’atténue aux étages supérieurs de la montagne, à partir de 3000 m. Les facteurs locaux d’exposition jouent alors davantage dans la répartition et la quantité des précipitations que la situation sur l’un ou l’autre versant des Andes.
***
4Les rivières, dont les têtes sont situées à proximité de la ligne de partage des eaux entre le Pacifique et l’Atlantique, ont plus d’une centaine de kilomètres de longueur et la surface de leur bassin excède généralement 2000 km2. Ainsi le Rimac mesure 131 km et son bassin couvre 3448 km2 ; la longueur du Chillon est de 118 km et son bassin occupe 2240 km2.
5Les grands bassins-versants ont une forme allongée, s’élargissant vers le haut. Ceux des principales rivières pérennes sont séparés, dans l’étage inférieur des Andes par des bassins secondaires dont les vallées ne sont pas drainées en permanence. On ne remarque pas de captures d’un bassin à l’autre, tout au moins aux étages moyens et supérieurs. Il s’agit d’un réseau hydrographique « jeune », qui s’est mis en place au moment du grand soulèvement andin, en s’enfonçant progressivement. Les rivières principales ont, dans leur partie moyenne de leur cours, un tracé conforme à la pente de la flexure. Cependant la structure guide le réseau hydrographique dans les secteurs proches des chaînons orientés de la Cordillère Occidentale, tandis que des décrochements et des failles paraissent orienter les vallées dans l’étage inférieur des Andes.

Fig. 33. — Cartes des bassins versants :
A : du Rimac ; В : du Chillon ; С : du Mala. On note, sauf pour le Chillón dont la largeur du bassin versant reste assez remarquablement régulière, un évasement des parties supérieures des bassins du Rimac et du Mala.
6Les profils longitudinaux des rivières sont pentus. Les talwegs s’abaissent de plus de 4500 m en une centaine de kilomètres. Même dans le piémont où les rivières coulent sur des nappes alluviales, la pente est toujours supérieure à 1 %. Dans la montagne, elle est en moyenne de 5 %, mais elle n’est pas régulière. Des secteurs courts et raides (pente de 10 %), où la rivière s’encaisse souvent entre des gorges, alternent avec des secteurs moins inclinés, paliers relatifs où la pente du talweg dépasse encore 3 %.
7Les profils transversaux des vallées sont également très prononcés ; l’encaissement maximal des vallées peut atteindre 2500 m à l’aplomb des grands plateaux volcaniques (figures 34 et 35).
8Un certain nombre de données morphométriques permettent de caractériser les bassins du Rimac et du Chillon :

(1) Surface en projection ; (2) Pente moyenne ; (3) Surface réelle ; (4) % par étage ; (5) Précipitations annuelles (estimation) ; (6) Tranche d’eau écoulée ; (7) Total de l’écoulement.
9Note. — La morphométrie a été faite à l’aide des cartes au 1/200.000° et de leur agrandissement au 1/100.000e. Les bassins ont été découpés en tranches de 800 m, qui sont particulièrement expressives car elles correspondent à l’étagement morphoclimatique. Les surfaces ont été calculées par carroyage entre les courbes de niveaux maîtresses. Pour chaque étage la pente moyenne des versants a été calculée à l’aide d’une règle graduée permettant d’obtenir immédiatement la pente. Il ne faut pas dissimuler l’imprécision de ces mesures. L’exactitude des cartes est sujette à caution et, si le calcul des surfaces a été fait le plus soigneusement possible, des erreurs de détail ont dû être commises ; cependant elles doivent s’équilibrer.
10Les estimations des précipitations moyennes ont été faites en tenant compte des observations effectuées au cours de cinq ans dans la montagne andine ; celles concernant la tranche de ruissellement ont été calculées en fonction de la pente et des types de végétation.
11Il ne s’agit que de moyennes qui ne doivent pas masquer les différences de précipitations très considérables de la pluviosité d’une année à l’autre.

Fig. 34. — Profil longitudinal et profils transversaux de la vallée du Rimac.
Les grisés indiquent la ligne de crête. Les initiales correspondent aux profils transversaux.

Fig. 35. — Profil longitudinal et profils transversaux de la vallée du Chillón.
Les grisés indiquent la ligne de crête. Les initiales correspondent aux profils transversaux.
12Malgré leurs caractères aléatoires, compte tenu de l’absence de renseignements quantitatifs précis concernant la climatologie du versant occidental des Andes, les quelques chiffres figurant dans ce tableau montrent d’une part la forte valeur des pentes dans les bassins versants du Rimac et du Chillon, de l’autre l’importance des précipitations tombant dans les étages supérieurs dans l’alimentation des rivières. On voit ainsi que la répartition des surfaces au-dessus de 4000 m avantage le Rimac par rapport au Chillon et que les forts débits du Rimac sont dus à l’existence de plateaux volcaniques largement étalés. Les étages au-dessus de 4000 m ne fournissent guère de charge solide, les eaux filtrant dans les sols morainiques et périglaciaires. En revanche, les grands bassins torrentiels, branchés sur l’artère principale, et qui s’étagent de 1600 à plus de 4000 m, apportent à la rivière un matériel important fourni par les laves et les coulées torrentielles qui sont les formes habituelles de l’écoulement boueux dans ce type d’unité morphologique.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les Andes centrales du Pérou et leurs piémonts (entre Lima et le Péréné)
Ce livre est diffusé en accès ouvert freemium. L’accès à la lecture en ligne est disponible. L’accès aux versions PDF et ePub est réservé aux bibliothèques l’ayant acquis. Vous pouvez vous connecter à votre bibliothèque à l’adresse suivante : https://freemium.openedition.org/oebooks
Si vous avez des questions, vous pouvez nous écrire à access[at]openedition.org
Les Andes centrales du Pérou et leurs piémonts (entre Lima et le Péréné)
Vérifiez si votre bibliothèque a déjà acquis ce livre : authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books.
Vous pouvez suggérer à votre bibliothèque d’acquérir un ou plusieurs livres publiés sur OpenEdition Books. N’hésitez pas à lui indiquer nos coordonnées : access[at]openedition.org
Vous pouvez également nous indiquer, à l’aide du formulaire suivant, les coordonnées de votre bibliothèque afin que nous la contactions pour lui suggérer l’achat de ce livre. Les champs suivis de (*) sont obligatoires.
Veuillez, s’il vous plaît, remplir tous les champs.
La syntaxe de l’email est incorrecte.
Référence numérique du chapitre
Format
Référence numérique du livre
Format
1 / 3