Présentation
p. 24-25
Texte intégral
1Les paysages des Andes centrales sont immenses. En saison sèche cette impression de grandeur est accentuée par la lumière très pure des hautes altitudes qui permet de distinguer les plans successifs des plateaux découpés par les vallées ou creusés d’amples dépressions et de voir, au loin, les lignes des crêtes rocheuses ou neigeuses au-dessus du moutonnement fauve de la « puna ».
2Cette région élevée, où les altitudes moyennes sont supérieures à 4000 m, est drainée par l’axe longitudinal de la vallée du Mantaro et par ses affluents. L’extension des plateaux et des crêtes d’égale altitude contribue à donner une impression d’horizontalité qui frappe l’observateur placé sur une hauteur. Les dénivellations ne sont pas pour autant inexistantes mais elles dépassent rarement 1000 m. Au-dessus des plateaux se dressent, à l’Ouest, les grands escarpements des chaînons orientés de la Cordillère Occidentale. A l’Est les barres et les massifs isolés ne forment pas une chaîne continue au-dessus de plateaux réduits le plus souvent à l’état de lanières. Les plateaux sont creusés de dépressions que relie le Mantaro : au Nord, à 3900 m la « pampa » de Junin, au Sud, à 3200 m le bassin de Huancayo.
3Trois problèmes seront d’abord abordés :
la mise en place de l’armature rocheuse,
le développement des surfaces ondulées de la « puna »,
l’installation du réseau hydrographique.
4L’ensemble de ces questions constitue l’héritage préquaternaire du relief.
5Les retouches apportées au modelé lors des différentes périodes climatiques du Quaternaire seront les autres thèmes de recherches.
6Si, actuellement, les processus de gélivation sont inégalement actifs selon l’altitude et l’exposition, aucun endroit dans ces hautes régions n’est à l’abri des gelées. Mais partout les traces de périodes plus froides du Quaternaire sont visibles dans les paysages. C’est ainsi que sur les plateaux, sur les versants, dans les vallées et les bassins on trouve les témoignages, inégalement conservés1 :
d’une « ancienne » période froide, ayant laissé des moraines et des dépôts périglaciaires et fluvioglaciaires dans le bassin supérieur du Mantaro ;
d’un long « interglaciaire », caractérisé par des altérations et parfois l’encroûtement des dépôts, mais aussi par l’entaille en terrasses des nappes fluvioglaciaires de la période précédente ;
de plusieurs phases froides et humides, marquées par autant de crues glaciaires dont le volume diminue en se rapprochant de l’Actuel.
7La dernière crise glaciaire de quelque importance peut être datée ; elle précède immédiatement l’arrivée des hommes dans les Andes, ou du moins les vestiges humains les plus anciens découverts dans les Andes centrales grâce aux fouilles de Cardich (20) à Lauricocha et qui remontent à dix millénaires. Elle serait donc contemporaine du Tardiglaciaire d’Europe.
8Plus de questions peuvent être posées que de solutions définitivement apportées. L’absence de cartes topographiques et géologiques, celle d’une couverture de photos aériennes complète, comme les lacunes dans la connaissance de la géologie, malgré les utiles publications d’Harrison (73 à 82) et d’autres auteurs, limitent les possibilités d’investigations. Les sols et les climats de ces montagnes tropicales sont également peu connus, ce qui freine la recherche géomorphologique. Aussi, seuls des jalons inégalement solides seront posés pour baliser des études ultérieures, plus précises et plus fouillées.
Notes de bas de page
1 Par convention, les différentes périodes froides seront désignées sous les signes : g’, pour la plus récente (tardiglaciaire ?) ; g”, pour les glaciations du Quaternaire récent, à l’intérieur desquelles on peut distinguer au moins deux grandes phases : g” a pour les deux ou trois poussées glaciaires « récentes » ; g” b pour la première phase succédant au grand interglaciaire qui sépare les glaciations g” de la période froide du Quaternaire « ancien » dont les dépôts glaciaires et périglaciaires seront désignés par le signe g’”
Les signes t’, t” (a et b), t”’, etc., désigneront les différentes terrasses, t’ étant la plus récente.
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