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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral 1.1. Un petit ensemble funéraire souterrain atypique 1.2. Une occupation troglodytique des premiers temps du monastère 1.3. Un oratoire à vocation funéraire dédié à Notre-Dame 1.4. Recrutement et pratiques funéraires sur le coteau de Marmoutier au cours du haut Moyen Âge Conclusion Notes de bas de page

    Marmoutier (Tours). De l’oratoire Notre-Dame au prieuré des Sept-Dormants

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Chapitre 1. Tombes rupestres et oratoire troglodytique au haut Moyen Âge

    p. 25-48

    Texte intégral 1.1. Un petit ensemble funéraire souterrain atypique 1.1.1. Implantation et organisation de l’ensemble funéraire 1.1.2. Morpho-typologie et technologie des tombes rupestres 1.1.3. Une datation et un statut incertains 1.2. Une occupation troglodytique des premiers temps du monastère 1.2.1. De rares vestiges d’une occupation sur le coteau 1.2.2. Les cellules des premiers moines de Marmoutier ? 1.3. Un oratoire à vocation funéraire dédié à Notre-Dame 1.3.1. L’oratoire Notre-Dame : la restauration du comte Vivien au milieu du 9e siècle 1.3.2. La construction d’un petit oratoire semi-rupestre 1.3.3. L’agrandissement de l’oratoire 1.3.4. Les tombes rupestres associées à l’oratoire Notre-Dame (Fig. 40) Morphologie et technologie Couverture et comblement 1.4. Recrutement et pratiques funéraires sur le coteau de Marmoutier au cours du haut Moyen Âge 1.4.1. Les inhumations 1.4.2. Les pratiques et le mobilier funéraires Conclusion Notes de bas de page

    Texte intégral

    1Les premières traces d’une occupation humaine sur le coteau occidental de Marmoutier correspondent à un petit ensemble funéraire de la toute fin de l’Antiquité ou du début du haut Moyen Âge composé d’une dizaine de fosses sépulcrales directement taillées dans le roc6. Plusieurs cavités anthropiques, mal conservées et par conséquent difficiles à restituer, peuvent en avoir été contemporaines. C’est à partir de cette occupation funéraire et domestique (?) que se développe, dès les premiers siècles du haut Moyen Âge, un petit oratoire semi-rupestre à vocation funéraire dédié à Notre-Dame, dont deux phases ont pu être définies (Fig. 15).

    Fig. 15 – Plan général des vestiges de la première terrasse attribués au haut Moyen Âge.

    UMR 7324 CITERES-LAT, 2023.

    1.1. Un petit ensemble funéraire souterrain atypique

    2C’est à peu près à mi-hauteur du coteau, au niveau d’un probable ressaut naturel ayant pu servir de sentier pour monter sur le plateau, que se développe au tout début du haut Moyen Âge un petit ensemble funéraire composé de deux groupes de tombes, dont ne subsistaient au début de nos fouilles que des fosses vides7 (Fig. 16). La restitution de cette occupation repose sur les quelques vestiges conservés et une approche régressive des transformations du site (Fig. 17).

    Fig. 16 – Proposition de restitution de l’occupation du coteau au début du haut Moyen Âge.

    UMR 7324 CITERES-LAT, 2018.

    Fig. 17 – Proposition de restitution 3D de l’occupation du coteau au début du haut Moyen Âge, vue depuis le sud-est ; les cavités nos 3 et 4 n’ont pas été figurées, faute d’information.

    M. Chartier et D. Morleghem, UMR 7324 CITERES-LAT, 2018.

    1.1.1. Implantation et organisation de l’ensemble funéraire

    3À l’est, recouvertes en partie par l’abside de l’oratoire Notre-Dame (M.6007), sept fosses rupestres composent le premier ensemble. Au nord, un premier lot de cinq tombes globalement orientées ouest-est et alignées au niveau de la tête (F.2550 à F.2554) s’étend sur environ 3,40 m de longueur (Fig. 18). Au sud, le creusement de deux autres fosses a été contraint par la présence de deux masses siliceuses : la fosse F.2571 a ainsi dû être désaxée vers le sud et légèrement réduite en largeur dans sa moitié inférieure, tandis que la fosse F.2572 a été décalée d’environ 1 m vers l’est (Fig. 19).

    Fig. 18 – Vue depuis le sud-ouest des tombes rupestres attribuées à la première occupation funéraire du haut Moyen Âge : F.2550 à F.2552.

    Cliché UMR 7324 CITERES-LAT, 2016).

    Fig. 19 – Vue depuis l’est des tombes rupestres attribuées à la première occupation funéraire du haut Moyen Âge : F.2548/2571 et F.2572.

    Cliché UMR 7324 CITERES-LAT, 2017.

    4D’après la restitution de la topographie originelle du coteau avant toute occupation humaine, réalisée à partir des quelques points où le rocher est observable et de notre compréhension des creusements et aménagements opérés au fil des siècles (Marmoutier 2018 : 48‑49, Fig. 29), presque toutes ces tombes devaient se trouver dans une petite cavité à peine plus large que la longueur des fosses, seule F.2572 et peut-être F.2571 se trouvant à l’extérieur ou à l’entrée de la cavité (cf. Fig. 22).

    5Le niveau de creusement des fosses n’a été identifié que pour les trois tombes les plus au sud et seules F.2571 et F.2572 ont été intégralement fouillées, mais les données disponibles suggèrent une sorte d’étagement sur environ 60 cm de hauteur de l’ensemble des fosses (Fig. 20)8. Cet étagement ne saurait s’expliquer seulement par la présence éventuelle de couvercles en pierre qui aurait conduit à une surélévation du niveau du sol d’une tombe à l’autre. En effet, dans la mesure où cela réduisait la hauteur sous voûte, le travail du fossoyeur devait être moins confortable – au moins au début du creusement – que si la hauteur était restée la même qu’à l’entrée. Cela étant, la cavité n’étant apparemment pas destinée à être prolongée, un niveau plus haut réduisait substantiellement le temps de creusement.

    Fig. 20 – Coupe transversale nord/sud des tombes orientales.

    UMR 7324 CITERES-LAT, 2017.

    6À l’ouest de ce premier groupe, un second est composé de trois fosses parfaitement orientées et alignées au niveau de la tête (du sud au nord : F.2628, F.2522 et F.2523), et d’une quatrième (F.2524) de forme différente (Fig. 21). Deux d’entre elles (F.2522 et F.2628) sont partiellement comblées par la maçonnerie M.6007. Les trois tombes méridionales ont été creusées à peu près au même niveau, alors que la troisième est plus haute de 45 cm. Ces tombes devaient, comme celles attenantes à l’est, être situées dans une petite cavité, dont Lavardin nous fournit un bon exemple (cf. infra).

    Fig. 21 – Vue depuis l’est des tombes rupestres attribuées à la première occupation funéraire du haut Moyen Âge : F.2522 à F.2524.

    Cliché UMR 7324 CITERES-LAT, 2016.

    1.1.2. Morpho-typologie et technologie des tombes rupestres

    7La majorité des fosses présente une forme trapézoïdale peu prononcée, F.2523 se singularisant par un plan trapézoïdal naviforme, avec ses deux extrémités arrondies, et F.2571 et F.2572 par leur irrégularité. Le chevet est presque toujours plat, mais le pied peut être arrondi dans certains cas (F.2571, F.2522, F.2523 et F.2628 ?). Les parois de F.2571 et F2572 sont évasées, de sorte que la surface du fond est moindre que celle à l’ouverture de la fosse. Le fond est en général régulier mais présente parfois un pendage prononcé vers le pied9.

    8Leur longueur – ressaut éventuel non compris – varie entre 1,75 et 1,96 m, pour une largeur oscillant à la tête entre 38 et 55 cm, au pied entre 27 et 30 cm, tandis que la profondeur est comprise entre 37 et 43 cm. Toutes les fosses ont été creusées au pic, les parois étant presque toujours reprises à l’aide d’un marteau taillant et la régularisation du fond pouvant avoir été réalisée, dans un cas au moins, à la polka. Le creusement de ces fosses rupestres est assez proche des techniques d’évidement et de taille des cuves de sarcophage du haut Moyen Âge de la région (Morleghem 2016 : 299-323).

    9Deux types d’aménagements ont été identifiés. Une logette céphalique creusée dans le chevet de F.2522, dont on peut se demander s’il s’agit de la rectification d’une erreur de la part du fossoyeur qui n’aurait pas creusé une fosse suffisamment longue (1,75 m) pour accueillir décemment un défunt de grande taille. Les fosses F.2522 et F.2523 présentent quant à elles un ressaut périphérique destiné à accueillir la couverture de la tombe, dont on ne connaît ni le matériau (pierre, bois ou ardoise ?) ni la forme (d’un seul tenant ou en plusieurs morceaux ?). Cela suggère une inhumation en espace vide, sans qu’il soit possible pour autant d’affirmer que les fosses dépourvues de ressauts étaient forcément comblées aussitôt après l’inhumation.

    1.1.3. Une datation et un statut incertains

    10Les tombes rupestres ne sont pas rares en Touraine10 et plus largement dans la vallée de la Loire, mais elles sont toujours installées sur des affleurements rocheux à l’air libre11 ou à l’intérieur d’édifices religieux semi-rupestres12. L’ensemble funéraire du coteau de Marmoutier appartient à un type particulier, dont le plus proche exemple est la « crypte funéraire » (sic) du château de Lavardin (Loir-et-Cher) supposée appartenir à une nécropole alto-médiévale plus vaste malheureusement fort mal documentée (Fig. 22). Si la contemporanéité des deux sites n’est pas certaine, l’exemple de Lavardin permet de se représenter l’allure générale et le fonctionnement des deux cavités funéraires de Marmoutier.

    Fig. 22 – Relevé de la « crypte funéraire » du château de Lavardin.

    Leymarios, Schweitz et Lacroix 1979 : plan 01.

    11L’ordre de creusement des tombes est difficile à établir. Tout au plus peut-on supposer, en se fondant sur l’organisation de l’ensemble, l’orientation et la typologie de chacune, l’antériorité de la cavité orientale, avec le creusement en premier lieu des cinq fosses alignées, puis des deux dernières situées à l’extérieur, dont l’orientation contrainte aura servi de référence à l’installation des tombes de la cavité occidentale.

    12Pour ce qui est de leur datation, la seule chose certaine est que ces tombes sont antérieures, dans le cas de F.2523 et F.2524, à une maçonnerie semi-circulaire non conservée, attestée seulement par un léger ressaut du rocher, appartenant au premier état – non daté – de l’oratoire Notre-Dame, et pour les autres à l’abside de M.6007 correspondant à un second état du même oratoire existant peut-être au 7e siècle d’après la datation d’une sépulture associée (F.2642). Une datation relativement haute – mais qui reste très hypothétique – peut ainsi être proposée, entre l’Antiquité tardive et le tout début du haut Moyen Âge.

    1.2. Une occupation troglodytique des premiers temps du monastère

    13Les fouilles menées en 2017 et 2018 sur la première terrasse ont également mis en évidence, à l’ouest de l’ensemble sépulcral qui vient d’être décrit, la présence de quatre autres cavités très mal conservées et de fait difficiles à restituer et à dater, mais qui sont assurément antérieures à la chapelle romane et, pour une d’entre elles au moins (no 1), également à l’oratoire alto-médiéval Notre-Dame13 (Fig. 16 et Fig. 17).

    1.2.1. De rares vestiges d’une occupation sur le coteau

    14Les données relatives aux cavités antérieures à la chapelle médiévale sont peu nombreuses et très ténues, en particulier pour les cavités nos 1, 2 et 3. La quatrième est assez bien conservée malgré de nombreux aménagements dont les plus récents datent du 19e siècle (cf. chap. 4) ; il n’en manque qu’une partie du ciel et l’avant, tombés lors de l’effondrement de 1747.

    15Les principaux indices de la présence de ces cavités correspondent à de légers ressauts (inférieurs à 5 cm) qui peuvent être associés à des dépressions résultant de l’usure des sols et conservées parce que plus basses que le niveau de sol de la chapelle romane qui les a recoupées dans le courant du 12e siècle (Fig. 23). Cela est particulièrement bien visible au nord-ouest de la nef de la chapelle à l’endroit où le négatif de pavement F.2674 recoupe la cavité no 2 (F.2670).

    Fig. 23 – Vue depuis l’ouest du négatif du fond d’une cavité dans l’angle nord-ouest de la première terrasse.

    Cliché UMR 7324 CITERES-LAT, 2017.

    16Quelques fosses ont été mises au jour dans l’espace 3 et sous M.6009, que l’on peut rattacher à la cavité no 3, mais dont la fonction et la datation sont difficiles à cerner. Le petit creusement F.2674, que l’on peut interpréter comme un trou de piquet, était comblé d’une couche de torchis (US 60479), de terre (US 60478) et de mortier de tuileau (US 60477), qui témoignent de l’aménagement de la cavité sous la forme d’une partition de l’espace avec des structures légères et un possible enduit couvrant les parois et/ou le ciel (Fig. 24).

    Fig. 24 – Dépôt stratifié comblant un possible trou de piquet, vu de côté (F.2674).

    Cliché UMR 7324 CITERES-LAT, 2017.

    17Une couche argileuse finement stratifiée d’environ 4 cm d’épaisseur (US 60482) recouvrait la fosse F.2674, témoin fragile d’une autre phase d’occupation intérieure dont on ne sait rien de plus. Mais le dépôt stratigraphique le plus important quantitativement (10 à 13 cm d’épaisseur) a été observé sous le pilier oriental de M.6003 (Fig. 25) ; en effet, de manière assez surprenante, les bâtisseurs de la chapelle n’ont pas fondé ce pilier sur le rocher, mais directement sur le sol intérieur d’une cavité préexistante14. On y observe une succession de fines couches de terre, de mortier et de tuffeau – parfois un mélange de ces éléments – qui témoignent de différentes phases d’occupation et d’aménagement de la cavité no 1 et finalement, très certainement, du creusement du collatéral nord de la chapelle romane.

    Fig. 25 – Séquence stratigraphique d’une occupation conservée sous le pilier oriental de M.6003 (chapelle romane).

    Cliché UMR 7324 CITERES-LAT, 2017.

    1.2.2. Les cellules des premiers moines de Marmoutier ?

    18L’architecture des cavités alto-médiévales est assez mal connue, mais elles sont en général caractérisées – à l’inverse des cavités médiévales et modernes – par leur petite taille (surface et hauteur sous voûte), un plan ovoïde et un fond en cul de four : la cavité no 415 en offre un très bon exemple. Quatre cavités présentant ces caractéristiques peuvent ainsi être restituées sur la première terrasse.

    19Les cavités nos 1 à 3, situées 8 m à l’ouest de l’ensemble funéraire, semblent présenter un plan ovoïde d’une largeur oscillant entre 3,50 et 4 m, pour une profondeur que l’on peut estimer entre 4,50 et 8 m. Il est assez probable que chacune possédait son propre accès sous la forme d’une porte étroite (70-80 cm), haute d’un peu moins de deux mètres, qui assurait par ailleurs l’éclairage naturel de l’intérieur (Fig. 26). La cavité no 4, assez proche morphologiquement des trois autres, est bien plus grande puisqu’elle mesure 6,25 m de large sur 3,50 m de profondeur, avec une hauteur sous voûte d’environ 2 m. On y accédait certainement depuis le sud, sans qu’il soit possible de localiser cette entrée, ni même d’ailleurs de savoir s’il existait une ou plusieurs baies pour éclairer l’intérieur.

    Fig. 26 – Proposition de restitution 3D de l’état du site avant la construction de l’oratoire Notre-Dame, vue depuis le sud-ouest.

    À droite, les deux cavités sépulcrales, à gauche, les cavités nos 1 et 2 ; les nos 3 et 4, situées plus à l’ouest, plus difficiles à restituer, ne sont pas représentées.

    M. Chartier et D. Morleghem, UMR 7324 CITERES-LAT, 2018.

    20Toutes ces cavités n’ont pas été creusées en même temps et certaines ont été détruites quand d’autres continuaient d’être utilisées ou étaient creusées. Leur chronologie reste assez floue et seules des hypothèses peuvent être avancées. Néanmoins, elle est sans doute étroitement liée à la présence de l’ensemble funéraire situé à proximité, dont l’antériorité ou la contemporanéité avec les cavités nos 1 à 3 n’est pas résolue, puis à l’aménagement de l’oratoire Notre-Dame qui a nécessité des transformations architecturales et certainement un changement d’usage des cavités nos 1 et 2 au moins. Un développement d’est en ouest peut certainement être envisagé, suivant un schéma – très hypothétique – en trois temps :

    1. les cavités nos 1 et 2 peuvent avoir fonctionné en même temps que l’ensemble funéraire tout proche ;

    2. l’aménagement du premier état de l’oratoire Notre-Dame entraîne la transformation de la cavité no 1 par laquelle on y accède, ce qui pourrait justifier le creusement, en remplacement, de la cavité no 3 ;

    3. l’agrandissement de l’oratoire (état 2) affecte les cavités nos 1 et 2 et peut-être aussi la no 3, ce qui là encore pourrait justifier le creusement d’une nouvelle cavité (no 4) plus vaste que chacune des précédentes mais d’une surface totale légèrement moindre.

    21Le statut et les usages de ces cavités restent difficiles à cerner. Les fonctions funéraires et religieuses strictes peuvent être exclues dans la mesure où elles sont déjà assurées par l’ensemble funéraire et l’oratoire Notre-Dame. Ces cavités ont ainsi plus certainement servi de retraite et/ou de simple lieu de repos aux moines de Marmoutier. Plusieurs textes de la fin de l’Antiquité et du début du haut Moyen Âge évoquent la pratique de l’érémitisme rupestre dans des cavités naturelles ou creusées par les ascètes eux-mêmes (Delaplace 1995). Selon Sulpice Sévère, c’est dans le coteau que la majorité des frères ayant rejoint Martin avaient creusé des abris, alors que l’abbé lui-même et d’autres frères occupaient des constructions en bois (Vie de saint Martin, 10, 4-5, p. 274 ; Lorans 2012 : 190 et note 23). Grégoire de Tours mentionne également cette pratique à propos de Léobard qui réoccupa une grotte laissée vacante par un certain Alarius, et qui ne cessa de creuser le rocher pour agrandir sa cellule et y aménager son tombeau (Vita Patrum, XX, 2, 3 et 4) ; rien ne permet toutefois de localiser la cellule du saint sur les terrasses occidentales de l’abbaye, où l’une des grottes aménagées vers la fin du 19e siècle par les religieuses du Sacré-Cœur de Jésus lui fut dédiée. S’il paraît aventureux de faire remonter toutes les cavités encore observables au temps de Martin lui-même, il est assez vraisemblable qu’elles aient servi, pendant plusieurs décennies voire siècles, de lieu de vie – et sans doute de prière – à des membres de la communauté monastique puisque la pratique de la réclusion s’est poursuivie jusqu’au 12e siècle au moins (cf. chap. 2).

    1.3. Un oratoire à vocation funéraire dédié à Notre-Dame

    22Les investigations archéologiques ont révélé les vestiges, enfouis et en élévation, d’un petit oratoire présentant deux états et qu’un acte de 846 permet d’identifier à coup sûr comme l’oratoire Notre-Dame, à vocation funéraire, oratoire remplacé au 12e siècle par une chapelle bien plus vaste (cf. chap. 2, § 2.3). Pour plus de simplicité, commençons par évoquer le texte de 846 déjà analysé à plusieurs reprises (Lorans 2014 : 316-317 ; Source A).

    1.3.1. L’oratoire Notre-Dame : la restauration du comte Vivien au milieu du 9e siècle

    23Une charte du comte Vivien, abbé laïc de Marmoutier, en date de 846, est l’unique source textuelle contemporaine évoquant l’existence près de la porte du monastère (prope portam monasterii) d’un petit lieu de culte (locellus) dédié à la Vierge et qualifié aussi de crypta ce qui implique un caractère (semi-)troglodytique ; sa fonction funéraire est également attestée dans ce bref passage puisque des disciples de Martin y reposent en paix (Source A). Ce témoignage textuel, connu uniquement, en l’absence d’original ou de copie médiévale, par l’édition qu’en fit Mabillon en 1704, concerne assurément les vestiges observés sur la terrasse occidentale inférieure, où se dressa ensuite la chapelle Notre-Dame-des-Sept-Dormants représentée sur plusieurs gravures et dessins d’époque Moderne : l’emplacement, la dédicace et les tombes rupestres ne laissent aucun doute à ce sujet. Malgré la présence d’éventuelles retouches, telles que l’incise et discipuli beati Martini in somno pacis quiescunt, Laurent Morelle a conclu à la recevabilité de l’encadrement diplomatique de cet acte qui témoigne de la volonté de Vivien de restaurer et de doter de biens cet oratoire16. Quelles traces a-t-il laissées dans le sol et en élévation ?

    1.3.2. La construction d’un petit oratoire semi-rupestre

    24Un premier édifice semi-rupestre accueillant quelques sépultures est édifié entre les cavités peut-être dévolues à la retraite des moines et l’ensemble sépulcral occidental qui furent alors partiellement transformés ou détruits. Comme souvent sur le coteau, en l’absence de stratification et de recoupements significatifs, c’est la cohérence spatiale des vestiges (orientation et proximité) et une approche régressive qui permettent de proposer une restitution et une interprétation des constructions et des creusements17. Orienté suivant un axe sud-ouest/nord-est et de dimensions modestes (3,50 m de long sur 1,55 m de large), l’édifice est composé de deux parties à peu près égales (Fig. 27 et Fig. 28).

    Fig. 27 – Proposition de restitution de l’oratoire Notre-Dame et des cavités adjacentes avant le milieu du 9e siècle.

    UMR 7324 CITERES-LAT, 2018.

    Fig. 28 – Proposition de restitution 3D de l’oratoire Notre-Dame et des cavités adjacentes avant le milieu du 9e siècle.

    M. Chartier et D. Morleghem, UMR 7324 CITERES-LAT, 2018.

    25Côté oriental, une plateforme légèrement surélevée était fermée au sud et à l’est par une maçonnerie semi-circulaire fondée directement sur le rocher et recouvrant en partie les tombes rupestres F.2522 à F.2524 (Fig. 29)18. En son centre, plusieurs petits creusements et rainures (F.2533, F.2534 et F.2536) inscrits dans un quadrilatère de 1,14 m de long sur 97 cm de large témoignent de l’installation d’une structure en bois que l’on peut interpréter comme un autel. La localisation et les dimensions de cet aménagement pourraient évoquer celles de l’« autel antique taillé dans le roc, dont la table formée de six pierres est élevée de trois pieds et demi, large de trois pieds huit pouces, et profond de trois pieds deux pouces » avec « vis-à-vis le dit autel [les] sept tombeaux creusés dans le roc » décrit en 1769 (Grandmaison 1855 : 46) et dessiné par L. Doomer un siècle avant (cf. Introduction, Fig. 9). La construction de la chapelle romane et l’effondrement du coteau en 1747 n’ont dû avoir qu’un impact assez limité sur cet espace souterrain.

    Fig. 29 – Vue depuis le sud-est des vestiges intérieurs de l’oratoire Notre-Dame (état 1).

    À droite, la plateforme dont les creusements marquent l’emplacement d’un éventuel autel (les têtes des tombes F.2522 à F.2524 sont visibles dans l’angle inférieur droit de la photo) ; à gauche, plusieurs tombes rupestres contemporaines de l’édifice.

    Cliché UMR 7324 CITERES-LAT, 2016.

    26À l’ouest, faisant face à l’autel supposé, un espace quadrangulaire de 3,20 m à 3,50 m de large accueille deux tombes rupestres jumelées (F.2518 et F.2519) qui partagent le même ressaut périphérique pour accueillir une couverture (Fig. 30). D’autres tombes ont été creusées autour par la suite. L’accès à l’édifice devait se faire depuis la cavité no 1, qui a pu faire l’objet d’un cloisonnement ou voir sa fonction modifiée, passant alors de lieu de vie ou de réclusion à un simple espace de circulation. L’éclairage de l’oratoire devait être assuré par une petite baie percée dans l’abside, comme c’est le cas dans l’état 2.

    Fig. 30 – Vue zénithale des tombes rupestres jumelles (F.2518 et F.2519) associées à l’oratoire Notre-Dame (état 1) et situées dans l’axe du probable autel.

    Cliché UMR 7324 CITERES-LAT, 2016.

    1.3.3. L’agrandissement de l’oratoire

    27En comparaison, le second état de l’oratoire Notre-Dame est mieux documenté grâce à une meilleure conservation des vestiges – en particulier de deux inhumations qui ont pu être datées par 14C – et à l’acte de 846 déjà cité19. L’architecture et l’organisation spatiale restent sensiblement les mêmes qu’à l’origine, guidées par la topographie et les aménagements antérieurs, mais ce nouvel oratoire est à peu près trois fois plus grand que le précédent et comprend un nouvel espace souterrain au nord (Fig. 31 et Fig. 32).

    Fig. 31 – Proposition de restitution de la dernière phase alto-médiévale d’aménagement du coteau.

    UMR 7324 CITERES-LAT, 2017.

    Fig. 32 – Proposition de restitution 3D de la dernière phase alto-médiévale d’aménagement du coteau.

    UMR 7324 CITERES-LAT, 2016.

    28Le chevet de l’oratoire est agrandi à l’est, ce qui a nécessité la destruction de la cavité sépulcrale orientale et une taille importante du rocher afin d’obtenir un espace net permettant d’accueillir une nouvelle abside maçonnée (M.6007 ; Fig. 33 et Fig. 34). Celle-ci est composée de trois tronçons : au nord, conservé sur 3 m de hauteur, un parement en petit appareil régulièrement assisé est adossé à la paroi rocheuse et directement posé sur le rocher ; au sud un mur rectiligne dont ne subsiste qu’une semelle de fondation directement posée sur le rocher, qui mesure 4,40 m de long depuis le rocher à l’ouest jusqu’à un contrefort supposé à l’est ; côté oriental, l’édifice est terminé par une abside semi-circulaire en petit appareil régulièrement assisé percée d’une baie axiale avec un encadrement en moyen appareil dont ne subsiste que la partie nord. Dans l’angle sud-est de la construction, du fait de la présence de tombes rupestres et d’un sol en pente, l’élévation du mur n’est pas directement assise sur le rocher mais repose sur une fondation adaptée : au plus haut, les bâtisseurs se sont contentés de combler les fosses de blocs de calcaire et de silex, tandis qu’au plus bas ils ont construit à l’air libre une véritable semelle de fondation de 85 à 120 cm de large alors que l’épaisseur du mur d’abside est de 75 cm. L’intérieur du bâtiment a ensuite été remblayé afin d’aménager un sol légèrement plus haut que la plate-forme du premier état de l’oratoire (Fig. 35). La partie haute du mur absidial n’est pas conservée, mais on peut supposer qu’il n’était pas beaucoup plus haut (environ 3 m) que l’arase actuelle qui correspond, peu ou prou, au ciel de la partie souterraine de l’oratoire. Ce mur a fait l’objet d’un entretien sans doute dès le haut Moyen Âge et jusqu’à l’époque Moderne (rejointoiement, remplacement de blocs ou reprise des enduits). L’ensemble devait nécessairement être couvert d’une toiture, que l’on a restituée de manière simple en croupe et en tuiles.

    Fig. 33 – Vue générale de M.6007 depuis le sud-ouest.

    Cliché UMR 7324 CITERES-LAT, 2016.

    Fig. 34 – Relevé pierre à pierre de M.6007 auquel a été adossée la tour des Cloches.

    UMR 7324 CITERES-LAT, 2017.

    Fig. 35 – Coupe longitudinale restituée des tombes rupestres et de l’oratoire Notre-Dame.

    UMR 7324 CITERES-LAT, 2017.

    29Le creusement au nord d’une longue galerie (9,50 m) terminée par deux alcôves voûtées, celle du nord étant accompagnée d’une niche, intervient peut-être avant l’érection de la nouvelle abside, lors d’une phase intermédiaire entre les deux états, si l’on considère comme significatives les orientations – elle est perpendiculaire au premier état de l’oratoire (Fig. 36). Ce nouvel espace ne semble pas contenir de sépulture et son emplacement autant que sa forme sont difficilement compatibles avec une fonction d’habitat. On ignore les raisons de son creusement. Par ailleurs, l’agrandissement du sanctuaire souterrain à la période médiévale et les transformations opérées au 19e siècle ont fortement perturbé et masquent encore aujourd’hui la relation entre le chevet du premier oratoire et le fond de cette galerie.

    Fig. 36 – Vue générale de l’alcôve nord dans la partie souterraine de l’oratoire Notre-Dame.

    Cliché UMR 7324 CITERES-LAT, 2016.

    30Côté occidental, l’espace accueillant les premières sépultures est ouvert largement vers l’ouest et de manière plus limitée au sud. L’orientation et les recoupements entre les tombes suggèrent un agrandissement progressif de cet espace en deux phases principales. Dans un premier temps, l’agrandissement semble se faire au fur et à mesure des besoins, en respectant l’orientation du premier état de l’oratoire ; l’espace restreint conduit à disposer certaines fosses perpendiculairement aux autres et à plusieurs recoupements20 ; les tombes n’atteignent pas la cavité no 1 qui conserve son intégrité et sa fonction d’entrée et d’espace de circulation. Dans un second temps, l’agrandissement nécessite la destruction de la paroi de séparation avec la cavité no 1 et sans doute l’intégration des cavités nos 2 et 3 à l’espace de l’oratoire. Cinq nouvelles fosses sont creusées, dont deux (F.2635 et F.2637) respectent l’orientation du premier état de l’oratoire alors que les trois autres (F. 2516, F.2638 et F.2639/2640) sont cohérentes avec la nouvelle orientation de l’édifice (Fig. 37). Un léger ressaut du rocher visible au nord-ouest de F.2639 pourrait matérialiser la limite de l’aire funéraire. Si la présence de masses siliceuses dans le roc a pu contraindre l’implantation des tombes, l’arrêt de l’inhumation à l’intérieur de l’oratoire est sans doute davantage lié à l’état de l’édifice ou à un changement dans la répartition des aires funéraires au sein de l’abbaye (cf. infra, Conclusion).

    Fig. 37 – Vue générale de l’extrémité occidentale de la première terrasse.

    Cliché UMR 7324 CITERES-LAT, 2017.

    31À l’extérieur, deux tombes rupestres intactes ont été mises au jour au pied du mur gouttereau sud de l’édifice du haut Moyen Âge : S.126 (F.2633) recoupe S.127 (F.2642) et était recouverte par une maçonnerie correspondant à la façade de la chapelle romane (Fig. 38). D’un point de vue spatial autant que stratigraphique, ces deux tombes peuvent donc assurément être attribuées au second état de l’oratoire. En 2018, deux datations au 14C ont été réalisées sur les individus en position primaire : le plus ancien (S.127) a été daté du 7e siècle et le plus récent (S.126) entre le début du 10e et le premier quart du 11e siècle.

    Fig. 38 – Les sépultures S.126 et S.127.

    UMR 7324 CITERES-LAT, 2017.

    32Sur la base de ces datations, on est tenté d’associer la sépulture la plus ancienne au premier état de l’oratoire et la plus récente au second état, qui pourrait correspondre à la « restauration » entreprise par le comte Vivien au milieu du 9e siècle. La datation de S.126, qui court entre les environs de 900 et de 1000, en fait vraisemblablement l’une des dernières inhumations en lien avec l’oratoire, avant les transformations importantes provoquées par la construction de la tour des Cloches dans la seconde moitié du 11e siècle (cf. infra, § 2.1).

    33Il convient enfin d’évoquer un élément dont le rattachement à l’oratoire reste incertain et repose essentiellement sur son lieu de découverte. Il s’agit d’une inscription gravée sur un bloc de tuffeau blanc retrouvée le 27 mars 1868 dans la cloison construite en 1787 pour fermer la chapelle des Sept-Dormants (Fig. 39 ; Chevalier 1874-1875 : t. II, p. 581). Le fragment ne permet pas de restituer le texte, mais l’hypothèse d’une fonction funéraire a été avancée avec prudence par C. Treffort, qui la date du 9e siècle sur une base strictement paléographique (Treffort 2020 : 39‑40). Là encore, il est tentant d’y voir l’épitaphe d’un personnage important (de la communauté ?) inhumé sur le coteau ; malheureusement ni les fouilles ni les archives n’apportent d’élément permettant d’appuyer cette hypothèse.

    Fig. 39 – Inscription carolingienne trouvée lors des fouilles de 1868.

    Treffort 2020 : 40.

    1.3.4. Les tombes rupestres associées à l’oratoire Notre-Dame (Fig. 40)

    Fig. 40 – Plan général des tombes rupestres associées à l’oratoire Notre-Dame.

    UMR 7324 CITERES-LAT, 2023.

    34Une vingtaine de tombes rupestres sont associées avec assurance à l’un ou l’autre état de l’oratoire Notre-Dame, pour quelques-unes de manière certaine et pour d’autres avec une petite incertitude (F.2511, F.2520 et F.2512 notamment). L’effondrement de 1747, qui a conduit à un recul du trait du coteau de 2,50 à 3 m (cf. chap. 3), a sans doute fait disparaître plusieurs fosses sépulcrales de cette période21. La répartition des sépultures semble avoir été dictée par l’espace disponible à l’intérieur de l’oratoire, dont l’agrandissement progressif peut avoir lui-même été commandé par la pression funéraire. Les rares cas de recoupements peuvent alors s’expliquer soit par l’impossibilité d’étendre le sanctuaire au moment de l’inhumation (F.2528/F.2529), soit par l’oubli et/ou la disparition en surface de tombes plus anciennes (trois siècles séparent F.2542 de F.2633).

    Morphologie et technologie

    35Presque toutes les fosses sont de forme trapézoïdale, sauf F.2528 qui est subrectangulaire. F.2511 et F.2520, installées au nord et au sud des tombes jumelles (état 1), dans un espace fortement contraint, présentent un plan irrégulier plus allongé que la plupart des autres tombes (2,30 m et 2,40 m) (Fig. 41). Si la tête des fosses est presque toujours plate, le pied des premières à avoir été creusées est arrondi comme celui d’au moins deux fosses de la cavité sépulcrale occidentale. Les dimensions des tombes sont variables, sans qu’une répartition particulière ne soit détectable. Sauf cas exceptionnel, leur longueur à l’ouverture varie entre 1,60 m et 2 m, pour une largeur à la tête comprise entre 49 et 75 cm, et au pied entre 21 et 70 cm. La profondeur est très variable d’une fosse à l’autre, mais aussi entre la tête et le pied. Par exemple, F.2529 n’est profonde que de 20 à 21 cm quand F.2528 qui la recoupe a été creusée sur 80 à 84 cm de profondeur. Le même constat peut être fait pour deux autres tombes accolées situées juste au sud (F.2525 et F.2526 ; Fig. 42). La profondeur des fosses peut constituer un marqueur chronologique comme dans le cas de F.2518/F.2519 d’une part, F.2511/F.2520 d’autre part. Ces variations peuvent aussi s’expliquer par la composition du rocher, certes assez facile à creuser mais où les masses siliceuses – parfois décimétriques – ont pu constituer une difficulté face à laquelle certains fossoyeurs ont pu s’incliner (Fig. 43, Fig. 44 et Fig. 45). Dans plusieurs cas les parois sont évasées, de sorte que le fond de fosse présente une surface moindre qu’à l’ouverture (F.2512, F.2516, F.2518, F.2519, F.2520 et F.2528) ; cette inclinaison des parois résulte de la technicité du fossoyeur et du soin qu’il a apporté à la finition de la tombe. Enfin, le fond des fosses est certes plan et régulier dans la majorité des cas, mais il n’est pas toujours horizontal et présente parfois un pendage soit vers le pied (deux cas), soit, ce qui est plus surprenant, vers la tête (cinq cas). Là encore cela peut s’expliquer par des considérations techniques. Toutes les fosses ont été creusées au pic, une reprise des parois étant presque toujours réalisée au marteau taillant et une régularisation du fond pouvant intervenir, dans un cas au moins, à la polka.

    Fig. 41 – Vue générale depuis l’est des tombes F.2520, F.2519/F.2518 et F.2511.

    Cliché UMR 7324 CITERES-LAT, 2016.

    Fig. 42 – Vue générale depuis le sud des tombes F.2525 et F.2526.

    Cliché UMR 7324 CITERES-LAT, 2017.

    Fig. 43 – Vue générale depuis l’est des tombes F.2635
    et F.2637.

    Cliché UMR 7324 CITERES-LAT, 2017.

    Fig. 44 – Coupes transversales des tombes F.2515, F.2520, F.2519/F.2518 et F.2511, et coupe longitudinale de F.2515.

    Les silex sont représentés en noir.

    UMR 7324 CITERES-LAT, 2017).

    Fig. 45 – Coupes longitudinales des tombes F.2525 et F.2526 et coupes transversales nord/sud des tombes F.2529, F.2528 et F.2516.

    Les silex sont représentés en noir.

    UMR 7324 CITERES-LAT, 2017).

    36Plusieurs types d’aménagements ont été identifiés, localisés principalement dans l’espace du premier état de l’oratoire et au pied du mur gouttereau sud du second état, et qui peuvent constituer des marqueurs typo-chronologiques (Fig. 46).

    Fig. 46 – Les différents types d’aménagements des tombes rupestres.

    Ressaut périmétral pour encastrer la couverture (a, b, d et f) ; aménagement céphalique (logette : a, d et f ; encoche : g et h) ; traces de mortier (e et f) ; aménagement pédieux (b et c : exemple à Saint-Mexme de Chinon, Lorans 2006 : 223, Fig. 218).

    37Six fosses (F.2512, F.2515, F.2518, F.2519, F.2520, F.2632) possèdent un ressaut périphérique destiné à accueillir une couverture (cf. infra) similaire à celle des fosses F.2522 et F.2523, d’une dizaine de centimètres de large et autant de hauteur. Ce dispositif implique une adéquation entre les dimensions en plan de la tombe et celles du ou des blocs de couverture ; dans le cas de F.2512, le couvercle encore présent en 2016 ne laissait tout autour de lui qu’un vide de 1 à 2 cm permettant d’ajuster son positionnement ou de le sceller au mortier. Seules les tombes jumelles F.2518 et F.2519 présentent également un creusement au niveau du pied qui devait être destiné à recevoir un marqueur de surface, ce qui renforce l’hypothèse du statut privilégié de ces tombes. Dans la région, ce type d’aménagement est attesté dans la nécropole de Saint-Mexme à Chinon (Lorans 2006 : 233).

    38Deux aménagements céphaliques ont été identifiés : F.2516 présente un surcreusement dans la paroi de tête similaire à celui de F.2522, tandis que pour F.2642 il prend la forme de deux masses cubiques laissées en réserve de part et d’autre de l’emplacement de la tête, sans doute par imitation des cuves de sarcophage des 7e-8e siècles de la région, comme à Saint-Mexme de Chinon, par exemple (Lorans 2006 : 274).

    39Enfin, à l’autre extrémité chronologique de la nécropole, la tombe F.2633 est pourvue au fond de la fosse principale d’un surcreusement de moindre surface destiné à recevoir le corps du défunt ; ce type de tombes à banquettes n’est pas rare dans la région entre le 9e et le 11e siècle (Boissavit-Camus et al. 1996 ; Livet et al. 2022).

    Couverture et comblement

    40On ne dispose que de peu d’informations au sujet des couvertures des tombes rupestres de Marmoutier et encore sont-elles tardives et indirectes. Quand la communauté mauriste décida en 1769, après la destruction partielle de la chapelle romane (cf. chap. 2), d’ouvrir les tombes identifiées par la tradition comme étant celles des Sept-Dormants, un procès-verbal fut établi qui évoque des « pierres sépulcrales » (Grandmaison 1855 : 47) et, de manière plus précise, surmontant la seule tombe qui n’avait pas été précédemment violée, une « pierre sépulcrale qui y avait été posée avec ciment et sur laquelle il s’est trouvé aucune inscription, mais seulement une espèce de double croix » (Grandmaison 1855 : 48) : cette description renvoie sans aucun doute à un couvercle de sarcophage décoré d’un motif à triples traverses caractéristique du Poitou et dont on a de nombreuses attestations en Touraine entre le 6e et le 9e siècle, à Tours ou à Chinon, par exemple (Fig. 47 ; Boissavit-Camus et al. 1996 : 261-262 ; Morleghem 2016). Vers le milieu du 20e siècle, Sœur Robinet évoque quant à elle des « tombes fermées avec des pierres de même nature que le rocher » (Robinet 1947-1954 : t. IX, p. 19), ce qui peut renvoyer à un couvercle monolithe entier ou fragmenté voire à plusieurs blocs distincts. Il est probable que les fosses pourvues d’un ressaut périphérique avaient été fermées par un couvercle de sarcophage monolithe, ce qui n’exclut toutefois pas que d’autres aient aussi pu recevoir ce type de fermeture directement posée sur les rebords du creusement, voire simplement calée à l’intérieur même des fosses présentant des parois évasées. Dans le même passage, Sœur Robinet mentionne « une tombe recouverte d’une large et longue ardoise ». Ce type de couverture en schiste ardoisier n’est pas courant en Touraine, mais se retrouve sur beaucoup de sites funéraires du haut Moyen Âge situés en aval dans la vallée de la Loire, en particulier en Anjou (Boissavit-Camus et al. 1996 : 262-263 ; Prigent et Hunot 1996 : 34-36 ; Prigent et Tonnerre 2010 : 119, 122) et dans le pays nantais (Polinski 2015).

    Fig. 47 – Couvercles de sarcophage décorés d’un motif à trois traverses retrouvés à Marmoutier.

    a. F.2512, terrasses occidentales ; b. S.21, église abbatiale/

    Cliché UMR 7324 CITERES-LAT, 2023.

    1.4. Recrutement et pratiques funéraires sur le coteau de Marmoutier au cours du haut Moyen Âge

    1.4.1. Les inhumations

    41En dépit de leur visibilité et de leur accessibilité, les couvertures pouvant être facilement soulevées, les tombes situées sur la première terrasse ne semblent pas avoir fait l’objet de réouvertures et donc de réutilisations au cours du haut Moyen Âge. Pour toutes celles situées à l’intérieur de l’oratoire Notre-Dame, rien n’indique qu’elles l’aient été après la construction de la chapelle romane et le développement du culte des Sept-Dormants (cf. infra) ; à une exception près, il ne semble pas que la nouvelle chapelle ait eu une vocation funéraire. Ainsi, exception faite de deux inhumations plus tardives (F.2599 et F.2570), on peut raisonnablement considérer que la quasi-totalité des ossements mis au jour sur la première terrasse, en place (F.2633 et F.2642)22 ou non (ossuaire F.2512, ossements déplacés dans F.2642 et d’autres retrouvés dans plusieurs couches fortement remaniées), appartiennent aux différents ensembles funéraires alto-médiévaux.

    42La population inhumée sur la première terrasse est assez mal caractérisée ; sa connaissance repose sur les observations anthropologiques réalisées en 2016 et 2017 et quelques témoignages anciens à l’occasion de l’ouverture des tombeaux en 176923 ou de la restauration de la chapelle en 188124. Au moins 25 individus adultes ont pu être décomptés, accompagnés de quatre individus immatures, soit 29 individus pour une quarantaine de fosses rupestres reconnues, la différence pouvant correspondre aux ossements déposés dans le cimetière des Sœurs en 1881 ou qui n’ont tout simplement pas survécu au passage du temps. On connaît la taille de deux individus seulement (S.126 : environ 1,66 m ; S.127 : environ 1,73 m) ; la détermination de leur âge n’a pu être faite qu’a minima (au moins 30 ans pour S.126 et au moins 18 ans pour S.127), tandis que le sexe – masculin en l’occurrence – n’est connu que pour S.126. L’étude anthropologique de ces individus a révélé des signes d’arthrose et d’ostéophyte, et un indice de tuberculose dans le cas de S.126.

    43La localisation, le statut et la datation des sépultures militent plutôt en faveur de l’inhumation de membres de la communauté monastique, même si l’on ne peut exclure la présence de laïcs de rang privilégié.

    1.4.2. Les pratiques et le mobilier funéraires

    44Sans surprise dans la mesure où presque toutes les tombes ont été pillées ou vidées anciennement, les données relatives aux pratiques funéraires sont plus que réduites.

    45Concernant la position des corps, le procès-verbal de 1769 évoque « un corps dont les bras étaient croisés sur la poitrine, et les genoux un peu élevés » (Grandmaison 1855 : 48). La fouille n’offre que deux autres informations : l’individu de la sépulture S.127 était allongé sur le dos, les pieds joints et les membres supérieurs fléchis sur le bassin, tandis que celui de la sépulture S.126 était allongé sur le dos, les pieds joints et les membres supérieurs fléchis au niveau du thorax.

    46Les descriptions anciennes et les inhumations fouillées renvoient toutes à une décomposition en espace vide qui implique dans la majorité des cas une couverture de la tombe en surface, seule la tombe F.2633 ayant un fonctionnement différent qui éclaire par ailleurs la question de la gestion des déblais engendrés lors du creusement des tombes. Au moins cinq étapes de réalisation et d’utilisation de cette tombe ont pu être mises en évidence :

    • d’abord, le creusement de la fosse trapézoïdale avec des parois verticales, puis d’une seconde fosse ovoïde moins large et profonde de 20-25 cm ;

    • le dépôt du défunt ;

    • la mise en place d’une ou plusieurs planches de bois au niveau du ressaut de la fosse, qui a permis une décomposition du corps en espace vide ;

    • le comblement de la fosse avec les déblais du creusement (poussière et petits blocs de tuffeau jaune, US 60436) ;

    • l’effondrement de la planche de bois et l’affaissement du remblai de tuffeau qui expliquerait la surface concave de cette couche en surface.

    47Enfin, précisons qu’aucun mobilier funéraire n’a été mis au jour à l’intérieur des deux sépultures en place ni sur l’ensemble de la première terrasse. Les fioles de verre mentionnées en 1769 au milieu « de terre, de pierres, de plusieurs morceaux de vieux bois à demi brûlés, de fragments d’ardoises » (Grandmaison 1855 : 47) pourraient correspondre à des éléments d’un dépôt funéraire, mais en l’absence de description précise il est difficile de l’affirmer et plus encore de les dater. Presque toutes les tombes observées alors ont été perturbées, à l’occasion du pillage de l’abbaye par les Huguenots ou de l’un des dégâts importants subis par la tour des Cloches et la chapelle en 1591, 1707 ou 1747. D’après la description de 1769, les fosses sont pleines des débris de l’un et/ou l’autre édifice. Pour être complet, on peut seulement ajouter que la sixième fosse ouverte en 1769, qui n’avait pas été violée, contenait encore les restes d’un « tissu entièrement usé [qui] laissait apercevoir quelques vestiges de la trame » (Grandmaison 1855 : 48).

    Conclusion

    48La fouille de la terrasse inférieure a été très fructueuse en révélant un ensemble de tombes rupestres et deux états d’un petit lieu de culte identifiable à l’oratoire Notre-Dame qui bénéficia d’une restauration en 846 à l’initiative de l’abbé laïc Vivien. La fonction funéraire fut première, bientôt rejointe par la fonction religieuse. On a donc affaire à un oratoire funéraire implanté tout près de la porte du monastère, et qui faisait peut-être face à un autre lieu de culte. En effet, en 2017, fut mise au jour dans l’angle sud-ouest de la zone de fouille sous-jacente à l’ancienne hôtellerie une maçonnerie en petit appareil (M.1036 état 2) : la forme courbe de ce mur associée à la découverte conjointe dans les niveaux de démolition d’un modillon de terre cuite, d’une antéfixe et d’un fragment de fût de colonne renforce l’hypothèse de la présence d’une petite église en usage aux 5e-6e siècles (Lorans et Simon 2018 : 93 ; Fig. 5 et 6).

    49Si tel est le cas, cela signifie que cette partie occidentale du monastère aurait vu la construction de deux églises pendant l’Antiquité tardive et le très haut Moyen Âge, l’une sur la terrasse, l’autre en contrebas, dont la chronologie relative demeure inconnue. L’édifice situé au pied du coteau fut peut-être délaissé au profit d’une nouvelle église édifiée plus à l’est face à la grotte identifiée par la tradition comme celle de saint Martin : cette première église orientale, datée du 5e siècle et dont une absidiole fut conservée dans l’édifice ultérieur maintenant attribué au 9e siècle, reçut elle-même dans le portique sud des inhumations du 8e siècle (Simon et Creissen à paraître). Autrement dit, l’hypothèse d’un transfert partiel des églises et des inhumations d’ouest en est peut être formulée, qui pourrait expliquer l’arrêt progressif des inhumations sur la terrasse inférieure où fut maintenu puis considérablement agrandi l’oratoire Notre-Dame.

    Notes de bas de page

    6L’inventaire et les données techniques de ces tombes sont présentés dans le corpus de preuves, section 2.

    7Pour une description détaillée des vestiges et leur interprétation, voir Marmoutier 2016 : 98, Fig. 69 a et b ; Marmoutier 2017 : 72, Fig. 41 et 42 ; Marmoutier 2018 : 49‑60, Fig. 31.

    8Afin de ne pas surcharger les plans généraux ou phasés, nous avons pris le parti de ne pas y afficher les traits de coupe des figures associées. Quelles que soient les structures, mais particulièrement pour les tombes rupestres, les coupes transversales et longitudinales ont été réalisées en leur milieu autant que faire se pouvait et si nécessaire en un endroit morphologiquement ou topographiquement pertinent. La figure 121 fait exception, dans la mesure où il était nécessaire de préciser quelle galerie était l’objet de la coupe.

    9La différence de niveau est de 4 cm pour F.2523, 5 cm pour F.2524 et 16 cm pour F.2571. Le fond de F.2522, dont le tiers inférieur est recouvert d’une maçonnerie, présente également un pendage vers le pied.

    10Une centaine de tombes rupestres est actuellement connue sur onze sites. Presque toutes ont été « fouillées » anciennement : de fait, la documentation est presque inexistante et ni les ossements ni le mobilier éventuel ne nous sont parvenus. Lorsque leur emplacement est encore connu et accessible, ces tombes se présentent sous la forme de fosses vides plus ou moins bien conservées, assez proches d’un point de vue typologique, morphologique et technique des tombes rupestres de Marmoutier. Un inventaire a été lancé pour la Touraine, dont les premiers résultats ont été présentés en 2019 lors du colloque du GAAF dédié aux typo-chronologies des sépultures (Morleghem 2022a).

    11Nécropole associant tombes rupestres et sarcophages dans la vallée de Basse à Chinon (BAVC 1968) ; tombes rupestres installées dans une carrière de sarcophages à Pont-Goubault à Saint-Épain (Morleghem 2018 ; Morleghem 2019) ; tombes rupestres au sommet d’un coteau surplombant la Vienne à la Croix-de-Bois à Cravant-les-Coteaux (BAVC 1967).

    12Une vingtaine de tombes dans les deux vaisseaux de la chapelle Sainte-Radegonde à Chinon (Morleghem 2022b).

    13Ces cavités restituées sont numérotées de 1 à 4 d’est en ouest. Pour une description détaillée des vestiges et leur interprétation, voir Marmoutier 2017 : 51‑52, 72 ; Marmoutier 2018 : 49‑50, Fig. 31.

    14Cela dit, les enjeux architectoniques dans cette partie de la chapelle n’étaient pas particulièrement élevés (cf. chap. 2, § 2.3.1).

    15Cette cavité correspond à l’espace 5 et peut-être à une partie de l’espace 4 du secteur 1.

    16Sur la critique diplomatique de ce texte conduite par Laurent Morelle, voir Lorans 2014 : 317 et note 64.

    17Pour une description détaillée des vestiges archéologiques et leur interprétation, voir Marmoutier 2016 : 77‑78, 86‑87 ; Marmoutier 2017 : 52, 72‑73 ; Marmoutier 2018 : 50‑52.

    18Seul un léger ressaut au sud et quelques traces de mortier attestent la présence de cette maçonnerie.

    19Pour une description détaillée des vestiges, voir Marmoutier 2016 : 75‑77, 98 ; Marmoutier 2017 : 51‑58, 73‑74 ; Marmoutier 2018 : 50‑52.

    20F.2512 recoupe F.2511 ; F.2632 recoupe F.2515 ; F.2528 et F.2529 se recoupent, sans que l’on puisse dire laquelle recoupe l’autre.

    21Il ne subsiste ainsi que le pied de la tombe orientée sud-nord F.2632.

    22Pour le détail de l’étude anthropologique réalisée en 2017 par M. Loeuillet, sous la supervision de S. Bédécarrats, voir le corpus de preuves.

    23Les sept tombes attribuées aux Dormants correspondent d’après la description donnée dans le procès-verbal de 1769 à F.2511, F.2512, F.2518, F.2519, F.2520 et à trois autres tombes qui devaient se trouver plus au nord et sont aujourd’hui à l’intérieur de la chapelle (à l’emplacement de F.2561 à 2563 ?). Les ossements recueillis « ont été placés dans un coffre de bois de chêne […] fermé et scellé du sceau de la congrégation [qui] a été déposé dans la sacristie de l’église [abbatiale] » (Grandmaison 1855 : 49).

    24Sœur Robinet transcrit dans son manuscrit les souvenirs de la Mère O’Mahony concernant « la tombe près de la porte d’entrée de la chapelle des Sept-Dormants » (F.2516 ?) : « Elle n’avait pas été ouverte comme celles qui la touchent, aussi avons-nous trouvé le corps, tel qu’il avait dû être placé, la tête était un peu inclinée de côté. […] Lorsque nous avons vu ce corps si entier, nous avons refermé la tombe au lieu de prendre les ossements et de les joindre à ceux que nous avions découverts ailleurs, et qui ont été portés dans notre cimetière, ou réunis dans une autre tombe qui est tout près du mur de la grotte [F.2512 ?] » (Robinet 1947-1954 : vol. 9, p. 27).

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    6L’inventaire et les données techniques de ces tombes sont présentés dans le corpus de preuves, section 2.

    7Pour une description détaillée des vestiges et leur interprétation, voir Marmoutier 2016 : 98, Fig. 69 a et b ; Marmoutier 2017 : 72, Fig. 41 et 42 ; Marmoutier 2018 : 49‑60, Fig. 31.

    8Afin de ne pas surcharger les plans généraux ou phasés, nous avons pris le parti de ne pas y afficher les traits de coupe des figures associées. Quelles que soient les structures, mais particulièrement pour les tombes rupestres, les coupes transversales et longitudinales ont été réalisées en leur milieu autant que faire se pouvait et si nécessaire en un endroit morphologiquement ou topographiquement pertinent. La figure 121 fait exception, dans la mesure où il était nécessaire de préciser quelle galerie était l’objet de la coupe.

    9La différence de niveau est de 4 cm pour F.2523, 5 cm pour F.2524 et 16 cm pour F.2571. Le fond de F.2522, dont le tiers inférieur est recouvert d’une maçonnerie, présente également un pendage vers le pied.

    10Une centaine de tombes rupestres est actuellement connue sur onze sites. Presque toutes ont été « fouillées » anciennement : de fait, la documentation est presque inexistante et ni les ossements ni le mobilier éventuel ne nous sont parvenus. Lorsque leur emplacement est encore connu et accessible, ces tombes se présentent sous la forme de fosses vides plus ou moins bien conservées, assez proches d’un point de vue typologique, morphologique et technique des tombes rupestres de Marmoutier. Un inventaire a été lancé pour la Touraine, dont les premiers résultats ont été présentés en 2019 lors du colloque du GAAF dédié aux typo-chronologies des sépultures (Morleghem 2022a).

    11Nécropole associant tombes rupestres et sarcophages dans la vallée de Basse à Chinon (BAVC 1968) ; tombes rupestres installées dans une carrière de sarcophages à Pont-Goubault à Saint-Épain (Morleghem 2018 ; Morleghem 2019) ; tombes rupestres au sommet d’un coteau surplombant la Vienne à la Croix-de-Bois à Cravant-les-Coteaux (BAVC 1967).

    12Une vingtaine de tombes dans les deux vaisseaux de la chapelle Sainte-Radegonde à Chinon (Morleghem 2022b).

    13Ces cavités restituées sont numérotées de 1 à 4 d’est en ouest. Pour une description détaillée des vestiges et leur interprétation, voir Marmoutier 2017 : 51‑52, 72 ; Marmoutier 2018 : 49‑50, Fig. 31.

    14Cela dit, les enjeux architectoniques dans cette partie de la chapelle n’étaient pas particulièrement élevés (cf. chap. 2, § 2.3.1).

    15Cette cavité correspond à l’espace 5 et peut-être à une partie de l’espace 4 du secteur 1.

    16Sur la critique diplomatique de ce texte conduite par Laurent Morelle, voir Lorans 2014 : 317 et note 64.

    17Pour une description détaillée des vestiges archéologiques et leur interprétation, voir Marmoutier 2016 : 77‑78, 86‑87 ; Marmoutier 2017 : 52, 72‑73 ; Marmoutier 2018 : 50‑52.

    18Seul un léger ressaut au sud et quelques traces de mortier attestent la présence de cette maçonnerie.

    19Pour une description détaillée des vestiges, voir Marmoutier 2016 : 75‑77, 98 ; Marmoutier 2017 : 51‑58, 73‑74 ; Marmoutier 2018 : 50‑52.

    20F.2512 recoupe F.2511 ; F.2632 recoupe F.2515 ; F.2528 et F.2529 se recoupent, sans que l’on puisse dire laquelle recoupe l’autre.

    21Il ne subsiste ainsi que le pied de la tombe orientée sud-nord F.2632.

    22Pour le détail de l’étude anthropologique réalisée en 2017 par M. Loeuillet, sous la supervision de S. Bédécarrats, voir le corpus de preuves.

    23Les sept tombes attribuées aux Dormants correspondent d’après la description donnée dans le procès-verbal de 1769 à F.2511, F.2512, F.2518, F.2519, F.2520 et à trois autres tombes qui devaient se trouver plus au nord et sont aujourd’hui à l’intérieur de la chapelle (à l’emplacement de F.2561 à 2563 ?). Les ossements recueillis « ont été placés dans un coffre de bois de chêne […] fermé et scellé du sceau de la congrégation [qui] a été déposé dans la sacristie de l’église [abbatiale] » (Grandmaison 1855 : 49).

    24Sœur Robinet transcrit dans son manuscrit les souvenirs de la Mère O’Mahony concernant « la tombe près de la porte d’entrée de la chapelle des Sept-Dormants » (F.2516 ?) : « Elle n’avait pas été ouverte comme celles qui la touchent, aussi avons-nous trouvé le corps, tel qu’il avait dû être placé, la tête était un peu inclinée de côté. […] Lorsque nous avons vu ce corps si entier, nous avons refermé la tombe au lieu de prendre les ossements et de les joindre à ceux que nous avions découverts ailleurs, et qui ont été portés dans notre cimetière, ou réunis dans une autre tombe qui est tout près du mur de la grotte [F.2512 ?] » (Robinet 1947-1954 : vol. 9, p. 27).

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    Morleghem, D., Lorans, Élisabeth, & Foulon, J.-H. (2024). Chapitre 1. Tombes rupestres et oratoire troglodytique au haut Moyen Âge. In Marmoutier (Tours). De l’oratoire Notre-Dame au prieuré des Sept-Dormants (1‑). Fédération pour l’édition de la Revue archéologique du Centre de la France. https://doi.org/10.4000/13t66
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    Morleghem, Daniel, et al. « Chapitre 1. Tombes rupestres et oratoire troglodytique au haut Moyen Âge ». Marmoutier (Tours). De l’oratoire Notre-Dame au prieuré des Sept-Dormants, Fédération pour l’édition de la Revue archéologique du Centre de la France, 2024, https://doi.org/10.4000/13t66.

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    Morleghem, Daniel, Élisabeth Lorans, et Jean-Hervé Foulon. Marmoutier (Tours). De l’oratoire Notre-Dame au prieuré des Sept-Dormants. Tours: Fédération pour l’édition de la Revue archéologique du Centre de la France, 2024. https://doi.org/10.4000/13t6g.
    Morleghem, Daniel, et al. Marmoutier (Tours). De l’oratoire Notre-Dame au prieuré des Sept-Dormants. Fédération pour l’édition de la Revue archéologique du Centre de la France, 2024, https://doi.org/10.4000/13t6g.
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